Hope de Pedro Pires

Ce rêve étrange et pénétrant

Au Court Métrange de Rennes, « Hope » de Pedro Pires est programmé dans une séance thématique Canada. Un deuxième film à l’accent terrible et sonore que l’on n’oublie pas de sitôt.

Pires n’est pas à son premier coup d’essai en matière d’étrangeté puisqu’il avait déjà développé un univers atypique en sublimant la Mort dans son très remarqué « Danse Macabre ». Avec « Hope », il associe à nouveau l’horreur, le sordide à la beauté. Si le premier parlait de suicide, le second aborde le conflit militaire. Dans un style plus prosaïque sans doute, le réalisateur, amoureux d’images construites, nourrit un onirisme fantasmagorique en mêlant des images de guerre et de souffrance et des images d’un coiffeur androgyne, dans un salon de coiffure des années 20.

Adapté de la pièce « Jimmy, créature de rêve » de Marie Brassard, « Hope » garde volontairement le mystère sur le comment et le pourquoi des évènements. Les images en sont d’autant plus fortes car le spectateur ne peut les décoder qu’en faisant des suppositions, en émettant des hypothèses. Pedro Pires interprète et représente à sa façon l’incroyable monde de l’artiste canadienne. On retrouve le goût du réalisateur français d’origine portugaise pour un montage d’images et de sons, fragmenté et fragmentaire, avec des images qui suscitent d’emblée une impression d’angoisse voluptueuse ou serait-ce plutôt de « réalisme hallucinatoire », celui-là même qu’on a reconnu au Prix Nobel de Littérature, le Chinois Mo Yan.

Quoi qu’il en soit, « Hope » met mal à l’aise car malgré son titre, il n’offre aucune échappatoire. Bien au contraire, il affiche un je-ne-sais-quoi de crû désenchantement et de froide lucidité sur une époque où l’avenir est celui d’un regard moribond, rivé sur un horizon inconnu et lointain dont l’intonation désespérée est celle de tous ceux qui se sont tus !

Marie Bergeret

Consulter la fiche technique

H comme Hope

Fiche technique

Synopsis : L’exploration de la violence en temps de guerre vue par les yeux d’un général à l’agonie. Son esprit habitué à une vie sur le champ de bataille cède au débordement de sa conscience qui entremêle la mort, la brutalité et, finalement, suscite un dernier geste d’espoir. Le film est adapté de la pièce de théâtre « Jimmy, créature de rêve » de Marie Brassard.

Genre : Fiction, Expérimental

Durée : 11’

Pays : Canada

Année : 2012

Réalisation : Pedro Pires

Scénario : Pedro Pires

Image : Pedro Pires

Son : Sylvain Bellemare, Bernard Gariépy Strobl

Montage : Pedro Pires

Musique originale : Robert M. Lepage

Interprètes : Bill Croft, Lucas Silveira, Vincent d’Arbouze, Catherine Lipscombe

Production : PHI Films

Article associé : la critique du film

Court Métrange 2012

Avant de découvrir notre focus consacré à « Mamembre », Métrange du Format Court 2012, nous vous proposons d’en savoir plus sur le Festival Court Métrange qui s’est tenu à Rennes, du 25 au 28 octobre. Pour sa 9éme édition, la manifestation très proche du ciné insolite et fantastique (admirez ses affiches!) a fait la part belle aux courts, avec une compétition internationale de courts métrages et trois séances spéciales mettant à l’honneur le Canada, l’Argentine et les courts métrages de genre (séance « Make it short »). Voici les courts les plus intéressants du Festival, sélectionnés par Format Court.

courtmetrange1

Notre reportage sur le Festival Court Métrange

La critique de « Hope » de Pedro Pires (Canada)

– Palmarès Festival Court Métrange 2012

Short Screens #22 – Conflict and beyond : voices of resistance

Comment (sur)vivre en période de guerre, comment faire face au conflit et comment y résister ?

Six courts métrages originaires d’Égypte, des Pays-Bas, d’Israël, de Géorgie et de Belgique tentent de répondre à ces questions.

Le temps d’une projection automnale, Short Screens #22 a voulu donner la parole à ces voix qui résistent à travers des films qui dénoncent la même peur de mourir et révèlent la même volonté de résister.

Rendez-vous le jeudi 29 novembre, dès 19h30 à l’Actor’s Studio, rue de la Fourche 17-19, 1000 Bruxelles! PAF : 5 €

Une initiative de l’asbl Artatouille et FormatCourt.com.

PROGRAMMATION:

ss22-a3

Jeunesses françaises de Stéphan Castang

Nominé aux César, programmé à Short Screens #21 « Spécial Jeunesse » et lauréat du Prix du public exæquo avec « The Ground Beneath » de René Hernandez, « Jeunesses françaises » présente une série de portraits d’adolescents cadrés au visage. Dans un noir et blanc intemporel, Stéphan Castang y révèle subtilement les caractères propres au bel âge.

À l’initiative de la Compagnie « Le Théâtre de la Tentative », des artistes issus d’horizons différents (plasticiens, photographes…) ont voulu poser une réflexion sur la jeunesse d’aujourd’hui. « Jeunesses françaises » en est le résultat cinématographique.

Des jeunes de seconde du lycée de Courbet de Belfort se prêtent au jeu de Stéphan Castang : mettre en scène un entretien chez le conseiller d’orientation. Un conseiller qui prend tantôt les allures d’un directeur des Ressources (in)humaines, tantôt celles d’un bon père de famille.

