Un scooter rose trendy parcourant les rues d’une ville grise, un magasin de reprographie aux allures de bar-tabac, un gérant enfermé dans le souvenir d’une femme aimée, et une assistante qui a tout d’un ange gardien, tels sont les ingrédients de « La Copie de Coralie », le deuxième film de Nicolas Engel.
Sélectionné l’an dernier, à Cannes, à la Semaine Internationale de la Critique, et lauréat de nombreux prix remportés dans le monde, « La Copie de Coralie » dresse le portrait d’un homme hanté par le souvenir d’une femme. Témoin du désarroi de son patron Monsieur Conforme (Serge Riaboukine), gérant du magasin « Copie Conforme », Virginie, son assistante (Jeanne Cherhal) décide de prendre les choses en mains, et placarde les murs de la ville de l’effigie de la belle disparue.
Dans une atmosphère teintée de nostalgie, la reproduction devient un moyen efficace et concret de faire ressurgir le passé. L’image du souvenir se voit dès lors dupliquée à l’infini, tout en n’étant qu’une pâle copie de l’originale. Celle-ci se sent par ailleurs obligée de porter une perruque pour être conforme à la copie. Dans le dédale des faux-semblants, Nicolas Engel pose une réflexion personnelle sur le souvenir et l’amour, si étroitement liés dans son travail.
La musique de Philippe Poirier (du groupe Kat Onoma) habite véritablement le film pour incarner un personnage à part entière. Le compositeur offre une partition qui colle à l’univers du court métrage, mêlant sons d’ambiance (tintamarre mécanique et récurrent des photocopieuses et du tiroir-caisse), phrasé légèrement vieillot glissant subtilement vers le chant, accords de guitare et notes électroniques. Avec « La Copie de Coralie », Engel s’écarte volontairement de la rigueur formelle de son premier film, « Les Voiliers du Luxembourg » (2005), pour se rapprocher d’une musique plus libre qui sied bien au film. L’enregistrement des mélodies, en son direct, permet d’ailleurs la souplesse et la légèreté nécessaires à cette narration épurée.
Avec ce deuxième opus, le cinéaste nous livre une comédie chantée à l’accent grave et nostalgique, aux intonations naturelles et légères. Poursuivant par là son exploration du film musical où l’on devine l’influence de Demy et de son monde enchanteur.
Synopsis : Monsieur Conforme, gérant du magasin de reprographie « Copie Conforme », vit depuis trente ans dans le souvenir d’une femme disparue. Sa jeune assistante Virginie décide de prendre les choses en mains et affiche un avis de recherche sur les murs de la ville…
Synopsis : De petites embarcations poussées par le vent, se croisent, s’évitent, se heurtent. Le bateau d’Édith et de son fils César rencontre celui d’un inconnu. Un homme qui va les détourner du sillon bien tracé de leur vie à deux.
Genre : Fiction
Durée : 24’
Pays : France
Année : 2005
Réalisation : Nicolas Engel
Scénario : Nicolas Engel
Images : Stephen Barcelo
Son : Jérôme Ayasse
Montage : Sophie Reine
Musique : Pierre Gascoin
Décor : Zakkaria El Ahmadi
Costumes : Aurélie Morille
Interprétation : Juliette Laurent, Manuel Vallade, Nathan Rosselin, Caroline Breton
Le Festival du court métrage de Bruxelles (30/4-10/5) a dévoilé les titres de sa compétition internationale. Voici la liste des 56 films sélectionnés :
* Amnesia Global Transitoria – Ana Maroto – Espagne
* Arbeit Fur Alle – Matthias Vogel – Allemagne
* Belle Maman – Simon Lamantagne – Canada, Québec
* Café paraiso – Alonso Ruizpalacios – Mexique
* Caporal Crevette – Christian Laurence – Quebec
* Celluloidiva – Harald Schleicher – Allemagne
* C’est plutôt genre Johnny Walker – Olivier Babinet – France
* La Chainedu froid – Samuel Hercule – France
* Le Cœur d’Amos Klein – Uri Kranot, Michal Pfeffer – France
Présenté dans de nombreux festivals dont celui d’Anima, de Cracovie, d’Amiens et de Téhéran, « Cândido » est le tout dernier court métrage de Zepe (José Pedro Cavalheiro), réalisateur portugais diplômé de l’École supérieure des Beaux-Arts de Lisbonne et de La Cambre à Bruxelles. Sensualité XXL et rythme noir sont au rendez-vous.
