Concours « 21/12/2012, Le Jour le plus court »

A l’occasion du « Jour le plus court » initié par le CNC le 21 décembre 2012, Court-Circuit propose un nouveau concours de courts métrages ouvert à tout public. La date limite de participation est fixée au 21 octobre 2012.

le-jour-le-plus-court-arte

Télécharger le règlement du concours

Télécharger votre film et votre formulaire d’inscription

Les prix et les partenaires

Premier prix du jury professionnel : achat du court métrage par ARTE France.

Deuxième prix du jury professionnel : achat du court métrage par ARTE France.

Premier prix des internautes :

– bon d’achat de 100 euros à choisir sur arteboutique.com.
– un abonnement d’un an au magazine BREF.

Deuxième prix des internautes

– bon d’achat de 50 euros à choisir sur arteboutique.com.
– un abonnement d’un an au magazine BREF.

Les 5 films nominés aux Cartoon d’Or 2012

Cinq films sont en lice pour le Cartoon d’Or 2012, le prix du meilleur court métrage d’animation européen. La cérémonie de remise de prix aura lieu le 13 septembre 2012 à Toulouse lors du Cartoon Forum, la plate-forme de coproduction pour les séries d’animation.

Les cinq finalistes sont les suivants :

– « Edmond était un âne«  de Franck Dion (France, Canada)

– « Flamingo Pride » de Tomer Eshed (Allemagne)

« Oh Willy… » d’Emma De Swaef & Marc James Roels (Belgique, France, Pays-Bas)

« Tram » de Michaela Pavlatova (France, République tchèque)

– « Zing » de Kyra Buschor & Cynthia Collins (Allemagne)

Le jury du Cartoon d’Or 2012, composé des réalisateurs Alain Gagnol (France), Giuseppe Lagana (Italie) et Esben Toft Jacobsen (Danemark), a sélectionné les cinq finalistes parmi plus de 30 courts métrages. Pour participer au Cartoon d’Or, les films devaient avoir été primés à l’un des grands festivals d’animation européens, partenaires de CARTOON.

La cérémonie de remise de prix, qui se déroulera le 13 septembre au Théâtre national de Toulouse (TNT), débutera par la projection des films devant un public de professionnels de l’animation présents au Cartoon Forum. Le vainqueur remportera un trophée ainsi qu’une aide financière de 10 000 EUR, grâce au soutien du Programme MEDIA de l’Union européenne.

Fais croquer de Yassine Qnia

Yassine, jeune réalisateur, veut tourner un film dans sa ville, à Aubervilliers, avec ses amis. Ceux-ci sont volontaires. Leur façon de s’engager dans le processus du tournage diffère du sien mais Yassine est une forte nature.

Un tournage dans une cité, en banlieue, aujourd’hui. Quatre jeunes Français d’origine arabe et kabyle. Un caméscope numérique qui pourrait avoir été racheté dans une brocante. Celui-ci est accroché au tour du cou du réalisateur, Yassine (alter ego du réalisateur de Fais croquer, Yassine Qnia) avec une bandoulière de marque….Apple. Lorsque Yassine (l’acteur M’Barek Bellkouk, remarquable) rallume son caméscope après avoir donné ses indications, le niveau d’autonomie de la batterie apparaît, à moitié pleine, alors que l’on entend l’ordre de tourner la scène suivante.

Le recours à des zooms, à des cadrages grossiers ainsi qu’au jeu exagéré des comédiens nous poussent à croire qu’on est devant une mauvaise copie de certains films sur la banlieue alors que deux jeunes mettent en boîte leur ami, Mounir, piètre comédien qui sait à peine lire.

Les premières secondes de Fais croquer, déjà lauréat de plusieurs prix dont le Prix Spécial du Public au Festival Côté Court/édition 2012, peuvent tromper. Car très vite, on s’aperçoit que l’on a mal jugé ce film. Son titre est à double sens comme plusieurs de ses scènes. Si l’expression « fais croquer » nous est expliquée par l’amusante évocation de Saint-Denzel Washington (à la troisième minute du film), le réalisateur Yassine Qnia et ses co-scénaristes Carine May, Hakim Zouhani et Mourad Boudaoud sont les grands croqueurs de l’histoire.

En 22 minutes, Fais croquer croque la malbouffe, le surpoids, l’échec scolaire, l’illettrisme, la dyslexie, l’amitié, le racisme, la résignation d’une jeunesse inemployée coexistant en bon voisinage avec la play-station et un petit joint de temps en temps. Et bien davantage…c’est dire l’appétit de ce film et aussi sa nécessité de consistance.

De tels sujets pourraient très vite être déprimants. Mais comme dans toute bonne comédie, Fais croquer dit un certain nombre de vérités avec le sourire. Et ça passe. Nous sommes devant un « film de DJ » où l’image et les dialogues sont l’équivalent d’un vinyle multipistes qu’un DJ prend plaisir à jouer. Les thèmes abordés sont bien dosés, pas de temps mort ou de lourdeur.

fais-croquer-yassine-qnia

Le racisme ? Ici, on fait dans le racisme à rebrousse poil. Yassine refuse un rôle à Rudy (le nouveau Denzel Washington), son pote et voisin…parce qu’il est noir. Il le lui explique avec une sincérité si naïve que cela en est très drôle. Puis, il octroie un rôle à un « Grand Norvégien aux yeux bleus » pour jouer un personnage qui s’appelle…Samir. Et Rudy, toujours dans les parages, saura le lui rappeler, lorsque, sous la pression du groupe, Yassine devra mettre un terme au CDD de quelques minutes attribué au dit « Grand Norvégien ».

Si le film a sa propre tonalité et évite ainsi les secteurs « classiques » tels que l’intrigue amoureuse, le rap, la police, la prison ou la violence, il faut tout de même un peu de vibration sexuelle qui s’avère, là, très hétéro-centrée. Donc cherchez la femme. Il y en a quatre. La mère de Yassine (la vraie mère du réalisateur) qui le surprend en pleine nuit en plein délit de renforcement alimentaire devant le réfrigérateur familial alors qu’il peine à s’endormir. Et les trois comédiennes du casting. L’une permet d’aborder la question du voile et de la religion. L’autre est l’antithèse de cet idéal féminin vanté au cinéma et dans les pubs. Enfin, la dernière est celle qui réveille ce qui reste de mobilisable chez ces jeunes garçons malgré leur désoeuvrement optimal, et ouvre le chapitre de ce qu’est le cinéma responsable selon Qnia. Il n’y a aucune ambiguïté : pour Qnia, une véritable actrice est d’abord celle qui sait jouer et, autant que possible, hors des productions commerciales comme celles soutenues par Luc Besson. Ce parti pris se doit d’être évoqué lorsque l’on a une idée du pouvoir économique et de l’aura de Luc Besson en rapport avec ses projets divers dans le 93 où se déroule l’histoire.

fais-croquer

Et puis, il y a aussi ces deux mômes à la voix grave, deux petits noirs d’une dizaine d’années, parodies de caïds en échec scolaire qui se déplacent en trottinette. Ils veulent aussi en être, du tournage. Comment en-ont-ils entendu parler ? On comprend que tout se sait dans le quartier. Le bon comme le mauvais ; et si pour ces deux petits, l’école semble déjà s’éloigner d’eux, ils ont encore le choix entre l’art et le sport. A condition de pouvoir rêver. Sauf que ce qui les fait rêver, c’est la célébrité et l’immédiateté. Leur face à face avec Yassine qui hèle alors ses amis depuis la rue (lesquels sont occupés à jouer à la play-station) peut encore nous faire rire. Entre Yassine, alors isolé, plus proche du mendiant ou du SDF que du réalisateur prestigieux, et ces deux gosses à trottinette qui s’adressent à lui presque d’égal à égal afin d’obtenir un emploi sur son tournage, difficile de savoir avec certitude lequel est le plus à la rue. Ce qui inquiète déjà néanmoins, c’est que ces deux mômes, aujourd’hui hilarants, pourraient tout aussi bien plus tard entendre parler d’un braquage en préparation et demander de la même façon à en être.

