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Un Transport en commun de Dyana Gaye

Déjà en compétition pour le César du Meilleur Court Métrage en 2008 avec « Deweneti », Dyana Gaye retente cette année de décrocher le prestigieux prix avec sa dernière réalisation : « Un Transport en Commun ». Le film avait déjà rencontré le succès en 2010 lors de sa sortie en salle, de même que dans les nombreux festivals qui l’ont accueilli à travers le monde.

« Un Transport en Commun », tourné au Sénégal, suit le parcours d’une dizaine de personnages se rendant de Dakar à Saint-Louis. Là où l’on attend un road movie, c’est en fait une comédie musicale que l’on trouve.

Le film s’ouvre sur la préparation au départ d’un taxi auquel il ne manque qu’un passager pour rendre le voyage des plus rentables. C’est l’occasion d’introduire une première séquence musicale au cours de laquelle, en plein cœur de Dakar, en chantant et en dansant, les six voyageurs présents parviennent à se décider à partir.

De ce point de départ, se développe un scénario usant de séquences alternées au cours desquelles nous pouvons voir le passager manquant tenter de rejoindre le taxi, qui, lui, est bloqué dans les bouchons. Par le même procédé, la nièce de l’une des passagères du taxi vient s’ajouter aux personnages du film, tandis qu’un peu par hasard, un lien se crée entre cette dernière et le passager retardataire, faisant l’objet d’une nouvelle séquence alternée.

L’écriture est savamment menée et au fur et à mesure que le taxi se rapproche de Saint-Louis, de nombreuses autres relations nous sont dévoilées. Le scénario est donc suffisamment incisif pour capter l’attention du spectateur, au point que l’on s’oublie dans le film. On se laisse alors guider par sa structure qui nous transporte avec les personnages d’une séquence musicale à une autre. Or, ce sont dans les musiques, les chorégraphies, les chants et leur texte que réside l’intérêt central du film. C’est par le chant et la danse que les personnages tissent des liens, s’unissent les uns aux autres et expriment le discours que le film cherche à faire passer.

Tandis que l’un chante les maux du pays, un autre nous fait part de son rêve d’aller en Italie et d’en revenir riche pour pouvoir épouser sa fiancée. Un autre personnage, en déclarant se rendre à l’enterrement de son père, révèle quant à lui que ses racines sont et resteront au Sénégal, et qu’il ne prendra pas le risque de quitter le pays et de disparaître dans le mensonge si le succès escompté à l’étranger n’est pas atteint. Deux autres personnages manifestent également leur amour réciproque, entre homme blanc et femme noire. Cette même femme souffre par ailleurs du manque de confiance que la génération qui la précède a l’égard des plus jeunes.

Le film aborde donc aussi bien des éléments positifs que des éléments négatifs, que ceux-ci soient propres au Sénégal ou non. C’est d’ailleurs grâce à cela qu’il parvient à dépeindre le Sénégal avec autant de fidélité, tout en restant accessible au public français. Les chants, les musiques, les danses et les dialogues se répartissent d’ailleurs entre langue et culture sénégalaise et langue et culture française, encore une fois grâce aux prouesses du scénario qui intègre au film un personnage français. De plus, les fans de comédies musicales ne sont pas si rares en France, les adeptes du genre apprécieront donc « Un Transport en Commun », au moins pour ses plans-séquences enchantés, qui intègrent des mouvements chorégraphiés, de l’arrière plan au premier plan.

Rémy Weber

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Article associé : l’interview de Dyana Gaye

B comme Bébé

Fiche technique

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Synopsis : Les tribulations d’un homme de son temps qui vit intensément et avec anxiété la grossesse de sa petite amie, jusqu’au jour de l’accouchement qui le projette dans un monde inconnu et plein de surprises : la paternité.

Genre : Fiction

Pays : France

Année : 2008

Durée: 17’30

Réalisation : Clément Michel

Scénario : Clément Michel

Image : Steeven Petiteville

Son : David Rit

Musique: Kideko

Montage : Julie Dupré

Interprétation : Clément Miche, Marie Denarnaud, Pascale Roberts, Olivier Clastre

Production : Sombrero Productions

Article associé : l’interview de Clément Michel

Clément Michel : “Mon moteur d’écriture, c’est de jouer dans mes projets. Ça répond à mon désir d’acteur”

Après un premier court Bébé moquant malicieusement les affres de la paternité, Clément Michel a réalisé un deuxième film en pensant à Julie Budet alias Yelle. Ce film, Une Pute et un Poussin, issu de la collection Canal + « Ecrire pour un chanteur », remportera peut-être tout à l’heure le César du meilleur court métrage. Rencontre croisée autour du rire triste, de l’insolite, et du touchant.

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On te retrouve bien plus sur les sites de théâtre que de cinéma. L’hybridité entre l’humour et l’émotion, c’est quelque chose que tu revendiques beaucoup dans ton travail.

Que ce soit dans les pièces ou les courts métrages, je suis très attiré par la comédie parce que je trouve ça très, très large. J’aime bien naturellement que ce soit touchant et drôle, un peu absurde, un peu décalé. Parfois, c’est plus comique que touchant. Par exemple, la première pièce que j’ai écrite, Carton, est une franche comédie de boulevard, alors que la deuxième, Début de fin de soirée, était plus touchante et cynique que drôle.

Il y a des moments où l’on écrit sans trop savoir vers quoi on va, vers le théâtre, vers le cinéma, … . À l’époque du Carton, à quel moment t’es-tu dit que tu étais en train d’écrire une pièce ?

Assez vite. Ayant fini l’ESRA (Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle) et ayant commencé à faire du théâtre en tant que comédien, je m’épanouissais beaucoup dans une troupe tout en n’oubliant pas qu’écrire et peut-être réaliser des choses décalées me plairait bien. Je me suis mis à écrire Le Carton en ne sachant pas trop ce que c’était : un sketch, un court, … À la fin, c’est devenu une pièce. Et puis, c’est grâce au Carton que je me suis retrouvé dans le cinéma, lorsque la pièce a été adaptée en long métrage par Charles Nemes.

Quand on s’est arrêté sur un mot (théâtre) et que l’objet se transforme en film, comment est-ce qu’on ressent les choses ?

Ca s’est passé très sainement. J’ai signé en connaissance de cause. Je suis resté scénariste du film, mais je n’avais pas de velléité de le réaliser. J’ai vécu le tournage du premier au dernier jour. J’avais participé à beaucoup de tournages en régie ou en assistanat quand j’étais à l’ESRA. Techniquement, j’ai évidemment appris de nouvelles choses mais c’était la gestion humaine qui m’intéressait surtout. C’était marrant de voir comment Charles gérait des mecs comme Omar et Fred ou Bruno Salomone. En fait, ce sont des comédiens faciles à gérer, à la fois des bosseurs et des clowns.

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Bébé

Tu joues dans tes films comme dans tes pièces. Quelle est la différence entre jouer sur une scène et sur un plateau ?

Ah, c’est très différent. Mais là, en l’occurrence, en jouant dans les courts, j’ai pris un gros risque. Mon moteur d’écriture, c’est de jouer dans mes projets, ça répond à mon désir d’acteur. Sur Bébé, les producteurs (Sombrero) m’ont demandé si j’allais jouer dans le film. Je leur ai expliqué que c’était une motivation de jeu de l’avoir écrit pour moi et que je serais meilleur directeur d’acteurs en jouant avec les gens. Je l’ai fait, ils étaient contents. Après, pour le Poussin, c’était pareil : je l’ai écrit pour le faire, mon Poussin.

