Tous les articles par Katia Bayer

L’Etrange Palmarès 2010

PRIX NOUVEAU GENRE (compétition Long Métrage en partenariat avec Canal+Cinéma) : « BURIED » de Rodrigo CORTEZ – Espagne – 2010 – 1h35 – Thriller – Couleurs

Synopsis : Pris en otage par des Irakiens, un entrepreneur Américain se retrouve enfermé dans un cercueil avec seulement un téléphone portable à moitié rechargé et 90 minutes d’oxygène. Le temps file et chaque seconde qui passe le rapproche de la mort…

GRAND PRIX CANAL+ (compétition Court Métrage) : « ALL FLOWERS IN TIME » de Jonathan CAOUETTE – USA – 2010 – 12’36 – Expérimental – Couleurs

Synopsis : Un signal néfaste apparaît sous la forme d’une émission de télévision néerlandaise…

PRIX DU PUBLIC (compétition Court Métrage) : « ONE NIGHT » de Alexandra SCHEPISI – Australie – 2009 – 24’40 – Fiction – Couleurs

Synopsis : Un peep–show du côté obscur de l’amour, du désir et de la solitude. Un aperçu de l’intimité de 5 femmes, au cours d’une nuit de sortie.

one-night

Venise, les prix du court

Le Jury Orizzonti du 67ème Festival de Venise, dirigé par Shirin Neshat et composé de Raja Amari, Lav Diaz, Alexander Howarth et Pietro Marcello, a récompensé les films suivants sur les 64 en compétition :

Le Prix Orizzonti (court métrage) à « Coming Attractions » de Peter Tscherkassky (Autriche, 25′, expérimental)

coming-attractions

Synopsis : « Coming Attractions » vise à excaver, sur un ton humoristique, les racines d’une généalogie commune entre le cinéma d’avant-garde, le cinéma des premiers temps dit « d’attractions » et la publicité.

Le Prix Orizzonti (moyen métrage) à « Tse » (Out) de Roee Rosen (Israël, 34′, expérimental)

tse

Synopsis : En mêlant le documentaire avec la fiction, « Tse » se présente comme un film hybride qui traite de la sexualité radicale et de la droite politique en Israël, à travers la métaphore d’une scène de SM.

La nomination aux European Film Awards à « The external world » de David O’ Reilly (Allemagne, 15′, animation)

external-world

Synopsis : Un jeune garçon apprend le piano dans un univers d’absurdité.

Les Barbares de Jean-Gabriel Périot

Déjà producteur de la Palme d’or du court métrage (« Chienne d’histoire », Serge Avédikian, 2010), Ron Dyens de Sacrebleu productions a eu la judicieuse idée de faire appel à Jean-Gabriel Périot pour une série sur la désobéissance. Le court né de cette commande, « Les Barbares », vient d’être présenté à la Mostra de Venise. Coup double.

En choisissant de s’octroyer les services du cinéaste pour aborder le thème de la désobéissance, Ron Dyens ne pouvait pas se tromper. Depuis plus de dix ans Périot travaille la question de la violence et de ses rouages, de la mémoire et de l’intime à travers des courts métrages que certains qualifient d’« expérimentaux » même si le garnement oscille aussi régulièrement entre le documentaire et la fiction.

La première image du film est une photo de groupe. De gauche à droite, Lula, Obama, Sarkozy, Berlusconi, Medvedev. On reconnaît au second rang Merkel et Brown. Ils n’ont pourtant pas l’air de barbares dans leur beau costume malgré leur léger problème de dos. Les photos de responsables politiques en rangs d’oignons se succèdent dans un style diaporama puis sont rapidement suivies par les mêmes photos de groupes mais cette fois de militaires, d’équipes de hockey, de danseurs folkloriques, de mariés et de familles. Le diaporama se resserre, laissant différents pans d’images se juxtaposer entre eux. Soudain Condeleeza Rice côtoie des citoyens lambdas, des cyclistes, des militaires en tenue et au final, ces groupes bien en rang, bien droits, souriants et costumés ne font plus qu’un. Le groupe se fond, la masse se mélange, se rassemble. On se serre les coudes. On ne joue pas individuel.

