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After Short spécial Cesar, les photos !

Jeudi 26 octobre 2017, avait lieu notre After Short de rentrée consacré aux courts-métrages présélectionnés aux Cesar. La soirée, organisée au Point Ephèmère (Paris, 10ème) en collaboration avec l’ESRA, a accueilli plus de 200 personnes. De nombreuses équipes côté fiction et animation ainsi que celles de Format Court et de l’ESRA étaient présentes ce soir-là.

Voici les photos de la soirée, prises par notre photographe Stenny Sigere.

Benoît Martin (réalisateur, « La Convention de Genève »), Alison Valence (comédienne)

Benoît Martin (réalisateur, « La Convention de Genève ») et ses comédiens (Adil Dehbi, Alison Valence, Titouan Labbé)

Bilel Chegrani et Adil Dehbi (comédiens, « Goût bacon »)

Edwina Liard (productrice, Ikki Films), François-Pierre Clavel (producteur, Kidam), Annabel Sebag (distributrice, Autour de Minuit)

L’équipe de « 1992 » : Louis Duneton (comédien), Cyril Leuthy (monteur), Anthony Doncque (réalisateur)

Katia Bayer (Rédactrice en chef, Format Court)

Nathalie Cikalovski (Directrice de la Communication et des Relations Extérieures, ESRA), Katia Bayer (Rédactrice en chef, Format Court)

Raphaël Alexandre et Nicolas Leprêtre (producteurs, Georges Films, « Mare Nostrum »)

Nicolas Leprêtre et des étudiants de l’ESRA

Alice Vial (réalisatrice, « Les Bigorneaux ») en discussion avec une étudiante de l’ESRA

L’équipe de « Les Bigorneaux » : Jonathan Hazan (producteur, Les Films du Cygne), Alice Vial (réalisatrice), Nicolas Sarkisian (monteur), Brice Pancot (chef opérateur), Gabrielle Hours (directrice de production)

Sylvain Dieuaide (réalisateur, « Guillaume à la dérive »), Josza Anjembe (réalisatrice, « Le Bleu blanc rouge de mes cheveux »), Nelson Ghrenassia (producteur, Yukunkun Productions)

Karine Demmou (Format Court)

Mélanie Laleu (réalisatrice, « Noyade interdite »)

Christophe Larue (chef opérateur, « Noyade interdite »), Mélanie Laleu (réalisatrice), Pascal Barbier (producteur, A Travers Le Miroir)

L’équipe de « Diamenteur » : en haut, de gauche à droite, Karl Mazlo (comédien), Yacine Badday (co-scénariste), Romain Anklewicz (bruiteur), Jean-Pierre Pinco (post-producteur, Média Solution). En bas, de gauche à droite : Chloé Mazlo (réalisatrice), Bérangère Hénin  (décoratrice, animatrice), Arnaud Viemont (chef monteur, post-producteur), Aurélien Maillé (décorateur)

Pascal Heuillard (Studio l’Equipe), Nathalie Cikalovski (ESRA)

L’équipe de « Blind Sex ». En haut, de gauche à droite : Camille Goudeau (comédienne), Lucie Brut (monteuse), Sarah Santamaria-Mertens (réalisatrice, Blind Sex), Romain Torres (comédien). En bas, de gauche à droite : Ludovic Henry (producteur, La Mer à Boire Productions), x, Lola Roskis-Gingembre (comédienne)

L’équipe de « Panthéon Discount » : Karine Blanc (productrice, Takami Productions), Stéphan Castang (réalisateur), Sébastien Chabane (comédien), Nathalie Landais (productrice, Takami Productions)

Karine Blanc (productrice, Takami Productions), Nathalie Cikalovski (ESRA)

Jonathan Couzinié (comédien), Jessica Palud (réalisatrice, « Marlon »), Sylvain Lagrillère et Lucas Tothe (producteurs, Punchline Cinéma), Loïc Barché (réalisateur, « Goliath »)

Richard Van Den Boom (producteur de « L’Ogre » de Laurène Braibant, Papy3D Productions), Sarah Van Den Boom (réalisatrice)

Étranges discussions autour du court

À l’occasion de la 23ème édition de L’Etrange Festival, en septembre dernier, quatre cinéastes confirmés étaient invités d’honneur de la manifestation pour divers hommages et cartes blanches : Álex de la Iglesia, Jaume Balagueró, Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet. Dans les couloirs et salles obscures à l’atmosphère unique du Forum des Images, nous avons croisé et rencontré ce quatuor magique pour discuter de forme courte et de leurs débuts au cinéma.

© Les Julien(s)

Álex de la Iglesia, réalisateur de Le Jour de la Bête et Balada triste :

Quand je pense au court métrage, cela me renvoie à mes débuts, et à Mirindas asesinas, en 1991. J’avais réalisé un court avant, mais il n’existe pas, le film ne s’étant jamais terminé. C’était une sorte de chasse à l’homme à Bilbao, intitulée sobrement North by Northwest. Pour Mirindas asesinas, nous voulions faire un film dans un bar car nous travaillions sur les décors d’un autre court métrage. Nous nous sommes dits : « Faisons un meilleur film ! » La nuit, nous tournions notre projet tandis que le jour, le film officiel était filmé. Petit à petit, on ajoutait des éléments de décors qui correspondaient à notre film mais c’était l’équipe de jour qui payait les décors !

Le réalisateur officiel était quelque peu embarrassé par notre travail parallèle, de nuit. Nous avions fait faire de grandes reproductions du peintre Giorgio De Chirico mais son court métrage était une comédie romantique ! Il me demandait : “Mais pourquoi mettre des peintures de Giorgio De Chirico ?” On le rassurait en lui disant que ça allait servir son histoire tout en pensant à notre stupide film. Je pense d’ailleurs que l’on ressent bien dans Mirindas asesinas la présence de Giorgio De Chirico, avec ces tableaux de 4 mètres de haut. Le film contient beaucoup d’idées saugrenues, inspirées du dadaïsme. Au niveau des costumes par exemple, le personnage principal porte une robe folklorique que l’on aperçoit furtivement sous son long manteau.

J’ai essayé de réaliser d’autres courts métrages comme El código ou Hitler está vivo (2006 pour les deux), mais cela m’est devenu presque impossible car quand on commence à réaliser des longs-métrages, on a du mal à revenir au court. Au bout d’un moment, les gens te disent : “Si tu veux travailler avec moi, paye-moi !”, “N’essaye pas de me demander de faire quelque chose de surréaliste et de pas cher encore !”. C’est une profession, pas un jeu et c’est bien ça le problème.

Mirindas asesinas

Première fantaisie surréaliste de Álex de la Iglesia, Mirindas Asesinas développe un univers de comédie noire où se mêlent satire, picaresque et violence grotesque ; un cocktail détonnant qui deviendra la marque de fabrique de son auteur. Une première œuvre brute, séminale et irrévérencieuse, qui le fit remarquer notamment auprès de Pedro Almodóvar, futur producteur de son premier long-métrage, Action mutante.

Jaume Balagueró, réalisateur de [●REC] et La Secte sans nom.

© Les Julien(s)

Pour ma part, le court métrage adopte un langage différent de celui utilisé en long, certaines histoires ne doivent être racontées qu’en forme courte. Et en même temps, le format spécifique du court métrage sert aussi à l’apprentissage des métiers cinématographiques. Pour un réalisateur en devenir, c’est une étape qui lui permet de s’introduire et de faire ses premiers pas sur le marché de l’industrie cinématographique. Lorsque qu’on est passé ensuite au long-métrage, il y a toujours des histoires qui nous semblent être parfaites pour le court métrage. Il m’arrive de vouloir refaire des courts-métrages, mais j’ai l’impression que cela serait presque plus difficile pour moi que de me lancer dans un long-métrage. Car mes films longs sont produits et financés dans un cadre économique mais cela ne serait pas le cas si je refaisais un court. Comment pourrais-je convaincre aujourd’hui un producteur de financer un énième court métrage sûrement à perte ?