Même si les adolescents ont participé à l’écriture du film, ils n’en sont pas moins troublants de vérité. Et la fiction se fait documentaire le temps de capturer les gestes maladroits, les regards fuyants, les tressaillements à peine perceptibles quand les jeunes parlent de leur avenir avec plus ou moins de conviction, de doutes, de colère ou de certitude. Au-delà du personnage imaginé et construit, en définitive, les élèves se racontent et se dévoilent plus qu’ils ne le pensent.

L’intention de Castang était, semble-t-il, d’arriver à universaliser une approche intimiste car le plus intéressant pour lui n’est pas nécessairement ce que les jeunes disent mais bien ce qu’ils ne peuvent s’empêcher d’être. D’où la volonté d’utiliser un dispositif minimaliste du même plan serré, en noir et blanc. Un champ sans jamais de contrechamp. Un choix assumé qui montre quelque part l’incapacité de l’autorité à répondre judicieusement aux questionnements des jeunes, ce qui permet de déceler les limites et les failles existantes entre le système éducatif et la société. Celui-ci ne peut plus former, « produire » ce que la société attend de lui.

Dans son huis-clos académique, Castang dépeint le portrait d’une jeunesse perdue, paumée tout comme il aime sublimer celui d’une jeunesse aussi assurée que volontaire, aussi hargneuse que provocatrice. Celle-la même qui jetait les pavés parisiens à la figure des uniformes et que l’on surprend quelques années plus tard à tagger « No Future » sur les murs de briques londoniens.

Marie Bergeret

Consulter la fiche technique du film

J comme Jeunesses françaises

Fiche technique

Synopsis : Des lycéens, cadre serré, répondent aux questions d’un conseiller d’orientation un peu agressif. Tour à tour, les adolescents se révèlent, plus dans la manière que dans l’anecdote, entre le vrai et le faux, entre fiction et…

Genre : Documentaire, fiction

Durée : 19’

Pays : France

Année : 2011

Réalisation : Stéphan Castang

Scénario : Stéphan Castang et les élèves de seconde du Lycée Courbet de Belfort

Image : Stéphan Castang

Son : Emilie Mauguet

Montage : Stéphan Castang

Interprètes : Gwendoline Bardot, Alexia Bertin, Julie Cupillard, Jérémy Gaag…

Production : Takami Productions

Article associé : la critique du film

Carrefour du cinéma d’animation, dès demain au Forum des images

Dans les temps. Pour son 10e anniversaire, le Carrefour du cinéma d’animation propose, du 22 au 25 novembre 2012, une incursion dans l’image animée d’hier et d’aujourd’hui. Pendant quatre jours, le Forum des images, hôte de la manifestation, accueillera le meilleur de la jeune création française, des avant-premières, un gros plan sur le cinéma d’animation argentin, un hommage au maître tchèque de la marionnette, Jirí Trnka, et au père de ce petit fripon de « Fritz the Cat », de Ralph Bakshi. De nombreux rendez-vous autour du court métrage, qu’on vous recommande, sont prévus tout au long de ces quatre jours.

carrefour-du-cinema-d-animation_programme

Jeudi 22/11

14h30 : Le P’tit Ciné-concert n°2. Un ciné-concert interprété par les trois musiciens du Philarmonique de la Roquette qui jouent en direct sur des films d’écoles récents en laissant une grande place à la bande-son en tant qu’élément narratif.

15h00 : Écoles de cinéma d’animation et studios de production : un dialogue direct. Table ronde animée par Dimitri Granovsky. En entrée libre. Intervenants : Jean-Jacques Benhamou (Mac Guff), Olivier Catherin (Les 3 Ours), Lionel Fages (Cube Creative), Caroline Souris (TeamTo).

16h30: Quirino Cristiani, The Mystery of the First Animated Movies de Gabriele Zucchelli. Jeune Italien arrivé à Buenos Aires en 1910, Quirino Cristiani découvre l’animation en bricolant des courts métrages avant de réaliser El Apostol en 1917, premier long métrage animé argentin, dont il ne reste aucune image aujourd’hui. Ce documentaire présente sa vie, ses oeuvres, à travers des entrevues avec différents professionnels et spécialistes de l’animation. Il est précédé du court métrage d’animation For a Tango (5 min) de Gabriele Zucchelli.

18h30 : Films du Collectif des producteurs de courts métrages d’animation – 1re partie. Le Collectif des producteurs de courts métrages d’animation regroupe la quasi-totalité des producteurs actifs en France dans ce secteur. Cette séance rassemble la première partie d’une sélection de leurs tout derniers films, pour certains à peine sortis des laboratoires.

19h00 : Panarama 2012 – 1ère partie : Films d’écoles. Ce premier panorama de films de fin d’études 2012 est l’occasion de découvrir les nouveaux talents issus des écoles de cinéma d’animation françaises.

Vendredi 23/11

14h00 : Carrefour du cinéma d’animation : 10 ans de cour(t)s d’écoles ! Depuis sa création voici 10 ans, le Carrefour du cinéma d’animation a diffusé plus de cinq cents films d’étudiants ! Précédée des dix bandes-annonces du festival réalisées depuis 2003, cette sélection rétrospective rassemble quelques coups de coeur produits par les écoles au cours de cette belle décennie.

16h00 : Panorama 2012 – 2ème partie : Films d’écoles. Ce deuxième panorama de films de fin d’études 2012 est l’occasion de découvrir les nouveaux talents issus des écoles de cinéma d’animation françaises.