Au théâtre, quand je joue, il y a un metteur en scène. Je ne mets pas en scène mes pièces. Je me lâche, je me fais plaisir en tant que comédien devant les spectateurs. De même, j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer sur les courts, avec de supers comédiens. Le plus gros boulot a été d’être réalisateur. La réalisation, c’est à la fois excitant et oppressant alors que le jeu me détend. Je n’ai pas le trac quand je joue.

Il n’y a pas spécialement de liens entre tes films mais il y a un ton quand même qui s’en dégage.

Non. Un bébé, un poussin, une pute. Allez, la prochaine fois, un mammouth ! Moi, je sens pourtant un lien en jouant. J’aime bien le côté pince-sans-rire, comique, touchant, un peu absurde. Sur les courts et le long que je développe, j’aime bien prendre le risque de me dire que je frôle le cul-cul en permanence, que je n’ai pas peur d’être premier degré.

Qu’est-ce que l’expérience de Bébé a pu t’apporter pour Une Pute et un Poussin ?

On a appris à se connaître avec Sombrero, on travaille encore ensemble sur le long. J’ai appris plein de choses sur la technique pure, j’ai appris à déléguer, à dire par moments que je m’en fous ou que je ne sais pas. Le jeu, la direction d’acteurs, c’est ce qui m’intéresse le plus. Sur Bébé, j’avais trois partenaires de jeu sur cinq jours. Sur Une Pute et un Poussin, j’étais plus préparé mais il y avait un paramètre de plus : Yelle n’avait jamais joué.

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Les chanteurs ne sont pas des gens à qui on pense directement pour un film. Est-ce que c’est quelque chose qu’on prend en considération, le fait qu’ils aient moins d’expérience que nous ?

Oui. Je n’étais pas du tout intimidé, elle non plus. C’était sain, je n’étais pas du tout chevronné en tant que réalisateur, elle n’avait pas d’expérience en tant qu’actrice. Je pouvais la rassurer par rapport à mon expérience de théâtre, de jeu. Elle avait une très grosse envie de jouer. Je lui ai dit : “Je ne te connaissais pas avant, maintenant, tu es comédienne, tu joues.” Yelle est très douée, le rôle lui plaisait, elle l’avait bien intégré. J’ai horreur qu’on me dise : “Elle joue bien pour une chanteuse.” Ma mère ne la connaissait pas, je voulais qu’elle me dise : “Elle est super, cette actrice. Elle a fait combien de films ?” C’est ce qui s’est passé.

Qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire pour quelqu’un comme elle ?

En regardant la liste des chanteurs, j’ai senti que Yelle dégageait quelque chose. Très vite, j’ai eu un gros coup de coeur pour elle. Je me suis dit que je pouvais participer à ce concours, j’ai appelé Sombrero, j’ai demandé à Thomas Verhaeghe s’il me suivrait sur le principe parce qu’il fallait une production. Il a accepté.

Ce qui est venu en cours de tournage, c’est la valeur ajoutée de Julie, je ne pouvais être que bon parce que j’étais hyper ému quand on jouait ensemble. On était dans notre petite bulle tous les deux en n’oubliant pas le film. J’ai pris un plaisir énorme en tant que comédien sur ce film mais je crois que c’était surtout lié à mon déguisement de poussin. On ne voyait que mes yeux, j’étais peinard, je n’avais pas grand chose à faire. Le costume prenait une telle place que je pouvais jouer le clown blanc tranquillement sans en rajouter des tonnes.

Le costume était tellement énorme que tu devais limiter ta palette d’émotions ?

Oui. Moi, ça me fait rire, un mec en poussin qui dit à une fille qu’elle est habillée comme une pute alors qu’il roule sur un vélo pourri et qu’il déclare revenir d’une fête déguisée ! Tu parles, le mec revient d’une animation saucisson au supermarché, oui. C’est plus gros que lui, c’est la loose ! En fait, le costume m’a beaucoup aidé. Après, quand je l’ai enlevé les deux derniers jours, ça a été plus dur. J’avais une pudeur de comédien, là, je devais y aller, je n’avais plus de costume, mais ça me servait aussi pour le rôle.

La scène où on se dénude tous les deux, je voulais que ce soit une belle scène, comme si on était vraiment en train de faire l’amour sous la baraque à frites. Le poussin a la douceur de ne pas la regarder, il s’en fout, il n’est pas là pour se taper une nana. Du coup, j’ai dit à Julie : “Tu vas être très belle quand tu vas te déshabiller, je ne filme pas te seins, je te filme, toi.” Moi, j’ai horreur de voir des films dans lesquels les hommes sortent de leur lit en se mettant un drap autour de la taille.

C’est marrant parce que dans Bébé, tu portes encore ton caleçon après avoir fait l’amour.

Dans Bébé, j’ai fait cette connerie-là, je ne suis pas sorti à poil. Après le montage, je me suis rendu compte que ça ne marchait pas, que je m’étais trompé. Voilà, j’ai appris ça, filmer les gens nus. Donc je suis dans le porno maintenant !

Ah oui, c’est bien, ça.

Je développe une trilogie pornographique. Non, ça avance sur du très, très long métrage ! D’ailleurs, si tu montes un magazine au nom de Format long, ça m’intéresse ! Ce sera La Ferme des Animaux remaniée : Orwell rencontre HPG ! Mais je l’ai mon sujet, je viens de le trouver. Chicken Run versus Clara Morgane, oh putain. Je vais appeler Sombrero, ils vont être contents. Ils attendaient vraiment un porno après les courts, je pense !

Quel est l’état d’avancement de ton long, Thomas Platz a un bébé ?

J’attends des réponses d’acteurs, pour le moment, il est en financement. Je cherchais un titre un peu énigmatique. Longtemps, le film s’est appelé Presque papa mais je trouvais que ça faisait un peu Joséphine, ange gardien comme titre donc je l’ai modifié. Ce long métrage est un cousin germain du Poussin et du Bébé.

Propos recueillis par Katia Bayer

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Article associé : la critique de Une pute et une poussin

P comme Une Pute et un Poussin

Fiche technique

Synopsis : Yelle joue Louise, une jeune femme perdue au beau milieu de nulle part. A un arrêt de bus totalement improbable, elle rencontre un jeune homme costumé en gros poussin qui pédale péniblement sur une bicyclette rouillée. Une rencontre improbable, tendre et loufoque entre deux petits oiseaux paumés qui vont faire un vrai bout de chemin ensemble.

Genre : Fiction

Durée : 15′

Année : 2008

Pays : France

Réalisation : Clément Michel

Scénario : Clément Michel

Image : Steeven Petitteville

Son : David Rit

Montage : Julie Dupré

Musique : 7 Questions

Interprétation : Yelle, Clément Michel, Renaud Benoît

Production : Sombrero Productions

Articles associés : la critique du film, l’interview de Clément Michel

Une Pute et un Poussin de Clément Michel

« Une Pute et un Poussin » de Clément Michel, est cette année en lice pour le César du meilleur court métrage. Dans ce film, Julie Budet et le réalisateur lui-même nous livrent une interprétation positivement loufoque d’une probable prostituée et d’un improbable poussin. Le personnage du poussin sort d’une soirée déguisée années 80, qu’il a passée avec ses soi-disant amis. Son costume s’expliquant par le fait qu’« il y avait des poussins dans les années 80 ». La probable prostituée, quant à elle, s’est faite descendre de voiture, au milieu de nulle part, par celui qui avait aimablement proposé de la raccompagner. Le ton est donné : « Une Pute et un Poussin » relate la rencontre de ces deux personnages dans une situation qui frise l’absurde.