Je nourris un lien particulier avec L’Etrange Festival, car j’y ai montré mon premier court-métrage Alicia et j’ai remporté le Grand Prix à l’époque. Entre cette reconnaissance et celle reçue au Festival de Sitges, cela m’a vraiment mis le “pied à l’étrier”. Avec le temps, j’ai développé un lien d’amitié vraiment fort avec les têtes pensantes de l’Etrange festival, Frédéric Temps et Philippe Lux. Alicia est un film expérimental crû, essentiellement basé sur l’atmosphère et les métaphores visuelles. Il témoigne d’une violence graphique poussée et développe de nombreux thèmes ou obsessions dont je voulais traiter. C’est une première proposition encore brute, non dégrossie.

Alicia

Grand Prix de L’Etrange Festival en 1994, Alicia cultive une violence expérimentale sèche, dans un dispositif atmosphérique malaisant où il est question de sexualité naissante, de servilité et de domination. Un film froid, dérangeant et frontal, filmé dans un somptueux noir et blanc, qui lorgne du côté de la performance artistique.

Marc Caro & Jean Pierre Jeunet, co-réalisateurs de Delicatessen et La Cité des enfants perdus.

© Les Julien(s)

Marc Caro : Pour moi, le court métrage est un espace de création que j’aime toujours beaucoup parce que c’est un territoire d’expérimentation dont l’on peut ensuite se servir dans les longs-métrages. Le court peut être juste basé sur une idée conceptuelle ou visuelle que l’on souhaite tester. C’est un espace débarrassé de certaines contraintes, notamment liées à la rentabilité du film. On peut tout essayer, dans un espace de pure création, sans se soucier d’autre chose que du film en lui-même.

Jean-Pierre Jeunet : Pour ma part, cela faisait bien longtemps que je n’avais pas fait de courts. Je viens de réaliser un petit court-métrage d’animation, 2 escargots s’en vont, pour le plaisir, sans prétention, et qui a été projeté au Festival de Clermont-Ferrand cette année. C’est Romain Segaud qui s’est occupé de l’animation. Au départ, je m’étais juste amusé à créer des petites bestioles de fil et de broc, dans mon coin, et tout le monde m’a dit qu’il fallait en faire un film d’animation. En voyant les créatures que j’avais conçues, Romain Segaud m’a convaincu avec seulement une photo fixe qu’il pouvait les animer. Je n’ai même pas compris comment il avait fait. Ensuite, on les a photographiées sous tous les angles et on s‘est lancé dans l’aventure, mais ce n’est pas pour cela que je vais faire un court-métrage toutes les semaines.

MC : Mon nouveau court-métrage n’est pas encore terminé, je suis encore en plein dedans, je bosse comme un fou dessus. C’est un film d’animation sur ordinateur, ça s’appelle Looop, c’est très expérimental. Jean-Pierre et moi avons bossé ensemble sur les décors d’ailleurs.

Un des court-métrages que j’apprécie le plus et que l’on avait vu au Festival d’Annecy tous les deux à l’époque, c’est Tango de Zbigniew Rybczyński, film très conceptuel avec une rythmique incroyable et de fabuleuses idées d’exploration. Rybczyński a travaillé aussi sur des clips, c’est lui qui a réalisé Imagine pour John Lennon. Les réalisateurs avec de pareilles idées de films, à la fois compliquées et novatrices, mais aussi idéales pour une forme courte, devraient chercher à les faire eux-mêmes, ils perdraient moins de temps et d’énergie. Même si, bien entendu, on ne peut pas vraiment faire de film tout seul.

J-P. J. : Se lancer dans un court-métrage aujourd’hui, c’est mettre autant d’énergie que pour faire un long-métrage. Sauf si cela s’avère une parenthèse qui ne prend pas beaucoup de temps et à laquelle on s’adonne pour le plaisir.

Foutaises de Jean-Pierre Jeunet

12 ans avant la fameuse liste des “J’aime – J’aime pas” du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, Dominique Pinon dresse lui aussi sa liste personnelle faite de petits riens qui ne sont pas sans rappeler la poésie qui émane des films du tandem Marcel Carné et Jacques Prévert.

Le Défilé de Marc Caro

Dans ce court-métrage nettement influencé par l’esthétique steampunk, Marc Caro met en scène un défilé de mode en quatre temps. Pour cela, il s’entoure d’artistes de grands talents avec notamment Jean-Paul Gaulhier pour les costumes, Régine Chopinot pour les chorégraphies et The Residents pour la musique.

Propos recueillis par Julien Beaunay et Julien Savès

Remerciements à L’Etrange Festival, Estelle Lacaud, Alain Burosse et Frédéric Temps.

Short Screens #75 : Urban Vibes

Pour sa séance d’octobre, Short Screens dévoile les lumières citadines. L’espace urbain avec ses mégapoles tentaculaires, banlieues marginales et métissages cosmopolites, témoigne d’une culture spécifique qu’il peut arborer avec fierté. Véritable ode à la ville, la séance « Urban Vibes », est à voir sur les écrans de l’Aventure ce 26 octobre !

Rendez-vous le jeudi 26/10 à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€

Visitez la page Facebook de l’événement ici !

PROGRAMMATION

Agulana de Gérald Frydman, Animation, Belgique, 1976, 14’50’’ (Scarfilm), Prix du Jury à Cannes en 1976

La radio et des hauts parleurs installés dans les rues. Toute la population était captivée. Elle ne remarqua donc rien lorsque d’étranges incidents commencèrent à se produire…

La Dame dans le tram de Jean-Philippe Laroche, fiction, Belgique, 1993, 7’75’’ (Nota Bene)

Une rencontre forcée entre une dame acariâtre et un jeune homme noir dans le tram bruxellois.

FLO de Riley Hooper, documentaire, Etats-Unis, 2012, 9’44’’ (Riley Hooper)

Une plongée dans la vie et le travail de la photographe Flo Fox, qui continue à photographier les rue de New York malgré le fait qu’elle soit aveugle, atteinte d’un cancer des poumons et de scléroses multiples.

Le Skate moderne de Antoine Besse, docu-fiction, France, 2013, 6’34’’ (KloudBox Production). Prix Format Court au Festival de Grenoble 2014

Loin des lignes classiques au « fisheye », des spots de béton lisses et parfaits, « le skate moderne » nous présente un groupe de skaters qui n’hésitent pas à mettre leurs boards dans la boue et rouler sur un environnement insolite et atypique, celui de nos campagnes.

Articles associés : la critique du film, l’interview d’Antoine Besse

Nebenan de Andreas Marterer, animation, Allemagne, 2013, 5’5’’

La routine et le quotidien d’individus dans l’anonymat d’une ville sans visage.

The Mad Half Hour de Leonardo Brzezicki, fiction, Argentine, 2015, 22’ ( Rewind my future). Prix Format Court au Festival IndieLisboa 2015

« The Mad Half Hour » laisse émerger les doutes existentiels d’un jeune couple dans les rues de Buenos Aires.