Une femme abattue, consommant des cigarettes à la chaîne et des antidépresseurs, tâche en vain de joindre son amoureux par téléphone. Celui-ci, installé en face de chez elle, entraîne sa victime vers le désespoir et la chute.
« Cândido » est un film avant tout sensuel, sobre et très mûr, grâce aux descriptions subtiles et approfondies de ses personnages. La femme, dont on ne voit jamais le visage, est une amazone aux rondeurs exagérées qui arrive à peine à être contenue dans le cadre. Elle évoque la vamp de jadis qui, ayant perdu ses charmes en même temps que sa silhouette, finit en toxicomane ravagée. Son chien est en quelque sorte un symbole d’elle-même, obèse, maltraité et geignard. Quant à Cândido, l'(anti)héros éponyme, il s’agit d’un homme froid, sadique, maître de son monde et manipulateur par excellence, perché tel un vautour en attente de sa proie. La caractérisation des personnages se retrouve aussi dans les détails. À titre d’exemple, le fil téléphonique rongé démontre le côté obsessionnel voire désespéré de la femme, et le temps pris par Cândido pour réagir à la sonnerie du téléphone (et pour raccrocher aussi sec) révèle son caractère dur et intransigeant.
Évoquant un sujet relativement morbide, « Cândido » traite de la manipulation, par le biais d’un registre fin et esthétisant. Le dessin est marqué par des couleurs ternes et une ligne forte et foncée, évocatrice de l’Expressionnisme. L’animation témoigne d’un ‘travail de caméra’ extraordinaire : la mise en scène, proche de la live action, est enrichie par des plans subjectifs, des travellings réalistes, et des perspectives vertigineuses. Ces éléments évoquent de véritables mouvements de caméra, tout comme le traitement du cadre : la femme est capturée dans de très gros plans quasiment claustrophobes, tandis que le manipulateur Cândido est animé dans des plans larges et aérés.
Autre élément esthétique : la musique. Elle prend alternativement la forme d’un tango syncopé pour la femme, et une succession d’accords secs et pesants pour Cândido. Le résultat est un va-et-vient langoureux entre deux personnages et deux lieux, une chorégraphie narrative qui emporte doucement le spectateur.
Le titre laisse supposer une ironie évidente. Allusion au cynisme qui entoure le personnage trop ‘Candide’ de Voltaire [« ce sont des ombres à un beau tableau »] ou clin d’œil inversé à Candida, l’héroïne honnête et forte de Shaw ? Quoi qu’il en soit, « Cândido » est un remarquable exploit d’animation qui répond parfaitement à la définition du ‘Grand Art’, rien que par sa capacité de transformer des choses qui a priori ne sont pas belles.
« KJFG n°5 » est une animation musicale absurde mettant en scène nos amis, les animaux des bois. Lauréat du prix SACEM de la musique originale au Festival d’Annecy en 2008, ce sketch hongrois épatant, apprécié à Anima et ailleurs, laisse un air ridicule dans la tête et un sourire joyeux sur les lèvres.