Fais croquer aurait pu être un film dramatique tant nous sommes loin d’un univers avec plages et cocotiers, cocktails et canapés, aux infinies facilités financières et relationnelles. A la place, il nous offre sa jeunesse, son humour et leurs multiples possibilités.

Franck Unimon

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Yassine Qnia

F comme Fais croquer

Fiche technique

Synopsis : Yassine, jeune cinéphile passionné, veut tourner un film dans son quartier. Il souhaite associer ses amis d’enfance à son projet. Mais l’amitié a parfois ses travers….

Genre : Fiction

Durée : 22′

Pays : France

Année : 2011

Réalisation : Yassine Qnia

Scénario : Carine May, Mourad Boudaoud, Yassine Qnia, Hakim Zouhani

Interprétation : M’Barek Bellkouk, Rudolph Mendy, Smaïl Chaalane, Mohamed Farhoud, Mounir Idris

Image : Marianne Tardieu

Son : Clément Maleo

Montage : Linda Attab, Clément Maleo

Production : Nouvelle Toile

Articles associés : la critique du film, l’interview de Yassine Qnia

Short Screens #18 : le court métrage sur grand écran

Séance estivale ce 26 juillet à Short Screens avec sept films d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui! Rendez-vous à l’Actor’s Studio, Bruxelles, à 19h30! PAF 5€

Découvrez la programmation ci-dessous :

Dans le cochon tout est bon d’Iris Alexandre, Belgique / 2011 / Animation / 4’

Du cochon vivant au banquet de cochonnailles, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

The Solitary Life of Cranes d’Eva Weber, Royaume-Uni / 2009 / Documentaire / 27’

Symphonie urbaine et poème visuel, La Vie solitaire des grues explore la face cachée de la ville, ses formes et ses secrets, vus à travers les yeux des grutiers perchés au-dessus de leurs grues.

A Heap of Trouble de Steve Sullivan/Royaume-Uni / 2001 / Fiction / 4’

La tranquillité d’une petite ville de province est soudainement perturbée.

Andong de Rommel Milo Tolentino, Philipines / 2008 / Fiction / 20’

Hanté par une idée fixe, un garçon de six ans, pris entre sa mère et son petit frère, découvre la vraie valeur de vingt pesos durement gagnés.

Zeitriss de Quimu Casalprim i Suárez, Allemagne / 2009 / Fiction expérimentale / 11’

zeitriss6

Dans le salon, la femme est assise à côté de l’homme et ne dit rien.
C’est la fin, et en même temps cela marque le début d’une transformation de la suite logique des événements.

Saute ma ville de Chantal Akerman /Belgique / 1968 / Expérimental / 13’

Une jeune fille rentre joyeuse chez elle. Elle s’enferme dans sa cuisine et détraque le monde ménager.

Music For One Apartment and Six Drummers de Ola Simonsson, Johannes Starjne Nilsson, Suède / 2002 / Fiction / 10’

Six musiciens profitent du départ d’un couple de personnes âgées pour investir leur appartement et donner à partir de simples objets, un concert.

18ème Festival de courts métrages de Louvain : appel à films

L’équipe de l’International Short Film Festival Leuven prépare une nouvelle édition, du 1er au 8 décembre 2012, au Arts Center STUK et au Cinema ZED à Louvain en Belgique. Le programme comprend plus de 120 séances, réparties en 5 catégories différentes : fiction, animation, clips, documentaires, films non-narratifs. Chaque année, le festival accueille quelques 280 courts métrages du monde entier. Ces jours-ci, il lance son appel à films pour la compétition européenne ainsi que pour les sélections hors compétition.

Compétition européenne 2012

Concerne les films de fiction uniquement. Seront décernés le Prix ​​du Jury pour le meilleur court métrage (2.000 euros) et Prix du Public du meilleur court métrage (1.500 euros).

Conditions d’accès :
-Durée : max. 40 min
– Terminé après le 1er Janvier 2011
Production majoritaire européenne
Date limite d’inscription : 1er Août 2012

Compétition flamande 2012

Seront décernés le Prix du Jury pour le meilleur court métrage, le Prix du Public du Meilleur Court Métrage, le Prix des Meilleurs Débuts, le Prix du meilleur film d’animation, le Prix de la meilleure vidéo musicale

Conditions d’accès :
– Durée : max. 40 min
– Terminés après le 1er octobre 2011
– Production majoritaire flamande
– Date limite d’inscription : 28 Septembre 2012

Compilations internationales non compétitives 2012

Comprend le Labo (courts métrages et vidéos non-narratives), courts métrages d’animation pour enfants et courts métrages d’animation pour adultes

– Seule condition d’entrée : durée max. 40 min
– Date limite d’inscription : 1er Août 2012

Pour plus d’infos, consultez le site web du festival.

Yeguas y cotorras de Natalia Garagiola

Natalia Garagiola, jeune réalisatrice argentine, était à Cannes cette année pour présenter son deuxième court métrage, « Yeguas y cotorras », un film intime et sensible, lors de la 52e Semaine de la Critique.

Derrière ce titre un peu étrange qui signifie littéralement « Juments et perruches », on retrouve les deux moments forts qui marquent le film, la scène d’exposition et le retournement final : le début où l’on découvre Delfina, une jeune femme au physique angélique qui s’en prend violemment à des perruches, juste à cause du bruit qui la dérange; puis, le climax du film où trois jeunes filles évoquent un souvenir d’enfance marqué par une jument, lequel réveille chez elles, de vieilles rancunes et disputes..

« Yeguas y cotorras » relate l’histoire de trois meilleures amies qui se retrouvent la veille du mariage de l’une d’elles, Delfina, dans sa maison de campagne familiale. Là, les trois jeunes filles partagent leurs doutes, leurs souvenirs, leur affection mais aussi leur rancœur, le tout dans un climat qui mêle violence, sensualité et tendresse.