18h00 : Films du Collectif des producteurs de courts métrages d’animation – 2e partie Courts métrage. Le Collectif des producteurs de courts métrages d’animation regroupe la quasi-totalité des producteurs actifs en France dans ce secteur. Cette séance rassemble la deuxième partie d’une sélection de leurs tout derniers films, pour certains à peine sortis des laboratoires.

18h30 : Jirí Trnka, à la source du cinéma d’animation tchèque par Marcel Jean : Si Jirí Trnka n’est pas le premier à avoir réalisé un film en volume sur le territoire de la République tchèque, c’est son oeuvre et son exemple qui, dans l’immédiat après-guerre, donnèrent naissance à l’école tchèque de cinéma d’animation. Cette leçon aborde non seulement le cinéma de Trnka, mais aussi la place singulière qu’il occupe. Marcel Jean , le nouveau directeur artistique du Festival international de cinéma d’animation d’Annecy. En entrée libre.

20h30 : Best of du Computer Animation Festival Siggraph 2012 Courts métrages : Le SIGGRAPH est le festival professionnel international le plus important dédié aux images de synthèse, aux effets spéciaux et aux techniques interactives. Au cours de cette séance HD, l’Electronic Theater du Computer Animation révèle la “crème de la crème” de la production mondiale.

21h00 : Courts métrages de Jiří Trnka Rétrospective Jiří Trnka. Séance présentée par Marcel Jean.

Samedi 24/11

15h00 : Les Mondes de Ralph de Rich Moore : Le tout dernier Disney à découvrir en avant-première exceptionnelle, précédé de Paperman de John Kahrs (2012, 6min30)

15h30 : Rencontre avec Juan Pablo Zaramella//Focus Argentine : Reconnu dans le monde entier pour son animation image par image, Juan Pablo Zaramella, réalisateur et animateur indépendant, revient sur sa carrière, présente ses courts métrages récompensés dans de nombreux festivals ainsi que ses projets en cours.

16h00 : Making of films de fin d’études : Secrets de fabrication de quatre films de fin d’études programmés dans les séances Panoramas 2012, présentés par les étudiants, après la projection de leurs films.

17h30 : Panorama 2012 – 3ème partie Films d’écoles : Ce troisième panorama de films de fin d’études 2012 est l’occasion de découvrir les nouveaux talents issus des écoles de cinéma d’animation françaises.

19h15 : Anima Buenos Aires de Maria Verónica Ramirez, Carlos Loiseau, Pablo Rodriguez Jauregui, Florencia Faivre, Pablo Faivre, Carlos Nine : Un portrait composite de Buenos Aires réalisé par les grands animateurs argentins du moment, dont Juan Pablo Zaramella, responsable des séquences de transition. En avant-première.

21h30 : Musique et son : Ce programme rassemble une sélection de clips animés et de courts métrages récents, où les ambiances sonores et les notes jouent une partition majeure dans les histoires racontées.

Dimanche 25/11

14h30 : Carte blanche au festival Anima Bruxelles : Le codirecteur du festival Anima, Philippe Moins, propose le temps d’une séance, ses derniers coups de coeurs, en matière de courts métrages européens.

15h30 : Carte blanche au Festival Anima Cordoba : Après la Belgique, au tour de l’Argentine de mettre en avant la crème de l’animation, à travers la sélection établie par Alejandro R. González, le directeur du festival Anima Cordoba.

17h30 : Panorama 2012 – 4ème partie Films d’écoles : Ce quatrième panorama de films de fin d’études 2012 est l’occasion de découvrir les nouveaux talents issus des écoles de cinéma d’animation françaises.

19h15 : Films de la résidence de l’Abbaye de Fontevraud : Depuis 2006, l’Abbaye de Fontevraud accueille en résidence des réalisateurs d’animation qui souhaitent mener un travail d’écriture sur un projet personnel de court ou de long métrage. Ce programme de dix films en est le reflet.

Toutes les infos sur le Carrefour de l’Animation ainsi que les détails des séances se trouvent sur la page du Carrefour de l’Animation, hébergée sur le site du Forum des images : jetez-y un oeil (et même deux yeux) curieux !

Nous avons 10 x 2 places à vous offrir ! Cliquez donc pour en savoir plus !

Festival de Bruz, la liste des films étudiants

Du 12 au 18 décembre 2012, le festival d’animation de Bruz, à proximité de Rennes, proposera une sélection de 41 films d’étudiants, répartis en 3 programmes (sur 150 films soumis). Avant notre focus consacré au festival, voici leurs titres.

11847 – Antoine Blandin – EMCA, 2011, 07 ‘ 53

500MG – Clément Courcier – EMCA, 2011, 06 ‘ 45

Aux gambettes gourmandes – Clémence Bouchereau – Ecole Emile Cohl, 2011, 04 ‘ 50

Azùl – Rémy Busson, Francis Canitrot, Aurélien Dyhayon, Sébastien Iglesias, Maxence Martin, Paul Monge – Supinfocom Arles, 2012, 08 ‘ 15

Bleus à petits pois – Aline Faucoulanche – La Poudrière, 2011, 04 ‘ 39

Burning house – Pierre Mazingarbe – ENSAD, 2012, 03 ‘

Carn – Jeffig Le Bars – Ecole Emile Cohl, 2011, 05 ‘ 20

Caverne – Boris Labbé – EMCA, 2011, 06 ‘ 40

Cinétique – Boris Labbé – EMCA, 2011, 05 ‘ 53

Conte de faits – Yumi Yoon – La Poudrière, 2011, 03 ‘ 59

Contre Temps – Jérémi Boutelet, Thibaud Clergue, Gaël Megherbi, Tristan Menard, Camille Perrin, Lucas Veber – Supinfocom Arles, 2012, 08 ‘ 25

