Tous les articles par Katia Bayer

Retour sur la 59ème édition d’Annecy

À l’occasion de la 60ème édition du Festival d’Annecy qui commence aujourd’hui et qui se tient exceptionnellement online cette année en raison de la crise sanitaire, nous revenons sur 5 coups de cœur issus de l’édition de l’année passée.

L’un de ces films, The Girl in the Highway de Valerie Barnhart, fait par ailleurs partie de notre sélection de 16 courts-métrages programmés entre 2002 et 2020 au festival, tous accessibles en ligne, mis en avant sur notre site et nos réseaux à partir de ce lundi 15 juin 2020.

My Generation de Ludovic Houplain (France)

My Generation est le dernier court métrage de Ludovic Houplain multiprimé en son temps pour Logorama. My Generation, court-métrage explosif à l’esthétique neo-pop, dresse un état des lieux de notre monde contemporain. Dans cet inventaire, tout y passe, l’art, les GAFA, le sport, la religion, la pornographie, la politique, les finances…C’est aussi un voyage à travers le temps que l’on visite. Depuis Logorama, 10 ans ont passé. De la société de consommation, on passe une société hyper connectée. Dans My Generation, un long travelling de 8 minutes traverse notre époque, sans jugement, dressant ainsi un constat de l’aliénation du monde moderne. Devant ce long plan-séquence, en caméra subjective, le spectateur est embarqué dans une voiture invisible qui roule en marche arrière à toute allure faisant défiler devant lui les logos, les enseignes, les personnages qui peut-être deviendront demain les vestiges de notre temps….

Je sors acheter des cigarettes d’Osman Cerfon (France)

Osman Cerfon dont les films ont souvent été sélectionnés et primés dans de nombreux festivals (Chronique de la poisse ou Comme des lapins…) abordait l’an passé dans son dernier court métrage, Je sors acheter des cigarettes, le thème de la famille. Dans son film aux couleurs pastel, Osman Cerfon nous montre les difficultés de la famille monoparentale. Jonathan un garçon de douze ans qui vit, ou plutôt cohabite avec sa mère et sa sœur, voit son père partout, recroquevillé dans les placards, planqué dans la machine à laver ou encore dans l’aspirateur…. À travers une mise en scène surréaliste, Osman Cerfon nous plonge dans la tête de Jonathan avec beaucoup d’humour et de tendresse. Les visions loufoques de l’adolescent traduisent le manque de son père absent et la difficulté de vivre sans lui car après tout, il est seulement sorti quelques minutes, le temps d’acheter des cigarettes…

Acid Rain de Tomek Popakul (Pologne)

Film polonais au style graphique dans la mouvance punk, Acid Rain nous emmène dans l’univers des rave party des années 90. Un travail remarquable est à saluer sur le son et la musique pour illustrer l’errance, fil conducteur du film. De longues séquences électro proches de l’expérimental viennent rythmer les délires visuels psychédéliques des deux personnages sous l’emprise de psychotropes. Dans ce film sous acide, on suit les déambulations d’une jeune fille qui semble avoir fugué et qui fera la rencontre de Skinny avec qui elle partagera un bout de chemin. Ce road-movie en caravane nous plonge dans l’atmosphère oppressante de la jeunesse désenchantée des pays de l’Est.

Oncle Thomas – La comptabilité des jours de Régina Pessoa (Canada, France, Portugal)

Histoire tragique avec fin heureuse ou encore Kali le petit vampire : les films de Régina Pessoa ont en commun une prédilection pour l’enfance. Son quatrième court ne déroge pas à la règle. La réalisatrice nous parle directement de son enfance et de son oncle Thomas qui a eu une influence déterminante dans sa vie d’artiste. Dans son court-métrage, Oncle Thomas représente cet oncle à qui elle rend hommage. Accompagnée par sa propre voix en off, elle nous transporte dans les souvenirs de la maison de sa grand-mère. On découvre cet oncle excentrique qui tenait une comptabilité de chaque chose et pour qui elle vouait une tendresse et une admiration sans faille. C’est aussi l’oncle Thomas qui lui a appris à dessiner sur les murs de chaux avec du charbon de bois… On retrouve d’ailleurs dans chacun des courts-métrage de Régina Pessoa ce style graphique qui lui est propre, celui de l’effet gravure, qui a une origine directe avec la pratique du dessin de son enfance. Dans une atmosphère tamisée aux nuances sépia, ponctuée par des touches de couleurs qui viennent rythmer les souvenirs, elle nous livre ici un bel hommage à son oncle.

Girl in the Hallway de Valerie Barnhart (Canada)

Girl in the Hallway de Valerie Barnhart est un film bouleversant sur le kidnapping d’une petite fille dont le scénario est magistralement mis en scène. À travers un témoignage en voix off, un homme nous raconte l’histoire de cette fillette qui attendait chaque jour dans le couloir de son immeuble le retour de sa mère partie travailler. Laissée à l’abandon, elle allait régulièrement frapper aux portes de ses voisins qui ne la laissaient pas rentrer jusqu’au jour où elle ne vint plus frapper aux portes… Ce film poignant dont les diverses techniques d’animation 2D servent le sujet à la perfection (sable, papier découpé, crayon….) traduisent parfaitement les émotions d’angoisse et de solitude de l’enfant.

Une palette de couleurs sombres renvoie à l’atmosphère inquiétante de l’abandon. Livrée à elle-même, la petite cherche du réconfort auprès de ses voisins de palier qui restent sourds à sa demande… Critique sur l’individualisme, le rejet et l’indifférence qui, parfois, peuvent être fatals, Girl in the Highway fait également partie du focus que nous consacrerons à partir de ce lundi à Annecy.

Karine Demmou

Festival d’Annecy, notre sélection de 16 courts-métrages à voir en ligne

Ce lundi 15 juin 2020,  le Festival international du film d’animation d’Annecy aurait dû prendre place dans la « Venise des Alpes » et fêter ses 60 ans d’existence.

Cette année, comme beaucoup d’autres festivals, il se tiendra en ligne. On vous invite d’ailleurs à le suivre sur le web, le festival étant accessible à tous pour 15 euros.

Pour accompagner l’évènement, nous avons décidé de diffuser quelques perles du court, accessibles en ligne, programmées à Annecy de 2002 à aujourd’hui.

Les 16 courts-métrages retenus seront partagés sur notre site et sur nos réseaux, à raison d’un film par jour, du 15 au 30 juin, dates auxquelles le festival se tiendra cette année virtuellement.

 

JOUR 16 : Atama Yama, Koji YAMAMURA, 2002, Japon

Le dicton « Il n’y a pas de petites économies » est poussé à l’extrême dans cette adaptation étonnante et drôle du rakugo japonais « Ataya Yama ». Un vieillard avare se retrouve avec un cerisier sur la tête après avoir mangé des noyaux de cerises afin de ne rien gaspiller…Une situation insolite avec un dénouement inattendu font de ce court métrage d’animation primé du Cristal d’Anneyc en 2003 un vrai moment de pur plaisir.


JOUR 15 : Overtime, Oury ATLAN, Thibaut BERLAND, Damien FERRIÉ, 2004, France

Réalisé par trois anciens de Supinfocom, « Overtime » se partage entre nostalgie, poésie et mélancolie. Film-hommage à Jim Henson, le créateur des Muppets, ce court métrage bicolore orchestre, le temps de quelques partitions kletzmer, un réjouissant ballet chorégraphique en images de synthèse. « Overtime » renvoie l’homme à son côté obscur en même temps qu’il inscrit avec rythme les mouvements de pantins-amphibiens dans la postérité d’une fable graphique.


JOUR 14 : KJFG n°5, Alexey ALEKSEEV, 2007, Hongrie

« KJFG n°5 » est une animation musicale absurde mettant en scène nos amis, les animaux des bois. Lauréat du prix SACEM de la musique originale au Festival d’Annecy en 2008, ce sketch hongrois épatant laisse un air ridicule dans la tête et un sourire joyeux sur les lèvres.


JOUR 13 : Slavar, Hanna HEILBORN, David ARONOWITSCH, 2008, Suède

Documentaire animé sur l’esclavage infantile au Soudan, « Slavar » de Hanna Heilborn et de David Aronowitsh a remporté en 2009 le Prix Unicef ainsi que le prestigieux Cristal d’Annecy. À partir d’une interview, le court métrage retrace la triste histoire d’Abuk, 9 ans et de Machiek, 15 ans, anciens esclaves d’une milice militaire soudanaise.


JOUR 12 : El empleo, Santiago Bou Grasso, 2008, Argentine

Mêlant subtilement passivité du quotidien, individus-objets et sobriété du dessin, « El Empleo », de Santiago Grasso, est le tout premier film argentin primé à Annecy depuis la création du festival. Prix Fipresci à Annecy en 2009, le film livre, entre critique sociétale et humour raffiné, un regard différent et original sur les notions de travail, de monde en crise et d’exploitation de l’homme par l’homme.


JOUR 11 : Western Spaghetti, PES, 2008, USA

Les spaghettis à la sauce tomate façon PES, dont les ingrédients secrets sont de la stop motion, un peu de magie, de l’humour et beaucoup d’imagination sauront ravir vos papilles. Avec l’aide de matériaux banaux que l’on trouve dans n’importe quelle maison, le réalisateur crée un plat hors du commun. Son insolite recette de pâtes, primée par le Public d’Annecy en 2009, ravira les gourmets de l’animation. Temps de dégustation : 1’45’’.


JOUR 10 : Edmond était un âne, Franck Dion, 2012, France, Canada

Edmond est petit, esseulé, différent, étrange. Un jour, ses collègues jaloux le couvrent d’un bonnet d’âne. Edmond devient un phénomène de foire mais il trouve étonnement dans ce couvre-chef inattendu une révélation et un apaisement au point de ne plus vouloir le quitter au grand dam de ses collègues et de son épouse. Ode absolue à la tolérance, « Edmond était un âne » de Franck Dion est un film précieux, lumineux, bouleversant et époustouflant de maîtrise, très justement récompensé du Prix spécial du Jury à Annecy en 2012.


JOUR 9 : I am Tom Moody, Ainslie Henderon, 2013, Royaume-Uni

Lauréat du Prix spécial du jury à Annecy en 2013 et Prix Format Court du meilleur film d’école au festival Anima la même année à Bruxelles, « I Am Tom Moody » d’Ainslie Henderson est un conte touchant sur les rêves brisés et la confrontation avec ses démons intérieurs.