Elles sont jeunes, belles, riches et ont apparemment tout pour être heureuses. Pourtant, leur bonheur apparaît comme superficiel car elles sont en réalité victimes de leur condition de petites filles privilégiées, avec le devoir, voire l’obligation de suivre les règles qu’on leur impose. Elles subissent alors cet enfermement social, sans avoir ni la force, ni le courage d’y renoncer. Seule l’une d’elles, Ana, semble résister au moule dans lequel on veut la faire rentrer. Seulement sa différence attise les jalousies et fait naître des rivalités, puisqu’elle représente en quelques sortes, cette part obscure et indisciplinée, qu’envient les deux autres.

yeguas-y-cotorras

Cliquer sur l’image pour voir le film

Sur le plan formel, Natalia Garagiola suit ses trois héroïnes à travers des tableaux en enfilade à travers les différentes pièces de la maison qu’elle filme, un peu à la manière d’un Lars Von Trier dans Melancholia observant les préoccupations de petites filles riches dans le décor aisé d’une immense maison. Quant à l’esthétique du film, on comparera le travail si féminin de Natalia Garagiola à celui de Sofia Coppola. Non seulement les comédiennes argentines auraient pu sortir tout droit de Virgin Suicide, tant physiquement par leur blondeur et leur beauté, que moralement par leur fragilité alliée à leur force intérieure. La manière de filmer rappelle également le travail de la réalisatrice américaine : les cadres touchent à l’intimité des personnages et l’image léchée, légèrement surexposée avec un petit grain visible, offre toute la sensibilité et la matière aux personnages.

On aurait pu considérer ce film comme une simple contemplation des petits problèmes de riches cohabitant avec l’opulence et la splendeur, mais détrompons-nous : nous avons bel et bien affaire à un film social qui pointe du doigt un réel malaise ; celui de l’enfermement et le fait d’en être victime ad vitam æternam.

Camille Monin

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Natalia Garagiola

Demain, 64ème apéro-projo/Soirée Geek

Festival permanent et rencontres du cinéma émergent, les Apéros-Projos vous confrontent le 1er vendredi du mois à un panel éclectique de nouveaux talents. Vendredi 07 juillet, Collectif Prod vous invite à découvrir les nouveaux maîtres du monde, à partir de 20h au Café de Paris, en présence des réalisateurs.

Au programme

21H (1ère partie) GEEKS

CONFESSIONS D’UN RETRO-GEEK de Sébastien Chantal (comédie – 6min50 – 2011 – ESAV) : Le Rétro-Geek est seul pour la Saint-Valentin. Après avoir dégusté un plat de sushis en forme de cœurs, il prépare sa pendaison. Quelles circonstances ont bien pu le conduire à cette terrible décision ?

LES FILLES SONT NULLES AUX JEUX VIDEOS de Stéphanie Mercier (animation – 2min28 – 2010 – Gobelins) : Une femme en compétition dans son travail avec ses collègues mâles se retrouve pénalisée en oubliant de prendre la pilule.

LE TOCARD DE LA FAC de Rodolphe Pauly (comédie – 14min16 – 2010 – Oscar & Rosalie et Les Films du Bois Sacré) : Brad est un nerd. Sujet des moqueries à la fac et sans succès auprès des filles…

SUPER GLENN FIGHTER GOULD de Olivier et Vincent Kimyon (mash up/expérimental – 3min41 – 2011 – autoproduction/Mutatis Mutandis) : Certains jeux vidéo sont un nouveau terrain dans le dépassement de soi. À la manière d’un sport, des individus se confrontent à eux-mêmes et aux autres. Mais ici, seulement la dextérité des mains est en jeu. Le corps s’efface au profit de l’activité mentale, tout le possible du «je» se concentre dans la main.

SPUF de Jérémie Périn (animation – 4min32 – 2009 – autoproduction) : Un lapin en pleine crise œdipienne (pilote de série).

LOSE ACTUALLY de Daniel Brunet et Liam Engle (comédie – 7min07 – 2011 – Black Bird Productions et La Machine à Ecrire) :
Samedi soir. Bob voulait juste rester chez lui, mais son pote Darius le traîne à une soirée. Toutes les excuses sont bonnes pour ne pas y aller…

mario

23H (2ème partie) EMERGENCES

CAN SKILLZ de Vincent Gatinaud (comédie/action – 6min36 – 2012 – France)

Avec Alex Vu, Constance Pizon, Gary Cothenet, KefiAbrikh, Clément Huet, Vincent Gatinaud : L’abus de « pouvoir » est dangereux pour la santé. Un jeune homme découvre qu’il a une capacité hors du commun. Son sentiment de puissance va rapidement le pousser à s’interroger sur les limites qu’il doit s’imposer… ou pas!

2 PAS SAGES de Rose-Marie Garcia Campos (drame – 14min07 – 2012 – Agneau. Production – France) : Suite à l’intervention de la police auprès des sans-papiers dans l’école de Silvia, Téodora et sa fille prennent la fuite. Cherchant un refuge, elles pénètrent dans des appartements d’inconnus…

MURS BLANCS, PEUPLE MUET de Dounia Georgeon (documentaire engagé – 15min45 – 2011 – France/Tunisie) : Au coeur de la Tunisie après la révolution, trois graffeurs, Moeen, Ismat et Hafedh, font désormais entendre leurs voix, armés de leurs bombes de peinture.

21 MARS de Roshanak Roshan (documentaire/animation – 9min – 2009 – ESAV) : « Norouz » est le nouvel an iranien qui a lieu le 21 mars de chaque année. La tradition majeure de « Norouz » est la nappe du « Haft sin »qui contient sept ingrédients spécifiques et symboliques, dont le nom commence par la lettre « S » en persan. Sur cette nappe, il existe également un poisson rouge. Le petit poisson rouge dit toujours son souhait mais personne ne le connait sauf mon doigt qui va vous raconter l’histoire du petit poisson rouge le « 21 Mars ».

QUAND HARRY RENCONTRE SALEM de Maxime Delayat (comédie légère – 10min26 – 2012 – 2euxièmeActe) : Sur son lit d’hôpital, un patient attend une greffe de coeur. Il faut agir vite. Harry doit se battre contre la montre pour livrer le coeur d’un donneur à temps. Mais c’est sans compter sur Salem qui, quant à lui, doit livrer des sushis.

POUR EN FINIR AVEC L’ECOLE… de Yoann Stehr (comédie/animation – 9min19 – 2012 – La Cambre – Belgique) : Ce film s’adresse particulièrement aux ratés, aux timides, aux obsédés, à tous les électeurs, à tous les militants, à tous les dégénérés, artistes, cultivistes et marchands, à tous les animateurs, professeurs, instituteurs et autres emmerdeurs, à tous ceux qui ont honte de se masturber, à Monsieur le Ministre de l’Educastration Nationale, aux pédachiottes, à Maman…

Infos

Vendredi 6/7 à partir de 20H. Entrée libre

Café de Paris : 158 rue Oberkampf – Métro Ménilmontant

Programmation : diffusion@collectifprod.net
Page Fan Facebook : ici.

Le jour le plus court, lancement de la deuxième édition

En miroir du solstice d’été consacré à la musique, Le jour le plus Court revient cette année en célébrant le film court le 21 décembre prochain.

Pour sa première année d’existence, en 2011, Le jour le plus Court a rencontré un véritable succès : plus de deux millions de personnes ont fêté le film court dans 350 villes de France.

