15ème Nuit des Lutins du Court Métrage, le palmarès 2012

La 15ème Nuit des Lutins a eu lieu le 11 juin 2012 à l’Institut du Monde Arabe. Stéphane Freiss a présidé la soirée, Jan-Lou Janeir était le maître de cérémonie. Voici le palmarès des Lutins du court métrage 2012.

LE LUTIN DU MEILLEUR FILM : UN MONDE SANS FEMMES de Guillaume BRAC

LE LUTIN DU PUBLIC : JE POURRAIS ÊTRE VOTRE GRAND-MERE de Bernard TANGUY

LE LUTIN DU MEILLEUR FILM D’ANIMATION : RUBIKA de C. BAUDEAN, L. HABAS, M. KREBS, J. LEGAY, C. MA, F. ROUSSEAU, C. ROUX, M.VAXELAIRE

LE LUTIN DU MEILLEUR FILM DOCUMENTAIRE : CHAQUE JOUR ET DEMAIN de Fabrice MAIN

LE LUTIN DE LA MEILLEURE REALISATION : Olivier TREINER pour L’ACCORDEUR

LE LUTIN DU MEILLEUR SCENARIO : Olivier TREINER pour L’ACCORDEUR

LE LUTIN DU MEILLEUR MONTAGE : Arnaud DES PALLIERES Pour DIANE WELLINGTON

LE LUTIN DE LA MEILLEURE PHOTO : Julien ROUX pour L’ACCORDEUR

LE LUTIN DE LA MEILLEURE ACTRICE : Vimala PONS pour J’AURAIS PU ÊTRE UNE PUTE

LE LUTIN DU MEILLEUR ACTEUR : Vincent MACAIGNE pour UN MONDE SANS FEMMES

LE LUTIN DES MEILLEURS DECORS : Marie LEGARREC Pour ANNE ET LES TREMBLEMENTS

LE LUTIN DU MEILLEUR SON (ex-aequo) : Julien PEREZ et Nicolas WASCHKOWSKI pour L’ACCORDEUR et Laure ARTO et Carole VERNER pour LE MARIN MASQUE

LE LUTIN DE LA MEILLEURE MUSIQUE : Martin WHEELER pour DIANE WELLINGTON

LE LUTIN DES MEILLEURS EFFETS SPECIAUX (ex-aequo) : Yannig WILLMANN pour COLOSCOPIA et LE MARIN MASQUE

LE LUTIN DES MEILLEURS COSTUMES : Aurélie KERBIQUET pour COLOSCOPIA

Abigail de Matthew James Reilly

Lauréat du deuxième prix de la Cinéfondation, cette année à Cannes, « Abigail » est un drame court, une chronique sociale de 17 minutes sur les dernières heures d’une jeune pompiste, cherchant à quitter pour toujours un vendredi, en fin d’après-midi, sa ville natale et sa mère à problèmes.

Sa mère a beau l’appeler et l’appeler , Abigail dénigre ses coups de fil répétitifs. Elle sert un client et, sa journée de travail terminée, s’empare de son sac à dos. Attendant en vain un bus qui ne passe plus à l’arrêt indiqué, elle marche dans les rues avant de se faire arrêter par une connaissance qui lui parle des frasques de sa mère la nuit passée ainsi que les autres nuits. Abigail reprend sa route, se pose dans la nature, manque de s’étouffer lorsqu’une autre personne l’interpelle. La veille, sa mère a été vue en train de commettre un délit de fuite après avoir enfoncé une barrière avec sa voiture. Abigail arrive enfin à la gare, point de départ de sa nouvelle vie. Dans les toilettes, elle ôte ses vêtements, laissant découvrir dans le miroir et devant la caméra des bleus sur son corps. Sur le quai, elle voit arriver le train. Tout s’immobilise autour d’elle. La nuit tombe.

À travers des longs plans, des cadres extrêmement soignés, des situations en apparence banales car quotidiennes et des dialogues minimalistes, l’histoire d’ « Abigail » se déploie à travers les différentes rencontres que le personnage principal fait au cours de sa journée. Abigail cherche en permanence à partir, à fuir, mais le présent, la renvoyant à sa mère, la rattrape en permanence. Par petites touches, Matthew James Reilly, le réalisateur étudiant à l’Université de New York, nous délivre des informations sur Abigail, sur ce qui la pousse à partir et sur ce que sa mère a fait la nuit dernière, le tout en une journée dans un quartier pauvre du New Jersey.

Matthew James Reilly a une façon bien à lui de cadrer, au plus près ses personnages, Abigail, notamment, en proie tour à tour à la désillusion, à l’hésitation, à l’impatience, au renoncement. Que ce soit dans l’embrasure d’une porte, à un arrêt de bus déserté ou sur un quai de gare anonyme, il capte de façon stimulante la solitude d’un être dans une cité industrielle américaine et oppressante.

Katia Bayer

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Matthew James Reilly

A comme Abigail

Fiche technique

Synopsis : À la fin de ce qu’elle espère être sa dernière journée de travail, une jeune pompiste essaie de quitter la ville pour toujours. On découvre peu à peu des détails fragmentaires de sa vie alors qu’elle arpente cette friche en plein délabrement qu’on appelle chez-soi.

Genre : Fiction

Durée : 17′

Année : 2011

Pays : États-Unis

Réalisation : Matthew James Reilly

Scénario : Matthew James Reilly

Image : Alexander Crowe

Décors : Nicole Belliveau

Montage : Matthew James Reilly

Son : Patrick Burgess

Interprétation : Ashley Peoples, Scott Smith, Praveen Collins, Lily Feinn, Danielle Sade, Jack Ferry

Production : Tisch School of the Arts

Articles associés : la critique du film, l’interview de Matthew James Reilly

Shorts Screens #17 : Identités

Short Screens, la rencontre mensuelle du court métrage sur grand écran, a le plaisir de vous convier à sa 17ème séance intitulée « Identités ».

7 courts métrages d’hier et d’aujourd’hui, venus de Suisse, Etats-Unis/Chili, Canada, France, Belgique et Royaume-Uni, abordant à leur façon, le thème de l’identité.

Découvrez la programmation ci-dessous.

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Short Screens

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Festival du film d’animation de Bruz, appel à films

Fort de son succès des deux années précédentes, le Festival du film d’animation de Bruz lance son appel à films pour la troisième édition (12 au 18 décembre 2012) et ouvre l’inscription en ligne sur le site : www.filmfestplatform.com.

