Ce jeudi, nous invitons le Festival de Vendôme à présenter, lors de notre nouvelle soirée Format Court, quatre films traitant de la jeunesse d’aujourd’hui. Cette carte blanche sera marquée par la présence d’Emilie Parey, la déléguée générale du festival et de deux équipes de films, celle de « Marseille, la nuit » (représenté par la réalisatrice Marie Monge et ses comédiens Karim Leklou, Charif Ounnoughene, Louise Monge et Taha Lemaizi) et de « 37°4 S » (évoqué par le réalisateur Adriano Valerio et la productrice Emilie Dubois). Venez les rencontrer et passer un agréable moment de cinéma en leur compagnie !
► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
Samedi soir, lors de la cérémonie de clôture du festival Filmer à tout prix, à Bruxelles, le Jury Format Court (Katia Bayer, Marie Bergeret, Adi Chesson, Xavier Gourdet et Mathieu Lericq) a élu comme meilleur court métrage « Anima » de Simon Gillard, un film d’école qui « relie avec brio les gestes du quotidien à des sentiments universels. Un film sans concession, visuellement intense, direct et poétique ». Le film, ayant également reçu le Prix des Ateliers d’Accueil WIP-CAB (aide matérielle pour le prochain film de Simon Gillard), bénéficiera d’un focus en ligne (critique, interview) et d’une projection très prochaine en salle, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).
Anima de Simon Gillard, Documentaire, 18′, 2013, Belgique, INSAS
Synopsis : Parmi les hommes et leurs gestes, bruts et graves, une âme se libère. Elle s’extrait de notre monde dans un curieux voyage, une traversée par les airs de cet étrange village de l’ouest Africain. Ses images puissantes et évocatrices se mêlent aux sonorités entêtantes, pour nous donner à voir, sans limites, ce rêve éveillé.
À l’occasion de l’annonce du palmarès, le réalisateur a reçu le prix des mains de Marie Bergeret, rédactrice et membre du jury Format Court.
Depuis ce samedi 9/11, à une semaine de la fin de la collecte, nous venons d’atteindre notre objectif (2 000 €). Nous avons fait éclater l’oeuf d’Ulule : Format Court a remporté son pari. Merci à vous !
Grâce à votre générosité, nous allons pouvoir refaire notre site internet en prévision de l’anniversaire de Format Court, en janvier prochain. Nous allons moderniser notre identité visuelle, nous entourer d’experts en la matière (webmaster, graphiste), renouveler le nom de domaine, financer l’hébergement du site, mieux valoriser la richesse et la quantité de nos publications (près de 2.700 archives), développer de nouvelles rubriques à destination des internautes (concours, films en ligne, recherche thématique, …), et redoubler d’efforts pour accentuer la visibilité du court, que ce soit en salle ou sur la Toile.
Face à l’excellente progression de ces derniers jours et à votre mobilisation croissante, notre ambition grandit, elle aussi, de jour en jour. Nous souhaitons aller plus loin que la « simple » refonte de notre site internet et étendre nos activités au service du court métrage. Nous vous proposons donc de nous aider à franchir un nouveau cap dans cette campagne en poursuivant l’aventure grâce aux actions suivantes :
– doter nos prochains Prix Format Court remis en festival, en Belgique et en France
– financer une super fête, à Paris, pour les cinq ans de Format Court
– inviter les réalisateurs étrangers à venir présenter leurs films lors de nos projections Format Court à Paris. Jusqu’ici, en 16 séances organisées au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), seulement trois réalisateurs venus d’ailleurs ont pu se déplacer à Paris pour évoquer leur travail et rencontrer le public, Emma de Swaef, Gerlando Infuso (Belgique) et Michael Rittmansberger (Autriche)
– Créer à terme un festival Format Court (et oui, on est très tenté depuis le temps qu’on défend le cinéma bref et les auteurs !), payer les droits des films, inviter les équipes de films et les jurés étrangers à Paris
Notre campagne se termine la semaine prochaine, le vendredi 15 novembre. Il nous reste 7 jours pour préparer la suite, l’après-100%. La collecte ne s’arrête pas maintenant, en si bon chemin. On poursuit l’aventure tous ensemble pour la dernière ligne droite et pour que Format Court puisse se maintenir dans la course. Continuez à nous encourager, à nous soutenir, à nous envoyer vos chouettes visuels, et à aimer le court.
Qu’elle ait pour horizon l’Algérie de 1994, une école élémentaire au Portugal ou une nuit parisienne aujourd’hui, une rencontre n’aura pas la même saveur, ne traversera pas les mêmes tensions, ne nourrira pas les mêmes espérances. Mais l’horizon est aussi ce qui se profile au loin, ce qu’on tente de rejoindre et demeure inatteignable. Grisaille et pluie, couleurs et magie enchantée, rêverie noctambule en noir et blanc, ces films très différents mettent en scène des rencontres qui n’ont peut-être pas d’autre horizon que le souvenir d’un moment inachevé. Jacques Kermabon
Les jours d’avant de Karim Moussaoui – 2013, couleur, 47 mn, DCP. Prix Format Court au Festival de Namur 2013
Réalisation : Karim Moussaoui • Scénario : Karim Moussaoui et Virginie Legeay • Image : David Chambille • Son : Arnaud Marten, Pierre Bariaud et Samuel Aïchoun • Montage : Julien Chigot • Interprétation : Mehdi Ramdani, Souhila Mallem, Mohammed Ghouli, Chawki Amari et Meriem Medjikane • Production : Les Loupiottes et Taj Intaj.
Dans une cité du sud d’Alger, au milieu des années 1990, Djaber et Yamina sont voisins, mais ne se connaissent pas. Pour l’un comme pour l’autre, il est si difficile de se rencontrer entre filles et garçons qu’ils ont presque cessé d’y croire. En quelques jours, pourtant, ce qui n’était jusque-là qu’une violence sourde et lointaine éclate devant eux, modifiant à jamais leurs destins.
Dahus (Gambozinos) de João Nicolau – 2013, couleur, 20 mn, DCP.
Réalisation et scénario : João Nicolau • Image : Mário Castanheira • Montage : Telmo Churro et Joâo Nicolau • Musique : Mariana Ricardo et Pedro Silva • Décors : Bruno Duarte et Lucha D’Orey • Son : Vasco Pimentel et Miguel Martins • Interprétation : Tomas Franco, Isabel Portugal, Paulo Duartre Ribeiro, Ana Sofia Ribeiro et Pedro Leitao • Production : Les Films du Bélier.
Le petit Rui se débat avec les amertumes de la vie dans une colonie de vacances. Ce n’est pas simple de faire partie du groupe des plus jeunes, d’être ignoré par la prunelle de ses yeux et de voir son dortoir vandalisé par des voyous d’adolescents.
Pour la France de Shanti Masud – 2012, Noir & Blanc, 30 mn, DCP. Prix de la presse au festival Côté court de Pantin 2013
Réalisation et scénario : Shanti Masud • Image : Tom Harari • Montage : Julie Picouleau • Musique : Olivier Marguerit • Décors : Yannick Le Moine • Son : Mathieu Descamps et Matthieu Deniau • Interprétation : Friedelise Stutte, Sigrid Bouaziz, Bastien Bouillon, David Atrakchi, Pascal Tagnati, Grace Teshima et Eric Kailey • Production : La vie est belle films associés.
Une nuit à Paris. Le passage de l’Allemande Désirée dans la vie de Charles, France et Ivo. Le petit matin les découvrira changés.
