La petite collection de Bref : une sélection de courts métrages néerlandais

En 2007, Bref, le magazine français du court métrage, inaugurait “La petite collection”. En partenariat avec l’éditeur Chalet Pointu, il lançait un DVD de films belges francophones en lien avec la rétrospective belge programmée par le festival de Clermont-Ferrand. Deux ans plus tard, après 10 volumes majoritairement associés au contenu de la revue, Bref a établi une sélection de 15 courts métrages néerlandais, faisant écho à la rétrospective consacrée cette année par le festival aux Pays-Bas.

Sur la pochette de ce DVD en hommage à la Hollande, point de tulipes, de fromages, et de sabots. Un cliché, un seul : les vélos. Autour d’eux, le graphisme a conservé au sol, les passants, les voitures, et un grillage, et en hauteur, le ciel, les lignes de trams, et les nuages. Quinze titres variés composent ce volume rouge-blanc-bleu : des courts métrages d’animation (« Les caractères », « Jazzimation », …), de fiction (« La route », « Le visage caché », …), des films expérimentaux (« La Hollande à bicyclette »), des images primées (« Miroir de Hollande », « La Muraille de Chine », …), et des identités connues (Paul Verhoeven, Bert Haanstra, Uri Kranot et Michal Pfeffer-Kranot, …). Parmi ces titres, Format Court en a isolé cinq.

Spiegel van Holland (Miroir de Hollande) de Bert Haanstra

En navigant le long du canal de la Vecht (reliant Utrecht à Amsterdam), le photographe et réalisateur Bert Haanstra tourna  en 1950 un documentaire sur son pays en filmant, en caméra inversée, les reflets dans l’eau. « Spiegel van Holland » (Miroir de Hollande), récompensé du Grand Prix au festival de Cannes en 1951, fut le miroir aquatique de son voyage. La caméra de Haanstra, tenue à l’envers, enregistra les reflets des rencontres : nénuphars, ciel, maisons, ponts, moulins à vent, clochers, écluses, chevaux, hommes, …. Au-delà du poétique, des confusions troublantes surgissent : par moments, le réel se fond avec l’imaginaire, la mer et le ciel ne font plus qu’un, et les ondulations de l’eau affectent l’image (maisons folles, formes étranges, individus déstructurés). Près de 60 ans après sa réalisation, « Spigel van Holland » offre un regard en noir et blanc plus qu’original sur la Hollande, ses canaux, et ses habitants.

Feest ! (La fête !) de Paul Verhoeven

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Bien avant les Etats-Unis, « Total Recall », « Robocop », « Basic Instinct », « Showgirls », et « Starship troopers », Paul Verhoeven tourna aux Pays-Bas des courts et des longs métrages. En 1963, il y eut  « Feest ! » (La fête !), l’histoire de Peter, un adolescent blond et timide, séduit par Anja, une fille de son lycée. Au bal annuel, Anja le délaisse, le trouvant “embêtant”. Dans la tour de l’établissement, ils sont désignés pour jouer à colin-maillard. Elle s’immobilise. Les yeux bandés, il la retrouve, l’embrasse, et se fait gifler devant tout le monde. La fête est terminée. Dans l’intervalle, Verhoeven a filmé, de façon très libre et mobile, la jeunesse hollandaise, les premiers émois, l’isolement au sein du groupe, ainsi que les coins et recoins d’un établissement scolaire.

The Quiet One (Le garçon silencieux) de Danyael Sugawara

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« The Quiet One » (Le garçon silencieux), le film de fin d’études de Danyael Sugawara, ancien élève de l’Académie de cinéma et de télévision d’Amsterdam (NFTA), traite du phénomène Hikikomori. Au Japon, près d’un million de jeunes gens se marginalisent totalement de la société en ne sortant plus de chez eux et en ayant des contacts extrêmement limités avec le monde extérieur. De même, le héros de « The Quiet One », Kiyoshi, un garçon de 18 ans, a élu domicile dans la cuisine de ses parents, et y vit reclus depuis deux ans. La seule personne avec laquelle il continue à communiquer est sa petite soeur, Nozomi. Ses parents, embarrassés par la situation, justifient son absence en prétendant qu’il étudie à l’étranger. Sur Internet, il est en contact avec d’autres adolescents qui ont, comme lui, rejeté la notion de groupe (la société et la famille). « The Quiet One » est un film sobre sur l’auto-exclusion, l’adolescence, la famille, l’isolement, et les barquettes d’oeufs vides. Pratiques pour étouffer les bruits extérieurs et recouvrir les corps, celles-ci sont également liées au générique et au titre original du film de Danyael Sugawara (« Tamago » : oeuf, en japonais).

God on our Side (Dieu est avec nous)  d’Uri Kranot et de Michal Pfeffer Kranot

Avant  « The heart of Amos Klein », le tandem d’animateurs israéliens Michal Pfeffer Kranot et Uri Kranot réalisa « God on Our Side » (Dieu est avec nous), en tant qu’artistes en résidence invités à l’Institut néerlandais du film d’animation (NIAF). Le film, récompensé par le Prix spécial du jury à Annecy en 2007, traite du conflit israélo-palestinien en s’inspirant d’événements vécus pendant la Seconde Intifada et de la toile de Picasso, Guernica (1937). « God on Our Side » est une interprétation libre du tableau de l’Espagnol. Certains éléments se retrouvent dans les deux (un cheval à l’agonie, une femme tenant dans ses bras un enfant mort-né, un homme piétiné, une vache affolée, … ), mais le film conserve toutefois son identité et son lien avec l’actualité (représentations de tanks, d’avions de chasse, de bombes, d’attentat-suicide, de bulldozer, …). Relevée par la musique grave d’Uri Kranot, l’émotion du film tient à son sujet, à la couleur terne de ses images, aux incrustations violentes de rouges, à son absence de mots, et aux traits typiquement cubistes de ses personnages.