“Professionnels” jusqu’au bout des pattes, ils se sont donnés rendez-vous dans la forêt, pour une énième répétition. À chaque musicien, son instrument : l’ours joue de la basse avec un tronc d’arbre, le lapin se sert de sa queue et de sa tête, tandis que le loup fait travailler ses drôles de cordes vocales. Concentrés, ils tapent, jouent, grattent, font vibrer, chantent, battent la mesure, s’interrompent, et reprennent leur morceau, jusqu’à ce qu’ils aperçoivent un trio menaçant (le chasseur, son chien, et son fusil) se diriger dans leur direction.
Avec un titre partagé entre une symphonie et un parfum, « KJFG n°5 » est une petite chose hilarante, simple et efficace qui doit ces adjectifs à sa musique et à son animation très abouties. Alexei Alexeev, réalisateur russe travaillant à Budapest, à l’origine du film, s’était déjà fait remarquer en 2007 avec son précédent court, « Huhu », dans lequel huit drôles d’oiseaux paumés se laissaient glisser dans la neige, en plein milieu de l’Arctique. D’un film à l’autre, le regard décalé, le comique de situation, le travail sur le son, la durée limitée, et les dessins ravageurs de Alexei Alexeev font mouche. On est d’autant plus impatient de découvrir la série télévisée « Log Jam » (« The Log », « The Rain », « The Moon », « The Snake ») sélectionnée, cette année, à Annecy, que « KJFG n°5 » en est le premier épisode.
En 1982, une nouvelle chaîne de télévision apparaît dans le paysage audiovisuel anglais. Son nom : Channel 4. Ses valeurs : innovation, créativité, expérimentation, originalité, subversion, nouveaux talents. De 1989 à 1999, Clare Kitson dirige le Département Animation de la chaîne. Cet auteur de plusieurs ouvrages spécialisés (Yuri Norstein, Channel 4) était, en février 2009, membre du jury international à Anima.
Channel 4 est née en 1982. Dans quel contexte est-elle apparue ?
Le contexte de sa création est plutôt intéressant. Dans les années 60, des voix radicales se sont fait entendre dans le milieu universitaire. Partout en Angleterre, les gens ont commencé à discuter de l’éventualité d’une chaîne de télévision supplémentaire. Chacun disait qu’il fallait un changement, et qu’une nouvelle chaîne de télévision qui ne soit pas démodée et qui soit de gauche devait voir le jour. Dans les années 60 et 70, il y eut plusieurs tentatives pour que cette idée se concrétise. Mais ce n’est que dans les années 80, en pleine ère Thatcher, que la chaîne s’est constituée. Ironique, n’est-ce pas ?
Quelles étaient les spécificités de cette quatrième chaîne ?
Channel 4 se voulait dès le départ différente des autres chaînes (BBC 1, BBC 2, ITV). Innovation, créativité, expérimentation, originalité, subversion, nouveaux talents … : tels étaient les maîtres mots. Channel 4 a une particularité : c’est une chaîne du service public financée par des fonds privés, dont des publicités. Celles-ci sont gérées par la chaîne commerciale ITV qui est complètement séparée de la chaîne. À l’époque, le marché publicitaire télévisuel était florissant, car seules deux chaînes commerciales se le partageaient. Depuis, cela a fort changé, car la publicité est sur Internet et partout ailleurs, et que les chaînes commerciales se sont multipliées.
À cette époque, regardais-tu aussi la télévision, en te disant que quelque chose devait changer ?
Ces années-là, travaillant au National Film Theatre, je passais mon temps au cinéma. Je n’étais pas trop au courant de ce qui se passait à la télévision, celle-ci était même un peu considérée comme l’œuvre du diable (rires)! Ce n’est que quand la personne en charge de l’animation à Channel 4 est partie en 1989 que j’ai commencé à m’y intéresser. On était plusieurs à briguer le poste. Les autres candidats étaient très spécialisés, soit dans l’expérimental soit dans l’animation populaire, et moi, je n’avais aucune étiquette. Au National Film Theatre, je montrais toutes sortes d’animations (des programmes pour enfants, des films très expérimentaux, des comédies, ….) à toutes sortes de publics. C’est probablement pour cela que j’ai été prise, malgré le fait que je n’avais aucune expérience télévisuelle.