Infos pratiques
Mardi 12 novembre, séance à 20h30
MK2 Quai de Seine – 14 Quai de la Seine – 75019 Paris
M° Jaurès ou Stalingrad
Tarif : 7,90 € (cartes illimitées acceptées)
Regarder la réalité ne procède pas du simple fait de mettre son œil au dehors, de constater de loin les dissemblances qui mentalement pourraient séparer l’être de ce qu’il voit. Au contraire, regarder se construit comme un acte: entrer en interaction vivante avec des sujets, des objets, des contextes, des mouvements, et laisser subtilement apparaître les relations intimes entre ces éléments fuyants. Aussi, filmer la réalité est doublement un acte : c’est aller à la rencontre de situations de vie — ordinaires ou extrêmes, individuelles ou collectives, mettant en jeu des déterminations en même temps que des opérations pour les contourner — mais c’est aussi se choisir des moyens filmiques pour donner de la valeur subjective à des combats, montrer la dignité de ceux qui souffrent et qui vivent, parfois malgré tout. C’est à cette nécessité de filmer que rend hommage, tous les deux ans, le Festival Filmer à tout prix, qui se tient à Bruxelles du 4 au 17 novembre.
De cette démarche documentaire, aussi politique que poétique, la programmation du festival, regroupant courts et longs métrages, donne à voir de multiples orientations. Elle réunit deux compétitions (nationale et internationale), les films de trois cinéastes à l’honneur (le polonais Bodgan Dziworski, l’américain Ross McElwee et l’indien Anand Patwardhan), une sélection dédiée aux populations Roms (à noter la présence d’“Anyaság” du hongrois Ferenc Grunwalsky réalisé en 1972), des séances spéciales (autour du sport notamment avec le magnifique “Pehlivan” de Maurice Pialat datant de 1963) ainsi que trois Élégies d’Aleksandr Sokourov. La richesse de cette sélection, alliant points de vue actuels et inactuels sur le monde, fait de ce festival un rendez-vous majeur pour le documentaire en Belgique.
Désireux de porter l’accent sur la production documentaire contemporaine, Format Court remettra cette année un prix pendant le festival. C’est la première fois que notre site dédiera un prix au cinéma documentaire. Le jury, constitué par Katia Bayer, Marie Bergeret, Adi Chesson, Xavier Gourdet et Mathieu Lericq, tentera d’être à la hauteur de l’événement en choisissant le meilleur court-métrage parmi les films de la compétition nationale et internationale (dont nous vous invitons à découvrir la sélection ci-dessus). Le film primé bénéficiera d’un focus en ligne et d’une projection en salle, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).
Notre prochaine soirée Format Court est consacrée au Festival de Vendôme. Partenaires du festival depuis plusieurs années, nous lui offrons ce mois-ci une carte blanche. Quatre films sélectionnés à Vendôme, offrant quatre visions très différentes de la jeunesse d’aujourd’hui, seront projetés le jeudi 14/11, à 20h30, en présence d’Emilie Parey, la déléguée générale du festival et de deux équipes de films, celle de « Marseille, la nuit » et de « 37°4 S ».
Programmation
Nous ne serons plus jamais seuls de Yann Gonzalez. Fiction, 10′, 2012, France, Sedna Films. Sélectionné au Festival de Locarno
Synopsis : Une fête une nuit. Des adolescents dansent et s’aiment comme si c’était la première et la dernière fois.
Vilaine fille, mauvais garçon de Justine Triet. Fiction, 30′, 2012, France, Ecce Films. Prix EFA du meilleur film européen
Synopsis : La nuit survoltée d’un jeune peintre fauché et d’une comédienne déjantée. Dans l’impossibilité de se retrouver seuls, Laetitia et Thomas traversent chaque situation entre drame et légèreté, jusqu’à ce qu’un événement violent marque leur rencontre d’une étrange complicité.
37°4 S de Adriano Valerio. Fiction, 12′, 2013, France, oriGine films, Pianissimo. Mention spéciale du Jury – Festival de Cannes. En présence de l’équipe
Synopsis : De nos jours, à Tristan da Cunha. Deux cent soixante-dix personnes vivent sur cette petite île perdue au milieu de l’Océan Atlantique. Nick et Anne, deux adolescents, se connaissent depuis toujours et sont amoureux depuis l’enfance. Mais Anne a choisi de partir étudier en Angleterre, à six mille cent cinquante-deux miles de Tristan.
Marseille la nuit de Marie Monge. Fiction, 42′, France, 10:15 Productions. Préselectionné au César 2014 du Meilleur Film de Court Métrage. En présence de l’équipe
Synopsis : Élias et Teddy ont toujours été amis. À vingt-cinq ans, ils traînent, dealent un peu et s’imaginent les rois de leur tout petit monde. Et puis un jour, c’est sûr, ils quitteront Limoges pour Marseille et deviendront des hommes. Un jour. Simplement un soir, lors d’une énième fête, leur rencontre avec Mona va précipiter les choses.
► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
Avec 4 courts métrages à son actif, dont « On The Beach » qui a remporté le Bayard d’or au FIFF, l’an dernier, Marie-Elsa Sgualdo nous est revenue cette année, dans la capitale wallonne comme membre du jury court métrages et pour présenter son petit dernier au titre évocateur « Mann Kann nicht alles auf einmal tun aber man kann alles auf einmal lassen » (« On ne peut pas tout faire en même temps mais on peut tout laisser tomber d’un coup »), sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs et présenté dans la section « Regards du présent ». Rencontre ensoleillée.
Qu’est-ce qui t’a amené au cinéma ?
C’est le théâtre, en fait. A Chaux-de-fonds (Suisse), j’ai fait pas mal de théâtre avec Charles Joris, le fondateur du Théâtre populaire romand. C’était vraiment quelqu’un de très charismatique. Et moi, en tant qu’adolescente, j’étais très impressionnée par cet homme.
Mais parallèlement à cela, j’étais très attirée par le cinéma, j’y allais souvent. Au début, j’avais plus envie de faire du cinéma documentaire et après mon bac, j’ai commencé des études en Relations internationales, à Genève, et j’ai étudié là-bas pendant 1 an et demi et je me rendais bien compte que ça m’a donné une idée précise et globale de la manière de gérer le monde aujourd’hui mais ce n’était pas ça qui m’intéressait, je ne voulais pas travailler dans une ONG. J’ai postulé à la HEAD (Haute Ecole d’Art et de Design), à Genève. Cette école m’intéressait plus que les autres écoles de cinéma parce que c’était une école d’art, avant tout. On allait avoir la possibilité de rencontrer des artistes qui n’étaient pas que des cinéastes ou des techniciens du cinéma mais des personnes qui venaient d’horizons plus larges. Il y avait un regard de différentes disciplines qui se portait sur notre travail.
Pourquoi avoir poursuivi ton cursus à l’INSAS (Institut National des Arts du Spectacle et des Techniques de diffusion) à Bruxelles?
Parce que ce côté plus artistique qui était celui de la HEAD avait la faiblesse de ne pas avoir de vrai cours d’écriture scénaristique. On allait même à l’encontre de tout ce qui pouvait être la dramaturgie classique du cinéma. J’ai décidé de postuler à l’INSAS qui proposait un Master en écriture, qui touchait à la fois au théâtre et au cinéma. Comme j’avais déjà fait du théâtre et que j’avais envie de me prédestiner au cinéma, j’ai fait l’expérience d’une année en Master en écriture. J’avoue que le dialogue avec les professeurs n’a pas été des plus simples mais cela m’a appris beaucoup aussi. J’y ai écrit un long-métrage ce qui m’a permis de faire l’exercice d’écriture du début à la fin.
Dans tous tes films de « Vas-y, je t’aime » à « On The Beach » en passant par « Bam-Tchak », tu traites de thèmes semblables que sont la séparation, la famille et la féminité, de l’adolescente à la femme. On pourrait dire que ce sont tes thèmes de prédilection ?