Dans l’ombre – Stéphanie Clément, Paolo Didier, Marion Hassan, Thomas Bertrand-Battle, Emmeline Gautheron – Supinfocom Arles, 2012, 07 ‘ 10

De riz ou d’Arménie – Hélène Marchal, Samy Barras, Romain Blondelle, Céline Seille – Supinfocom Valenciennes, , 07 ‘ 20

Folksongs & Ballads – Mathieu Vernerie, Pauline Defachelles, Rémy Paul – Supinfocom Valenciennes, 2011, 07 ‘ 35

Frictions – Steven Briand – ENSAD, 2012, 04 ‘ 30

Fur – François Barreau, Marion Delannoy, Claire Fauvel, Rachid Guendouze, Vincent Nghiem, Benoit Tranchet – Gobelins, 2011, 03 ‘ 55

Histoire courte et absurde du suicide d’un bourreau – Jérémie Balais – Ecole Emile Cohl, 2011, ‘

Je ne suis personne – Jonas Schloesing – ENSAD, 2011, 05 ‘ 55

Kinobuss Parade – Cléo Biasini – ENSAD, 2012, 16 ‘ 38

L’air de rien – Cécile Milazzo – La Poudrière, 2011, 03 ‘ 16

L’Ere Bête – Thomas Caudron, Ingrid Menet, Laurent Meriaux, Clement Tissier – Supinfocom Valenciennes, 2011, 06 ‘ 45

La goutte de miel – Melissa Plantaz – Ecole Emile Cohl, 2012, 02 ‘ 50

La Ravaudeuse – Simon Filliot – La Fémis, 2011, 09 ‘ 50

La sole, entre l’eau et le sable – Angèle Chiodo – ENSAD, 2011, 15 ‘

La théorie de la pieuvre – LISAA Collectif – LISAA Collectif, 2011, 01 ‘ 47

La veuve caillou – Agnès Patron – ENSAD, 2011, 07 ‘ 45

Le bruit des flocons – Martial Coulon – Ecole Pivaut, 2011, 08 ‘ 40

Le Jardin enchanté – Viviane Karpp – La Poudrière, 2011, 03 ‘ 55

Le Taxidermiste – Paulin Cointot, Dorianne Fibleuil, Antoine Robert, Maud Sertour – Supinfocom Valenciennes, 2011, 06 ‘ 45

Les aimants – Cerise Lopez – ENSAD, 2011, 11 ‘ 30

Les chiens isolés – Rémi Bastie, Nicolas Deghani, Jonathan Djob-Nkondo, Paul Lacolley, Nicolas Pegon, Jérémy Pires, Kevin Manach – Les Gobelins, 2011, 06 ‘ 30

Mer des pluies – Violaine Picaut – EMCA, 2011, 02 ‘ 56

Motha – Emilie Robin, 2011, 04 ‘

Pamela – Meriem Bennani – ENSAD, 2011, 08 ‘ 26

Première loge – Ecole Emile Cohl, 2011, 2 ‘ 50

Rosette – Romain Borrel, Gaël Falzowski, Benjamin Rabaste, Vincent Tonelli – Supinfocom Valenciennes, 2011, 05 ‘

Superstition – Anaïs Dauvergne – EMCA, 2011, 09 ‘ 58

Swing of change – Harmony Bouchard, Raphaël Cenzi, Andy Le Cocq, Joakim Riedinger – ESMA, 2011, 06 ‘ 32

The Gathering dusk – Amy Brutton, Yann Drevon, Audric Escales, William Ohanessian, Raphaël Tillie – Supinfocom Arles, 2012, 06 ‘ 35

Un oiseau qui aime une fleur – Mi-Young Baek – EMCA, 2011, 02 ‘ 30

Vieille courge – Claire Sichez – La Poudrière, 2011, 02 ‘ 03

Festival de Bruz, la sélection des films professionnels

Le festival national du film d’animation de Bruz proposera cette année, entre le 12 et le 18 décembre, sa nouvelle sélection de films professionnels. Sur 120 films de professionnels reçus, 35  films courts ont été retenus. Voici leurs titres.

A Shadow of blue – Carlos Lascano – Les Films du Cygne, 2011, 12 ‘

Aalterate – Christobal de Oliveira – Autour de minuit, 2011, 9 ‘ 44

Agnieszka – Izabela Bartosik – Les Films de l’Arlequin, 2011, 10 ‘

Au poil – Hélène Friren – Parmi les lucioles films, 2012, 7 ‘ 40

BAO – Sandra Desmazières – Les Films de l’Arlequin, 2012, 11 ‘

Ceux d’en haut – Izù Troin – Foliascope ; Folimage ; La Boîte,… Production ; Nadasdy, 2012, ‘

Duo de volailles, sauce chasseur – Pascale Hecquet – Les Médias Associés, Ambiances…asbl, 2011, 6 ‘

Ecofaubourgs – Pierre-Emmanuel Lyet – Doncvoilà Productions, 2012, 02 ‘ 06

Edmond était un âne – Franck Dion – Papy3D Productions, ONF, 2011, 15 ‘

Fleuve rouge, Song Hong – Stéphanie Lansaque, François Leroy – Je Suis Bien Content, 2012, ‘