Pijn (Souffrance) d’Ivàn López Núñez

Après avoir étudié à Barcelone, Iván López Núñez a poursuivi son cursus à l’Académie  de cinéma et de télévision d’Amsterdam (NFTA). « Pijn » (Souffrance), son film de fin d’études, suit de près un individu qui provoque des anonymes dans la rue afin de se faire délibérément tabasser, sans apposer la moindre résistance. Une fois rentré chez lui, l’homme désinfecte ses blessures avant de se prendre en photo, le visage tuméfié. Sa démarche est double. Personnelle : il tente d’évacuer une blessure psychologique (le départ de sa femme et de son enfant) au profit d’une souffrance physique. Artistique : en tant que photographe, il s’entoure de clichés, miroirs et traces de ses rencontres sanglantes. Survient le hasard, sous les traits d’une jeune touriste asiatique perdue dans les rues d’Amsterdam. Idée originale, dialogues rares, musique inexistante, arrêts sur image, caméra mobile, comédiens pudiques,… : Iván López Núñez a privilégié des partis pris audacieux pour son fin d’études. « Pijn » est un film à la fois sombre, violent, et épuré, relevant d’une beauté étrange et d’une grande maîtrise.

Katia Bayer

La petite collection : une sélection de courts métrages néerlandais (#11).  Bonus : les biofilmos des réalisateurs. Distribution : Chalet Films

L’Arenberg et les Midis du Court

Mardi 31 Mars, à 12h00, un programme de courts articulé autour du thème « Histoires d’amour » sera présenté aucinéma Arenberg (Bruxelles).

Premier amour : de et avec Léonore Frenois et Cédric Delaunoy – 15’ – n/b – 2005 – Video.

Cette adaptation du court roman éponyme de Samuel Beckett a pour lieu principal le parc de la cité administrative à Bruxelles.

La Svedese de Nicolas Liguori – 10’ – 2008 – animation – 35mm

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Un couple se retrouve et s’aime sous la lumière écrasante de l’été. Elle découvre Naples, ses processions religieuses, ses musées silencieux. Il filme les pentes arides du volcan. La Svedese rend un hommage émouvant à Ingrid Bergman et Roberto Rossellini, à la rencontre aussi improbable qu’explosive d’une célèbre actrice d’Hollywood et d’un réalisateur « missionnaire ».

Les Corps silencieux de Luz Diaz – fiction – 2007 – 17’ – 35mm

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Les errances d’une jeune fille solitaire fascinée par une femme mystérieuse… Film de fin d’études sublime d’une cinéaste prometteuse.

En compagnie de la poussière de Jacques Molitor – 20′ – 2008 – fiction – 35mm

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François aime Michel. Michel ne peut donner réponse à ses sentiments. Brisé, François préfère se supprimer plutôt que de vivre sans l’amour de sa vie. Deux ans plus tard, Michel est devenu étudiant en médecine. La compagnie des cadavres trouble son esprit: il hallucine le retour de François. Face à cette présence inquiétante, Michel devra confronter sa culpabilité.

Pour plus d’informations : www.arenberg.be

W comme The Woman who is beating the earth (La Femme qui martèle la Terre)

Fiche technique

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Synopsis : Chiharu travaille à mi-temps dans une boucherie. Les vibrations de la viande que l’on aplatit résonnent dans tout son corps, réveillant en elle un volcan endormi. L’éruption est imminente !

Genre : Fiction

Durée : 21′

Pays : Japon

Année : 2007

Réalisation : Tsuki Inoue

Scénario : Tsuki Inoue

Images : Yousuke Omori

Son : Shingo Ishikawa

Montage : Tsuki Inoue

Musique originale : Grace, Rei Shibakusa

Interprétation : Grace, Rei Shibakusa, Jun Nagami,  Sohkoh Wada, Shinobu Kawai

Production : Tsuki Inoue

Article associé : la critique du film

The Woman who is beating the earth (La Femme qui martèle la Terre) de Tsuki Inoue

Une femme battue, une boucherie glauque, et des percussions à n’en plus finir. Tels sont les ingrédients de ce film japonais à la tonalité baroque repéré à Clermont-Ferrand.

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« The woman who’s beating the earth » (La femme qui martèle la terre) est l’histoire d’un transfert au sens freudien du terme. Chiharu se fait battre par son petit ami. Le visage tuméfié et couvert de bleus, elle se rend à son travail, le sous-sol d’une boucherie. Chiharu n’a qu’une seule fonction : elle bat de la viande pour l’attendrir a longueur de journée. Les coups qu’elle donne sur les morceaux de bœuf sont ceux qu’elle ne peut pas donner à son petit ami. Mais ces coups ne suffisent pas. Elle rêve de jouer de la batterie dans un groupe et de donner libre cours à sa propre violence.

Traitant du thème connu de la violence conjugale, la réalisatrice Tsuki Inoue ne quitte pas son héroïne que ce soit dans sa vie ou dans ses rêves. Elle préfère l’évasion à la victimisation. Les rêveries de Chiharu sont de vrais moments d’évasion dénués de bonheur. Elle tape, par exemple, sur sa batterie imaginaire comme si sa vie en dépendait. L’énergie de ses rêves est en contradiction radicale avec a léthargie du personnage.

Les rêves sont filmés en plan large alors que la vie apparaît en gros plan. Tsuki Inoue aime s’attarder sur le visage boursouflé de sa comédienne, victime silencieuse et stoïque d’une violence devenue ordinaire. Malgré une réalisation parfois clipesque et des lumières très crues, « The woman who’s beating the earth » est un plaidoyer pour l’évasion dénué de tout cliché sur l’onirisme ou le désir de fuite. Un parti pris cinématographique courageux servi par des personnages tous plus pitoyables les uns que les autres. Ce film ne laissera pas indemne le spectateur, mais après tout, une petite claque cinématographique ne fait de mal à personne.