On connaissait déjà Clément Michel pour son premier court-métrage, « Bébé », qui traitait aussi avec beaucoup d’humour de la question de la paternité. Julie Budet, plus connue sous le nom de Yelle, notamment pour sa chanson « Je veux te voir », invective musicale par laquelle elle répond sans retenue au lâchage verbal, offensif pour la gente féminine, dont le trio de TTC avait fait preuve pour leur morceau « Girlfriend ». Bien que Yelle tienne ici le rôle de la pute, il ne serait pas à propos de parler d’un film sur la condition féminine. A travers une approche délirante et un poil simplificatrice, « Une Pute et un Poussin » pose une problématique sérieuse, celle des jugements que l’homme, par un simple regard, porte sur la femme.

Prostituée ou pas, la femme du film ne veut pas être traitée comme une pute. Quand le poussin lui dit : « C’est pas commun d’être là à 8h du matin, toute seule, en petite jupe, sur une route », elle lui répond à juste titre : « En même temps toi tu fais du vélo habillé en poulet, c’est pas hyper commun non plus ». Suite à cet échange, une forme de tendresse s’installe peu à peu entre les deux personnages. Pourtant, sûrement par habitude, la jeune femme ne peut s’empêcher de se sentir prise pour une pute. Campant sur la défensive, elle tend elle-même à se considérer comme telle et appelle de fait à ce type d’attention.

Le film nous mène à nous interroger sur la tromperie potentielle des apparences. Il explore la notion de représentation par le paradoxe suivant : le regard inhabituel que porte le poussin sur la femme qu’il rencontre ne laisse pas cette dernière insensible. Au yeux de cet homme, elle n’est pas une pute, tandis qu’à ses yeux à elle, lui, restera son poussin, un poussin qui continuera à la faire sourire, lorsque vêtue de sa mini-jupe, elle remonte un trottoir sur lequel se trouvent d’autres femmes, elles aussi vêtues de mini-jupes. Le spectateur se demande alors, si la femme qu’il voit à l’écran est ou n’est pas une pute.

Une pute et un poussin » est une réussite à tout point de vue. Le scénario, simple parce que linéaire, est surtout efficace, du début à la fin. La mise en scène, extrêmement soignée, donne au film un aspect fort naturel, de même que la photographie, l’interprétation des personnages et… les costumes, même si celui du poussin peut surprendre un peu plus que le reste, mais l’idée même du poussin est une trouvaille qui apporte énormément au film. Le film de Clément Michel a donc bien sa place dans la compétition des Césars, autant pour son humour que pour son sérieux, qui, parfaitement mêlés, en font une œuvre aussi plaisante que touchante.

Rémy Weber

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Article associé : l’interview de Clément Michel

Ludovic Houplain : “Selon moi, nous sommes en l’An 1 de l’animation, comme l’était la bande dessinée dans les années 70”

Honoré d’un Oscar il y a un an, le film « Logorama » est sélectionné dans deux catégories aux César 2011 (meilleur court-métrage, meilleur court-métrage d’animation). Réalisé par trois curieux experts de l’animation numérique, regroupé sous le sigle H5, il a connu un succès dans les festivals du monde entier. Ludovic Houplain, l’un des trois réalisateurs, revient sur le processus de production et de création du film, la place des logos dans l’imaginaire social et la reconnaissance faite aux pratiques de cinéma d’animation en France. À quelques heures du verdict, il nous donne l’occasion de comprendre les origines du film et nous fait part de sa confiance pour l’avenir de l’animation.

« Logorama » est le fruit d’un travail collectif. D’où l’idée d’un tel projet est-elle née ?

La première fois que nous est venue à l’esprit cette idée, c’était après avoir réalisé le clip de « The Child », entièrement en typographie réalisée avec Antoine Bardou Jacquet en 1999. Notre société de production de l’époque “Midi Minuit”, nous a alors proposé de faire un clip pour un groupe français qui s’appelait « Telepopmusic ». A l’époque, nous avons proposé l’idée de faire un clip entièrement en logotypes américains et russes. L’idée était de faire un duel Est-Ouest au travers de leurs logotypes, un choc des cultures entre deux superpuissances, une opposition de logotypes, d’identités, de politiques, de couleurs. Mais le projet est tombé à l’eau.

Puis j’ai travaillé avec mon frère Cyril Houplain sur des images mélangeant des logotypes de différentes époques, allant des années 1920 à maintenant. Mais la confrontation entre ces différentes écritures ne marchait pas, nous ne pouvions mélanger les périodes de logotypes. Pendant un an, le film est resté en stand-by, jusqu’à notre clip pour le groupe norvégien « Royksopp », réalisé avec Hervé de Crécy. Après le MTV Awards, on nous a proposé via Black Dog Films de faire un clip pour Georges Harrisson. Il voulait un clip critique sur la société de consommation, alors nous avons réadapté l’idée originale avec Hervé de Crécy, pour l’installer à la Nouvelle Orléans. La ville entièrement constituée de logotypes était ravagée par un cyclone, les rues étaient inondées, les logotypes arrachés du sol et emporté par les courants. A la fin, dans ce monde inondé, la végétation reprenait le dessus. Le retour de la maison de disque fut excellent, mais elle eut une observation : « Comment allez-vous faire pour fabriquer tous cela avec de faux logotypes ? ». Alors nous leur avons répondu que ce film n’aurait aucun sens s’il était constitué de faux logotypes, et qu’il fallait des vrais. L’idée n’est pas allée plus loin.

C’est à ce moment que je me suis dit que nous n’arriverions jamais à vendre cette idée, et qu’il fallait que H5 produise ce film. J’ai alors cherché avec Nicolas Rozier des producteurs capables de produire un tel film, sans aucune sorte de censure. Nous avons rencontré des producteurs de courts-métrages, dont Nicolas Schmerkin (Autour de Minuit Production). Avec lui, nous avons réussi à réunir différents partenaires financiers comme Stéphane Kooshmanian (Addict Films) ayant travaillé avec Wong Kar-Wai sur « 2046 », et Maurice Prost (Mikros Images), pour pouvoir faire ce film. Nous sommes rentrés en production en 2005, rejoints alors par François Alaux & Quentin Brachet. Nous avons réussi à monter une production qui était d’accord sur le sens du film, à savoir ne pas dénaturer le propos, ne pas se censurer par rapport aux marques, aller au bout de notre idée.

Étiez-vous tous les trois impliqués depuis le début dans le projet ?

Pendant le processus de création, comment les tâches ont-elles été réparties ? La répartition du travail n’a pas été identique suivant les périodes. Sur six ans de production, et parallèlement aux autres travaux que nous faisions, nous nous relayons suivant nos disponibilités. Par exemple, je n’ai pas été présent sur l’enregistrement des voix aux États-Unis pour des raisons personnelles. Ce sont donc François et Quentin qui s’en sont chargés en août 2008.