Gruik – Sylvain Boutroue, Aymeric Roussel – ass. Gruik, 2011, ‘

Kali le petit vampire – Regina Pessoa – Folimage, 2012, 09 ‘ 19

Le banquet de la concubine – Hefang Wei – Folimage, ONF, 2012, 12 ‘ 46

Le peuple de l’herbe – Parler le fracas – Thomas Fourniret – Autoproduction, 2012, 04 ‘ 25

Le printemps – Jérôme Boulbès – Lardux Films ; les Trois Ours Production., 2012, 15 ‘ 13

Le Soleil chante – Delphine Burrus – Ignatub, 2011, 04 ‘ 07

Le syndrome du boucher – Morgane Defaix – Marmitafilms et Cine Passion en Périgord, 2012, 18 ‘ 41

Les morceaux d’amour – Géraldine Alibeu – Autoproduction, 2011, 05 ‘

Les souvenirs – Renaud Martin – Blue Spirit Animation, 2012, 08 ‘ 38

Merci mon chien – Julie Rambauville et Nicolas Bianco-Levrin – Folimage, ONF, 2012, 07 ‘ 47

Oh Willy… Emma de Swaef, Marc James Roels – Beast Animation, IkkiFilms , Vivement lundi, 2012, 16 ‘ 35

Palmipedarium – Jérémy Clapin – Papy3D Productions, 2012, 12 ‘

Partir – Joanna Lurie – Lardux Films, 2012, 03 ‘

Peau de chien – Nicolas Jacquet – Joseph Productions, 2012, 13 ‘ 40

Pinchaque – Caroline Attia Larivière – Nativa, 2011, 05 ‘ 07

Sommeil paradoxal – Florentine Grelier – Autoproduction, 2011, 01 ‘ 40

Son Indochine – Bruno Collet – Vivement Lundi !, Blink Productions, 2012, 09 ‘

Tempête dans une chambre à coucher – Juliette Marchand, Laurence Arcadias – –JPL Films, Amorce Films, 2012, 10 ‘ 58

The caketrope of Burton’s team – Alexandre Dubosc – Autoproduction, 2012, 01 ‘ 40

The Great Rabbit – Atsuchi Wada – Sacrebleu Productions, 2011, 07 ‘ 00

The people who never stop – Florian Piento – Autour de Minuit, 2012, 03 ‘ 30

Tram – Michaela Pavlátová– Sacrebleu Productions, 2012, 07 ‘ 00

Un spectacle interrompu – Christophe Gautry, Arnaud Demuynck – Les Films du Nord, 2012, 10 ‘

Vertige – Christophe Gautry, Mathieu Brisebras – Les Films du Nord, 2012, 08 ‘

Via Curiel 8 – Mara Cerri– Sacrebleu Productions, 2011, 08 ‘ 30

Jan Kounen : “Dans le court métrage, il faut bien sentir ce qu’on a envie de faire. A un moment donné, si on se cogne à un mur, il faut savoir comment le contourner”

Artiste multiple venu des arts décoratifs, intéressé par l’exploration de styles divers et variés, Jan Kounen est l’un des cinéastes les plus frondeurs et imprévisibles du cinéma hexagonal. Nous l’avons interviewé à l’occasion de la dix-huitième édition de l’Etrange Festival où il était invité pour la programmation d’une Carte Blanche, explorant le large spectre de ses influences (Sam Raimi, Godfrey Reggio, etc.). Rencontre avec un réalisateur unique dans le paysage cinématographique moderne, ayant inspiré toute une génération d’apprentis cinéastes.

Article associé : la critique de « Panshin Beka Winoni » de Jan Kounen

Prematur de Gunhild Enger : Prix Format Court au 27ème Festival de Brest !!

Composé de Marie Bergeret, Camille Monin et Katia Bayer, le Jury Format Court a récompensé samedi soir « Prematur » de Gunhild Enger, un film norvégien de 17 minutes, parmi les 41 courts métrages issus de la compétition européenne du Festival de Brest. Ce film qui touche au sentiment d’oppression sans le nommer et qui prend le prétexte d’un trajet de voiture pour révéler des non-dits familiaux, sous la forme d’un huis-clos, a séduit le jury Format Court. Il a également reçu le Prix européen du Conseil régional de Bretagne et le Prix des Passeurs de courts, à la clôture du Festival.

Dans le cadre du Prix Format Court, la lauréate bénéficiera d’un focus consacré à son travail sur le site www.formatcourt.com et verra son film projeté jeudi 14 mars 2013, à l’occasion de la carte blanche offerte par Format Court au Festival de Brest, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

Synopsis : Prematur narre l’histoire d’un norvégien, Martin, et de sa petite amie espagnole, Lucia, qui attend un enfant. On suit le couple pendant leurs quinze premières minutes ensemble sur le sol norvégien, et notamment la rencontre de Lucia avec cette nouvelle culture, et surtout sa belle-famille.

Le palmarès du 27e festival européen du film court de Brest

Hier soir, a eu lieu la remise des prix du 27e festival européen du film court de Brest. Les différents jurys, dont l’officiel composé de Simon Ellis, Nabiha Akkari, Kris, Ludovic Henry, et Mihai Mitrica, ont rendu publics leurs choix. Ces choix, les voici.

Grand Prix du Film Court de la Ville de Brest : Tiger Boy, de Gabriele Mainetti (Italie).