Thierry Lebas

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Luksus de Jaroslaw Sztandera

Réunis par le malheur, un adolescent et un enfant errent dans les rues de Varsovie. Repéré à Angers comme à Clermont, « Luksus » est une plongée en profondeur dans le monde de la pédophilie polonaise.

« Je ramène toujours là ou j’ai trouvé » : c’est ainsi que Luksus se retrouve abandonné à l’aéroport par son souteneur. Luksus a 17 ans, et sa « carrière » de prostitué est finie : il est devenu trop vieux pour la clientèle pédophile de son proxénète. À l’aéroport, il rencontre un enfant SDF, victime potentielle de son ancien souteneur.

Le film nous montre un anti-héros Luksus (signifiant la luxure en polonais) qui n’a plus de nom, et n’a jamais su comment gagner sa vie autrement qu’en vendant son corps. Objet de désir déchu, il garde jalousement des photos de voyage en Egypte, témoins de sa fortune passée. Luksus va être confronté à un dilemme. Doit-il se servir de l’enfant pour retrouver sa fortune passée ou bien lui faire échapper l’enfer de la pédophilie ?

© Gwendoline Clossais

© Gwendoline Clossais

Jaroslaw Sztandera, le réalisateur de « Luksus », filme une Varsovie sombre, glauque et nocturne. Le monde des adultes est présenté comme un monde malsain, voire dangereux. L’enfant ne voit en eux que des pervers à extorquer sans contrepartie sexuelle, il incarne le courage que n’a jamais eu Luksus. À la rédemption (écueil inévitable lorsqu’on traite ce genre de sujet), le réalisateur préfère l’errance d’une jeunesse jetable, traitée comme un objet sexuel par un monde adulte rongé par la perversion.

Film sombre, mais jamais misérabiliste, Luksus est un film sensible, centré sur ses personnages forts et ambivalents. Doté d’un montage efficace et d’interprètes irréprochables malgré le manque de charisme de certains seconds rôles (dont le souteneur qu’on aurait aimé plus menaçant, plus vil), le film tient en haleine son spectateur tout au long de ses 38 minutes sans jamais s’épuiser. Il est fort à parier que Jaroslaw Sztandera, étudiant en dernière année à l’école de Lódz, est un nom qui va compter dans le cinéma polonais.

Thierry Lebas

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Fête de l’Animation 2009 : Cinquième édition à Lille

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Depuis 2004, la Fête de l’animation propose à Lille une programmation centrée sur l’animation dans toutes ses expressions : cinéma et arts numériques, BD et manga, jeu vidéo, culture asiatique. Voici le programme de cette cinquième édition, prenant place du 16 au 19 avril.

Zoom sur Miyazaki : Projections, exposition, conférence avec intervention de Masako Sakano, collaboratrice du réalisateur, rencontre-dédicace en présence de Gersende Bollut, coauteur de l’ouvrage consacré au maître japonais Miyazaki l’enchanteur.

Théma Europe de l’Est :
invitation à six maisons de production et trois écoles d’animation en six programmes de courts métrages. Se-Ma-For Film Production (Pologne), Kenges et Zagreb Film (Croatie), Nukufilm (Estonie), Eallin Animation, l’école supérieure de Zlin et la Famu de Prague (République Tchèque), l’école Moholy Nagy (Hongrie).

Coup de projecteur sur l’animation française :
cartes blanches offertes à six maisons de production françaises. MoonScoop (série Bunny Maloney en avant-première, Titeuf, Creepie, Code Lyoko, Les  4 fantastiques, …), Alphanim (présentation de projet de long métrage, Galactik Football, Zap College, Franklin, …), JeSuisBienContent (Persepolis, courts métrages), Millimages (série Le Tour du monde de Mouk en avant-première, extraits du long métrage Les Lascars), Prima Linea (Peur(s) du noir, et autres longs métrages), Method Films (série Iron Man et court métrage en avant-première).

Convention :
ateliers de découvertes des techniques d’animation, conférences et expositions,  dédicaces BD et manga, Cosplay, village des fanzines, jeux d’arcades, ..

Soirées électro-animées :
deux soirées ouvertes à la musique électronique et aux images numériques.

Journée professionnelle :
dédiée aux professionnels de la filière animation et proposée dans le cadre du Pôle d’excellence image du Nord-Pas-de-Calais. Présentation des outils mis en place par les collectivités territoriales pour aider la filière animation/jeu vidéo à se développer dans la région. Conférences, projections de films d’animations issus des studios et maisons de production de Nord-Pas-de-Calais.

Pour plus d’informations : www.fete-anim.com

6 comme 664 km

Fiche technique

664km

Synopsis : Deux hommes recherchent un million d’euros caché dans une station-service désaffectée après un cambriolage. La concurrence est rude et l’affaire tourne mal. David, petite frappe d’une vingtaine d’années, prend peur et trouve refuge chez Anne, une serveuse de vingt ans son aînée, croisée dans un restau-route.