Des photos de manifestants, d’anarchistes viennent troubler la quiétude apparente de ces groupes où rien ne dépasse, où la norme est bien définie et le consensus de rigueur. Eux sont en mouvement, le bras souvent levé. Le montage se fait plus lent, la musique plus douce. Les bus brûlent, les pierres fusent. La violence est là. Pourtant ces actions visibles ne semblent pas plus inquiétantes que la violence invisible du groupe que suggère le montage de Jean-Gabriel Périot.

Inspiré par La résistance infinie d’Alain Brossat, « Les Barbares » met en avant la théorie du philosophe dont l’une des idées est que si l’espace démocratique ne fonctionne que sur le consensus, tout geste politique ne peut être que de l’ordre de la dissension en contrariant et en offusquant les systèmes policés. Le film se termine sur la citation de Brossart : Si la politique est appelée à revenir, ce ne sera que par le côté du sauvage et de l’imprésentable ; là où s’élèvera cette rumeur où se laisse distinguer le grondement : « Nous, plèbe, nous, barbares… ».

Jean-Gabriel Périot a les idées claires, pour autant il laisse toujours assez de distance pour permettre au spectateur de réfléchir par lui-même à ce qu’il vient de voir. Jamais dans un discours propagandiste, il reste un créateur attaché à sa liberté.

Amaury Augé

Consultez la fiche technique du film

Stardust de Nicolas Provost

Les jeux sont faits

Nicolas Provost est un peu une rock star. Pas seulement parce il en a le physique longiligne et les boucles blondes. Comme elles, il est en pleine tournée estivale des festivals. Après Vila do Conde où il a présenté en juillet le kaléidoscopique et aérien « Storyteller » (2010) il rejoindra ces jours-ci les plages du Lido pour la projection de « Stardust » à la Mostra.

« Stardust » est annoncé comme le deuxième volet d’une trilogie commencée avec « Plot Point » (2007) où Provost filmait un New York post 11 septembre parano et quadrillé par les flics. Il reprend ici le même principe de déconstruction des codes hollywoodiens pour l’appliquer à une autre ville hautement cinématographique, Las Vegas, lieu de tous les fantasmes y compris ceux du cinéaste qui se paye le luxe de réunir Jon Voight, Dennis Hopper et Jack Nicholson dans un court métrage. Rien que ça. Tout le monde est pourtant à la même enseigne au générique sous la dénomination « visiteurs et habitants de Las Vegas » car Provost filme avec autant d’intérêt les touristes américains en shorts et en tongs que le visage émacié de Dennis Hopper ou l’éternelle cool attitude de Nicholson.

Comme dans « Plot Point », la ville est sous tension, elle grouille de types louches, de bruits de couloirs, de conversations secrètes. Mais comme Vegas, tout est factice dans « Stardust ». Nicolas Provost joue avec les codes du doublage et fait parler ses « acteurs » en leur octroyant des dialogues récupérés dans des films hollywoodiens. Ils incarnent dès lors des personnages qui les dépassent, dont ils n’ont pas idée. Des flics, des mafieux, des truands. Des doubles doublés. Provost détourne leurs actions pour les rendre cinématographiques et scénarisées.

La technique, déjà testée à New York, se révèle terriblement efficace dans le piège lumineux du désert du Nevada. D’abord parce que le mirage que représente Vegas fait écho à celui d’Hollywood (on pense bien sûr à « Mulholland Drive » de Lynch quand Provost – un grand fan – filme les limousines noires d’où filtrent des conversations étranges), ensuite parce que Vegas attend ses proies dociles et consentantes dans une débauche d’effets spéciaux et racoleurs comme seul le cinéma hollywoodien sait le faire. Provost, toujours à distance, semble filmer sans être vu. Le cinéaste belge sait en effet se faire discret. Pas de preneur de son, une caméra légère, il se fond aisément dans la masse humaine des touristes guidés par le clinquant et le bruit des jetons. Vegas semble être son terrain de jeu, partout où il tourne la tête il se passe quelque chose.
Scénariste, réalisateur, monteur, producteur, Provost semble maîtriser parfaitement tous les aspects de ses projets. On attend avec impatience le troisième volet des ses aventures hollywoodiennes.