Articles associés : la critique du film, notre dossier sur Leonardo Brzezicki

Sali de Ziya Demirel, fiction, France, 2015, 12’ (Origine Films)

Une journée ordinaire pour une jeune lycéenne d’Istanbul, un jour partagé par la rencontre de trois hommes: sur le chemin de l’école, sur le terrain de basket-ball et dans le bus.

Article associé : la critique du film

After Short Cesar / Jeudi 26.10 / Les présents

Ce soir, Format Court vous donne rendez-vous au Point Éphémère (Paris, 10ème) à partir de 20h pour son nouvel After Short spécial Cesar, organisé en partenariat avec l’ESRA.

Cette soirée de networking (sans projection) en entrée libre et sur réservation (aftershortformatcourt@gmail.com) se déroulera en présence de pas moins de 24 équipes de courts-métrages de fiction et d’animation présélectionnées aux Cesar 2018, soit 2/3 des courts en lice aux prochains Cesar.

Ce soir, plus de 40 professionnels (réalisateurs, scénaristes, comédiens, producteurs, chefs opérateurs, monteurs, post-producteurs, distributeurs, …) seront au Point Éphémère pour représenter leurs films et vous rencontrer. Leurs photos seront affichées afin de les identifier; des affiches, cartes postales, pin’s, dossiers de presse et DVD de certains films seront également mis à disposition.

Seront présentes les personnes suivantes, accompagnées de leurs équipes :

Côté fiction

Josza Anjembe (réalisatrice, Le Bleu blanc rouge de mes cheveux), Sylvain Dieuaide (réalisateur, Guillaume à la dérive), Nelson Ghrenassia (producteur, Yukunkun Productions), Alice Vial (réalisatrice, Les Bigorneaux), Jonathan Hazan (producteur, Les Films du Cygne), Brice Pancot (chef opérateur, post-producteur), Nicolas Sarkisian (monteur), Benoit Martin (réalisateur, La Convention de Genève), Ladj Ly (réalisateur, Les Misérables), Raphaël Alexandre et Nicolas Lepêtre (producteurs, Georges Films), Laura Towsend (productrice, La Ruche Productions), Anthony Doncque (réalisateur, 1992), Louis Duneton (comédien), Sarah Santamaria-Merten (réalisatrice, Blind Sex), Ludovic Henry (producteur, La Mer à Boire Productions), Loïc Barché (réalisateur, Goliath), Jessica Palud (réalisatrice, Marlon), Lucas Tothe et Sylvain Lagrillère (producteurs, Punchline Cinéma), François-Pierre Clavel (producteur, Kidam), Marie Vachette (distributrice, Vendredi Distribution), Anaïs Colpin (chargée de diffusion, Manifest), Bilel Chegrani, Adil Dehbi, Jennifer Gromas (comédiens, Goût bacon), Mélanie Laleu (réalisatrice, Noyade interdite), Christophe Larue (chef opérateur), Pascal Barbier (producteur, A Travers Le Miroir), Olivier Chantriaux (producteur, Filmo), Stéphan Castang (réalisateur, Panthéon Discount), toute l’équipe de Takami Productions , Jean-Pierre Kalfon (comédien), Sébastien Chabane (comédien), ….

Côté animation

Marie Amachoukeli et Vladimir Mavounia-Kouka (réalisateurs, I Want Pluto To Be A Planet Again), Annabel Sebag (distributrice, Autour de Minuit), Edwina Liard (productrice, Ikki Films), Chloé Mazlo (réalisatrice, Diamenteur), Richard Van Den Boom (Papy3D Productions), Dora Benousilio (productrice, Les Films de l’Arlequin), …

En pratique

Jeudi 26 octobre 2017, de 19h30 à 23h
Le Point Éphémère : 200 Quai de Valmy – 75010 Paris
Métro Jaurès (lignes 5, 2 et 7 bis), Louis Blanc (ligne 7), Bus 26, 46, 48 : Goncourt, Couronnes, Parmentier)

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Le film de la semaine : Les Indes Galantes de Clément Cogitore

Clément Cogitore, artiste et réalisateur français d’Un archipel, de Parmi nous, de Ni le ciel ni la terre et de Braguino (sortie le 1er novembre), véritable touche-à-tout des arts visuels a été invité par l’Opéra national de Paris Bastille pour nous offrir un très beau combiné de ce que la musique classique et la danse contemporaine peuvent nous offrir de mieux.

Il adapte pour 3e Scène, plateforme en ligne de l’Opéra de Paris, une courte partie de ballet des « Indes galantes » de Jean-Philippe Rameau, avec le concours d’un groupe de danseurs de krump, et de trois chorégraphes : Bintou Dembele, Grichka et Brahim Rachiki.

Le krump, danse apparue à Los Angeles dans les années 90 après le passage à tabac de Rodney King par la police, se confronte ou plutôt s’accorde avec les Indes galantes et plus exactement la danse du grand calumet de la paix de Jean-Philippe Rameau, œuvre dite classique du 18ème siècle.

Révélée sous un jour nouveau avec une puissance incroyable par Clément Cogitore, l’œuvre musicale est mise en exergue par les danseurs et nous offre un véritable condensé d’énergie. Les corps s’animent, se confrontent et s’engagent dans une danse qui nous envoûte. Sciemment calculée ou chorégraphiée par endroits. Une « violence » artistique.

Nous sommes pris dans la danse par la caméra mêlée au public. Les percussions rythment les pas et les gestes sous la lumière de la scène de l’Opéra de Paris. Nous en ressortons éblouis par la beauté et la souffrance, maître mot d’une danse née dans les larmes mais élevée au rang d’art classique avec le film de Clément Cogitore.

Clément Beraud

Article associé : l’interview de Clément Cogitore

Command Action de João Paulo Miranda Maria

Command Action, le film de João Paulo Miranda Maria se construit sur une recherche esthétique, l’harmonie et l’équilibre entre une grande variété d’éléments visuels. Chaque scène se révèle comme étant une attitude esthétique avec une préoccupation humaniste.

Le récit se déroule dans un marché ouvert qui rassemble des personnes d’origines différentes et offre une base intéressante pour la narration. À travers le regard d’un jeune garçon errant dans la marché, le réalisateur brésilien embarque sur une exploration de la réalité sociale.

Le protagoniste part faire des courses pour sa mère mais se laisse vite distrait par un confrère qui supplie sa propre mère de lui acheter un jouet télécommandé. Il hésite ensuite sur tout le chemin entre acheter ladite babiole ou les provisions qu’il devait aller chercher. Après un moment d’indécision, il se dirige vers trois amis qui l’incitent à voler le jouet. Le garçon s’en va en rejetant fermement cette proposition immorale. Juste avant la fermeture du marché, il décide finalement d’acheter le jouet et d’abandonner son intention initiale.

Cette histoire est une métaphore parfaite de la situation précaire des enfants dans la société. En total, six enfants ont été mis en scène pour le film : le personnage principal, son petit frère, les trois garçons et le gamin du marché. Ce qui distingue le protagoniste des autres personnages est qu’il possède non seulement la faculté de raisonner de façon autonome mais aussi le pouvoir social (sous forme d’argent) pour agir. Lui seul est capable d’écouter, de réfléchir et de décider. Ce court-métrage de 14 minutes montre parfaitement l’expérience d’enfants en train de grandir. Bien que le garçon n’ait pas transgressé la discipline morale, il finit par se perdre dans le grand environnement social.

João Paulo Miranda Maria a conçu le film comme une allégorie, exprimant son inquiétude à l’égard de la situation des adolescents dans la société et provoquant ainsi la réflexion chez le spectateur. Sa maîtrise narrative et métaphorique ainsi que la construction visuelle raffinée témoignent de son talent en tant que cinéaste.

