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Roberto le canari de Nathalie Saugeon

Parmi les courts-métrages présélectionnés à l’édition 2020 des Césars, il faut compter sur Roberto le Canari, déjà sélectionné à Clermont en 2019. Il tisse un parallèle subtil entre les peines des enfants et celles des adultes. Réalisatrice et scénariste, Nathalie Saugeon a notamment écrit le scénario de Ma Révolution, réalisé par Ramzi Ben Slimane (Festival Premiers Plans d’Angers en 2016), et de Le Fils de l’autre, de Lorraine Lévy (Grand Prix au Festival international du Film de Tokyo en 2009).

Roberto, le canari de Max et Cléo, vient de mourir : c’est le petit Max qui l’annonce à ses parents, un matin de vacances. On l’enterra dimanche chez Grand-Mère, où Cléo, en vacances chez son oncle et sa tante, rejoindra pour la cérémonie son frère et ses parents.

Si Roberto ne perdra plus ses plumes, Elsa, la mère des deux enfants, perd ses cheveux. La prochaine fois qu’elle la verra, dit-elle à sa mère, elle sera blonde. Evoquée avec légèreté, par le seul prisme capillaire, la maladie de la mère fait écho à la mort prématurée, et finalement dérisoire, de l’oiseau.

Magnifique de gravité et de tendresse, Elodie Bouchez donne à Elsa une profondeur mêlée de simplicité. Ni Mère Courage ni malade pathétique, la comédienne joue ce personnage avec naturel et sobriété. Le grain de sa peau, dont on perçoit les ridules et les aspérités, est filmé de près, ce qui accroit encore le sentiment de sérénité diffusé par le personnage.

Un sentiment de sensualité aussi : c’est alors qu’elle s’apprête à faire l’amour qu’Elsa se retrouve, pour la première fois, avec une mèche de cheveux dans la main. Surtout, les plans rapprochés sur son visage filment des regards et sourires à destination de son mari, joué par David Kammenos, dont on ne saurait se méprendre sur le sens. Les regards que l’un et l’autre s’échangent semblent planer au-dessus des autres et du quotidien, comme si, malgré la mort et la maladie, leur désir était seul au monde. La musique des Pêcheurs de perles de Bizet, choisie pour accompagner l’enterrement du canari, résonne on ne sait plus pour qui. N’est-elle pas, d’ailleurs, quelque peu grandiloquente pour un simple oiseau domestique ? C’est ce que nous laisse supposer le fou-rire final des deux parents.

Car, en dépit des thèmes abordés, Roberto le canari fait la part belle à l’humour : ainsi en est-il du second baptême que Julien, le père, donne à l’oiseau quand il le place au congélateur pour le conserver jusqu’à l’enterrement : « Courjault », en référence à une congélation bien connue. C’est là l’une des importantes qualités de ce film que de parvenir à réunir humour et gravité, quotidien et sensualité. Un film également dont la subtilité permet différents degrés de lecture que l’on ne saurait épuiser.

Julia Wahl

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R comme Roberto, le canari

Fiche technique

Synopsis : Un père voit l’équilibre de sa famille se fragiliser à la suite d’un accident dont est témoin son fils.

Genre : Fiction

Durée : 19’26″

Pays : France

Année : 2018

Réalisation : Nathalie Saugeon

Scénario : Nathalie Saugeon

Image : Vincent Mathias

Son : Maxime Gavaudan

Montage : Marie-Pierre Frappier

Musique : Baptiste Charvet

Interprétation : Élodie Bouchez, David Kammenos, Keanu Peyran, Michèle Simonnet, Clément Bresson, Laurie Lévêque

Production : 10:15 Productions

Article associé : la critique du film

2ème Festival Format Court, appel à films !

En route pour le 2ème Festival Format Court !

Après une première édition en 2019 avec Damien Bonnard et Philippe Rebbot comme parrains, le Festival Format Court revient cette année du mercredi 22 au dimanche 26 avril 2020, au cinéma le Studio des Ursulines (Paris 5e). Cette année pas de parrains/marraines… mais un jury ! Car oui, le Festival s’ouvre pour la première fois à la compétition, tout en gardant bien sûr une partie rétrospective et thématique.

Au fur et à mesure des mois nous vous dévoilerons la composition des programmes thématiques, les jurés, les prix et mille et une autres surprises … Mais pour l’heure c’est à vous de jouer :

Vous avez réalisé ou produit un court-métrage de fiction, d’animation, documentaire ou expérimental de moins de 30 minutes hors films d’écoles ? Nous avons hâte de voir votre œuvre qui peut-être sera sélectionnée pour notre programme compétitif !

Pour postuler :

– Prendre connaissance du règlement téléchargeable sur le site de Format Court (www.formatcourt.com)
– Télécharger et compléter la fiche d’information
– Nous l’envoyer à films.festivalformatcourt@gmail.com avant le 31/01/2020 à minuit avec un lien de visionnage en ligne ainsi que son mot de passe.

Un très grand nombre de films sont généralement envoyés les dernières semaines avant les clôtures d’inscriptions, n’hésitez pas à postuler au plus tôt !

À très vite !

L’équipe de Format Court

Merci à tous pour vos participations : l’appel à films est clos depuis ce 31/1/2020 à minuit !!!

Short Screens, séance spéciale Jour Le Plus Court !

À l’occasion de la 6ème édition du Jour Le Plus Court, l’Agence belge du court métrage et Short Screens s’associent pour vous concocter avant les fêtes de fin d’année, une séance spéciale avec 6 courts belges le jeudi 19 décembre prochain, de 19h30 à 21.30.

