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Venise 2019, compte-rendu

Il y a plus d’un mois, avait lieu la 76ème Mostra de Venise. Pour la première fois, Format Court s’y rendait et découvrait la place accordée au court-métrage dans ce festival historique foulé par les stars comme la relève.

Sur l’île du Lido où se tenait le festival (accessible seulement en vaporetto ou en bus), 15 courts de la section Orizzonti (13 en compétition, 2 en hors compétition), répartis en 2 programmes, étaient diffusés dans la Sala Giordano, 2 moyens-métrages étaient projetés en séances spéciales tandis que de très nombreux films VR (réalité virtuelle) étaient proposés sur l’île de Lazzaretto Vecchio. Voici les films qui nous ont le plus marqués, issus de ces 3 sections.

Darling de Saim Sadiq (Pakistan, Etats-Unis) est un film queer ayant remporté le Prix Orizzonti du meilleur court-métrage. Le film suit le parcours d’Alina Darling, une jeune transsexuelle faisant des essais pour devenir une star de la chanson et de la danse et souhaitant percer dans un milieu extrêmement genré où la femme ne se résume qu’à un objet de désir. Sur sa route, elle rencontre un jeune homme qui tombe amoureux d’elle et qui accepte son identité. Darling, premier film pakistanais à être diffusé à Venise, comporte plusieurs intérêts : son hommage à Bollywood (sa scène de danse vaut le détour), son exploration du monde du spectacle entre envers du décor, hypocrisie et érotisme et son questionnement sur la place des transsexuels dans la société, oscillant entre standards imposés et désir de liberté.

Le film de fiction Roqaia de Diana Saqeb Jamal (Afghanistan, Bangladesh) s’intéresse à une petite fille de 12 ans, Roqaia, ayant survécu à une attaque suicide dans son pays, l’Afghanistan, et devant surmonter son traumatisme alors qu’elle est assaillie par les médias. Considérée comme une héroïne, cette survivante est interviewée à longueur de journée dans la cour de ses parents où picorent des poules indifférentes à son sort. Personne ne semble réellement s’intéresser à sa douleur, Roqaia ne dit d’ailleurs pas le moindre mot. Gamine exploitée à des fins médiatiques et politiques, le regard baissé et vide, Roqaia essaye d’avancer, de retrouver un tant soi peu ses repères. En résulte un film intéressant dans lequel la manipulation, l’enfance, la guerre et le traumatisme se confondent avec une belle photo et un son sourd, lourd de sens.

On poursuit avec un autre portrait de femme, Give Up The Ghost de Zain Duraie (Jordanie, Suède, Allemagne). Salam et Ammar forment un couple marié, échouant à avoir un enfant jusqu’à ce que la famille de l’homme s’en mêle. Le film en apparence classique dispose de bonnes idées : la voix-off des parents, de beaux comédiens, un son étouffé à l’image du tourment intérieur, le désir d’affirmation d’une femme dans une société patriarcale, engoncée dans ses traditions. Simple, efficace.

Dernier film intéressant parmi cette compétition de courts, Kingdom Come de Sean Robert Dunn (Royaume-Uni). Une famille (le père, la femme, l’enfant, le grand-père) passe une journée comme une autre au centre commercial. En récupérant sa voiture, l’homme se fait agresser par un groupe de jeunes le filmant et le renvoyant à une double vie trouble, taboue, loin des siens. La violence s’expose par écrans interposés, via des regards d’inconnus comme de proches, traversé par une musique assourdissante.Kingdom Come parle d’hypocrisie, de chasse à l’homme organisée, anonyme, derrière un ordinateur ou un téléphone portable, de volonté d’anarchie, de soulèvement, de faute, de culpabilité, de morale, de justice, avec une tension de A à Z. Un film fort réalisé avant le Brexit, découvert à Venise, qui ne devrait pas tarder à circuler en festivals.

On termine avec trois films étonnants : l’un en hors compétition, 2 en VR (réalité virtuelle). Le premier, Electric Swan de Konstantina Kotzamani est co-produit par trois pays (la France, la Grèce, l’Argentine). La réalisatrice grecque, repérée il y a quelques années avec ses courts Washingtonia (Berlin) et Limbo (Semaine de la Critique), dresse ici le portrait de 4 personnes solitaires, habitant dans un même immeuble de Buenos Aires : une petite fille visionnaire, une adolescente sensuelle et énigmatique, un gardien taciturne et une femme âgée, malade. Chacun vit à un étage différent et est confronté à une « étrange nausée » due à l’état du bâtiment qui se met à bouger : les uns redoutent la fin par les eaux, les autres craignent de tomber. Konstantina Kotzamani aime insérer des plans énigmatiques dans ses films à la photo toujours étudiée.  Dans Electric Swan, par exemple, une main surgit du sol pour guetter l’origine d’une fuite, les animaux se mêlent aux humains, les lustres sont victimes de tremblements, les filles ont des paillettes dans les yeux vides, les êtres se transforment en animaux, le tout dans un calme apparent. Un film surréaliste, fantastique de 40 minutes qu’on a failli ne pas voir de par sa place, en hors compétition.

En parallèle des courts de la section Orizzonti, le programme VR (Virtual Reality) fait de plus en plus parler de lui à Venise. Conçue par Michel Reilhac (ex-Arte) et Liz Rozenthal, cette section compte 28 films en compétition et 13 en hors compétition. Une partie des projets est linéaire (le spectateur est passif), l’autre est interactive (il appuie sur une manette, se déplace), leurs durées oscillent entre 8 et 60 minutes. Les films sont à découvrir, avec l’aide de casques reliés aux écrans, sur l’île de Lazzaretto Vecchio, uniquement accessible en vaporetto depuis celle du Lido.

Dans Battle hymn de Yair Agmon (Israël), on se retrouve au cœur d’un bataillon de l’armée israélienne. Notre corps devient celui d’un jeune soldat, en proie à l’ennui, enchaînant les cigarettes, chantant des chansons grivoises, parlant de filles avec les autres gars de son unité. Lorsque la nuit tombe, le bataillon se met en route pour procéder à l’arrestation d’un jeune homme, soupçonné de préparer un acte terroriste, dans un village palestinien de Cisjordanie. Au retour, le calme se fait dans le camion, l’homme a les yeux bandés, les mains attachées. Pendant toute la manœuvre, le stress, la tension, les jeux de pouvoir se sont fait face. En tant que spectateur mais aussi acteur, on ne peut que ressentir toute l’intensité de la mission, les sens étant en éveil constant. A un moment, l’homme se met à chanter un chant de liberté et d’espoir et les soldats l’accompagnent avec leurs instruments. En une fraction de seconde, les ennemis se rejoignent, l’émotion déborde : le conflit prend une autre dimension, humaine, emphatique. Une expérience vient d’avoir eu lieu. Intense et grave à la fois, on en sort bouleversé.

Dernier film à ressortir de cette sélection : Gloomy Eyes de Jorge Tereso et Fernando Maldonado (France, Argentine, Taiwan, Etats-Unis). Ce film d’animation fantastique, déjà repéré et primé à Annecy (Cristal de la meilleure œuvre VR), est absolument bluffant. Divisé en deux chapitres et illustré par 4 comédiens narrateurs selon le pays de diffusion (Colin Farrell, Tahar Rahim, Max Riemlet, Jam Hsiao), Gloomy Eyes raconte l’histoire d’amour naissante entre un enfant mi-zombie mi-humain et une petite fille humaine. En jouant sur des échelles différentes, le film jouit de décors impressionnants, d’une bande-son du tonnerre et d’un souci du détail hors du commun. Les yeux et les oreilles sont en permanence sollicités pendant ce film qui se déroule dans la nuit noire et mystérieuse. On se laisse surprendre par le jeu des couleurs, les yeux jaunes, phosphorescents de Gloomy, la délicatesse des séquences et des objets (les plans semblent être à porter de main, on se surprend à vouloir les attraper et à enregistrer chaque détail, chaque objet). La magie qui s’invite dès les premières images a du mal à se dissiper après coup. Un prodige d’animation et de VR.

Katia Bayer

Article associé : l’interview d’Enrico Vannucci, le conseiller en programmation à la Biennale de Venise

Foued Mansour : « Aujourd’hui, tu peux faire le court de la décennie, aller aux César et à Berlin, et te retrouver au RMI »

Le Chant d’Ahmed raconte la rencontre d’Ahmed, un employé des bains-douches proche de la retraite, avec Mike, un adolescent à la dérive qui rêve de devenir rappeur. Après sa sélection dans la compétition nationale du dernier Festival de Clermont-Ferrand, le cinquième court-métrage de Foued Mansour vient d’être présélectionné aux César 2020. Nous l’avons diffusé le 23 septembre sur toit du Point Ephémère à l’occasion de la carte blanche offerte au Festival de Brive, en présence du réalisateur et du producteur Rafaël Andrea Soatto (Offshore).

Depuis ton premier court-métrage produit, La Raison de l’autre, il y a dix ans pile, tu en as réalisé trois autres. Tu ne ressens pas le besoin de passer au long ?