Les jurys composés de professionnels, journalistes, jeunes et adhérents à l’Afca remettront 8 prix.

Conditions de participation :

– Films de fin d’études ou films professionnels d’animation français.

– Films produits entre le 01/07/2011 et le 01/07/2012.

Limite d’inscription : 01 septembre 2012

Plus d’infos sur le festival : www.festival-film-animation.fr

Emmanuel Carrère : « Je suis plus sensible aux films qui me donnent l’impression de se référer à la vie ou à l’expérience de vie qu’à ceux qui se réfèrent au cinéma »

Scénariste, réalisateur, écrivain, et spectateur lambda selon ses dires, Emmanuel Carrère est rarement en contact avec la forme courte. Cette année, il était pourtant membre du Jury de la Cinéfondation et des courts métrages en compétition officielle, pendant la période du festival de Cannes. Nous l’avions rencontré, le jour de la proclamation du palmarès de la Cinéfondation, la section réservée aux films d’écoles, la veille de la projection des courts métrages officiels. Entretien autour de l’impression de vie, de l’effet de surprise et des a priori autour des courts.

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© KB

Format Court : En 2010, vous étiez membre du jury de la compétition officielle du Festival de Cannes. Portez-vous un tout autre regard sur les courts métrages, et en particulier les films d’écoles ?

Emmanuel Carrère : Pour le spectateur moyen que je suis, ce n’est pas une démarche si fréquente que de regarder du court métrage. J’en vois très rarement. Quand je vais au cinéma ou que j’achète des DVD, je vois des longs métrages. Pour les courts, c’est plus particulier, ça m’arrive vraiment rarement.

Pour ma part, je ne pense pas tellement au fait que ce sont des films d’écoles. Ce qui joue beaucoup, par contre, c’est la différence de durée entre les films. Ce n’est pas pareil de voir un court de 10 minutes et un autre de 58 minutes qui est juste sous la barre du long métrage. Là, on a l’impression de voir des films qui ne sont pas forcément dans la même logique. Ensuite, c’est comme un long : soit on se laisse attraper soit non. Ce qui est agréable et excitant dans le court, c’est qu’on ne sait pas du tout quel film on va être amené à voir. Pour les longs métrages en compétition, on ne peut pas s’empêcher d’avoir des a priori, de connaître d’avance des choses sur le metteur en scène, alors que là, on ne sait rien, et ça, c’est très plaisant.

Comment se fait-il que vous ne voyez pas de courts métrages ? Des films circulent sur Internet, il y a des festivals de courts, … ?

E.C. : C’est vrai mais les gens qui fréquentent les festivals de courts métrages sont des professionnels, dans la plupart du temps. Moi, je suis un spectateur lambda. Mon rapport au cinéma n’est pas professionnel, donc je vois très rarement de courts métrages.

Comment évaluez-vous la question de la durée dans les courts métrages ?

E.C. : De ma sensibilité, un film a priori un peu plus long a plus de chance qu’un film très court. Au début, je craignais être forcément meilleur public pour des histoires plus longues qui auraient plus de temps pour se développer, pour des personnages auront plus de temps de s’imposer, mais ça n’a pas été le cas, puisque les trois films que nous avons primés ne sont pas spécialement longs : le premier prix, « Doroga Na (En chemin) », fait seulement une demi-heure et le deuxième prix, « Abigail », est vraiment court. C’est justement ça qui est intéressant : on redécouvre, en regardant ces films, sa propre façon de voir.

Vous êtes-vous beaucoup intéressé aux dialogues dans ces films ?

E.C. : Pas plus qu’au reste, non. Je sais que pour ma part, je suis plus sensible aux films qui me donnent l’impression de se référer à la vie ou à l’expérience de vie qu’à ceux qui se réfèrent au cinéma, à l’expérience d’un cinéphile qui essaye d’imiter les cinéastes qu’il admire. Ca vaut aussi pour le long métrage, évidemment. Je me figurais que cette idée de la référence en tête était quelque chose qui pouvait être un écueil possible du film d’école, mais ça n’a pas forcément été le cas. Avec les autres jurés, il y a eu beaucoup de choses sur lesquelles on s’est rejoints. Ce qui nous a touchés, c’était de sentir l’impression de vie, une personnalité derrière un film, l’impression d’avoir fait la connaissance de quelqu’un.

Qu’est-ce que vous avez retenu des trois films primés ?

E.C. : Ils sont très différents les uns des autres. J’ai été très enthousiasmé par le film russe, « Doroga Na (En chemin) », de Taisia Igumentseva, que j’ai trouvé merveilleux. J’ai beaucoup aimé le film américain « Abigail » de Matthew James Reilly pour son aspect esthète, son cadre extrêmement réussi et émouvant. Et en ce qui concerne le troisième prix, « Los Anfitriones », le film cubain, c’est un court métrage qui va vraiment vers sa conclusion, vers son dernier plan qui dure très longtemps. Le réalisateur, Miguel Angel Moulet, a eu l’audace de faire durer ce plan, on a vu quelque chose et quelqu’un. Il n’y a pas cet effet carte de visite d’un réalisateur qui cherche à montrer ce qu’il sait faire qu’on peut redouter parfois dans les courts.

Vous ne vous êtes jamais prêté à l’exercice du court, mais vous parlez de l’aspect carte de visite…

E.C. : Non, je n’en ai jamais fait, mais c’est ce qu’on peut imaginer. Malgré tout, la plupart des gens qui réalisent des courts, je pense, en font aussi dans l’idée de tourner des longs après. Pour moi, le court métrage ne s’est jamais présenté. J’ai commencé en réalisant un documentaire qui était un long métrage.

A l’avenir, vous pourriez être tenté par l’idée d’écrire autour d’un autre format ?

E.C. : Oui, peut-être. Honnêtement, jusqu’ici, ça ne m’est pas venu à l’esprit, mais c’est aussi qu’en ce moment, je n’ai pas de désir de cinéma pour mon compte.

Comment envisagez-vous les courts de la compétition officielle que vous allez juger demain ?

E.C. : Je ne sais pas du tout si on va les voir ou les juger d’une façon différente que ceux de la Cinéfondation. Il y a une différence pourtant, celle de l’homogénéité de durée, à quelques minutes près. Les films ne dépassent pas le quart d’heure. Honnêtement, je ne sais pas encore comment les voir, j’arrive vraiment vierge là-dessus.