Genre : Fiction

Durée : 43′

Pays : France

Année : 2008

Réalisation : Arnaud Bigeard

Scénario : Arnaud Bigeard

Images : Isabelle Dumas

Son : Nicolas Paturle, Emmanuel Bonnat, Vincent Verdoux

Musique : Benjamin Voituriez

Décors : David Faivre

Interprétation Anne Coesens, Vincent Rottiers, Guy Delamarche, Jean-Christophe Cochard

Production : Les Films Velvet, CNC, Région Auvergne, Procirep/Angoa, Arte France

Article associé : la critique du DVD 664 km d’Arnaud Bigeard

664 km d’Arnaud Bigeard : Prix Talent Fnac du Festival de Clermont-Ferrand 2008

Récompensé à Clermont-Ferrand, mais aussi à Fréjus ou encore à Angers, le second court métrage d’Antoine Bigeard vient d’être édité en DVD par la Fnac, qui en a fait son « Attention Talent » de l’année 2008. Diffusée dans les magasins de la chaîne de distribution de biens culturels (sic), cette édition, conçue par le réalisateur, permet de découvrir ses deux films et quelques bonus où il se met en scène, pour le meilleur et pour le pire.

664km

« 664 km » est un polar étonnant et abouti. Et il l’est, à plus d’un titre. L’intrigue repose sur les ingrédients classiques du polar : deux types, un jeune et un vieux (un apprenti naïf qui croit que le monde est à portée de mains et une ordure prête à tout pour s’emparer du monde en question), une histoire de billets de banques à retrouver dans une station-service abandonnée, on ne sait plus laquelle, des aires de routes désertes, un bar quelque part, par là-bas, un peu paumé, une serveuse dans le bar, tout aussi paumée… Le tout avec une sorte de réalisme cru qui habite les personnages et les décors. Le jeu du jeune comédien Vincent Rottiers, petite frappe à la fois fragile et orgueilleuse, est à ce titre excellent. Cette intrigue, dont on pourrait se dire qu’a priori, elle nous fatigue pour l’avoir fréquentée trop souvent au cinéma, est ici tenue par une maîtrise stylistique imparable. Grâce à une très belle ambiance sonore, à force de plans d’ensemble horizontaux et de travellings lents et fluides, le film installe une ambiance hypnotique et tendue. Et puis, peu à peu, « 664 km » dérive lentement de cette intrigue de polar, de rivalité entre deux hommes et de qui arrivera à arnaquer l’autre, vers une autre histoire, celle de ce personnage secondaire interprété par Anne Coesens. Il évolue alors vers une histoire d’amour et de trahison, de blessures et de vengeances. Abandonnée sans espoir d’une vie meilleure dans ce bar miteux, la jeune femme se prend à rêver en présence de ce jeune homme fougueux à d’autres horizons, à une seconde chance, un amour et des rêves jusqu’à présent confisqués par une réalité pesante. Mais le prix à payer pour réinventer sa vie est lourd. En véritable film noir, « 664 km » suit des personnages englués dans un réel âpre et aride qui prennent leurs rêves pour des réalités et y risquent leur peau.

664km

Si « 664 km » est vraiment étonnant et réussi, son style, parfois esthétisant, et l’écriture très maîtrisée, gomment un peu le trouble qui en émane. Et c’est la vision du film précédent d’Arnaud Bigeard, « 21h11 » (oui, encore des chiffres, il s’en explique dans les bonus du DVD) qui permet d’en prendre la mesure. Plongeant pourtant dans la même recherche esthétique, faite d’ambiances sonores, de silences pesants, de lents mouvements de caméras, de gros plans anxieux et de plans d’ensemble inquiétants, de temps morts et suspendus et d’ellipses narratives, « 21h11 », bien moins maîtrisé, plus tortueux, tâtonnant et maladroit, est bien plus âpre et troublant par ce qu’il ébauche comme pistes cinématographiques et par tout ce qu’il laisse en suspens. Dès ce premier essai, Antoine Bigeard s’attaque déjà au polar : un type rentre chez lui et assiste par la fenêtre à un viol dans la rue. Il s’empare de son caméscope et menace les agresseurs de les avoir filmés pour les faire déguerpir. Mais il se retrouve victime à son tour quand les deux hommes viennent jusqu’à la porte de son appartement menaçant de lui faire la peau. S’il ne se laisse pas intimider, la peur s’immisce, peu à peu, dans son quotidien. L’univers familier que composent sa rue et son appartement devient hostile et ce d’autant plus qu’il découvre que l’événement a vraiment été filmé par quelqu’un en face de chez lui, quelqu’un qu’on ne verra pas et qui continue à le filmer. Les images de ce film d’amateur, troubles et inquiétantes, viennent alors se mêler à la matière cinématographique de  « 21h11 ». Cette fenêtre, en face, qui l’observe, devient une sorte de trou noir absorbant et réflexif, bien plus effrayant que tous les agresseurs entrevus par la fenêtre ou entendus derrière les portes. Ce qui menace, peu à peu, est devenu sans corps, insaisissable, n’est plus qu’un regard, là-bas, sans origine, n’est plus que ce qui regarde.

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Arnaud Bigeard, qui semble avoir tout fait sur ce DVD, des bonus jusqu’à l’animation des écrans, se met en scène dans son lieu de travail pour raconter, avec pas mal d’humour, son parcours de musicien et de cinéaste qui aura mis un peu de temps pour passer des films de commandes à la réalisation de ses histoires. Certaines explications sur son travail sont tout à fait passionnantes. D’autres petits bonus tout à fait inintéressants : des déconnades entre potes qui nous laissent de marbre parce qu’elles ne nous concernent pas. Cet esprit potache est   lassant et nous ferait presque douter de la profondeur d’une démarche cinématographique par cette manière un peu faussement modeste de prendre les choses à la légère. Mais peu importe, ce prix de la Fnac à Clermont-Ferrand permet de découvrir en effet un jeune talent dont on regardera le prochain film avec beaucoup d’attention, et c’est une petite lucarne au court métrage qu’on souhaiterait plus grande encore.