Amaury Augé

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Nicolas Provost

Mostra de Venise 2010

La Mostra internazionale d’arte cinematografica di Venezia, le doyen des festivals de films, célèbre sa 67ème édition cet été. Affilié à la Biennale de la Venise depuis 2006, cette manifestation prestigieuse n’a de rivales que ses consœurs cannoise et berlinoise. Tout comme elles, la Mostra consacre une bonne partie de sa sélection au format court, la déployant sur trois plateformes : la compétition internationale, la compétition nationale et les films hors compétition. Rendez-vous à la Cité des Doges du 1er au 11 septembre 2010.

venise

Retrouvez dans ce focus :

La critique de « Magic for Beginners » de Jesse McLean (États-Unis)
Venise, ses ponts, ses gondoles, ses stars et ses pigeons : le reportage de Format Court
Venise, les prix du court
La critique des « Barbares » de Jean-Gabriel Périot (France)
La critique de « Stardust » (Nicolas Provost, Belgique)
La sélection des courts métrages

Quimu Casalprim i Suárez : « Je ne fais pas des films pour expliquer mon point de vue sur le monde ni pour le critiquer »

En janvier festivalier, « Zeitriss » nous avait troublés par la beauté de son noir et blanc, par l’originalité de son cadre et par l’éclatement de sa structure narrative. En septembre, son réalisateur, Quimu Casalprim i Suárez, débarquait à Paris, à l’occasion du festival Silhouette. Rendez-vous virtuel avec cet étudiant catalan à l’école KHM de Cologne.

quimu-joaquim-casalprim-i-suarez

Quel a été ton parcours cinématographique jusqu’ici ?

Après mes études secondaires, j’ai étudié les médias audiovisuels et ai travaillé autour de la musique électronique et des performances visuelles. À l’âge de 24 ans, j’ai laissé tomber l’audiovisuel pour faire de la philosophie à l’université. Au bout de cinq ans, après avoir obtenu mon diplôme, j’ai repris mon travail de création, non plus de performances mais d’œuvres fixées. Je me suis d’abord tourné vers l’art vidéo et ensuite vers le cinéma. Je me suis installé en Allemagne et en 2007, j’ai rempilé avec un master à la Media Art and Film de Cologne. C’est là que j’ai tourné « Zeitriss » et que je viens de terminer mon film de fin d’études, il y a deux semaines.

« Zeitriss » n’est pas un film classique. On pourrait le voir comme une réalisation hybride ou expérimentale. Comment as-tu conçu un tel film ?

C’est très difficile de répondre à cette question. Et c’est encore plus difficile de caser certaines œuvres dans des catégories. Je dirais que je ne fais pas trop attention aux conventions. Je fais juste ce en quoi je crois et ce que j’estime avoir une pertinence artistique.

Un des éléments les plus forts du film est le choix du cadre. Tu as coupé les têtes des personnages à l’image, ce qui rend ton film à la fois impersonnel et universel.

C’est vrai, c’est un choix personnel. En un sens, dès la première scène, chaque spectateur peut attribuer le visage de son choix aux deux personnages. D’une part, ça modifie, voire contraint l’identification directe avec la figure, mais de l’autre, ça la rend plus facile aussi. Bien sûr, le choix du cadre évoque aussi d’autres enjeux narratifs, comme les problèmes de communication, et les rôles respectifs dans la société. Mais pour moi, l’aspect le plus important c’est bien l’utilisation de l’hors-champs pour stimuler l’imagination.

Les plans sont très mixtes : ils sont réalistes stroboscopiques, en négatifs, surexposés ou encore sous-exposés. D’où vient ce choix d’une image aussi éclectique ?