Je me fais souvent engueuler par mes copains producteurs ou réalisateurs qui sont passés au long, mais si j’avais en eu la possibilité, j’aurais déjà franchi le pas. Ça ne dépend pas que de moi. Ceci dit j’aime le court. J’aime le format, la liberté et je m’y suis vite senti à ma place. J’ai enchaîné trois courts très vite entre 2009 et 2012, qui se sont produits plutôt facilement grâce à La Raison de l’autre qui, lui, s’est financé très difficilement. Puis j’ai fait un break car j’ai commencé à écrire mon long mais je suis entré dans un autre monde. Un court, tu te débrouilles toujours pour le faire. Un long, ça n’a rien à voir, les enjeux sont énormes. Tu rencontres plein de producteurs mais ils ont peur, ils ne te connaissent pas. Alors il arrive que tu te lances dans un projet pour finalement te rendre compte que ça n’a pas avancé et que tu as perdu 4 ans. Et comme j’avais envie de tourner, je suis revenu au court. Il faut aussi avoir en tête que le passage du court au long est de plus en plus difficile. Avant un court qui cartonnait menait automatiquement au long, mais plus maintenant. Regardez Jean-Bernard Marlin. Il a fait La Fugue qui a eu l’Ours d’Or à Berlin, et a été nommé aux César, mais ça ne l’a pas empêché de se retrouver au RMI alors qu’il a fait le court de la décennie. Il a mis du temps à faire Shéhérazade, qui a été ensuite acclamé, mais à quel prix ! Passer à côté d’un auteur comme lui aurait été un vrai gâchis.

Quand tu parles de liberté dans le court, fais-tu aussi référence à celle de faire appel à des comédiens non professionnels ?

Je ne tiens pas à faire jouer des comédiens non professionnels. Je le fais quand ça s’impose, quand je n’ai pas le choix. Pour le rôle d’Ahmed, j’ai d’abord contacté plusieurs comédiens mais il n’y a pas beaucoup de comédiens maghrébins de cette génération. Et tous ceux que je rencontrais étaient des acteurs très lettrés, intellos, ça ne marchait pas. Alors un ami qui habite à la Goutte d’Or m’a proposé d’aller déjeuner chez un restaurateur qui connait tous les chibanis du quartier. Là-bas, je suis tombé sur Mohammed qui apportait des fruits et légumes à la cuisinière, et je me suis dit : « c’est lui ». Mohammed est une star à la Goutte d’Or grâce à son engagement associatif et il sait lire et écrire, ce qui est rare pour cette génération de prolétaires immigrés. Quand je lui ai dit que j’allais faire un film, il m’a dit oui, qu’il connaissait, qu’il avait déjà été interviewé par BFM TV. Mais quand j’ai sorti le scénario, je l’ai vu pâlir. Finalement, le restaurateur a su le convaincre mais il faut dire que moi non plus je n’étais pas sûr de mon coup. ll portait l’histoire des ces hommes dans sa façon de marcher, de se comporter. Il dégageait quelque chose de brut qu’aucun acteur n’aurait pu reproduire. Inversement, l’autre comédien, Bilel Chegrani, avait été suggéré par Meriem, la directrice de casting. Et idem pour La raison de l’autre. Je suis allé dans un foyer pour trouver mon acteur africain mais celle qui joue la conseillère, Chloé Berthier, est bien actrice. Il n’y a pas de règle, il faut une symbiose.

Il n’y a pas de règle mais celle de la « bankabilité » sera quand même difficile à contourner dans ton long-métrage, non ?

C’est vrai que les producteurs ont besoin d’être rassurés, ils pensent eux-mêmes que ça va rassurer les chaînes et distributeurs. Mais ça ne marche qu’avec certains, les Dujardin et Omar Sy, pas les autres. Regarde, les films qui se font remarquer – Shéhérazade, Divines, Mustang, Petit Paysan, même Jusqu’à la garde – se font sans grosse vedette. Et aujourd’hui, le film qui va représenter la France aux Oscars s’appelle Les Misérables. Ces exemples te poussent à persévérer.

Je vais essayer de me passer de stars en faisant un film pas cher et avec les subventions classiques. J’ai un rapport très fusionnel aux comédiens. Le travail avec eux est la partie de ce métier que je préfère et j’ai l’habitude de les choisir moi-même. Mes plus grands moments de plaisir sont ceux où ils me proposent des choses que je n’attendais pas et qui me bluffent. C’est chiant un tournage, on n’a que des emmerdes, et les seuls moments de plaisir sont les cadeaux des acteurs. Quand je m’occupe du casting, je consulte tous les trombinoscopes trois mois à l’avance, et j’appelle moi-même les comédiens. Après Le Chant d’Ahmed, le long-métrage sera seulement ma deuxième collaboration avec une directrice de casting et je vais tout de même continuer à aller chiner dans mon coin six mois à l’avance.

« Un homme debout »

Tes courts-métrages parlent de précarité, de solitude. Le long explorera-t-il aussi ces thèmes ?

C’est surtout la quête de dignité qui, je crois, rassemble tous ces films. Avec Un homme debout, je voulais parler de la vindicte populaire, de ses ravages sur un personnage qui ne veut pas céder et préserver sa dignité à tout prix. Le Chant d’Ahmed porte sur l’exil, le déracinement mais avec toujours ce désir d’Ahmed d’être regardé.

C’est un thème que je n’ai de cesse d’explorer parce que ce sentiment, nous le partageons tous. Il nous maintient en état de survie quand on est au fond du trou. Si tu perds une forme d’estime de toi, tu sombres. Mais c’est un sujet délicat à traiter sans tomber dans le misérabilisme, ou la moralisation. Tu marches toujours sur un fil. Les projections de La raison de l’autre étaient suivies de débats tendus où certains me reprochaient d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui stigmatisent, alors que d’autres s’élevaient contre cette interprétation. J’aime quand le film ne m’appartient plus, quand les gens s’en emparent. Mon prochain projet abordera de nouveau ces questions : la morale, la justice, la quête de dignité… Mais il sera traité cette fois par le biais d’une histoire d’amour inspirée d’un petit fait divers qui s’est transformé en fait de société. Un film qui je l’espère parlera, en miroir de notre époque, de convergence des luttes.

As-tu une opinion sur la représentation des « minorités visibles » dans le cinéma français ?

Des progrès ont été fait sur la représentativité, mais il reste du travail à faire. Dans mon film, des gens trouvaient bizarre que le personnage joué par Bilel s’appelle Mike. On cantonne encore les comédiens à des rôles stéréotypés, mais ça se décloisonne progressivement. Dans le cas de Mike, je n’imaginais pas spécifiquement un Maghrébin mais j’ai pris Bilel parce que c’était le meilleur. Par contre, il a fallu gommer certains tics de langages, je ne voulais pas de stéréotype. Je lui disais que s’il voulait jouer autre chose que des petits mecs de quartier, il devait accepter d’interpréter, de jouer la comédie.

Et est-ce que tu as l’impression d’avoir une responsabilité dans cette question de la représentation ?

J’ai toujours mis un point d’honneur à ne pas faire de film communautaire. Mes films précédents abordent la question de manière indirecte. Là, c’est le premier qui l’abord frontalement mais ça fait longtemps que je voulais faire un film sur les immigrés de la première génération qui sont arrivés dans les années 70 et qui ont trimé. Je voulais explorer leur sens du sacrifice, la manière dont ils ont été traités ici et là-bas, le lien familial qui se délie, le manque de communication. Je voulais rendre hommage à ces hommes et ces femmes, moi qui suis né ici mais qui ai toute ma famille en Tunisie. J’y vais de temps en temps et je me suis souvent demandé ce qu’aurait été ma vie si j’étais né et si j’avais grandi là-bas, et surtout quelle destin aurait eu mon père s’il n’avait pas fait venir ma mère… Il aurait probablement eu la même existence que le personnage d’Ahmed. Quand j’y vais, je suis heureux d’y aller mais je ne sais pas si je pourrais y vivre. Et ce qui est drôle, c’est que je suis présenté dans tous les festivals étrangers comme le réalisateur français et ici parfois comme le franco-tunisien. Mais j’essaie de passer au-dessus de tout ça

Propos recueillis par Yohan Levy

Carte blanche Format Court à la Rochelle !

Après 4 projections en septembre (3 consacrées à notre festival, 1 dédiée à celui de Brive), Format Court se voit proposer une nouvelle carte blanche dans quelques jours à la Rochelle. La Belle du Gabut, une association locale, nous accueille en effet le mardi 8 octobre prochain dans le cadre de sa guinguette effervescente pour une séance en plein air en lien avec la Fête de la science.

« Planet Z » de Momoko Seto

Programmation

Flow d’Adriaan Lokman. Animation, 13’45 », 2019, Pays-Bas, France, Dark Prince, Valk Productions. Présélectionné au César du meilleur court-métrage d’animation 2020

Synopsis : Une journée de turbulences, peinte par l’air.

Corpus de Marc Hericher. Animation, expérimental, 3’30, 2015, France, Rêvons, C’est l’heure Productions. Prix Format Court au Festival Court Métrange 2015

Synopsis : Une réaction en chaîne complexe actionne des organes humains qui prennent vie. Ce mécanisme engendre un acte de création. Mais cet acte libre est-il vraiment produit par une machine ?

Articles associés : la critique du filml’interview de Marc Hericher

The Origin Of Creatures de Floris Kaayk. Animation, 12′, 2010,  Pays-Bas, Prod. : Koert Davidse, Marc Thelosen, Yan Ting Yuen. Prix Format Court au Festival Paris Courts Devant 2011

La vision futuriste d’un monde après un désastre catastrophique. Dans cette parabole, des membres mutés autonomes sont à la recherche d’une coopération, mais en raison de problèmes de communication, cette mission est vouée à l’échec.

