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C comme Chateau Belvedere

Fiche technique

Synopsis : Dans ce film noir, Arturo est un compositeur de musique qui n’a pas écrit une note depuis la mort de sa femme. Il vit retranché avec Anna, sa fille malade. Alors qu’il souhaite tenir la jeune femme à l’écart du monde, il est contraint d’accueillir un jeune agent en visite d’affaires.

Genre : Fiction

Durée : 27′

Pays : Etats-Unis

Année : 2010

Réalisation : Patryk Dawid Chlastawa

Scénario : Christopher Kloetzl, Patryk Dawid Chlastawa

Images : David Stragmeister

Montage : Luke Lynch

Son : Alan Porzio

Musique : Marek Zebrowski

Interprétation : Carrie Southworth, Endre Hules, Marc Chaiet

Production : Ecole : American Film Institute

Article associé : la critique du film

Chateau Belvédère de Patryk Dawid Chlastawa

Si certains courts métrages de Poitiers utilisent la musique de diverses manières, tel Mariejosephin Schneider qui se sert d’une partition de piano pour ouvrir et clore son film « Jessi », la musique est un des piliers de « Chateau Belvédère » de Patryk Dawid Chlastawa. Ainsi, le court est rythmé de toutes parts de partitions de piano, de morceaux de flûte, et de sonorités angoissantes.

Un compositeur de musique n’écrit plus aucune note depuis la mort de sa femme. Il vit retranché avec Anna, sa fille malade auprès de qui il passe toutes ses journées. Alors qu’il souhaite tenir la jeune femme à l’écart du monde, il se voit contraint d’accueillir un jeune agent en visite d’affaires, visite qui va semer malgré lui le trouble dans la maison familiale.

La musique joue ici un rôle primordial ; elle apporte une tension au sein de cette histoire dont le père souhaite préserver sa fille adulte du regard incommodant d’autrui et ne voit pas d’un bon œil la proximité d’un autre homme au sein de son foyer. Le malaise dans « Chateau Belvédère » s’installe tout en douceur à l’instar d’une scène, celle d’un appel téléphonique où la musique d’attente devient de plus en plus forte, prenant ainsi de plus en plus d’ampleur. En cela, l’intrigue ne contredit pas l’expression « chi va piano va sano ».

Devant ce film, on songera volontiers à l’atmosphère de David Lynch et on ne sera dès lors pas surpris d’apprendre que la musique de ce court a été composée par Marek Zebrowski qui a notamment travaillé avec Lynch sur son projet musical « Polish night music » et qui a été consultant sur « Inland Empire ».

Mais là où il n’est pas aisé de pousser les portes de l’univers « lynchéen », les éléments métaphoriques présents dans le film de Patryk Dawid Chlastawa se montrent littéralement à notre regard, enchâssés dans un récit énigmatique tenu d’une seule main. Le réalisateur filme avec soin l’ambiguïté et l’âme tragique de l’existence dans cette demeure. Son « Chateau » est un maelström de plans séquences d’un esthétisme fort travaillé où se multiplient les pistes de lecture, et sa mise en scène est délicieusement intrigante et inquiétante. Reste une impression de trouble poétique rendant ce court unique, noir, et magnifique.

Amandine Fournier

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Bruz, la sélection des courts métrages professionnels