Prix Européen du Conseil régional de Bretagne : Prematur, de Gunhild Enger (Norvège).

Prix du Premier Film ou Film d’École du Conseil général du Finistère : Le Cri du homard, de Nicolas Guiot (Belgique – France).

Prix Révélation : Flow, de Hugues Hariche (France).

Prix de la meilleure direction photo : Dos au mur, de Miklos Keleti (Belgique).

Prix d’interprétation : Claire Thoumelou dans Le Cri du homard, de Nicolas Guiot (Belgique – France).

Prix France 2 : Stronger, de Victor Rodenbach et Hugo Benamozid (La Femis, France).

Prix Beaumarchais : Chacun sa nuit, de Marina Diaby.

Prix Canal + Cocotte Minute : Noise, de Przemyslaw Adamski (Pologne).

Prix des Passeurs de courts : Prematur, de Gunhild Enger (Norvège).

Prix Format Court : Prematur de Gunhild Enger (Norvège).

Prix du Jury Jeune : Prora, de Stéphane Riethauser (Suisse).

Prix du public : Rhinos, de Shimmy Marcus (Irlande).

Prix du Jury presse : Pin-up, de François Gallou (France).

Mentions du jury : Abgestempelt, de Michael Rittmannsberger (Autriche) et Prochainement sur vos écrans, de Fabrice Maruca (France).

Festival Média 10-10 : le palmarès 2012

L’édition 2012 du festival namurois du court métrage s’est clôturée le 17 novembre. Découvrez les films primés !

Prix du Meilleur Court Métrage de Fiction
Offert à Nicolas GUIOT pour son film « Le cri du homard »

Prix du Meilleur Court Métrage d’Animation
Offert à Margot REUMONT pour son film « Si j’étais un homme »

Prix du Meilleur Court Métrage Documentaire
Offert à Aude VERBIGUIE pour son film « A nos terres »

Prix du Meilleur Court Métrage OVNI
Offert à Salomé LAMAS pour son film « Encounters With Landscape (3x) »

Prix Format Court du Meilleur Court Métrage OVNI
Offert à José Alberto PINTO pour son film « Antero »

Prix des Auteurs – Documentaire
Offert conjointement, par la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) et la Société Civile des Auteurs Multimédia (SCAM) à Aude VERBIGUIE pour son film « A nos terres »

Prix du Meilleur Court Métrage Professionnel
Offert par la Promotion Artisitque Belge de la SABAM à Sandra FASSIO pour son film « I Rafi » (La couture)

Prix de la Meilleure Image Numérique
Offert à Manu DACOSSE pour le film « A new old story de Antoine CUYPERS

Prix de « la trois » pour un film d’étudiant
Offert à Richard GERARD pour son film ‘L’incertitude d’Heisenberg »

Prix de la Presse
Offert à Françoise DUPAL pour son film « La terre ou le ciel »

Concours de pitch

Prix uMedia
Offert à Maxime PISTORIO

Prix Smartbe
Offert à Robin ANDELFINGER

Antero de José Alberto Pinto : Prix Format Court OVNI au Festival Média 10-10

Cette année, pour la deuxième fois, Format Court  a décerné son Prix du Meilleur Film OVNI (objet visuel non identifié) au festival namurois du court métrage, Média 10-10. Le jury était composé de Julien Beaunay, Marie Bergeret, Adi Chesson et Nadia Le Bihen-Demmou.

    © Photos : Olivier Cellière © Photo : Olivier Cellière

Le lauréat, « Antero », film portugais signé José Alberto Pinto, a été annoncé par Marie Bergeret et Adi Chesson lors de la cérémonie de clôture le samedi 17 novembre 2012.

Le prix comprendra un focus spécial dédié au film gagnant ainsi qu’une projection en salle à Paris, lors d’une séance Format Court au Studio des Ursulines.

antero

Synopsis : Un film qui ressort du domaine païen et populaire, à propos d’un homme qui s’appelle Antero. Antero récite des vers et des pensées populaires, Antero rit. Antero récolte des objets perdus et répare tout ce qu’il trouve. Comme l’a dit Joseph Beuys, chaque homme est un artiste.

Brest. Courts européens & petits comédiens

Vite. Il ne nous reste plus qu’une heure avant de découvrir le palmarès de Brest, une heure seulement pour vous révéler nos derniers coups de coeur cinématographiques, rejoignant un focus déjà bien fourni. Avant de vous présenter prochainement « After », un documentaire édifiant sur Auschwitz (compétition européenne n°6), qui mérite un papier à lui tout seul, voici deux films, sans liens apparents, qui donnent à voir et à aimer le cinéma européen, qui font émerger deux auteurs particulièrement pertinents, un italien et un autrichien, et qui comptent au casting des comédiens fabuleux, pas plus haut que quelques pommes.

Tiger Boy de Gabriele Mainetti

Dans ce film italien ultra réussi, un petit garçon de neuf ans, Matteo, se fabrique un masque identique à celui de son héros : « Le Tigre », un lutteur d’une banlieue de Rome. Il se met à le porter et refuse de l’enlever, tout au long de la journée et de la nuit, malgré les demandes réitérées de sa mère. Au même moment, le proviseur de l’école abuse de sa position et s’intéresse de trop près à l’enfant, en lui répétant de ne pas se sentir coupable. Matteo, livré à lui-même, se réfugie dans le monde de la lutte, avec ses figurines, et assiste en cachette à un combat du vrai Tigre, son héros, qu’il acclame lorsque celui-ci domine son adversaire, sur un ring. Le lendemain, lorsque le proviseur croise Matteo à l’école, celui-ci commence à résister à son tour et refuse de le suivre dans son bureau.