Planet Z de Momoko Seto. Animation, 9’30’’, 2011, France, Sacrebleu Productions. Sélectionné au Festival de Berlin 2011 & au Festival Animatou 2012 (Suisse)

Synopsis : Quelque part…la PLANET Z La végétation commence à s’installer sur la planète, et tous semble vivre en harmonie. Mais un champignon gluant …

Article associé : la critique du film

En pratique

La Belle du Gabut : 5, rue de l’Armide, 17000 La Rochelle

Projection à 20h30, entrée gratuite

Carte blanche offerte au Festival de Brive, ce lundi 23.9 au Point Ephémère !

Après les trois première cartes blanches consacrées à notre Festival Format Court à Bruxelles et Paris, nous vous proposons de nous rejoindre en hauteur, sur le rooftop du Point Éphémère (200 Quai de Valmy, 75010 Paris), ce lundi 23 septembre, à la tombée de la nuit, pour une nouvelle projection en plein air à ne pas manquer !

Pour l’occasion, nous offrons une carte blanche au Festival du moyen métrage de Brive dont nous avons été partenaires pendant 4 ans. Soyez au rendez-vous pour cette dernière Séance au Top organisée par le Point Éphémère ! 3 films sélectionnés cette année à Brive, choisis par Maguy Cisterne, Secrétaire générale du festival, seront diffusés, tous en présence de leurs équipes ainsi que celles de Brive et de Format Court.

Programmation

D’un château l’autre d’Emmanuel Marre, Belgique, France, 2018, Wrong Men, Kidam, Grand Prix au Festival de Moyen métrage de Brive 2018, Pardino d’Or du meilleur court-métrage à Locarno 2018, présélectionné au Cesar 2020 du Meilleur Court Métrage. En présence du réalisateur

Printemps 2017. Pierre, vingt-cinq ans, étudiant boursier dans une grande école parisienne loge chez Francine, soixante-quinze ans, clouée par le handicap dans un fauteuil roulant. Ils assistent perplexes à la kermesse électorale de l’entre-deux tours qui bat son plein, dehors. Loin de la kermesse électorale, Pierre aide le corps de Francine et Francine essaie de soigner l’âme de Pierre.

Akaboum de Manon Vila, 2019, Prix du Jury Jeunes et du meilleurs court-métrage à Visions Du Reel 2019, Les Ecuries Productions. En présence de la réalisatrice et de la productrice Nora Rotman

C’est l’histoire d’une bande de jeunes garçons originaires de l’extrémité nord-ouest de la région parisienne. On les suit dans leurs déambulations censées les mener de Cergy à Marne-la-Vallée. C’est aussi l’histoire d’une bande de lapins-canards qui se rend à une fête au château de la Belle au bois dormant. Cette bande, ce sont les membres du Ygrk Klub. Entre documentaire et fiction, on plonge dans les univers superposés de leurs réalités et de leurs fantasmes. Portrait d’une jeunesse locale contemporaine qui tente d’inventer les nouveaux contours d’une identité collective sur fond de France en crise.

Le Chant d’Ahmed de Foued Mansour, France, 2018,Offshore, Prix Unifrance du court-métrage à Cannes 2019, présélectionné au Cesar 2020 du Meilleur Court Métrage. En présence du réalisateur et du producteur, Rafaël Andrea Soatto

Ahmed, employé des bains douches proche de la retraite, voit un jour débarquer Mike, adolescent à la dérive. Entre ces murs, dans un lieu sur le point de disparaître, une étrange relation va naître entre ces deux âmes fêlées.

En pratique

Le Point Ephémère : 200 Quai de Valmy, 75010 Paris

Tarif : 5€

Début des projections à la tombée de la nuit (aux alentours de 20h30). Ouverture du toit et de la billetterie à 19h

Event Facebook : https://www.facebook.com/events/2152628541696804

Nos prochains rendez-vous au Point Ephémère !

👋Agendas, agendas. Après les deux première cartes blanches consacrées à notre Festival Format Court à Bruxelles et Paris, nous vous donnons rendez-vous en hauteur, sur le rooftop du Point Éphémère (200 Quai de Valmy, 75010 Paris) pour deux nouvelles projections en plein air à ne pas manquer !

💥1/2 : Lundi 16 septembre, à 21h : 3ème Carte blanche au Festival Format Court.

Programmation de 4 films issus de notre 1ère édition :

Le Phénomène Paul Emile Raoul de Fred Perrot et Audrey Najar, France, 2007, ESRA

Découvrez l’histoire incroyable d’un homme qui ne donna rien mais qui reprit tout. Un homme qui se fit des colliers de la peine des autres. Du grand, de l’unique, de l’impardonnable… Paul-Emile Raoul.

Icare de Nicolas Boucart, France, Belgique, 2018, nommé aux Oscar 2018, Hélicotronc, Offshore

Sur une minuscule île couronnée de falaises abruptes, se dresse face à la mer une seule et unique maison. Obsédé par le rêve que l’homme puisse un jour voler à l’image de l’oiseau, un inventeur expérimente ses machines sur ce morceau de terre abandonné. Pour cet homme, seule une âme pure, légère, naïve est capable d’un tel exploit. Recruté du continent, Joseph, onze ans, semble être le parfait candidat.

Swatted de Ismaël Joffroy Chandoutis, France, 2018, Prix spécial du Jury au Festival de Clermont-Ferrand 2019, Le Fresnoy. En présence du réalisateur

Des joueurs en ligne racontent leurs difficultés à échapper au « swatting », un phénomène de cyber-harcèlement qui menace leur vie à chaque partie. Les événements prennent forme à travers des vidéos youtube et des images vectorielles issues d’un jeu vidéo.

Le Plombier de Xavier Seron, Méryl Fortunat-Rossi, Belgique, France, 2016, Meilleur Court Métrage de Fiction aux Magritte 2017, Hélicotronc, Origine Films

Tom, un comédien flamand, remplace au pied levé un ami doubleur. En général, Tom fait des voix de personnages de dessins animés. Aujourd’hui, il se retrouve en studio pour un film pornographique en Français. Catherine, une comédienne expérimentée, sera sa partenaire. Tom jouera le plombier.

💥2/2 : Lundi 23 septembre, 21h : Carte blanche offerte au Festival du moyen métrage de Brive.

Programmation de 3 films sélectionnés cette année à Brive, en présence de Maguy Cisterne, Secrétaire générale du festival :

D’un château l’autre d’Emmanuel Marre, Belgique, France, 2018, Wrong Men, Kidam, Grand Prix au Festival de Moyen métrage de Brive 2018, Pardino d’Or du meilleur court-métrage à Locarno 2018. En présence du réalisateur

Printemps 2017. Pierre, vingt-cinq ans, étudiant boursier dans une grande école parisienne loge chez Francine, soixante-quinze ans, clouée par le handicap dans un fauteuil roulant. Ils assistent perplexes à la kermesse électorale de l’entre-deux tours qui bat son plein, dehors. Loin de la kermesse électorale, Pierre aide le corps de Francine et Francine essaie de soigner l’âme de Pierre.

Akaboum de Manon Vila, 2019, Prix du Jury Jeunes et du meilleurs court-métrage à Visions Du Reel 2019, Les Ecuries Productions. En présence de la réalisatrice et de la productrice Nora Rotman

C’est l’histoire d’une bande de jeunes garçons originaires de l’extrémité nord-ouest de la région parisienne. On les suit dans leurs déambulations censées les mener de Cergy à Marne-la-Vallée. C’est aussi l’histoire d’une bande de lapins-canards qui se rend à une fête au château de la Belle au bois dormant. Cette bande, ce sont les membres du Ygrk Klub. Entre documentaire et fiction, on plonge dans les univers superposés de leurs réalités et de leurs fantasmes. Portrait d’une jeunesse locale contemporaine qui tente d’inventer les nouveaux contours d’une identité collective sur fond de France en crise.

Le Chant d’Ahmed de Foued Mansour, France, 2018, Prix uniFrance du court-métrage à Cannes 2019, Offshore. En présence du réalisateur et du producteur, Rafaël Andrea Soatto

Ahmed, employé des bains douches proche de la retraite, voit un jour débarquer Mike, adolescent à la dérive. Entre ces murs, dans un lieu sur le point de disparaître, une étrange relation va naître entre ces deux âmes fêlées.

En pratique

Le Point Ephémère : 200 Quai de Valmy, 75010 Paris

Tarif : 5€/séance

Début des projections à la tombée de la nuit. Ouverture du toit et de la billetterie à 19h

Charlotte Corchète, Giacomo Hug, les Pardi di Domani et le Festival de Locarno

Charlotte Corchète est la nouvelle responsable du comité de sélection des Pardi di Domani, la section réservée aux courts et moyens-métrages du Festival de Locarno. Lili Hastin, la nouvelle Directrice artistique du festival, l’a choisie après une collaboration entamée au festival Entrevues de Belfort. Giacomo Hug, lui, travaille depuis un moment pour Locarno. Il coordonne le comité des Pardi di Domani dont Charlotte Corchète fait partie avec trois autres sélectionneurs, dont certains sont réalisateurs : Tizian Büchi, Liz Harkman et Stefan Ivančić.