Adieu Général, Luis Briceno
Allons-y ! Alonzo !, Camille Moulin-Dupré
Au bal des pendus, Johan Pollefoort
Le Bûcheron des Mots, Izù Troin
Chienne d’histoire, Serge Avédikian
Cul de bouteille, Jean-Claude Rozec
Deyrouth, Chloé Mazlo
Les Escargots de Joseph, Sophie Roze
Fard, David Alapont et Luis Briceno
La Femme à cordes, Vladimir Mavounia-Kouka
Hubert, l’homme aux bonbons, Marie Paccou
Je criais contre la vie. Ou pour elle, Vergine Keaton
Jean-François, Tom Haugomat et Bruno Mangyoku
Logorama, François Alaux , Hervé de Crécy et Ludovic Houplain
Love Patate, Gilles Cuvelier
Madagascar, carnet de voyage, Bastien Dubois
La Marche, Simon Rouby
Matière à rêver, Florence Miailhe
Mei Ling, Stéphanie Lansaque et François Leroy
Némasco, Jean-Louis Bompoint
L’Oiseau, Samuel Yal
Paix sur la terre, Christophe Gérard
Les Perdrix, Jean-Luc Greco et Catherine Buffat
Le Petit Dragon, Bruno Collet
Pixels, Patrick Jean
Rubika, Claire Baudean, Ludovic Habas, Mickaël Krebs, Julien Legay, Ma Chao, Florent Rousseau, Caroline Roux, Margaux Vaxelaire
Le sans-nom, Violaine Lecuyer
Stretching, François Vogel
The end, Rémi Verbraeken
Le Trésor de Thérèse, Cédric Villain
Une vie, Emmanuel Bellegarde
Vasco, Sébastien,Laudenbach
Les Ventres, Philippe Grammaticopoulos

Comité de sélection : Christophe Chauville, Frédéric Lavigne, Francis Gavelle, Erwan le Gal.

Bruz, les films de fin d’études retenus

L’ Appel de l’Abîme, Paul Gautier, A.T.I Paris VIII.
As-tu vu ?, Jean Bouthors, EMCA.
L’aventure dentaire, Tom Viguier, Ecole Emile Cohl.
L’Aveuglement, Marion Bricaud et Boris Labbe, EMCA.
Cadavres exquis, Laure Fatus et Adeline Dbassi, EMCA.
Le cerf-volant, Hélène Younous, Ecole Pivaut.
Chair amie, Pierre Adrien, Ecole Emile Cohl.
L’échappée, Marie Gourdain, ENSAD.
Georges, Gaëlle Lasne et Maxime Granger, EMCA.
L’Ile aux manteaux, Aline Faucoulanche, EMCA.
Je en jeu, Guillaume Bourrachot, La Poudrière.
Je suis amoureux, Louise Mendoche, EMCA.
Jeux pluriels, Nicolaï Troshinsky, La Poudrière.
Les yeux en ménage, Hector Dexet, La Poudrière.
Luz, Florian Le Priol, Ecole Pivaut.
Mémoires de chiffons, Marie-Pierre Hauwelle, La Poudrière.
Miracles, Dorian Gaudin, ENSAD.
Musique !, Geoffroy Moneyron, Institut Sainte Geneviève.
Parade, Pierre-Emmanuel Lyet, ENSAD.
Pas à pas, Emilie Tarascou, La Poudrière.
Rames Dames, Etienne Guiol, Ecole Emile Cohl.
Red Road, Jéro Yun, Le Fresnoy.
Le retour du roi, Julien Moinard, Ecole Pivaut.
Ru, Florentine Grelier, Université Paris VIII.
Sauvage, Paul Cabon, La Poudrière.
The Lighthouse Keeper, David François, Rony Hotin, Jérémie Moreau, Baptiste Rogron, Gaëlle Thierry, Maïlys Vallade, les Gobelins.
Troublantes Caresses, Jérémy Boulard, ENSAD.
Un tour de manège, Nicolas Athane, Brice Chevillard, Alexis Liddell, Françoise Losito, Mai Nguyen, les Gobelins.
Whale, Mi-Young Baek, EMCA.

Comité de sélection : Valérie Pirson, Annabel Sebag, Jean-Marie Demeyer.

N comme Nuit blanche

Fiche technique

Synopsis : Une oeuvre visuelle en noir et blanc où, le temps d’un instant furtif, deux inconnus se rapprochent brièvement dans un fantasme hyperréaliste.

Genre : Fiction, Expérimental

Durée : 4’40 »

Pays : Canada

Année : 2009

Réalisation : Arev Manoukian

Scénario : Arev Manoukian

Musique : Samuel Bisson

Effets spéciaux : Marc Andre Gray

Interpretation : Michael Coughlan, Megan Lindley

Image : Arev Manoukian

Montage : Arev Manoukian

Compositing, Animation : Marc-Andre Gray

Production : Spy Films

Article associé : la critique du film

Nuit blanche d’Arev Manoukian

Avec « Nuit blanche », le Canadien Arev Manoukian nous plonge droit dans un esthétisme pulsionnel teinté de l’hyperréalisme absolu. Présenté au festival du court métrage de Louvain dans la programmation Labo, ce court métrage déborde de romantisme et, le temps d’un regard, caresse les sens.