Ouverte à tous et totalement libre dans sa forme, Le jour le plus Court est une fête dont vous pouvez vous emparer pour organiser des événements autour du court métrage. Car l’idée est aussi de créer un espace de rencontre et de partage dans une ambiance ludique et joyeuse, en accompagnant les projections d’happenings festifs et créatifs. Toutes les idées, toutes les volontés, même les plus originales, sont les bienvenues !

Vous pouvez organiser des événements dans tous les lieux et sur tous les écrans : cinémas, télévisions, internet mais aussi entreprises, usines, lieux alternatifs, établissements scolaires, centres de loisirs, maisons de retraite, hôpitaux, places publiques, gares, aéroports, musées, théâtres, centres culturels, médiathèques, restaurants, bars, centres pénitenciers, galeries d’art… ou commerciales, etc.

Vous êtes totalement libres de programmer les films de votre choix : professionnels, amateurs, autoproduits, vos coups de cœur, valoriser la production de votre région, mettre en lumière de nouveaux talents, tout est permis dans le respect du droit d’auteur et de conditions optimales de projection.

Pour vous aider, l’Agence du court métrage met à votre disposition un catalogue de 250 films, de tous les genres et de toutes les durées, dont les droits ont été acquis par le CNC pour le 21 décembre 2012.

Le site de la manifestation : www.lejourlepluscourt.com

Les Condiments Irréguliers de Adrien Beau

Deuxième court métrage d’Adrien Beau après l’onirique et envoûtant « La Petite Sirène », « Les Condiments Irréguliers », produit par Love Streams et Agnès B. Productions, est très librement inspiré par la vie de Marie Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers, accusée au 17ème siècle de crime de fratricide par empoisonnement et exécutée, puis brûlée en place publique. Présenté en compétition à la dernière édition de Côté Court, « Les Condiments Irréguliers », de par son originalité et sa radicalité, dynamite le paysage actuel du court métrage français.

Film léché et élégant, à l’esthétique très travaillée, que ce soit dans le soin apporté aux costumes, à la décoration, mais aussi dans l’utilisation délicate et sensible de la lumière, « Les Condiments Irréguliers » est une oeuvre d’une beauté rare, qui marie allègrement humour sardonique et émotion à fleur de peau. Sublimé par la musique prégnante de Vincent Dumestre et Jordi Savall, ce film sans dialogue imprime longtemps la rétine et l’imaginaire de son spectateur.

Découpé en cinq grands actes, le récit évolue linéairement comme un grand poème morbide et ironique retraçant le funeste destin de la Marquise de Brinvilliers. Des faits historiques connus, Adrien Beau ne garde qu’une simple trame narrative et structurelle, plus intéressé par l’idée de proposer sa lecture personnelle des événements et de dégager une thématique et des obsessions qui lui sont chères.

Dans le premier acte, intitulé Exposition, des servantes viennent réveiller la Marquise et l’aider à s’habiller pour la rendre présentable pour la journée à venir. Cette dernière, émergeant d’un sommeil lourd, apparaît comme une marionnette sans vie, morne et triste, se laissant engoncer dans un habit-prison et dans des conventions routinières pesantes. On sent le personnage à l’étroit, en décalage total avec cet univers fade, ayant bien du mal à suivre le mouvement général.

Dès cette première scène, le réalisateur introduit un élément capital du récit, à savoir le poison dit de la mort aux rats. En effet, une des servantes s’accroupit pour ramasser le corps inanimé d’un rongeur sur le sol et en profite pour remettre quelques gouttes de ce poison sur un bout de nourriture. En associant cette action à l’état apathique de la Marquise, le réalisateur ouvre un champ de réflexion thématique et narratif pour la suite. L’entourage de l’héroïne nous est également présenté, à savoir une galerie de personnages fardés et plein de manies, que ce soit un curé subordonné à ses propres pratiques religieuses, un mari renfrogné, mangeant, sans une parole, à l’autre bout de la table, ou encore sa laide progéniture avec laquelle elle n’entretient que peu de rapport, laissant une gouvernante s’en occuper à sa place. Tous ces personnages répondent à des critères sociaux et religieux qui étouffent la Marquise et la retiennent en captivité.

les-condiments-irreguliers-adrien-beau2

Dans le second acte, intitulé Evolution, la Marquise, voulant en finir avec cet état de non-vie, décide de tester le poison de la mort aux rats sur une servante, de manière plutôt innocente, comme une enfant. La servante avalant le verre sans se poser trop de questions est prise de convulsions et commence à danser de manière étrange, incontrolée, comme si elle était délivrée de sa condition, alors qu’elle s’approche inexorablement de la mort. Emerveillée par ce « spectacle », la Marquise est prise d’une passion irréfléchie pour l’empoisonnement et s’enferme dans sa chambre pour jeter des notes par écrit toute la nuit. En parallèle, elle commence à coudre un morceau de tissu rouge qui tranche avec le gris des vêtements qu’elle portait jusqu’alors.

S’ensuit un troisième acte, Péripéties, qui va voir notre héroïne s’en prendre à son mari, en empoisonnant sa soupe. Alors que celui-ci tente dans un ultime soubresaut de s’en prendre à elle et lui crache une gerbe de sang très rouge qui fraye avec ses habits gris, cette dernière semble satisfaite du spectacle qui lui est donné de voir. Elle reprend vie à mesure que les gens meurent autour d’elle. Elle ne se déplace plus avachie, mais évolue avec légèreté. A l’enterrement de son époux, elle n’est pas prostrée comme tous les autres, elle continue plutôt de coudre son « linceul » rouge, galvanisée.

Le quatrième acte, Catastrophe, décrit la plongée vertigineuse de la Marquise dans la folie créatrice. Après avoir commandé plusieurs fioles pour parfaire son « art » de l’empoisonnement, elle s’en sert sur sa propre fille en lui donnant un biscuit empoisonné pendant que celle-ci joue à la balançoire. Alors que le corps de la petite fille gît dans la neige, elle repart, le pas léger. L’entourage de la Marquise commence à prendre réellement peur, alors que de son point de vue à elle, tout cela n’est qu’amusement artistique. Le réalisateur convoque ici tout un pan de la cruauté des contes et glisse lentement vers la poésie noire et morbide.

A l’enterrement de sa fille, elle s’introduit dans la « maison de Dieu » de manière violente, jetant une lumière aveuglante sur tout ce petit monde, et leur donnant à tous des tartes empoisonnées. C’est son acte de création final, l’accomplissement de son oeuvre. Au cours de la séance d’écriture virevoltante qui suit, elle finit de jeter sur papier sa confession, devant les yeux horrifiés de sa fidèle servante. Cette dernière ramène une patrouille de mousquetaires à la demeure, mais la Marquise ne leur oppose aucune résistance, prête à affronter n’importe quel jugement.

les-condiments-irreguliers-adrien-beau11

Le dernier acte, Dénouement, montre comment la Marquise se retrouve rattrapée par la vie sociale. Alors qu’elle est conduite à un gibet de potence pour être brûlée, on la découvre vêtue de ce fameux habit rouge qu’elle s’est confectionné, sorte de costume de scène détonnant, plein de vie, et qui l’aide à se donner en spectacle. Heureuse mais à deux doigts de craquer, elle offre une danse aux paysans qui assistent à l’exécution. Une seule personne parmi l’assemblée comprend ce geste et l’applaudit, c’est sa servante, postée en retrait, une fleur blanche à la main, qu’elle jette en larmes au bûcher. Cette dernière quitte alors la « scène de représentation » et s’éloigne vers un chemin ouvert et lumineux.