Programmation

A New Old Story de Antoine Cuypers, Belgique, fiction, 2012, 24′. Prix d’interprétation féminine pour Sophia Leboutte au Festival du Film de Cabourg 2012 / Prix du meilleur court-métrage au Festival international du Film Francophone de Namur 2012.

Au fil de leur errances quatre individus se croisent dans des lieux de passages. Peu à peu, aux échanges prudents des uns répondent les corps vibrants des autres, formant l’image de rencontres décisives.
Avec Arno.

Article associé : la critique du film

Dji Vou Veu Volti de Benoit Feroumont, Belgique, animation, 2006, 11’45 ».

Dans le jardin du château royal, un troubadour chante une sérénade en wallon pour une belle princesse. Soudain, le sous-titre du film, excédé par les paroles niaises de la chanson, se rebelle contre autant de guimauve. Jusqu’à ce qu’il tombe, lui aussi, sous le charme de la belle.

Granitsa de Vanja d’Alcantara, Belgique, fiction, 2006, 15′

Une femme étrangère voyage dans un train qui traverse la Russie. Elle regarde le paysage qui défile, et observe les gens sur les quais. Un jeune homme monte dans le train. Ils tentent un début de conversation, mais ne se comprennent pas.

Maintenant il faut grandir de Bruno Tondeur, Belgique, animation, 2012, 8′. Premier prix à Courts mais Trash 2013 / Meilleur court métrage beTV au Festival Anima 2013.

Ours a peur du monde extérieur. retranché dans son appartement, qu’il ne quitte que pour se nourrir, il passe son temps sur son ordinateur. Entre les jeux en ligne et les sites pornos il rencontre Cutieflower sur un réseau social. Il en tombe directement amoureux.

Poulet Poulet de Damien Chemin, Belgique/France, fiction, 2006, 9’30

Sylvie et Antoine sortent au restaurant chinois. Un plat de curry leur cause de graves ennuis. Choisir un plat est en effet parfois plus compliqué qu’on ne le croit.

Vieux comme le Monde de Hubert Fiasse et Carlos Gerardo Garcia, Belgique/France, documentaire, 2013, 11′

Et toi l’infidélité… ça te parle ? Tu pourrais peut-être nous en toucher un mot ?

En pratique

Jeudi 19.12.2019 : 19h30 – 21.30

Cinéma Aventure : 15, rue des Fripiers, 1000 Bruxelles

Tarif : 8€

Event Facebook : https://www.facebook.com/events/568158893996326/

Pauline asservie de Charline Bourgeois-Tacquet

« – Suis-je amoureux ? – Oui, puisque j’attends ». C’est par ces mots énigmatiques, extraits des Fragments d’un discours amoureux, de Roland Barthes, que s’ouvre le dernier court-métrage de Charline Bourgeois-Tacquet, Pauline asservie, sélectionné à la Semaine de la Critique 2018. La jeune cinéaste déploie avec une grande aisance et beaucoup de finesse un topos de la littérature amoureuse : l’attente. En quoi l’attente de l’être aimé constitue-t-elle une forme de servitude pour celle / celui qui attend ? Et comment mettre en scène et en tension cette attente, a priori passive, pour nouer le drame d’un film où il ne se passe apparemment rien, si ce n’est précisément l’attente d’un homme qui ne viendra pas ? C’est ce double défi que la réalisatrice s’emploie à relever, à travers l’histoire de Pauline.

Mais qui est-elle, cette Pauline asservie ? Une pétillante étudiante en thèse de littérature (Anaïs Demoustier), partie quelques jours à la campagne pour respirer le grand air, accompagnée de Violette (Sigrid Bouaziz), son amie et sa confidente. Dès l’ouverture du film, à peine arrivée en gare, Pauline expose à Violette ses doutes face au silence de Bruce, un homme marié beaucoup plus âgé qu’elle, avec qui Pauline entretient une liaison enflammée, et qui depuis quelques jours se montre évasif. Alors que Pauline et Violette s’installent dans la grande maison de campagne, Pauline se lance sans discontinuer dans une longue logorrhée, imaginant une à une toutes les raisons pour lesquelles Bruce tarde à lui répondre. Prisonnière de cette attente, au milieu du silence environnant de la campagne et de l’indolence de son amie Violette, Pauline, asservie, s’exaspère.

À travers son personnage, la cinéaste, à la manière de Barthes, nous met ainsi face, en actes et en paroles, à toutes les phases successives que traverse l’amante qui attend : l’inquiétude (putain si ça se trouve il est mort ? Son avion s’est crashé), la jalousie (il a une maitresse), la mélancolie, l’émancipation manquée (y’a pas d’histoire, alors maintenant je m’émancipe et on zappe ce bouffon) et la rechute (ça fait huit jours que j’attends un signe de Bruce, j’ai failli crever pour lui…). Comme le résume Barthes, « l’attente est un délire ». C’est ce délire que Charline s’emploie à révéler, par strates et par éclats, servie par le jeu magnétique et lumineux de sa comédienne Anaïs Demoustier, qui oscille constamment entre l’ultra rationalité de sa stature de jeune intellectuelle, et l’aliénation pathologique liée à sa condition d’amante égarée en proie aux pires tourments. La réalisatrice joue de ce décalage avec humour et légèreté, sans pour autant rien retrancher au drame, non moins réel, que vit Pauline, asservie à son désir, à son délire, dans l’attente d’un signe ou d’un message dont l’issue ne sera finalement qu’esquissée à la toute fin du film.