En fait, c’est rigolo parce que rationnellement, je ne me suis pas dit, c’est ça que j’ai envie d’explorer, je pense que je suis plus sensible à ces thématiques parce que je suis une femme. J’observe ce qui m’entoure et j’essaye d’exprimer dans mes films ce que je ressens dans mon quotidien. C’est comme pour la lecture, maintenant que je lis plus, je me rends compte que j’ai plus d’affinités avec les auteurs féminins.
Pourquoi filmer l’adolescence ?
J’ai eu envie de filmer l’adolescence parce que moi-même, j’en n’étais pas encore sortie. J’étais encore très proche de cet âge-là. Ce qui me fascinait, dans leur corps, dans leur visage, c’était le fait que l’on pouvait y déceler l’adulte naissant. Ils ont déjà des corps et des attentes d’adultes mais ils ont encore des visages d’enfants. Je trouve cela très beau, parce que c’est fin et éphémère. J’avais envie de saisir ces moments-là. J’ai choisi de les filmer de près car j’ai l’impression qu’au cinéma, on peut dire beaucoup de choses, sans les mots. Le fait de mettre la caméra à un certain endroit, de cadrer près, c’est une manière de saisir leur beauté, leur personne, ce qu’ils sont au-delà de l’histoire que l’on raconte dans le film. C’est peut-être ça que j’essaye de faire : saisir l’imperceptible.
Comment tu choisis tes jeunes acteurs ?
Chaque fois, je fais des castings et j’en suis toujours déçue parce que je ne trouve jamais les gens que j’ai envie de filmer. Du coup, je les trouve dans la rue, la plupart du temps. Joanne Nussbaum, la comédienne qui joue dans « On The Beach », je l’avais rencontrée deux ans avant de faire le film, je savais que c’était elle et malgré cela, j’ai continué à faire des castings pendant deux ans jusqu’à ce que j’accepte l’idée de la choisir. Pour « Vas-y, je t’aime », dès que j’ai vu Alisson Scheidegger, à la gare, je l’ai abordée et lui ai proposé de jouer dans le film.
« On The Beach » est ton premier film produit, comment ça s’est passé ?
C’était effectivement la première expérience de production. Ce n’était pas toujours évident. Mais je pense que dans n’importe quelle première collaboration, quand on sort d’une école, on n’a pas assez d’expérience, on ne sait pas comment ça se passe dans le milieu, du coup, on se retrouve un peu dans une position d’infériorité face au producteur. Aujourd’hui, je ne ferais sans doute pas les choses de la même manière, j’irais beaucoup plus vite, je serais plus assurée pour imposer mes choix.
Tu as gagné le « Bayard d’or » avec « On The Beach », l’année dernière au FIFF. Qu’est-ce que ça fait de revenir à Namur ?
J’étais en Serbie avec une amie qui préparait un livre, on était en train de travailler quand j’ai reçu un sms disant « voilà, t’as gagné le prix ». C’est surtout ce moment-là qui est chouette. Je ne m’attendais pas du tout à gagner donc c’était vraiment une très belle récompense. Cela m’a réconfortée dans l’idée de continuer à faire du cinéma.
Tu as fais partie du jury Emile Cantillon (Jury jeunes, au FIFF) il y a quelques années, aujourd’hui, tu es membre du jury de courts métrages. Cela représente quoi exactement, pour toi ?
Je me demande toujours si j’en connais assez pour juger telle ou telle chose, enfin, je trouve que l’on peut toujours parler avec son cœur. Mais je me dis que c’est quand même une lourde responsabilité. Quand j’étais membre du jury Emile Cantillon, c’était un peu différent. On venait d’un peu toute la Francophonie et on lisait les films avec notre bagage culturel. Par exemple, il y avait quelqu’un qui venait du Burkina Faso et quand on représentait des femmes libres, il disait : « non mais là, c’est quand même un peu trop ». Et nous, on réagissait à d’autres choses, c’était intéressant.
« Mann kann nicht alles auf einmal tun aber man kann alles auf einmal lassen » (« On ne peut pas tout faire en même temps mais on peut tout laisser tomber d’un coup »), ton dernier film est présenté ici au festival dans le cadre de la section « Regards du présent ». Il est assez différent des autres. Tu y mêles documentaire et fiction. À partir d’images d’archives, qui parlent à tout le monde dans certains cas, tu (te) racontes une histoire. Pourquoi la volonté de tout à coup réaliser ce film ?
La genèse de « Mann Kann nicht alles auf einmal tun aber man kann alles auf einmal lassen », c’est d’abord une carte postale que j’ai trouvé au Kunstmuseum de Bâle. Au dos de la carte, il y avait cette phrase que j’ai reprise en titre et sur la carte, une femme que j’ai cru être ma grand-mère. C’est l’image d’une femme allongée sur un canapé. Ça m’a frappée, pour moi, cela résumait bien l’histoire d’une femme qui, du jour au lendemain, décide de tout quitter. Depuis longtemps, j’avais envie de faire un film qui parlerait d’un pan de mon histoire familiale, et la découverte de cette carte postale a confirmé mon envie d’aborder ce thème, en particulier. J’avais commencé à faire un documentaire tout à fait classique, en allant filmer les gens, en faisant des interviews. Mais je ne trouvais pas la distance nécessaire par rapport à ce que je voulais raconter. A côté de cela, je commençais des recherches pour un prochain film sur un personnage de ma région, ce qui m’avait amené à me rendre sur le site d’archives de la RTS (Radio télévision suisse). L’idée m’est alors venue d’utiliser des images d’archives. Je me suis dit pourquoi ne pas utiliser ces images et voir si l’histoire que je veux raconter peut l’être avec cette matière-là. La difficulté majeure de ce film était de garder la bonne distance, de respecter l’histoire sans vraiment la raconter.
Parce que ça reste une fiction ?
Oui, parce qu’on ne peut jamais raconter ce qui s’est vraiment passé, on s’inspire de la réalité mais on la raconte au travers d’un prisme, avec des outils narratifs et cinématographiques, ce qui la déforme. Comme disait Cendras c’est le mythe qui est l’histoire et le mythe c’est de la fiction.
La dernière phrase du film est assez fascinante : « L’Aventure, c’est pouvoir aller au bout du monde et en ramener un film, ça c’est constructif ». C’est cela l’aventure, pour toi?
C’est ma manière de me confronter au monde, de découvrir différentes facettes de la vie. Mais je pense que l’aventure elle se passe surtout dans notre manière d’envisager le monde, d’ailleurs, pour l’anecdote, la jeune fille qui dit cela à la fin du film, je l’ai retrouvée. Et c’est drôle parce qu’elle dit qu’il ne faut pas se marier tout de suite et en fait, elle s’est mariée à 19 ans, elle a eu 3 enfants, elle est devenue pasteur mais elle n’a rien perdu de son caractère.
Pourquoi ne t’es-tu jamais mis au documentaire alors que la réalité t’intéresse tellement ?
Je suis en train d’en écrire un.
Penses-tu qu’il faille avoir une certaine « maturité » pour parler de la réalité ?
C’est vrai que suite aux études que j’avais faites et devant l’ampleur des problèmes mondiaux, je me disais : « Ma petite cocotte, apprends avant deux, trois choses et après tu parleras du monde ». Mais aujourd’hui, je pense un peu différemment, je pense que l’on peut faire des films si un sujet a du sens et nous touche. Et puis après, on s’entoure des bonnes personnes pour ne pas dire trop de bêtises.