« Logorama » est fondé sur le principe de récupération de logos, utilisés par de grandes firmes multinationales. Est-ce que le film est une manière de rendre hommage à la culture de consommation moderne, de montrer l’emprise symbolique des logos dans notre imagination ou bien pour émettre une critique ironique de la puissance des symboles économiques ?

C’est avant tout un hymne à la liberté d’expression. C’est la raison pour laquelle nous espérons qu’il devienne un objet critique de notre société contemporaine. En fait, nous ne sommes pas d’accord sur le fait qu’il y ait une censure sur un objet artistique, qui plus est sans but lucratif. N’importe qui devrait avoir le droit de faire un tel film, sans avoir à demander la moindre autorisation. Il ne s’agit pas de dénigrer tel ou tel marque, mais de faire le film que l’on a envie de faire, un film actuel avec des codes artistiques actuels.

Certains y trouveront peut-être un discours anti-marques. Mais ce n’est pas notre cas, nous ne sommes pas alter mondialistes. Nous essayons de parler aux gens de leur monde avec un langage visuel qui les entourent depuis vingt ans. Ces marques font parties de leur quotidien, il faut savoir que les gens voient quotidiennement 2 500 logotypes par jours.

« Logorama » est aussi un hommage au cinéma hollywoodien qui est lui-même un produit de consommation moderne. Il nous fallait limiter l’esthétique proprement dite, trouver un cliché de mise en scène, pour que ce film devienne non pas un film d’artiste contemporain, mais au contraire, un film populaire, universel. De plus, l’idée de catastrophe, réadaptée à Los Angeles, nous a forcement amené au cinéma américain. Le film se réfère au film catastrophe, au film d’action (Lethal Weapon) et même à Robert Altman. Je pense que la mondialisation s’applique autant à des logotypes qu’à une forme de cinéma, au cinéma hollywoodien. Rien de tel qu’un produit de consommation pour parler d’un monde de consommation.

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Le fait d’être nommé aux César (un an après avoir reçu l’Oscar du meilleur court-métrage) est une manière d’être reconnu par la profession, par la “grande famille” du cinéma français. Comment ressentez-vous cette reconnaissance ?

On ne peut-être que content. C’est une reconnaissance pour toutes les personnes travaillant dans les domaines du numérique et de l’animation. Par ailleurs, il est important de reconnaître l’expertise française dans ce domaine.

Les outils numériques mis à notre disposition en animation vont nous permettre d’aller très loin. Selon moi, nous sommes en l’An 1 de l’animation, comme l’était la bande dessinée dans les années 70. Les films en animation vont exploser pour prendre une part relativement importante dans le paysage audiovisuel.

Avez-vous d’autres projets ? Avez-vous choisi de vous “attaquer” à d’autres symboles ou bien de poursuivre un travail autour des logos ?

Pour l’heure, nous en sommes à la naissance de nouveaux projets, avec un film sur la puissance boursière ainsi qu’un projet d’exposition mélangeant toute nos compétences — graphiques, typographiques ou vidéos — prévu pour septembre 2012 dans un musée parisien. Quand aux logotypes, on va les mettre en sommeil pour les vingt prochaines années, le temps qu’ils soient reliftés !

Propos recueillis par Mathieu Lericq

Articles associés : la critique de « Logorama » et l’interview de Nicolas Schmerkin, producteur du film

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Focus César 2011

25 février, journée spéciale « César » et parenthèse dans notre focus « Berlinale ». Ce soir, au Théâtre du Châtelet, le César du Meilleur court métrage sera remis à l’un des 5 nommés : Blandine Lenoir (« Monsieur l’Abbé », Local Films), Dyana Gaye (« Un transport en commun », Andolfi), Clément Michel (« Une Pute et un Poussin », Sombrero), H5 alias François Alaux, Hervé de Crécy, Ludovic Houplain (« Logorama », Autour de Minuit) ou Louis Garrel (« Petit Tailleur », Mezzanine Films).

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Tous ces films ont connu un succès, en festival comme ailleurs. « Logorama »,  nommé également pour le César du meilleur film d’animation, a remporté l’Oscar l’année passée, mettant en relief l’animation française au niveau mondial. Les films de Dyana Gaye et de Louis Garrel sont sortis en salle et vont être édités en DVD (le 23 mars pour « Petit Tailleur » chez MK2, le 7 juin pour « Un transport en commun » chez Shellac Sud). « Une Pute et un Poussin », réalisé dans le cadre de la collection Canal + « Ecrire pour un chanteur », a bénéficié de l’effet d’exposition de My French Film Festival, la première édition du festival du cinéma français en ligne. Quant à « Monsieur l’Abbé », il a joui de la visibilité également virtuelle du Prix France Télévisions.

On ne saura pas avant ce soir lequel d’entre eux remportera le César. On peut par contre jouer au jeu habituel des pronostics et lire ou relire nos interviews et critiques liés à ces cinq films tout au long de la journée.

La critique de « Petit tailleur » de Louis Garrel

La critique de « Monsieur l’Abbé » de Blandine Lenoir
L’interview de Blandine Lenoir

La critique de « Logorama » de H5
L’interview de Ludovic Houplain, co-réalisateur de « Logorama »

La critique de « Une Pute et un Poussin » de Clément Michel
L’interview de Clément Michel

La critique de « Un Transport en commun » de Dyana Gaye
L’interview de Dyana Gaye

Vidéophages/Toulouse en courts

Amis de Toulouse, ouvrez-vous au court avec les soirées Vidéophages, tous les premiers lundi du mois en faisant un bond à La Dynamo transformée pour l’occasion en salle de projection. En mars, le 14, les soirées vous proposent un avant-goût des 23èmes Rencontres Cinémas d’Amérique Latine, des films de la 14ème édition de Traverse Vidéo et une programmation de l’association Apatapelà.

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Programmation

– « Ta maline » *. Clip réalisé en atelier, par Roberto Della Torre, 4′, 2010 Toulouse, association « tous les mêmes » et La Trame.
Histoire du quotidien entre un groupe d’adolescents : la jalousie, les disputes autour d’un morceau de musique écrit par eux-mêmes.
Un film écrit au cours d’ateliers à Ginestous, un quartier périphérique du Nord de Toulouse qui accueille des familles gitanes.
touslesmemes.blog4ever.com

– Escale des Rencontres de cinéma amérindien Abya Yala *. Projet mené par l’association Apatapelà : Présentation de Wapikoni Mobile en présence de Nemnemiss MacKenzie, réalisatrice.

Apatapelà

Crée en 2004, l’association Apatapelà mène des actions de diffusion relatives aux situations politiques et culturelles des peuples indigènes des Amériques. ApatapelA intervient auprès des populations minoritaires d’Amérique Latine pour les accompagner dans la préservation de leurs cultures, diffuser et transmettre leurs savoirs, participer a leurs différentes luttes. (www.apatapela.org)

Wapikoni Mobile : Un projet par et pour les autochtones

Le Wapikoni mobile, studio ambulant de formation et de création audiovisuelles et musicales, circule depuis sept ans dans les communautés des Premières Nations du Québec. Les objectifs : Le Wapikoni mobile donne aux jeunes des Premières Nations l’occasion de s’exprimer au moyen de réalisations vidéo et musicales. Tout en encourageant l’émergence des talents, il facilite les échanges et la communication entre les jeunes et contribue à leur ouverture sur le monde. Il leur donne l’occasion de se faire connaître, de sortir de leur cadre de vie habituel et de rayonner autant dans leur milieu que dans le monde. (wapikoni.tv/)

Films Programmés :

«Kushtakuan (Danger)»* Film de Langis Fortin, Nemnemiss McKenzie, 4’11 2009, Communauté Lac-John-Matimekosh, Wapikoni Mobile
Le positionnement de la communauté innue de Matimekush face aux compagnies minières qui risquent de relancer l’exploitation sur leur territoire.