Rythmé, intelligent, baigné d’une douce lumière d’automne et tenu par un scénario solide et original (même si l’on regrettera peut-être que les personnages secondaires, les amis de Pauline, venus lui rendre visite à la campagne, ne soient pas un peu plus creusés), le film préfigure aussi le premier long-métrage de son auteure, Un amour d’Aliénor, qui approfondit ces mêmes questionnements, notamment à travers la triangulation du désir amoureux, chère à René Girard. Quelque part entre Eric Rohmer et Valérie Donzelli, dans cette zone du cinéma français qui fait d’un drame une comédie ou d’une comédie un drame, qui prend la vie par les deux bouts pour nous faire éprouver l’insoutenable légèreté de l’être, Charline Bourgeois-Tacquet signe avec Pauline asservie un très beau film sur l’attente et un sérieux prétendant pour le César du Meilleur Court-métrage 2020.

Samuel Boujnah

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Article associé : l’interview de Charline Bourgeois-Tacquet & Sigrid Bouaziz

P comme Pauline asservie

Fiche technique

Synopsis : Pauline n’a aucune nouvelle de Bruce, l’homme marié avec lequel elle a une histoire. En vacances à la campagne avec son amie Violette, elle va passer tout le séjour à attendre un texto. En expérimentant les mille et une phases de l’obsession amoureuse.

Genre : Fiction

Durée : 24′

Pays : France

Année : 2018

Réalisation : Charline Bourgeois-Tacquet

Scénario : Charline Bourgeois-Tacquet

Image : Noé Bach

Son : Vincent Brunier, Grégoire Chauvot, Vincent Verdoux

Montage : Nobuo Coste

Interprétation : Anaïs Demoustier, Sigrid Bouaziz, Coline Béal, Léonard Bourgeois-Tacquet, Ambre Dubrulle, Grégoire Montana-Haroche, Bernard Cupillard

Production : Année Zéro, Ciné-@

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H comme L’Heure de l’ours

Fiche technique

Synopsis : Ce soir-là, les maisons prendront feu. Les hommes et les femmes se mettront à trembler. Les enfants se rassembleront en hordes hurlantes, dansant seuls parmi les cendres, rappelant à eux les ours sauvages. Car le cri d’un seul suffira à tous les réveiller !

Genre : Animation

Durée : 14′

Pays : France

Année : 2019

Réalisation : Agnès Patron

Scénario : Johanna Krawczyk, Agnès Patron

Image : Nadine Buss

Animation : Augustin Guichot, Agnès Patron, Sandra Rivaud

Son : Mathias Chaumet

Montage : Agnès Patron

Musique : Pierre Oberkampf

Production : Sacrebleu Productions

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L’Heure de l’ours de Agnès Patron

En compétition officielle au Festival de Cannes en 2019 et lauréat du jury étudiants de l’édition 2019 du Festival Paris Courts devant, L’Heure de l’ours, d’Agnès Patron, marque surtout par son jeu des couleurs et des contrastes.

Diplômée de l’ENSAD en 2011, Agnès Patron aime à travailler des matériaux originaux. C’était le cas déjà de Chulyen, histoire de Corbeau, sorti en 2015, mais aussi de ses aquateintes et de ses sérigraphies, qui reposent en grande partie sur des oppositions franches entre le blanc et le noir. Ainsi en est-il de L’Heure de l’ours, fait d’aquarelle sur papier noir.

Alors qu’il fait nuit, un petit garçon suit, fasciné et inquiet, les dérèglements permis par l’obscurité : l’accouplement des hommes et des sauterelles, mais aussi les maisons qui s’enflamment, les ours qui débarquent, les farandoles sans queue ni tête des adultes, le débordement des couleurs.

Car, s’il est une histoire que raconte ce court-métrage, c’est bien celle de la débauche des couleurs, qui semble suivre – ou anticiper – la dépravation du monde, tel que le voit l’enfant. Un monde d’abord trichromique, où l’opposition franche entre les traits blancs et le fond noir fait ressortir le rouge, presque fluorescent, des toits de maisons et des cheveux des personnages. Un monde multicolore ensuite, où cette tripartition se trouve annihilée par des bacchanales bariolées.

Un film sur le regard ensuite, puisque nous perdons très vite pied dans cet imbroglio et peinons à distinguer ce qui relève du fantasme de l’enfant de ce qui serait la réalité. Cela vaut-il seulement la peine de s’y essayer ? Puisque tout, lors de « l’heure de l’ours », est possible, pourquoi pas ce Carnaval aux allures de fin du monde ?

Si le film vaut surtout par la qualité du graphisme et du jeu des couleurs, il convoque aussi un certain nombre de références à la culture populaire et enfantine qui, sans doute, expliquent la fascination qu’il exerce. C’est, bien entendu, le cas du titre même, qui fait penser à « l’heure du loup », moment de la journée où l’obscurité rend tout possible. Mais le détournement de cette expression et le passage d’un animal à un autre nous amènent à délaisser Le Petit Chaperon rouge pour Boucle d’or, dont la brillance de la chevelure n’est pas sans évoquer celles des personnages du film. Enfin, comment ne pas penser, en voyant les enfants chevaucher ces ours monstrueux, aux éléphants d’Hannibal ?

Enfin, la musique de Pierre Oberkampf, avec ses percussions et son tuba, accompagne à la manière d’une marche militaire cet emballement du monde et des teintes, qui semble alors inexorable sans jamais paraître insoutenable. Elle le fait avec subtilité, presque à la barbe du spectateur, et sans jamais éclipser le travail plastique du film.

Julia Wahl

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Article associé : l’interview de la réalisatrice

Nouvel After Short spécial César, le 6 décembre 2019 !

Bonne nouvelle : le magazine en ligne Format Court vous invite à la reprise de ses After Short, ses soirées de networking réunissant la communauté active et dynamique du court-métrage, le vendredi 6 décembre 2019 à partir de 19h au Point Éphémère (Paris, 10ème).