Terrain vague est un collectif de jeunes réalisateurs romands, nous sortons tous des écoles de Genève, Lausanne et Bruxelles. L’idée au départ était de nous réunir pour parler de nos projets et avancer ensemble sur le chemin du cinéma.
As-tu un projet de long-métrage ?
Oui, je suis au début de l’écriture d’un long-métrage de fiction. Il s’inspire de deux femmes pour lesquelles j’ai beaucoup d’admiration et parle de l’amour du jeu.
Le Festival du Film Coréen à Paris se déroule actuellement au cinéma Le Publicis, sur les Champs-Élysées. Projetant du court comme du long, il se termine ce mardi 5 novembre. Deux séances de courts métrages ont déjà eu lieu, hier et ce matin. Nous vous proposons d’assister à la dernière séance de courts métrages en compétition, ce lundi 4 novembre à 20h.
Comme chaque année, le Festival du Film Coréen à Paris met en compétition l’ensemble des courts-métrages de sa section Shortcuts (3 programmes), dans le cadre du Prix FlyAsiana qui récompense le court-métrage le plus réussi et invite l’année suivante le lauréat à présenter l’ensemble de ses œuvres à Paris.
Shortcuts #3 : série de 6 court-métrages. Séance unique : lundi 4 novembre à 20h, salle 2
Programmation
– MJ de KIM Hee-jin, 2013 (22 min), Drame/Social
– Trunk de KIM hyeon-cheol, 2013 (13 min), Horreur/Comédie
– Sign de CHO Jae-min, 2013 (24 min), Drame/Film de guerre
– Living Things de JEONG Kyung-hee, 2013 (20 min), Anticipation
– Art Lecture de KIM hyekyung, 2013 (14 min), Comédie
– My Little Moon de KIM So-young, 2013 (6 min), Animation
Durée de la séance : 101′ – VOSTF
Infos pratiques
Publicis Cinémas, 129 av.des Champs Elysées
75008 Paris
Juan Antonio Espigares est un homme-orchestre. Pour « Fuga » , son troisième court métrage – et son film le plus ambitieux –, il est à la fois scénariste, directeur de la photo, monteur, réalisateur et bien d’autres choses encore… . Grâce à ces différentes facettes, il déploie un univers fantastique et personnel accompagné par la mélodieuse musique de Arturo Díez Boscovich.
Ce jeudi 13 février 2014, nous vous proposons de (re)découvrir son film à 20h30 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), dans le cadre d’une séance spéciale consacrée au festival Court Métrange. D’ores et déjà, voici le focus dédié à ce jeune réalisateur espagnol et à son film ayant remporté de nombreux prix dont celui du Meilleur film d’animation au Festival de Sitges 2013 et le Prix Format Court au festival Court Métrange 2013.
En 3 minutes et 4 « chouettes », Katia Bayer, la Rédactrice en chef de Format Court, vous présente notre campagne sur Ulule, « Cours, Format, Cours ! » et vous invite à participer à la soirée de soutien au projet, ce lundi 4 novembre, dès 19h30, à Paris, dans le 11ème arrondissement.
Pour rappel, notre appel à participations se clôture le 15 novembre 2013. Actuellement, nous nous rapprochons de notre objectif (908 € sur les 2.000 € prévus) mais nous avons encore et toujours besoin de votre générosité pour la réussite de cette collecte. Désireux de nous aider à mener à bien cette campagne, à la fois utile et artistique, de renforcer notre lien au court et de remporter plein de contreparties formidables ? Soutenez-nous, encore et toujours !
Participez, vous aussi, à notre campagne « Cours, Format, Cours ! » Envoyez-nous votre photo/vidéo de soutien en lien avec Format Court & le court métrage ! Les photos reçues seront publiées sur le site, la page Ulule consacrée à notre projet et les réseaux sociaux.
ÉVÉNEMENT A NE PAS MANQUER. À mi-parcours de notre campagne, nous organisons une soirée de soutien ce lundi 4 novembre, à partir de 19h30, au bar Les Pieds sous la Table, 130 rue Saint-Maur, 75011 Paris (métros proches : Goncourt, Couronnes, Parmentier). Venez nous rencontrer autour d’un verre (happy hour jusqu’à 21h), vous restaurer sur place, papoter avec des professionnels présents (réalisateurs, producteurs, comédiens, organisateurs de festivals …) et nous aider à participer au renouveau de Format Court.
Les interviews de programmateurs et de responsables de festivals se font rare sur notre site. Délaissant un temps les réalisateurs, nous avons rencontré au Festival de Namur l’un des responsables du Jury court. Co-directeur d’IndieLisboa, l’un des festivals phares du Portugal, Miguel Valverde est passé par la programmation avant d’avoir eu envie il y a 11 ans de montrer d’autres films, en prenant en considération quatre mots-clés : l’émotion, la différence, la pureté et la nouveauté. Entretien autour du cinéma portugais et français, de la programmation et de l’importance de la rencontre en salle.
Tu as monté un festival important à Lisbonne, IndieLisboa. Quelle place y occupe le court métrage ?
Mon festival est spécialisé dans le cinéma indépendant. Nous avons une compétition de longs et une autre de courts, tous genres mélangés : documentaire, fiction, cinéma expérimental. Nous avons décidé de faire les choses en miroir : tout ce qui va pour le long va pour le court. Le même nombre de jurés juge les films de chaque format, en court, la sélection de 42 films représente la même durée que celle des neufs longs en compétition. Nous essayons également de faire venir tous les réalisateurs de courts. On fait ça car on croit que le court métrage n’est pas une espèce de passage au long mais que c’est un monde à part entière. Un réalisateur de courts va chercher à faire des choses pures, généralement avec peu de moyens et une équipe réduite. Si on sent qu’un film est libre de contraintes mais en même temps très abouti, c’est ce qu’on aime appeler un excellent court métrage. À Indie, on aime proposer un panorama mondial et montrer des courts métrages de tous les continents, que ce soit l’Amérique, l’Europe et les pays francophones dont nous nous sentons d’ailleurs très proches au Portugal.
De quelle façon êtes-vous proche de la francophonie ?
Jusqu’aux années 1980, on apprenait le français à l’école, avant l’anglais. Puis, on a beaucoup migré en France, en Suisse, au Luxembourg. Je pense que la langue et les mots forment une espèce de coalition, qu’on ne sent pas avec les Espagnols par exemple. Si l’on compare notre cinéma avec le leur d’ailleurs, nous allons le trouver commercial et nous sentir plus proches du cinéma français. Notre maître, Manoel de Oliveira, est surtout reconnu en France et cela a beaucoup aidé à le faire reconnaitre au Portugal. C’est le cas pour d’autres réalisateurs aussi.
Est-ce qu’artistiquement, le cinéma français et le cinéma portugais peuvent se retrouver ? Est-ce qu’il y a un intérêt ou un traitement d’idées qui te semble similaire ?
Ma vision personnelle est que le cinéma français est très ouvert, avec beaucoup de films différents. Je me sens plus proche du film d’auteur, comme celui de Claire Denis. Il me semble que la proximité avec la littérature que l’on peut ressentir a beaucoup à voir avec le cinéma portugais. Je le vois aussi dans la façon qu’ont certains comédiens et comédiennes de jouer, de dire les mots. En 1996, j’habitais à Paris et Manoel de Oliveira présentait à la Cinémathèque française une nouvelle version de son premier film. A cette époque, le directeur de la Cinémathèque trouvait notre cinéma très mystérieux et pensait que cette sagesse allait produire dans le futur des exemples très aboutis chez nos jeunes cinéastes, avec un certain succès en France. Finalement, une nouvelle génération se réalise grâce aux auteurs et à la reconnaissance entre ces deux pays.