Anne Feuillère

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664 km d’Arnaud Bigeard. Prix Talent Fnac du Festival de Clermont-Ferrand 2008 – Edition : Fnac

T comme Top Girl

Fiche technique

Synopsis : L’histoire tendre, pleine de vérité, à la fois drôle et crue, de filles qui grandissent dans un univers masculin, à Brixton. Une tranche de vie adolescente brute et sincère.

Genre : Fiction

Durée : 19′

Pays : Royaume-Uni

Année : 2008

Réalisation : Rebecca Johnson

Scénario : Rebecca Johnson

Images : David Raedeker

Son : Byron Blake

Montage : Mags Arnold

Musique : Skwilla Gee

Interprétation : Rumbi Mautsi, Naomi J. Lewis, Alexis Rodney, Jay Brown, Kerron Darby

Production : Fierce Productions

Article associé : la critique du film

Top Girl de Rebecca Johnson

« Top Girl » est un court métrage anglais abordant l’adolescence, le hip-hop, la localité de Brixton, l’exubérance des filles, le machisme des garçons, et la valeur de l’amitié. Réalisé par Rebecca Johnson, le film a récemment retenu l’attention des sélectionneurs rotterdamois, berlinois, et clermontois.

Sur fond musical, deux adolescentes, planquées dans une cabine d’essayage, fourrent, en riant, des vêtements dans leurs sacs à main. Quand elles se ruent hors du magasin, une sirène s’enclenche, et un vigile tente de les poursuivre. Trop tard. Deux taches de couleur, une rose et une jaune, se dessinent déjà au loin. Meilleures amies, Donna et Félicia partagent autant leurs fringues et leurs secrets que leur intérêt pour le hip-hop. Que ce soit à l’école, vêtues d’uniformes ou à l’extérieur, apprêtées comme des dingues, les deux filles aiment rapper. Donna, surnommée Lady D, a même un objectif : faire entendre sa voix et ses rimes à Legz, un jeune homme branché musicalement. Leur rencontre se passe autrement que comme la jeune fille l’aurait prévu : Legz ne s’intéresse pas qu’à la voix de Donna. Le lendemain, celle-ci est la risée de son collège.

Tourné au cœur de Brixton (banlieue sud de Londres), « Top Girl » est une séquence authentique et brute sur l’adolescence et le passage à la vie adulte. Traversé par le rap, le film de Rebecca Johnson, s’intéresse également à l’amitié et à ses déclinaisons (disputes et réconciliations), et à l’image des jeunes gens dans la société anglaise (les filles tentent de s’imposer dans un univers masculin tandis que les garçons ne sont pas aussi fiers qu’ils le laissent paraître, surtout quand ils sont privés de leur bande). Parallèlement aux thèmes, une scène contribue à l’intérêt du film : après avoir vu Legz, Donna rentre chez elle, se regarde dans le miroir, s’admire, vérifie son maquillage, prend la pause, joue à la dure, simule un baiser, avant de se faire surprendre par son père. À ce moment-là, plus que dans ses chansons, elle est réellement la « Top Girl » du titre : la fille la plus sexy de Brixton !

Si l’histoire de « Top Girl » se déroule dans un microcosme bien déterminé, une dimension universelle émane de son scénario, par les thèmes qu’il aborde mais aussi par la présence des deux personnages féminins. Le monde adolescent n’est-il pas peuplé de copies non fictionnelles de Donna (Rumbi Mautsi) et Félicia (Naomi Lewis) ?

Katia Bayer

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L’Endroit idéal de Brigitte Sy

Brigitte Sy que l’on connait pour avoir été l’égérie de Garrel dans les années 80 réalise avec « L’Endroit Idéal », un premier film étonnant. Cette histoire d’amour dans un lieu impossible est peut-être le film le plus émouvant du festival de Clermont-Ferrand.

Barbara (Ronit Elkabetz) est une réalisatrice qui travaille en milieu carcéral. Elle rencontre Michel (Carlo Brandt) à la prison de Fresnes. Barbara a transmis de l’argent à Michel. Cette faute condamnera la couple à ne plus se voir et à ne plus se parler. De cette séparation forcée va naître leur histoire.

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L’endroit idéal dont parle le titre est un lieu fermé : la prison de Fresnes. De cette histoire d’amour, nous ne verrons rien. Le film débute avec la mise en détention de Barbara et son dialogue avec la belle-fille d’un détenu. Ce monde carcéral s’ouvre sur les femmes, c’est-à-dire celles qui restent, qui attendent, et qui représentent la seule fenêtre vers l’extérieur. Ronit Elkabetz, superbe actrice israélienne vue dans « Mon trésor » de Keren Yedaya, livre le portrait d’une femme forte et digne, malgré les épreuves qui se succèdent tels l’interrogatoire de la police puis le verdict au tribunal.

Dès le début du film, tout le dispositif de mise en scène fonctionne sur la recherche de l’autre. Barbara entend une voix dans un couloir, et tente d’apercevoir l’homme qu’elle aime sans succès. L’espace est ainsi géré d’une façon plus  théâtrale que cinématographique, avec la présence de coulisses où disparaissent les personnages. Brigitte Sy, professeur de théâtre depuis des années (y compris en milieu carcéral) a utilisé les armes qu’elle connaît pour son tout premier film. Comme Bergman éteignait le décor dans « Monika » pour souligner le regard de son actrice (Harriet Andersson), Brigitte Sy compose le cadre comme une scène, en plan fixe, où les seuls moments signifiants sont ceux des corps qui se cherchent, et parfois se touchent dans des étreintes succinctes et sensuelles.

Il est vrai que l’une des tendances du festival de Clermont-Ferrand est de montrer des courts métrages un peu longs. Ce film de 30 minutes n’échappe pas à la règle. Sauf que Brigitte Sy nous offre une épure, un film qui n’intègre pas un seul plan de trop. Mais il est probable que les formes courtes que nous apprécions sont parfois trop étroites pour accueillir des histoires d’amour. « L’Endroit Idéal » a, par contre, sa durée, sa temporalité, et sa propre musique.