Ce nouveau rendez-vous, organisé en partenariat avec l’ESRA, sera consacré aux courts présélectionnés aux César 2020, côté fiction et animation (attention : aucune projection n’est prévue !).

Cette soirée, ouverte à tous et en accès payant (sauf pour les étudiants et les anciens de l’ESRA), se déroulera en présence d’équipes de courts–métrages de fiction et d’animation présélectionnées aux César (soit de nombreux professionnels !), mais aussi des équipes de Format Court et de l’ESRA.

Une rencontre avec Rémi Allier (César 2019 du Meilleur Court Métrage, « Les Petites Mains »), Margaux Pierrefiche (responsable des courts-métrages au sein de l’Académie des César), Bernard Payen (membre du comité de sélection des courts), et Marie-Pauline Mollaret (membre du comité de sélection animation) introduira la séance dès 19h15.

S’ensuivra un Q&A avec les équipes suivantes (liste susceptible de modifications) :

– Nathalie Saugeon, réalisatrice de « Roberto le canari » (10:15 Productions)

– Wendy Griffiths et Stéphane Piera, producteurs de « Flow » de Adriaan Lokman (Dark Prince)

– Forentine Grelier et Marc Faye, réalisatrice et producteur de « Mon Juke-Box » (Novanima productions)

– Claude Schmitz, réalisateur de « Braquer Poitiers » (Les Films de l’autre cougar)

– Anne Azoulay, réalisatrice de « 2 ou 3 choses de Marie Jacobson » (Ysé Productions)

– Jérôme Barthélemy, producteur de « La Persistente » de Camille Lugan (Caïmans Productions)

– Eve Robin, productrice de « Le discours d’acceptation glorieux de Nicolas Chauvin » de Benjamin Crotty (Les Films du Bal)

– François-Pierre Clavel, producteur de « D’un Château l’autre » d’Emmanuel Marre (Kidam)

– Charlotte Vincent, productrice de « Souvenir inoubliable d’un ami » de Wissam Charaf (Aurora Films)

– Tiphaine Raffier, réalisatrice de « La Chanson » (Année Zéro)

– Marine Atlan et Maud Berbille, réalisatrice et productrice de « Daniel fait face  » (Bathysphere)

– Yvonnick Muller, Lauriane Escaffre et Emmanuel Wahl, co-réalisateurs et producteur de « Pile Poil » (Qui Vive !)

– Michael Dichter, Noël Fuzellier et Marine Lepaulmier, réalisateur et producteurs de « Pollux » (Les Films Norfolk)

– Fanny Liatard, Jérémy Trouille et Nerimen Hadrami, co-réalisateurs et productrice de « Le Chien Bleu » (Hirsi Production)

– Rafael Andrea Soatto, producteur de « Le chant d’Ahmed » (Offshore)

– Maxime Roy et Alice Bloch, réalisateur et productrice de « Beautiful loser » (TS Productions)

– Marine Levéel et Marthe Lamy, réalisatrice et productrice de « La traction des pôles » (Apaches Films)

– Frédéric Farrucci et Nicolas Brevière, réalisateur et producteur de « Entre les lignes » (Local Films)

En pratique

Vendredi 6 décembre 2019, de 19h à 23h

Le Point Éphémère : 200 Quai de Valmy, 75010 Paris

Métro Jaurès (lignes 5, 2 et 7 bis), Louis Blanc (ligne 7), Bus 26, 46, 48 : Goncourt, Couronnes, Parmentier)

Soirée ouverte à tous. PAF unique : 5 € (chèques/espèces)

Gratuit pour les étudiants et les anciens de l’ESRA (sur présentation de la carte d’étudiant)

Réservations obligatoires : aftershortformatcourt@gmail.com

Réservations ESRA : communication@esra.edu

Event Facebook : https://www.facebook.com/events/517512175765224/

Aurélie Cardin, Julia Cordonnier, le Festival Cinébanlieue

À l’occasion de la 14e édition du festival Cinébanlieue qui s’achève ce soir, rencontre avec sa déléguée générale Aurélie Cardin et sa présidente et co-programmatrice Julia Cordonnier. Elles nous parlent engagement, transmission et jeunes talents.

Interview : Elsa LévyGaspard Richard-Wright
Son : Elsa Lévy
Montage : Gaspard Richard-Wright

Olivier Nakache. L’angle, le point de vue, le passage à l’acte

Entretien. Olivier Nakache revient sur ses années courts métrages, notamment Les Petits Souliers avec Éric Toledano. Entre partage d’expériences et conseils voici notre rencontre avec le co-réalisateur de Hors Normes, présenté au festival Cinébanlieue.

Retrouvez également l’interview d’Eric Toledano (co-réalisateur de Hors Normes) et Reda Kateb.

Le film de la semaine : Chat Noir de Joanna Cognard

De longs silences, quelques paroles, et puis des sirènes de police. Il y a l’inquiétude et l’angoisse, la radio en continu, la télé en arrière-plan, une fois arrivés à la maison. 
Agathe et Pierre sortent de l’hôpital, du sang sur la veste et des bleus au visage.

Pour celui ou celle qui était à Paris ce soir du 13 novembre 2015, ces bruits et ces silences ont une résonance particulière qui restera gravée dans un petit coin de notre mémoire. Pour les autres, il y a les images télévisées, les discours et le décompte des victimes qui s’agrandit, installant un peu plus la singularité et la tristesse de l’événement.