Pour moi, le film a une grande unité, mais à chaque moment il adopte le type d’image dont la narration a besoin. Par exemple, dans le salon, l’image doit avoir l’air normale, démodée, comme dans un film classique, car elle sert à décrire la vie des personnages et ce qui en résultera. À l’inverse, lorsqu’il s’agit de la dissolution des personnages, de l’histoire, voire du film lui-même, j’ai choisi une image scintillante et stroboscopique, pour montrer la destruction de la structure temporelle.

zeitriss5

Cliquer sur l'image pour visionner un extrait du film

Et le sujet lui-même? On dirait que tu veux montrer l’immobilité, l’ennui et l’hypocrisie propres à une certaine classe sociale.

C’est compréhensible que certains spectateurs pensent à la même chose que toi. C’est une interprétation que je valide, et qui est peut-être même plus adéquate que la mienne. Je ne fais pas des films pour expliquer mon point de vue sur le monde ni pour le critiquer. Et je suis sûr que mon opinion n’a pas d’importance pour le film lui-même. En tout cas, pour moi cette classe sociale n’est que l’emballage, le contexte, la scène pour le film et son sujet. En général, personne ne mentionne les deux seules phrases du film prononcées par la femme : « Et maintenant… Ne me demande pas ce qui s’est passé. » Pour moi, c’est là que réside tout le message du film : le non-sens des décisions, l’impossibilité de reconnaître notre volonté, la perte de tout contrôle de soi, et la rupture subite avec son identité. Le film narre le moment où rien ne compte plus, le moment de la fêlure. Une femme bourgeoise et son mariage sont un bon exemple pour traiter de ce sujet, mais c’en est un parmi d’autres.

Parle-nous du travail sur la bande-son. Le film semble être entièrement porté par le rythme du tic-tac d’une horloge.

Pour le son, c’est plutôt évident. Chaque élément du paysage sonore est présent parce qu’il sert à la narration : tout d’abord le silence entre le couple, renforcé par le bruit méticuleux de chaque objet et de chaque geste. Ensuite, le fondu sonore de l’horloge et le vrai silence du vide. Et enfin, la furie et le chaos de la violence. Le son est extrême, mais le film l’est aussi. Il ennuie, il fascine, il fait mal. Peut-être que mon prochain film sera plus subtil !

Est-ce que ça a été difficile pour toi de trouver un financement pour un tel film? Est-ce que la forme du film a influencé la production?

Le film a été produit par la KHM, l’école où je fais mes études, j’ai également bénéficié d’une bourse du gouvernement catalan, mais le financement du film a surtout été privé. Ce n’est pas facile de trouver des moyens pour ce genre de projets.

Tu es à Paris pour présenter ton film et pour évoquer l’état du court métrage en Allemagne. Selon ton expérience, quelle est la situation des films indépendants là-bas ?

Je n’ai pas assez d’expérience pour parler de la situation actuelle, passée et future en Allemagne. En tout cas, il est bien connu que ce pays est un nœud important pour le cinéma indépendant. Il y a une grande tradition, beaucoup de fonds de soutiens et de système de diffusion en la matière. J’ai de la chance de pouvoir en faire partie.

zeitriss6

As-tu été tenté par l’idée de faire du cinéma en Espagne ? Comment se passent les choses là-bas par rapport à l’Allemagne en ce qui concerne le court ?

J’ai effectivement été tenté de faire des films en Catalogne, d’où je viens, et j’en ferai bientôt, j’espère. Quand j’ai quitté Barcelone, je ne connaissais pas très bien le milieu du cinéma et c’est toujours le cas. En Allemagne en revanche, j’ai commencé à produire des films, c’est donc ici que je me sens à l’aise et confiant par rapport aux possibilités. Idéalement, ce serait une bonne idée de viser des coproductions germano-catalanes.

Tu mentionnais au début ton film de fin d’études. À quel stade en es-tu ?

Je l’ai tourné il y a deux semaines. J’en suis au stade du montage et ça va assez vite, parce qu’il y a beaucoup de plans-séquences. La post-production et le montage son risquent par contre de prendre plus de temps. C’est une fiction de 45 minutes en noir et blanc, non dialoguée, avec deux récits parallèles. Elle traite de sujets comme la solitude, la perte du premier amour, le silence de Dieu et le Rhin. Pour le moment, le titre est « Galileos monde » (les Lunes de Galilée). J’espère pouvoir le présenter l’année prochaine et qu’il aura encore plus de succès que « Zeitriss » !