Un enfant anonyme que presque personne ne remarque, si ce n’est à cause de son masque. Un monde adulte absent ou oppressant. Des gros plans sur les visages et les yeux. Le désir malsain d’un adulte et la quête de modèle d’un petit homme né après les années 2000. Un caprice qui n’est rien d’autre qu’un appel au secours. Une honte subie et un retournement de situation. Un passé douloureux et un avenir à (se) construire. « Tiger Boy » de Gabriele Mainetti (compétition européenne n°7) vaut tous les détours, autant pour l’interprétation de son petit tigre en puissance (Simone Santini) que pour son image et sa musique très soignées. On a très, très envie que ce film ait un prix ce soir. Jury, si tu nous entends…

Abgestempelt de Michael Rittmannsberger

Autre titre remarquable et remarqué au sein de cette compétition européenne, voici « Abgestempelt » (compétition européenne n°3), un film venant d’Autriche. Dans ce court très, très bien construit, un petit garçon ne comprend pas pourquoi son père, immigré, se fait contrôler à un abribus et pourquoi son sac est fouillé par la police. Lorsqu’il demande à son aîné où est le mal, son père ne dit mot. Surpris, il garde les yeux grands ouverts, ne devinant pas ce qui se joue devant lui. Son étonnement redouble lorsque dans le bus, un jeune homme, à qui son père a sauvé la mise en lui évitant une amende des contrôleurs malveillants, se met à être agressif à l’égard d’eux deux. Pourquoi certains hommes s’en prennent-ils à d’autres ? Qu’ont fait ces derniers de mal pour se voir ainsi réprimander et inquiéter ? A ces questions, l’enfant, trop petit, n’est pas en mesure de répondre. Sauf que son père, embarrassé et abasourdi, ne sait pas quoi lui dire. Car le mal, dans le film de Michael Rittmannsberger, n’est peut-être pas là où le croit…

« Abgestempelt » est un film qui déjoue les clichés scénaristiques et les expectatives du spectateur (la chute n’est pas celle à laquelle on s’attend). Il soulève des questions légitimes, par la bouche d’un enfant, qui s’interroge sur le bien et le mal, sur l’innocence et la culpabilité, mais aussi sur la peur, la passivité et la prise de risques. Mais c’est aussi un film tout en regards, en sensations et en silences, qui mêle une situation fictionnelle à un vécu réaliste, des images de tournage à des images de vidéosurveillance, qui multiplie les gros plans, et qui fonctionne superbement par la relation extrêmement naturelle entre le père et le fils, nouée entre les deux comédiens principaux. Pour toutes ces raisons et parce que la subjectivité l’emporte, ce film, qui n’est que le deuxième de son auteur, est pour l’auteure de ces lignes, LE meilleur film de Brest.

Katia Bayer

Consulter les fiches techniques de « Tiger Boy » et de « Abgestempelt »

Article associé : l’interview de Michael Rittmannsberger, réalisateur de « Abgestempelt »

A comme Abgestempelt

Fiche technique

Synopsis : Après un contrôle de la police, un jeune père d’origine arabe ne sait pas comment expliquer la situation à son fils, qui ignore que des événements plus inexplicables sont encore à venir…

Réalisation : Michael Rittmannsberger

Genre : Fiction

Durée : 11′

Pays : Autriche

Année : 2012

Scénario : Michael Rittmannsberger

Image : Andreas Daxer

Montage : Wolfgang Auer, Michael Rittmannsberger

Son : Gregor Rasek, Matthias Ermert

Interprétation : Sami Loris, Simon Schober, Michael Fuith

Production : DCS Filmproduktion

Article associé : le reportage « Brest. Courts européens & petits comédiens »

T comme Tiger Boy

Fiche technique

Synopsis : Ce qui parait être un caprice est en réalité un appel au secours que personne ne semble entendre.

Réalisation : Gabriele Mainetti

Genre : Fiction

Durée : 20′

Pays : Italie

Année : 2012

Scénario : Nicola Guaglianone

Image : Michele D’Attanasio

Son : Fabio Melorio

Musique : Gabriele Mainetti

Interprétation : Francesco Foti, Lidia Vitale, Simone Santini

Décors : Martina Castagnoli

Montage son : Mirko Perri

Production : Goon Films

Article associé : le reportage « Brest. Courts européens & petits comédiens »

P comme Prora

Fiche technique

Synopsis : Prora, au bord de la Mer Baltique. Un centre de vacances érigé par les Nazis aux dimensions infinies. Dans ce colosse de béton, Jan et Matthieu, un Allemand et un Français, 17 ans, s’embarquent dans une aventure qui va confronter leurs identités et mettre en péril leur amitié. Fable sur l’adolescence et la découverte de soi, Prora est une tendre histoire d’amour et d’amitié.

Genre : Fiction

Durée : 23’

Pays : Suisse

Année : 2012

Réalisation : Stéphane Riethauser

Scénario : Stéphane Riethauser

Image : Marcus Winterbauer

Son : Carlos Ibañez Diaz

Interprétation : Tom Gramenz and Swen Gippa

Production : Lambda Prod

Article associé : la critique du film

Prora de Stéphane Riethauser


« Du haut de ces murs de béton, plus de 40 ans d’autoritarisme vous contemplent ».