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Qu’est-ce que représente finalement le court à vos yeux ?

E.C. : Il y a deux choses, cette idée de promesse, tout d’abord. On se dit que les gens débutent avec cette forme, on a envie de voir ce qu’ils vont faire en longs métrages, par la suite. Et puis, il y a aussi des films qui sont de l’ordre de la nouvelle. Comme, je suis aussi un lecteur de nouvelles, j’ai l’impression de me retrouver devant une multitude de nouvelles, quand j’en vois autant ! Avec l’effet de surprise renouvelé à chaque fois.

Propos recueillis par Katia Bayer

Brussels Film Festival : palmarès des courts métrages

La soirée de clôture de la 10è édition du Brussels Film Festival s’est tenue hier soir au Flagey. Découvrez les 3 heureux élus parmi les 12 courts métrages programmés :

Prix du meilleur court métrage (2.100 €) : A New Old Story de Antoine Cuypers (Belgique)

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Prix de l’UPCB (1.000 €) : Robyn O (14) de Cecilia Verheyden (Belgique)

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Cliquez pour voir l’extrait

Second meilleur court métrage (1.000 €) : Le Cri du Homard de Nicolas Guiot (Belgique)

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Palmarès & reprise des films primés du festival Côté court

Découvrez le palmarès du festival Côté court qui s’est terminé hier soir. Pour info, les films primés repassent ce soir, dans le cadre de quatre séances prévues. « Fais croquer » de Yassine Qnia, programmé lors de notre première séance Format Court et « La Maladie Blanche » de Christelle Lheureux, Prix Format Court au festival de Vendôme sont primés. Hip hip… !

19h00 – Programme A – Salle 1

– RODRI, Franco Lolli, 23′ – Prix du GNCR
– VILAINE FILLE MAUVAIS GARÇON , Justine Triet, 30′ – Prix de la Presse et Prix d’interprétation féminine pour Laetitia Dosch
CE QU’IL RESTERA DE NOUS, Vincent Macaigne, 41′ – Prix de la Jeunesse et Prix spécial du Jury

19h00 – Programme B – Salle 2

– ABCDEFGHIJKLMNOP(Q)RSTUVWXYZ, Valérie Mrejen et Bertrand Schefer, 5′ – Prix du Pavillon
– VISIBLE SHAPE, Jean Thévenin, 3′ – Mention spéciale du Jury Experimental
– GLUCOSE, Mihai Grecu et Thibault Gleize, 7′, Prix Arte creative
– JEUNESSES FRANÇAISES, Stéphane Castang, 19′ – Prix du GNCR et Mention spéciale du Prix du Public
– FAIS CROQUER, Yassine Qnia, 22′ – Prix du Public
LA MALADIE BLANCHE, Christelle Lheureux, 41′ – Grand Prix Côté court

21h00 – Programme C – Salle 1

– FAIS CROQUER, Yassine Qnia, 22′ – Prix du Public
– CE QU’IL RESTERA DE NOUS, Vincent Macaigne, 41′ – Prix de la Jeunesse et Prix spécial du Jury
– LA MALADIE BLANCHE, Christelle Lheureux, 41′ – Grand Prix Côté court

21h00 – Programme D – Salle 2

– SWEET VIKING, Salma Cheddadi, 30′ – Prix de la meilleure création musicale originale
– IL SE PEUT QUE LA BEAUTÉ AIT RENFORCÉ NOTRE RÉSOLUTION – MASAO ADACHI, Philippe Grandrieux – Grand Prix Expérimental – Essai – Art vidéo

Festival Court Métrange, appel à candidatures

Le Festival Court Métrange, festival international du court métrage insolite et fantastique dont la 9ème édition se déroulera à Rennes du 25 au 28 octobre, met en place pour la première fois un pitch dating les 25 et 26 octobre 2012 au Ciné TNB. Ce pitch dating s’adresse à tous les réalisateurs désireux de défendre leur projet de court métrage fantastique auprès de producteurs francophones. Chaque réalisateur aura 8 minutes pour défendre son projet auprès de dix producteurs francophones en entretien individuel.

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Comment participer ? Envoyez dès maintenant :

– Un synopsis
– Une note d’intention
– Une note de réalisation
– 1 ou 2 séquences storyboardées pour les films d’animation
– Une fiche technique complète, indiquant la durée du projet, le format de tournage, les collaborateurs et comédiens pressentis

Vous avez jusqu’au 30 juin 2012 pour envoyer vos candidatures à l’adresse suivante : courtmetrange@yahoo.ca

Règlement

– Respecter la thématique de l’étrange et du fantastique.
– Sont admis les courts métrages de fiction, d’animation et les documentaires.
– La durée ne doit pas excéder 20 min.
– 15 réalisateurs seront sélectionnés dont 10 résidant en Bretagne.

Le festival prendra en charge les repas et l’hébergement pendant deux jours. Il est à noter que pour les réalisateurs bretons, l’hébergement restera à leur charge. Chaque réalisateur pourra participer (selon les modalités communiquées ultérieurement) à une journée de formation au pitch organisée par Films en Bretagne le 25 octobre à l’espace rencontre du Ciné TNB.

Palmarès du 20ème Court en dit long

Le Centre Wallonie-Bruxelles à Paris a organisé le 20ème Festival Le Court en dit long, du 4 au 9 juin 2012 : 34 courts métrages (co)produits en Wallonie et à Bruxelles étaient en compétition. Le Festival a aussi présenté une large rétrospective consacrée aux 50 ans de l’INSAS (en six programmes) et une séance spéciale pour les 10 ans de la société de production Hélicotronc. Le Jury 2012 était composé de Marie-Pascale Osterrieth (auteur et réalisatrice), Marie-Eve de Grave (auteur et réalisatrice), Sabrina Leurquin (actrice), Mathias Gokalp (auteur et réalisateur) et Jonathan Demurger (acteur).

• Le Grand Prix Le Court en dit long : : Martin de Raphaël Parmentier (collectif Sauvage, sauvage – Liège).

• Le Prix du Scénario : Nicolas Guiot pour Le Cri du homard (Ultime Razzia, Hélicotronc, Offshore).

• Le Prix d’interprétation féminine : Christine Dargenton dans Christine d’Isabelle Schapira (IAD).

• Le Prix d’interprétation masculine : Pierre Nisse dans La Bête entre les murs de Cédric Bourgeois (Novak Productions et Cédric Bourgeois).