JOUR 8 : Guida, Rosana Urbes, 2014, Brésil

Rosana Urbes, première femme brésilienne à être sélectionnée et primée à Annecy avec son court-métrage « Guida » (Mention du jury Fipresci, Prix « Jean-Luc Xiberras » de la première œuvre), nous livrait en 2014 un charmant projet autour de l’acceptation de soi, de son corps et du regard d’autrui (une femme entre deux âges décide de poser nue pour des séances de modèle vivant et se révèle à elle-même et aux autres), le tout accompagné d’une superbe musique (signée Gustavo Kurlat et Ruben Feffer) et de croquis inachevés.


JOUR 7 : Negative space, Max Porter, Ru Kuwahata, 2017, France

“Negative Space”, réalisé par Ru Kuwahata et Max Porter, en lice aux Oscars 2018, raconte l’histoire de Sam et de sa relation particulière avec son père qui n’est quasiment jamais à la maison. Pourtant, un lien très fort l’unit à lui : il lui a en effet enseigné comment faire sa valise le plus rapidement et efficacement possible, de manière à ne laisser aucun espace vide. Cette animation en stop-motion nous emmène dans l’intimité de ces personnages, dont l’histoire métaphorique résonne en chacun de nous.


JOUR 6 : Happyness, Steve Cutts, 2018, Royaume-Uni

La quête du bonheur, du plaisir et de l’amour ne connaît pas de limites. Dans « Happiness », Prix CANAL+ en 2018 à Annecy, Steve Cutts nous renvoie une image directe et forte de notre société avide d’un consumérisme effréné.  Nous sommes tous des rats, pris dans un tourbillon sans fin. Il faut toujours plus, toujours mieux, et tout est bon pour y arriver : la drogue, l’alcool, le sexe, les médocs… Mais comme nous le rappelle cette vidéo satirique et pleine d’humour, on a beau chercher, le bonheur reste hors d’atteinte, et pour couronner le tout, le Dieu Dollar nous prend dans son étau impitoyable.


JOUR 5 : Girl in the Hallway, Valerie Barnhart, 2019, Canada

Prix Festivals Connexion – Région Auvergne-Rhône-Alpes à Annecy en 2019, Girl in the Hallway de Valerie Barnhart est un film bouleversant sur le kidnapping d’une petite fille dont le scénario est magistralement mis en scène. Adapté de l’histoire du Petit Chaperon Rouge et revisité en un conte cauchemardesque, le film témoigne, à travers la voix off du narrateur, du triste destin d’une petite fille livrée à elle-même. Ce court métrage offre une critique passionnante sur l’individualisme, le rejet et l’indifférence.


JOUR 4 : Catgot,  Ho Tsz Wing 2020, Chine

Annecy accueille au sein de sa compétition de films de fin d’études le magnifique “Catgot”, réalisé par l’animateur hongkongais Ho Tsz Wing. Ce très court expérimental de 3 minutes offre une explosion de couleurs sur fond noir dans une ambiance électro sympa. L’objectif de l’auteur : “présenter une performance de fontaine de manière abstraite”. Pari réussi, tout juste récompensé du Prix du Jury Jeunes pour un film de fin d’études 2020.


JOUR 3 : « Mashrou’ Leila – Radio Romance » , Vladimir Mavounia-Kouka », 2020, France, Liban

Sélectionné cette année en compétition officielle au Festival d’Annecy, le clip « Mashrou’ Leila – Radio Romance » du réalisateur Vladimir Mavounia-Kouka nous emporte au cœur d’une histoire d’amour.

Dans ce  clip, deux femmes s’élancent dans une danse charnelle mais sont constamment repoussées l’une de l’autre par des obstacles symbolisant l’homophobie ou encore le racisme. Un rêve en bleu et orange qui débute par cette maxime « Love is resistance » et qui finit par s’évanouir sur un tendre baiser.


JOUR 2 : « Le Passant », Pieter Coudyzer, 2019, Belgique

En compétition officielle au Festival d’Annecy cette année, “Le Passant” de Pieter Coudyzer est un film incroyable, disponible sur Court-Circuit. Imaginé de manière chronométrée autour d’un travelling latéral, ce court-métrage belge évoque deux destins croisés : ceux de jeunes garçons habitant dans la même rue. Visuellement et scénaristiquement, le film émouvant à souhait est un grand moment de cinéma.


JOUR 1 : « No, I Don’t Want to Dance »,  Andrea Vinciguerra, 2020, Royaume-Uni, Italie

Pour ouvrir notre focus consacré au Festival international du film d’animation d’Annecy, voici “No, I Don’t Want to Dance” réalisé par Andrea Vinciguerra, distribué par Autour de Minuit et mis en ligne par Court-Circuit. Le film, en compétition officielle cette année à Annecy, dépeint en moins de 3 minutes, une joyeuse satire de notre société. Marionnettes en laine, sens de l’absurde, rythme maîtrisé et crise de nerfs au rendez-vous !


 

Le Court en dit long 2020, notre compte-rendu

Ce samedi 6 juin 2020 se clôturait la 28ème édition du festival franco-belge Le Court en dit long. Une édition un peu spéciale, compte tenu de la situation internationale, qui s’est déroulée entièrement en ligne. C’est ainsi que 34 courts métrages, répartis en 6 programmes à thème, ont été diffusés gratuitement en ligne du 1er juin au 6 juin. Une large sélection dans laquelle Format Court a le plaisir de vous partager ses coups de cœur.

Grand gagnant du festival, Matriochkas de Bérangère McNeese a raflé à la fois le Grand Prix et le Prix d’interprétation féminine attribué à la jeune actrice Héloïse Volle.

Anna, adolescente de 16 ans, vit aux cotés de sa jeune mère Rebecca et de ses petits amis qui s’enchaînent semaine après semaine. C’est sous le soleil ardent du sud de la France qu’Anna, qui n’en est qu’à l’éveil de sa sexualité, tombe alors enceinte. Une grossesse qui résonne aussitôt comme une seconde chance pour sa mère-enfant, qui autant emballée qu’inconsciente des désirs d’Anna, fera pression sur cette dernière.

Si le schéma semble se reproduire de mère en fille, à l’image de ces poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres, Anna rejette ce destin et tente de trouver une échappatoire, aidée par l’un des amants de sa mère. Un homme réservé qui s’inquiète sincèrement du sort d’Anna, sans jamais la juger ou lui imposer sa volonté.

Avec l’excellent trio d’acteurs (Héloïse Volle, Victoire du Bois et Guillaume Duhesme), la comédienne et réalisatrice, Bérangère McNeese remet en cause avec justesse la représentation idyllique qui auréole parfois la maternité. Elle explore cette période de la vie d’une femme de façon plus réaliste et plus terre à terre avec Anna, mais aussi avec Rebecca qui, même en étant mère, reste une femme avec des désirs et son besoin de séduction.

Un film dont l’atmosphère joue aussi considérablement sur l’ambivalence et les contradictions de ses personnages. Notamment, avec Rebecca qui tout en veillant maternellement sur sa fille, cherche à être sa copine et la laisse fumer et boire en sa présence. Autre exemple avec Anna qui est à la fois cette ado véhémente et agressive mais aussi une enfant fragile que l’on aimerait à tout prix protéger.

Un autre court métrage qui a attiré notre attention est le film d’animation La visite de Guillaume Cuisset. Il met en scène une maison qui semble déserte où une multitude d’insectes surgissent de tous les côtés. Mouches, fourmis, cloportes, cafards, vers et araignées grouillent et prolifèrent dans les restes de nourriture oubliés, dans les meubles poussiéreux ainsi que dans chaque recoin. Une invasion à taille réduite qui ne fait que grandir et prendre de l’ampleur jusqu’à cette chute dont l’humour noir ne manque pas de mordant.

Le court métrage provoque volontairement le dégoût de ses spectateurs par ses bestioles et se veut presque choquant par sa fin. Une animation en noir et blanc permettant de mettre en exergue les insectes, qui à mesure que la musique s’accélère, pullulent et augmentent en nombre. Si La visite ne cherche pas tant à être moralisatrice, son objectif reste de marquer les esprits pour mieux transmettre sa leçon de morale, déjà annoncée dans le titre. Arachnophobes et phobiques des insectes, s’abstenir !

Autre court métrage qui nous marqué est celui du réalisateur et comédien brésilien Páris Cannes, Le dragon a deux têtes, présenté dans le programme « Émergence : écoles et ateliers », et ayant reçu la Mention spéciale du jury dans le domaine « Art & Essai ».

Deux frères jumeaux ont fait le choix de quitter tous deux leur pays natal, le Brésil, pour se réfugier en Europe et ainsi assumer sans crainte leur homosexualité. Si l’un vit librement à Bruxelles, le second frère, lui, vit comme immigré clandestin à Berlin et doit demeurer caché aux yeux des autorités. Une situation qui se complique lorsque ce dernier se blesse gravement dans un simple accident. Un évènement alarmant qui coïncide alors avec l’ascension populaire du candidat à la présidentielle brésilienne, profondément intégriste, Jair Bolsonaro.

La géographie dans ce court métrage illustre dans quelle mesure deux êtres en tous points identiques peuvent vivre des réalités différentes et injustes à une même époque. Une injustice géographique qui définit s’il est possible ou non d’assumer pleinement son identité, personnelle autant administrative, que ce soit aussi bien au Brésil qu’en Europe.

Ce qui est tout à fait remarquable dans ce court métrage c’est la façon dont le réalisateur brésilien mélange, avec finesse, fiction et documentaire pour montrer la réalité foncièrement conservatrice et cruelle vis-à-vis des minorités qui se cache derrière l’imaginaire paradisiaque et exotique du Brésil. Le dragon a deux têtes, par un écran divisé en deux, oppose en images la solidarité des deux frères et leur amour infaillible face à la peur et la haine que répandent des hommes comme Bolsonaro.

Toujours dans le programme dédié au thème « Émergence : écoles et ateliers », Format Court a eu un penchant pour Ceci n’est pas une valise, le court métrage de fin d’étude de Lou du Pontavice, lauréat du Prix Coup de Cœur RTBF-La Trois.

Chauffeur de taxi, Guy (Wim Willaert) doit se rendre à Londres en train pour rejoindre sa fille qui se marie dans la journée. Mais une petite fille congolaise, Maïssa, 7 ans, s’est glissée à son insu dans sa valise et cherche aussi à se rendre à tout prix à Londres. D’abord catégorique, puis hésitant, cet homme un peu empoté s’embarque alors de plein cœur dans une aventure qui le dépasse, où s’enchainent des péripéties toujours plus amusantes et insurmontables les unes que les autres.
Une comédie qui, par son humour et par sa légèreté, parvient à contourner avec simplicité la gravité qui est souvent associée au sujet de l’immigration clandestine sans jamais démentir sa dangereuse réalité.

À noter que le lundi 30 novembre, le Festival le Court en dit Long conviera son jury ainsi que ses lauréats au Centre Wallonie-Bruxelles Paris, pour officialiser la remise des prix ainsi que pour proposer la projection des courts métrages primés lors de cette riche compétition virtuelle. Une façon de conclure en beauté cette édition en ligne inédite qui marquera certainement l’histoire du festival !