« Nous sommes » Film de Kevin Papatie, 3’12, 2009, Communauté Kitcisakik , Wapikoni Mobile
Suite à la rencontre avec les Zapatistes au Mexique, Kevin interpelle sa propre Nation avec un film-manifeste.

« Ka unian uass (l’enfant disparu) » Animation de Tshiuetin Vollant, 6’24, 2008, Communauté Uashat-Maliotenam, Wapikoni Mobile
Une légende qui raconte la quête d’un jeune garçon cherchant son ami disparu.

« Nika tshika uiten mishkut (ne le dis pas) » Film de Jani Bellefleur-Kaltusk, 6’16, 2009, Communauté Nutashkuan, Wapikoni Mobile
La rumeur, c’est comme une arme. Ça pique là où ça fait mal.

– Avant-goût des 23èmes Rencontres Cinémas d’Amérique Latine * (du 18 au 27 mars 2011 à Toulouse, www.cinelatino.com.fr)

« Tenues recuerdos de un encuentro y de una desaparición » * Film de Litay Ortega Hueso, 9′, 2010, Mexique
Lui et elle, chacun sur son continent, commencent la lecture d’un même livre. Ils se rencontreront sur les rives du fleuve usumacinta.

Deuxième partie

Avant-goût de Traverse Vidéo-14ème édition * (du 16 mars au 2 avril 2011 à Toulouse, www.traverse-video.org)

« Bzz » de iidal-ki, 58 »
« Pôle » de Sonia Levy, 4’40, ENSAD
« Station Christina Benz », 3′, Suisse
« Alicia » de Monica Dower, 3’48, Mexique
« L’Acrobatie » de Mathilde Veyrunes, 2′, Toulouse
« Abtract ? » de Alexei Dimitrev, 3’34, Russie

« Rébus » Film de François Vogel, 5′, 2008, France, Drosofilms présenté lors du festival du court métrage de Clermont-Ferrand 2011.

De la cuisine au jardin, du jardin à la cuisine, les trois protagonistes de « rébus » nous emmènent dans les méandres d’un espace distordu à la recherche des mots cachés dans l’image. drosofilms@gmail.com

« Marina la esposa del pecador » Fiction de carlos hernández, 14’30, 2009, Colombie. Prix Signis du court métrage – Rencontres Cinémas d’Amérique Latine 2010

Marina, 38 ans, épouse d’un pêcheur à Nuqui, un petit village sur la côte pacifiquecolombienne, vit dans une humble maison près d’une plage immense et solitaire.Un jour quelconque, se réveillant triste à cause d’un rêve qu’elle a eu la nuit précédente, elle décide de partir, seule. Caravelle d’argent du meilleur film d’Amérique Latine au festival international de Bilbao 2009.

+ Ecran Libre
Diffusion des films amenés le soir même ! Attention les films doivent être sur un support numérique et faire moins de 15 min

* en présence du réalisateur ou d’un membre de l’équipe de réalisation.

Infos : Lundi 14 mars 2011 à 21H à la DYNAMO (ouverture des portes à 20h30)
6 rue Amélie à Toulouse – Quartier Saint Aubin – métro A et B : Jean Jaurès
Entrée libre – Adhésion annuelle à 4 euros – http://www.myspace.com/ladynamotoulouse
Programmation en ligne : http://lesvideophages.free.fr

Le court, le moyen au Cinéma du Réel

24 mars-5 avril : gardez en mémoire les dates du prochain Cinéma du Réel, le festival international de films documentaires prenant place annuellement au Centre Pompidou. Des courts et des moyens métrages font partie intégrante de la programmation.

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Les films en compétition

Compétition internationale

Exercices de disparition de Claudio Pazienza (Belgique/France, 50’, 2011) – Première mondiale

Fragments d’une révolution, Anonyme (Iran/France, 57’, 2011) – Première mondiale

Slow Action de Ben Rivers (Grande-Bretagne, 45’, 2011) – Première française

Compétition internationale courts-métrages

Coming Attractions de Peter Tscherkassky (Autriche, 24’, 2010) – Première française
I cani abbaiano (The Dogs Bark) de Michele Penetta (Suisse, 20’, 2010) – Première française
Extraño rumor de la tierra cuando se atraviesa un surco (secuencia 75, huerto de Juana López, toma 01) de Juan Manuel Sepulveda (Mexique, 20’, 2011) – Première mondiale
Me llamo Peng (My Name Is Peng) de Victoria Molina et Jahel Guerra (Espagne, 29’, 2010) – Première mondiale
Me llamo Roberto Delgago (This is Roberto Delgado) de Javier Loarte (Espagne, 8’, 2010) – Première internationale
Pa Rubika Celu (On Rubik’s Road) de Laila Pakalnina (Lettonie, 30’, 2010) – Première française
La Terre tremble de Vania Aillon (Suisse, 40’, 2011) – Première internationale

Contrechamp français

La Croix et la bannière de Jürgen Ellinghaus (France, 54’, 2010) – Première française

Élégie de Port-au-Prince d’Aïda Maigre-Touchet (France, 10’, 2011) – Première mondiale

Retrouvez prochainement notre Focus consacré au Festival

Compétition nationale, point de vue courts

Dernière catégorie en compétition au festival Anima, celle des courts métrages belges. 3..2..1.. Lever/ouverture du rideau.

* Ahasverus, Inne Haine
* Aiguillage oublié (l’), Rémi Durin (B/CH)
* Arbres naissent sous terre (les), Manon Brule, Sarah Brule
* Biodiversity, Toon Loenders (out of competition)
* Cleo’s Boggie, Caméra Etc.
* Concile lunatique (le), Arnaud Demuynck, Christophe Gautry
* Contre, tout contre, Yoann Stehr
* Dance, Hilere
* Entache, Iris Alexandre, Lucie Thocaven
* Femme à cordes (la), Vladimir Mavounia-Kouka
* H-15’, Pierre Debehogne
* Kin, Atelier collectif Zorobabel
* Looking for the Sun, Daphne Van Gerwen, Fréderic Plumey
* Made-Up, Mirjam Plettinx
* Man bijt hond intro 2010, Steven De Beul, Ben Tesseur (out of competition)
* Morphoz, Nicolas Tarin, Brice Vandystadt
* Mouse For Sale, Wouter Bongaerts
* Nuit de l’ours (la), Alexis Fradier, Julien Regnard, Pascal Giraud
* Nuru, Walking the Dog (out of competition)
* Oeil du paon (l’), Gerlando Infuso
* Onderrok, Jade De Paepe
* Rétrograde, Bram Algoed
* Rumeurs, Frits Standaert
* Seul mais avec toi, Jonathan Hottart
* Vasco, Sébastien Laudenbach (B/F)
* Volgende (de), Barbara Raedschelders (B)
* Yagmur Duasi, Eser Unal

Anima. Compét’ internationale & courts métrages étudiants

Anima prendra de l’âge en mars. Découvrez quels films d’écoles seront invités à son anniversaire (3.0. pour l’occasion).