Propos recueillis par Katia Bayer et traduits par Adi Chesson

Article associé : la critique du film

Consulter la fiche technique du film

S comme Stardust

Fiche technique

Synopsis : Avec « Stardust », Nicolas Provost expérimente les frontières entre la fiction et le réel, et filme à Las Vegas un casting sauvage composé de Jack Nicholson, Dennis Hopper, Jon Voight et Danny Trejo.

Genre : Expérimental

Pays : Belgique

Année : 2010

Durée : 20′

Réalisation : Nicolas Provost

Image : Nicolas Provost

Montage : Nicolas Provost

Son : Nicolas Provost

Interprétation : Dennis Hopper, Jack Nicholson, Jon Voight, Danny Trejo

Post-Production : The Flemish Audiovisual Fund

Article associé : la critique du film

Silhouette, le palmarès 2010

palmares-silhouette

GRAND PRIX DU JURY SILHOUETTE 2010 : Lili Horvath pour « Sunstroke »

PRIX SPÉCIAL DU JURY : Claudia Varejão pour « Um dia frio »

MENTION SPÉCIALE DU JURY : Severin Fiala & Ulrike Putzer pour « Elefantenhaut »

MEILLEURE PHOTOGRAPHIE FRANÇAISE : Sarah Cunnigham pour « Birds Get Vertigo Too »

MEILLEURE INTERPRÉTATION : Franciska Töröcsik pour son rôle de Maja dans « Sunstroke »

COUP DE CŒUR WALLPAPER : « Um dia frio » de Claudia Varejão

PRIX DU JURY ÉTUDIANT : Angela Terrail & Soufiane Adel pour « Sur la tête de Bertha Boxcar »

MENTION SPECIALE DU JURY ETUDIANT : Lili Horvath pour « Sunstroke »

PRIX DU PUBLIC : Edouard Deluc pour « ¿Dónde está Kim Basinger ?« 

Festival Premiers Plans d’Angers, appel à candidatures

Vous pouvez soumettre votre film dans l’une des sections suivantes : premiers et seconds longs métrages (15), premiers courts métrages (20), films d’école (30) et films d’animation (20). La fiction, l’animation, les documentaires et les films expérimentaux (dans un panorama hors compétition «figures libres») sont acceptés dans ces différentes sections.

Pour inscrire un film, remplissez le formulaire en ligne (www.premiersplans.org) et envoyez un DVD à :

Festival Premiers Plans d’Angers, C/O C.S.T.
22-24, avenue de Saint-Ouen
75018 Paris

Retrouvez les informations pour inscrire vos films grâce à ces 3 liens.

Date limite d’envoi des films : 15 octobre. Aucun envoi en recommandé ne sera accepté.

EN. The 23rd edition of the Premiers Plans Film Festival will take place in Angers from the 21st to the 30th of January 2011. We would be very interested in viewing recent first and second feature films, first short films and student films produced in Europe in 2009 or 2010.

You can submit your film in one of the following sections: first and second feature films (15), first short films (20), student films (30) and animation films (20). Fiction, animation, documentary and experimental films (in a panorama « Free Style”, out of competition) are accepted.

If you wish to apply, please fill the application form online on our website (www.premiersplans.org/festival/en/index.php) and send a DVD to our office in Paris :

Festival Premiers Plans d’Angers, C/O C.S.T.
22-24, avenue de Saint-Ouen
FR-75018 Paris
France

Find out how to proceed to submit a film :

Deadline for the submissions : October 15th, 2010. Registered mails are not accepted (Only normal mails by post or express mails by courrier).

D comme Dounouia, la vie

Fiche technique

Synopsis : Modibo est un jeune malien de 16 ans, fraîchement arrivé en France à la faveur d’un regroupement familial. Il peine à comprendre le nouveau monde qui l’entoure.