Marguerite Stopin

F comme Frankenstein

Fiche technique

Synopsis : Victor Frankenstein est un jeune étudiant de sciences naturelles. Il essaie de créer la créature parfaite, en mélangeant des éléments chimiques dans un grand chaudron. Malheureusement, sa créature est un monstre laid et violent qui attaque sans provocation.

Genre : Fiction

Durée : 12’42 »

Pays : États-Unis

Année : 1910

Réalisation : James Searle Dawley

Scénario : James Searle Dawley, d’après le roman de Mary Shelley

Interprétation : Augustus Phillips, Charles Ogle, Mary Fuller

Production : Edison Manufacturing Company

Article associé : la critique du film

Frankenstein de James Searle Dawley

Inutile, sans doute, de présenter le célèbre Docteur Frankenstein et son abominable création.  L’un savant fou dépourvu de toute conscience morale, l’autre simple amas de cadavres cousus ensemble, maudissant la vie et celui qui l’a lui a donnée. Les héros du roman de Mary Shelley, publié en 1818, sont, à l’image d’un Dracula ou d’un Mister Hyde, devenus des archétypes fondamentaux de l’imagerie gothique. Et, tout comme le comte vampire et le double maléfique du docteur Jekyll, le créateur et la créature ont conquis, très tôt, à la fois le cinéma et la culture populaire. Si chacun conserve en mémoire le film de 1931, réalisé par James Whale, avec un Boris Karloff devenu, depuis, iconique, plusieurs adaptations antérieures sont aujourd’hui tombées dans l’oubli. La première d’entre elles, réalisée par le prolifique James Searle Dawley pour le compte de Thomas Edison dans le courant de l’année 1910, n’est probablement pas la moins originale, ni la moins horrifique.

Le film s’ouvre sur un jeune Victor Frankenstein quittant sa famille afin de poursuivre ses études à l’université. Le temps d’un intertitre, nous voilà deux ans plus tard, dans le laboratoire de l’apprenti médecin, alors que celui-ci vient de découvrir « le secret de la vie ». En apparence, ces premières minutes elliptiques suivent encore d’assez près la trame du roman. Pourtant, déjà, les libertés du cinéaste affleurent. Frankenstein, assis sur un trône ancien, joue avec un globe dans son bureau, cerné de crânes, de sculptures anatomiques, de vieux grimoires, mais aussi d’une harpe, une chandelle, ou encore un sablier. Le plan n’est pas sans rappeler, par certains aspects, le Melencolia de Dürer, notamment par ce foisonnement de symboles ésotériques. Nous sommes bien loin de la représentation du scientifique en blouse blanche, entouré de machines, d’alambics et d’éclairs. Ici, nous sommes sur le terrain de l’allégorie, presque de la fable mythologique : l’homme érudit, créateur omniscient, versé aussi bien dans les sciences que dans les arts ou la magie, ordonnateur d’une nature nouvelle, inverseur du flux de la vie et de la mort, et grand rival de Dieu. Plus tard, nous le verrons se diriger vers son laboratoire, une chandelle à la main, prêt à donner la vie ; référence à peine voilée au Prométhée porteur de feu auquel, dès le sous-titre du roman originel, le docteur Frankenstein est comparé.

Nous nous éloignons plus encore du folklore scientifique dans la séquence suivante, qui voit la naissance du monstre. Impossible, aujourd’hui, quand nous tentons de nous représenter cette scène, de ne pas imaginer un corps ligoté sur un lit de métal, et frappé par la foudre. Mais James Searle Dawley a ses propres références. L’opération créatrice accomplie par le docteur tient plus de la sorcellerie et de l’alchimie que de la chirurgie. Frankenstein jette des poudres et d’autres substances étranges dans un chaudron géant, déclenchant geysers et nuages de fumée. Un squelette immobile, réminiscence d’expériences passées, est son seul témoin. Les alchimistes médiévaux croyaient qu’il était possible, via le travail du feu, du souffre et du mercure, de créer la vie, de créer, de toutes pièces, un pseudo humain : l’homoncule. C’est à la conception de cet homoncule que nous assistons. Victor Frankenstein enferme son chaudron dans un énorme four – l’athanor des alchimistes – et laisse le feu agir. Au travers d’une petite écoutille, il regarde son Grand Œuvre s’accomplir. Avec lui nous voyons, émerger du chaudron, un monticule de chair carbonisé, un bras squelettique, un corps décharné… Pour l’époque, et même encore aujourd’hui, la naissance de la créature est terriblement impactante. La détérioration de la pellicule compense la maladresse des effets spéciaux, et il n’est pas difficile, à travers le grain et les rayures, de faire fonctionner son imagination, et de voir, en lieu et place d’un mannequin de papier mâché consumé par les flammes, un véritable corps poisseux, gluant, mort-vivant informe, émergeant du grand chaudron. Nous sommes peut-être là face à l’un des pionniers du gore, plus proche des résurrections sanguinolentes de Hellraiser que des sages frissons offerts par les films de la Universal.

La créature nous est enfin dévoilée dans une scène assez typique de la manière dont, à l’époque, beaucoup envisagent le cinéma. Tout comme la photographie à ses débuts, le cinéma puise, dès ses origines, son inspiration dans la peinture. Dès 1896, les frères Lumière dévoilent le premier péplum de l’histoire, Néron essayant des poisons sur des esclaves, reproduction mouvante d’un dessin de Joseph-Noël Sylvestre. En 1908, André Calmettes et Charles Le Bargy inaugurent le concept de « film d’art » avec L’Assassinat du Duc de Guise, dont une scène s’inspire du célèbre tableau de Paul Delaroche. En 1911, soit un an après le film qui nous occupe, sortira la monumentale adaptation de la Divine Comédie produite par la Milano Films, dont les cinquante-quatre tableaux reconstituent fidèlement les gravures de Gustave Doré. Revenons à Frankenstein. Le docteur, en proie à la panique, se réfugie dans sa chambre, et s’évanouit sur son lit. Au dessus de lui, de grands rideaux sombres s’écartent, dévoilant le visage de l’abomination. Le monstre ne ressemble en rien à l’idée que l’on peut s’en faire depuis le film de la Universal. Homme-bête terrifiant, velu, bossu, griffu, au visage difforme, il semble plus inspiré de Quasimodo (dont les représentations au théâtre et, bientôt, au cinéma, fleurissent à l’époque) que de la figure de mort-vivant que l’on voudrait maintenant imaginer. La scène convoque évidement Le Cauchemar de Johann Heinrich Füssli, et plus particulièrement la version de 1791, aujourd’hui conservée à la Goethe-Haus. Le monstre s’en trouve associé à toutes les significations du tableau lui-même, relégué à la fois au monde des rêves et à l’imaginaire démoniaque, associé à l’imagerie gothique traditionnelle et, parallèlement, aux récentes théories psychanalytiques avancées par Sigmund Freud. En aucun cas, cependant, la créature n’est symboliquement liée à la science, à ses folies et à ses dérives. Le livre et le film se font peu à peu irréconciliables.

La pellicule s’achève loin, très loin du texte de Mary Shelley. Quelques péripéties s’enchaînent. La créature n’apparaît jamais à l’écran que seule avec le jeune docteur. Le reste du temps, elle disparaît, elle se cache, elle se fond dans le hors-champ. Nous commençons à nous demander si cette chose n’aurait, en réalité, de consistance, que dans l’esprit du créateur. Nous commençons à songer au Horla de Maupassant. C’est devant un miroir que tout devra se résoudre. La créature disparaît. Ne subsiste que son reflet de l’autre côté de la glace, reflet qui a son tour s’estompe, pour dévoiler le visage du docteur Frankenstein.

En 1910, les théories freudiennes commencent tout juste à se démocratiser. Le Moi, le Surmoi et le Ça n’ont pas encore été inventés par le fondateur de la psychanalyse, mais les prémisses sont déjà là : à l’individu conscient échappe tout un pan de son être, incontrôlable, insaisissable, l’inconscient. Déjà quelques années auparavant, Charcot révélait les pouvoirs de l’hypnose et de la suggestion. L’esprit échappait à la personne, devenait autre chose, révélait des injonctions secrètes. Le XIXème siècle s’est passionné pour les cas de folie, pour l’hystérie, la schizophrénie ou le dédoublement de personnalité. Nous avons cité Le Horla et L’Étrange cas du Docteur Jekyll. Nous pourrions ajouter William Wilson d’Edgar Allan Poe (1839), Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde (1891) ou Les Élixirs du Diable de Hoffmann (1916), afin de parfaire au mieux, à coups de textes gothiques et de romantisme noir, cette galerie des doubles et des doppelgängers. En un siècle où le spiritisme et la nostalgie des âges obscurs se mêle aux élans du positivisme, les poètes ne pouvaient s’épanouir qu’au travers de formes hybrides, chimères de songes et de scientisme, cauchemars repoussant les limites rationnelles de notre monde, repoussant jusque aux frontières des possibilités du cerveau humain. Le positivisme ne s’essoufflera qu’après le traumatisme de la Grande Guerre, traumatisme qui permettra à Freud, en partie malgré lui, de conquérir le monde des arts, au travers, entre autres, du dadaïsme ou du surréalisme. En 1910, le XIXème siècle établit son bilan, et le fléau n’a pas encore ébranlé le monde. James Searle Dawley, véritable artiste, ou fruit innocent de son époque, n’utilise le roman emblématique de Mary Shelley que comme justificatif d’une synthèse, synthèse des codes et des thématiques qui, probablement, ont bercé sa jeune vie. Synthèse donc, de l’imaginaire gothique, de la peinture de Füssli, de la littérature de Poe, des romans à peine considérés de Stevenson, synthèse de la poésie romantique, de l’artiste maudit, du médiévalisme incarné au travers de quelques références faustiennes, synthèse d’une science qui, effrayée de ses propres découvertes, se met à croire en tout, aux fantômes, aux démons ou à la pierre philosophale, synthèse, somme toute, de toute une époque.