À l’occasion de la dernière édition du festival, organisé cet été, Charlotte Corchète et Giacomo Hug ont échangé autour de leurs parcours respectifs, de l’intérêt de Locarno pour la forme courte, de la fameuse prise de risques, du moyen-métrage et du documentaire.

Format Court : Comment en êtes-vous arrivés à travailler tous les deux pour le Festival de Locarno ?

Charlotte Corchète : J’ai fait des études à la Fémis en distribution-exploitation et je poursuis mes études à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociale) en vue d’un doctorat en sociologie l’an prochain. J’ai travaillé dans les bureaux de programmation du Festival Entrevues avec Lili Hastin, notamment l’an dernier au comité de sélection, qui m’a proposé de rejoindre l’équipe du court à Locarno. Avant, j’ai été stagiaire au Louxor à Paris et j’ai travaillé dans des salles de cinéma et au bureau de programmation des films du Centre Pompidou.

Le cinéma, c’est de la sociologie. As-tu le sentiment que tes études te permettent d’avoir un regard particulier sur les films qui arrivent ici ?

C.C. : Oui, je pense. À la Fémis, j’ai eu une formation technique, économique. La sociologie à l’EHESS m’a permis d’avoir un regard différent. Beaucoup de sociologues travaillent avec des films, les analysent, les décortiquent. Ce n’est pas donc pas si éloigné que ça car on peut utiliser des films réalistes ou documentaires pour parler et approcher des sujets fréquents en sociologie.

Et toi, Giacomo, comment t’es-tu greffé au festival ?

Giacomo Hug : Moi, je suis tessinois, j’ai grandi près d’ici. J’ai connu le festival il y a longtemps. J’ai été dans le jury jeune, ensuite, j’ai fait des études de cinéma à Lausanne et à Londres. Puis, je suis rentré en Suisse et j’ai commencé à travailler au bureau de programmation des longs-métrages. C’était en 2014. Depuis l’an passé, je suis responsable du bureau de programmation des courts-métrages. Je ne fais pas de sélection. Je m’occupe de coordonner le comité de sélection et d’organiser tout ce qu’il y a autour.

Dans votre comité court, il y a plusieurs réalisateurs. Est-ce que leur présence offre un autre regard et a une influence sur les films retenus ?

C.C. : C’est vrai que dans notre comité, certains sont réalisateurs ou donnent des cours et d’autres programment dans d’autres festivals. Je trouve ça très bien parce qu’être cinéaste à plein temps, ce n’est pas forcément possible, ça permet de chercher d’autres moyens de parler de cinéma. Si il n’y avait que des réalisateurs dans ce comité, je pense que ça ne marcherait pas, mais là, dans le cas présent, c’est bien d’avoir des personnes variées en termes d’expériences professionnelles et de perspectives.

Pourquoi et comment le festival continue-t-il à s’intéresser au court-métrage ?

C.C. : À Locarno, la Sala est la salle principale consacrée au court métrage. Elle fait 900 places, c’est un espace important pour les courts. Le festival accorde une certaine importance au court puisqu’on en sélectionne une trentaine dans la compétition internationale et une dizaine dans la compétition nationale : ça représente quand même une compétition importante.

G.H. : Locarno, c’est un festival de recherche et découverte. Comme les courts-métrages sont souvent faits par des jeunes réalisateurs et des étudiants, c’est très intéressant de les repérer très tôt, en amont. C’est la fonction principale de la compétition des courts-métrages, des Pardi di Domani qui signifie en français « les Léopards de demain ». L’idée est de découvrir des auteurs qui reviendront peut-être dans le futur avec des longs-métrages.

Comment se fait-il que le festival soit associé à cette image de léopard ?

G.H. : Tu vois le symbole de la ville, de la mairie ? C’est un pardo, un animal mythique qui se situe entre un lion et un léopard.

C.C. : Dans la mythologie suisse (rires) ?!

Le symbole de la vile est donc devenu celui du festival ?

G.H. :  Oui.

Comment arrivez-vous à créer votre identité entre les deux gros festivals que sont Cannes et Venise ?

C.C. : Cette année, on a reçu 3.000 films et le nombre d’inscriptions a augmenté par rapport aux autres années. Ce qui a joué, c’est qu’on se soit beaucoup déplacé en festival. Je me suis rendue au Festival de Clermont-Ferrand avec Giacomo. On est allé sur le marché à la rencontre des producteurs, des réalisateurs, des vendeurs et des institutions de plusieurs pays.

Venise a une limite de temps de 20 minutes pour les courts, la compétition principale des courts-métrages de Cannes prend des films de 15 minutes maximum. Nous, on accepte les films jusqu’à 59 minutes.

Il y a des spécificités en termes d’éligibilité qui sont différentes des autres festivals. Après, effectivement, c’est difficile. Les publics ne sont pas les mêmes. À Locarno, on accepte des formes peut-être différentes, on peut s’intéresser à des artistes qui sont liés à la vidéo, qui sont pris dans les musées. C’est comme ça qu’on arrive par exemple à se démarquer.

G.H. : Ce qu’on essaye aussi de faire par rapport aux autres festivals que tu as mentionnés, c’est qu’on ne s’intéresse pas nécessairement aux films qui sont complètement aboutis, parfaits. On peut être sensible aussi aux propositions qui ne sont peut-être pas encore là mais à des réalisateurs qui ont pris des risques.

Dans les films que j’ai vus, j’ai le sentiment qu’il y a une idée de brouiller les pistes, les codes. Parfois, on ne sait pas trop à quel genre les films appartiennent. C’est quelque chose que vous souhaitez défendre dans votre sélection ? Par ailleurs, si vous vous êtes déplacés des gens en festivals, c’est parce que vous aviez le sentiment que les gens ne vous repéraient pas suffisamment ?

C.C. : Je pense qu’ils connaissaient Locarno mais on leur a apporté des précisions par exemple concernant les frais, les délais et les moments d’inscription. Cette année, j’ai beaucoup répondu à des réalisateurs qui me demandaient quel type de films on pouvait chercher. Je pense que ça les a beaucoup aidés sur ce qu’on attendait par rapport à d’autres festivals.

Quant à la sélection, toutes les formes sont montrées sur l’écran, il n’y a pas une seule forme ou unité en termes esthétiques. On va aller vers des films expérimentaux comme narratifs, plus classiques.

G.H. : C’est un peu la tradition de Locarno d’inclure dans la même compétition du documentaire, de la fiction, de l’animation, des projets qui sont de l’art vidéo. Cette année, on a aussi montré de la réalité virtuelle. Les gens de l’art vidéo connaissent peut-être Locarno mais ne savaient pas qu’ils pouvaient y participer. C’est pour ça qu’on fait un travail de recherche.

Ca a donc joué sur le nombre de films reçus. Et que réponds-tu, Charlotte, quand on te demande quel type de films recherchez-vous ?

C.C. : En général, ce que je dis, c’est qu’on cherche des films qui vont nous surprendre par leur forme esthétique ou par leur construction narrative et qui traitent aussi de sujets qu’on peut voir à l’écran. Il n’y a pas un format atypique pour être sélectionné à Locarno. On peut tout à fait prendre des films qui vont avoir une histoire très simple et qui vont susciter une émotion très forte. Il n’y a pas de règle précise là-dessus. Si vraiment on sent que le réalisateur a une sensibilité particulière et qu’il arrive à nous émouvoir, ça peut nous intéresser. J’aime beaucoup ce genre de films aussi.

G.H. : Le courage nous intéresse également.

Sur 3.000 films, vous recevez quand même beaucoup de films qui ne se démarquent pas des auteurs. Est-ce que vous avez le sentiment que les réalisateurs manquent de courage, ne vont pas au bout de leurs intentions ?

G.H. : Je pense que oui. Il y a beaucoup de films qui se ressemblent, qui sont tous pareils, qu’on a l’impression d’avoir déjà vus.

Dans le passé, il y a eu beaucoup de courts documentaires « coups de poing », très forts, des histoires très personnelles sélectionnés au festival. Vous accordez une attention particulière à ce genre ?

C.C. : On s’intéresse autant au documentaire qu’à la fiction. Parfois, je ne sais pas à l’avance si ça va être de la fiction ou du documentaire !

G.H. :  C’est intéressant parce que cette année, dans la sélection, on a un documentaire qui ressemble à de la fiction, Vader (Isabel Lamberti, Pays-Bas), et un projet de fiction qui ressemble à un documentaire, El hacedor de muebles (David Avilés, Cuba) !

« El hacedor de muebles « 

Plusieurs moyens-métrages figurent dans votre sélection. Vous acceptez des films allant jusqu’à 59 minutes. Ce sont des durées qui prennent de la place dans une grille de programmation…

C.C. : Cette année, dans la compétition internationale, il y a un film de 35 minutes. Je crois que c’est le plus long, mais on avait repéré des moyens-métrages effectivement. Comme on a ouvert seulement depuis cette année la compétition aux films allant jusqu’à 59 minutes (avant, ça se limitait à 45), il y a des films qu’on a considérés jusqu’à la fin. Après, c’est en termes de durée qu’on organise les programmes et c’est vrai qu’un film de 59 minutes va prendre la place de deux ou trois films un peu plus courts. Mais après, on est très ouvert, si il y a un moyen-métrage qu’on aime beaucoup, on va prendre le risque de le prendre dans un programme.