Durée : 20’

Pays : France

Genre : Fiction

Année : 2009

Réalisation : Anthony Queré, Olivier Broudeur

Image : Fabrice Main

Son : Pablo Salaun

Montage : Julien Cadilhac

Production : Mezzanine Films

Interprétation : Modibo Dembele, Emilie Eliazord, Samy Teurbane, Yann Cardot, Ritchy Amaranthe, Zephyr Neff, Maud LeGarrec, Issa Boré, Chata Magassa, Hawa Nivoix-Traoré

Articles associés : la critique du film,  l’interview d’Anthony Quéré

Dounouia, la vie d’Olivier Broudeur et Anthony Quéré

« Dounouia, la vie », le second film d’Olivier Broudeur et Anthony Quéré, conte avec acuité l’histoire d’un jeune Malien apatride qui atterrit dans une cité française.

Exilé, Modibo peine à saisir le nouvel environnement auquel il est désormais confronté, et ce, malgré lui. Heureux dans le cocon familial, il ne dispose cependant pas des codes pour communiquer avec les autres de son âge. Le film plonge dans l’esprit de cet adolescent marqué par le départ de son Mali natal vers la France, un pays qui se présentait a priori comme une terre d’accueil mais où rapidement l’incompréhension s’est installée dans le parcours et le quotidien du jeune réfugié. Modibo tente alors d’imiter ceux qui l’entourent mais sans se faire comprendre. C’est par le biais de la danse traditionnelle du Mali, dans laquelle il excelle, qu’il trouvera un moyen de s’exprimer sans « trahir » sa personnalité ni sa culture. Au travers d’un battle de hip-hop, c’est bien plus que son corps qui s’exprime.

Le rapport à la danse et la description originale du mode de vie de la famille malienne permettent au film de dépasser les clichés attendus sur un tel sujet. Petit à petit, le spectateur avance ainsi avec Modibo sur le chemin balisé de l’immigration, indubitablement semé d’embûches, tout en évitant de sombrer dans le misérabilisme.

« Dounouia » réussit le délicat mélange de parcours initiatique et de fait social plus qu’actuel, à l’heure des débats sur l’identité nationale. Nous sommes ici dans une évocation de l’enfance, avec ses naïvetés, ses rêves et ses violences, plus que dans l’illustration d’une quelconque morale ou l’écueil de la critique politique.

Les réalisateurs, qui avaient décroché le Prix Spécial du Jury au Festival de Clermont-Ferrand en 2007 avec leur premier court métrage « Erémia Erèmia », y ont été à nouveau récompensés en 2010 pour « Dounouia, la vie ». En s’attaquant à un sujet plus sensible, celui du regroupement familial et de la difficulté pour un jeune immigré d’entrer en communication avec les autres, Anthony Quéré et Olivier Broudeur ont su mettre en lumière et en couleurs, avec intelligence et délicatesse de ton, ces oubliés de la République.

Certains films ont la faculté à nous faire ressentir en quelques minutes une atmosphère et un univers à la fois étrangers et familiers. « Dounouia » est bien de ceux-là !

Amandine Fournier

Consulter la fiche technique du film

Article associé :  l’interview d’Anthony Quéré

C comme The Cow Who Wanted to Be a Hamburger

Fiche technique

Synopsis : Hypnotisé par un panneau publicitaire, un veau rêve de devenir un hamburger et est prêt à tout pour y parvenir.

Réalisation : Bill Plympton

Genre : Animation

Durée : 5’50 »

Année : 2010

Pays : Etats-Unis

Graphisme : Bill Plympton

Storyboard : Bill Plympton

Décors : Bill Plympton

Animation : Bill Plympton

Layout : Bill Plympton

Caméra : Kerri Allegretta

Compositing : Kerri Allegretta

Musique : Corey A. Jackson, Nicole Renaud

Son : Corey A. Jackson

Montage : Biljana Labovic

Production : Plymptoons Studio

Distribution : SND Films

Articles associés : la critique du film, l’interview de Bill Plimpton

The Cow Who Wanted to Be a Hamburger de Bill Plympton

Malbouffe et servitude volontaire

Un nouveau film de Bill Plympton, c’est toujours un événement. Format Court s’est donc précipité au Festival Silhouette pour découvrir la dernière œuvre du plus charnel des cinéastes d’animation.