• Mention spéciale Mise en scène : Sac de nœuds d’Eve Duchemin (Stempel film).

• Mention spéciale : Vertige de Christophe Gautry et Mathieu Brisebras (La Boîte Productions, Les films du Nord).

• Mention Spéciale : Duo de volailles, sauce chasseur de Pascale Hecquet (Ambiances).

Autres Prix

• Le Prix du Public : Fable domestique d’Ann Sirot et Raphaël Balboni (FraKas Productions).

• Le Prix Cinécourts, décerné par CINE+ : L’Appel de Cécile Mavet (IAD).

• Le Prix Coup de Cœur Be-TV : Le Syndrome du cornichon de Géraldine Doignon (Hélicotronc).

• Le Prix Coup de Cœur RTBF : Le Cri du homard de Nicolas Guiot (Ultime Razzia, Hélicotronc, Offshore).

• Le Prix Coup de Cœur Critikat.com : Christine d’Isabelle Schapira (IAD).

Interview croisée. Jean-Baptiste Saurel, Franc Bruneau et Vanessa Guide autour de « La Bifle »

« La Bifle » , film décalé où il est question d’un règlement de compte à coups de « bites », réalisé par Jean-Baptiste Saurel et produit par Amaury Ovise, a connu sa première sélection à la 51ème Semaine de la Critique. À cette occasion, nous avions rencontré le réalisateur et ses deux comédiens principaux, Franc Bruneau et Vanessa Guide, sur la terrasse Nespresso du Festival de Cannes pour un entretien croisé, forcément « barré » et plein d’humour second degré.

Format Court : Jean-Baptiste, d’où te vient cette idée de réaliser un film de série Z autour d’un « coup de bite » ?

Jean-Baptiste Saurel : À la base, je ne voulais pas parler d’une bifle (ndlr : action de gifler avec son pénis). C’est venu après. Mais l’idée était plutôt de faire un film sur les vieux complexes masculins et sur les années un peu douloureuses de l’adolescence. Cependant, il a vite été question de faire ce film sur la bifle pour pouvoir rire de ces complexes lointains et aussi de s’amuser sur la vengeance de la « petite bite » contre la « grosse ». À partir de là, le film s’est organisé autour d’un personnage qui en a une « énorme », Ti-Kon et d’un autre, Francis, qui est complexé avec un climax qui voit ces deux personnages s’affronter, s’est imposée toute seule. Par conséquent, la bifle est vraiment venue servir l’histoire d’un personnage qui se replonge dans son passé et qui règle ses comptes avec les démons de son adolescence.

Comment t’est venu le choix de la série Z ? Tu affectionnes particulièrement ce Jean-Claude Van Damme ou bien tu regardais ce type de films étant jeune ?

J-B.S.  : C’est amusant puisque beaucoup de gens me parlent des références aux séries Z et m’évoquent également Jean-Claude Van Damme, même si je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir fait un film de série Z justement. Il est clair que le film est largement influencé par des films de ce genre car ça représente comme une grammaire pour moi, avec un vocabulaire qui me plaît, que je trouve plus ludique, plus frontal. Je trouve intéressant de raconter des histoires par ce biais-là, c’est beaucoup plus jubilatoire et plus efficace à mon goût. Après, j’ai aussi beaucoup pratiqué d’arts martiaux, j’adore les films de Kung Fu, etc… Je ne pense cependant pas forcément à Jean-Claude Van Damme mais certainement plus à Jackie Chan, Jet Li ou encore Stephen Chow. Par ailleurs, dans mon film, j’ai voulu distiller un peu de ces comédies américaines contemporaines avec des personnages de loosers un peu magnifiques qui ont plus ou moins peur de mettre les pieds dans le plat. Donc oui, il y a de la série Z, d’une certaine manière, mais surtout du film de genre pour son vocabulaire tranché et son aspect comique aussi.

Tu as directement pensé à Kazak pour produire ton film ?

J-B.S.  : En réalité, j’avais fait La fémis avec Amaury Ovise. On a suivi 4 ans de cours ensemble. Il s’était déjà occupé de la direction de production de mon travail de fin d’études. Et après, c’est naturellement qu’on s’est suivi après. On a mis pas mal de temps avant de mettre le doigt sur ce qu’on avait vraiment envie de faire, moi surtout et on a fini par faire « La Bifle ».

Quant aux comédiens, tu avais déjà pensé à eux ? Comment s’est effectué ton choix ?

J-B.S.  : Il y a eu un casting. Pour la petite histoire, j’ai fait beaucoup de gringue à Vincent Macaigne qui m’a complètement nié et je n’avais jamais vu Franc Bruneau. C’est un ami qui m’a parlé de lui. Après, le scénario lui a plu et ça m’a paru comme une évidence. En fait, pendant longtemps, j’ai cherché quelqu’un de plus âgé avant de me rendre compte qu’il fallait absolument que je prenne quelqu’un de ma génération. Et aujourd’hui, j’ignore comment j’ai pu penser à autre chose. Quant à Vanessa, c’est ma directrice de casting, tout simplement, qui me l’a conseillé. J’ai vu une photo d’elle, elle avait l’air super, puis il y a eu un casting et c’était vendu.

Par conséquent, tu ne les connaissais pas beaucoup. Mais le tournage s’est bien passé ? Tu aurais envie de travailler à nouveau avec eux ?

J-B.S.  : Oui, avec plaisir car ce sont des gens qui rentrent complètement dans mon univers et qui possèdent la même vision que moi du cinéma, c’est-à-dire hyper généreux et d’une grande confiance. Ils s’inscrivent dans ce que j’aime du cinéma. Vanessa est un personnage de comédie. Franc, aussi : il le porte indéniablement en lui, par sa voix, par son visage, par son regard…et par sa bite ! (rire)

Tout à l’heure, Jean-Baptiste, tu parlais de ton envie de travailler avec Vincent Macaigne. Et justement, Franc, on ne t’a jamais comparé à Vincent ? En effet, on peut penser à lui lorsqu’on voit tes différentes interprétations : ce côté un peu barré, paumé… Mais toi, comment te définis-tu ?

Franc Bruneau : Oui, ça a pu arriver qu’on compare mon travail à celui de Vincent Macaigne. Moi, je ne sais pas trop si je lui ressemble ou pas. Et je ne cherche pas à à ce qu’on me compare à lui. Je suis un peu lent, nonchalant, mais assez vif d’esprit. Par exemple, je comprends assez vite les scénarios qu’on m’envoie et j’ai rapidement une vision d’ensemble du film. Mais en général, il est vrai qu’on me propose souvent des rôles assez décalés parce que les gens ont l’impression que je suis décalé.