« Nuit blanche » retrace, dans un Paris des années 50, une brève rencontre imaginaire entre un homme et une femme dont les regards se croisent une nuit bruineuse. Un univers aussi expressionniste que celui du film noir, aussi solitaire que celui d’Edward Hopper et aussi monochrome que les clichés de Bernice Abbot. Sur fond d’une musique sensuelle et dramatique, le réalisateur use de la technique du Slow Motion pour étirer à souhait cet instant du type “l’amour fait bouger des montagnes” même si, en l’occurrence, l’amour fait briser du verre, éclabousser de l’eau et déraper des voitures, afin de réunir les deux inconnus.

Par sa durée et par l’unidimensionnalité de son idée, « Nuit blanche » aurait plutôt l’allure d’un clip vidéo ou d’une publicité : on pense d’emblée au clip de Nicholas Brandt pour la chanson “Stranger In Moscow” de Michael Jackson, mais aussi à la série de pubs pour les diamants DeBeers au début des années 90. Pourtant, ce court métrage se dote d’une dimension narrative qui dépasse le formel pur. Ce travail particulier, mais loin d’être unique, sur la temporalité répond parfaitement à l’expérience subjective de ce moment de désir vécu par les protagonistes. Ici, le procédé de l’image ralentie va au-delà de la simple esthétique car le temps interne s’externalise et devient le temps de la narration même. Illustration de l’image-temps deleuzienne avec la représentation du « temps en personne » à l’écran, alors que le jaillissement des gouttes d’eau, le verre de vin éclaté et les débris de verre de la vitrine du café constituent une véritable symphonie cristalline autour de cette aventure onirique.

Adi Chesson

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Angers : les films d’écoles & autres Plans animés en compétition

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Films d’écoles européens

12 Sketches on the Importance of Being Still de Magali Charrier Royaume-Uni 8’
Bam-Tchak de  Marie-Elsa Sgualdo Suisse 15’
Den Jednoho herce de Radim Filipec République Tchèque 30’
Earthbound de Sara Muzio Royaume-Uni 7’
Heinrich bringt die Kinder um halb drei d’Hanna Doose Allemagne 17’
Itt vagyok de Bálint Szimler Hongrie 37’
Ja već jesam sve ono što želim da imam Dane Komljen de Serbie-Montenegro 35’
Jessi Marie de Josephin Schneider Allemagne 33’
Jours de colère de Charles Redon France 22’
Kto by pomyślał? d’Ewa Borysewicz Pologne 11’
Little brother de Callum Cooper Royaume-Uni 7’
L’Oeil du paon de Gerlando Infuso Belgique 13’
Mak de Géraldine Zosso Suisse 18’
Pour toi je ferai bataille de Rachel Lang Belgique 21’
Spass mit Hase de Judith Zdesar Autriche 20’
Taulukauppiaat de Juho Kuosmanen Finlande 59’
Une partie de ping-pong d’Antonin Desse Suisse 17’
Unfinished Italy de Benoit Felici Italie 32’
Uşak Hesabı de Yusuf Emirdar Turquie 22’
Winter de Tessa Joosse France 8’
Žena d’Ondřej Fleislebr République Tchèque 10’
Zoe de Stefan Lengauer Allemagne 9’