« The Cow Who Wanted to Be a Hamburger » nous amène dans une (très) verte prairie où une génisse tette le pis monstrueux de sa maman. Face à la prairie, une affiche rouge criarde fait la publicité du « Happy Burger ». Cette image de bonheur (le sourire d’un steak haché) et le passage du camion du fast-food auront raison d’elle : elle n’a plus qu’un but, devenir un hamburger. On reconnaîtra dans ce synopsis un thème récurrent chez Plympton : la nourriture et ceux qui la mangent (comprenez les Américains) et un goût immodéré pour la provocation (voir ou revoir « Santa, the fascist years »). Plympton aime appuyer là où ça fait mal, et pour ce faire, son style adopte des changements radicaux.

Finis les gris crayonnées ou les couleurs pastels, dans « The Cow… », le vert est vert, le rouge explose les yeux, les vaches sont bicolores, la 2D radicale (ouf !). Seul le conducteur du camion (seul humain du film) trahit une morphologie typiquement plymptonienne. Du reste, il s’agit d’un film graphiquement peu identifiable qui peut dérouter les habitués.

« The Cow… », c’est le discours de la servitude volontaire dans l’Oregon de son enfance. C’est Notre pain quotidien côté viande. La publicité rend idiot, le rêve américain ne consiste plus qu’à désirer ce que l’on est condamné à devenir : de la viande pour le broyeur. Notre héroïne s’entraîne comme un Rocky version sumo pour atteindre son but ? Ce sera la seule vache à aller à l’abattoir avec le sourire.

La séquence de l’abattoir n’est pas sans nous rappeler The Wall d’Alan Parker, et la révolte finale sera le triomphe de « l’humain » contre l’industrie, de la viande contre le consommateur.

À 64 ans, Bill Plympton nous prouve qu’il peut encore nous surprendre. Et si le hamburger du film vous sourit, vous ne devriez plus regarder le vôtre comme avant.

Thierry Lebas

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Bill Plympton

M comme Monsieur l’Abbé

Fiche technique

Synopsis : Des hommes et des femmes dans les années trente et quarante s’adressent à l’abbé Viollet pour lui poser des questions sur la sexualité et la morale religieuse.

Genre : Fiction

Durée : 35’

Pays : France

Année : 2010

Réalisation : Blandine Lenoir

Scénario : Blandine Lenoir

Image : Pénélope Pourriat

Interprétation : Margot Abascal, Marc Citti, Anaïs Demoustier, Nanou Garcia, Florence Loiret-Caille, Julien Bouanich, Jeanne Ferron…

Montage : Stéphanie Araud

Son : Domitri Haulet, Hubert Teissedre

Production : Local Films

Articles associés : la critique du film, l’interview de Blandine Lenoir

Monsieur l’Abbé de Blandine Lenoir

« Ceci est notre héritage »

Mercredi, le plus parisien des Festivals de courts métrages affichait Monsieur l’Abbé, le dernier né de Blandine Lenoir. Bien différent de ses précédents courts, celui-ci s’impose par sa mise en scène et son sujet peu catholique.

Le cinéma de Blandine Lenoir est avant tout un cinéma féminin. La femme dans la société contemporaine est un des thèmes récurrents des courts métrages de la cinéaste française. Avec Monsieur l’Abbé, la femme est toujours bien présente, mais elle est inscrite dans la hiérarchie du couple, elle-même dessinée par l’institution de Dieu. Inspiré du livre de Martine Sevegrand, l’Amour en toutes lettres, questions à l’abbé Viollet sur la sexualité (1924-1943), le film explore les pratiques et les connaissances d’hier en matière de sexe, et force est de constater qu’aujourd’hui, dans une société qui revendique la tolérance et la liberté sexuelles, le message de l’Eglise est obsolète. C’est dire que les contraintes des Catholiques n’ont quasi pas changé depuis des décennies.