Le discours de Mary Shelley quant aux déviations de la science, quant à la peur du progrès, est détourné par l’esprit du temps, réorienté vers les grandes questions de ce début de siècle, vers les mystères de la conscience, vers les mondes invisibles du spiritisme, du magnétisme, de l’hypnose et de la sorcellerie. La création telle que présentée par le film n’est plus la création technologique, mais la création au sens large, primaire, universelle, la création en tant que projection de l’esprit dans le monde, à travers le geste, la parole, l’art, la magie. La création devient ésotérique, elle communique avec le mythe, elle devient rituel occulte tout droit issu d’ères antédiluviennes. James Searle Dawley ne fait que poursuivre le syncrétisme opéré par le romantisme et le mouvement gothique – et plus généralement par le fantastique – entre mythologie, paranormal et psychologie. Jung cherchera les traces de ses archétypes primordiaux dans l’hermétisme alchimique. Avant lui, c’est par l’alchimie que Dawley symbolise la pulsion créatrice. C’est par Füssli qu’il fait apparaître, treize ans avant l’invention du terme, le Ça, l’inconscient prédateur, le cauchemar. C’est par le miroir, le jeu du double, qu’il éclaircit, enfin, la nature du monstre, fragment difforme, bestial, incontrôlable de son créateur. D’une certaine façon, le Frankenstein de Dawley est l’une des seules et l’une des meilleurs représentations du gothique littéraire, du gothique vivant du XIXème, avant que le cinéma ne se l’approprie totalement, ne le dévore, ne l’émiette, pour fonder sur ses ruines sa propre mythologie, peuplée de Karloff et de Lugosi, de Nosferatu, d’Igor bossus, d’ombres découpées, de vampires en capes rouges, et de châteaux tordus.

Virgile Van de Walle

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L’ACID 2020. Les réalisateurs passés par le court

Pour continuer sur notre lancée, l’ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), qui vient de dévoiler sa sélection, accueille également certains cinéastes passés par le court. Voici lesquels, film à l’appui.

Pandore, Ilan Klipper (co-réalisé avec Virgil Vernier), 2010, France (sélectionné à l’ACID avec « Funambules »)


Je suis touché, Marie Dumora , 2017, France (sélectionnée à l’ACID 2020 avec « Loin de vous j’ai grandi »)

 

Semaine de la Critique 2020, les réalisateurs passés par le court

La Semaine de la Critique a annoncé sa sélection ce matin. Tout comme la sélection officielle de Cannes 2020, de nombreux réalisateurs, en lice pour leurs longs ou courts-métrages ont démarré par le court. Voici certains de ces films, disponibles en ligne.

Three Brothers, Aleem Khan, 2014, Royaume-Uni (sélectionné à la Semaine de la Critique 2020 avec « After Love », long-métrage)


Acide, Just Philippot, 2018, France (sélectionné à la Semaine de la Critique 2020 avec « La Nuée », long-métrage)


L’amour m’anime, Chloé Mazlo 2007, France (sélectionnée à la Semaine de la Critique 2020 avec « Sous le ciel d’Alice », long-métrage)


Hyacinthe – Sur ma vie,  Anna Cazenave Cambet, 2017, France (sélectionnée à la Semaine de la Critique avec « De l’or pour les chiens », long métrage)


Junkske, Vincent Tilanus, 2017, Pays-Bas (sélectionné à la Semaine de la Critique 2020 avec « Marlon Brando », court-métrage)


The Wound, Teymur Hajiyev, 2013, Azerbaïdjan (sélectionné à la Semaine de la Critique 2020 avec « Axşama doğru », court-métrage)


More hate than fear, Molly Manning Walker, 2015, Royaume-Uni (sélectionnée à la Semaine de la Critique 2020 avec « Good Thanks, You ? « , court-métrage)


Copain, Jan & Raf Roosens, 2015, Belgique (sélectionnés à la Semaine de la Critique avec « White Goldfish « , court-métrage)

Cannes 2020, sélection officielle : les réalisateurs passés par le court

Aujourd’hui à 18h, Thierry Frémaux a dévoilé la sélection officielle de la 73e édition du Festival de Cannes. Ce sont au total pas moins de 56 films qui seront accompagnés par le festival lors de leur sortie en salles et de leur présentation dans certains festivals. Parmi les réalisateurs de ces films, nombreux sont ceux qui ont commencé par le court avant de s’attaquer au long. Voici quelques courts de cinéastes sélectionnés à Cannes 2020, accessibles sur la Toile.

Hôtel Chevalier, Wes Anderson, 2007, USA (sélectionné à Cannes 2020 avec « The French Dispach »)


Un lever de rideau, François Ozon, 2006, France (sélectionné à Cannes 2020 avec » Été 85″)


Katatsumori, Naomi Kawase, 1994, Japon (sélectionnée à Cannes 2020 avec « Asa Ga Kuru »(True Mothers)

Article associé : La critique du film


Le Feu au coeur, Danielle Arbid, 2017, Liban (sélectionnée à Cannes 2020 avec « Passion Simple »)


Echo, Magnus Von Horn, 2008, Suède (sélectionné à Cannes 2020 avec « Sweat »)

Article associé : La critique du film


Get The Rabbit Back, Kamen Kalev, 2005, Bulgarie (sélectionné à Cannes 2020 avec « February »)


Blonde aux yeux bleus, Pascal Plante, 2015, Canada (sélectionné à Cannes 2020 avec « Nadia, Butterfly »)


Wet, Ninja Thyberg, 2010, Suède (sélectionné à Cannes 2020 avec « Pleasure »)


Chien Bleu, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh, 2018, France (sélectionnés à Cannes 2020 avec « Gagarine »)

Article associé : La critique du film


Homeland, Dani Rosenberg, 2008, Israël (sélectionné à Cannes 2020 avec « The death of cinema and my father too »)


Géraldine je t’aime, Emmanuel Courcol, 2012, France (sélectionné à Cannes 2020 avec « Un triomphe »)


Next door, Pete Docter, 1990,  USA (sélectionné à Cannes 2020 avec « Soul »)


The day after, Jonas Poher Rasmussen, 2009, Danemark (sélectionné à Cannes 2020 avec « Flee »)


Que sont-ils devenus ?, Bruno Podalydès, 2006,  France   (sélectionné à Cannes avec « Les Deux Alfred)


Spring 89, Ayten Amin, 2011, Egypte (sélectionné à Cannes avec « Souad »)


Patata Tortilla, Ben Sharrock, 2014, (sélectionné à Cannes avec « Limbo »)

Le Court en dit long 🐠

Alors que les manifestations culturelles s’adaptent aujourd’hui en raison de la crise sanitaire du Covid-19, le festival  Le Court en dit Long, spécialisé dans le court belge francophone, accueillera très prochainement sur la toile sa 28ème édition.

Du 1er juin au 6 juin, 34 courts métrages, répartis en 6 programmes, entrent en compétition pour cette année si unique en son genre. Disponibles en streaming sur ce site, les films seront en accès gratuit en France.

 

En parallèle de la compétition, le festival célèbre les 20 ans de Benzine Production, une société de production namuroise, en remettant à l’honneur les comédies réalisées par Xavier Diskeuve, Damien Chemin et François Paquay. Le festival accueillera également deux DJ Set Jean-Benoît Ugeux et Benjamin Schoos, pour ses soirées d’ouverture et de fermeture.

Enfin, le Court en dit Long prévoit en automne au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, une soirée de projection dédiée aux films récompensés de cette édition inédite, un événement à ne pas manquer qui célébrera avec joie un retour à la normale.

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4 comme 4444444444

Fiche technique 

Synopsis : Un jeune homme reçoit un appel d’un mystérieux garçon fantomatique.

Genre : Fiction

Durée : 02’59 »

Pays : Japon

Année : 1998

Réalisation : Takashi Shimizu

Scénario : Takashi Shimizu

Image : Takahide Shibanushi

Musique : Gary Ashiya, Hitomi Shimizu

Interprétation : Daiki Sawada, Kazushi Ando

Production : Yasuyuki Uemura

Article associé : La critique du film

K comme Katasumi

Fiche technique 

Synopsis : Deux écolières sont victimes d’un horrible fantôme.

Genre : Fiction

Durée : 03’24 »

Pays : Japon

Année : 1998

Réalisation : Takashi Shimizu

Scénario : Takashi Shimizu

Image : Takahide Shibanushi

Musique : Gary Ashiya, Hitomi Shimizu

Interprétation : Takako Fuji, Ayako Omura, Kanna Kashima

Production : Yasuyuki Uemura

Article associé : la critique du film

Katasumi et 4444444444 de Takashi Shimizu

Une petite fille aux longs cheveux noirs et à la robe déchirée, l’œil révulsé, rampe au dehors d’un puits. Ses os craquent, ses membres s’agitent, désarticulés, en une chorégraphie macabre. Inéluctablement, le spectre progresse, à travers la télévision, vers sa futur victime… Il n’est pas exagéré de dire que le film Ring, de Hideo Nakata, a révolutionné, à son échelle, le cinéma d’épouvante. La figure intemporelle du fantôme intègre notre modernité, et acquiert, aux yeux du monde, un nouveau visage. Sadako n’est qu’un amoncellement de détails abominables, d’idées géniales et de traits iconiques, qui participent à sa légende. Le paroxysme d’une certaine figure de l’horreur est atteint. Un archétype est né. Le long-métrage, sorti en 1998 et adapté d’un roman de Kōji Suzuki, transfert toute une tradition de contes et de légendes dans notre univers technologique, dévoré par le béton, les routes, le téléphone, les appareils photo et la télévision. L’au-delà s’introduit dans les interstices de notre monde contemporain. Il contamine, et utilise à son profit les propriétés nouvelles de notre civilisation : la reproductibilité des choses et des œuvres ; les moyens de communication de plus en plus performants qui réduisent les distances tout en dépersonnalisant et dématérialisant, les interactions humaines ; notre rapport au monde, qui passe de plus en plus par l’image, par la copie, par l’enregistrement automatique, par la machine… Des photographies déformées, une vidéo maudite, un téléphone qui annonce la mort prochaine, et un croquemitaine à la fois minimaliste et sophistiqué, quelques éléments simples suffisent à tisser une véritable toile mythologique, qui dévore, viralement, tous les repères rassurants, toutes les petites artificialités, toutes les petites traces de civilisation et de progrès, de notre quotidien.

Les histoires de fantômes ne sont pas nouvelles au Japon. Les yōkai, les créatures surnaturelles, se comptent par centaines, peut-être même par milliers. Et des milliers de légendes, de contes, de rituels, de traditions les accompagnent. En 1904, l’écrivain irlandais – naturalisé japonais – Lafcadio Hearn publie Kwaidan ou Histoires et études de choses étranges, qui regroupe seize fables mettant en scène monstres et fantômes. Parmi les esprits féroces de la culture nippone, nous pouvons compter la Yuki-onna, la femme des neiges, à la peau blanche et aux lèvres gelées, qui perd les voyageurs dans la montagne. Les fantômes, eux, sont plus spécifiquement appelés yūrei, et d’entre les yūrei, les plus craints sont les onryō, les esprits vengeurs. Sadako n’est que la petite sœur de ces revenants, traditionnellement vêtus de kimonos blancs et coiffés de longs cheveux noirs. Au rang des plus célèbres, il faut compter la dame Oiwa, empoisonnée, qui traîne son crâne dégarni, son visage difforme et son œil gonflé, à la recherche de ses assassins, ou bien le fantôme d’Okiku, jeune servante jetée au fond d’un puits par un maître tyrannique. Le puits, l’œil, les cheveux, les ongles arrachés, la mort violente, la vengeance… d’histoire en histoire, nous retrouvons, comme des fragments éparpillés, toutes les singulières caractéristiques du spectre de Nakata.