Mais dans Chat noir, ce court-métrage poignant et émouvant de Joanna Cognard, ce n’est pas seulement ce soir-là, mais aussi la traduction de tous les autres. Le 13 novembre à Paris mais aussi le 22 mars, le 3 juillet et tant d’autres à travers notre monde. C’est la réalité de l’événement dramatique, l’après. Les gestes perdus de Pierre, la douche salvatrice d’Agathe et la musique. Puis ce chat noir, pourtant signe de malheur chez les superstitieux, qui ramène de la douceur et du confort. De la tendresse et de l’innocence.

Clément Beraud

Reda Kateb, Éric Toledano. La simplicité, la courtoisie, la sensation, l’énergie du court

Venus présenter Hors Normes au Festival Cinébanlieue, Reda Kateb et Éric Toledano ont un lien différent au court. Si le premier a réalisé un seul court, Pitchoune dans lequel il a joué avec Philippe Rebbot (l’un des parrains de notre 1er festival), le deuxième a réalisé avec son comparse, Olivier Nakache, plusieurs courts : Le Jour et la Nuit (95), Les Petits Souliers (99), Ces jours heureux (2002) et dernièrement, Le bon vivant (2015).

Pour Format Court, ils reviennent sur leurs expériences en matière de courts et l’importance du collectif dans le désir de raconter des histoires.

 

Sabrina Ouazani : “Le court, le pied à l’étrier, le premier pas vers la suite”

Depuis 17 ans, Sabrina Ouazani tourne au cinéma. Révélée par Abdellatif Kechiche dans L’Esquive, elle a joué dans bon nombre de longs mais aussi de courts, ce qui nous intéresse plus particulièrement.

Comédienne, mais aussi réalisatrice (elle a tourné son premier court, On va manquer !, dans le cadre des Talents Adami Cannes), elle vient de présider le jury du 1er concours France Télévisions « A Ton Court », ouvert aux jeunes réalisateurs.

Dans cette vidéo, elle revient sur son lien au court, son désir d’accompagner les jeunes auteurs, son expérience de réalisatrice, son rapport aux acteurs et au scénario. Tout en n’oubliant pas, en bonne pro, de se taire quand une moto – du bruit – passe devant elle, en pleine interview.

Interview : Katia Bayer
Image, montage : Hugo Malpeyre
Remerciements : Alexandre de Villeneuve

La Musique de Jean-Benoît Ugeux

Jean-Benoît Ugeux, qui a travaillé une forme expérimentale avec le triptyque Valeurs en 2012, et un sujet social avec Eastpak en 2017, développe dans La Musique un récit plus intime, en racontant les rapports difficiles entre un père et un fils. Le court-métrage a reçu le Bayard d’or et Jean-Benoît Ugeux le prix d’interprétation au dernier Festival international du film francophone de Namur.

Dans ce film, il porte un regard aiguisé sur des personnages qui sont souvent dans la retenue. Cette tonalité contraste avec l’exaltation romanesque des chants lyriques qu’écoute le père, comme Le Roi des Aulnes de Schubert, qu’il traduit à son fils sans se rendre compte qu’il est en train de reproduire le même schéma tragique d’incompréhension. Cet écho entre la chanson et le noeud dramatique du film montre aussi l’écart fondamental entre ces deux régimes émotionnels, l’un dans le bouillonnement, l’autre dans la retenue : le roi des Aulnes finit par attraper l’enfant qui meurt dans les bras du père, mais il est temps d’aller manger.

Comme les traits ne sont pas évidents et les conflits non-déclarés, ce film ne se laisse pas facilement aborder. La continuité narrative est assez saccadée, on est plus proche d’une série de petits tableaux que d’une suite de séquences. Même s’il y a une cohérence chronologique, il n’y a pas de marqueurs temporels. En ce sens il ressemble assez au Désarroi du flic socialiste quechua, court-métrage d’Emmanuel Marre sorti en 2013 dans lequel jouait Jean-Benoît Ugeux.

D’ailleurs le film a d’autre points communs avec les films d’Emmanuel Marre. L’enfant du Film de l’été (Prix Format Court à Brive), sorti en 2017, était déjà incarné par Balthazar Monfé, comme si Jean-Benoît Ugeux avait souhaité exploré ce personnage dans une autre facette de sa vie.

Ils ont également en commun de montrer des personnages dans leurs difficultés face à la violence du système. Ce ne sont pas des films sociaux, mais il y a chez eux une forte conscience de la société dans laquelle ils évoluent, et une volonté de décrire le désenchantement moderne. D’ailleurs, Emmanuel Marre a participé au scénario du récent Ceux qui travaillent d’Antoine Russbach.

L’ancrage dans le monde contemporain vient aussi des images elles-mêmes, souvent tournées dans des décors réels, au MacDonald ou dans la rue. Les séquences avec Balthazar et ses amis laissent une forte impression de naturel, on sent que tout n’est pas contrôlé par le réalisateur. Cette ouverture au réel comme il se présente n’est pas systématique, parfois se déroulent des champs/contre-champs très serrés où chaque regard compte.

Tout cela témoigne de la grande liberté de Jean-Benoît Ugeux, qui parvient à faire affleurer une vérité sur les rapports humains dans une famille divisée prise dans les mailles de l’incommunicabilité.

Thibaud Fabre

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M comme La Musique

Fiche technique

Synopsis : La Musique est l’histoire d’un père et d’un fils. Ou plutôt, l’histoire des retrouvailles entre un père et un fils qui se sont peu vus depuis de longues années et qui tentent, malhabilement, de renouer un lien. Malheureusement, le temps est déjà trop passé par là, les nœuds seront impossibles à resserrer. Mais s’ils se perdent à nouveau, le père arrivera néanmoins à laisser un héritage à son fils : l’amour de la musique.