C’est de façon très classique que la réalisatrice donne à voir les nombreux témoignages d’hommes et de femmes empreints au doute, à la peur, à la culpabilité. Les faces caméra renforcent la notion de dévoilement et de mise à nu de l’âme. Ces témoignages écrits initialement, prennent souvent la forme d’une confession à laquelle l’abbé Viollet se devait de répondre le plus chrétiennement possible, du moins, on l’imagine puisque seul les questions sont mises en scène. À l’austérité des plans fixes, répond la volupté d’un corps de femme, nu, filmé de très près. Une audace dans laquelle on reconnaît aisément la signature Lenoir mais celle qui aime grossir avec humour les travers absurdes de la société se montre ici tout à coup plus mordante et plus sérieuse aussi. Sans doute est-ce une manière de dénoncer l’hypocrisie planant autour des bonnes consciences qui ont construit le monde d’aujourd’hui à coup de « c’est bien » et « ce n’est pas bien ».

Avec ce film, la réalisatrice va encore plus loin dans son questionnement de la féminité, elle explore l’héritage de sa sexualité. Un héritage intimement lié à l’Eglise et à sa Morale bien rigide!

Marie Bergeret

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Blandine Lenoir

E comme Elefantenhaut

Fiche technique

elefantenhaut

Synopsis : Elfi, la quarantaine, habite à la campagne avec sa mère, une vieille femme invalide et étouffante. Son travail à l’usine ne la réjouit pas davantage. Mais lorsqu’elle rencontre Ricardo, un chanteur, elle décide de prendre sa vie en main…

Genre : Fiction

Pays : Autriche

Année : 2009

Durée : 34′

Réalisation : Ulrike Putzer, Severin Fiala

Scénario : Ulrike Putzer, Severin Fiala

Image : Harald Trainl

Montage : Ulrike Putzer, Severin Fiala

Son : Nikolaus Eckhard, Jakob Pretterhofer

Interprétation : Elfriede Schatz, Waltraute Bartel, Michael Thomas, Natalija Baranova, Oliver Rosskopf

Production : UFMDK

Article associé : la critique du film

Elefantenhaut (Peau d’éléphant) de Ulrike Putzer et Severin Fiala

Film de fin d’études du jeune duo de scénaristes autrichiens, Ulrike Putzer et Severin Fiala, « Elefantenhaut » est d’une maturité étonnante. Portrait captivant de la mélancolie banlieusarde, de la pudeur et du cynisme de la quarantaine ratée et des sentiments effleurés, ce court métrage touche par sa simplicité.

elefantenhaut2

Elfi travaille dans une imprimerie assourdissante et vit dans une HLM avec sa mère invalide, inexorable et possessive. Aussi réservée qu’elle soit, elle se laisse tenter par une proposition de sortie de ses jeunes collègues, pour se retrouver plaquée au lieu du rendez-vous. Les avances d’un crooner paumé la mettent face à un dilemme : vivre dans le moment ou vivre par ses principes.

Basant leur film sur un scénario soigneusement construit, Putzer et Fiala arrivent à une structure bien classique, avec une exposition, un développement et une fin bien définis. Le résultat est pourtant fluide, naturel et très crédible, grâce surement à l’économie et à la sobriété dont les réalisateurs font preuve. Les scènes d’exposition, par exemple, proches du documentaire social, laissent apercevoir sans commentaire explicite, des moments parlants de la vie quotidienne d’Elfi, et présentent ainsi son lieu de travail et ses relations avec les autres personnages, notamment sa mère et la jeune fille qui s’en occupe. L’image délibérément anti-glamour tournée en super 16 plonge le spectateur dans l’univers d’Elfi et sa banlieue viennoise, qui est en même temps universelle.

Le rythme de ce court est un autre élément important qui marque l’esthétique du film. Rythme de la vie, de l’ennui et des sentiments. La narration est portée par un jeu d’acteur soutenu, notamment de la part de Elfriede Schatz, qui interprète le rôle principal. Ses regards cyniques, ses gestes parfois gauches, les silences gênants, les gros plans de son visage et l’abondance de plans de dos transmettent la charge émotionnelle de son existence avec une pudeur très humaine. Sans jamais tomber dans la lourdeur ni le tragique, Putzer et Fiala réussissent à susciter l’empathie totale avec leur protagoniste à fleur de peau.

Adi Chesson

Consulter la fiche technique du film