A travers cette histoire, Adrien Beau semble parler du rapport qu’il entretient avec la création artistique. Pour lui, la Marquise est une femme qui s’ennuie, étouffée par un quotidien trop vide. Elle a besoin de se sentir vivre, et pour cela, elle se doit de détruire les autres. La destruction appréhendée comme acte créatif : après chaque meurtre, la Marquise, prise de frénésie, se met à coudre ou à écrire. Elle existe enfin, elle n’a plus peur de disparaître sans rien avoir fait ou accompli, comme le demande si bien le dernier panneau du film : « Que diras-tu à Dieu, au récit de ta vie, Si le Vieil Homme dort ? S’il baille ? S’il s’ennuie ? « .

Ce film agit comme une profession de foi de l’auteur, il nous demande de ne pas obéir à une routine toute tracée, à une vie morne et sociétale, mais de se perdre dans la création, quitte à ce qu’elle détruise notre entourage ou nous-même. La Marquise apparaît comme la voix de l’auteur, dans le sens que c’est la voie qu’il défend et le chemin qu’il a choisi, coûte que coûte. La fidèle servante figure le spectateur, tout d’abord docile et obéissant, puis effrayé par l’ignominie perpétrée, et enfin compréhensif et sur le chemin de la libération grâce à la représentation finale. Comme son titre l’indique, « Les Condiments Irréguliers » est un film qui propose de relever le goût indolore de notre vie si conforme avec quelques « irrégularités » artistiques, quelques bouts de liberté en somme.

Julien Savès

Consulter la fiche technique du film

C comme Les Condiments Irréguliers

Fiche technique

Synopsis : « Les Condiments Irréguliers » est très librement inspiré de la vie de la marquise de Brinvilliers (1630-1676). Voulant mettre fin à ses jours en s’empoisonnant avec de la mort aux rats, la marquise décide de tester celle-ci sur l’une de ses servantes. Elle se découvre alors une passion pour l’empoisonnement, qu’elle envisage comme un art. Elle tue tour à tour son époux, sa fille et des personnes de son entourage, accomplissant ainsi l’œuvre de sa vie avant de finir sur le bûcher.

Genre : Fiction

Durée : 30′

Pays : France

Année : 2011

Réalisation : Adrien Beau

Scénario : Adrien Beau

Image : Antoine Aybes-Gille

Montage : Alan Jobart

Son : Jimmy Sert et Matthieu Langlet

Décors : Thomas Kertudo

Costumes : Anne Blanchard

Musique : Vincent Dumestre et Jordi Savall

Interprétation : Mélodie Richard, Erwan Ribard, Coline Veith, Anne Blanchard, Agathe Cury

Production : Love Streams et Agnès B. Productions

Article associé : la critique du film

I comme Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution / Masao Adachi

Fiche technique

Synopsis : En réponse à la série magnifique d’André S. Labarthe et Janine Bazin, « Cinéastes de notre temps », la nôtre veut rendre hommage aux cinéastes connus et inconnus qui ont participé, avec des fusils, des caméras ou les deux simultanément, aux luttes de résistance et de libération tout au long du XXe siècle. Auteurs impavides et souvent héroïques, exemples de pertinence et de courage grâce auxquels le cinéma tutoie l’histoire collective, les cinéastes des luttes de libération, aux trajets souvent romanesques, sont aussi ceux qui ont le plus encouru la censure, la prison, la mort et aujourd’hui, l’oubli.

Genre : documentaire

Durée : 74′

Année : 2011

Pays : France

Réalisation : Philippe Grandrieux

Image : Philippe Grandrieux

Montage : Philippe Grandrieux

Son : Philippe Grandrieux

Production : Epileptic

Article associé : la critique du film

Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution – Masao Adachi de Philippe Grandrieux

« « Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution » veut rendre hommage aux cinéastes connus et inconnus qui ont participé, avec des fusils, des caméras ou les deux simultanément, aux luttes de résistance et de libération tout au long du 20ème siècle. Auteurs impavides et souvent héroïques, exemples de pertinence et de courage grâce auxquels le cinéma tutoie l’histoire collective, les cinéastes des luttes de libération, aux trajets souvent romanesques, sont aussi ceux qui ont le plus encouru la censure, la prison, la mort et aujourd’hui, l’oubli. » – Nicole Brenez (co-directrice de la collection « Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution », produite par Epileptic)

il-se-peut

Un portrait réfléchissant

La voix éraillée de Masao Adachi nous accueille dans une étrange pénombre. Il nous chuchote à l’oreille ses questionnements, ses réflexions. Dès les premiers instants du film,récompensé du Grand Prix Expérimental–Essai–Art vidéo au Festival Côté Court 2012, le réalisateur Philippe Grandrieux se joue des règles officieuses du  »film-portrait » qui font la part belle aux questions-réponses. Il prend le parti de conserver dans le montage final de ce film toute une série d’indices qui auraient pu discréditer le propos de Masao Adachi et déstabiliser l’équilibre du film lui-même, notamment lorsque, à la fin du monologue, il se demande : « Enfin tout cela, ce sont des paroles en l’air. Vous ne pensez pas ?… ». Ici, le réalisateur laisse librement s’exprimer, hésiter, répéter, se contredire l’homme avec qui il est venu échanger, sans jamais l’interrompre. Et c’est là tout l’intérêt de ce film qui ne cherche pas à établir un inventaire du travail de l’artiste, mais qui préfère plutôt nous proposer d’être les témoins du bouillonnement de ses méditations ontologiques.

Connu pour sa collaboration comme scénariste avec Nagisa Ôshima («Le retour des trois ivrognes », «Journal d’un voleur de Shinjuku ») et surtout avec Koji Wakamatsu («Quand l’embryon part braconner », « Les anges violés », etc..), Masao Adachi a également réalisé plus d’une dizaine de films indépendants empreint de ferveur révolutionnaire. Principalement actif dans les années 60 et 70, il finit par s’engager dans l’Armée Rouge japonaise pour rejoindre le maquis en Palestine et au Liban pendant près de 30 ans. A plus de 70 ans, il revient en 2007 au cinéma avec « Prisonnier – Terroriste » et démontre qu’il n’a toujours pas perdu cette flamme qui l’a toujours habité.

Passé devant la caméra, Masao Adachi se livre ici à un examen de conscience sans aucune complaisance, poussant la sincérité jusqu’à remettre en cause ses propres convictions. Le discours sans faux semblants du vieil homme fait mouche (« On m’a souvent demandé pourquoi je faisais la révolution. Je veux toujours faire la Révolution sans savoir ce qu’est la Révolution. Donc je voulais faire quelque chose que je ne comprenais pas… »). Philippe Grandrieux se fait écho de cette parole. Les deux cinéastes construisent ensemble un dialogue à bâtons rompus où chacun tend le miroir à l’autre.