Même si les films d’animation du catalogue de la chaîne sont très différents les uns des autres, ils ont deux points en commun : l’interrogation identitaire et le goût du subversif. Est-ce que ce sont deux éléments essentiels pour Channel 4 ?
Oui. Les travaux les plus intéressants et originaux proviennent de personnes capables d’exprimer leurs sentiments personnels. Les dernières années à Channel 4, je m’intéressais d’ailleurs beaucoup aux documentaires animés, à ces films marqués par la première personne d’une manière ou d’une autre. Quant au subversif, c’est aussi une valeur qui a été importante pour la chaîne, dès sa création. A l’époque, un prix très spécial existait en Angleterre, le “Dick Award”, récompensant les courts métrages les plus controversés, innovants et subversifs. Nous en avons remporté deux : un pour « 15th February » (Tim Webb, 1995), l’autre pour « The Sound of Music » (Phil Mulloy, 1993).
Est-ce que l’animation est considérée par le public anglais comme un programme trop spécifique ?
C’est bien possible. Le court métrage ne récolte pas de très larges audiences et n’est pas non plus un format très populaire. Les personnes intéressées par la culture ont une sorte de liste de référence pour les longs métrages, mais ils vont rarement dire à leurs amis : “as-tu vu ce court métrage-là ?”.
Quelle est la situation actuelle du cinéma d’animation britannique ?
Il y a du positif et du négatif. Le court métrage se porte très bien. Des travaux très surprenants continuent à sortir des écoles et de certains studios, même si ceux-ci ont des motivations très différentes (ils passent des commandes de courts car ils veulent tester des réalisateurs et des idées pour des longs métrages). Par contre, l’Angleterre reste à la traîne en matière de longs métrages par rapport à l’Europe, pour des questions de financements. L’animation rencontre également un gros problème avec les séries pour enfants. Initialement, BBC 1 et ITV commanditaient de telles séries, mais ITV a fermé son Département Jeunesse il y a quelques années, donc il y a clairement un manque dans notre paysage audiovisuel. Enfin, réside le problème de la publicité. Les spots liés à la malbouffe ont été interdits d’antenne pendant les programmes pour enfants, ce qui a été assez dramatique pour les séries pour enfants .
Qu’est-ce qui t’intéresse, finalement, dans le court animé ?
Le court métrage est un moyen d’expression dans lequel on a la possibilité de condenser des choses, et de juxtaposer plusieurs idées, précisément parce que les films sont courts. Ceux qui m’intéressent le plus sont ceux qui comportent une part de mystère, mais qui ne sont pas obscurs au point que je me perde dans leur lecture. Je garde également en mémoire les comédies très habiles, intelligentes, et inattendues. Parfois, les courts combinent ces deux aspects. Mon film préféré de tous les temps n’est autre que « Skazka skazok » (« Le Conte des contes ») de Yuri Norstein, un film merveilleux plein de mystère et d’humour.
Synopsis : Sur une comptine très populaire en Russie, un poète fait vivre les images de souvenirs d’un monde paisible où les hommes et les animaux savaient être ensemble, avant que la guerre n’arrive.
Tout se disloque. Le centre ne peut tenir – The Second Coming, W. B. Yeats
Lauréat du Grand Prix de Tricky Women 2008, du Grand Prix du Festival regard sur le court métrage au Saguney 2008, du Prix spécial du Jury Hiroshima 2008, et de bien d’autres accolades, l’ovni « Don’t Let It All Unravel » a enclenché des applaudissements enthousiastes à Anima.
