Elefantenhaut (Peau d’éléphant) de Ulrike Putzer et Severin Fiala

Film de fin d’études du jeune duo de scénaristes autrichiens, Ulrike Putzer et Severin Fiala, « Elefantenhaut » est d’une maturité étonnante. Portrait captivant de la mélancolie banlieusarde, de la pudeur et du cynisme de la quarantaine ratée et des sentiments effleurés, ce court métrage touche par sa simplicité.

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Elfi travaille dans une imprimerie assourdissante et vit dans une HLM avec sa mère invalide, inexorable et possessive. Aussi réservée qu’elle soit, elle se laisse tenter par une proposition de sortie de ses jeunes collègues, pour se retrouver plaquée au lieu du rendez-vous. Les avances d’un crooner paumé la mettent face à un dilemme : vivre dans le moment ou vivre par ses principes.

Basant leur film sur un scénario soigneusement construit, Putzer et Fiala arrivent à une structure bien classique, avec une exposition, un développement et une fin bien définis. Le résultat est pourtant fluide, naturel et très crédible, grâce surement à l’économie et à la sobriété dont les réalisateurs font preuve. Les scènes d’exposition, par exemple, proches du documentaire social, laissent apercevoir sans commentaire explicite, des moments parlants de la vie quotidienne d’Elfi, et présentent ainsi son lieu de travail et ses relations avec les autres personnages, notamment sa mère et la jeune fille qui s’en occupe. L’image délibérément anti-glamour tournée en super 16 plonge le spectateur dans l’univers d’Elfi et sa banlieue viennoise, qui est en même temps universelle.

Le rythme de ce court est un autre élément important qui marque l’esthétique du film. Rythme de la vie, de l’ennui et des sentiments. La narration est portée par un jeu d’acteur soutenu, notamment de la part de Elfriede Schatz, qui interprète le rôle principal. Ses regards cyniques, ses gestes parfois gauches, les silences gênants, les gros plans de son visage et l’abondance de plans de dos transmettent la charge émotionnelle de son existence avec une pudeur très humaine. Sans jamais tomber dans la lourdeur ni le tragique, Putzer et Fiala réussissent à susciter l’empathie totale avec leur protagoniste à fleur de peau.

Adi Chesson

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