Genre : Fiction

Durée : 28′

Pays : Belgique, France

Année : 2019

Réalisation : Jean-Benoît Ugeux

Scénario : Jean-Benoît Ugeux

Image : Florian Berth

Son : Bruno Schweisguth

Montage : Nicolas Rumpl

Interprétation : Jean-Benoît Ugeux, Sandrine Blancke, Balthazar Monfé, Claude Schmitz, Nora Langhoff, Séléné Guillaume

Production : Wrong Men, Origine Films, Apoptosee

Article associé : la critique du film

Magritte du Cinéma 2020, la sélection officielle des courts

Le Comité Court Métrage de l’Académie André Delvaux a sélectionné les 10 films de fiction et les 10 films d’animation qui concourront pour les Magritte du Meilleur court métrage de fiction et Magritte du Meilleur court métrage d’animation 2020, les récompenses du cinéma belge.

Films éligibles au Magritte du meilleur court métrage de fiction

« Je serai parmi les amandiers » de Marie Le floc’h

Accord parental de Benjamin Belloir
Bruxelles-Beyrouth de Thibaut Wohlfahrt et Samir Youssef
Détours de Christopher Yates
Dispersion de Basile Vuillemin
Je serai parmi les amandiers de Marie Le floc’h
Famille de Catherine Cosme
Lucía en el limbo de Valentina Maurel
Ma planète de Valéry Carnoy
Matriochkas de Bérangère McNeese
Sparring partners de Thomas Van Zuylen

Films éligibles au Magritte du meilleur court métrage d’animation

« Nuit chérie » de Lia Bertels

A chacun sa malédiction de Lorène Yavo
Babines de Emilie Praneuf
Génération playmobils de Thomas Leclercq
Grand loup & Petit loup de Rémi Durin
La foire agricole de Stéphane Aubier et Vincent Patar
Nuit chérie de Lia Bertels
Robo de Léo Becker
Saigon sur Marne de Aude Ha Leplège
Sous le cartilage des côtes de Bruno Tondeur
Tutu de Gaspard Chabaud

Enrico Vannucci. Faire le film auquel on croit, être fidèle à soi-même

Depuis plusieurs années, on croise Enrico Vannucci, conseiller en programmation à la Biennale de Venise. Depuis 2014, il officie à la Mostra et fait remonter ses coups de cœur auprès du comité de sélection du festival. Maîtrisant le format court, il vient d’être juré au Festival du Nouveau Cinéma à Montréal. Avant cela, on l’a attrapé à Venise pour parler courts, sélection, frissons, partis pris et paris sur l’avenir.

Format Court : Quel est le travail d’un conseiller et non d’un sélectionneur à Venise ?

Enrico Vannucci : Il y a un comité de sélection pour tout le festival, pour la compétition principale et des conseillers de différents pays mais aussi un conseiller pour les courts-métrages, c’est-à-dire moi. Mon job, c’est de voir tous les films inscrits, 1787 plus ou moins. Je fais une shortlist et j’en discute avec le comité de sélection. Les membres regardent, selon les années, entre 70 et 100 films. Sur cette base, on réduit le nombre à une liste d’environ 20 films et puis, on établit par exemple une sélection de 13 films cette année. À côté, je voyage beaucoup en festival, je rencontre des réalisateurs, particulièrement dans des marchés comme à Clermont, Berlin ou Cannes, mais aussi les Instituts du Cinéma et je me renseigne sur les projets pour savoir si ils seront prêts avant le festival.

Depuis quand fais-tu cela ?

E.V. : C’est ma sixième année. 2014 a été ma première année. Le travail ne s’arrête jamais. Je repars continuellement dans des festivals et des marchés, je rencontre des réalisateurs.

Venise est un grand festival. Quelle y est la place du court ?

E.V. : Il n’y a pas tant de courts à Venise en comparaison avec d’autres grands festivals car on a généralement deux programmes en compétition. La spécificité, c’est que comme c’est un gros festival pour les longs-métrages, si tu es sélectionné comme jeune réalisateur dans une compétition de courts à Venise, tu as un projecteur braqué sur toi et les producteurs essayent de savoir si tu travailles sur quelque chose, sur un long. Quand les réalisateurs sont sélectionnés ici, comme à Cannes ou Berlin, cela les aide à intéresser des producteurs.

Pourquoi deux moyens-métrages se sont-ils retrouvés cette année en séance spéciale ?

E.V. : Cette année, on a eu un programme supplémentaire de deux courts en séance spéciale : Electric Swan de Konstantina Kotzamani (Grèce) et No One Left Behind de Guillermo Arriaga (Mexique). On a une durée limitée de 20 minutes pour la compétition. C’était donc un plus.

Les films étaient trop longs, ils ne pouvaient pas s’insérer dans les programmes en compétition : l’un fait 40 minutes, l’autre, 30 minutes. Ensemble, cela fait 70 minutes et ça marchait pour une séance spéciale. On les a sélectionnés parce que ce sont d’excellents films. Les films de Konstantina sont probablement parmi les meilleurs courts que j’ai jamais vus de ma vie. Celui qu’on a sélectionné est vraiment un chef d’oeuvre.

Comment se fait-il que la section Orizzonti couvre autant les longs que les courts ?