A l’ère Edo, les hommes courageux se rassemblaient dans une pièce sombre pour jouer au Hyakumonogatari Kaidankai. Cent bougies étaient allumées. Cent contes d’horreur étaient contés. A la fin de chaque histoire, une chandelle était éteinte. A mesure que l’obscurité envahissait la salle, la terreur s’emparait de l’assemblée. Quand la dernière flamme était soufflée, un fantôme, selon la tradition, apparaissait. A la fin du XXème siècle, avec la modernisation du Japon, les contes se transforment en légendes urbaines. Les « histoires qui font peur » inondent les cours de récré. Les écoliers, souvent, conservent l’aspect ludique de ces récits, comme sauront le faire les enfants américains avec, par exemple, la légende de la Bloody Mary. Les fantômes pénètrent le quotidien. La Kuchisake-Onna se promène la nuit, un masque chirurgical sur le visage, révélant sa bouche mutilée aux passants solitaires. Teke Teke rampe, le corps coupé en deux par le passage d’un train, à la recherche d’une victime sur laquelle exercer sa vengeance. Hanako-san, enfin, hante les toilettes des écoles, emportant dans les canalisations les imprudents qui l’invoque.

Ring fait donc l’effet d’une déflagration. Le film synthétise, et propulse en même temps, tout un folklore en pleine construction. Le film de Hideo Nakata devient un phénomène culturel et, par conséquent, une aubaine financière. Des dizaines de productions vont surfer sur la vague. Les films mettant en scène des spectres à cheveux sales constituent peu à peu un genre entier. Le terme « J-Horror » ne désigne bientôt plus, auprès le grand public, que les clones et descendants du yūrei le plus célèbre du monde. Cette même année 1998, le producteur Yasuyuki Uemura élabore dans l’urgence le projet Gakkō no Kaidan G, un simple téléfilm, tourné à la va-vite, censé mettre en scène croquemitaines et apparitions fantomatiques dans les couloirs d’une école. Kiyoshi Kurosawa, révélé l’année précédente avec Cure, rejoint le projet. Il fait venir à sa suite son ami Takashi Shimizu, passionné par le cinéma de genre et les histoires de fantômes. Des histoires séparées, entrecoupées d’interviews et de séquences animées, le tout présenté par un mystérieux enseignant, constituent l’essentiel du film. Les moyens mis à la disposition des réalisateurs sont dérisoires. Le tournage a lieu des des conditions amateurs. Seul Kurosawa, sur la brochette d’apprentis cinéastes rassemblée par le producteur, a une réelle expérience du grand écran. Shimizu, lui, ne se voit confié que six minutes de bobine, sur les soixante-dix qui constituent le film. Six minutes qu’il divise encore en deux, deux segments séparés, deux histoires terriblement brèves, et pourtant terriblement efficaces. Si Gakkō no Kaidan G peut aujourd’hui s’enorgueillir d’un petit embryon de postérité, il ne le doit qu’aux courts-métrage glaçants du futur démiurge de la saga Ju-On.

Katasumi suit deux étudiantes venues nourrir quelques lapins à l’arrière de leur école. L’une d’elles se blesse au doigt. L’autre va chercher du sparadrap. Quand la jeune fille revient, son amie a disparue. C’est alors qu’une forme humanoïde commence à ramper entre les arbres… 4444444444, de son côté, met en scène un jeune homme trouvant un portable dans un tas d’ordures. Le téléphone sonne. Le numéro affiché indique 4444444444. L’étudiant décroche. Des miaulements lui répondent. Le garçon, inquiet, regarde autour de lui. Il est seul. Les miaulements s’intensifient…

En six minutes, Shimizu met en place les grands axes de son cinéma : une image à la limite de l’amateurisme qui, paradoxalement, donne un étrange souffle naturaliste, presque documentaire ; une peur puisée dans le folklore japonais, faite de malédictions antédiluviennes et de légendes urbaines très contemporaines (à ce titre, le chiffre 4 est réputé maudit dans une grande partie de l’Asie, notamment du fait que le mot japonais qui le désigne, « shi », se prononce de la même manière que le mot « mort ») ; et, bien sûr, les créatures épouvantables qui deviendrons les futurs vedettes de son œuvre. Nous retrouvons ainsi l’actrice Takako Fuji dans sa première interprétation du fantôme Kayako. L’inconnu Daiki Sawada incarne, quant à lui, le petit Toshio. Les deux personnages ont déjà acquis toutes leurs caractéristiques : la peau blafarde, les cernes immenses ; la robe déchirée, les membres désarticulés, la posture rampante et les crissements gutturaux pour l’une ; les tapotements insistants, le regard béant, la nudité animale et les miaulements suraigus pour l’autre. Les personnages sont déjà pleinement existants, avant même la naissance de la saga qui les verra s’épanouir. Ils étaient là, probablement, dans un coin du cerveau apeuré de Shimizu, avant même que celui-ci ne tienne, pour la première fois, une caméra.

Les onryō Toshio et Kayako sont, à l’image de Sadako, les représentants d’une grande famille cauchemardesque. Chaque yūrei est cousin de ses pairs. Des caractéristiques communes les lient tous. Mais c’est par leurs particularités propres que chacun marque l’imaginaire. Sadako faisait le choix du visage masqué et des ongles arrachés, du puits et de la télévision. Kayako renifle le sang, vampirise ses victimes, tortille abominablement ses os brisés entre les feuilles mortes, et émet son grincement aujourd’hui si célèbre. Toshio, ici, se laisse invoquer par un numéro maudit, jouant avec sa victime à la manière d’un félin, ou d’un enfant, la terrorisant avant de surgir pour s’en débarrasser. Ce n’est pas tant une horreur pure, abominable, qui arme ces revenants. Il est facile de ne pas voir autre chose, chez eux, qu’un maquillage léger et une démarche chorégraphiée. Mais Takashi Shimizu joue de leur inquiétante étrangeté. Ce sont deux épouvantails qu’il lui sera maintenant possible de réutiliser à loisir, de placer dans toutes les situations, deux masques d’horreur parfaits, deux cauchemars indélébiles pour toute une génération de spectateurs. Ils ne sont pas encore exactement ce qu’ils deviendrons dans Ju-On. Il leur manque une histoire, il leur manque leur destin funeste et leur maison maudite. Mais déjà, ils ont le goût des mises en scène macabres, qui font précéder la mort d’un peu de terreur et de folie. Les deux courts-métrages de Takashi Shimizu souffrent indéniablement d’une certaine médiocrité, dûe à la fois au manque d’expérience de l’auteur et, surtout, aux conditions précaires de production. Kiyoshi Kurosawa lui-même, d’ailleurs, a-t-il réussit à faire mieux ? Et pourtant, 4444444444 et Katasumi ont l’efficacité belle et simple d’une histoire de fantômes, résumable en quelques lignes autour d’un feu de camps ou sur un un forum obscur.

Moins de deux ans plus tard, Takashi Shimizu, aidé des bons conseils de son ami Kurosawa, portera ses deux démons à l’écran. Ce sera le début d’une longue et fructueuse épopée. En 2000 donc, sort le téléfilm Ju-On, suivit, la même année, par un second opus. En 2003, Shimizu réalise deux remake pour le grand écran, connus sous les noms de Ju-On : The Grudge et Ju-On : The Grudge 2. Puis, en 2004 et 2006, ce sont les remake américains qui lui sont confiés : The Grudge 1 et 2. D’autres réalisateurs s’empareront ensuite de la saga, donnant naissance à des kyrielles de suites : Ju-On : White Ghost (2009), Ju-On : Black Ghost (2009) The Grudge 3 (2009), Ju-on : The Beginning of the End (2014), et un dernier remake, cette fois complètement américanisé, The Grudge (2020). Shimizu reprendra en partie son bestiaire dans d’autres films, avec, par exemple, une femme livide se nourrissant de sang dans son chef d’œuvre Marebito (2004) ou bien une poupée désarticulée et difforme dans Réincarnation (2005). Shimizu essaima nombre de frayeurs chez nombre d’adolescents. Toshio observant ses victimes à travers la vitre d’un ascenseur, ou bien Kayako émergeant de dessous une couette accueillante, ont probablement hanté bien des mauvais rêves. Katasumi et 4444444444 nous offrent leur genèse.

Virgile Van de Walle

Consulter les fiches techniques de 4444444444 et de Katasumi

« Fire (Pozar) » de David Lynch, en ligne !🔥

David Lynch a sortir son court-métrage d’animation “Fire (Pozar)”sur sa chaîne YouTube « David Lynch Theater ».

On retrouve ici l’étrange dont David Lynch nous a habitués tout au long de sa carrière. Dans un court assez glauque voire oppressant, David Lynch retranscrit les peurs et l’incertitude qui planent sur l’avenir de notre société.

Avec une référence à l’Allégorie de la caverne de Platon, ce court plonge le spectateur dans le théâtre des conséquences, des erreurs de l’humanité dues à l’ignorance des êtres humains.

Face à une animation en noir et blanc, nous sommes hypnotisés par la musique de Marek Zebrowski, et le déluge qui hantent notre monde. Une danse macabre clôt le film, avec un jeu des corps tandis que le rideau se ferme. Nous avons trop joué, nous voilà perdus.

Manon Guillon

Hommage à Michel Piccoli ✨

Michel Piccoli a rejoint les étoiles.

Cet immense acteur, figure emblématique de la Nouvelle Vague, a interprété des rôles dans bon nombre de courts-métrages.

Nous avons choisi de lui rendre hommage en vous en présentant trois :

La Chevelure, Adonys Kyrou, 1961 :


Bête de scène, Bernard Nissile, 1994 :


Mal de mer, Olivier Vinuesa, 2002 :

Participez à notre Quiz spécial Festival de Cannes !

Après vous avoir proposé fin avril notre premier Quiz, en voici le deuxième consacré à Cannes. Pour rappel, le festival aurait dû se tenir ces jours-ci et et se clôturer le 23 mai. Qu’à cela ne tienne : le cinéma est toujours là et de notre côté, on vous propose 10 questions sur  le festival, ses courts ou encore ses anecdotes. Aurez-vous un sans-faute à notre test ? 3-2-1 : à vous de jouer !

Festival de Cannes : notre sélection de 25 courts à voir en ligne du 12 au 23 mai !