Oser prendre un film plus long, c’est envoyer aussi un message à des auteurs qui tentent des histoires plus longues et qui ont besoin de cette durée-là pour raconter ce qu’ils veulent.

C.C. : Oui. Il faut aussi s’adapter aux réalités des pays. Par exemple, j’ai appris qu’il n’y a pas une si grosse production de courts-métrages au Japon, mais que par contre, beaucoup de moyens-métrages se faisaient là-bas. L’année prochaine, j’aimerais bien du coup voir des moyens-métrages japonais qui font entre 45 et 59 minutes.

Comment se fait-il qu’au Japon, il y ait plus de moyens-métrages que de courts ?

C.C. : Les étudiants font des courts à l’école, ils s’exercent avec ce format, mais les films restent dans l’école, ils ne sont pas envoyés en festival. À leur sortie, les réalisateurs font des moyens, le format étant les plus proche des longs.

Quel est pour vous finalement l’intérêt du court-métrage ?

C.C. :  Comme Giacomo, je pense que le court permet de lancer la carrière d’un réalisateur, d’avoir une carte de visite, notamment dans les écoles. Le court, avec son économie plus réduite, permet de connaître les étapes de fabrication d’un film, d’intéresser des producteurs et des festivals pour s’orienter après vers le long. C’est une forme de tremplin pour accéder au long.

G.H. : C’est aussi un format qui permet à nouveau de prendre des risques plus facilement qu’un long car ça coûte moins cher, et c’est juste plus court.

Est-ce que les films de Locarno peuvent être vus en dehors du festival ?

G.H. : Oui, on a créé l’an passé un programme en VOD sur notre site internet. Pendant un mois, de février à mars, on a passé chaque jour un court-métrage précédemment sélectionné. On va le refaire. Ca a très bien marché. On a diffusé 27 films, soit presque la sélection complète. Ca permet de sortir de Locarno et des festivaliers.

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : Locarno 2019, notre compte-rendu

César 2020, les 12 courts-métrages d’animation en lice !

Les 20 membres du Comité Animation de l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma ont sélectionné les 12 films de court métrage qui vont concourir au César 2020 du Meilleur Film d’Animation (Court Métrage) :

Bavure de Donato Sansone
Ce magnifique gâteau ! d’Emma de Swaef et Marc James Roels
Egg de Martina Scarpelli
Flow d’Adriaan Lokman
Guaxuma de Nara Normande
Je sors acheter des cigarettes d’Osman Cerfon
Make it Soul de Jean-Charles Mbotti-Malolo
Mémorable de Bruno Collet
Mon juke-box de Florentine Grelier
La nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel
Riviera de Jonas Schloesing
Roughhouse de Jonathan Hodgson

Voir aussi : la liste des 24 courts-métrages en lice pour le Cesar 2020 du Meilleur Film de Court Métrage

César 2020, les 24 courts métrages en lice

Les 26 membres du Comité Court Métrage de l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma viennent de sélectionner les 24 films de court métrage qui vont concourir au César 2020 du Meilleur Film de Court Métrage. Voici les titres retenus :

2 ou 3 choses de Marie Jacobson d’Anne Azoulay
Air comprimé d’Antoine Giorgini
Beautiful Loser de Maxime Roy
Braquer Poitiers de Claude Schmitz
La chanson de Tiphaine Raffier
Le chant d’Ahmed de Foued Mansour
Chien bleu de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh
Côté cœur d’Héloïse Pelloquet
D’un château l’autre d’Emmanuel Marre
Daniel fait face de Marine Atlan
De la joie dans ce combat de Jean-Gabriel Périot
Le discours d’acceptation glorieux de Nicolas Chauvin de Benjamin Crotty
La distance entre le ciel et nous de Vasilis Kekatos
Entre les lignes de Frédéric Farrucci
Nefta Football Club d’Yves Piat
Odol Gorri de Charlène Favier
Pauline asservie de Charline Bourgeois-Tacquet
La Persistente de Camille Lugan
Pile poil de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller
Pollux de Michael Dichter
Roberto le canari de Nathalie Saugeon
La traction des pôles de Marine Levéel
Souvenir inoubliable d’un ami de Wissam Charaf
Ultra pulpe de Bertrand Mandico

Voir aussi : la liste des 12 courts-métrages d’animation en lice pour le Cesar 2020

2 projets de Céline Tricart, tout juste primée à Venise, en ligne !

Céline Tricart est une réalisatrice française vivant à Los Angeles. Elle vient de remporter à Venise le Prix de la meilleure réalité virtuelle pour son court-métrage interactif de 20 minutes, « The Key », co-produit par Lucid Dreams Productions et Oculus VR For Good, qui a également été primé au Tribeca Film Festival, plus tôt cette année.

💥Si il est encore bien compliqué de voir des films en VR (sans casque et sélection en festival spécialisé, c’est tout bonnement impossible), il est possible de voir 2 de ses travaux courts, tous deux disponibles en ligne :

– « Red », un clip représentant une femme en état de choc après les attentats du 13 novembre et dont les méandres du cerveau sont restituées en images virtuelles.

– « Lapse of Time », un film conçu en 3D à la base, s’intéressant à la perception et l’arrêt du temps d’un enfant devenu jeune homme.

Pour ces deux projets – mais aussi pour « The Key » , Céline Tricart a travaillé avec Julie Roué, une compositrice et chanteuse dont le travail nous intéresse à Format Court (allez voir et écouter « Perdrix », le premier long-métrage d’Erwan Le Duc !), rencontrée alors qu’elles étaient toutes deux étudiantes à l’Ecole nationale supérieure Louis-Lumière, l’une en image, l’autre en son, et dont nous aurons l’occasion de reparler !

Katia Bayer

Venise 2019, le palmarès des courts

Bien moins visibles que les longs, les courts existent aussi à la Mostra de Venise. Voici les films primés dans la section Orizzonti pour le court-métrage et dans la compétition VR (réalité virtuelle) que nous avons découverts également au festival (reportage à venir).

Palmarès

Prix Orizzonti du meilleur court-métrage : Darling de Saim Sadiq (Pakistan, Etats-Unis)

Nomination pour les European Film Awards 2019 : Cães que ladram aos pássaros de Leonor Teles (Portugal)

Prix Venice Virtual Reality de la meilleure réalité virtuelle : The Key de Céline Tricart (Etats-Unis)

Prix Venice Virtual Reality de la meilleure expérience en réalité virtuelle : A Linha de Ricardo Laganaro (Brésil)

Prix Venice Virtual Reality de la meilleure histoire racontée en réalité virtuelle : Daughters of Chibok de Joel Kachi Benson (Nigéria)

Locarno 2019, compte-rendu

Alors que Venise bat encore son plein, Format Court revient sur la 72ème édition de Locarno qui vient d’avoir lieu du 7 au 17 août 2019. Locarno, situé dans le Tessin en Suisse italienne, est connu pour son Lac Majeur, ses montagnes magnifiques, ses projections en plein air sur l’écran géant de la Piazza Grande (la grand place, au coeur de la ville, qui peut accueillir jusqu’à 8.000 spectateurs), ses différents directeurs artistiques, son goût pour le cinéma d’auteur et son attention accordée à la relève.

Si Locarno s’est fait repérer dans le circuit très fermé des festivals, c’est pour plusieurs raisons. Tout d’abord pour son ancienneté : le festival a 72 ans tout comme Cannes alors que Venise n’en a que 4 de plus au compteur. Ensuite, le festival a pu compter sur plusieurs sélectionneurs qui lui ont donné différentes impulsions depuis sa première édition et bon nombre de cinéastes internationaux majeurs ont été programmés à Locarno. Enfin, les dotations des prix sont très importantes, le festival étant extrêmement bien soutenu par ses sponsors. Le festival est également bien repéré dans la région, attirant bon nombre de spectateurs locaux et de touristes, et ses Léopards, les prix emblématiques du festival, sont aussi convoités que les ours berlinois ou les lions vénitiens.

À l’époque, nous avions rencontré Alessandro Marcionni, le sélectionneur en chef des Pardi di Domani, la section réservée aux jeunes cinéastes faisant des courts et des moyens-métrages et n’ayant pas encore réalisé de longs. Les Pardi ont comme particularité d’inclure en leur sein deux compétitions : la suisse (la nationale) et l’internationale.

De nombreux  jeunes auteurs intéressants ont été retenus par les différents sélectionneurs de Locarno tout au long de ces dernières années : Miki Polonski (Israël), Pablo Muñoz Gomes et Emmanuel Marre (Belgique), Karim Moussaoui (Algérie), Osman Cerfon et Lola Quivoron (France), Carlo Sironi (Italie), Camilo Restrepo (Colombie), Martin Edralin (Canada), Morgan Knibbe (Pays-Bas), Gabriel Gauchet (Royaume-Uni), Jan Czarlewski et Robert-Jan Lacombe (Suisse), … La plupart d’entre eux ont été soutenus par Format Court tant au point de vue éditorial qu’à celui de nos programmations.