E.V. : C’est une section qui correspond un peu à Un Certain Regard. On essaye d’y montrer les films de nouveaux réalisateurs. Les courts font partie d’Orizzonti. Il y a longtemps, une section existait seulement pour le court. Elle s’appelait Corto Cortissimo, ce qui voulait dire “Très courts”. Mais après 8-9 ans, Marco Müller (l’ancien directeur de la Mostra de Venise) a décidé d’annuler ce nom et il a créé la section Orizzonti avec du long, du moyen, du court. Il n’y avait pas de distinction pendant 2 ans, puis Alberto Barbera (le nouveau directeur) est arrivé, il a gardé le programme Orizzonti et l’a divisé en longs et courts. Le court représente 2 programmes et le jury est le même pour les longs et les courts.

Ca fait un moment que tu cherches des films. Au bout d’un moment, ton regard change. Arrives-tu encore à être surpris par les courts ?

E.V. : À vrai dire, c’est une discussion qu’on a eue avec certains collègues d’autres festivals de courts. Ton goût change avec les années, tu commences à sélectionner d’autres choses aussi parce que tu es influencé par ce que les autres programmateurs font. Tu voyages beaucoup, tu as des retours, des idées, tes goûts changent. Tu ne le fais pas intentionnellement, ton esprit se déplace juste ailleurs.

Maintenant, où est ton esprit, qu’est-ce qui t’intéresse ?

E.V. : J’aime tout. Je veux vraiment être surpris. J’aime ce qui me fait frissonner. Si je ressens des frissons dans mon corps, c’est que c’est un bon film. C’est toujours difficile de dire pourquoi un film est bon. C’est plus facile de dire pourquoi un film ne l’est pas. Je ne sais pas dire pourquoi un film est bon. C’est comme quand les gens me demandent le secret pour être pris à Venise, je leur réponds : “Il n’y a pas de secrets, il faut juste des bons films”. Ils me disent : “Mais c’est quoi, un bon film” ?” À nouveau, un film qui me donne des frissons est un bon film pour moi. Ce que j’aime, c’est avoir une sélection qui est à la fois artistique et qui provoque des réactions. J’aime le fait qu’on me dise : “J’aime ou je déteste ce film”. Mon boulot, c’est de donner aux gens un coup à l’estomac ou de les faire tomber amoureux, de leur permettre de ressentir des émotions très fortes. Même si un film n’est pas bien reçu et que les gens le haïssent, j’ai bien fait mon boulot, je pense. Procurer des sensations même mauvaises aux gens, c’est bien. Avec le comité, on couvre aussi des genres, des territoires, des approches de cinéma différents, parce que c’est important d’avoir une vision élargie.

Tu as parlé de tes goûts qui ont changé d’année en année. Quand tu regardes en arrière, tu penses qu’ils correspondent à un moment de ta vie ?

E.V. : Oui, je pense par exemple que la sélection de cette année dit beaucoup de mon état d’esprit (rires) ! Cette sorte de malaise correspond à mon état. La tristesse, l’amertume, ça dit beaucoup de ce que je ressens et je pense que le comité l’a compris puisqu’il a sélectionné des films allant dans ce sens.

Le public de Venise s’intéresse-t-il au court ?

E.V. : Oui, le public se rend aux projections, il vient voir les courts. Il y a presque 500 personnes présentes, ce n’est pas beaucoup par rapport à un festival de courts, mais c’est déjà ça.

Konstantina Kotzamani t’apparaît comme l’une des meilleurs réalisatrices de courts. Y a-t-il a contrario des choses que les réalisateurs ne devraient pas faire ? Comment sais-tu quand tu es face à un bon réalisateur ?

E.V. : Je pense que les réalisateurs doivent être fidèles à eux-mêmes. Ils doivent faire ce qu’ils aiment. Un film doit correspondre à leurs goûts. Je vois des versions d’essai, je fais des retours et parfois, ça peut m’arriver de dire que c’est trop long mais c’est mon sentiment, mon idée. Si le réalisateur n’est pas d’accord, c’est bien ! Il y a quelques années, nous avons vu un premier montage, nous l’avions apprécié, le film était shortlisté, et puis le réalisateur a envoyé la version finale. On l’a revu, il y avait une voix-off et ça changeait beaucoup le film. C’était les mêmes images, mais on a ressenti autre chose. On préférait la version sans voix donc on n’a pas pris le film. Quelques mois plus tard, par hasard, j’ai rencontré un membre de l’équipe, la monteuse je crois, et je lui ai dit ce qui s’était passé. Elle était stupéfaite. Elle a écrit au réalisateur et celui-ci a répondu : “Oh mon Dieu, mais non, le film avec la voix-off est définitivement mieux que l’autre version que j’ai envoyée !”. Et je suis totalement d’accord avec lui. Pour lui, c’était mieux, il avait bien fait d’ajouter la voix-off, c’était ça qui comptait. On préférait l’ancienne version mais ce n’était pas important que le film aille ou non à Venise, d’ailleurs, il a eu une belle carrière dans le circuit des festivals. Un réalisateur ne fait pas de films pour me faire plaisir ou satisfaire quelqu’un d’autre qui travaille pour un gros festival. Il doit faire le film auquel il croit.

C’est intéressant ce que tu dis. Tu as le sentiment que certains réalisateurs font des films pour les festivals ?

E.V. : Oui, absolument.

Y a-t-il des films faits pour Venise ?

E.V. : Non. Je ne le pense pas.

Penses-tu qu’il y a des réalisateurs qui sont dans l’imitation, qui font des films juste pour être sélectionnés ?

E.V. : Oui, je le pense. Certaines personnes m’ont approché en me disant : “Si je fais ceci ou cela, est-ce que ça peut aider ?”, mais ce n’est pas la bonne approche. Il faut plutôt faire ce qu’on veut, ce qu’on ressent.

Y a-t-il un film ou un genre que tu es fier d’avoir montré ?