* Arithmétique, Dalila Rovazzani, Giovanni Munari (I)
* Cardboard, Sjors Vervoort (NL)
* Chase (the), Mu Jianhong (CHN)
* Chernokids, Matthieu Bernardat, Nils Boussuge, Florence Ciuccoli, Clément Deltour, Marion Petegnief (F)
* D’une rare crudité, Emilien Davaud, Jérémy Mougel, Marion Szymczak (F)
* Farat / The Lighthouse, Velislava Gospodinova (BG)
* Googuri Googuri, Yoshiko Misumi (J)
* Henhouse (the), Elena Pomares (GB)
* Ill Nino – Finger Painting, Robert Kadar (H)
* Junk Space, Marion Delannoy, Jonathan Djob Nkondo, Paul Lacolley, Kevin Manach, Nicolas Pegon (F)
* Kuchao, Masaki Okuda (J)
* Matatoro, Raphaël Calamote, Mauro Carraro, Jérémy Pasquet (F)
* Maximall, Axelle Cheriet, Hadrien Ledieu, Nawel Rahal, Axel Tillement (F)
* Miramare, Michaela Müller (HR / CH)
* Mobile, Verena Fels (D)
* Mumkin boukra, Thibault Huchard (F)
* Rame dames, Etienne Guiol (F)
* Sobachja ploshchadka / Dog-Walking Ground, Leonid Shmelkov (RUS)
* Stanley Pickle, Victoria Mather (GB)
* Swimming Pool, Alexandra Hetmerova (CZ)
* Szofita Land, Zsofia Tari (H)
* Thursday, Matthias Hoegg (GB)
* Trois petits points, Lucrèce Andreae, Alice Dieudonne, Tracy Nowocien, Florian Parrot, Ornélie Prioul, Rémy Schaepman (F)
* Usnula jsem / A Tear is Needed, Kristina Dufkova (CZ)
* Vlak / The Train, Vladimir Lomov (CZ)

Anima, la compétition internationale des courts métrages

Anima, le Festival international du film d’animation de Bruxelles, fêtera sa trentième édition du 4 au 13 mars 2011. Voici la liste des films en compétition internationale.

* 20 anos, Barbaro Joel Ortiz (C)
* Abstract Day (an), Oerd van Cuijlenborg (NL)
* Amar, Isabel Herguera (E)
* Big Bang Big Boom, Blu (I)
* Black Dog’s Progress (the), Stephen Irwing (GB)
* Blind Date, Nigel Davies (GB)
* The Cow Who Wanted to Be a Hamburger, Bill Plympton (USA)
* Family Portrait (a) Joseph Pierce (GB)
* Fast Forward Little Riding Hood, Sjaak Rood (NL)
* Fresca – Blestemul lui Dragulea, Ion Octavian Frecea (RO)
* Get Real!, Evert de Beijer (NL)
* Going West Martin, Andersen Line Andersen (GB)
* Journaux de Lipsett (les), Theodore Ushev (CDN)
* Kleine und das Biest (der), Johannes Weiland, Uwe Heidschötter (D)
* Kleinere Raum (der), Cristobal Leon, Nina Wehrle (CH / D)
* Let’s Pollute, Geefwee Boedoe (USA)
* Lost Thing (the), Andrew Ruhemann, Shaun Tan (AUS/ GB)
* Love & Theft, Andreas Hykade (D)
* Miss Daisy Cutter, Laen Sanches (F)
* Moj Put / My Way, Veljko Popovic, Svjetlan Junakovic (HR)
* Muzorama, Elsa Brehin, Raphaël Calamote, Mauro Carraro, Maxime Cazaux, Emilien Davaud, Laurent Monneron, Axel Tillement (F)
* Old Fangs, Adrien Merigeau, Alan Holly (IRL)
* Os Olhos do Farol, Pedro Serrazina (P)
* Pixels, Patrick Jean (F)
* Poppy, James Cunningham (NZ)
* Rubika, Claire Baudean, Ludovic Habas, Mickaël Krebs, Julien Legay, Chao Ma, Florent Rousseau, Caroline Roux, Margaux Vaxelaire (F)
* Silence sous l’écorce (le), Joanna Lurie (F)
* Sinna Mann, Anita Killi (N)
* Spin, Max Hattler (GB/ F / D)
* Syntymapaiva, Jari Vaara (FIN)
* Tussilago, Jonas Odell (S)
* Viagem a Cabo Verde, José Miguel Ribeiro (P)
* Videogioco (Loop Experiment), Donato Sansone (I)
* Whistleless, Siri Melchior (DK)

Ś comme ŚWITEŹ

Fiche technique

Synopsis : Un homme voyage à cheval pendant la nuit. Un orage menace. L’obscurité est pénétrée par les lumières étranges. Subitement, les chevaux ont peur : une femme apparaît au milieu de la route, et puis disparaît. L’homme est surpris, la calèche s’effondre, les cavaliers visent des flèches brulantes dans la forêt. L’homme court. Il tombe dans un lac profond – et dans le passé.

Genre : Animation

Pays : Pologne

Année : 2010

Durée : 21 min

Réalisation : Kamil Polak

Musique : Irina Bogdanovich

Studio d’Animation : Animation Studio Human Ark

Production : Human ark Producers

Article associé : la critique du film

Świteź de Kamil Polak

« Świteź », la mythologie au service de l’animation

Librement adapté d’un poème en trois parties écrit par Adam Mickiewicz (1798-1855), « Świteź » fait le récit initiatique d’un jeune héros qui se trouve involontairement pris dans un enchaînement qui le déplace des règles du vraisemblable pour lui ouvrir les portes du fantastique. Dans cet univers, les figures humaines se mêlent aux visions tantôt merveilleuses, fantastiques — celles du Moyen-Âge vu par Mickiewicz —, tantôt réelles et séculaires — l’ère contemporaine du poète. À l’évidence, la teneur magique provient du traitement narratif; le jeune héros transgresse les lois spatio-temporelles de la réalité et se retrouve plongé dans le monde merveilleux d’une cité engloutie au fond d’un lac. C’est d’ailleurs ce lac aux reflets évocateurs qui donne son nom au film. Par-delà les références au mythe de l’Atlantide, la dimension magique est renforcée par les moyens visuels tout au long du film, comme la douce chaleur des couleurs, l’utilisation spécifique d’éléments de la peinture à l’huile, combinant les moyens d’expression de l’animation classique avec les effets spéciaux de l’animation numérique. De surcroît, la partition musicale, composée pour l’occasion par Irina Bogdanovitch, n’agit pas comme illustration mais charge les images d’une puissante harmonie, tantôt liée à de la mélancolie, tantôt au lyrisme d’un monde enchanté.