Texte : Yu Yilu. Film recommandé par Qiu Yang, Palme d’or du court-métrage 2017

Changement de date pour l’After Short !

Avis important ! Pour des raisons totalement indépendantes de notre volonté, notre soirée After Short, spécial Cesar, prévue initialement le mercredi 25/10/2017 au Point Éphémère (Paris, 10ème) est reportée au lendemain, jeudi 26/10/2017, à partir de 20h, au même endroit.

Nous nous excusons de ce désagrément et vous donnons donc rendez-vous jeudi prochain au Point Éphémère (Paris, 10ème) pour notre nouvelle soirée de networking en l’honneur des courts (fictions & animations) présélectionnés aux Cesar 2018, organisée en partenariat avec l’ESRA (attention : pas de projection prévue !).

Seront présentes les équipes des films suivants (liste susceptible de changements) :

En fiction :

– Panthéon Discount de Stéphan Castang, Takami Productions
– Le Bleu blanc rouge de mes cheveux de Josza Anjembe, Yukunkun Productions
– Guillaume à la dérive de Sylvain Dieuaide, Yukunkun Productions
– Les Bigorneaux d’Alice Vial, Les Films du Cygne
– La Convention de Genève de Benoit Martin, Année Zéro
– Les Misérables de Ladj Ly, Les Films du Corso
– Mare Nostrum de Rana Kazkaz et Anas Khalaf. Georges Films
– Debout Kinshasa ! de Sébastien Maitre, La Ruche Productions
– 1992 d’Anthony Doncque, 10:15! Productions
– Blind Sex de Sarah Santamkria-Merten, La Mer à Boire Productions
– Goliath de Loïc Barché, Punchline Cinéma
– Marlon de Jessica Palud, Punchline Cinéma
– Le Film de l’été d’Emmanuel Marre, Kidam, Michigan FIlms
– Pas comme des loups de Vincent Pouplard, Les Films du Balibari
– Goût bacon de Emma Benestan, 1000 Visages Production
– Noyade interdite de Mélanie Laleu, A Travers Le Miroir, Offshore

En animation :

– I Want Pluto To Be A Planet Again de Marie Amachoukeli, Vladimir Mavounia-Kouka, Autour de Minuit
– Negative Space de Ru Kuwahata, Max Porter, Ikki Films
– Love de Réka Bucsi, Passion Paris, Boddah
– Decorado d’Alberto Vazquez, Autour de Minuit
– Diamenteurs de Chloé Mazlo, Les Films Sauvages
– A l’horizon de Izabela Bartosik-Burkhardt, Les Films de l’Arlequin
– L’Ogre de Laurène Braibant, Papy3D Productions

En pratique

Jeudi 26 octobre 2017, de 19h30 à 23h
Le Point Éphémère : 200 Quai de Valmy – 75010 Paris
Métro Jaurès (lignes 5, 2 et 7 bis), Louis Blanc (ligne 7), Bus 26, 46, 48 : Goncourt, Couronnes, Parmentier)

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5 courts primés aux Cesar en ligne !

À l’occasion de l’After Short spécial Cesar, organisé le mercredi 25 octobre 2017 au Point Éphémère (Paris, 10ème) en partenariat avec l’ESRA, autour des courts-métrages présélectionnés aux Cesar 2018, nous vous proposons de (re)découvrir 5 courts métrages ayant remporté la précieuse statuette en leur temps mais aussi de vous (re)plonger dans certaines de nos archives (critiques, interviews).

Le Cri du homard de Nicolas Guiot. Fiction, 30′, France, Belgique, 2012, Offshore, Hélicotronc, Ultime Razzia Productions. Cesar du meilleur court métrage 2013

Article associé : la critique du film

L’Accordeur de Olivier Treiner. Fiction, 13′, France, 2010, 2425 Films. Cesar du meilleur court métrage 2012

Logorama de H5 (François Alaux, Ludovic Houplain, Hervé de Crecy). Animation, 16’, France, 2009, Autour de Minuit. Cesar du meilleur court métrage 2011

Articles associés : l’interview de Ludovic Houplain, co-réalisateurl’interview de Nicolas Schmerkin, producteur d’Autour de Minuit

Les Miettes de Pierre Pinaud. Fiction, 31′, France, 2008, Sli Productions. Cesar du Meilleur court métrage 2009

L’Homme sans tête de Juan Solanas. Animation, 15′, France, 2003, Onyx Films. Cesar du Meilleur court métrage 2004

Nouvel After Short, spécial Cesar, jeudi 26/10 au Point Éphémère

À l’occasion de la rentrée, le magazine en ligne Format Court vous invite à la reprise de ses After Short, ses soirées de networking réunissant la communauté active et dynamique du court métrage, le jeudi 26 octobre 2017 à partir de 20h au Point Éphémère (Paris, 10ème).

Ce premier rendez-vous de l’année, organisé en partenariat avec l’école l’ESRA, sera consacré aux Cesar 2018 (pas de projection prévue !).

La soirée, en entrée libre et sur réservation (aftershortformatcourt@gmail.com), se déroulera en présence d’équipes de courts-métrages de fiction et d’animation présélectionnés aux Cesar 2018, et des équipes de Format Court et de l’ESRA.

Seront présentes les équipes des films suivants (liste susceptible de changements) :

En fiction :

– Panthéon Discount de Stéphan Castang, Takami Productions
– Le Bleu blanc rouge de mes cheveux de Josza Anjembe, Yukunkun Productions
– Guillaume à la dérive de Sylvain Dieuaide, Yukunkun Productions
– Les Bigorneaux d’Alice Vial, Les Films du Cygne
– La Convention de Genève de Benoit Martin, Année Zéro
– Les Misérables de Ladj Ly, Les Films du Corso
– Mare Nostrum de Rana Kazkaz et Anas Khalaf. Georges Films
– Debout Kinshasa ! de Sébastien Maitre, La Ruche Productions
– 1992 d’Anthony Doncque, 10:15! Productions
– Blind Sex de Sarah Santamkria-Merten, La Mer à Boire Productions
– Goliath de Loïc Barché, Punchline Cinéma
– Marlon de Jessica Palud,Punchline Cinéma
– Le Film de l’été d’Emmanuel Marre, Kidam, Michigan FIlms
– Pas comme des loups de Vincent Pouplard, Les Films du Balibari
– Goût bacon de Emma Benestan, 1000 Visages Production
– Noyade interdite de Mélanie Laleu, Offshore, A Travers Le Miroir
– Il Silenzio de Ali Asgari, Farnoosh Samadi Frooshani, Kino Produzioni, Filmo
– Tangente de Julie Jouve, Rida Belghiat, Lacoupure

En animation :

– I Want Pluto To Be A Planet Again de Marie Amachoukeli, Vladimir Mavounia-Kouka, Autour de Minuit
– Negative Space de Ru Kuwahata, Max Porter, Ikki Films
– Decorado d’Alberto Vazquez, Autour de Minuit
– Diamenteurs de Chloé Mazlo, Les Films Sauvages
– L’Ogre de Laurène Braibant, Papy3D Productions
– A l’horizon de Izabela Bartosik-Burkhardt, Les Films de l’Arlequin

En pratique

Jeudi 26 octobre 2017, de 19h30 à 23h
Le Point Éphémère : 200 Quai de Valmy – 75010 Paris
Métro Jaurès (lignes 5, 2 et 7 bis), Louis Blanc (ligne 7), Bus 26, 46, 48 : Goncourt, Couronnes, Parmentier)

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En quête d’un(e) super stagiaire !