E.V. : Oui. On voulait des bons films mais cette année, on a eu de très bons films d’hommes et de femmes sur des sujets très différents comme les problèmes rencontrés pas la communauté LGBT ou les femmes. C’était divers et on a eu une sélection 50/50 (autant de films de femmes que d’hommes) et je pense que c’était très important de la montrer ici, à Venise.

Je peux aussi nommer un réalisateur, non parce que c’est mon favori, mais parce qu’il est lié à ma première année à Venise. En 2014, on a sélectionné Arta d’Adrian Sitaru que j’adore comme réalisateur [NB : ce court-métrage roumain a reçu le Prix Format Court au Festival de Namur en 2014]. Je ne connaissais pas Adrian personnellement avant, mais quand on a reçu le film, je l’ai trouvé génial. On a sélectionné le film et j’étais super excité car c’était ma première année à Venise. J’étais impressionné, je débarquais dans le milieu du court et j’étais super heureux d’avoir contribué à sa sélection. Je n’arrêtais pas de me dire : “Oh mon Dieu, je vais rencontrer Adrian Sitaru !”. Par la suite, on est devenu amis, il est super sympa, très amical.

Il y a beaucoup de réalisateurs et de films auxquels je me suis attaché pendant ces 6 ans pour plein de raisons, mais je me rappelle très bien d’Adrian, du sentiment de découvrir quelque chose de nouveau, comme peut le faire un bébé.

Qu’est-ce qui t’a plu chez lui ?

E.V. : J’aime son cinéma. C’est un réalisateur extraordinaire. Arta est un film fort, il est absurde et parle d’art. Il est bien réalisé, est très cinématographique. Même maintenant, je suis toujours impressionné par ce film. Adrian est un super réalisateur, tu es heureux quand tu sais que quelqu’un va probablement devenir important, avec un peu de chance. Nous, les gens du court, les programmateurs, on connaît bien ça, on sait d’avance ce que la grande presse va valoriser des années plus tard.

Par exemple, Ruben Östlund s’est fait connaître avant son passage au long par son court, Incident by a bank. Il a gagné à Berlin [l’Ours d’or en 2010] et puis, il a remporté la Palme d’or à Cannes [pour The Square en 2017] et les gens l’ont découvert, mais, nous on le connaissait déjà depuis un moment. C’est le cas de beaucoup de réalisateurs !

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : notre reportage sur Venise 2019

Le BAFF, Brussels Art Film Festival, du 14 au 17 novembre 2019

Du 14 au 17 novembre prochain, la 19e édition du Brussels Art Film Festival  (le Baff pour les intimes) aura lieu à Bruxelles. L’occasion de voir les meilleurs documentaires sur l’art produits récemment en Belgique et de voyager dans le monde entier avec des coups de cœur inédits dans 3 lieux sympas de la capitale : Bozar, Cinematek et l’ISELP.

Pendant quatre jours, le Brussels Art Film Festival projettera des longs et courts-métrages traitant de la création artistique (peinture, architecture, danse, performance, musique…).

En parallèle de la compétition belge (13 films départagés par le jury composé de Laurence Rassel, Emilio López-Menchero et Christophe Loizillon), le Baff proposera 10 documentaires internationaux mettant en scène des personnalités mythiques telles que Jean-Michel Basquiat, Sean Scully, Christo ou encore Yves Saint-Laurent, ou feront découvrir le travail d’artistes tels que Letizia Battaglia, Milford Graves ou Kō Murobushi.

Cette 19ème édition accueillera aussi des rencontres, une master class, des délocalisations à Liège, Mons et Gand et des séances/ateliers consacrés au jeune public. Parmi les auteurs programmés, soulignons la présence d’auteurs soutenus par Format Court : Olivia Rochette et Gérard-Jan Claes (réalisateurs de Mitten), Sarah Vanagt (réalisatrice de Divinations) et Basile Doganis (réalisateur de Kō Murobushi/Altérations).

Pour plus d’infos sur le Baff, rendez-vous sur le site dédié : www.baffestival.be

#César 2020

Cette année, 24 courts de fiction et 12 courts d’animation ont été présélectionnés pour les prochains César, en 2020. Rémi Allier (Les Petites mains) et Ayce Kartal (Vilaine fille) ont été primés l’an passé aux César, l’un pour le court, l’autre pour le court animé. Avant de découvrir les nouveaux lauréats, nous vous proposons d’en savoir plus dans les prochaines semaines sur nos coups de coeur parmi les 36 films retenus.

Retrouvez dans ce focus :

César 2020, les 9 courts finalistes

– La critique de « Chien bleu » de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh

– La critique de « Entre les lignes » de Frédéric Farrucci

– La critique de « Nefta Football Club » de Yves Piat

– La critique de « Mémorable » de Bruno Collet

L’interview de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller, co-réalisateurs de « Pile Poil »

– La critique de « Roberto le canari » de Nathalie Saugeon

– La critique de « Pauline asservie » de Charline Bourgeois-Tacquet et l’interview de la réalisatrice et son actrice, Sigrid Bouaziz

L’interview de Foued Mansour, réalisateur de « Le Chant d’Ahmed »

L’interview de Maxime Roy, réalisateur de « Beautiful loser »

– La critique de « Braquer Poitiers » de Claude Schmitz

– La critique de « La chanson » de Tiphaine Raffier et l’interview de la réalisatrice

– La critique de « D’un château l’autre » d’Emmanuel Marre

– La critique de « La distance entre le ciel et nous » de Vasilis Kekatos et l’interview du réalisateur

– La critique de « La nuit des sacs plastiques » de Gabriel Harel

César 2020, les 24 courts-métrages en lice

César 2020, les 12 courts-métrages d’animation en lice