Plans animés européens

Animal Kingdom de Nils Hedinger Suisse 4’
Caniche de Noémie Amrsily / Carl Roosens Belgique 16’
Chroniques de la poisse d’Osman Cerfon France 7’
Crossed Sild de Lea Vidaković / Ivana Bošnjak Norvège 12’
Extrospekcja de Stephanie Sergeant Pologne 4’
Il(s) tournent en rond de Boris Labbe France 2’
Jean-François de Tom Haugomat France 6’
Kieltiettyni d’Elli Vuorinen Finlande 4’
Laszlo de Nicolas Lemée France 3’
M’échapper de son regard de Chen Chen France 3’
Miramare de Michaela Müller Croatie/Suisse 8’
Moskito de Bravo A. Cuegniet / S. Sutter / P. Serrell / E. Chan Kam Shu France 4’
Mumkin Boukra de Thibaut Huchard France 5’
My Mother’s coat de Marie-Margaux Tsakiri-Scanatovits Royaume-Uni 6’
Noumeno de Lucia Di-Napoli France 14’
Old Fangs d’Adrien Merigeau Irlande 12’
Šarena laža de Miloš Tomić République Tchèque 4’
Self service de Silas Money Royaume-Uni 3’
Swimming Pool d’Alexandra Hetmerova République Tchèque 6’
Victoria, George, Edward & Thatcher de Callum Cooper Royaume-Uni 2’

Festival d’Angers : les courts français & européens sélectionnés

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Premiers courts métrages européens

Desire de Drew Pautz Royaume-Uni 18’
Lisboa-Provincia de Susana Nobre Portugal 20’
Nolya Murat de Cem Öztüfekçi France – Turquie 27’
Philipp de Fabian Möhrke Allemagne 39’
Siemiany de Philip James McGoldrick Pologne / Belgique 18’
Aprilis Suskhi de Tornike Bziava
The Shutdown d’Adam Stafford Royaume-Uni 10’
Tord and Tord de Niki Lindroth von Bahr Suède 11’

Premiers courts métrages français

Aglaée de Rudi Rosenberg 19’
Le Bel été de Catherine Paillé 30’
La Dame au chien de Damien Manivel 16’
Dans la jungle des villes de Stéphane Demoustier / Denis Eyriey 29’
Deyrouth de Chloé Mazlo 17’
Dr Nazi de Joan Chemla 15’
On ne mourra pas d’Amal Kateb 20’
Paris – Shanghai de Thomas Cailley 23’
La Passerelle de Juliette Soubrier 17’
La Petite sirène d’Adrien Beau 10’

K comme Kwa Heri Mandima

Fiche technique

Synopsis : A travers la redécouverte d’images d’archives longtemps conservées à Bordeaux chez mes grands parents, je raconte mon enfance passée à Mandima, un petit village du nord-est Zaïre où je suis né. En partant d’une photo panoramique du grand départ, j’observe et je repense à ces dix premières années de ce petit garçon qui doit, un beau jour, partir ailleurs pour la ville, pour le lycée. Derrière lui, il laisse ses amis et toute une culture. La vie, sa mentalité, ses codes seront à réapprendre.

Réalisation : Robert-Jan Lacombe

Scenario : Robert-Jan Lacombe

Genre : Documentaire

Durée : 10′

Année : 2010

Pays : Suisse

Image : Robert-Jan Lacombe

Montage : Robert-Jan Lacombe

Son : Robert-Jan Lacombe, Jérôme Cuendet

Production : École Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL)

Article associé : la critique du film

Kwa Heri Mandima de Robert-Jan Lacombe

Programmé dans la sélection Labo au festival de Louvain cette année, « Kwa Heri Mandima » (Goodbye Mandima), Pardino d’or à Locarno, frôle les genres du documentaire et de l’expérimental. Son auteur Robert-Jan Lacombe, encore étudiant à l’ECAL (Lausanne), dresse un portrait intime et poignant sur le thème du déracinement.

Le film de Lacombe repose sur une narration minimaliste. Son image est composée en grande partie d’une photographie d’un petit avion dans un champ zaïrois. Elle représente le moment du départ de la famille franco-hollandaise Lacombe, longtemps expatriée au Congo (alors Zaïre). À partir de cet ensemble, le cinéaste se focalise tour à tour sur des personnages, alors qu’un narrateur en voix-off décrit ce moment fatidique pour la famille sous forme d’un monologue dramatique du père de Lacombe adressé à son fils, ou de l’auteur lui-même en tant qu’adulte s’adressant à l’enfant qu’il était. Le scénario intimiste aborde les questions d’appartenance, d’identité et de différences culturelles entre les mondes auxquels le protagoniste appartient et, en même temps, n’appartient fatalement pas. Par ailleurs, en faisant allusion aux conflits politiques des années 90, Lacombe inscrit son récit personnel dans un cadre historique plus général. À ce propos, « Doulos Memories », une petite vidéo réalisée par Lacombe lors de son séjour sur le navire-bibliothèque MV Doulos, montre également cette sensibilité qui consiste à exprimer le personnel par le biais de l’universel et vice versa.