J-B.S.  : À côté de ça, il peut jouer une scène de Kung Fu et créer une belle dynamique sur ce film.

Vanessa et Franc, quelle a été votre première impression à la lecture du scénario ?

F.B.  : Moi, ça m’a foutu la « gaule » et j’ai eu envie de le faire direct (rires). Plus sérieusement, je me suis dit que jamais on ne me proposerait à nouveau un film comme ça. Je suis aussi admiratif de la nouvelle génération américaine qui a été lancée par Judd Apatow (ndlr : réalisateur, entre autres, de 40 ans, toujours puceau). Ces gens amènent quelque chose d’hyper frais à la comédie. Et en lisant le scénario de Jean-Baptiste, j’ai senti que c’était dans la même veine, mais avec une patte personnelle, propre à lui.

Vanessa Guide : Moi, j’adore les gens qui vont au bout de leurs idées, quels que soient leurs délires parce que je suis un peu comme ça aussi. Je n’ai pas non plus peur du ridicule et encore moins dans ce métier, dans la limite de la décence bien sûr. Je me suis donc dit que ce mec était génial et que je n’avais jamais lu un truc pareil. Pourtant, j’ai lu plusieurs scénarios de comédie dernièrement, que ce soit en court métrage, en long ou autres, et avec Jean-Baptiste, j’ai eu affaire à quelqu’un qui sort complètement des sentiers battus. En fait, il s’appuie sur des choses qui existent déjà mais en créant un objet vraiment à lui. Il possède un réel univers et au départ, je le voyais comme un ovni. J’avais envie de me lancer sous sa direction et j’ai vraiment voulu ce rôle.

Franc, tu t’es mis au Kung Fu pour pouvoir interpréter ce rôle et rentrer dans la peau du personnage ?

F.B.  : En réalité, on a fait pas mal d’entraînements de Kung Fu. On a répété à plusieurs reprises la chorégraphie.

Peut-on affirmer que c’est toi qui joues toutes les scènes, Kung-Fu et autres, qu’il n’y a aucune doublure ? On ressent tout de même la curiosité de te demander si c’est bien toi qui joue lors de la scène finale, du combat de bifle ?

F.B.  : Là, je pense qu’il ne faut pas répondre à ce genre de question… (rires)

V.G. : … Histoire de ne pas faire tomber le mythe…

F.B.  : …. De la petite bite (rires). De la bite normale finalement.

J-B.S. : Oui, parce que le vrai sujet du film c’est ça : typiquement, sa bite n’est pas petite, mais il la voit comme ça.

Vanessa, tu es à Cannes avec une autre actualité que celle de « La Bifle » puisque tu fais partie, cette année, des Talent Cannes Adami avec le film « La Marque des Champions » de Stéphane Kazandjian. Parle-nous de cette expérience.

V.G. : En réalité, pour intégrer les Talents Cannes Adami, on passe par une sélection : dans un premier temps, il faut avoir moins de 30 ans, puis envoyer un CV, une bande-démo, des photos et une lettre de motivation. Il y a plus de mille comédiens qui se présentent chaque année et entre nous, il faut avoir la chance d’avoir été déjà repéré auparavant pour avoir la chance de passer un casting. Quant aux films courts dans lesquels on joue, les réalisateurs ont déjà écrit un scénario autour d’un thème imposé (cette année, le sport) et ils contactent ensuite telle ou telle personne qui leur convient pour les rôles. J’ai par conséquent passé un casting pour les deux rôles féminins proposés dans le film pour lequel j’ai été appelée. Au final, j’ai été prise pour le rôle de « recruteuse de talent de football » que j’interprète. Enfin, la contrainte est de tourner le film en une seule journée.

J-B.S. : Si je peux me permettre, l’Adami a participé à « La Bifle ».

V.G. : Oui et grâce à ça, on a été hyper bien payé ! (rires)

J-B.S. : J’en ai été ravi et l’Adami s’est montré génial car il y avait beaucoup de travail à faire. Evidemment, Kazak a apporté énormément au film. En recevant l’Aide au programme, elle a su me faire confiance sur ce film. Concrètement, c’est un réel gage de confiance et une prise de risque de Kazak car soyons honnêtes : nous n’aurions jamais eu d’autres aides du CNC pour ce projet. Peut-être que pour mon prochain film, avec la réussite de « La Bifle », ce sera différent, mais en tout cas, l’Aide au programme a été le premier financement et sans ça, j’ignore comment on aurait fait.

En effet, on peut parler d’une réussite pour ce film puisque vous êtes là à Cannes, sélectionné à la Semaine de la Critique et c’est apparemment un des films les plus visionnés au Marché du Film. D’ailleurs, c’est votre première fois à Cannes pour tous les trois. Quelles sont vos impressions ?

J-B.S. : Faute de paraître cliché, c’est surtout l’énorme plaisir de pouvoir montrer le film. On a tourné en mars dernier et on a terminé il y a tout juste 14 jours. Tout est allé très vite en fait, sauf l’écriture qui a duré plus d’un an et demi. Après, Cannes est une super caisse de résonance et c’est cool de voir une comédie tranchée comme ça ici. Ça m’encourage clairement, ça me conforte dans un genre que j’ai envie de continuer d’explorer. L’alliance entre une comédie un peu série B et une sélection cannoise m’apporte beaucoup de fierté. Quant au festival lui-même, ce n’est que du plaisir.

V.G. : Moi, malheureusement, mon plaisir est un peu entaché par ma condition labiale (rires). Je suis évidemment un peu dégoutée puisque tout était réuni pour que ce soit génial : j’avais deux bonnes raisons d’être là, l’Adami et « La Bifle » , mais quelqu’un haut placé, en a décidé autrement.

F.B. : Tu verras que d’ici un an, en y repensant, tu te diras que c’était justement mieux avec la lèvre éclatée.

V.G. : Après, encore une fois, je n’ai pas peur du ridicule alors oui, j’ai monté les marches avec mon masque de chirurgien. Je pensais au moins passer dans Le petit journal ou au Zapping, mais même pas (rires).