Le film de Sarah Cox repose sur l’idée de défaire, de démêler, au sens littéral du mot unravel, et sur la découverte, au sens figuré. La réalisatrice britannique a choisi d’animer une tapisserie, en train de se détricoter, représentant des éléments relatifs à la menace écologique actuelle : la Terre, des avions, des ours polaires, des glaciers fondants, … En l’espace de deux minutes, tout tend à se désagréger, pour ne plus tenir qu’à un fil de laine. « Don’t Let It All Unravel » fait aussi référence aux découvertes scientifiques importantes qui mettent en péril l’équilibre de la planète. Le pessimisme est renforcé par l’accompagnement musical, un chant répétitif, aux tonalités tribales africaines, présage d’un avenir morne mais imminent.
« Ne laissons pas notre monde ne tenir qu’à un fil. Raccommodons-le. » : le synopsis du film recommande la sensibilisation et l’action. Curieusement, en anglais, le pitch – « Don’t pull the end of the thread*, darn it! » – contient un jeu de mots supplémentaire. Le verbe darn signifie à la fois repriser un vêtement, et un juron euphémique en allusion à damn (m****). Le film n’est pas anglais pour rien !
Ce très court réussit, malgré son format succinct, à ramener l’art cinématographique au service des considérations sociopolitiques, à la façon du cinéma documentaire, ou des publicités de propagande britanniques, telle la campagne des années cinquante, « Go to work on an egg ». L’animation de Cox témoigne de l’efficacité du soft power dans un domaine où les messages ne sont pas toujours faciles à faire passer, mais nécessitent tout de même une prise de conscience globale et une réaction urgente.« Don’t Let It All Unravel » est une tentative ingénieuse de véhiculer un tel message critique, d’une façon minimaliste, quasiment naïve et véritablement universelle, par la métaphore du tricot.
La huitième édition du festival du court métrage d’Altkirch (Alsace) rebaptisée Kino Knock Out (KKO) Festival aura lieu du 15 au 19 avril prochain. Le thème de cette édition 2009, » Entrer dans l’histoire », associera, en plus de 33 courts métrages projetés en compétition, le souvenir des images, l’identité des hommes, et la mémoire des lieux.
Liste des films en compétition
– Est-ce que tu m’(a)imes de Pierre Loechleiter
– Trompe l’œil de Florent Sawze
– Le secret de Salomon de David Charhon
– La saint Festin de Anne-Laure Daffis et Léo Marchand
– L’homme est le seul oiseau qui porte sa cage de Claude Weiss
– Peau neuve de Clara Elalouf
– La résidence Ylang Ylang de Hachimiya Ahamada
– Petzolds Pfeifen de Olaf Held
– The Big Brother State de David Scharf
– Ultima Ratio de Marc Schleiss
– Der Jäger und der Bär de Joachim Brandenberg
– Golden Guy de Julia Tews
– Tsuribashi de Ulrike Schulz
– La raison de l’autre de Foued Mansour
– Partition oubliée de Teona Grenade
– L’enclave de Jacky Goldberg
– Je criais contre la vie ou pour elle de Vergine Keaton
– Alter ego de Cédric Prevost
– Les mots de Madame Jacquot de Matthias Desmarres
Synopsis : Un enfant réussit à apprivoiser un gros loup blanc pour en faire sa monture. Son petit frère et lui sont ravis. Mais pour nourrir sa famille, le père ramène de la chasse un gibier plus gros que d’habitude, un loup blanc…
Année : 2006
Durée : 8’10″
Pays : France
Réalisation : Pierre-Luc Granjon
Scénario : Pierre-Luc Granjon
Image : Sara Sponga
Montage : Nathalie Pate
Son : Loïc Burkhardt
Musique originale : Timothée Jolly
Voix : Oriane Zani, Louis Sommermeyer, Hélène Ventoura, Sylvain Granjon
Synopsis : Un homme et son fils vivent au sommet d’un pic escarpé. Le seul accès au monde extérieur se fait par un pont ; celui-ci étant détruit, les deux personnages sont entièrement isolés du reste de l’humanité. Le père a veillé à tenir son fils éloigné des réalités du monde des hommes. Mais une nuit, l’enfant aperçoit au loin, en bas de la falaise, une ville dont les lumières brillent. Il devient alors fasciné par cette ville, dont son père veut le préserver à tout prix.