Avec l’arrivée de la nouvelle directrice artistique Lili Hinstin venue du Festival de Belfort, de nombreux changements ont eu lieu en interne. Charlotte Corchète, également de Belfort, est devenue la nouvelle responsable du comité des Pardi di Domani. Avec Tizian Büchi, Liz Harkman et Stefan Ivančić, elle a sélectionné les courts cette année. Son interview mené avec Giacomo Hug, responsable de la coordination des Pardi di Domani, est à retrouver sur notre site internet. En attendant, on vous en dit plus sur les courts en compétition cette année au festival.

40 films en compétition ont été départagés par le jury court, composé d’Alice Diop (réalisatrice césarisée pour Vers la tendresse), Mike Plante (responsable des courts à Sundance, interview également à venir) et Bi Gan (réalisateur chinois). Les Pardi di Domani comptait cette année 29 films en compétition internationale et 11 en compétition suisse.

De notre côté, plusieurs films flirtant avec le réel se sont distingués d’un lot plutôt morne. Notre territoire de Mathieu Volpe (Belgique) retient notre plus grand intérêt tant par sa forme que par son fond. À l’âge adulte et après des études de cinéma à l’IAD à Louvain-la-Neuve, le réalisateur revient dans le sud de l’Italie où il passait, enfant, ses vacances. Des immigrés clandestins habitent désormais dans la région où il a vécu. Il décide de les suivre, de les prendre en photo. Le résultat est un film pudique, construit sur base d’images et de clichés en noir et blanc, soutenu par la voix-off du réalisateur. Le texte du film est aussi juste dans son écriture que dans son propos : Mathieu Volpe parle de rues sans noms, d’individus fantômes, d’effort, d’épuisement, d’exploitation d’homme à homme, de regards qui se détournent ou qui se méfient. Documentaire nécessaire, « Notre territoire » s’impose comme un film à part. Il rend une humanité à ces hommes et femmes que le regard évite, nomme les visages rencontrés, tutoie les individus avec bienveillance, respect et humour, rend pluriel le territoire de son enfance.

Autre documentaire pudique, un documentaire à nouveau, Vader (Père) de Isabel Lamberti, s’intéresse à la relation entre un père et son fils, le temps d’un weekend à la côte hollandaise. Le père, Jacinto, n’a pas vu son fils, Shakur, depuis près de 6 ans car il n’a pas pu s’en occuper. Après une si longue séparation, tous deux ne vont passer que quelques heures ensemble. Parties de bowling, shopping, restos, jeux de plage, … : père et fils réapprennent à vivre à deux pendant un temps limité, à partager des choses, entre timidité et gestes du quotidien. Le film est entrecoupé de conversations téléphoniques avec la compagne du père au cours desquelles il parle de la redécouverte de son fils et du temps passé ensemble. Tour à tour, la caméra se pose sur le père et le fils. Il y a ce qu’on fait, il y a aussi ce qu’on n’arrive pas à se dire. Ni le film ni la réalisatrice n’expliquent cet éloignement entre les êtres, mais ce n’est pas ce qui compte : il reste des images fortes, des êtres juste heureux d’être à nouveau ensemble et cette question épineuse à l’écran comme dans la vie : comment insérer correctement un drap dans une housse de couette ?

Du côté de la fiction, Pyar pyar nyo yaung maing ta-lei-lei est un joli film birman de Aung Phyoe. Une mère et son fils sont contraints de quitter leur logement pour des raisons économiques, en 1988. Le déménagement se fait sous l’œil et avec l’aide d’un jeune homme voisin qui s’est pris d’intérêt pour eux. Là aussi, la pudeur est de mise, entre échanges de mots feutrés, regards évités, silences lourds de sens On retient une image, celle d’un dictionnaire d’anglais échangé entre les deux adultes, d’un balcon à l’autre, en guise d’adieu, devant le regard d’un jeune enfant, découvrant la complexité de la vie.

Côté animation, deux courts, réalisés par des femmes, nous intéressent : Carne de Camila Kater (Brésil, Espagne) et Umbilical de Danski Tang (Etats-Unis), primé du Pardino d’argent 2019. Ces films flirtent tous deux avec le style documentaire puisqu’ils livrent des témoignages personnels, forts. Leurs animations sont tout aussi intéressantes car multiformes.

Carne (La chair) de Camila Kater livre différentes histoires de femmes qui évoquent leurs différences à un moment de leur vie, leur rapport à leurs corps et leurs revendications face au regard d’autrui. Le film s’ouvre avec le témoignage d’une femme qui évoque son enfance. Elle parle de sa mère qui, ne supportant pas le poids de sa fille, cachait la nourriture dans les placards, en lui disant qu’elle aurait voulu une fille qu’elle aurait pu habiller. L’enfant, devenu femme répond : « Je ne suis pas une poupée, ni en taille ni en personnalité ». D’autres témoignages se succèdent, avec à chaque fois un autre tabou : une femme parle de menstruation, une autre du fait d’être noire et transsexuelle, une troisième de la ménopause, une dernière de la transformation de son corps avec l’âge. À chaque témoignage, la technique change. Carne se remplit d’éclats de vaisselles, de têtes de poupées, de peinture sur pellicule, de dessins, de matière argile, éléments épars d’un premier film ambitieux.

Umbilical de Danski Tang s’intéresse aussi à la femme mais à travers un autre point de vue. La réalisatrice livre un témoignage personnel à travers la conversation qu’elle entretient avec sa mère. Chacune parle de ses expériences en tant que femme en Chine. La mère parle sans détour de son mari violent et d’une société rejetant les femmes seules, qui osent divorcer et élever leurs enfants, les jugeant «  trop ambitieuses ». La fille évoque son enfance et la découverte de son homosexualité à l’internat où l’ont placée ses parents.

Le film, un brin trop court, a comme intérêt de confronter deux points de vue de personnes proches, ayant expérimenté une société figée (en Chine) et la liberté ailleurs (la réalisatrice vit à Los Angeles). Reste un sujet fort sur la violence conjugale et l’identité sexuelle servi par un dessin absolument génial, entre visages en forme de trou noir et oreilles à l’écoute, couleurs fortes, regards et silences marqués, le tout agrémenté d’un son très bien mixé.

On termine avec l’humour, chose difficile en court. Deux films, repérés à Locarno, sortent clairement du lot. En premier, Dossier of the Dossier, un film thaïlandais décalé de Sorayos Prapapan. Le réalisateur y va au culot et traite avec légèreté des dilemmes de tout court-métragiste qui se respecte : comment présenter au mieux un dossier de court-métrage, quelle photo y glisser, comment trouver un producteur et des financements, comment espérer payer une équipe, pourquoi revenir encore et toujours au low-budget ?

Ces questions sont l’objet de ce film, Dossier of the Dossier, en référence au dossier de présentation du film. Le réalisateur marque quelques bons points : ils se moque gentiment des codes du cinéma d’auteur en faisant un film en noir et blanc, il caricature les producteurs (ici, un personnage drogué commande un expresso avec de la glace sans le boire ni le payer) et les références écrasantes (à quoi peut bien ressembler Wong Kar-wai sans ses lunettes noires ?). Le résultat aurait pu être prétentieux, mais là, ça marche. Peut-être parce que grâce aux films qui dépassent leurs frontières, la situation du court en Thaïlande apparaît aussi risible et difficile que par chez nous.

Dernier film épinglé : Nachts sind alle Katzen grau (La nuit, tous les chats sont gris) de Lasse Linder, un court retenu en compétition suisse au festival. À nouveau, c’est un documentaire qui retient notre attention. Le film résolument absurde s’intéresse à Christian, un homme mature vêtu le plus clair de son temps en survêtement, vouant une passion sans limites à ses deux chats, Marmelade et Katjuscha qu’il élève, chérit, soigne, caresse, emmène partout avec lui. Son amour est tel qu’il les fait même se reproduire. En effet, désireux de devenir père, il favorise l’accouplement d’un de ses chats avec un mâle trié sur le volet, et assiste, ému, à la nouvelle portée. Le film, bien étrange, dans lequel évoluent des félins hypnotisants, ne raconte pas grand chose mais se nourrit de beaux plans (dont celui des matous se prélassant sur un canapé, enveloppés d’une musique de boîte de nuit) et montre l’amour infini d’un homme solitaire pour qui ses chats s’apparentent à des divinités qui influent tout son quotidien. Une curiosité à part à Locarno.

Katia Bayer

Venise 2019, les courts en compétition

La 76ème édition de Venise (28 août-7 septembre) montrera dans les prochains jours les premiers longs-métrages de Jessica Palud et Carlo Sironi (dont nous avions montré les courts, Marlon pour la première, Valparaiso pour le second). Du côté des courts, 15 films ont été retenus cette année : 13 en compétition (dont les nouveaux films de Clémence Poésy et de Chloé Robichaud) et 2 en hors-compétition.

Films en compétition

Supereroi senza superpoteri de Beatrice Baldacci (Italie)
Kingdom Come de Sean Robert Dunn (Royaume-Uni)
Give Up The Ghost de Zain Duraie (Jordanie, Suède, Allemagne)
Nach zwei Stunden waren zehn Minuten vergangen de Steffen Goldkamp (Allemagne)
The Diver de Jamie Helmer, Michael Leonard (France, Australie)
Roqaia de Diana Saqeb Jamal (Afghanistan, Bangladesh)
Morae (Sabbia) de Kyungrae Kim (Corée du sud)
Sh_t Happens de Michaela Mihályi, David Štumpf (République tchèque, Slovaquie, France)
Le Coup des larmes de Clémence Poésy (France)
Delphine de Chloé Robichaud (Canada)
Darling de Saim Sadiq (Pakistan, Etats-Unis)
Cães que ladram aos pássaros de Leonor Teles (Portugal)
Fiebre austral de Thomas Woodroffe (Chili)

Hors compétition

Condor de Kevin Jerome Everson (Etats-Unis)
GUO4 de Peter Strickland (Hongrie)

3 reprises du Festival Format Court à Bruxelles & Paris !