Pour passer au Zapping, il aurait fallu apporter la fameuse « bite géante »…

J-B.S. : Il ne faut pas en parler comme quelque chose à part entière. Elle appartient à Thévada/ Ti-Kong. Il ne l’a juste pas sortie cette fois-ci, mais il y aura des projections à Paris où on le verra en pleine possession de ses moyens et où il pourra en parler.

Pour finir, quelles sont vos actualités respectives ?

V.G. : J’ai plusieurs courts métrages à venir, dont un avec Franc, réalisé par Bernard Tanguy.

J-B.S. : Moi, après le succès de « La Bifle » , je vais très vite avoir envie d’action ! J’ai un long-métrage que j’ai clairement en tête et je vais, par conséquent, m’y mettre dès cet été. Ça va me prendre pas mal de temps, mais j’aimerais bien avoir un court à tourner début 2013, voire fin 2012. J’ai encore plein de trucs assez drôles à raconter dans la continuité de ces personnages. Il est question de partir sur une trilogie « La Bifle »  qui permettrait de continuer d’explorer les méandres et les complexes masculins de façon drôle et vive (rires et cris de joie de Franc et Vanessa).

Propos recueillis par Camille Monin

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Article associé : la critique du film

Appel à projets. La Collection « Ecrire pour… » Présente Le Jeu des 7 familles

Cette année, la Collection Canal+ double la mise en vous proposant d’écrire un film non plus pour une, mais pour deux personnalités, qui se connaissent depuis toujours. Ils ont beau être pères et filles, frères et sœurs…Ils veulent composer à l’écran un duo original, et sans forcément de lien de parenté.

Les 4 premières familles sont :

– Dans la famille De Caunes, Antoine (père) et Emma (fille)

– Dans la famille Astier, Alexandre et Simon (frères)

– Dans la famille Girardot, Hyppolite (père) et Ana (fille)

– Dans la famille De La Baume (Singtank), Joséphine et Alexandre (frère et sœur)

…Et 3 autres familles à découvrir très prochainement…

Cette année, la Collection Canal+ double la mise en vous proposant d’écrire un film non plus pour une, mais pour deux personnalités, qui se connaissent depuis toujours. Ils ont beau être pères et filles, frères et sœurs…Ils veulent composer à l’écran un duo original, et sans forcément de lien de parenté.

collection

Découvrez leurs interviews sur le Blog des Programmes courts, sur la page Facebook de La Collection ou encore sur le site de Canal+ : ils y expriment leurs envies et les registres qu’ils souhaitent explorer. A vous d’écrire un court métrage (d’une durée maximum de 10 minutes), qui réponde à leurs désirs de comédiens, et corresponde à leurs disponibilités.

Cette nouvelle Collection est placée sous le signe du jeu : jeux de rôles, jeux d’inventions, jeux de pistes… à vous d’inventer la règle du jeu !

Amusez-vous avec tous les genres du cinéma pour la Collection des 7 familles ! Réalisateurs, producteurs, envoyez vos projets avant le 8 août 2012 en respectant les conditions requises. Chaque dossier doit impérativement être présenté par une société de production et inclure les pièces suivantes :

– CV du réalisateur,
– CV de la société de production,
– Une note d’intention de réalisation et de production,
– Un synopsis court, le scénario,
– Un devis prévisionnel,
– Les liens actifs des précédents films réalisés,
– Une lettre à destination du duo choisi.

L’ensemble du dossier doit être sous format PDF en un seul et même document et ne pas excéder 5 Mo à envoyer à l’adresse suivante : lacollection@canal-plus.com

Retrouvez ci-dessous la première interview, celle de la Famille De Caunes.

Rappel (sans piqûre) : la soirée Format Court a lieu ce jeudi. Franck Dion, Nicolas Guiot, Ülo Pikkov, Quentin Dupieux & Gerlando Infuso au programme !

Ce jeudi 14 juin, prenez le RER, décommandez Oncle Roger et défiez la pluie (armez-vous d’une ombrelle), pour assister à la quatrième et dernière soirée Format Court, avant la rentrée. A partir de 20h30, vous découvrirez un tout nouveau programme de cinq courts, en présence des équipes des films. Si vous les avez ratés à Cannes, à Annecy, à Bruxelles ou à Outsiplou, c’est l’occasion ou jamais de les voir sur grand écran.

Nous profitons de cette actu pour vous annoncer que plusieurs films programmés ont été récompensés ces derniers jours en festivals. Le cri du homard de Nicolas Guiot a remporté le Prix du Scénario et le Prix Coup de coeur RTBF (télévision belge) au Festival « Le court en dit long » à Paris, Edmond était un âne de Franck Dion a reçu le Best Canadian Short au Worldwide Short de Toronto et le Prix spécial du jury au festival d’Annecy tandis que Body Memory de Ülo Pikkov a bénéficié du Dragon d’argent du meilleur film d’animation au festival de Cracovie. Hip hip… !

projection-juin

La Bifle de Jean-Baptiste Saurel

Tout commence par la définition du mot « bifler » signifiant gifler d’un coup de pénis. Ensuite, le film de Jean-Baptiste Saurel comporte pas moins de 39 fois la prononciation du mot « bite ». À partir de là, on est en droit de se demander effectivement ce que veut dire ce film aux allures un tant soit peu vulgaires voire pornographiques. Ne nous fions pas aux apparences car Jean-Baptiste Saurel nous propose un court-métrage absolument surprenant, un réel ovni que les programmateurs de la Semaine de la Critique ont récemment sélectionné pour sa 51ème édition.

Le pitch : Francis est patron d’un vidéoclub qui doit son succès aux films de Ti-Kong, star de kung-fu. Complexé par sa bite, il n’arrive pas à avouer ses sentiments à Sonia, son employée. Jean-Baptiste Saurel, avec ce film, avait une idée en tête : parler des complexes masculins vécus au moment cruel qu’est l’adolescence, concernant la taille du pénis. Mais réaliser un énième film un peu pathos sur le thème de l’adolescence n’intéressait pas le jeune réalisateur tout droit sorti de La fémis. Au contraire, sa patte à lui était de jouer de tout ça. Et apparemment, il a fait le bon choix puisque le film fait parler de lui et de cette « bite géante tueuse ».

Le réalisateur emprunte des références à plusieurs genres de la tradition cinématographique d’ici et d’ailleurs, de manière à créer finalement un film bien à lui. On notera tout d’abord un clin d’œil aux westerns avec cette image d’ouverture d’un désert digne du Colorado, accompagné de ralentis au moment des actions essentielles de sorte à augmenter la part de suspense et la musique de Manuel Peskine, aux tonalités d’un harmonica de cow-boy.