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Si ce lac ouvre la voie au merveilleux, il ouvre aussi la voie à l’histoire. En effet, dans le poème de Mickiewicz, le héros parcourt les espaces et rencontre les épisodes mythiques, et parfois traumatiques, de la mémoire collective polonaise. Les allures de fresque du film d’animation donnent une épaisseur inédite, dans ce sens, à la grandiloquence des mythes fondateurs qui, présents dans la culture littéraire et cinématographique en Pologne, trouvent ici une seconde naissance. Par ailleurs, l’exposition incessantes des icônes religieuses, les références aux batailles récurrentes des polonais contre les oppresseurs extérieurs et la présence visuelle de l’esprit mickiewiczien tissent un univers dont le référentiel est lié à la Pologne et participent d’une sacralisation de l’histoire et de l’imagination nationales. Cependant, aucune notations précises ne figent les références au point d’empêcher une lecture universelle. Par conséquent, la fascination exercée sur le spectateur alimente le récit dans sa globalité, ce conte apocalyptique de la destruction, conjuguée à l’éternel lutte entre le bien et le mal, entre la piété et l’espoir.

Aussi cette ballade poétique exprime-t-elle des sentiments universels et s’adressent à tous. En effet, le récit initiatique provoque une remontée vers l’enfance et une plongée dans la trajectoire mystérieuse d’un jeune héros à la fois courageux et innocent. Alliant la littérature, la peinture, la musique et l’animation, cette œuvre précieuse rencontrera certainement un succès dans les festivals du monde entier. Pour le moins, elle restera une preuve de l’état prometteur de la production polonaise en ce domaine. Loin du pesant réalisme actuel de notre monde désormais désacralisé, elle insuffle un vent pénétré et grisant sur le terrain de l’animation européenne.

Mathieu Lericq

Consultez la fiche technique du film

Amour & courts métrages‏ à Mons

Compétition Internationale des Courts Métrages

Une sélection de divers courts métrages français mais aussi issus d’autres contrées sera présentée lors de séances spécifiques ou bien en avant programme lors des projections de longs métrages. Le Prix Studio l’Équipe offre une récompense de 2 500 euros au meilleur court métrage international. La compétition se déroulera le mercredi 23 février à 17h30 au Plaza Art.

A MA PLACE de Mehdi M. Barsaoui – Tunisie

BABEL de Hendrick Dusollier – France

DERBY de Paul Negoescu – Roumanie

L’ALTRA METRA de Pippo Mezzapesa – Italie

L’HOMME DU PONT LEVANT de Claudio Todeschini – France/Suisse

MICKY BADER de Frida Kempff – Suède/Danemark

STANKA GOES HOME de Maya Vitkova – Bulgarie

THERMES de Banu Akseki – Belgique

Compétition des Courts Métrages Belges

Cette compétition permet aux réalisateurs nationaux de s’exposer à un jury professionnel. Le Prix Sabam, de 2 500 euros, est remis au meilleur court métrage belge. La compétition se déroulera le dimanche 20 février à 15h et 17h au Plaza Art.

DISSONANCE de Anne Leclercq – Belgique

L’HEURE BLEUE de Michaël Bier & Alice De Vestele – Belgique

LA FEMME A CORDES de Vladimir Mavounia-Kouka – Belgique/France

LA FILLE EN FACE de Renaud Callebaut – Belgique

NUIT BLANCHE de Samuel Tilman – Belgique

O NEGATIF de Laura Wandel & Gaëtan D’Agostino – Belgique

POINT DE FUITE de Benjamin D’Aoust – Belgique

POUR TOI, JE FERAI BATAILLE de Rachel Lang – Belgique

Panorama des Courts

LA FILLE ET LE CHASSEUR de Jadwiga Kowalska – Suisse

LINGER de Shikha Makan – Inde

MASALA MAMA de Michael Kam – Singapour

MOUJA de Mohamed Ben Attia – Tunisie

RIFLESSI de Emanuela Ponzano – Italie

UN AUTRE MONDE D’AMOUR de Hicham Haidar – Maroc

UN NUEVO BAILE de Nicolas Lasnibat – Chili / France

HIGH/LOW de Fabien Dubois – France

DEMI-PAIRE de Yannick Pecherand-Molliex – France

Séance Spéciale Courts-métrages

La collection Crossing Borders / À la frontière exprime une volonté de mettre en avant de nouvelles formes cinématographiques, mêlant différentes techniques de narration tout en s’affranchissant des frontières inhérentes à un genre ou à l’identité culturelle de l’auteur. Cette double barrière franchie, les programmes de la collection Crossing Borders / À la frontière ouvrent le regard du spectateur à un nouvel horizon cinématographique européen, virtuose, surprenant et sans cesse renouvelé.

COLD WA(TE)R de Teresa Villaverde – Portugal

FOREST MUMURS de Jonathan Hodgson – Angleterre

KLEIT (LA ROBE) de Mari-Liis Bassovskaja & Jelena Girlin – Estonie

MAGNETIC NORTH de Miranda Pennell – Angleterre, Finlande

MAMAL (MAMMIFERE) de Astrid Rieger – Allemagne

ONA KOJA MJERI (CELLE QUI DONNE LE RYTHME) de Veljko Popovic – Croatie

PAPILLON D’AMOUR de Nicolas Provost – Belgique

PLASTIC AND GLASS de Tessa Joosse – France, Pays-Bas

PLIVNUTI POLIBKEM (BAISERS CRACHES) de Milos Tomic – République Tchèque

ZA PLOTEM (DEHORS) de Marcin Sauter – Pologne

D comme Demain tout ira bien

Fiche technique

demain

Synopsis : Un soir. Une histoire d’amour, de déficit et de convoitise haute en couleurs se révèle à travers l’échange intensif d’idées entre deux personnes. L’usage troublant de communication, d’enregistrement et d’écriture induit la fluctuation du film entre un rêve, un scénario et un échange amoureux que chacun désire.

Format : Fiction

Pays : Liban, Royaume-Uni

Année : 2010

Durée : 7′

Réalisation : Akram Zaatari

Scénario : Akram Zaatari

Image : Muriel Aboulrouss

Son : Serge Dagher

Producton : Independent Cinema Office

Article associé : la critique du film

Demain tout ira bien d’Akram Zaatari

Écriture troublante d’un amour renaissant

Après avoir utilisé l’espace d’exposition, celui des Laboratoires d’Aubervilliers en avril 2010, pour questionner la mémoire de la guerre du Liban à l’appui d’objets à la puissance symbolique indéniable (carnets de notes, photographies, machines à écrire), l’artiste libanais Akram Zaatari a décidé de réemployer ces objets dans un dispositif cinématographique, fictionnel, quelque peu séparé de leur statut d’archives et de leur contexte socio-politique d’origine. De fait, il dépose sa casquette de collectionneur pour parer celle de cinéaste du présent. Si, en effet, « Demain tout ira bien » réutilise la machine à écrire, ce n’est plus pour retracer l’histoire des guerres au Moyen-Orient ni pour questionner le rapport que les objets entretiennent avec la mémoire, mais pour raconter l’histoire de deux individus qui reprennent contact après des années de rupture. À partir d’un simple plan fixe, ce sont les mots échangés, les phrases d’un dialogue sans corps ni visages, de deux personnes qui sont donnés à voir, par l’intermédiaire de la pression des touches sur le papier et le glissement du chariot. Du dispositif archaïque renaissent progressivement les rayons de l’amour perdu.

demain

Déplacements : la machine à écrire devenue terrain d’échanges

Ce qui semble intéresser Akram Zaatari n’est donc pas le rapport direct de deux acteurs mais les déplacements induits par le dispositif d’écriture. Au lieu de considérer la machine à écrire comme un outil d’écriture solitaire, celle-ci devient le lieu d’une rencontre. Les notations sur la page déplacent le champ de l’homme vers la femme, et vice-versa, créant un champ de liaison inédite. S’y ajoute un déplacement du matériel vers l’affectif. D’un instrument proprement matériel, la machine à écrire devient le socle d’exposition des sentiments. Les désirs qui naissent entre l’homme et la femme, les sentiments renouvelés, la difficulté de raccorder le présent avec le passé; telles sont les opérations mentales rendues visibles par la relation verbale. Finalement, à travers le dispositif aussi simple que profond, nous sommes les témoins d’un échange universel, permettant au spectateur de projeter sur ces deux individus les visages qui peuplent son esprit.

