Andong de Rommel Milo Tolentino

Même dans un contexte difficile, il ne faut pas renoncer à ses désirs. « Andong », réalisé par le philippin Rommel Milo Tolentino, est un film délicat, drôle et sensible sur les enfants et leurs stratégies futées et quotidiennes. À Clermont-Ferrand, le film a remporté le Prix du Public et de la Presse Internationale (composé de Thomas Martinelli – Il Manifesto, et de l’auteur de cette critique, pour Format Court).

 

© Gwendoline Clossais

 

La journée a été longue. À regret, Andong, un enfant de 6 ans, rentre chez lui. En retard pour le dîner (des nouilles), il se fait réprimander par sa mère (« encore en train de regarder la télévision chez les autres ? Ôte-toi la télé de la tête, ça rend stupide ! »). Renoncer à la télévision ? Impossible ! Pour Andong, ce n’est certainement pas une bêtise, surtout quand le son fonctionne, l’image est en couleur, et la marque est réputée. Spectateur assidu, le garçon entraîne même son petit frère dans sa quête d’images, lorsqu’il découvre l’existence d’une loterie dont le premier prix n’est autre que l’objet tant convoité. De facto, il réclame 20 pesos, le prix d’un ticket, à sa mère qui lui rétorque qu’elle n’est pas une banque. Andong se voit contraint d’expérimenter la valeur de l’argent au moment où son petit frère développe une autre obsession que la sienne.

Cocasserie philippine pleine d’humanité, « Andong » fait partie de ces courts métrages évoqués entre un sourire franc et un rire gras. Fort applaudi dans les salles clermontoises, le film de Rommel Milo Tolentino s’intéresse au quotidien, aux visages, et à la spontanéité de deux enfants dont la volonté ne semble pas avoir de limites. Andong et son petit frère vivent dans un quartier pauvre de Manille, à proximité du marché et de la décharge locale. Même si la misère et les bidonvilles les entourent, ils nourrissent des désirs individuels, obsessionnels et immédiats. Prêts à tout pour les concrétiser, ils ont autant recours à la débrouillardise qu’aux stratagèmes. Mauvaise foi, insistance, promesses, larmes, tentatives de négociation, chantage affectif, … : le répertoire des petits malins des rues est pour le moins diversifié !

Deux syllabes, mais aussi deux idées. « Andong » n’est pas qu’un film sur l’enfance servi par deux mômes fabuleux et irrésistibles. C’est aussi un récit tendre et lumineux sur une réalité traitée avec intelligence et humour, sans aucune concession misérabiliste. Parmi d’autres idées et syllabes, celles-ci se sont vraisemblablement imposées naturellement au dernier festival de Clermont-Ferrand, au vu des deux récompenses – bien méritées – attribuées au film.

Katia Bayer

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3 thoughts on “Andong de Rommel Milo Tolentino”

  1. Ravie de voir qu’il y a des noms africains qui se retrouvent en Asie, moi aussi je m’appelle « Andong », je suis africaine. Ce filme me parait très intéressant.

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