Bonne info. Notre premier Festival Format Court ayant eu lieu du 3 au 7 avril dernier bénéficiera de plusieurs reprises tout au long de l’année, ici et ailleurs.

3 rendez-vous sont déjà prévus dans les prochains jours : le premier, le jeudi 29 août à Bruxelles au Cinéma Aventure dans le cadre du festival Les shorts d’été (28-30 août) organisé par l’association Short Screens, le deuxième, le dimanche 1er septembre à Paris à Poisson lune, la nouvelle terrasse éphémère du Palais de la Porte Dorée, le troisième, le lundi 16 septembre toujours à Paris, sur le rooftop du Point Ephémère dans le cadre des séances au top. Des sélections de films programmés lors de la première édition de notre festival y seront projetées, en présence de membres de Format Court et d’équipes de films. Soyez des nôtres !

Programmation

Jeudi 29 août, 19h30 : 1ère Carte blanche – Festival Format Court / Festival Les shorts d’été / Cinéma Aventure, 15, Rue des Fripiers, 1000 Bruxelles, Belgique / PAF : 6 €

Programmation

« Vihta » de François Biery

La Nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel, France, 2018, Prix du Meilleur Court Métrage Français 2018 du Syndicat Français de la Critique
Nea de Adrian Limoni, Belgique, 2018, en présence du réalisateur
Vihta de François Bierry, France, Belgique, 2018, Prix Spécial du jury au Festival de Clermont-Ferrand 2018, en présence du réalisateur et de Jean-Benoît Ugeux (comédien)
Les petites mains de Rémi Allier, France, Belgique, 2017, César du meilleur court-métrage 2019
Pépé le Morse de Lucrèce Andreae, France, 2017, César du meilleur court-métrage d’animation 2018

Event Facebook : https://www.facebook.com/events/661955700946397/

Dimanche 1er septembre, 22h / 2ème Carte blanche – Festival Format Court / Projection en plein air / Guinguette Poisson Lune/ Palais de la Porte Dorée / 293, avenue Daumesnil, 75012 Paris / En entrée libre

« Vilaine fille » de Ayse Kartal

Mon héros de Sylvain Desclous, France, 2014, nommé au César du Meilleur Court Métrage 2016
Flame de Sami van Ingen, Finlande, 2018, primé au festival de Tampere 2018
Vilaine fille de Ayse Kartal, France, 2016, César du meilleur court-métrage d’animation 2019, en présence de Liyan Fan, distributrice (Les Valseurs)
J’attends Daniel pour peindre de Nathalie Donnini, France, 2001, sélectionné au Festival de Brest, en présence de la réalisatrice

Lundi 16 septembre, 21h / 3ème Carte blanche – Festival Format Court / Projection en plein air / Rooftop du Point Ephémère, 200 Quai de Valmy, 75010 Paris / PAF : 5 €

Programmation

« Icare » de Nicolas Boucard

Le Phénomène Paul Emile Raoul de Fred Perrot et Audrey Najar, France, 2007
Icare de Nicolas Boucard, France, Belgique, 2018, nommé aux Oscar 2018
Swatted de Ismaël Joffroy Chandoutis, France, 2018, Prix spécial du Jury au Festival de Clermont-Ferrand 2019, en présence du réalisateur
Le Plombier de Xavier Séron, Méryl Fortunat-Rossi, Belgique, France, 2016, Meilleur Court Métrage de Fiction aux Magritte 2017

Event : https://pointephemere.org/event/LES-SEANCES-AU-TOP-x-FORMAT-COURT-Hkw9asFXr

Locarno 2019, le palmarès court

Le 72ème Festival de Locarno s’est achevé ce samedi 17 août 2019. Voici les films primés par le jury des Pardi di domani, composé cette année d’Alice Diop (cinéaste, France), Mike Plante (programmateur des courts à Sundance, Etats-Unis) et Bi Gan (cinéaste, Chine).

Compétition internationale

Pardino d’or : Siyah Güneş(Black Sun) de Arda Çiltepe (Turquie, Allemagne)

Pardino d’argent : Umbilical de Danski Tang (États-Unis)

Prix de la meilleure réalisation : Otpusk (Leave of Absence) de Anton Sazonov (Russie)

Prix Medien Patent Verwaltung AG Prize : White Afro de Akosua Adoma Owusu (Ghana/États-Unis)

Compétition nationale (suisse)

Pardino d’or : Mama Rosa de Dejan Barac (Suisse)

Pardino d’argent : Tempête silencieuse de Anaïs Moog (Suisse)

Prix du nouveau talent suisse : Terminal de Kim Allamand (Suisse)

Locarno, jour 5 : Kwa Heri Mandima de Robert-Jan Lacombe

Les Pardi di Domani du Festival de Locarno couvrent deux compétitions : l’une, internationale, l’autre, nationale, suisse. Cette année, 11 films figurent dans ce deuxième programme. À Format Court, nous avons par le passé déjà repéré plusieurs courts suisses ayant concouru à Locarno. C’est le cas de Kwa Heri Mandima (Good Bye Mandima) de Robert-Jan Lacombe, un film ayant remporté le Pardino d’or du meilleur court métrage suisse à Locarno en 2010 que nous vous proposons de (re)découvrir aujourd’hui.

Le film, produit par l’ECAL (l’Ecole Cantonale d’Art de Lausanne), s’ouvre sur une photographique panoramique montrant le départ de la famille du réalisateur en Europe. Les Lacombe quittent le Zaïre devant une foule d’amis et de proches de leur village venus leur dire adieu.

Démarre un monologue, ponctué de silences. Le réalisateur parle à l’enfant de la photo, resté sur place, il le tutoie. Il évoque avec intelligence et émotion l’éloignement, le déracinement et les souvenirs, il scrute les détails, zoome les visages de ses amis (Watumu, Angi et Amosi) qu’il a quittés, la foule compacte assistant au départ de l’avion. Il parle aussi de ses identités plurielles, avant et après son départ.

Les images d’archives, les photos de famille, la voix off du réalisateur offrent une matière incroyable à ce film tout simple, terriblement personnel, émouvant et efficace dont les dernières secondes (images VHS, nouveaux silences, révélations) viennent confirmer une grande maîtrise de la mise en scène. Primé à Locarno en 2010 et projeté lors de nos séances Format Court en présence du réalisateur en 2015, le film conserve toute son acuité plusieurs années après sa découverte.

Si ce court vous interpelle, cliquez sur la vidéo ci-dessus :  Retour a Mandima documente le voyage du réalisateur en sens inverse, son retour au Zaïre, sur les traces de son enfance. Le film, nourri également d’images d’archives, réalisé en 2011, fut le film de fin d’études de Robert-Jan Lacombe à l’ECAL.

Katia Bayer

Retrouvez également ces deux films sur notre nouvelle chaîne Vimeo

Locarno, jour 4. The Mass of Men de Gabriel Gauchet

Pour ce quatrième jour de festival, notre choix de critique et de film en ligne se porte sur The Mass of Men, élu Pardino d’or à Locarno en 2014. Cette fiction ultra réaliste sur l’extrême solitude d’un homme dans une agence d’emploi, réalisée par Gabriel Gauchet, est issue de la NFTS (National Film and Television School), l’une des meilleures écoles de cinéma au Royaume-Uni. Le film a été projeté lors de nos séances Format Court à l’occasion d’une carte blanche consacrée au Festival de Grenoble où le film avait remporté le Grand prix, le Prix du jury presse et une Mention spéciale du jury jeune.

The Mass of Men s’ouvre sur une scène de meurtre filmée en vidéo-surveillance et se poursuit avec des plans de Richard, un chômeur de 55 ans, arrivant en retard de quelques minutes à son rendez-vous avec sa conseillère de Pôle Emploi. S’ensuit un dialogue de sourds et une libération de la parole et des actes totalement imprévue.

Entre violence verbale et physique, discours réactionnaire et nécessité de survie, The Mass of Men ne parle pas, comme son titre l’indique, d’un seul homme fragilisé, mais d’une masse anonyme d’êtres rejetés, faibles et opprimés.

Le film de Gauchet surprend, choque, laisse pantois. Il pourrait être rangé du côté de ces fameux films dits sociaux, mais ce serait réduire sa portée que de proposer un tel énoncé. Par l’hyperréalisme de son récit, il parle autant d’une situation extrême que d’intransigeance et de déshumanisation de l’aide sociale. Déroutant et percutant, The Mass of Men est bel et bien un grand film, malheureusement toujours d’actualité.

Katia Bayer

Retrouvez également ce film sur notre nouvelle chaîne Vimeo

Bon à savoir : deux autres films de Gabriel Gauchet, Efecto Domino et Z1 (sélectionné à Locarno en 2013) sont visibles sur la Toile. Retrouvez également notre interview du réalisateur à l’époque de la diffusion de The Mass of Men.