Tu penses que les récompenses au Portugal ont moins d’impact que celles venues de l’étranger ?
Oui. Pour te donner un exemple, le court métrage « Arena » de Joao Salaviza qui a gagné la Palme d’or du court métrage à Cannes en 2009 avait aussi remporté deux semaines avant, à IndieLisboa, le Grand prix de la compétition nationale. La première mondiale du film y avait eu lieu. Quand le film a remporté ce prix au Portugal, la nouvelle a fait l’objet de cinq lignes dans le journal national Público. Lorsqu’il a remporté la Palme d’or, il en a fait la couverture ! Bien évidemment, la répercussion internationale avec un festival comme Cannes, Berlin ou Venise, c’est quelque chose de complètement différent. C’est une autre catégorie de festival.
Comment est-on amené à penser un festival comme IndieLisboa et à le créer ? Y avait-il un désir personnel, une envie de se faire plaisir ou de montrer d’autres choses que dans les festivals déjà existants ?
Il y a eu deux raisons. En premier lieu, j’ai travaillé dans un festival de courts métrages, le Fica, où on a essayé de faire beaucoup d’expériences avec le court mais où finalement la tonalité, le genre des films, le tout était très maîtrisé. En tant que programmateur, cela ne me satisfaisait pas du tout. Avec des amis, en 2003, nous avons pensé qu’il n’y avait finalement pas grand-chose pour le cinéma que nous aimions. Tout était trop spécialisé, malgré un développement des festivals. À Lisbonne, c’était le désert artistique, les propositions de films étaient très maigres. Grâce à notre travail, je pense qu’Indie à permis aux festivals de jouer plus le jeu, à s’ouvrir davantage car lorsque nous avons commencé, 12.000 spectateurs sont venus à notre manifestation. Nous avons montré qu’il y avait un public à Lisbonne qui avait la capacité d’aller au cinéma, ce qui a fait que les autres ont suivi.
Le problème des festivals aujourd’hui est qu’il y en a énormément, qu’ils se concurrencent un peu tous. Comment arriver à se distinguer, à l’international et dans son propre pays ?
Avant IndieLisboa, il n’y avait pas de festival portugais où l’on pouvait faire de premières mondiales de nos films. Nous sommes là pour montrer qu’il y a une cinématographie portugaise qui doit être reconnue au niveau national et mondial.
Que cherchez-vous comme films et comme regards ?
Nous cherchons le cinéma le plus personnel possible, le plus libre également. Nous pensons que pour qu’un film soit abouti, il doit faire passer une émotion, et que le spectateur doit réagir. Lorsqu’on programme des films en festival, il faut penser à ce spectateur et pas seulement à soi. Nous voulons partager une certaine expérience avec le public. C’est aussi pour cela que nous invitons les réalisateurs, en fin de séance, à venir discuter de leurs films en salle, face aux spectateurs. Tout le monde peut poser des questions et ce qui est beau à voir, c’est que finalement, on n’y parle pas que d’un film en particulier mais du cinéma en général.
Est-ce que la rencontre est aussi importante que le film en soi ?
Oui. Si un film part d’une idée d’un réalisateur, d’une façon d’exposer sa vision, par image et par son, cela ne correspond pas forcement exactement à ce qu’il est. Je pense qu’il est important pour les spectateurs de savoir qui est la personne en face d’eux, qu’ils la jugent par rapport à un film mais aussi en face-à-face. Cela créé un lien et fidélise. Un spectateur sera content de retrouver un même réalisateur une, voire plusieurs années plus tard.
Est-ce que tu trouves, en onze ans de sélection, qu’il est plus difficile d’arriver à dénicher des films qui se distinguent ?
C’est une bonne question. C’est plus difficile en ce moment car depuis une dizaine d’années, nous voyons trop de films, alors que nous ne sommes plus surpris comme on pouvait l’être auparavant. Lorsque nous avons commencé à voir des courts pour le festival, il y en avait environ 250 et c’était nouveau. Nous connaissions des réalisateurs, mais on découvrait leurs films. Aujourd’hui, on voit 3.000 courts par an, et on préfère prendre des films qui nous surprennent mais qui ne sont pas totalement aboutis plutôt que du déjà-vu. Nous favorisons la différence.
À quel moment se dit-on que tel ou tel film doit figurer dans son festival ?
On essaie de choisir les films les plus récents possibles, pour que le réalisateur ne soit pas fatigué de son propre film. On essaie du coup de lancer certains films. Par exemple, « Da Vinci », de Yuri Ancarani (réalisateur de « Il Capo »), qui a remporté le Grand prix cette année, a débuté à Rotterdam en compétition et nous avons été le deuxième festival à le montrer. C’est un film assez dur où on assiste à une opération du poumon, filmée avec une micro caméra à l’intérieur. C’est une expérience terrible mais c’est complètement différent de ce qu’on peut voir en court et il s’en dégage une grande force émotionnelle. Après l’avoir vu, j’ai immédiatement appelé mes collègues pour les prévenir que je sélectionnais ce film sans leur avis car après Rotterdam, tout le monde allait le connaître et il aurait été plus difficile de l’avoir.
As-tu l’impression qu’il y a une sorte de radicalité dans le cinéma portugais, tant dans la forme et le fond ?
Après quelques années d’expérience, je pense que cette radicalité existe, mais moins. Il y a des réalisateurs très intéressants qui poussent la radicalité dans la forme mais pas dans le discours, le scénario. Avant, nos films étaient sélectionnés dans des festivals mais ne gagnaient jamais. Aujourd’hui il y a une nouvelle génération qui commence à remporter des prix grâce à un côté narratif et émotionnel qui touche davantage les spectateurs et les jurés.
Il y a quelques jours, plusieurs membres de l’équipe assistaient au Festival Court Métrange, à Rennes, pour faire le plein d’interviews, présenter notre toute première carte blanche en festival et remettre un nouveau Prix Format Court (à « Fuga » de Juan Antonio Espigares). Avant de parcourir notre focus consacré à cette édition anniversaire (10 ans, une coupe ?), nous vous en proposons un petit reportage photo. L’occasion de découvrir cette manifestation de l’intérieur, d’associer des visages à nos signatures, et de voir quelques festivaliers de sortie, au contact d’objets improbables dans une boutique locale.
Editions précédentes ? Affichez-vous.
L’équipe de Format Court (Katia Bayer, Xavier Gourdet, Julien Savès, Agathe Demanneville, Julien Beaunay)
Unissez-vous (pour le pire et le meilleur)
Katia Bayer et Julien Savès testant les produits locaux
Mathieu Berthon (réalisateur mystérieux)
Julien Savès, prêt à démarrer une belle collection
Julien Beaunay, souriant mais aussi de profil
Jokin Urruticoechea García, réalisateur ayant besoin d’un assistant
Benjamin Leroy (responsable du site web Make it Short) présente un classique à côté de « Chat Bulles, la juste dose pour laver le linge »
William Dott (responsable déco) ravi, entouré de boîtes
Jérémy Nicot (déco, aménagement, régie) aimant la fourrure et voulant que ça se sache
Mathieu Berthon, raffolant des couleurs vives, et Katia Bayer tenant le cintre comme personne
The diplôme ! Le Prix Format Court remis à « Fuga » de de Juan Antonio Espigares
Ce vendredi 1/11, les Apéros Projos, proposés une fois par mois par l’association Collectif Prod, reviennent au Café de Paris, avec différents courts au programme, pour une séance spéciale consacrée à Halloween.