Ce mardi 12 mai 2020, aurait dû démarrer le 73ème Festival de Cannes. Pour info, les films de la sélection officielle seront finalement dévoilés courant juin.

Après avoir diffusé fin avril une dizaine de courts-métrages issus du 1er Festival Format Court, nous vous proposons de découvrir dès le 12 mai une sélection internationale et éclectique de 25 courts visibles en ligne, sélectionnés à Cannes, toutes sections confondues.

Du 12 au 23 mai, période à laquelle le festival aurait dû avoir lieu, nous diffuserons 2 à 3 films par jour sur le site et les réseaux sociaux de Format Court. Ces films seront regroupés par section cannoise.

Les courts-métrages retenus sont issus de la compétition officielle, de la Cinéfondation mais aussi des sections parallèles : la Quinzaine des Réalisateurs, la Semaine de la Critique ainsi que l’ACID. Ces films, très différents les uns des autres, ont pour certains été repérés par Format Court, d’autres ont été découverts récemment sur Internet. Certains réalisateurs sont passés au long-métrage, d’autres non. Le court le plus ancien date de 1965, le plus récent de 2017.


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⏰ JOUR 12 : Quinzaine des Réalisateurs

Pour conclure ces 10 jours cannois, Format Court a le plaisir de vous présenter le court métrage québécois « Bleu Tonnerre » co-réalisé par Jean-Marx E. Roy et Philippe David Gagné. Il a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2015. Les deux cinéastes reviendront d’ailleurs à la Quinzaine deux ans plus tard avec leur court métrage « Crème de menthe ».

Comédie musicale déjantée et rock and roll, « Bleu Tonnerre » traite sur un ton léger et humoristique la détresse d’un homme face à ses responsabilités.

Après avoir rompu avec sa copine, Bruno, ouvrier trentenaire des plus banal, se retrouve seul et à la rue. Il profite de l’occasion pour redécouvrir sa liberté et pour se replonger avec euphorie dans sa passion de jeunesse, le catch. Si Bruno est plus heureux que jamais sur le ring, cette cure de jouvence ne dure pas longtemps, étant vite rattrapé par la réalité. Les états d’âmes des personnages comme les moments de conflits qu’ils traversent sont chantés, ce qui confère au court métrage un ton décalé et délicieusement surprenant.

“Bleu Tonnerre” conclut ainsi notre sélection des 25 courts cannois partagée sur notre site et nos réseaux sociaux. Une sélection en ligne qui a été très suivie, nous ne pouvions pas être plus comblés et on vous en remercie !

Nous proposerons prochainement d’autres sélections en ligne à l’occasion de festivals à venir. Continuez à liker la forme courte à nos côtés, à très bientôt.


⭐️ [Les courts de Cannes] ⭐️
⏰ JOUR 12 : Quinzaine des Réalisateurs

Ce samedi marquant la toute dernière journée de notre sélection spéciale festival de Cannes, nous vous faisons découvrir avec joie le court-métrage d’animation « Tram » de la réalisatrice tchèque Michaela Pavlátová, réalisé par Sacrebleu Productions et mis en ligne par Univerciné. Il a été présenté en 2012 à la Quinzaine des Réalisateurs.

Jour après jour une conductrice de tram transporte les mêmes hommes d’affaires silencieux sur le même trajet. Mais voilà que l’imagination érotique de la généreuse jeune femme vient un jour briser cette morne et grise routine.

Un fantasme qui prend alors peu à peu vie visuellement ; les couleurs se font éclatantes, les suggestions sexuelles deviennent omniprésentes et le rythme tout comme la musique s’accélèrent. Sondant la sexualité et l’excitation, « Tram » est une comédie plaisante, dédiée entièrement au désir féminin qui charme par sa fausse candeur. De quoi en faire rougir plus d’un, devant la vision fantastique et libérée du sexe, selon Michaela Pavlátová.


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⏰ JOUR 11 : Cinéfondation

Après vous avoir présenté ce matin le court métrage « #1 » Format Court remet à l’honneur le cinéma d’animation avec « Der Wechselbalg » de la réalisatrice allemande Maria Steinmetz, produit pour l’école de cinéma Babelsberg Konrad Wolf et sélectionné en 2011 à la Cinéfondation.

Suite à l’attaque d’un troll, un jeune couple perd son enfant et se retrouve à la place avec la progéniture du monstre. Si l’instinct maternel de la femme s’intensifie de plus en plus pour ce bébé innocent, son mari, comme les villageois, souhaiteraient plutôt le voir mort. Malgré les épreuves, la fin est heureuse pour cette étonnante animation aux traits médiévaux et aux figures chrétiennes.

« Der Wechselbalg » est un conte fantastique qui interroge avec force les terribles conséquences des préjugés populaires et qui revendique la tolérance face à l’étroitesse d’esprit.


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⏰ JOUR 11 : Cinéfondation

Format Court a le plaisir de vous présenter ce matin le renversant court métrage d’animation « #1 » de Naomir, un film d’animation de l’école La Cambre (Belgique) qui fut présenté en 2008 à la Cinéfondation.

Un homme s’engage dans une course effrénée pour fuir tableaux, sculptures et architectures en tout genre qui, tombant du ciel, menacent de l’écraser de leur poids. En 4 minutes, ce sont des millénaires d’œuvres d’art que l’on voit défiler dans un rythme chaotique, accentué par une bande sonore qui accompagne chaque dissonance et sprint.

Si visiblement tout a déjà été dit et tout a déjà été fait, Naomir, collectif artistique d’un frère et d’une sœur, font de « #1 » une sorte de revanche sur l’Art lui-même, une mise au défi de créer encore et toujours.


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⏰ JOUR 10 : Compétition officielle

Après vous avoir fait découvrir le court métrage « The Chair », Format Court vous présente le poignant court métrage islandais « Hvalfjordur » de Gudmundur Arnar Gudmundsson, présenté en 2013 en compétition officielle au Festival de Cannes et lauréat d’une Mention spéciale à Cannes.

Une famille ordinaire vit paisiblement dans un fjord isolé de tout, mais les multiples tentatives de suicide du frère aîné viennent assombrir le tableau. C’est une tragédie silencieuse que l’on découvre par les yeux du plus jeune frère, les parents étant incapables d’entrevoir la peine de leurs enfants.

Dans ce court métrage, une attention particulière est donnée aux paysages islandais, qui, étendus et désertiques, fonctionnent presque comme les miroirs des états d’âme des deux garçons, rongés par la solitude. Le réalisateur explore ainsi avec force les tourments de l’adolescence et le puissant lien qui se tisse entre les deux frères.


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⏰ JOUR 10 : Compétition officielle

Ce matin, Format Court vous présente le court métrage « The Chair » du réalisateur américain Grainger David, sélectionné en 2012 en compétition officielle à Cannes.

Suite à une étrange épidémie de moisissure qui se répand dans une petite ville de Caroline du Sud, un jeune garçon fait face à la mort soudaine de sa mère. Avec le temps, la chaise de la défunte devient une obsession pour la grand-mère du garçon et se met à incarner tous les maux qui s’abattent sur eux.

Un court-métrage puissant à l’ambiance lugubre, presque irréelle, où les événements sont racontés par la voix monotone et détachée du narrateur. Portant sur la perte, “The Chair” explore essentiellement la place que prend l’incompréhension dans le processus du deuil.


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⏰ JOUR 9 : Semaine de la Critique – Cannes

Pour bien finir la journée, découvrez le court-métrage « La Lampe au beurre de Yak » du réalisateur Hu Wei, produit par Ama Productions et sélectionné en 2013 à la Semaine de la Critique. Le film est mis en ligne par UniversCiné.

Un jeune photographe propose à des familles tibétaines de se faire prendre en photo, ce qu’ils acceptent avec plaisir et curiosité. Les clichés pris oscillent entre artifice et réalité car si la mise en scène est factice et représente des lieux rêvés inaccessibles, les personnages, eux, sont authentiques. La caméra, en plan fixe, porte un regard percutant sur une Chine entre tradition et modernité et sur les aspirations silencieuses d’un peuple reculé.


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⏰ JOUR 9 : Semaine de la Critique – Cannes

Format Court vous partage cet après-midi, le magnifique court métrage d’animation « Mourir auprès de toi », réalisé par Spike Jonze et Simon Cahn, ayant été présenté à la Semaine de la Critique en 2011.

Une fois la nuit tombée, tout un monde fantastique s’anime au cœur de la librairie Shakespeare and company et redonne vie aux plus grands classiques de la littérature anglophone. Cette animation délirante, réalisée en stop motion par Olympia Le Tan, donne vie avec humour à des marionnettes articulées et élaborées en bout de tissus, le tout sur un fond sonore signé par la chanteuse Soko. Plongeant d’un univers à l’autre, la fiancée de Dracula et le cadavre de Macbeth se cherchent et s’attirent. Avec ce court-métrage léger et humoristique qui transgresse les histoire traditionnelles des livres, les deux réalisateurs inventent un conte mortellement romantique.


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⏰ JOUR 9 : Semaine de la Critique – Cannes

Aujourd’hui, ce n’est pas 2 mais bien 3 courts-métrages que Format Court vous propose. Nous avons tout d’abord été conquis par « Printed Rainbow », le court-métrage d’animation de Gitanjali Rao, sélectionné en 2006 à la Semaine de la Critique. Treize ans plus tard, la cinéaste réalise son tout premier long-métrage en animation « Bombay Rose ».

Enfermée dans un monde terne et flou, une vieille femme trouve le moyen de rompre la routine grâce aux dessins de ses boîtes d’allumettes. Fenêtres ouvertes sur le monde et sur l’infini, les boîtes symbolisent l’évasion d’une femme lassée de la réalité, préférant se laisser dépérir dans son imaginaire. Par son immense palette de couleur et par sa touchante poésie, « Printed Rainbow » est une invitation au voyage au cœur de la fantaisie.


 

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⏰ JOUR 8 : Quinzaine des Réalisateurs

Après vous avoir présenté ce matin « La mort de Shula », découvrez le court-métrage d’animation « Decorado », réalisé par l’illustrateur espagnol Alberto Vázquez et présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2016. Pour info, « Homeless Home », le nouveau court métrage d’Alberto Vázquez est sélectionné cette année au Festival d’Annecy, soit 5 ans après son long-métrage « Psiconautas »

🐻 Dans “Decorado”, des personnages aux traits d’animaux mignons évoluent dans un monde invraisemblable, peuplé de créatures étranges, de rires préenregistrés, où le chant des oiseaux est celui des notifications Twitter… Tout semble artificiel aux yeux d’Arnold, un ourson tourmenté qui remet en doute sa réalité et croit vivre dans un décor cauchemardesque.

Théâtre sombre de notre monde moderne, « Decorado », produit par Autour de Minuit et Uniko, est un court métrage imprégné d’humour noir qui interroge la place de la solitude, de la folie ou encore de l’amour.