En ligne depuis près de 9 ans, Format Court est devenu un magazine de référence sur le court métrage, nourri par près de 4.000 articles. Son équipe, constituée d’une dizaine de passionnés, défend à l’année l’éducation à l’image, la promotion et la diffusion de la forme courte ainsi que son accessibilité au plus grand nombre.

Pendant 5 ans, le site a attribué des prix en festival en France et à l’étranger et a organisé des soirées mensuelles de courts métrages au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), en présence d’équipes.

L’an passé, Format Court a relancé les After Short, des soirées de networking organisées au Point Éphémère (Paris 10ème), réunissant de nombreux professionnels du cinéma, des étudiants mais aussi des cinéphiles.

Le magazine prépare dorénavant son premier festival, courant 2018.

Dans le cadre de notre projet, nous recherchons un(e) stagiaire curieux(se), autonome, sociable, intéressé(e) par le cinéma et sa diffusion, jouissant d’une bonne expression écrite et de compétences informatiques (Photoshop, WordPress). Une connaissance de l’infographie et une expérience préalable dans le secteur de la communication sont des plus.

Missions

– Communication et organisation autour du prochain After Short Format Court, spécial Cesar, le jeudi 26/10 au Point Éphémère (Paris, 10ème)
– Rédactionnel (critiques, interviews, suivi de festivals), participation aux mises en ligne, vérification des archives du site
– Assistanat sur le festival Format Court
– Participation aux réunions de rédaction Format Court, envois de compte-rendus
– Élaboration, recherche et suivi de partenariats financiers, institutionnels ou mécènes

Modalités

Structuré en association, Format Court recherche un(e) super stagiaire. Le stage offre de nombreux avantages : suivi de l’actualité cinématographique, immersion dans le milieu du court métrage et des festivals, découverte de nouveaux films et auteurs, participation au rédactionnel du site, contacts avec les professionnels, développement de projets, ….

Intéressé(e) ? Merci d’envoyer votre lettre de motivation et CV à Katia Bayer à l’adresse suivante : info@formatcourt.com.

Le Petit Chaperon rouge de David Kaplan

Little Red Riding Hood de David Kaplan, fiction, Etats-Unis, 1997, 12’3” (Rocco Caruso, Jasmine Kosovic)

Synopsis : Une version aussi fascinante que sombre du “Petit chaperon rouge” avec Christina Ricci en jeune ingénue.

En raison de son intérêt dramatique et narratif, l’histoire du Petit Chaperon rouge a fait l’objet d’innombrables adaptations cinématographiques, la plupart des réinterprétations évoquant tour à tour le récit initiatique, le rite de passage à la maturité sexuelle, l’allégorie de la libération ou encore de la subjugation féminine… Pourtant, le réalisateur américain David Kaplan parvient à en faire une expérience formelle unique, à la fois agrémentée par une sensualité ardente et détournée par un humour noir à la limite du trash. Un véritable mélange envoûtant et saugrenu de cannibalisme, d’érotisme et de scatologie.

C’est en 1997 que Kaplan revisite ce conte pan-européen popularisé dans les écrits de Charles Perrault, des frères Grimm ou encore d’Italo Calvino. Son choix pour interpréter le rôle du protagoniste porte alors sur l’éternelle juvénile Christina Ricci, à l’époque âgée de 16 ans ; choix pour le moins interpelant au vu de la lecture hypersexualisée du sujet que le cinéaste offre ici. Ricci assume brillamment cette ambiguïté entre candeur et sensualisme. A ses côtés, le danseur de ballet moldave Timour Bourtasenkov incarne un loup androgyne qui balance aux accents énigmatiques du Prélude à l’après-midi d’un faune de Claude Debussy. Le film demeure résolument dans le royaume du conte stricto sensu, narré par la voix unique (et l’unique voix) de Quentin Crisp.

La mise en scène, signée Scott Ramsay, est onirique, théâtrale, réduite au noir et blanc et présente un décor sombre, rappelant le grand expressionnisme allemand. Elle permet en même temps de faire contrepoids à la dimension sexuelle, en nous épargnant notamment le rouge du sang de la grand-mère, du chaperon ou encore de la bouche du protagoniste.

La musique, quant à elle, nous plonge dans un impressionnisme fébrile, évoquant la rêverie et l’érotisme que Nijinsky traduisit de façon controversée (et onaniste) sur scène en 1912, sur fond du même morceau. Le résultat est une œuvre dotée d’un esthétisme envoûtant, qui dérange en même temps qu’elle fascine.

Adi Chesson

Gros Chagrin de Céline Devaux

Remarquée dès son court-métrage de fin d’étude, Vie et mort de l’illustre Grigori Efimovitch Raspoutine récompensé du Prix du Meilleur Film d’Animation francophone (SACD) au Festival de Clermont-Ferrand 2013, et retrouvée avec ferveur pour Le Repas dominical (2015) en sélection au festival de Cannes la même année et lauréat du César de Meilleur Court Métrage d’Animation en 2016, Céline Devaux, sans renier ses pré-acquis de mise en scène, intègre la prise de vue réelle dans l’univers tout en expansion de son Gros Chagrin, son nouveau court-métrage.

Du réel seulement « intégré » ? Oui, car la réalisatrice organise la vie et la duplicité complice des images réelles et des scènes animées sans souffrir d’aucune compétition entre les deux. Et ce mariage des genres ne passe pas sans un certain éclat, puisque le film s’est vu remettre à l’occasion de la dernière Mostra de Venise le Prix du Meilleur Court Métrage et la nomination pour le European Film Award.

Gros Chagrin, c’est l’histoire qui suit l’histoire d’amour, l’épilogue de la passion : « Ça va passer. On s’en remet. Jean fête son anniversaire, boit trop et se souvient du week-end désastreux qui a mené à sa rupture avec Mathilde ».

Céline Devaux déclarait – dans l’interview qu’elle avait donné à Format Court en juillet 2015, que l’animation lui permettait de décupler l’art de la synthèse dans l’image, jusqu’à la « libérer des mots, des décors en trop ». Cette attitude, elle la conserve sans perte dans ce film qui serait d’une violence dramatique insupportable, si la poésie des coupes de montage, le mash-up sonore de phrases et conseils irritants et inhérents des proches dans pareilles circonstances de rupture, et l’expressivité des scènes animées ne venaient grandir cette tragédie humaine permanente d’un soupçon de beauté élégiaque.  Car il n’est pas de retour en arrière possible pour Jean et Mathilde, l’histoire ne recommencera pas, c’est fini.

Le générique introduit le film en utilisant comme toile de fond un duo de couleurs placé côte à côte, séparé par d’amples lignes franches et géométriques. On remarquera que cette assemblage de couleurs rappelle la distinction simple du ciel et de la terre dans l’un des films d’études de Céline Devaux, How to make a hysterically funny video on a very sad music (2010). Comme le ciel et la terre, ces plages de couleurs se côtoient sur la ligne d’horizon, et les deux amoureux s’embrassent, se câlinent, sans jamais n’être accroché d’aucune façon tangible.

La première scène du film en deux plans expose le conflit majeur posée par cette état de faiblesse à la fin d’une histoire d’amour : le sentiment amoureux se nourrit de paradoxes. Jean et Mathilde sont dans le même lit, d’abord allongés l’un près de l’autre puis Jean arc-bouté autour de la taille de Mathilde, au son, Jean délivre un : « Tu veux que je te quitte ? Je le fais ». Jean sera victime d’une chute libre qu’il a décidé d’entreprendre. Parce qu’il a raison, et Mathilde aussi : il/elle peut la/le quitter.