Thierry Lebas

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Short Film Corner 2009 : les inscriptions sont ouvertes !

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Organisée par le Festival de Cannes, la prochaine édition du Short Film Corner aura lieu du 13 au 22 mai 2009. Le Short Film Corner est le rendez-vous du film court à ne pas manquer ! Il est ouvert à tous les professionnels accrédités au Festival de Cannes et au Marché du Film.

Pendant dix jours, le Short Film Corner réunit de façon dynamique et conviviale tous les professionnels du film court (créateurs, producteurs, distributeurs, acheteurs, programmateurs…). Tous se retrouvent au cœur d’un lieu incontournable afin de présenter de nouveaux projets, développer de nouvelles activités, et se faire de nouveaux contacts.

Pour inscrire votre film au Short Film Corner, 4 conditions sont requises :
– Le film doit avoir été produit après le 1er janvier 2008
– La durée du film ne doit pas excéder 35 minutes
– Un seul film par réalisateur sera accepté
– Le film ne doit pas avoir été inscrit au Short Film Corner lors d’une précédente édition

L’inscription payante (95 Euros TTC) inclut la numérisation de votre film, sa présence dans le catalogue du Short Film Corner, l’accréditation au Festival de Cannes, et l’accès à la base de données cinando.com.

DATE LIMITE D’INSCRIPTION : 18 AVRIL 2009
Les copies doivent impérativement être reçues le 21 avril au plus tard.

Les Films doivent nous parvenir en version anglaise ou française ou avec sous-titres français ou anglais sur support DVD Vidéo, DigiBeta, Beta SP, DV, ou DVCam.

Pour plus d’informations, consulter le site internet du Short Film Corner : www.shortfilmcorner.com

D comme La Drumul Mare (La Vie est dure)

Fiche technique

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Synopsis : À la faveur d’un embouteillage, un jeune homme tente de dévaliser une jeune femme au volant de sa voiture. Mais l’approche de la police fait de lui le passager involontaire de sa victime…

Genre : Fiction

Durée : 21′

Pays : Roumanie

Année : 2007

Réalisation : Gabriel Sirbu

Scénario : Gabriel Sirbu

Images : Marius Panduru

Son : Dana Bunescu

Montage : Dana Bunescu

Interprétation : Claudia Prec, Andi Vasluianu

Production : National Film Center

Article associé : la critique du film

La Drumul Mare (La Vie est dure) de Gabriel Sîrbu

Sélectionné dans plusieurs festivals dont celui de Clermont-Ferrand, le film « La Drumul Mare » (La Vie est dure) du réalisateur roumain Gabriel Sîrbu décrit la rencontre fortuite de deux individus sur fond de clichés et d’abus de situation.

Dans les rues embouteillées de Bucarest, au volant de sa voiture, une jeune femme aisée (Claudia Prec) se fait surprendre par un jeune homme (Andi Vasluianu) qui tente de lui dérober son sac à main. Au moment où la police fait irruption, il se retrouve malgré lui à occuper le siège passager et à se transformer en moniteur d’auto-école.

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L’opposition : c’est peut-être le mot clé du film de Gabriel Sîrbu. Une opposition liée aux rapports de classes, de sexe et, de pouvoir. Elle, petite bourgeoise apprêtée, sous la coupe de son père, soumise en apparence ; lui, délinquant gauche, mal rasé et machiste. Pour eux, de manière différente, la vie est dure. C’est aussi le cas pour un troisième personnage : un mendiant se faisant passer pour invalide.

Si le sujet de « La Drumul Mare » semble a priori plutôt simple, son traitement, lui, peut tout de même être qualifié d’original. L’agression fait place à une leçon de conduite, le mendiant, en chaise roulante, se met miraculeusement à marcher ou à courir selon les circonstances, la jeune fille se révèle plus manipulatrice que manipulée, tandis que le voleur se soumet progressivement aux caprices de sa « victime ». Rien ne se passe comme prévu; l’arroseur est arrosé.

Malgré un titre qui laisse présager une réalité potentiellement sombre, le film choisit un registre divertissant, humoristique, léger et décalé. Il touche le spectateur par sa simplicité, son traitement singulier des clichés, et sa positivité. Mais aussi par sa capacité d’évasion, tellement nécessaire dans la vie et au cinéma.

Adi Chesson et Katia Bayer

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E comme l’Endroit idéal

Fiche technique

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Synopsis : Barbara, réalisatrice qui travaille dans le milieu carcéral et prépare un film écrit et interprété par des détenus, est arrêtée par la police. Elle est soupçonnée d’avoir fourni de l’argent à Michel, un détenu dont elle est tombée amoureuse.

Genre : Fiction

Durée : 30′

Pays : France

Année : 2008

Réalisation : Brigitte Sy

Scénario : Brigitte Sy, Gaelle Macé

Images : Grédéric Serve

Son : Luc Meilland

Montage : Julie Dupré

Musique : Archie Shepp, Daniel Mille

Interprétation : Ronit Elkabetz, Carlo Brandt, Noémie Lvovsky

Production : Mezzanine Films

Article associé : la critique du film

L comme Luksus

Fiche technique

Synopsis : Luksus, un enfant prostitué de 17 ans, est délaissé par son proxénète car il se fait trop vieux pour les clients pédophiles. Il doit alors faire face à sa nouvelle situation.