Locarno, jour 3. Hole de Martin Edralin

Hier, nous vous présentions Cutaway de Kazik Radwanski, un court-métrage canadien poignant et magnifique sélectionné à Locarno en 2014. Aujourd’hui, nous vous proposons un autre titre issu du même pays, Hole de Martin Edralin, un film percutant et maîtrisé, sélectionné au festival la même année.

Film fort, film dur, Hole a cumulé les sélections et prix. Il a notamment remporté le Premio Film und Video Untertitelung à Locarno en 2014 et le Grand Prix de la compétition internationale à Clermont-Ferrand en 2015. Réalisé par Martin Edralin, Hole entre de plein pied dans la vie de Billy, un handicapé homosexuel travaillant en journée dans un magasin et essayant de vivre sa sexualité et d’assumer ses désirs comme tout autre individu, sans réellement y parvenir.

Esseulé, Billy a un ami, son aide-soignant Craig, à qui il parle de ses sorties nocturnes au cinéma. Sauf qu’une fois les lumières éteintes, Billy se retrouve en réalité dans une cabine où sont diffusés des films pornos en continu et où des “glory holes” sont monnaie courante. Seulement, à la longue, Billy souhaite davantage. Recevoir et non plus donner, assouvir ses propres désirs. Pour cela, il a besoin de l’aide de Craig.

Émouvant et âpre à la fois, Hole traite sans détour d’un combat et d’un tabou : comment vivre son homosexualité et assouvir ses désirs quand on est handicapé ?

Le résultat est une chronique brillante sur le quotidien d’un homme (Billy, interprété par l’acteur Ken Harrower) et sa solitude criante, mais aussi sur des gestes tendres de solidarité, d’amitié, d’amour et de désir suspendus dans la belle ville de Toronto.

Katia Bayer

Locarno, jour 2. Cutaway de Kazik Radwanski

Entamé ce vendredi 9 août, notre focus consacré à Locarno se poursuit ces jours-ci avec la diffusion de films précédemment sélectionnés et pour certains primés au festival. Après le documentaire Rewind Forward de Justin Stoneham (récompensé du Pardino d’or du meilleur court-métrage suisse en 2017) présenté hier, nous vous invitons à découvrir le film expérimental Cutaway réalisé par Kazik Radwanski, sélectionné à Locarno en 2014.

Kazik Radwanski, réalisateur originaire de Toronto, est un habitué de Locarno. Ses deux premiers longs-métrages (Tower et How Heavy This Hammer) et deux de ses courts (Cutaway et Scaffold) y ont été diffusés. De son côté, son troisième long (Anne at 13,000 ft) sera présenté à la rentrée au Festival de Toronto.

Cutaway fait partie de ces coups de poing cinématographiques que les sélectionneurs ont le talent de repérer et conserver dans leurs programmations. Nous avions découvert ce court au Festival du nouveau cinéma à Montréal il y a 5 ans, en 2014, et l’avions programmé lors d’une séances spéciale consacrée au festival un an plus tard. Le film avait par la suite pris le chemin de Clermont-Ferrand et de bien d’autres festivals.

Formellement passionnant, Cutaway propose en une durée restreinte (7 minutes) une succession de gros plans et de gestes d’un jeune homme travaillant comme ouvrier, dont seules les mains sont filmées. Dédié au père du réalisateur décédé en 2013, le film est construit autour de plans de coupe (d’où son titre) liés au quotidien et à la solitude de l’homme représenté. L’émotion naît peu à peu, le spectateur étant amené à observer ces moments simples, au travail, à la maison, à la pharmacie, au café, dans les transports, chez le gynécologue et à tendre l’oreille alors que les mots et les sons viennent à manquer au même titre que les repères visuels habituels.

Le film est un fragment de vie très particulier dans le quotidien de cet homme, entre blessures, hésitations, gestes mécaniques, objets manipulés, incertitude et perte. Véritable expérience de cinéma, Cutaway est un film important qui réussit à provoquer l’empathie alors qu’il ne repose sur aucun dialogue et visage. Son montage, sa durée, sa simplicité formelle et son climax en font un film poignant et magnifique au plus près de l’intime.

Katia Bayer

Retrouvez également ce film sur notre nouvelle chaîne Vimeo

Locarno, jour 1. Rewind Forward de Justin Stoneham

Le 72ème Festival de Locarno a commencé ce mercredi 7 août 2019. Il a lieu jusqu’au 17 août. Format Court couvre le festival pour la première fois et vous propose au jour le jour une sélection de courts-métrages anciennement programmés au festival, visibles en ligne, sélectionnés voire primés lors de précédentes éditions. Certains films ont été chroniqués en leurs temps sur notre site, d’autres ont été récemment découverts en vue de notre focus consacré au festival. C’est le cas de Rewind Forward de Justin Stoneham, un documentaire poignant ayant reçu le Pardino d’or du meilleur court-métrage suisse en 2017.

Le film retrace l’histoire du réalisateur et évoque sa relation complexe à sa mère. Celle-ci a eu un AVC quand il avait 4 ans. Elle est devenue handicapée, paralysée et incapable de parler. Bien après le décès de son père, Justin Stoneham découvre des enregistrements VHS de son enfance et des images de sa mère avant et après l’accident. Avant, la caméra la filme en pleine possession de ses moyens, belle, tendre, amoureuse, féminine et drôle; ce sont des images dont il se souvient à peine, ayant été très jeune au moment de l’accident qui a bouleversé la vie de chaque membre de la famille Stoneham. Après, la caméra filme la mère diminuée, assistée, perdue, mais aussi souriante par moments, sous le regard bienveillant de son mari et celui attristé, embarrassé de ses enfants et parents.

Après la découverte de ces images bouleversantes mais aussi après 12 ans d’absence et d’éloignement, le réalisateur décide de retrouver sa mère qui vit dans un centre spécialisé.

Son film montre ces retrouvailles. Justin Stoneham n’est plus cinéaste, il redevient l’enfant, celui qui a cherché longtemps à retrouver sa mère et qui n’a pas reconnu la femme revenue à la maison après plusieurs mois de coma, celui qui pousse timidement la porte de la chambre où elle réside désormais.

Il se raconte sans détours, revient sur son enfance, son quotidien entre souffrance, honte, culpabilité et forme de deuil vis-à-vis de sa mère, présente mais absente en même temps. En pointillé, surgit aussi le besoin de se protéger, de s’éloigner d’un passé trop lourd et de se construire seul.

En face, surgit une femme qui a vieilli, mais qui a gardé un brin de malice aperçu dans les premières images, celles avant l’accident. Une femme qui a souffert mais qui ne juge pas l’éloignement de son fils. La pudeur est de mise dans ce film qui retrace un parcours, celui d’un passé enterré vers un présent et un avenir assumé.

Du point de vue formel, les images d’archives (le passé avec et sans nuages) et celles des retrouvailles (la relation renouée entre une mère et son enfant) s’harmonisent entre voix-off et dialogues timides avec comme objectif un rapprochement, un lien, une vérité entre deux êtres qui n’auraient pas dû être séparés. Ces images disent beaucoup par les regards, les mots et les non-dits de chacun.

Le film est un témoignage poignant, déchirant sur la relation d’un fils à sa mère, sur la façon dont un proche appréhende et finalement accepte le handicap de sa mère et sur l’amour et le pardon réciproques. Une formidable leçon de vie, un documentaire nécessaire rendu possible par une histoire terriblement difficile et personnelle, primée il y a 2 ans à Locarno, découvert avec bonheur et émotion sur le Net.

Katia Bayer

Focus Festival de Locarno 2019

Après Cannes et avant Venise, le festival de Locarno, 72 ans d’âge, célèbre le cinéma d’auteur pendant une dizaine de jours au mois d’août. La petite ville suisse italienne propose bon nombre de films, répartis en plusieurs sections. Le programme « Pardi di domani », lui, est consacré aux courts et moyens métrages de jeunes auteurs indépendants ou d’étudiants d’écoles de cinéma n’ayant pas encore réalisé leur premier long métrage. Cette section comporte deux compétitions distinctes : l’une limitée aux productions suisses (la compétition nationale), l’autre propulsant les films des quatre coins du monde (la compétition internationale).

Après avoir consacré plusieurs sujets par le passé à des films, des auteurs et des sélectionneurs passés par Locarno, Format Court se rend pour la première fois au festival. Découvrez dans les prochains jours nos sujets liés à cette 72ème édition ainsi que la diffusion d’anciens films sélectionnés/primés sur nos réseaux et notre nouvelle chaîne Vimeo.

Notre entretien avec Charlotte Corchète (responsable du comité des Pardi di Domani ) et Giacomo Hug (responsable de la coordination du même comité)

les Pardi di Domani et le Festival de Locarno

Locarno 2019, notre compte-rendu

Locarno 2019, le palmarès

Films et critiques en ligne / Courts précédemment sélectionnés à Locarno

– Locarno, jour 5 : Kwa Heri Mandima de Rob-Jan Lacombe (Suisse)

– Locarno, jour 4. The Mass of Men de Gabriel Gauchet (Royaume-Uni)

– Locarno, jour 3. Hole de Martin Edralin (Canada)

– Locarno, jour 2. Cutaway de Kazik Radwanski (Canada)

– Locarno, jour 1. Rewind Forward de Justin Stoneham (Suisse)

Pardi di domani : la sélection 2019