Mais sans ciel, la terre n’a pas d’horizon, et sans Mathilde, Jean n’a plus d’amour, en fait, il ne sait plus où il en est. C’est par l’entremêlement de ses turpitudes déboussolées que la collaboration de toutes les dimensions du film résonne. Des souvenirs précis du dernier week-end en amoureux (en prise de vue réelles), à ses impressions du monde à sa suite (en images animées) avec une circulation parallèle sur la bande son de phrases symptomatiques des proches et des amis, le mélange des trois types d’expression, leur enchevêtrement ne respectant aucune ligne temporelle ou progression dramatique témoigne du marasme individuel dans lequel s’enfonce l’Alpha privé de son Omega.

C’est une situation dont l’on saisit qu’elle n’est due ni au sexe ni au rôle de Jean dans la rupture puisqu’elle est partagée par les deux camps – il n’a pas tout fait tout seul, c’est le fruit d’« un consensus mutuel ». Et Mathilde d’accompagner la plainte finale (fatale ?) de Jean en employant les mêmes mots, en même temps, dans des strophes faisant l’apologie du temps d’avant : les mêmes déceptions dans des bouches qui ne se croiseront plus, la dernière expérience partagée du couple.

Avant de finir, rappelons que Gros Chagrin entretient sûrement une autre relation forte avec How to make a hysterically funny video on a very sad music que nous évoquions plus haut. Le film le plus ancien nous décrochait des sourires malgré son ton sombre, Gros Chagrin, lui, arrive à nous rendre la rupture de ces deux êtres vivable, jusqu’à belle, et ne montre pourtant rien d’autre que cela. C’est certainement l’ultime paradoxe du film, mais ce n’est pas le dernier que Céline Devaux conciliera, à notre avis.

Gary Delépine

Consulter la fiche technique du film

G comme Gros Chagrin

Fiche technique

Synopsis : Ça va passer. On s’en remet. Jean fête son anniversaire, boit trop et se souvient du week-end désastreux qui a mené à sa rupture avec Mathilde.

Genre : Fiction, animation

Durée : 15’

Pays : France

Année : 2017

Réalisation : Céline Devaux

Scénario : Céline Devaux

Interprétation : Victoire Du Bois, Swann Arlaud

Animation : Céline Devaux

Image : Paul Guilhaume

Son : Henri Puizillout

Musique : Flavien Berger

Montage : Raphaël Martin-Holger

Production : Sacrebleu Productions

Article associé : la critique du film

5+1 bons courts suédois à voir en ligne

En prévision de la sortie le 18 octobre prochain de The Square, le nouveau long-métrage du réalisateur suédois Ruben Östlund, lauréat de la Palme d’or cette année à Cannes, nous vous invitons à retrouver en ligne Incident by a bank, le deuxième court-métrage de Ruben Östlund, détenteur de l’Ours d’or à la Berlinale 2010, mais aussi de faire le plein de 5 autres courts suédois, coups de cœur de Format Court ces dernières années.

Incident by a bank de Ruben Östlund. 11′, Expérimental, 2010, Suède, Plattform Produktion. Ours d’or, Berlinale 2010

Hopptornet de Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck. Documentaire expérimental, 19′, Suède, 2016, Plattform Produktion. Primé à Clermont-Ferrand 2017

Article associé : la critique du film

Kung Fury de David Sandberg. Fiction, comédie, 30’, 2015, Suède, Laser Unicorns Productions. Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs 2015

Article associé : la critique du film

Instead of Abracadabra de Patrik Eklund. Fiction, comédie, 22′, 2008, Suède, Direktörn & Fabrikörn. Sélectionné aux Oscars 2010

Articles associés : la critique du filml’interview de Patrik Eklund

Tussilago de Jonas Odell. Animation, documentaire, 15′, 2010, Filmtecknarna Animation. Prix Format Court au Festival Anima 2011

Articles associés : la critique du film, l’interview de Jonas Odell

Music for one Apartment and six Drummers de Ola Simonsson et Johannes Starjne Nilsson. Fiction, comédie, 10′, 2002, Suède, Kostr-Film. En compétition au Festival de Cannes 2011

Article associé : la critique du film

Short Screens #74 : « Il était une fois »

Ce jeudi 28 septembre, si vous êtes à Bruxelles, 3 courts-métrages sont à découvrir au Cinéma Aventure à l’occasion de la soirée Short Screens de rentrée, joliment dédiée au conte, en compagnie de Juliette Borel et Ummée Shah. Ces deux conteuses à l’univers acidulé, aux histoires inspirées aussi bien de la tradition orale que du conte contemporain, viendront ponctuer la sélection ciné de leurs voix uniques et complices.

Rendez-vous le jeudi 28/9  à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€

Visitez la page Facebook de l’événement ici !

Programmation

Mumkin Boukra de Thibaut Huchard, animation, France, 2010, 5’ (Ecole Emile Cohl)

Un sultan découvre sa femme dans les bras d’un autre homme. Il a exécuté les deux amants et cède la place à une fureur avivante, jusqu’à l’arrivée de Shahrazad.

Vozar de Miléna Bochet, documentaire, Belgique, 2001, 26’ (Need Productions)

Dans la petite communauté tsigane de Hermanouce, Vozar est respecté pour son âge et reconnu pour les histoires qu’il raconte. Il répare les télévisions, gère la diffusion des programmes et débranche le fil quand le feuilleton Esmeralda démarre. Vozar aime brouiller l’écran afin de mieux emporter les siens dans le monde des contes.

Little Red Riding Hood de David Kaplan, fiction, Etats-Unis, 1997, 12’3” (Rocco Caruso, Jasmine Kosovic)

Une version aussi fascinante que sombre du “Petit chaperon rouge” avec Chrisitina Ricci en jeune ingénue.

Les courts nommés aux Cesar 2018

Pas moins de 36 courts – 24 fictions, 12 animations – ont été retenus par les comités des prochains Cesar. Il y en a pour tous les goûts, nous, on n’aime pas tout.

Les 24 films de la Sélection Officielle Court Métrage César 2018 sont :

*1992, réalisé par Anthony Doncque
*A BRIEF HISTORY OF PRINCESS X, réalisé par Gabriel Abrantes
*BLIND SEX, réalisé par Sarah Santamaria-Mertens
*DEBOUT KINSHASA !, réalisé par Sébastien Maitre
*ET TOUJOURS NOUS MARCHERONS, réalisé par Jonathan Millet
*FÉFÉ LIMBÉ, réalisé par Julien Silloray
*GOLIATH, réalisé par Loïc Barché
*GOÛT BACON, réalisé par Emma Benestan
*GUILLAUME À LA DÉRIVE, réalisé par Sylvain Dieuaide
*JE LES AIME TOUS, réalisé par Guillaume Kozakiewiez
*LA CONVENTION DE GENÈVE, réalisé par Benoît Martin
*LA LAINE SUR LE DOS, réalisé par Lotfi Achour
*LE BLEU BLANC ROUGE DE MES CHEVEUX, réalisé par Josza Anjembre
*LE FILM DE L’ÉTÉ, réalisé par Emmanuel Marre
*LE SILENCE, réalisé par Ali Asgari et Farnoosh Samadi
*LES BIGORNEAUX, réalisé par Alice Vial
*LES ENFANTS PARTENT À L’AUBE, réalisé par Manon Coubia
*LES MISÉRABLES, réalisé par Ladj Ly
*MARE NOSTRUM, réalisé par Rana Kazkaz et Anas Khalaf
*MARLON, réalisé par Jessica Palud
*NOYADE INTERDITE, réalisé par Mélanie Laleu
*PANTHÉON DISCOUNT, réalisé par Stéphan Castang
*PAS COMME DES LOUPS, réalisé par Vincent Pouplard
*TANGENTE, réalisé par Julie Jouve et Rida Belghiat