La complémentarité des deux réalisateurs permet de donner au film une cohérence surprenante tant au niveau du fond que de la forme. Cherchant à s’affranchir des lieux commun et de la sempiternelle frontière théorique entre documentaire et fiction, le film parvient à réconcilier les deux concepts pour proposer un véritable manifeste de cinéma (« Ce n’est pas la peine d’enfermer nos pensées dans une forme »).

Les deux cinéastes cheminent alors de concert dans leur réflexion sur l’engagement, le cinéma et sa perception, tandis qu’au fil du temps, l’image se fait plus nette, plus lumineuse et le son devient direct. Ce dispositif est remarquable a double titre : il offre au spectateur une immersion dans les méandres des pensées de Masao Adachi et confère à son propos une grande vivacité de par les choix de cadrage, de lumière et de musique. A la fois réalisateur, scénariste, chef opérateur, ingénieur du son et monteur, Philippe Grandrieux est intervenu à chacune des étapes créatrices de ce film, façonnant ainsi une œuvre à la fois singulière, instinctive et hypnotique. Par la même, il poursuit le travail entrepris avec ses trois premières fictions : « Sombre » (1998), « Une Vie Nouvelle » (2002) et « Un Lac » (2008) où il avait déjà commencé à expérimenter ce cadre flottant et instinctif, cette image obscure et nuancée, et ce montage qui installe une atmosphère propice à la méditation et aux réminiscences qui lui permet de laisser ainsi entrouvertes les portes de la perception.

Julien Beaunay

Consultez la fiche technique du film

Côté Court 2012

cote-court

En juin, le festival Côté Court est entré dans une nouvelle décennie avec une vingt-et-unième édition. A Pantin, les spectateurs ont pu assister à des performances, des rencontres et des cartes blanches concoctées (entre autres) par Nicole Brenez, Jean-Claude Taki, Isabelle et Jean-Conrad Lemaître, Apichatpong Weerasethakul, Marylène Negro, Christophe Chassol, Jean-Marc Chapoulie… Avec une nouveauté, cette année : la mise en place de résidences à destination de cinéastes documentaristes pour le montage de leur film à travers le soutien à l’association Périphérie.

Découvrez dans ce focus :

l’interview de Yassine Qnia, réalisateur de « Fais Croquer »

la critique de « Fais Croquer » de Yassine Qnia

la critique des « Condiments Irréguliers » de Adrien Beau

– Palmarès & reprise des films primés du festival Côté court

Natalia Garagiola : « Sofia Coppola possède un univers très féminin qui a beaucoup d’impact sur moi »

Natalia Garagiola, petit bout de femme argentine, est venue pour la première fois cette année au Festival de Cannes afin d’y présenter, en compagnie de ses deux producteurs, son film « Yeguas y cotorras » sélectionné à la 52ème Semaine de la Critique. Sous sa carapace, la jeune réalisatrice semble finalement assez fragile et un peu perdue au cœur du plus grand festival de cinéma au monde. Lors d’une brève interview (d’autres, nombreux, attendent leur tour), elle nous a livré des clefs pour mieux comprendre son film, évoquant les conflits féminins au sein de la jeune aristocratie de Buenos Aires.

natalia-garagiola

© CM

Ton film « Yeguas y cotorras » a été sélectionné à la Semaine de la Critique. Comment as-tu pris la nouvelle ?

Dans un premier temps, j’ai bien sûr été très heureuse; puis j’ai eu un peu peur car je sais qu’à Cannes, le niveau est très exigeant. Je ne savais pas avec qui j’allais concourir, ni à qui j’allais présenter mon travail au festival. Mais au final tout de même, j’étais, et je suis, très contente. Qui plus est, j’ai vu ensuite le programme avec les autres films et ça m’a tranquillisée.

Le film traite de trois jeunes filles, trois meilleures amies et de leurs questionnements autour de la vie de femme en particulier. Ton premier film, « Rincon de Lopez », tournait autour de trois petites filles. Comment expliques-tu cet attrait pour un univers si féminin ?

En réalité, c’est un univers dans lequel je me sens à l’aise. Cela me vient du passé. Dans mon lycée, il n’y avait quasiment que des garçons, tandis que je suis allée dans un collège composé uniquement de filles. J’ai donc pu analyser les relations depuis divers points de vue : celui des filles entre elles, et celui des filles face aux garçons. J’aime sentir cette attraction sexuelle qu’il y a entre les filles et les garçons, de la même manière que j’apprécie observer les liens entre les filles. Il y a bien évidemment une différence relationnelle entre les hommes et les femmes qui m’intéresse beaucoup.

Dans ton court métrage, tu évoques l’enfermement, la fin de la liberté, pour l’une des jeunes filles qui va se marier et l’autre qui est enceinte. Seule celle qui ne rentre pas dans ce schéma semble être libre. Doit-on y voir un rapport avec la condition féminine en Argentine ?

Oui et non en fait. Disons que selon moi, ça vient plus volontiers du contexte social et non pas du genre ou de la culture. Ici, bien entendu, on peut y voir une question de genre puisqu’il n’y a que des femmes à l’écran, ici en Argentine, mais en réalité, je ne pense pas que les femmes en Argentine souffrent d’un machisme plus important qu’ailleurs. Dans ce cas, l’enfermement est beaucoup plus dû à la classe sociale. Je souhaitais montrer comment, dans certaines familles conventionnelles et traditionnelles, il y a des règles à suivre. J’aurais tout à fait pu évoquer ce thème des classes sociales avec des hommes, mais j’ai juste préféré traiter ça ici, du point de vue féminin. Et si on se penche vraiment sur le film, on s’aperçoit que le personnage d’Alvaro va aussi se marier avec une personne qu’il n’aime pas. Ces personnages savent qu’ils doivent faire certaines choses et ils se posent à peine de questions car ils savent que c’est un passage obligé. Ils sont angoissés, certes, mais jamais ils ne s’imaginent pouvoir dire « non » ou renoncer car ils occupent tous des rôles assumés. Ce sont généralement des personnes assez mal élevées qui passent leur temps à dire et à faire ce dont elles ont envie sans vraiment se soucier des autres, et pourtant, sont-elles plus heureuses que les autres ? Il est vrai que c’est univers-là me fascine, et d’autant plus que j’ai fait des études de cinéma avec des gens issus de classes privilégiées que j’ai pu observer à loisir.

yeguas-y-cotorras1

À propos de cinéma, as-tu des références de réalisateurs sur lesquels s’appuie ton travail ?

Oui et non. J’en ai certainement mais je n’ai pas cherché à en avoir avec ce court métrage en réalité.

Peut-on se permettre de comparer ton travail à celui de Sofia Coppola ?

Oui, on m’a déjà dit qu’il y avait des similitudes avec ses films et son univers, surtout et justement pour les niveaux sociaux qu’elle traite elle aussi. J’aime énormément ce qu’elle fait et il est vrai qu’elle possède également un univers très féminin qui a beaucoup d’impact sur moi. Dans mon film, on retrouve un peu les mêmes décors chics ainsi que des personnages féminins, toutes les trois très beaux. En effet, d’autres me l’ont déjà fait remarquer, mais je ne sais pas si j’ai cherché à m’y référer consciemment.