Passage : la magie des mots en mouvement

Au-delà des déplacements qu’impliquent le dispositif, les mots-images s’inscrivent dans un mouvement proche de celui de la parole, proche de l’ “oralité écrite” que permettent les nouvelles technologies. L’inscription des lettres sur le papier devient magique, fantasmatique. En conséquence de quoi, le spectateur n’est plus seulement le témoin mais se voit en acteur, en écrivain, de cette discussion “virtuelle”. Le truchement de la réalité matérielle avec le mouvement irréel des paroles fabrique un lieu cinématographique fait de multiples projections. Ainsi perçu, ce lieu de “passage” de paroles, oscillant du sentiment au fantasme, rappelle les discussions enflammées des films d’Éric Rohmer à qui le film est dédié.

À partir d’une simple machine à écrire où s’écrit une histoire d’amour renaissante, Akram Zaatari rend hommage aux sentiments universels, aux fantasmes de l’écriture de passage et au cinéma des auteurs. Se décalant des expériences précédentes sur les traumatismes de guerre, celle de « Tout va bien à la frontière » (1997) par exemple, sur le terrain des échanges amoureux, il semble acquérir une forme d’espoir pour le futur. Ici, pas de nostalgie mais de simples mots à la signification ouverte qui disent en creux que le cinéma peut déplacer les frontières.

Mathieu Lericq

Consultez la fiche technique du film

S comme Scenes from the Suburbs

Fiche technique

Synopsis : Un groupe de jeunes dans une banlieue. C’était autrefois, pendant l’été, il y a si longtemps de cela. On ne peut pas sortir de la ville car l’état de guerre règne au dehors. Les militaires contrôlent la vie et les portes de la ville. Les jeunes traînent dans les rues. L’hiver est très loin. Il y a encore le désir et l’amour, il y a l’amitié – tout.

Genre : Fiction

Durée : 28’

Pays : Etats-Unis, Canada

Année : 2011

Réalisation : Spike Jonze

Scénario : Spike Jonze, Will Butler, Win Butler

Image : Greig Fraser

Son : T. Terressa Tate

Musique : Arcade Fire

Montage : Jeff Buchanan

Interprétation : Sam Dillon, Zoe Graham, Zeke Jarmon, Paul Pluymen, Ashlin Williamson

Production : MJZ, Arcade Fire

Article associé : la critique du film

Scenes from the Suburbs de Spike Jonze

L’événement n’était pas anodin et le timing était parfait. Tout juste heureux lauréats du Grammy Award du meilleur album pour The Suburbs, les membres d’Arcade Fire sont arrivés tout sourire à la 61e Berlinale pour présenter Scenes from the Suburbs, court métrage écrit à six mains, entre les frères Butler, membres fondateur du groupe et Spike Jonze, également à la réalisation. Récit d’une fin d’amitié adolescente sur fond d’invasion militaire en banlieue pavillonnaire, « Scenes from the Suburbs » se présente à la fois comme l’incarnation visuelle de l’album rêvée par Arcade Fire mais également comme un film de science-fiction autonome et singulier.

Agrippés à un grillage surmonté de barbelés, une bande de jeunes d’une quinzaine d’années observent le ballet des hélicoptères qui volent au dessus de la ville. L’insouciance de l’été est rappelée à l’ordre par la présence inquiétante de l’armée qui encercle cette banlieue du Texas et contrôle ses entrées. Mais comme l’annonce la voix off du héros, cet été restera surtout celui où Winter, son meilleur ami, s’est coupé les cheveux. You cut your hair and we never saw you again chante Win Butler dans The Suburbs, dernier album d’Arcade Fire. Ce projet, dont un premier court montage avait servi de clip à l’automne, est bel et bien le pendant filmique de l’album du groupe canadien. On y retrouve les thèmes développés dans certaines chansons notamment « The Suburban War » (And my old friends we were so different then / Before the war against the suburbs began) et la grande mélancolie de l’ensemble.

Assumé comme film d’anticipation par les frères Butler, la toile de fond militaire et étouffante ne semble qu’un prétexte pour raconter l’histoire d’amitié fusionnelle comme il n’en existe qu’à l’adolescence entre Kyle, chétif et blagueur, et Winter, le joli cœur à la mèche travaillée. Comme les chansons du groupe, le récit est elliptique et le mystère reste entier quant aux raisons qui pousseront Winter à rejeter violemment son meilleur ami. Plusieurs pistes sont évoquées (le retour du père, l’influence du frère et de l’armée) mais le mutisme de Winter reste l’élément le plus parlant. On s’étonne d’ailleurs que la scène où Winter tabasse Kyle dans un fast food désert soit présente dans le clip mais pas dans ce court métrage de près de trente minutes.

Le film est si fortement imprégné de l’univers d’Arcade Fire qu’on aurait pu penser que le style de Spike Jonze s’effacerait un peu dans l’illustration de leur album. Jonze est en fait un grand fan et l’on sait que pendant la longue préparation de Where the Wild Things Are, il a beaucoup écouté le premier album du groupe, Funeral (une chanson extraite de cet album accompagne d’ailleurs la bande-annonce du film). L’intérêt de Jonze pour les personnages inadaptés à leur environnement et empreints d’une grande mélancolie se retrouve donc très vite dans le film. Malgré tout, on ne peut s’empêcher de ressentir une légère déception en voyant « Scenes from the Suburbs »; l’addition du génie musical des Montréalais à l’inventivité visuelle de Spike Jonze ne produit pas de miracles comme on l’aurait espéré. Les attentes étaient certainement trop grandes car le film reste un beau portrait d’enfants qui grandissent trop vite.

Amaury Augé

Consultez la fiche technique du film

Berlin 2011

La 61e Berlinale (10-20 février) vient de s’achever hier soir. 25 films courts concouraient pour la statuette de l’ursidé doré. Nan Goldin, présidente du jury du court métrage, a remis l’ours d’or à Park Chan-wook et Park Chan-kyong pour leur film « Paranmanjang » (Night Fishing) récompensant ainsi le film le plus attendu de la compétition. Retour sur cette édition 2011.

Retrouvez dans ce Focus :

La critique de « Pera Berbangê » (Arpeggio ante Lucem) d’Aran İnan Arslan (Turquie)

La critique de « Planet Z » de Momoko Seto (France)

La critique de « Stick climbing » de Daniel Zimmermann (Suisse, Autriche)

La critique de « Świteź » de Kamil Polak (Pologne)

–  La critique de « Demain tout ira bien » d’Akram Zaatari (Liban, Royaume-Uni)

La critique de « Scenes from the Suburbs » de Spike Jonze (USA, Canada)

Berlinale, le palmarès du court