Programmation
1ère partie – HALLOWEEN PARTIE 1 : (63’15)
RAQUETTE SMASH de Loïc Geraci (BA parodique – 5min18 – 2013 – Mes Couilles dans ton Slip et Freaks Productions)
Le président de la FFT (fédération Française de tennis) confie une mission suicide à Raquette : protéger les plus grands terrains de tennis du monde d’une redoutable menace qui plane sur eux…
L’HERITAGE de Michaël Terraz (conte fantastique – 22min49 – 2013 – Black Rabbit Film / L’Octopode) :
Augustin, peintre veuf, et ses deux filles, héritent d’une mystérieuse demeure, habitée par une étrange gardienne. Forcés de passer la nuit dans la vieille demeure, Augustin et ses filles doivent affronter les murs recouverts de fresques fantasmagoriques…
TERMINUS de Nikodem Rautszko Panz (thriller horrifique – 4min04 – 2012 – Video Graphic)
Un jeune homme rentre dans un wagon de métro, et s’assoit face à une jeune femme plongée dans sa lecture. Au moment où le train va démarrer, un étrange personnage rentre dans le wagon.
MANDRAGORE de Fabrice Blin (conte fantastique – 17min – 2012 – Metaluna Productions)
Marie vit seule avec son fils Alex dans une maison isolée en forêt. Elle recueille David, un homme en fuite, blessé et amnésique. Marie nourrit et soigne David dont l’état de santé s’améliore miraculeusement en quelques jours…
INVAZION de Maxime Vayer (zombie movie – 14min03 – 2012)
Al et Julien sont persuadés qu’un zombie les attend au 5ème, manque de chance, ils habitent au 8ème et l’ascenseur est en panne…
2ème partie – HALLOWEEN PARTIE 2 : (63’38)
RED IS DEAD de Loïc Geraci (BA mash-up parodique – 3min – 2013 – Mes Couilles dans ton Slip et Freaks Productions)
Une bande de jeune bourgeois se rendent dans une cabane isolée dans les bois. Sur place, la découverte d’un mystérieux Livre « Le manifeste du parti communiste » va les faire sombrer dans l’horreur…
L’ŒIL DU HIBOU de Tanneguy O’Meara (giallo – 29min50 – 2013 – ELMA Productions)
C’est la nuit. Reclus dans son appartement avec pour seul compagnon un mystérieux hibou borgne, Philippe guette de sa fenêtre les habitants du lieu, jusqu’à l’apparition d’une jeune femme suivie par un homme cagoulé. Philippe assiste au meurtre de la jeune femme et poursuit le meurtrier à travers les dédales de l’immeuble. Le matin est là. Un meurtre a bien été commis, mais la victime n’est pas la personne attendue…
HERO?? de Manu Lanzi (action – 16min38 – 2013 – A.P.E.L Prod)
Marco, 32 ans, un mec normal menant une vie banale assiste un jour à une violente agression dans la rue, le tout étant filmé par le téléphone portable d’un des témoins. Le lendemain son meilleur ami Alex, ayant vu les images au journal du soir et voyant que Marco n’a pas agi, le blâme et lui reproche son manque de courage. Etant hanté par cette scène vécue et après mure réflexion, Marco décide de changer tout ça en allant écumer les rues pour faire justice. En sera t’il capable ? Deviendra-t-il un « HERO » ?
SILENCE de Pierre-Gil Lecouvey (suspens – 14min10 – 2013 – Spook & Gloom Films)
Octave et Mélodie, deux étudiants dissipés, décident par défi de se laisser enfermer dans la bibliothèque. Mais ils ignorent encore que le silence se respecte, même la nuit…
Infos pratiques
Vendredi 01/11/2013 : projection dès 21h
Café de Paris : 158 rue Oberkampf – 75011 Paris – Métro : Ménilmontant (L2)
Possibilité de se restaurer sur place. Entrée libre.
Président du Jury officiel des courts au dernier Festival International du Film Francophone de Namur, Grégoire Colin, comédien devenu réalisateur, nous parle de ses deux films (« La Baie du renard » et « Lisières », tout juste présélectionné aux César), de l’incarnation du rôle et du travail autour de la sensation.
Je sais que vous êtes en train de travailler sur un nouveau projet de court. Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à la forme courte, au-delà de l’envie de faire vos propres films ?
J’ai toujours eu envie d’écrire, je me suis formé sur le tas mais sans techniques, connaissances, structures de récit, sans avoir l’idée des différentes manières de construire un long métrage. Du coup, pour le premier film que j’ai écrit, j’étais dans l’expérimentation. Ça a été le cas pour le deuxième aussi. Après coup, j’ai retrouvé la structure du récit de « La Baie du Renard » dans des nouvelles, par exemple dans Histoire de la cité de Dieu de Pasolini, la structure était la même. Je me suis donc rendu compte rétrospectivement que j’avais écrit une chronique. Ça tombait bien puisque j’aime beaucoup le travail de Pasolini, en tant qu’artiste. Mon apprentissage s’est fait comme ça. D’abord par un geste primitif de création puis en observant, pour commencer à avoir des repères.
Vous dites ne pas avoir eu de notions en écriture. Le fait d’avoir joué, lu les histoires des autres n’a pas pu représenter un repère d’écriture ?
Non, je pense que construire des films, les déconstruire, appréhender des rôles, tout ça n’a rien à voir.
« La Baie du Renard » et « Lisières » sont séparés de trois ans, ils sont très similaires et en même temps très distincts. Le premier film est plus dans l’observation, dans la chronique, dans l’autre vous racontez une histoire et vous la contextualisez. Dans les deux, vous travaillez avec le même comédien. Qu’est-ce que le premier film vous a permis d’expérimenter ?
J’ai appris l’expérience du tournage : on n’emmène pas une équipe en haut d’une falaise comme je l’ai fait pour « La Baie du Renard » par exemple. Avec l’expérience, on intègre les temps de tournage, la difficulté de certains décors, les aspects financiers aussi.
Au niveau du récit, je voulais faire de « La Baie du Renard » quelque chose de vraiment minimaliste pour travailler avec les outils du cinéma et non avec ceux de la dramaturgie. J’avais simplement en tête une chronique qui se raconte avec l’image et le son. Là, je vais tourner un court métrage cet hiver, et le récit est encore un petit peu plus étoffé.
Qu’est-ce ce qui vous a intéressé chez ce jeune comédien (Michel Pubill Goma) avec qui vous avez collaboré sur les deux films ?
C’est quelqu’un avec qui j’espère retravailler, c’est même prévu. Si quelque chose fonctionne dans une collaboration, que ce soit avec le chef opérateur ou le monteur, je n’ai pas de raison d’arrêter. Je n’ai pas envie d’aller chercher quelqu’un d’autre que Michel, même si je crée un personnage qui vient d’un tout autre univers, sauf si il y a un souci au niveau de l’âge évidemment. C’est à l’acteur de composer son rôle, de le travailler. Ce qui m’intéresse, c’est qu’il l’incarne véritablement.
J’ai appris que vous aviez eu envie de faire de la musique avant de vous orienter vers le cinéma….
Oui, je suis autodidacte. Vers 20 ans, cela faisait longtemps que je faisais de la musique, j’écrivais aussi mais je sentais que c’était le moment pour moi de trouver une voie. J’ai hésité pendant très longtemps, entre la musique et l’écriture pour le cinéma, avec l’idée après de la mise en scène. Et voilà, j’ai choisi cette deuxième option. Ce qui a été déterminant, ça a été de me dire qu’avec le métier de réalisateur, je pourrais continuer de collaborer avec des musiciens. Je me suis complètement investi là-dedans et j’ai dû arrêter la musique, notamment parce que je suis très minutieux et que je fais les choses lentement.
Est-ce que vous prenez du temps pour l’écriture ?