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⏰ JOUR 8 : Quinzaine des Réalisateurs

Nouvelle matinée, nouveau coup de cœur pour le court-métrage “La mort de Shula”, du réalisateur israélien Asaf Korman, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2007, soit 7 ans avant son retour à la Quinzaine avec son long métrage « Next to Her » portant sur le handicap.

Shula, le chien des Korman est atteint d’une tumeur et doit être piqué. Le père de famille se charge alors seul du corps ; il le transporte dans une boîte de carton, l’enterre et lui fait, seul, des adieux déchirants. Asaf Korman met en scène sa propre famille et s’inspire d’un événement de son passé pour écrire ce court métrage émouvant. La fragilité du père comme la simplicité de la réalisation font de « La mort de Shula » un film poignant à vous briser le cœur.


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⏰ JOUR 7 : Cinéfondation

Découvrez le court-métrage « Anna » de la réalisatrice israélienne Or Sinai produit par l’école The Sam Spiegel Film & TV School. Le film a remporté le 1er Prix à la Cinéfondation ainsi que le Prix Format Court au Festival des films d’écoles de Tel Aviv.

Anna est une mère célibataire, enfermée dans une routine monotone entre son boulot et son fils. Un jour, celui-ci s’absente plus longtemps chez son père et voilà que les repères d’Anna s’effondrent. Cherchant à combler un vide, Anna finit par se réapproprier son corps et sa féminité.

Par une mise en scène très juste qui oscille entre émotions et simplicité, Or Sinai capture le portrait intime d’une femme seule retrouvant peu à peu son identité. Si Anna incarne la situation d’un grand nombre de femmes, elle incarne aussi une forme d’espoir par la satisfaction du désir féminin.


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⏰ JOUR 7 : Cinéfondation

🎬 « The Aftermath Of The Inauguration Of The Public Toilet at Kilometer 375 » de Omar El Zohairy (Egypte)

En cette nouvelle semaine cannoise, Format Court a voulu remettre à l’honneur le court métrage « The Aftermath of the inauguration of the public toilet at kilometer 375 », du réalisateur égyptien Omar El Zohairy, sélectionné en 2014 à la Cinéfondation.

Au milieu du désert se tient une cérémonie d’inauguration pour de nouvelles toilettes publiques. Le discours est plus que solennel, mais voilà, un fonctionnaire a le malheur d’éternuer, ni une, ni deux, mais trois fois… S’ensuit de multiples tentatives de sa part pour se faire pardonner. Jouant sur un ridicule constant, le court métrage souligne les absurdités de l’Administration et en propose une satire réussie.


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⏰ JOUR 6 : Compétition officielle

🎬 « My rabbit Hoppy » de Anthony Lucas (Australie)

🐰 Cet après-midi, nous vous faisions découvrir le court-métrage “My rabit Hoppy” réalisé par l’Australien Anthony Lucas et sélectionné, en 2008, à Cannes en compétition officielle.
Henry, le fils du réalisateur, filme un exposé pour sa classe et présente son lapin Hoppy, mais le projet prend une tournure des plus inattendues. Un court-métrage de trois minutes, complètement décalé et fantastique qui dépeint la métamorphose d’un animal familier, plus si familier que ça.


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⏰ JOUR 6 : Compétition officielle

🎬 « Love is blind » de Dan Hodgson (Royaume-Uni)

Ce dimanche marque le retour de la compétition officielle dans notre sélection spéciale “Cannes ». 2 films, en lice pour la Palme d’or par la passé, vous sont proposés par nos programmateurs. Prenez le plaisir de découvrir le court-métrage britannique “Love Is Blind” réalisé par Dan Hodgson en 2015.

Alors qu’Alice est dans les bras de son amant, son mari, lui, rentre plus tôt de son voyage d’affaires. La voilà obligée de jongler entre les deux hommes pour sauver la situation. Une comédie séduisante, à la mécanique simple mais efficace par son humour rafraîchissant, des imprévus farfelus et un plot twist cocasse.


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⏰ JOUR 5 : L’ACID

🎬 « A headful of stones » de Stefan Ivančić (Serbie)

Cet après-midi, découvrez notre coup de cœur pour le court-métrage de Stefan Ivančić, sélectionné en 2017 dans le cadre du focus ACID consacré à la Serbie.

Ivica, 11 ans, passe son temps libre à explorer des bâtiments à l’abandon. Un passe-temps qui lui permet de s’échapper de son foyer, ne pouvant faire face à la séparation de ses parents, eux-mêmes incapables de se confronter. « A headful of stones » est un court métrage touchant qui questionne la préadolescence, cette période de la vie où il est difficile d’osciller entre les désirs enfantins et les préoccupations des adultes.


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⏰ JOUR 5 : L’ACID

🎬 « On bosse ici ! On vit ici ! On reste ici ! » de Collectif des cinéastes pour les « sans-papiers » (France)

Aujourd’hui, Format Court vous propose un court-métrage documentaire : « On bosse ici ! On vit ici ! On reste ici ! », réalisé par le Collectif des cinéastes pour les sans-papiers, présenté à l’ACID 2010.

Alors que le mois d’octobre 2009 est marqué par les grèves de 6000 travailleurs sans papiers réclamant la reconnaissance de leurs droits, un collectif rassemblant plus de 200 professionnels du monde du cinéma s’engage politiquement et réalise en 2010 ce court-métrage. Le film donne la parole à ces hommes invisibles aux yeux du système et les lie physiquement au territoire français grâce à la répétition des “ici” dans son titre.


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⏰ JOUR 4 : Semaine de la Critique – Cannes

🎬 « Skhizein » de Jérémy Clapin (Dark Prince – France)

Après avoir présenté ce matin “Next Floor”de Denis Villeneuve, découvrez à présent le court-métrage “Skhizein” de Jérémy Clapin, sélectionné la même année (2008) à la Semaine de la Critique.

Du jour au lendemain, Henri, un homme se trouve à 91 cm de lui-même suite à la chute d’une météorite. Si les interactions du héros avec le monde physique se trouvent être chamboulées, il souffre davantage de son entourage, incapable de comprendre ce qu’il traverse. Par la représentation d’une histoire atypique, quasi fantastique, “Skhizein” propose un portrait réaliste de la schizophrénie et annonce le style singulier de Jérémy Clapin, qui, 11 ans après, réalisera le long métrage « J’ai perdu mon corps », avec le succès qu’on lui connaît.


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⏰ JOUR 4 : Semaine de la Critique – Cannes

🎬 « Next floor » de Denis Villeneuve (Canada)

Aujourd’hui, nous nous sommes laissés séduire par des courts-métrages de réalisateurs reconnus pour leur(s) long(s)-métrage(s). Nous avons ainsi le plaisir de vous présenter le court-métrage « Next Floor », réalisé par Denis Villeneuve et sélectionné à la Semaine de la Critique 2008. Onze hôtes bourgeois se retrouvent autour d’un banquet luxueux pour une dégustation des plus particulières.

Dans ce huis-clos vertical, où tout s’effondre, les plats s’enchaînent à un rythme effréné tandis que les convives dévorent frénétiquement leurs mets. Tableau absurde et fantastique qui dégoûte autant qu’il fascine, “Next Floor” déroge aux bonnes manières et à l’entendement.


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⏰ JOUR 3 : Quinzaine des Réalisateurs

🎬 « Man » de Myna Joseph (Etats-Uni)

Notre second coup de cœur de la journée est le court métrage « Man » réalisé par Myna Joseph en 2008 et présenté à la Quinzaine des Réalisateurs. Le temps d’une après-midi, deux sœurs tissent un lien particulier entre elles par l’intermédiaire d’un jeune garçon.
Si le court métrage se nomme « Man », l’unique personnage masculin n’est là que pour mettre en lumière la complicité silencieuse mais évidente des deux filles. Ancienne étudiante à la Columbia University in the City of New York, Myna Joseph dévoile, dans son film, un conte moderne provoquant dans lequel des adolescentes s’enfoncent seules dans les bois et défient leur « prédateur ».


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⏰ JOUR 3 : Quinzaine des Réalisateurs

🎬 « Chasse royale » de Lise Akoka et Romane Gueret

Nouvelle journée, nouveau coup de cœur pour Format Court. Nous avons jeté notre dévolu sur « Chasse Royale », sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs 2016. Angélique, 13 ans, est repérée dans son collège par une équipe de cinéma qui lui propose de participer à un casting. Un puissant court-métrage qui peint avec réalisme les états d’âme d’une adolescente et les fantasmes vides de sens associés aux mots « Paris » ou « Cinéma ».
Les deux cinéastes tissent avec intelligence la réalité au cœur de la fiction en racontant à la fois l’histoire vraie d’Angélique, une actrice amatrice, et l’histoire inventée d’Angélique, une jeune fille féroce.

 


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 JOUR 2 : Cinéfondation

🎬 « Head over heels », Timothy Reckart (Royaume-Uni)

Alors que ce matin, nous vous présentions « Manoman » de Simon Cartwright, nous vous invitons à découvrir dès à présent le court-métrage d’animation, « Head over Heels », de Timothy Reckart, sélectionné à la Cinéfondation 2012.
Un court métrage, produit lui aussi par l’école britannique National Film And Television School-NFTS, qui nous dépeint le quotidien d’un couple marié depuis longtemps, vivant à l’envers l’un de l’autre. Elle vit au plafond et lui au sol, à moins que ce ne soit l’inverse…
En soulignant les moments de tendresse passés du couple, « Head over Heels » nous offre une histoire muette qui interroge la distance tant physique qu’émotionnelle des relations amoureuses.


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 JOUR 2 : Cinéfondation

🎬 « Manoman », Simon Cartwright (Royaume-Uni)

Format Court vous dévoile aujourd’hui « Manoman », un court métrage d’animation réalisé par Simon Cartwright, ancien étudiant de la National Film and Television School, sélectionné à la Cinéfondation 2015 et Prix Format Court au Festival Court Métrange 2016.

Glenn est un homme banal qui laisse un jour s’échapper hors de lui un double primitif et incontrôlable. Alors que la bestialité du double se développe, Glenn se métamorphose et adopte à son tour un comportement autodestructeur le menant jusqu‘à une fin cathartique. Avec « Manoman », Simon Cartwright signe un court métrage d’un humour noir cinglant mettant en scène la contradiction entre les pulsions primitives enfouies en chacun et les normes sociales imposées.

 


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 JOUR 1 : Compétition officielle

🎬 « Waves ’98 », Ely Dagher (Liban)

Après vous avoir parlé de “Skaterdater”, Palme d’or de 1966, faisons un saut dans le temps en vous présentant le court métrage d’animation libanais “Waves 98”, réalisé par Ely Dagher, Palme d’or de 2015.