Genre : Fiction

Durée : 38′

Pays : Pologne

Année : 2008

Réalisation : Jaroslaw Sztandera

Scénario : Jaroslaw Sztandera, Tomasz Olejarczyk

Images : Radoslaw Ladczuk

Son : Tomasz Wieczorek

Montage : Jaroslaw Sztandera

Interprétation : : Piotr Sokolowski, Zbigniev Zamachowski, Michal Wlodarczyk, Dorota Chotecka, Pawel Szczesny

Production : PWSFTviT (Pantstowowa Wyzsza Szkola Filmowa Telewizyjna I Teatralna)

Article associé : la critique du film

The Heart of Amos Klein (Le Cœur d’Amos Klein) de Michal Pfeffer-Kranot et Uri Kranot

Sélectionné dans divers festivals dont celui de Clermont-Ferrand et Anima, « The Heart of Amos Klein » (Le Cœur d’Amos Klein), dernier film des animateurs israéliens Michal Pfeffer-Kranot et Uri Kranot, entremêle l’artistique et le politique, dans la lignée de leurs précédents courts métrages.

« Le Cœur d’Amos Klein » juxtapose l’histoire d’un officier israélien avec celle de son pays. Afin de relever le défi de cette narration métaphorique, les deux réalisateurs, anciens étudiants et actuels professeurs de l’école Bezalel (Jérusalem), inventent un style singulier, caractérisé par une sobriété esthétique, une narration par flashbacks, et un récit quasiment muet.

Structurellement, l’histoire d’Amos Klein est subdivisée en chapitres reliés par une image centrale : l’apparition ponctuelle du cœur de Klein lui-même. Frêle et malade, le cœur est d’une certaine manière le véritable protagoniste du récit. Klein subit une telle accumulation d’événements personnels et historiques (brimades pendant l’enfance, amputation d’un bras pendant le service militaire, …) que son cœur est sur le point de lâcher. Là réside toute l’allégorie du film. Le cœur d’Amos Klein symbolise-t-il le cœur d’une nation déchirée par l’incertitude et l’insécurité dès sa création, un État marqué par le militarisme, la corruption et l’endoctrinement ?

Sur le plan visuel, ce qui frappe le plus le spectateur est le jeu chromatique. Chaque séquence est réalisée dans une couleur particulière et représente non seulement un événement historique mais aussi une phase clé de la vie d’Amos Klein (déclaration de l’Indépendance d’Israël, Intifada, érection du mur de séparation, …). À la manière des premiers films colorisés, les souvenirs d’Amos, vécus en flashbacks lors de sa transplantation cardiaque, sont monochromatiques. Par contre, les images du présent filmique sont, elles, richement colorées. Par cette technique, « Le Cœur d’Amos Klein » se distingue des films précédents du duo Pfeffer-Kranot, plutôt traversés par le noir et blanc.

Les réalisateurs assurent aussi la continuité de la narration de plusieurs autres façons : par le biais d’éléments visuels et sonores, du double registre microcosmique/macrocosmique, et du jeu entre les images réelles et mentales. Par exemple, le battement du cœur d’Amos se fond avec le son du sifflet qui rythme une marche de soldats. De même, le cheminement d’une balle dans les veines du personnage renvoie au parcours d’une automobile dans le désert. Ces exemples démontrent un travail sur l’image mais aussi sur la bande-son. Celle-ci, épurée et marquée par de longs silences, ne fait intervenir la musique que pour accompagner les images d’archives illustrant les événements historiques. La partition, composée par Uri Kranot lui-même, est à la fois héroïque et touchante, avec une mélodie récurrente jouée au clairon et évocatrice des films de guerre.

Malgré un sujet délicat et controversé, le film réussit à éviter des lourdeurs ou des jugements faciles. La pudeur avec laquelle les réalisateurs expriment les événements de l’histoire de leur pays contribue en grande partie à cette subtilité. C’est pourquoi la description des émeutes et des guerres se fait par le biais de la suggestion plutôt que par la démonstration directe. Et lorsque Klein torture un prisonnier lors de l’Intifada de 1987, la scène se déroule derrière une porte close gardée par deux soldats blasés. La puissance de ce moment qui se déroule hors champ aurait été fort atténuée dans le cas d’une représentation frontale de la violence.

Si « Le Cœur d’Amos Klein » est remarquable par sa pudeur, son intérêt tient aussi à l’optimisme qui en émane. Celui-ci ne se manifeste qu’à la fin du film, après une progression chronologique inversée et des flashbacks remontant jusqu’au jour où le petit Amos tombe de son balcon. Les réalisateurs suspendent cet instant en y ajoutant une image mentale secondaire : celle d’un parachute imaginaire qui aurait pu sauver Amos Klein et son cœur malade, et, par conséquent, éviter le malaise à venir de tout un pays. La narration inversée apparaît comme une tentative de réécrire symboliquement l’histoire d’Israël. Optimisme déplacé ou cynisme implacable ? Une chose est certaine : dans « Amos Klein », l’originalité du style et la nécessité de l’expression artistique dans un contexte politiquement éprouvé l’emportent sur la controverse.

Adi Chesson

Article associé : l’interview d’Uri Kranot

Festival de Clermont-Ferrand 2009

Affiche du festival de clermont ferrand 2009

Le 31ème festival international du court métrage de Clermont-Ferrand s’est achevé il y a un mois. Du 30 janvier au 7 février, le format bref était à l’honneur dans la capitale de la région d’Auvergne et du département du Puy-de-Dôme. Outre les trois compétitions officielles (Nationale, Internationale, Labo), l’événement incontournable du court avait prévu d’autres rendez-vous dans sa programmation : des séances scolaires, une carte blanche à la boîte de prod’ Les Films du Nord, deux rétrospectives, l’une consacrée aux Pays-Bas, l’autre aux comédies musicales, des films de co-réalisateurs (Ciné Tandem), des films de l’école du documentaire de Lussas, une section “Clips”, sans oublier la collection Canal+ “Ecrire pour un chanteur”, et des programmes de courts distribués en salle.