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La technique de Lacombe est aussi simple que puissante et rappelle les « photofilms » de Chris Marker. Des mouvements de caméra animent le sujet figé de « Kwa Heri Mandima » tel le trajet de la mémoire du réalisateur. En même temps, les propos rétrospectifs du narrateur font voyager le spectateur dans le temps à la fois de l’histoire et de l’Histoire. Le résultat est un film qui touche énormément par l’authenticité de son émotion. Rarement la question du déracinement culturel a été abordée et le travail sur la mémoire effectué avec autant de franchise et d’immédiateté. « Kwa Heri Mandima » est la quête d’identité d’un personnage pluriel, la mise à nu à peine déguisée d’un homme issu d’un père français et d’une mère hollandaise, né et élevé au Zaïre et reparti en tant que jeune adulte en France. De ce point de vue, ce film est comme un rite de passage pour l’auteur et témoigne de la nécessité chez lui de revisiter son passé pour mieux se connaître. Et, ce faisant, s’il parvient à démontrer sa maîtrise du médium c’est d’autant plus valorisant. Manifestement, Lacombe donne un nouveau sens au joli dicton Ex Africa semper aliquid novi (« Toujours quelque chose de nouveau en provenance d’Afrique »).

Adi Chesson

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Rencontres européennes du moyen métrage de Brive, ouverture des inscriptions

brive1Procédure d’inscription

1. Téléchargez le règlement du festival (en bas de page) et lisez-le attentivement (l’inscription requiert l’acceptation du règlement sans réserve)

2. Enregistrez votre film et votre inscription sur www.le-court.com

3. Envoyez votre film sur support DVD accompagné de la fiche générée par votre inscription en ligne (signature obligatoire) à l’adresse suivante:

SRF – Rencontres Européennes du moyen métrage

14 Rue Alexandre Parodi

75010 PARIS

Votre film doit impérativement être envoyé avant le 16 Février 2011 (cachet de la poste faisant foi). Tout envoi sans fiche d’inscription signée sera systématiquement rejeté.

Les films ne correspondant pas aux critères de sélection (voir règlement) seront systématiquement rejetés.

Vous pouvez inscrire plusieurs films en suivant la procédure sur le-court.com

Les résultats de la sélection seront communiqués par mail à partir du 15 Mars 2011.

Il est inutile de nous contacter par téléphone.

Bernard Payen : « C’est extrêmement important de faire en sorte que les films que nous sélectionnons, que nous portons, pour lesquels nous nous engageons, soient le plus possible diffusés »

Créateur du site Objectif Cinéma, responsable des publications à la La Cinémathèque Française et coordinateur de la sélection des courts métrages à la Semaine de la Critique, Bernard Payen cumule les mandats mais toujours au service des courts qu’il défend comme personne. Il était ce mois-ci aux festivals de Vendôme et Poitiers. Cyber rendez-vous pris.

La Semaine a pour vocation de révéler des jeunes cinéastes, de repérer des films fragiles et différents et de leur offrir de la visibilité à Cannes. Pourquoi remet-elle des prix de la Critique dans d’autres festivals ? De quelle manière se concrétisent ces prix ?

Petite nuance, ce n’est pas « la Semaine de la Critique » qui remet des prix, mais des représentants du Syndicat de la critique de cinéma qui remettent dans certains festivals des prix à des courts ou des longs métrages (selon les festivals), souvent à l’issue de délibérations en public (ce qui est assez singulier). Ces prix ne sont pas dotés mais sont l’occasion de mettre en avant à chaque fois un film de ces compétitions.

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Pour quelles raisons avez-vous noué des liens avec Poitiers ou Trouville ? Envisagez-vous de remettre des prix dans d’autres festivals ?