Les 12 films de la Sélection Officielle Animation (Court Métrage) César 2018 sont

*À L’HORIZON, réalisé par Izabela Bartosik-Burkhardt
*ALPHONSE S’ÉGARE, réalisé par Catherine Buffat et Jean-Luc Gréco
*DECORADO, réalisé par Alberto Vázquez
*DIAMENTEURS, réalisé par Chloé Mazlo
*I WANT PLUTO TO BE A PLANET AGAIN, réalisé par Marie Amachoukeli et Vladimir Mavounia-Kouka
*L’OGRE, réalisé par Laurène Braibant
*LE FUTUR SERA CHAUVE, réalisé par Paul Cabon
*LOVE, réalisé par Réka Bucsi
*LE JARDIN DE MINUIT, réalisé par Benoît Chieux
*MON HOMME (POULPE), réalisé par Stéphanie Cadoret
*NEGATIVE SPACE, réalisé par Ru Kuwahata et Max Porter
*PÉPÉ LE MORSE, réalisé par Lucrèce Andreae

Hätäkutsu de Hannes Vartiainen & Pekka Veikkolainen

The short film of the week by Minna Nurmi, programer for the Savonlinna international nature film festival (www.sinff.fi)

Hätäkutsu (Emergency calls) by Hannes Vartiainen & Pekka Veikkolainen. Documentary, 15′, 2013, Finland, prod. : Pohjankonna Oy

Storyline : Being human is a fragile and fleeting opportunity to experience life and the universe around us. In the face of overwhelming darkness all we can do is to rely on and find solace in one another. This film is based on authentic emergency calls and radio traffic.

Synopsis : Être humain est une opportunité fragile et furtive d’expérimenter la vie et l’univers autour de nous. Face à l’obscurité écrasante tout que nous pouvons faire afin d’être relié les uns aux autres, c’est de trouver la consolation de l’autre. Ce film est basé sur des appels au secours authentiques passés à la radio du traffic routier.

Emergency calls is an experimental, documentaric short film, based on authentic emergency calls and radio traffic. It reminds that being human is a fragile and fleeting opportunity to experience life and the universe around us. In the face of overwhelming darkness, all we can do is to rely on and find solace in one another.

I got enchanted by this film in 2013 when it came out on a film festival, where I was working as an intern. I found it a good example of how a short film has it´s unique ability to tell emotionally strong and important stories in a short format.

I find the film interesting in its way to dominate the visual content with its soundscape of authentic emergency calls and radio traffic. We hear emergencies of all kinds – from very personal to very universal ones. One of them is the sinking of M/S Estonia Ferry in the Baltic sea in 1994, that caused the death of more than 800 people. This huge national tragedy, that I remember from my childhood, experienced trough the authentic emergency calls, goes deep under my skin. Except fragility of life, it reminds also of the strength of nature, that we can not control. Most of us have experienced an emergency of some kind, which makes the film easy to identify with.

Dark frames between the collage of archive material, sea maps, natural phenomenons, human faces and documentaric material creates a rhythm that adapts to the emotional charge of the film. Even in the middle of the despair, there is always some humor. Unfortunately, the English translation is lacking some nuances of the expressions used in the recorded calls in Finnish.

Minna Nurmi

Qiu Yang. Rester fidèle à la réalité

Premier réalisateur chinois à avoir obtenu une Palme d’or à Cannes avec son court-métrage A Gentle Night, le jeune Qiu Yang accompagne son film en festival (il vient de remporter ce weekend une Mention Spéciale au TIFF de Toronto) et travaille sur son premier long-métrage entre Paris et Changzhou, sa ville natale. En 2015, Qiu Yang était déjà venu à Cannes avec son film d’école, Under the Sun, sélectionné à la Cinéfondation en 2015. Son long-métrage portera d’ailleurs le même nom que son court. Nous avons rencontré il y a quelques mois Qiu Yang, pour qu’il nous parle de son parcours, de l’Australie, du réalisme et de son intérêt sans failles pour la Chine, ses histoires et ses habitants. Le point en plusieurs points.

À l’eau

Je suis intéressé par l’exploration du langage. Je ne considère pas mes films comme étant professionnels ou non.

Lorsqu’on fait son premier film, c’est comme quand on est étudiant : on doit chercher le financement pour son projet, l’école ne paie pas pour cela. D’une certaine manière, on peut parler de film « professionnel » car on s’exerce et on s’améliore.

À chaque film, j’essaye de faire quelque chose de différent. A Gentle Night, par exemple, est quelque chose que je voulais vraiment tenter. Il s’agit d’une histoire très conceptuelle, mais je voulais faire quelque chose de plus petit, confiné et classique que dans mes précédents courts-métrages. Mais même si tu peux penser que c’est un film plus classique, c’était un projet très différent pour moi, car je n’avais jamais fait un film comme cela auparavant. J’avais besoin de me jeter à l’eau, de faire quelque chose de différent, d’utiliser un zoom par exemple, ce que je n’avais jamais fait auparavant.

Influences

En parallèle au cinéma, j’ai une formation en peinture et en photographie. Le peintre qui m’a le plus influencé est Edward Hopper. Mon grand-père est peintre et mon père est architecte. J’ai appris la peinture depuis l’école primaire, mais je n’ai jamais envisagé de devenir peintre. Je peignais seulement par plaisir. Ensuite, j’ai eu la chance de pouvoir l’étudier à l’étranger, mais la peinture me lassait et je ne voulais pas en faire en tant que professionnel.

J’ai toujours regardé des films, car mon père est un grand cinéphile. Quand les cassettes VHS sont arrivées en Chine, il visionnait toujours des films d’action et des blockbusters hongkongais. Et moi, je les regardais avec lui. Pendant cette période, c’était les seuls films que l’on pouvait voir en Chine.

En fait, il n’y a pas vraiment de d’explication rationnelle qui expliquerait pourquoi j’ai voulu apprendre à faire du cinéma. Je n’avais même jamais touché à une caméra avant de décider à étudier le cinéma.

L’Australie

Il n’y avait pas de raison logique de faire des études de cinéma en Chine. A l’époque, la seule école était l’Académie de cinéma de Pékin et je savais qu’il était très dur d’y entrer. Comme je voulais quand même faire quelque chose d’académique, j’ai décidé d’aller étudier à l’étranger. J’ai choisi l’Australie, car vivre aux États-Unis ou en Angleterre était trop cher et je ne connaissais pas d’autres langues que l’anglais.

Pour pouvoir entrer à la Victorian College of the Arts en Australie, je devais juste passer un examen d’anglais et un autre sur le cinéma. J’y ai fait ma licence et mon Master.

Cette école n’est peut-être pas reconnue au niveau international, mais elle essaye de « créer » d’une certaine manière des auteurs. C’est pourquoi j’ai postulé et j’ai été pris. On devait y écrire, réaliser et monter nos propres films. Durant la première année, par exemple, j’ai réalisé quelques clips de musique.

Pendant mes études, j’ai beaucoup appris sur le cinéma et ça m’a plu. J’ai découvert progressivement les films d’art et essai et j’ai commencé à regarder les films du grand Theo Angelopoulos. C’est un cinéma très différent, mais j’y ai retrouvé quelque chose de familier, une sorte de lien entre son cinéma et le style de peinture que je faisais.