Ces trois actrices si belles justement, tu avais déjà pensé à elles avant de faire le film ?

Disons que je suis assez instinctive avec ça. En réalité, j’ai terminé le scénario en sept mois, plus ou moins et au début de l’écriture, je souhaitais travailler avec des comédiennes très expérimentées. Puis, au fil de l’écriture, j’ai eu envie d’actrices peut-être moins connues, mais avec qui on vivrait une réelle expérience et qui conviendraient par conséquent plus à ce que je faisais. Et au final, entre une chose et l’autre, j’ai fini par chercher dans un registre de comédiennes semi-professionnelles. Si bien qu’on obtient la présence de Julia Martínez Rubio, interprétant Delfina et étant expérimentée et les deux autres comédiennes, un peu plus débutantes. En fait, Guillermina Pico est réalisatrice et pour la première fois, ou presque, elle est passée devant la caméra. Je la connaissais d’un autre contexte et je pensais qu’elle conviendrait bien au rôle. Elle a lu le scénario et ça lui a plu. À elles trois, elles ont réussi à donner la fraîcheur que je souhaitais pour le film, à la fois structurée et moins structurée.

Si je te cite le film « Abrir puertas y ventanas » de Milagros Mumenthaler, ça te dit quelque chose ? Que penses-tu du travail de cette réalisatrice, également argentine ?

On m’a beaucoup parlé de ce film également, mais je ne l’ai pas encore vu. Et il est vrai qu’apparemment, on peut comparer mon travail au sien puisqu’il s’agit encore une fois de questions de femmes, ici de trois sœurs, d’une classe sociale élevée, à cheval entre les conventions qu’elles doivent suivre et ce qu’elles ont réellement envie de faire. A l’identique, elles se retrouvent seules, dans une grande maison familiale.

yeguas-y-cotorras

Cliquer sur l’image pour voir le film

La maison où l’intrigue a lieu est imposante, belle et chic, un temps soit peu d’un style colonial. Comment as-tu trouvé ce décor idéal ?

On a tourné dans la maison de famille d’un des producteurs, dans les alentours de Buenos Aires. Il vient d’une grande famille, assez privilégiée et cette maison leur appartient depuis plusieurs générations. C’était idyllique car la maison est énorme, si bien qu’on disposait de tout l’espace nécessaire non seulement au tournage, mais aussi aux besoins du tournage. Je ne sais pas si les personnes qui y résidaient étaient très friandes qu’il y ait un tournage dans leur maison, mais on a tâché de prendre beaucoup de précautions en étant sur place.

Combien de jours a duré le tournage ?

Pour toutes les scènes dans la maison, le tournage a duré cinq jours ; après, il y a eu un jour supplémentaire pour tourner dans un champ assez proche de Buenos Aires.

Peux-tu nous expliquer le choix de ton titre qui, littéralement en français, signifie « Juments et perruches » ?

Il reprend les deux moments forts et centraux du film, c’est-à-dire la scène du début durant laquelle Delfina chasse des perruches de manière assez violente et sauvage alors qu’elle appartient à une famille conventionnelle. Cela représente un aspect assez névrosé qu’elle porte en elle à cause du bruit provoqué par ces perruches qui l’insupporte sans qu’elle sache réellement pourquoi. Sans compter cette autre scène, plus proche de la finn durant laquelle toutes les trois rappellent un accident survenu avec une jument : Delfina en était tombée étant enfant et son père avait envoyé la dite jument à l’abattoir. De cette façon, on se rend ainsi compte de la manière dont on prend soin de cette jeune fille depuis qu’elle est petite et du pouvoir de ses parents sur la vie ou la mort d’un animal. Mais ce titre possède un double sens : en Argentine, lorsqu’on compare les filles – généralement de bonnes familles – à des juments et des perruches, c’est pour caractériser leur côté mauvais et pipelette. Et justement, mon court métrage reprend un peu cette idée.

Pour terminer, peux-tu nous dire ce que représente pour toi, le format du court métrage ? Et avec ça, nous dire quels sont tes projets ?

Pour moi, il s’agit d’un format très confortable, même si depuis le début, j’ai utilisé le court métrage de deux manières très différentes. Dans mon premier film, j’avais profité du format court pour réaliser un travail très minimaliste avec seulement deux plans très radicaux. Tandis qu’avec ce deuxième film, mon ambition était vraiment de me préparer au long-métrage ou plus exactement, de prouver que j’en étais capable en montrant ma relation à l’image, aux comédiens et au langage audiovisuel en général. Et en réalité, j’en suis plutôt satisfaite.

Propos recueillis par Camille Monin

Consulter la fiche technique du film

Article associé : la critique du film

Y comme Yeguas y cotorras

Fiche technique

yeguas-y-cotorras

Cliquer sur l’image pour voir le film

Synopsis : Delfina et ses deux meilleures amies se rendent à la maison de campagne familiale pour passer une journée ensemble avant que n’arrivent les invités à son mariage. Confusion et conflits féminins chez la jeune aristocratie de Buenos Aires.

Genre : Fiction

Durée : 28′

Pays : Argentine

Année : 2012

Réalisation : Natalia Garagiola

Scénario : Natalia Garagiola

Image : Fernando Lockett

Montage : Gonzalo Tobal

Son : Rufino Basavilbaso – Manuel de Andrés

Décors : Lucía Carnicero

Interprétation : Julia Martínez Rubio, Guillermina Pico, Pilar Benítez Vibart

Production : REI CINE – Benjamín Domenech et PBK CINE – Gonzalo Tobal

Articles associés: l’interview de Natalia Garagiola, la critique du film

Matthew James Reilly : « Le low budget nous force à faire des films plus personnels »

Matthew James Reilly, encore étudiant à la Tisch School of the Arts, a remporté en mai le deuxième prix de la Cinéfondation pour son film « Abigail », retraçant un voyage peu mobile d’une jeune femme en perte de vitesse dans une Amérique désabusée. Entretien avec son auteur autour du film d’école, de l’erreur humaine et des influences imagées, photographiques comme cinématographiques.

matthew-james-reilly

© KB

Comment est envisagé le court métrage dans ton université ?

Dès la première année du programme, nous sommes amenés à faire des films. Ce n’est pas comme dans certaines écoles où on fait un film de fin d’études et quelques exercices. Au tout début de mon cursus, pendant trois mois, j’ai eu cinq courts à faire. Toutes les deux semaines, il y avait un nouveau projet de court, un travail en équipe de quatre personnes. On a forcément fait beaucoup d’erreurs, mais personnellement, je trouve que l’erreur est la meilleure façon d’apprendre en continuant à pratiquer. Parfois, en tant que jeunes élèves, on a des problèmes pour écouter nos professeurs, là, on comprend directement certains aspects de la fabrication des films. En ayant étudié trois ans, j’ai dû faire presque 10 ou 11 films au final. Avec pas mal d’erreurs !