Là n’est pas la seule référence puisqu’on retrouve bien entendu des accents de série Z et autres films de Kung-Fu, dont la scène finale en est la meilleure démonstration avec des effets assez impressionnants (le combat d’art martial à coups de bites et de pieds entre Francis et Ti-Kong, de cris, de grimaces, etc). C’est sans rappeler à cet égard une légère ressemblance avec Kill Bill de Quentin Tarantino qui déjà, s’amusait en détournant de manière comique, des références aux films de Kung-Fu, et Pulp Fiction par le décor très tarantinesque de « La Bifle » (attention toute particulière pour le trampoline avec les moules imprimées).

Enfin, on n’oubliera certainement pas d’indiquer que Jean-Baptiste Saurel a su prendre exemple sur la nouvelle génération de réalisateurs de comédies américaines, tel Judd Apatow en démontrant que derrière les blockbusters outre-Atlantique, se cache une manière différente de traiter des thèmes plus sérieux, comme les complexes masculins justement. Le jeune homme a compris que le rire était certainement plus communicatif et permettait de pointer du doigt des tabous avec légèreté, surtout lorsqu’il s’agissait de sexualité ou de taille de pénis ! À ce propos, certaines répliques comme « Sa bite est comme un pont entre nos deux cultures » ou encore « Des fois, je bifle ma cuisse, mais je fais pas exprès », ne nous laisserons pas insensibles.

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Difficile de ne pas évoquer non plus la performance des deux comédiens principaux, Franc Bruneau et Vanessa Guide, ainsi que celle des trois comédiens interprétant les rôles secondaires (David Nuñes, Cyril Gueï et Thévada Dek) croyant tous au dicton « le ridicule ne tue pas » le temps du film et allant « jusqu’au bout » de ce délire. Franc Bruneau, dont on avait déjà remarqué la présence dans « Paris – Shanghai » ou encore dans « Cheveu », met tout son corps à l’œuvre pour interpréter le rôle de Francis, ce patron de vidéoclub, complexé par la petite taille de son pénis, avec toujours ce même côté mi-paumé, mi-comique qu’on lui connaît. Face à lui, Vanessa Guide interprète la pulpeuse Sonia qui ne pense qu’à une chose : découvrir de nouvelles sensations en participant au tournage du nouveau film avec Ti-Kong, acteur au sexe démesuré qui pratique la bifle.

Alors, si « La Bifle » ne remportera probablement pas beaucoup de récompenses puisque c’est souvent le triste destin des comédies en compétition, en tout cas dans les festivals français, le film a le pouvoir de faire rire et de faire parler de lui. Il prouve aussi une nouvelle fois que l’équipe derrière ce film, Kazak Productions, a toujours le goût du risque et peu froid aux yeux dans ses choix de productions.

Camille Monin

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Article associé : l’interview de Jean-Baptiste Saurel, Franc Bruneau et Vanessa Guide

B comme La Bifle

Fiche technique

Synopsis : Francis est patron d’un vidéoclub qui doit son succès aux films de Ti-Kong, star de kung-fu. Complexé par sa bite, il n’arrive pas à avouer ses sentiments à Sonia, son employée. Mais lorsqu’elle se voit offrir un rôle dans Evil Nurse -dernier opus de Ti-Kong- Francis n’a plus le choix… Il doit sauver Sonia d’un terrible danger : La Bifle.

Genre : Fiction

Durée : 25’30’’

Pays : France

Année : 2012

Réalisation : Jean-Baptiste Saurel

Scénario : Jean-Baptiste Saurel

Image : Julien Roux

Montage : Nicolas Desmaison

Son : Nicolas Waschkowski

Décors : Sidney Dubois

Musique : Manuel Peskine

Interprétation : Franc Bruneau, Vanessa Guide, David Nuñes, Cyril Gueï, Thévada Dek

Production : Kazak Productions

Articles associés : la critique du film, l’interview de Jean-Baptiste Saurel, Franc Bruneau et Vanessa Guide

N comme A New Old Story

Fiche technique

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Synopsis : Au fil de leurs errances, quatre individus se croisent dans des lieux de passages. Peu à peu, aux échanges prudents des uns répondent les corps vibrants des autres, formant l’image de rencontres décisives.

Genre : Fiction

Durée : 22’

Pays : Belgique

Année : 2011

Réalisation : Antoine Cuypers

Scénario : Antoine Cuypers, Antoine Wauter

Interprètes : Arno Hintjens, Sophia Leboutte, Cédric eeckhout, Lucie Debay

Image : Manu Dacosse

Musique : Manuel Roland, Simon Thiérrée

Montage : Marc De Coster

Production : Entre Chien et loup

Article associé : la critique du film

A New Old Story d’Antoine Cuypers

In The Blood for Love

Lauréat du Prix des centres culturels à la 15ème édition du Brussels Short Film Festival, A New Old Story d’Antoine Cuypers est un film formellement audacieux et atypique qui s’affranchit agréablement de l’étiquette « cinéma social » trop rapidement donnée au cinéma belge.

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A New Old Story. L’histoire d’un amour fou qui mène au dépassement de soi, à la destruction des barrières conventionnelles, à la liberté tant convoitée, à la solitude aussi. Le court métrage de Cuypers est de cette trempe-là, du moins on aime à le voir ainsi. Non pour son contenu, somme toute assez banal (un homme retrouve son amour de jeunesse dans le café d’une gare) mais pour la rigueur formelle que le cinéaste s’est imposé dans une réinterprétation moderne et originale du plus commun des récits.

Entre clip et pub, le film s’incruste dans les pores dès les premières secondes où l’on assiste à une chorégraphie dans un bar désert, belle et sauvage. En un montage parallèle rythmé, le film passe rapidement en revue les différents protagonistes de ce court choral. Et on ressent nettement le besoin de chacun de s’exprimer, de crier, d’exploser. Le ton est donné.

Des solitudes qui s’entrecroisent, se reniflent, s’attirent. Quand l’une recherche le plaisir dans l’évanescence, l’autre désire graver ses empreintes violemment. Les mouvements de caméra et la musique  traduisent cette impossibilité de communiquer par la parole, cette nécessité de faire appel au corps et aux sens parce que plus rien n’a de sens. L’amour est un leurre, une jolie illusion à laquelle on s’attache malgré tout.