Genre : Animation
Durée : 14’
Pays : Belgique, France
Année : 2007
Réalisation : Vincent Bierrewaerts
Scénario : Vincent Bierrewaerts
Assistant réalisateur : Mehdi Ouahad
Animateur marionnette : Xavier Truchon
Assistant animation : Ronan Cueff
Chef décorateur : Zoé Goetgheluck
Décorateur : Eric Blésin
Accessoiriste : Magali Wassong
Costumière : Jeanne Corbel
Marionnettistes : David Thomasse, David Roussel, Maëlle Bossard, Delphine Priet Mahéo
Infographiste : Julien Leconte
Monteur Image : Nolwenn Jacob
Animateur 2D : Vincent Bierrewaerts
Bruitage : Marie Jeanne Wijckmans
Son : Christian Cartier
Mixage : Michel Coquette
Technique : dessins animés en volume et ordinateur 2D
Production : La Boîte,…Productions, Les Films du Nord, Vivement Lundi !, Digit Anima, Studio Suivez mon regard, CRRAV
Synopsis : Un homme est en prison. Son compagnon de cellule est torturé jusqu’à la mort. Quand ses geôliers viennent le chercher à son tour, il parvient à s’enfuir dans l’enceinte du bâtiment. Geste désespéré car il s’agit d’un vrai labyrinthe. Il échappe pourtant à ses poursuivants jusqu’au toit du bâtiment. Du haut des miradors, un militaire le tient en joue. Là il exprime devant eux toute la mesure de sa liberté.
Genre : Animation
Durée : 10’
Pays : France, Belgique
Année : 2007
Réalisation : Arnaud Demuynck
Scénario : Arnaud Demuynck
Coréalisation – graphisme : Gilles Cuvelier, Gabriel Jacquel
Chorégraphie : Thomas Lebrun
Animation: Gilles Cuvelier, Gabriel Jacquel, Nicolas Liguori, Frits Standaert
Décors : Gilles Cuvelier, Samuel Guénolé
Son : Fred Meert
Musique originale : Falter Bramnk
Chant : Cécile Thircuir
Voix : Thomas Lebrun
Production : La Boîte,…Productions, Les Films du Nord, Digit Anima, Studio Suivez mon regard, Frits GCV, CRRAV
À l’image de ses éditions précédentes, Anima a consacré, cette année, une de ses séances au Cartoon d’Or. Unique prix européen récompensant un court métrage d’animation, il offre au lauréat l’opportunité de se lancer dans un projet plus ambitieux tel un long métrage ou une série télévisée. L’initiative comporte une particularité, mais aussi une limite : seuls les films récompensés dans l’un des principaux festivals européens d’animation peuvent concourir au Cartoon d’Or. Cette année, 5 nominés avaient été retenus, par un jury de réalisateurs, parmi 32 films d’animation primés en festival. Présentation des finalistes.
John and Karen de Matthew Walker (Royaume-Uni)
Épisode 43.762. John, l’ours polaire, n’aurait pas dû remettre en question, la veille, les talents de pêcheuse de Karen, le pingouin. Aujourd’hui, il est venu s’excuser, lui dire qu’elle était une excellente nageuse, et que ce n’était pas important si elle n’arrivait pas à attraper de baleine. Pattes croisées, Karen est contrariée, mais elle offre tout de même du thé et des biscuits à John.