Je prends du temps à mettre en œuvre quelque chose, à l’accomplir, parce que je veux le faire bien. Cependant aujourd’hui, je vais beaucoup plus vite sur l’écriture de court métrage. Je vois plus rapidement ce que je veux et là où je veux aller. L’expérience cumulée à une autre aide, c’est sûr, mais ça reste laborieux.
Comment percevez-vous les courts aujourd’hui, en voyez-vous beaucoup ? Est-ce que depuis que vous êtes passé à la réalisation, vous les percevez autrement ?
Quand on accumule de l’expérience, ça change forcément le regard. Néanmoins j’essaie toujours de ne rien attendre, de me laisser surprendre par ce que je regarde. Essayer de voir, comprendre, avoir des sensations. Quand on juge, c’est différent. Ici, au festival de Namur, on regarde la mise en scène, l’écriture, le jeu des acteurs, tous ces paramètres qui font un film. On essaie d’en voir la cohérence qui en ressort et c’est ça qu’on récompense.
Le travail autour de la sensation m’intéresse beaucoup, comme dans les films de Lynch. Ce que j’aime en tant que spectateur, c’est d’éprouver des sensations avec des personnages, de pouvoir faire une expérience à travers le cinéma.
Est-ce qu’en jouant pour les différents réalisateurs avec qui vous avez pu travailler, vous avez été amené à aborder cette question des sensations ?
J’aime communiquer. Comme acteur, c’est ça qui m’intéresse, donner des sensations. Je le vis par exemple avec Claire Denis parce qu’elle demande dans son écriture qu’on amène des sensations. C’est ce lien invisible avec le spectateur qui m’intéresse, que j’essaie de créer mais qui est hyper mystérieux parce qu’il est non palpable.
Est-ce que la réalisation vous amène à construire autrement votre métier de comédien ?
Oui, mais sur des aspects très pratiques, comme davantage respecter le metteur en scène, son plateau, moins foutre le bordel ! D’une certaine manière, j’ai appris à plus être au service du film, à être plus discipliné que je n’ai pu l’être à une période, ce qui devait être bien fatiguant pour l’équipe et le réalisateur !
Comme vous le savez peut-être, nous avons mis en place une campagne intitulée « Cours, Format, Court ! » pour financer la refonte de notre site internet dédié au court métrage en prévision de ses 5 ans, en janvier. Nous souhaitons encore mieux promouvoir le travail des professionnels du court, développer de nouvelles rubriques (concours, films en ligne, recherches thématiques, …) et optimiser la navigation de Format Court pour votre plus grand confort. Pour cela, nous avons besoin d’experts en la matière.
Plus de deux semaines après le lancement de notre campagne, nous avons déjà récolté plus d’un tiers de la somme espérée (2.000 €), soit 675 €. Il nous manque encore 1.325 € pour toucher à notre but avant le 15 novembre 2013, date à laquelle Format Court ne pourra pas bénéficier d’un nouveau site si le montant restant n’est pas atteint. Si au contraire, il est dépassé, nous pourrons développer d’autres activités qui nous tiennent à coeur depuis longtemps (doter nos nombreux Prix Format Court, créer un festival Format Court).
Participez. Recevez. Quelque soit le montant de votre don (de 5 € à 500 €), vous avez la possibilité de remporter des contreparties intéressantes : la valorisation de votre nom (sur notre site internet, à nos projections), des cadeaux inouïs (prodigieuses parties de ping-pong avec la Rédactrice en chef du site, photos dédicacées des contributeurs, blagues Carambar, très beaux badges, DVD de courts métrages), des invitations sympathiques (aux séances Format Court, à la fête organisée pour les 5 ans du site, aux soirées d’ouverture/de clôture de festivals partenaires) mais aussi des participations originales (au contenu éditorial du site, à la programmation de nos soirées) et enfin, notre formidable et éternelle reconnaissance.
De nombreux supporters nous ont déjà rejoints dans cette campagne. Merci à eux.
Notre appel à dons est loin d’être terminé. Nous avons encore et toujours besoin de vos soutiens.
Alors, à vous de jouer pour nous aider à aller au bout de cette campagne !
Notre nouvelle séance de courts aura lieu le 14 novembre prochain au Studio des Ursulines, à Paris. Il s’agira d’une séance spéciale consacrée au Festival de Vendôme dont nous sommes partenaires depuis trois ans. Avant d’y assister, nous vous invitons à retrouver une sélection de photos de Julien Ti-i-Taming prises lors de notre projection Format Court du 10 octobre. Pour rappel, les membres de « En équipe » et de « La Lampe au beurre de Yak » présentaient leurs films ce soir-là.
Avec Vincent Maury, Steve Achiepo, Bastien Bourhis et Sékou Baradji-Diarra (co-scénariste, réalisateur et comédiens de « En équipe »)
Avec Jean Legrand, Hu Wei, Julien Féret (chef opérateur, réalisateur et producteur de « La Lampe au beurre de Yak »)
Le Festival International du Film Francophone s’est déroulé du 27 septembre au 4 octobre à Namur. Présenté en compétition internationale, le court-métrage franco-algérien « Les Jours d’avant » de Karim Moussaoui a reçu le prix du Jury et celui de Format Court et fera prochainement l’objet d’un focus. Autres pays à l’honneur cette année : la Roumanie, le Québec, la Belgique, la France, la Bulgarie, le Maroc, la Suisse… Parmi cette sélection, trois films ont retenu notre attention et mettent en lumière, selon des éclairages différents, une appréhension de l’isolement et de la difficulté à être en lien avec les autres.
La Tête en bas de Maxime Giroux (Québec)
Trois personnages féminins en marge, retranchés dans leurs appartements-cocons, se confrontent à l’extérieur (le masculin) de façon plus ou moins conflictuelle. Leurs existences ne semblent pas reliées mais leurs quotidiens s’entrecroisent, cousus entre eux par le montage.
Ces femmes naviguent entre les hommes (un ex, un voisin, des inconnus), ces derniers apparaissent tour à tour ridicules ou dangereux (l’altérité masculine est vue comme inéluctablement dissociée, et la femme vient la titiller). Elles jouent et se jouent des hommes, de différentes manières : avec un hélicoptère télécommandé qui vient perturber l’attention, avec un récit morbide et cru de l’une d’elles racontant à un inconnu son traumatisme digne d’un fait divers ou encore avec un jeu de colin-maillard réinventé où l’homme est malmené lors d’un rendez-vous anonyme.
Sortir de l’appartement est devenu chose impossible tout comme accepter ce que l’on doit intégrer mais qui nous fait vivre. Ainsi la nourriture dans ce qu’elle a de plus écœurant (de la viande crue malaxée) est refusée puis jetée par la fenêtre. Le corps, réceptacle et émetteur de l’intériorité, s’exprime dans ces plans rapprochés de visages, où les respirations, les souffles, les cris stridents et étouffés deviennent denses et palpables. Ils se mêlent à une musique organique, où le corps semble sourdre dans chaque note. Les sons nouent les plans entre eux, entre les jeunes femmes, on ne sait plus qui souffle, crie…
« La Tête en bas » se construit en miroir et le corps est meurtri dans les dernières scènes qui font écho aux premières. L’arbre d’une des jeunes femmes s’effondre en symétrie et répond à la chute du début. Un jouet, mini-robot électrique volant, dernier vestige infantile d’un ancien compagnon, s’écroule sur la deuxième, et la blesse au visage. La troisième clôture le film la tête à l’envers, recouverte d’une marmite, la tambourinant avec des cuillères. L’enfermement et l’assourdissement du rythme percuté contiennent l’énergie vitale de ses trois solitudes marginales qui semblent n’en faire qu’une seule. Si les corps s’abîment, ils naviguent toujours sur les eaux d’une poésie de l’absurde. Dans le film de Maxime Giroux, le corps est sorti de sa fonctionnalité chez ces femmes en roue libre qui le renversent constamment (au sens propre du terme). On note l’abstraction d’un gros plan sur ces mains formant un duo végétal dans une danse aérienne, ou l’onirisme du funambule marchant dans le vide et sur l’horizon.