Sur le terrain

Mon Master en Australie a été une très bonne formation, mais ma licence était plutôt faible. On apprenait un peu de tout pour identifier ce qui nous intéressait le plus et ce à quoi on était bon. À cette période, je passais peu de temps à l’école, étant donné que la formation était vraiment trop basique.

Under The Sun

À cette époque, j’ai rencontré beaucoup de problèmes techniques, étant donné que je n’avais aucune expérience pratique. La première année, j’ai donc envoyé des emails à toutes les maisons de production de la ville et j’ai été pris comme stagiaire dans l’une d’entre elles. Les maisons de production commerciales tournaient toutes les semaines, elles avaient beaucoup de commandes. J’ai commencé par prendre des photos, j’ai travaillé ensuite comme assistant caméra et mon apprentissage est devenu beaucoup plus technique. On m’a formé et j’ai commencé à travailler en tant qu’assistant caméra et lumière indépendant pendant environ deux ans, durant mes années de licence. D’une certaine manière, cette expérience accumulée m’a aidé à comprendre chaque aspect de la fabrication d’un film du point de vue technique. Grâce à ça maintenant, je suis capable d’assurer mes propres contrôles techniques, et de parler avec l’opérateur image et le preneur de son dans leur propre langage.

Quelque chose de petit et de réaliste

En première année, on devait filmer avec une caméra 16 mm et on devait prendre tous nos camarades de classe dans notre équipe de tournage. Il devait seulement y avoir deux rôles dans le film, celui-ci devait durer 45 minutes. J’ai dépensé à peu près 1.000 dollars. Je voulais que le projet coûte le moins possible : je voulais faire quelque chose de petit, seulement pour m’entraîner et explorer une idée, un langage cinématographique.

Pour mes projets ultérieurs, Under The Sun et A Gentle Night, je ne voulais pas faire quelque chose de différent pour le plaisir d’être différent.

Pour Under The Sun, j’ai travaillé avec une petite équipe de 15 personnes, la qualité technique était très faible – nous ne rajoutions jamais de lumière et tournions toujours avec la lumière naturelle et disponible – et nous n’avions pas d’équipe maquillage ou de costumes. Nous essayions d’utiliser ce que nous trouvions dans le but d’augmenter le réalisme du décor.

Je suis incapable de travailler avec une équipe de tournage trop large, mais j’ai besoin d’un nombre suffisant de personnes pour pouvoir faire un film. Étant donné que j’ai acquis une formation technique, je sais combien de personnes me seront nécessaire par projet, l’autre raison étant que je veux être à l’aise pour faire mes films.

Le mystère

Beaucoup de mes histoires sont inspirées de faits réels et de ma propre histoire. Je veux vraiment explorer et comprendre les choses qui me sont arrivées ainsi qu’aux autres. Le cinéma est vraiment intéressant car il dispose de possibilités infinies. Par exemple, mon court-métrage Under The Sun fait participer le spectateur plus activement, le fait réfléchir.

(…) La question du mystère dépend du genre de films. Les films peuvent nous divertir et nous faire rire, mais ils peuvent aussi nous rendre tristes. Le cinéma d’art et essai fonctionne différemment dans le sens où il veut mettre les gens au défi, il veut les faire réfléchir, les faire participer. J’aime le cinéma populaire, mais c’est quelque chose que l’on regarde, qu’on apprécie et qu’on oublie ensuite. Au contraire, certains films indépendants nous font réfléchir et dès qu’on a fini de les regarder, on y repense et ils restent dans notre mémoire pour plusieurs jours, voire plusieurs mois. C’est quelque chose que je trouve vraiment puissant.

A Gentle Night – extrait de scénario

Le court, la rareté

Étant donné que la Chine est de plus en plus connectée au monde entier, de plus en plus de personnes ont compris l’importance du cinéma et beaucoup d’étudiants chinois réalisent des courts-métrages. Maintenant ceux qui font des courts-métrages en Chine sont pour la plupart des étudiants. Cela vient principalement du fait qu’ils sont financés par des particuliers. Aucune compagnie de production n’investirait pour faire des courts-métrages, car elle ne ferait pas vraiment de bénéfices. Pour A Gentle night, j’ai contacté quelques compagnies de production à Pékin mais cela n’a pas marché. En réalité, c’est un de mes camarades de lycée qui, intéressé par le projet, a financé le film. J’ai été très chanceux et je suis très reconnaissant envers mes amis qui sont venus m’aider pour faire le film.

La Palme

Je ne sais pas si mon prix obtenu à Cannes va changer quelque chose en Chine, mais je l’espère. Mon premier long-métrage, Under The Sun (portant le même nom que mon court) racontera une histoire qui se passe en Chine, dans ma ville natale, Changzhou. J’espère que la Palme rendra les choses faciles pour le tournage, car c’est toujours très compliqué de faire des longs-métrages en Chine.

A Gentle Night

Exploration, passage au long

Jusque ici, j’ai été chanceux de pouvoir raconter ce que je voulais, puisqu’il n’y a pas de censure pour les courts-métrages. Ce qui m’intéresse, c’est la vie des gens ordinaires, pas la réalisation de films politiques ou concernant des sujets sensibles. J’ai envie d’explorer la vulnérabilité de l’humanité, les histoires de mon pays, les interactions entre les humains et comment ceux-ci se comportent entre eux. Je veux montrer les bases fondamentales sur lesquelles repose notre société. J’ai besoin de rester fidèle à la réalité, voilà pourquoi je cherche à raconter des histoires qui sont réellement arrivées à des proches ou à des inconnus et que je ne cherche pas à créer, à imaginer de nouvelles histoires.

Quand j’ai tourné A Gentle Night, j’étais aussi retourné dans ma ville natale, à Changzhou. Je voulais faire un film honnête, fidèle à mon histoire. L’espace est d’ailleurs très important dans mes films, j’étudie la relation entre le personnage et ce qui l’entoure. Je ne cherche pas à l’imaginer. Le réalisme continue à m’habiter.

Propos recueillis par Katia Bayer. Traduction, retranscription : Anissa Bouchra‌

5 bons films canadiens à voir en ligne !

Pour la rentrée, Format Court vous propose de (re)voir et partager une sélection restreinte de 5 bons courts-métrages multiprimés et multivitaminés, en provenance du Canada. Bonnes (re)découvertes à vous !

Quelqu’un d’extraordinaire de Monia Chokri (Prod. : Metafilms, 2013)

Là où je suis de Myriam Magassouba (Voyelles Films, 2012)

Article associé : la critique du film

Le Chevreuil de Rémi St-Michel (Université du Québec à Montréal, 2013)

Article associé : l’interview de Rémi St-Michel et Eric K. Boulianne

Ce n’est rien de Nicolas Roy (Voyous Films, 2012)

Articles associés : la critique du filml’interview de Nicolas Roy

Madame Tutti Putti de Chris Lavis & Maciek Szczerbowski (Clyde Henry Productions, 2008)

Gros chagrin de Céline Devaux, doublement primé à Venise

Après avoir cartonné en 2015 et 2016 avec Le Repas dominical, Céline Devaux vient de remporter deux prix à Venise avec son nouveau court, entre fiction et animation, Gros Chagrin.

Le film, interprété par Victoire du Bois et Swann Arlaud et produit par Sacrebleu Productions, remporte le Prix du Meilleur Court et la nomination pour le European Film Award à la Mostra de Venise.

Synopsis : Ça va passer. On s’en remet. Jean fête son anniversaire, boit trop et se souvient du week-end désastreux qui a mené à sa rupture avec Mathilde.