« John and Karen » est né sur une page vierge du carnet de croquis de Matthew Walker. Un ours polaire et un pingouin, assis l’un en face de l’autre, se lancent : « Tu te tais ! », « Non, toi, tu te tais ! ». Le réalisateur, ayant déjà été sensible aux duos (des cosmonautes dans « Astronauts », un homme et Dieu dans « Operator »), a développé une histoire courte délirante autour de ce nouveau couple improbable. L’humour « british » est au rendez-vous, les dialogues sont savoureux, et les biscuits se prennent jusqu’au générique de fin.
Le Pontde Vincent Bierrewaerts (Belgique, France)
Au sommet d’une falaise, vivent, coupés du monde extérieur, un homme, son fils, et quelques animaux de ferme. À l’extrémité de leur terre, se trouve un pont en ruine. Tenant farouchement à leur isolement, le père n’a jamais cherché à réparer la passerelle, et a tenté de préserver, à tout prix, son fils des tentations de l’humanité. Une nuit, l’adulte pointe le ciel et les étoiles, quand tout à coup, l’enfant baisse le regard, et découvre, en bas de la falaise, la ville et les hommes…
« Le Portefeuille », le film précédent de Vincent Bierrewaerts, ancien élève de la Cambre, se basait sur le choix, le double, et la surimpression en couleur. « Le Pont » évoque, quant à lui, le passage à l’âge adulte et la confrontation au monde réel, par le biais d’une animation en volume soignée.
L’Évasionde Arnaud Demuynck (Belgique, France)
Du pain pour deux. Un homme partage sa cellule avec un autre prisonnier. La porte s’ouvre : le codétenu, traîné par des gardiens, est torturé à mort. Ration pour un. La porte s’ouvre à nouveau, l’homme est escorté vers un destin similaire. Il réussit à s’enfuir, et est rattrapé par ses poursuivants. Faisant mine de se rendre, il met un pas devant l’autre, et se met à danser devant les visages fermés et les armes chargées.
Après « Signes de vie » et « À l’ombre du voile », « L’Évasion » clôt la « trilogie chorégraphique » d’Arnaud Demuynck. Ce film de dix minutes, dépourvu de tout dialogue, est une interrogation en noir et blanc sur l’enfermement, l’oppression, le corps, le désespoir, et la liberté.
Le Loup blancde Pierre-Luc Granjon (France)
Arthur et Léo, deux petits garçons éveillés, vivent aux abords d’une forêt, à la fois terrain de jeu et de chasse. Ils s’y aventurent sur leurs chevaux de bois, tandis que leur père y traque des beaux lapins. En jouant, Arthur se retrouve nez à museau avec un loup blanc. Il apprivoise l’animal, en fait sa monture, et se met à rêver de chevauchées intrépides, dans les bois, avec son nouvel ami. En se réveillant, l’enfant découvre que le loup a été capturé par son père.
Dans ses précédents courts métrages (« Petite escapade », « Le château des autres », « L’enfant sans bouche »), Pierre-Luc Granjon s’intéressait déjà aux forêts sombres et aux enfants rêveurs et imaginatifs. Avec « Le Loup blanc », il récupère ces deux idées, et signe un conte atypique en papier découpé, dans lequel il n’y a pas de grand méchant loup, de lapin blanc en redingote et en retard, et de parents rassurants et végétariens.
La Queue de la sourisde Benjamin Renner (France)
Dans une forêt rouge, noire et verte, une souris importune, par inadvertance, un lion. Celui-ci l’attrape par la queue, et ne la montre pas à ses messieurs. Il s’apprête à croquer sa proie quand celle-ci se met à le supplier de l’épargner et lui propose un marché (lui ramener quelque chose de bien meilleur qu’elle-même). Le lion, pas bête, attache un fil à la queue de la souris.
Lauréat du Cartoon d’Or, « La Queue de la souris » est le film de fin d’études de Benjamin Renner, ancien étudiant de La Poudrière. Inspiré des fables de La Fontaine, ce conte très court (4’), conçu en papier découpé, est un film profondément esthétique et drôle, porté par des couleurs, des ombres et une musique envoûtantes.