Promenade de Mihaela Popescu (Roumanie)
Une histoire basée sur la linéarité du fil d’une promenade : départ, cheminement, arrivée, retour. La force du récit de Mihaela Popescu réside dans sa structure où tout mène à l’accomplissement d’un désir. Telle une progression nécessaire, il ne pourrait en être autrement. Le quotidien s’ancre dans ce tic tac de la pendule qui rythme les plans du début. L’aléatoire se profile lors du cheminement tranquille et sûr de la vieille dame montrée à l’écran : elle croise de jeunes couples ou des enfants, et va à la rencontre d’une ondée fugace qui vient juste à propos. Tous ces éléments semblent n’être là que pour arriver au dénouement : la femme monnaye avec l’épicier du quartier une étreinte qui sera brusque et rapide.
La narration épurée s’impose comme une évidence, une marche simple et solide comme la volonté d’une femme. L’évolution de la lumière accompagne ce parcours. Un intérieur aux couleurs chaudes ouvre le film sur la solitude de la femme ; une lumière bleutée enveloppe la marche au milieu du brouhaha de la ville ; l’atmosphère s’assombrit dans l ‘épicerie pour une proposition tout juste murmurée ; la rue éblouie après la pluie, sur le retour. La caméra suit la femme en gros plan, avec quelque chose de digne et fier sur son visage. Le spectateur peut projeter tant l’amertume que la plénitude, la satisfaction du désir assouvi.
Mihaela Popescu développe dans son film des nervures cinesthésiques : les sons esquissent l’ambiance qui précède une averse, la lourdeur de l’air est perceptible. Tous les sens sont convoqués dans un frissonnement pendant ce rapport presque brutal qui fait quelque peu froid dans le dos. L’odeur de la ville après la pluie nous parvient, et nous amène à voir cette promenade comme une traversée sensorielle et lumineuse, aux ombres bien dessinées.
Pride de Pavel G. Vesnakov (Bulgarie/Allemagne)
Dans son film, Pavel G. Vesnakov raconte une journée particulière pour un homme aux idées conservatrices qui voit la réalité de ses proches faire valser ses lois morales archaïques. La tranquillité de la pêche matinale ne dure qu’un temps. Très vite, Manol est témoin de l’homosexualité de son petit-fils qu’il élève. Une chape de plomb s’abat sur lui.
Le rythme hétérogène du film alterne les instants dilatés d’un isolement apaisé avec ceux condensés des nœuds dramatiques où les enjeux familiaux débordent. Le calme s’oppose aux scènes de conflit, où Manol accroche, éclate, se braque, pour s’écarter à nouveau. Dans une confrontation hostile avec son petit-fils, il hurle, menace. Tout en lui transpire la colère : sa respiration, ses bruits de mastication, ses élans de violence. Les jump cuts sur ses successions d’états soulignent la vacuité de son agitation face au mutisme du jeune homme, à la résistance du silence et du regard.
Lorsque sa fille lui annonce par la suite son divorce, l’incompréhension de Manol est pathétique. Il idéalise un gendre qu’il n’a pas vu depuis longtemps, il ne peut plus saisir ce monde qui l’entoure et qui s’affaisse. Il tient bon, reste droit dans ses valeurs qui n’ont de sens que pour lui. L’incommunication et le fossé intergénérationnel sont complets.
Le spectateur étouffe sous cette torpeur, à travers ces échanges qui n’en sont pas. Comme Manol et les siens, il suffoque dans la maison, dans la voiture dont il faut sortir en cours de route. Les dialogues sont des lignes brisées, des parallèles, rien ne circule. Le générique tombe net comme un couperet, sur le silence qui suit la conclusion : pour la fille comme pour le père, l’important est de garder tout cela caché. Finalement ces deux-là se ressemblent…
Au final, les personnages de ces trois films se cognent aux murs de leurs solitudes et cherchent à tâtons à avancer, tant bien que mal. Avec « Les Jours d’avant », Djaber et Yamina semblent leur répondre dans un diptyque mettant en scène une rencontre impossible au cœur d’une Algérie brassée par la violence. Focus à venir…
Démythifié, revendiqué, vulgarisé à souhait, le sexe demeure un mystère qui, à l’instar de certaines voies, peut sembler impénétrable…
Pour sa 31ème séance, Short Screens a décidé de célébrer la fête d’Halloween en mettant démons et sorcières au placard pour vous parler d’Eros. Du franc parler d’une jeunesse libanaise en effervescence aux ébats d’une Cécile de France débutante, découvrez 7 courts métrages qui posent un regard à la fois tendre et provocateur sur la sexualité, déjouant les codes sociaux et défiant les interdits moraux. Public averti !
Programmation
« C’est gratuit pour les filles » de Marie Amachoukeli et Claire Burger, Fiction, France, 2009, 23′
Dans quelques jours, Laetitia obtiendra son brevet professionnel de coiffure. Elle et sa meilleure amie Yeliz pourront concrétiser leur rêve : ouvrir un salon ensemble. Mais avant de passer son examen, Laetitia veut aller à une fête.
« Maintenant il faut grandir » de Bruno Tondeur, Animation, Belgique, 2012, 8′
Ours a peur du monde extérieur. retranché dans son appartement, qu’il ne quitte que pour se nourrir, il passe son temps sur son ordinateur. Entre les jeux en ligne et les sites pornos il rencontre Cutieflower sur un réseau social. Il en tombe directement amoureux.
« La nuit du 6 au 7 » de Patrice Bauduinet, Fiction, Belgique, 2003, 6′
Au soir du sixième jour, et bien qu’il n’eut envie que de se reposer, Dieu, notre ami à tous, eut un ultime orgasme: il créa et nomma la BINTJE.
« Les Salopes » d’Alexandre Triaca, France, Fiction, 2013, 3’50 »
Quand deux jeunes femmes et deux mamies respectables ont une approche radicalement différente de la sexualité et des relations avec leurs partenaires… Deux paires d’amies complices séparées par un fossé : leur choix de vie. A chaque âge ses délires !
En présence du réalisateur.
« Zucht und Ordnung » de Jan Soldat, Documentaire, Allemagne, 2012, 9′
Deux hommes nus âgées dans un cadre élégant qui parlent de leur relation, des bons vieux jours, et de discuter d’une manière émouvante de sincérité de leurs fétichismes, prédilections sadomasochistes et de la servitude.
« The Blindness of the Woods » de Javier Lourenço et Martin Jalfen, Animation, Argentine, 2008, 11′
Dans la froideur des bois de Kiruna, en Suède, une femme aveugle et un bûcheron nouent une relation érotique entre passion et trahison. C’est un ours qui finira par découvrir la trahison…
« This Smell of Sex » de Danielle Arbid, Expérimental, Liban, 2008, 26′
« Mes amis de Beyrouth me racontent librement, et dans les détails, leurs expériences sexuelles les plus secrètes, les plus ardentes, les plus obsessionnelles » confie Danielle Arbid, réalisatrice ayant déjà remporté de nombreux prix à Locarno. Des images d’archives très pudiques de jeunes filles alternent avec des plans noirs où hommes et femmes parlent de leurs fantasmes et de leurs expériences marquantes. Les mots et les représentations visuelles créent une tension érotique d’une grande poésie.