Face à une Sophia Leboutte convaincante comme à son habitude, on retrouve le charismatique chanteur Arno dans un rôle qui lui va comme un gant. Juste à tous moments, même dans ses maladresses langagières, le crooner flamand crève l’écran. Par sa grâce formelle, son rythme effréné et son montage saccadé, A New Old Story rentre inévitablement dans la cour des « Grands ».

Marie Bergeret

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Le 10ème Brussels Film Festival: soirée courts métrages le lundi 11 juin

Du 8 au 16 juin, le Brussels Film Festival traverse l’Europe pour ses 10 ans : il fera escale en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas, en France, en Espagne, en Italie, en Croatie, en Suisse, en Serbie, en Turquie. En Pologne et en Russie aussi. Au Danemark et en Suède encore.

brussels-film-festival2012

A côté des longs métrages, le Festival propose 12 courts métrages en compétition :

– Robyn O. (14)

– La Boîte de Sardines

A New Old Story

– Broeders/ Brothers

Cases ou « Je ne suis pas un monstre »

– Que la suite soit douce

– L’Attrape-Rêves

– Shelter

– Dancing

– Rivers Return

– Lucid

– Le cri du homard

Site du Festival : http://www.brff.be/

Sessiz-be deng (Silencieux) de Rezan Yeşilbaş

The Portrait of a Lady

C’était l’un des deux films que nous avions retenus à Cannes, parmi les courts métrages de la sélection officielle (l’autre étant « Night Shift » de Zia Mandviwalla).  « Sessiz-be deng (Silencieux) », Palme d’or du court métrage, nous vient de Turquie. Tout en pudeur, en silences et en échanges de regards, il évoque une situation politique forte vécue d’un point de vue personnel.

L’année 1984. Zeynep, une jeune mère de famille vit à Diyarbakir, la capitale de la région kurde de Turquie, avec ses trois enfants en bas âge. Elle souhaite rendre visite à son mari emprisonné, mais rencontre une difficulté majeure : elle ne connaît que sa langue maternelle, le kurde, et en prison celle-ci est strictement interdite, au profit de la seule langue officielle, le turc. Sans l’usage du kurde, Zeynep se trouve dans l’impossibilité de prononcer le moindre mot. Sa frustration augmente lorsqu’on lui interdit aussi de porter une nouvelle paire de chaussures pour son mari. Les règles sont strictes : aucun objet ne peut provenir de l’extérieur, lors des visites en prison. Zeynep, désespérée, achète pourtant une paire de chaussures en cuir avant de se rendre au parloir. Une fois sur place, mal à l’aise, elle attend son homme, lui sourit timidement, et lui dit avec des yeux humides ce qu’elle ne peut pas lui exprimer de sa bouche muette.

silence

Huseyin, son mari la regarde, lui sourit, est ému, lui aussi. Lui non plus ne parle pas la langue officielle. Il lâche une seule, une simple phrase : « Les-as tu apportées ? ». Elle n’a pas le temps de lui répondre qu’un surveillant aboie : « Parlez turc, parlez turc ». Sous la table, Zeynep et son mari se mettent alors à échanger discrètement et muettement leurs chaussures, lui récupérant une paire toute neuve et elle, des substituts en piteux état. Nouveau troc de regards. Et secret.

En premier lieu, devant un tel film, on pense à l’amour, au lien entre deux êtres, unis dans la peine (de prison, d’amour), à la souffrance et au courage d’une femme. En grattant un peu, en faisant intervenir Wikipédia, on découvre une histoire bien plus complexe, liée à des faits réels survenus à la même époque que celle à laquelle est censée se rapporter le film. Le réalisateur, dans son dossier de presse, va dans le même sens : « La prison de Diyarbakir est un symbole de la torture en milieu pénitencier de la période suivant le coup militaire de 1980. Mais au lieu de raconter l’intérieur de la prison, c’est-à-dire les détenus politiques, la torture ou les luttes de conviction, j’ai choisi de tourner ma camera vers les petites histoires quotidiennes des femmes au dehors; et vers leurs silence imposés car le kurde, seule langue qu’elles connaissaient, était à l’époque strictement interdite dans les prisons ».

La caméra de de Rezan Yeşilbaş ne lâche jamais, c’est vrai, cette femme du quotidien et du dehors. Que ce soit quand elle récupère, inquiète, son linge sous un ciel envahi d’avions, quand elle noue, avec concentration, son voile, quand elle marche, d’un pas pressé, dans les rues de Diyarbakir ou quand, anxieuse, elle attend son tour devant le parloir. L’espace d’un instant, pourtant, notre regard se détourne d’elle pour s’arrêter sur ces fameuses chaussures dissidentes qui, nettoyées et réparées par le cordonnier, sous l’œil attentif du fils aîné, sont ramenées précieusement à domicile. Traces, reliques, posées dans un coin de la maison, elles symbolisent une présence, celle de la figure du mari et du père absent.

Deuxième film d’une trilogie féminine initiée par le réalisateur, ce fragment de vie, imaginé près de 30 ans en arrière, interpelle par son sujet intime, son traitement pudique, son cadrage des visages (celui de l’actrice Belçim Bilgin attise la pellicule) et sa lumière très douce. A Cannes, le film a reçu la Palme d’Or des mains de Jean-Pierre Dardenne, Président du Jury des courts métrages et de la Cinéfondation, accompagné de Kylie Minogue citant Charlie Chaplin (ça change). Rezan Yeşilbaş, lui, a dédié son prix à « toutes les femmes seules et silencieuses de son pays ».

Katia Bayer

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S comme Sessiz-be deng (Silencieux)

Fiche technique

Synopsis : L’année 1984 à Diyarbakir. Zeynep, mère de trois enfants, veut visiter son mari en prison. Elle ne parle que kurde, sa langue maternelle, mais en prison, celle-ci est strictement interdite. Sans l’usage du turc, elle est dans l’impossibilité de prononcer même un seul mot. Sa frustration augmente lorsqu’on lui interdit aussi d’apporter une nouvelle paire de chaussure pour son mari.

Genre : Fiction

Durée : 14’

Pays : Turquie

Année : 2012

Réalisation : Rezan Yeşilbaş

Scénario : Rezan Yeşilbaş

Images : Türksoy Golebeyi

Décors : Tugba Atac

Son : Furkan Atli

Montage : Bugra Dedeoglu, Rezan Yeşilbaş

Interprétation : Belcim Bilgin, Cem Bender

Production : Rezan Yeşilbaş

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