Présenté au Festival de Brest dans la compétition européenne, « Prora » de Stéphane Riethauser apparaît comme une troublante traversée des frontières au beau milieu de l’île de Rügen, lieu où dominent les vestiges de l’ancienne station balnéaire imaginée par les nazis.

Jan et Mathieu ont 17 ans. Ils sont amis. Et comme tous les amis, ils partagent leurs considérations sur le monde et les filles. Passant leurs vacances sur la côte baltique, ils se retrouvent à Prora. Et la structure de béton, aussi froide qu’elle soit, va accueillir la transformation de leurs relations.

A bien des égards, l’architecture de Prora, située à 300 km au nord de Berlin,  fascine par son gigantisme, effroyable reflet d’une idéologie mégalomane. De son côté, « Prora », le film de Stéphane Riethauser envoûte par sa façon d’associer le pur et l’impur, l’ignominie nazie et la relation sensuelle de Jan, l’Allemand et de Mathieu, le Français.

Dans une mise en scène qui joue avant tout sur l’opposition (le visage angelot de Jan est le revers du ténébreux Mathieu, la rigidité de la construction contraste avec l’érotisme dégagé par les adolescents), le réalisateur suisse utilise l’Histoire collective comme berceau d’une histoire individuelle. Les reliques du passé et l’histoire d’amour se mêlent pour offrir une réflexion pertinente sur la notion de souvenir encombrant tel que peut l’être « Prora ». De magnifiques plans aériens de la construction laissée à l’abandon traduisent à la fois la force et l’inutilité des sentiments que Jan nourrit pour Matthieu car tous les deux le savent bien, à la fin de l’été leurs chemins vont devoir se séparer. La caméra de Riethauser plonge alors les amants dans les couloirs labyrinthiques des vestiges nazis pour les engouffrer dans un monde où tout devient possible, un monde où les frontières n’existent plus. Le lieu de villégiature des masses laborieuses du IIIè Reich se fait alors soudainement le tendre complice de leur quête identitaire et sexuelle. Maîtrisé et pertinent, poétique et sensuel, « Prora » est une jolie surprise de la compétition européenne.

Marie Bergeret

Consulter la fiche technique du film

Vegtelen percek de Cecília Felméri

Adapté d’une nouvelle de János Szántai, « Vegtelen percek », ou « Infinite minutes », pour ceux qui ne parlent pas la langue de Cioran, nous propose d’adopter l’espace d’un instant le point de vue de plusieurs personnages tous liés à un même lieu. Déjà remarqué au Festival de Locarno en 2011, il est sans aucun doute l’un des meilleurs courts métrages proposés au Festival européen du film court de Brest cette année.

Ce film est construit comme une équation mathématique où les destins de chaque personne se nouent inéluctablement et non sans grâce. La structure du film est analogue à la figure du cercle : on entre et on sort du film exactement au même moment de l’histoire, celui où un médecin- collectionneur est en train d’admirer le tatouage d’un serpent sur un corps, formant un cercle parfait, dans une morgue. Chaque scène rejoue ce même instant et propose une version personnelle des quelques minutes écoulées. Implacablement, le puzzle prend forme et les personnages se dévoilent.

L’action débute dans la morgue d’un hôpital avec un amateur de tatouage, puis, tandis que le récit avance, nous montons d’un étage pour nous retrouver avec un chirurgien tourmenté, et de fil en aiguille, nous continuons à gravir les différents niveaux du bâtiment pour faire la connaissance d’une infirmière gourmande, d’une patiente faisant la sourde oreille et enfin d’un directeur d’hôpital libidineux, avant de redescendre inexorablement vers la fin de l’histoire et boucler la boucle.

A partir de cette métaphore, la réalisatrice Cecília Felméri tisse les fils de son histoire avec une grande minutie et un sens du détail remarquable. L’articulation des scènes et l’emboîtement des intrigues sont exécutées avec une précision d’horloger suisse. Chaque action, même anodine, fait écho à l’autre et participe à la fatalité de la situation. De petites touches d’humour grinçant viennent heureusement alléger le propos et donner ce ton particulier au film. Par exemple, lorsque chacun des personnages entre en scène dans le champ de la caméra, une petite fiche en indique une description lapidaire (nom, âge, profession et traits de caractères) dans un coin de l’écran. Aussi efficaces que des aphorismes, ces didascalies permettent en quelques secondes de donner une épaisseur et une complexité tout à fait surprenante aux personnages.

vegtelen-percek-cecilia-felmeri1

Un va-et-vient se met en place entre ces petits détails qui peuvent paraître insignifiants et la grande histoire qui en est la somme. « Vegtelen percek » est en quelque sorte une variation de l’allégorie des battement d’ailes d’un papillon qui provoque une tornade à l’autre bout du monde, en d’autres mot la « théorie du chaos ». Cecília Felméri parvient à créer un univers complexe et subtile sans compromis, en clôturant son film avec une surprenante ironie.

« Vegtelen percek » appartient à la catégorie des films qui ne s’épuisent pas au premier visionnage. Richesse des thématiques, précision de la mise en scène et maîtrise du langage cinématographique : l’ensemble du film contribue à faire coïncider le fond avec la forme. On a hâte voir le prochain film de Cecília Felméri !

Julien Beaunay

Consulter la fiche technique du film

« Vegtelen percek » est projeté au Festival du film européen du film court de Brest, dans le cadre du programme européen n°7,  le jeudi 15/11, à 20h et le samedi 17/11 à 10h30