Cette année, Format Court était à Clermont-Ferrand pour découvrir la sélection 2009, promouvoir le site, nouer des contacts, déguster des canards auvergnats, rejoindre le Jury Presse International, et participer à une table-ronde critique, en direct et en public, sur France Culture.

Retrouvez dans ce Focus :

Carrefour de l’animation : 7e rencontre autour du cinéma d’animation et du jeu vidéo

Pour sa 7e édition, du 20 au 22 mars, le Carrefour de l’animation célèbre toutes les facettes de la création sonore et musicale dans les images animées : bande-son et musique dans les films d’animation, techniques sonores des jeux vidéo… Trois jours de découvertes, en présence de compositeurs, musiciens, mixeurs et sound designers, aux côtés des incontournables écoles françaises du cinéma d’animation et du jeu vidéo.

Programme

20 Mars

09h30 : Programme spécial Collèges & Lycées Métiers et formations du cinéma d’animation
14h30 : Programme spécial Collèges & Lycées Métiers et formations du jeu vidéo
15h00 : Tour de courts – Table ronde
17h00 : Clips animés – Projection
20h00 : Piano Forest de Masayuki Kojima – Avant-première

21 Mars

10h30 : La « Young French Touch » – Table ronde
10h30 : Installations interactives des écoles toute la journée
13h00 : Instantanés 1 – Projection
13h30 : Prototypes de jeux vidéo Présentation
13h30 : Making of jeux vidéo : « God Blessed » Rencontre
14h00  : Evolution des techniques sonores du jeu vidéo – Table ronde
14h00 : Instantanés 2 – Projection
15h00 : Rencontres avec les écoles
15h00 : Making of jeu vidéo : « Totem » Rencontre
16h00 : Instantanés 3 – Projection
16h00 : Making of jeu vidéo : « Byook » Rencontre
16h30 : CinéSon, l’image lit le son Evénement
18h00 : Instantanés 4 – Projection
18h30 : « Beyond Good & Evil » : 1 heure de musique ! Etude de cas
21h00 : Vjing VisionSonore Evénement

22 Mars

10h30 : Installations interactives des écoles toute la journée
13h30 : Instantanés 5 – Projection
13h30 : Prototypes de jeux vidéo – Présentation
14h00 : Making of films de fin d’études – Rencontre
14h00 : Dofus, Dofus-Arena, Wakfu : animation, jeux vidéo et bandes dessinées Rencontre
14h00 : Making of films de fin d’études – Rencontre
14h30 : Films d’écoles : spécial musique et son – Projection
15h00 : Rencontres avec les écoles
15h30 : La compil’ des petits Projection jeune public
16h00 : Making of films de fin d’études – Rencontre
16h30 : Musique et création sonore dans les images animées -Table ronde
16h30 : Making of jeux vidéo – Rencontre
17h00 : Instantanés 6 – Projection
17h00 : Making of films de fin d’études – Rencontre
17h30 : Making of jeux vidéo – Rencontre
17h30 : Making of de la bande-annonce du Carrefour de l’animation

Pour plus d’informations : http://www.forumdesimages.net
Tarif unique : 5 euros par jour, gratuité pour les étudiants des écoles participantes

Festival d’Anima : le Palmarès

Compétition internationale

Prix décernés par le Jury


Grand Prix Anima 2009 de la Région de Bruxelles Capitale : Skhizein, Jérémy Clapin (France)

Prix du meilleur court métrage : Kudan, Taku Kimura (Japon)

Mentions spéciales :
Hot Dog, Bill Plympton (USA)
– Lies, Jonas Odell (USA)
– Dinner in Lisbon, André Carrilho (Portugal)

Prix du meilleur court métrage étudiant : Keith Reynolds Can’t Make It Tonight, Felix Massie (Grande-Bretagne)

Prix du meilleur court métrage jeune public : Wallace & Gromit: A Matter of Loaf and Death, Nick Park (Grande Bretagne)

Prix du meilleur clip vidéo : No Place like Home, Rosto (Pays-Bas)

Prix du meilleur film publicitaire : Tiji TV « Le Voyage », Yoann Lemoine (France)

Prix décernés par le public


Prix du public du meilleur court métrage : Skhizein, Jérémy Clapin (France)

Prix du public du meilleur court métrage jeune public : Wallace and Gromit: A Matter of Loaf and Death – Nick Park (Grande Bretagne)

Prix du public du meilleur long métrage : Kappa no Coo to natsu yasumi – Summer Day with Coo – Un été avec Coo – Keiichi Hara (Japon)

Prix du public du meilleur long métrage jeune public : Piano no mori – Masayuki Kojima (Japon)

Prix décerné par les partenaires


Prix BeTV du meilleur long métrage : $9,99, Tatia Rosenthal (Israël / Australie)

Compétition nationale

Prix décernés par le Jury


Prix de la Sabam : La Svedese, Nicolas Liguori

Grand Prix de la Communauté française, destiné à un film issu de la Communauté française : La Vita Nuova, Christophe Gautry, Arnaud Demuynck

Prix de la SACD : Zachte Planten, Emma De Swaef

Prix TVPaint du film étudiant : Milovan Circus, Gerlando Infuso

Prix décerné par le public


Prix du public du meilleur court métrage belge : Milovan Circus, Gerlando Infuso

Prix décernés par les partenaires


Prix BeTV : Milovan Circus, Gerlando Infuso

Prix de la RTBF : De si près, Rémi Durin

Prix Cinergie : Ex aequo, Jazzed, Anton Setola, et Paola poule pondeuse, Louise Marie Colon