Ce sont deux liens très différents. Le prix remis à Trouville est purement honorifique, sans aucune conséquence, mais il est l’occasion de montrer au public du festival comment se déroule la délibération d’un jury (puisqu’elle se déroule en public). A Poitiers, le lien avec les Rencontres Henri Langlois est plus ancien d’une dizaine d’années. La délibération n’a pas lieu en public, les membres du jury de ce « prix découverte de la critique française » sont souvent des membres de la commission court métrage de la Semaine de la Critique (événement organisé par le syndicat de la critique de cinéma) et le film primé figure désormais sur le DVD regroupant tous les ans les films sélectionnés par la Semaine de la Critique. C’est une manière d’aider à la diffusion du court métrage.

Vous sélectionnez de temps à autre des films d’écoles. Comment fonctionnez-vous avec les autres sections, notamment la Cinéfondation, lorsque vous repérez des films intéressants pour la Semaine ?

Nous recevons bien évidemment nous aussi des films d’école. Nous nous parlons, avec les sélectionneurs de la Cinéfondation, pendant les processus de sélection, et nos programmations se complètent bien je pense, au final.

« Ahendu Nde Sapukai »

Etes-vous amenés à voir les films d’écoles des autres sections et à avoir envie de suivre les anciens étudiants sur leurs autres courts et premiers et deuxièmes longs ? Claire Burger, Marie Amachoukeli ou Pablo Lamar étaient dans d’autres sections, je crois, avant d’être invités à présenter leurs films à la Semaine.

Bien évidemment notre travail consiste aussi à repérer des jeunes talents dans les autres festivals, quels qu’ils soient, et à se tenir au courant des projets des cinéastes que nous apprécions. C’était le cas pour « C’est gratuit pour les filles » de Claire Burger et Marie Amachoukeli, que nous attendions, après avoir beaucoup aimé « Forbach » projeté à la Cinéfondation. En ce qui concerne Pablo Lamar, c’est bel et bien la Semaine de la Critique qui l’a révélé puisqu’aucun de ses films n’avaient été projeté dans des festivals avant mai 2008 et la programmation à Cannes de son film de fin d’école « Ahendu Nde Sapukai », dont la découverte reste pour ma part l’un de mes plus grands souvenirs de sélectionneur.

Les films d’animation représentent une bonne partie des courts sélectionnés. Est-ce que l’animation a réellement sa place à Cannes ? Pourquoi vous y intéressez-vous ?

L’animation a une place très importante à la Semaine de la Critique et nous avons je pense raison de nous intéresser quand nous voyons les Oscars que reçoivent ensuite certains d’entre eux (« Ryan », « Logorama »). Nous ne sommes donc pas seuls à les aimer ! Nous recevons chaque année beaucoup de films d’animation, certains sont réellement plus passionnants et plus audacieux que certains films de fiction. Ce qui explique leur sélection.

Pourquoi le documentaire est-il moins défendu à la Semaine ?

Il n’est pas très juste de dire cela cette année, quand on voit que le Grand Prix de la Semaine de la Critique est un long métrage documentaire : « Armadillo ». En ce qui concerne les courts métrages, nous n’avons pas trouvé ces dernières années de films « purement » documentaires de 15’ suffisamment forts et porteurs pour être sélectionnés. Pour les moyens métrages, c’est un peu la même raison, d’autant plus que nous en prenons vraiment très peu (trois maximum). Mais la frontière est souvent mince entre fiction et documentaire et si vous prenez « Berik », le film de Daniel Joseph Borgman qui a reçu cette année le Grand Prix du court métrage à la Semaine, vous constaterez qu’il appartient autant à l’un qu’à l’autre genre…

Vous voyez énormément de films et vous en prenez très peu. Comment fonctionnez-vous en interne ? Vous répartissez-vous les genres, les pays, pour vous diviser la tâche ? Devez-vous vous mettre tous les quatre d’accord pour prendre un film ?

Nous recevons un millier de films environ chaque année et nous en prenons dix. Entre février et avril, nous visionnons les films que nous recevons et nous constituons au fil des semaines une « short list » qui constituera le socle de notre délibération (même si rien n’est figé et que nous pouvons revenir à un film momentanément écarté). Nous essayons de faire en sorte que tous les films soient visionnés par tous les sélectionneurs mais ce n’est pas toujours facile pour des raisons de temps. Il est arrivé que nous ne soyons pas tous d’accord sur un film et qu’il soit quand même sélectionné. Il n’y a pas de règle.