Est-ce que « Abigail » est ton film de diplôme ?

Je suis dans un programme spécial pour lequel nous n’avons pas vraiment de film de diplôme. J’ai fait « Abigail » alors que j’étais étudiant en deuxième année à la NYU. C’est mon premier film complet. J’ai vraiment articulé mon style autour de lui, un style que j’ai envie de développer encore ainsi. J’aime beaucoup les films des frères Coen. Pendant un moment, je tentais de m’en inspirer en imaginant des scènes de crime dans mes histoires, puis, j’ai réalisé que je voulais faire des films plus intimistes, plus rangés, plus calmes. Le court métrage, en plus, est la meilleure forme pour travailler autour de l’intimité : tu peux faire un film entier autour d’un moment. Pour moi, « Abigail » est une tranche de vie.

Est-ce que vous apprenez le principe du low budget à l’école ?

Oui. On nous donne vraiment très, très peu de ressources, ce qui est très utile. Si nous recevons un peu d’argent de l’école, c’est un budget qui varie entre 500 et 1000 dollars, ce qui n’est rien. On travaille ainsi, en basant des histoires sur des situations auxquelles on a accès, on veille à ne pas dépenser trop d’argent pour de l’équipement ou de la location de plateaux. C’est très bien parce que ça nous force à faire des films plus personnels, parce qu’on utilise des choses et des environnements qui nous sont proches dans la vie. En même temps, le problème avec les films low budget, en général, c’est que si tu n’as pas fini le dernier jour, tu ne peux pas postposer, tu multiplies alors les plans potentiels pendant les trois dernières heures de la journée, tu cours partout. Pour avoir travailler sur beaucoup de tournages d’étudiants, et avoir trouvé ça fatigant et stressant, je préfère après trois ans être tout seul dans une belle salle de montage avec une tasse de thé et continuer à aider quelqu’un autrement pour son film !

C’est important pour toi d’avoir un environnement réaliste, intime, personnel ? Ça crédibilise tes histoires ?

Je suis très attiré par le cinéma réaliste. Avant tout, je suis intéressé par la revendication de l’indépendance. L’une de mes plus grandes inspirations est John Cassavetes. Tous ses films sont très forts, ont leur propre identité, et ont un budget extrêmement restreint. Il crée de façon étonnante des personnages forts et superbes, qui portent le film entier.

Ca s’apprend sur le net. Qu’est-ce que ton environnement familial t’a transmis sur le cinéma ?

Je viens d’une famille de quelques acteurs. Mon oncle, Murray Hamilton jouait le maire de « Jaws ». Par hasard, j’ai vu projeter le film, ici, sur la plage de Cannes, il y a quelques jours, ce qui ajoute au surnaturel de la situation. Mon grand-père, lui, a joué dans le passé, plutôt pour la télévision, ma mère était une actrice aussi. Ca a crée une atmosphère où à la maison, le show-business était une chose tangible, familière. Depuis mon plus jeune âge, je sentais que c’est un mélange de création et d’affaires, que c’était un monde possible. Je jouais beaucoup enfant mais ça ne me plaisait pas énormément. Je voulais être architecte pendant un moment, l’espace, les structures m’intéressaient, mais je me suis rendu compte que je n’étais pas assez intelligent, alors, j’ai étudié le cinéma !

As-tu rencontré des difficultés sur ce film en particulier ?

Pendant l’écriture, je me suis beaucoup posé la question du réalisme du film, ça m’a permis de couper, d’éliminer beaucoup de dialogues et de personnages. En enlevant, en travaillant sur le réalisme, j’ai pu accéder à une fin plus crédible, moins mélodramatique. Ce qui a été compliqué, ça a été de garder le style de la caméra, le rythme consistant. Pendant six mois, j’ai monté, j’ai coupé, j’ai essayé de faire durer certains moments le plus longtemps possible tels que le plan d’ouverture où le personnage féminin cherche à partir mais revient en permanence à son point de départ, n’arrive pas s’échapper. Abigail se sent obligée de revenir en permanence, elle sacrifie en permanence son propre plaisir pour ses obligations.

pompe

© William Eggleston

Le cadre dans ton film est très stimulant. Le film suit un parcours mais la caméra est vraiment avec le personnage. Comment as-tu défini ta manière de filmer ainsi ?

J’étais très intéressé par les films de voyage, les road movies. Un de mes films préférés est « Five Easy Pieces » avec Jack Nicholson. Je voulais faire un road-movie et en même temps, démarrer un film avec un personnage pour lequel on aurait très peu d’informations. Dans « Abigail », Abi, le personnage va quelque part, accomplir un voyage, vivre une expérience, mais nous ne savons pas où il va et ce qu’il vit. Je suis très attiré par les mystères relationnels ou émotionnels, ça me permet de raconter des histoires sans exposer la façon de vivre des gens. Je pense que ça détermine d’ailleurs l’image, le cadre. Sur ce film, j’ai été très inspiré par le travail du photographe américain William Eggleston. Il a fait des clichés sur le sud des Etats-Unis, sur l’atmosphère déclinante de certaines régions. J’ai eu vraiment envie de transposer cette idée, ces lieux, cet environnement, ces personnages, ces histoires invisibles de la vie sur le plateau.

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : la critique du film

Consulter la fiche technique du film

Reprise du Palmarès de la Cinéfondation 2012, ce soir à la Cinémathèque

On l’apprend à l’instant, tard, trop tard probablement. Néanmoins, si vous êtes dans le coin de Bercy (Métro lignes 6 et 14), foncez jusqu’à la Cinémathèque. Le palmarès de la Cinéfondation (créée en 1998 par le Festival de Cannes, afin de soutenir les nouvelles générations de cinéastes) y est projeté à partir de 20h30, salle Jean Epstein.

Au programme :

• LOS ANFITRIONES (Les Hôtes) de Miguel Ange Moulet – Cuba/2011/16’/Vidéo/VOSTF. Avec Felix Díaz, Josephine Morales.

Félix, 65 ans, s’occupe des cochons dans une porcherie du village. Josefina, son épouse, est à l’hôpital pour y subir des examens. Félix a un accident presque fatal qui vient perturber sa routine quotidienne. Il s’en remet, et lorsque Josefina revient avec des nouvelles fatidiques ils affrontent le problème de la seule façon possible.

ABIGAIL de Matthew James Reilly – Etats-Unis/2011/17’/Vidéo/VOSTF. Avec Ashley Peoples, Scott Smith.

À la fin de ce qu’elle espère être sa dernière journée de travail, une jeune pompiste essaie de quitter la ville pour toujours. On découvre peu à peu des détails fragmentaires de sa vie alors qu’elle arpente cette friche en plein délabrement qu’on appelle chez-soi.

•  DOROGA NA (En chemin) de Taisia Igumentseva – Russie/2011/32’/Vidéo/VOSTF. Avec Sergei Abroskin, Ana Rud.

Sergueï travaille comme vendeur dans le secteur des articles insolites. Sa vie ressemble à des millions d’autres, jusqu’à ce que la nuit tombe sur la ville.

Pour plus d’infos : consulter le site de la Cinémathèque