“Waves 98” nous plonge dans une exploration urbaine et déroutante de Beyrouth, huit années après la guerre civile (1975-1990) dont les dévastations se font encore lourdement ressentir auprès d’une jeunesse désillusionnée. L’animation, construite à la fois par des dessins et des photographies, créé une esthétique colorée permettant de balancer entre la réalité et le rêve. Marqué par cette époque particulière, Ely Dagher déclare à travers une réalité fantasmée et les errances d’un adolescent, tout son amour pour sa ville natale.


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⏰ JOUR 1, 12.5 : Compétition officielle

🎬 « Skaterdater », Noel Black, Etats-Unis

Pour ce premier jour de focus cannois, Format Court vous propose de découvrir deux Palmes d’or, l’une en début de journée, l’autre en milieu d’après-midi.

« Skaterdater », réalisé par Noel Black, s’est vu décerner la Palme d’or du meilleur court-métrage en 1966.

Par des plans riches et ingénieux et une bande sonore rock’n roll, Noel Black nous fait dévaler les rues californiennes au côté de jeunes skateboarders. Entre fanfaronnades et provocations infantiles, les garçons se défient au sein du groupe alors que les charmes de l’adolescence s’éveillent peu à peu. “Skaterdater” est aujourd’hui considéré comme le premier film jamais réalisé explorant le monde du skate et en demeure aujourd’hui une représentation intemporelle.

L comme Lick the Star

Fiche technique

Synopsis : Une bande de 4 adolescentes mettent au point un plan secret, nom de code : « Lick the Star », objectif : empoisonner les garçons.

Genre : Drame

Durée : 14’

Pays : États-Unis

Année : 1998

Réalisation : Sofia Coppola

Scénario : Sofia Coppola et Stéphanie Hayman

Musique : The Amps, Free Kitten, The Go-Go’s, Land of the Loops

Photographie : Lance Acord

Montage : Eric Zumbrunnen

Interprétation : Christina Turley, Audrey Heaven, Julia Vanderham, Lindsy Drummer

Production : Sofia Coppola

Article associé : la critique du film

Lick the Star de Sofia Coppola

L’adolescence est un thème amplement représenté dans le cinéma, s’appuyant trop souvent sur une projection de clichés, de stéréotypes et d’imaginaires sociaux infidèles à la réalité. Elle renvoie à cet âge trop lointain des adultes, dont il est plus simple de ne retenir que la superficialité et la légèreté.

Un parti pris que la réalisatrice Sofia Coppola a toujours rejeté dans ses films. Bercée depuis son enfance dans le milieu du cinéma et dans l’agitation hollywoodienne, Sofia Coppola s’est illustrée comme une réalisatrice talentueuse pour sa vision unique et sensible de l’adolescence.

Réalisatrice reconnue aujourd’hui pour ses explorations cinématographiques de l’adolescence dans des œuvres telles que Marie Antoinette ou encore Virgin Suicides, Coppola explore les drames intimes de jeunes filles transitant entre l’enfance et l’âge adulte, leur mal-être, la brutalité de leur monde et leur solitude perpétuelle. Des thématiques chères à Coppola que l’on voit déjà poindre dans ce premier court métrage Lick the Star, sorti en 1998, un an seulement avant l’œuvre magistrale Virgin Suicides.

En 14 minutes, la jeune cinéaste nous dépeint le tableau noir et blanc des intrigues de 4 adolescentes. Ces dernières complotent en secret un plan diabolique, visant à affaiblir les garçons.

La caméra s’attarde sur la représentation de lieux communs, on observe de loin l’agitation des élèves dans la cour de récré, leur ennui dans les salles de classes, leurs cris dans les vestiaires et leurs conversations murmurées dans le bus scolaire. Voilà le spectateur plongé dans une ambiance visuelle et sonore qui transcrit l’atmosphère du lycée.

Coppola représente aussi fidèlement les mécanismes sociaux typiques du monde adolescent où la hiérarchie sociale régit les relations. Les « popular kids » règnent sur les autres malchanceux. Si l’obsession cinématographique de Sofia Coppola est la figure féminine, généralement adolescente et à l’apparence blonde virginale (Kristen Dunst, Scarlett Johansson, Elle Fanning), elle fait pourtant le choix, ici, de mettre en avant un stéréotype opposé pour incarner la reine du lycée.

Chloé, 14 ans, brune, maquillée à outrance, provocatrice, une cigarette à la main, auréolée d’un diadème couronnant son statut royal, terrorise autant qu’elle fascine les autres élèves. La caméra suspend à plusieurs reprises la narration pour se focaliser entièrement sur l’aura dégagée par la jeune fille. Hors du temps, s’enchainent ainsi sur une musique punk, plusieurs gros plans sur les lèvres malicieuses, les yeux scintillants et étoilés. Coppola s’assure que le spectateur soit à son tour pleinement fasciné par cette ado. Sous le couvert d’une fausse superficialité et des jeux innocents d’une cour d’école, se cachent en réalité la brutalité et la cruauté du monde adolescent.

Coppola nous dévoile l’existence de véritables luttes de pouvoir. Chaque lieu commun est un lieu d’exercice du pouvoir où blagues et humiliations se succèdent. Il faut lutter pour grimper dans la hiérarchie sociale et se battre davantage pour y rester. Mais puisque l’inconstance est le propre de l’adolescence et que les rouages de la popularité sont impitoyables, la chute de la reine ne peut que se faire attendre. Aussi intouchable que fut Chloé, il aura suffi de quelques chuchotements et rumeurs pour briser son statut royal et la relayer au statut de paria.

C’est alors qu’entre en jeu la signature cinématographique propre à Sofia Coppola pour qui la solitude et l’isolement sont les plus violentes destructions de l’être. La descente aux enfers de Chloé est instantanée, caractérisée par la perte progressive de son emprise sur les autres et par un rejet social définitif.

La tentative de suicide de Chloé, remarquable par son esthétisme poétique sous fond de musique rock’n roll incisive, est elle-même moquée par les autres adolescentes.

Toutefois, c’est la dernière scène du court métrage qui incarne le mieux la solitude profonde de l’adolescente. Nous tournant le dos, Chloé s’éloigne, résignée, sur ces derniers mots « life goes on ». La lenteur du plan et la musique languissante accompagnent la chute de l’adolescente.

Une dernière question se pose, où sont les adultes ? Pourquoi ne protègent-ils par leurs enfants ? Chez Coppola, l’adolescence est un de ces drames intimes qui se joue loin du regard des adultes. Ces derniers brillent par leur absence ou par leur incompétence. L’autorité paternelle, invisible, est évoquée dans le seul objectif de souligner le mal qu’elle inflige, directement ou indirectement, à sa progéniture. Quant à l’autorité scolaire, si elle est belle et bien présente, elle n’est d’aucun secours pour protéger les adolescents. Uniquement là pour blâmer et punir, les adultes sont incapables de s’identifier aux adolescents.

Résonnent alors les mots de Cecilia, une des protagonistes de Virgin Suicides : alors qu’après sa tentative de suicide un docteur lui dit qu’elle est trop jeune pour connaître les duretés de la vie, la réplique se fait cinglante : « Obviously, doctor you’ve never been a 13-year-old girl.” Lick The Star pose définitivement les bases du cinéma de Sofia Coppola, un cinéma féminin, languissant et soulignant la solitude des êtres.

Sans jamais prendre position, la caméra de la jeune cinéaste ne cherche pas à donner du sens aux actions ou aux motivations des adolescents. Elle ne juge pas. Le regard ne fait que se poser sur ce qui est trop vite jugé insignifiant, il est là pour dévoiler l’intimité d’adolescentes abîmées.

Marguerite Stopin

Consulter la fiche technique du film

My Darling Quarantine Short Film Festival

Lancé le 16 mars, My Darling Quarantine Short Film Festival est un festival en ligne de courts-métrages visant à soutenir le monde du court et à récolter des fonds pour les organismes de santé en cette période de pandémie. Il se déroule en ce moment sur la plateforme “Talking Shorts” jusqu’à la fin de la quarantaine. Format Court vient de rejoindre le projet en tant que partenaire.

Enrico Vannucci, conseiller court-métrage au Festival de Venise et programmateur au Marché du film de Turin, en est à l’origine : « Face à cette situation, alors que j’étais confiné à la maison, j’ai eu l’idée de créer un festival de court-métrages en ligne à propos de cette crise pour amasser des fonds afin de venir en aide aux différents intervenants du milieu de la santé ».

De nombreux programmateurs à travers le monde participent au projet afin de proposer des films quotidiens, de Cannes à Berlin en passant par Locarno ou Vienne.

Ce festival en ligne s’est axé autour d’un thème bien précis, révélateur de cette période de troubles : la dystopie. Face à l’annulation de nombreux festivals, le collectif de programmateurs internationaux a tenté d’amoindrir les dégâts en continuant à diffuser régulièrement des films.

Chaque semaine, depuis près de 2 mois, un programme de 7 courts-métrages est proposé au public qui a la possibilité de voter pour son film préféré. Les votants, comme les personnes extérieures,  sont invitées à participer à la cagnotte mise en place par le festival. 50% des fonds seront reversés à Médecins Sans Frontières et les 50 autres aux institutions culturelles qui en auront le plus besoin.

Pour faire un don, cliquez ici : https://talkingshorts.com/festivals/my-darling-quarantine-short-film-festival

Pour aller plus loin, nous avons demandé à l’un des fondateurs du projet, Niels Putman, par ailleurs Rédacteur en chef de Kortfilm.be, l’excellent site dédié au court-métrage en Flandre (Belgique), de nous soumettre un film de son choix, programmé dans le cadre de My Darling Quarantine Short Film Festival. Il a opté pour Yellow Fieber de la réalisatrice grecque, Konstantina Kotzamani, déjà évoquée sur Format Court pour deux de ses courts, Electric Swan et Washingtonia.

« Dans Yellow Fieber, Athènes est couvert d’une étrange poussière jaune, considérée à tort, au départ comme du soufre. Très rapidement, pourtant, la fièvre jaune éclate, comme une maladie venue de loin. Dans le contexte de la crise actuelle et et au regard de son arrivée en  Europe, je pense que ce film est une excellente approche poétique de la période à laquelle nous sommes tous confrontés. C’est une histoire sur la perte d’une ville, présente et lue comme un poème. »

Participez à notre 1er Format Quiz !

En ces temps un peu flous, Format Court explore les possibilités du Web et vous propose cette semaine un Quiz sur le court-métrage. En 10 questions, faites le point sur l’actualité du court et ses classiques. Aurez-vous un sans-faute à notre test ?

Ne manquez pas nos prochains Format Quiz publiés sur notre site web et nos réseaux !