Etes-vous particulièrement attentifs au travail des réalisateurs que vous avez déjà sélectionnés ?

Bien sûr. Nous restons en contact avec la plupart des réalisateurs sélectionnés les années précédentes.

Est-ce que l’édition des courts de la Semaine est un projet que vous souhaitez poursuivre ?

Oui, bien entendu. C’est extrêmement important de faire en sorte que les films que nous sélectionnons, que nous portons, pour lesquels nous nous engageons, soient le plus possible diffusés. Et le DVD est un support formidable pour cela.

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Vous venez de récompenser le film roumain “Les Lignes de la main” à Poitiers. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce film ? Est-ce que c’est un film que vous auriez pu retenir à la Semaine ?

C’est un très bon film à la fois très maîtrisé et très émouvant. C’est un film que nous aurions pu retenir à la Semaine. Mais la sélection des films est toujours affaire de contexte et de subjectivité : quels membres dans le comité de sélection ? Quels films avons-nous dans notre « short list » ? Les réponses à ces questions influent souvent sur le choix des films. Pour ma part, « Les lignes de la main » est un film qui avait déjà retenu mon attention dans d’autres festivals européens et qui a conquis également les deux autres membres de ce jury presse cette année.

Interview Internet réalisée par Katia Bayer

Articles associés : Semaine de la Critique : le court en DVD, La critique de « Palmele » (Les Lignes de la main) de George Chiper

Miramare de Michaela Müller

« Miramare » est un film d’école, de ceux réalisés pour un diplôme de fin de cursus (d’où sa présentation aux rencontres Henri Langlois). Michaela Müller, sa réalisatrice d’origine suisse, n’est pourtant pas une étudiante comme les autres. Plus de dix ans se sont écoulés entre son premier diplôme obtenu en 1998 à l’école d’art et de design de Luzern et celui obtenu à l’académie des Beaux Arts de Zagreb en 2009 où elle réalise « Miramare », son premier film.

Dès lors, on comprend mieux la maîtrise absolue de sa technique (la peinture sur verre) et la maturité qui en ressort. On pense bien sûr au maître incontesté du genre Georges Schwizgebel, suisse lui aussi, dont on ressent l’influence sans que la comparaison vienne pour autant diminuer la prouesse visuelle obtenue par la réalisatrice.

Le sujet choisi, celui du tourisme de masse confronté à l’immigration clandestine, surprend et réjouit tant il s’éloigne du principe de séduction. Michaela Müller traite son sujet comme sa peinture, sans lourdeur, par touches quasi abstraites. Les mauvaises langues diront qu’elle finit par le survoler mais cette distance apporte au film son caractère et son identité.

Atom Egoyan, juré de la Cinéfondation au dernier festival de Cannes ne s’y était pas trompé en déclarant ici même, sur Format Court que « Miramare » était  » un pur chef d’œuvre ». Depuis Cannes, le film a été projeté dans plus de 40 festivals et continue aujourd’hui sa course à travers les frontières européennes et internationales. Ce mois-ci, on le retrouve notamment à Poitiers, à Vendôme et aux Arcs.

Amaury Augé

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Appel à films balkans / Call for Balkan short films

Short Screens, une collaboration Format Court et Artatouille asbl, collabore à la programmation des courts métrages pour le festival Balkan Trafik qui se tiendra en avril 2011 au Bozar. Dans ce cadre, nous sommes à la recherche de courts métrages issus des Balkans. Envoyez-nous vos films avant le 28 février 2011 à l’adresse reprise ci-dessous !

Short Screens, a collaboration between Format Court and Artatouille.org, is organising short film screenings for the Balkan Trafik Festival in April 2011 in Brussels. We are looking for Balkan short films to consider for our selection. Send in your short films to the following address by the 28th of February 2011!

Marie Bergeret
287 chaussée de Boondael
1050 Brussels (Belgium)

Festival de Louvain, les prix, les films

Compétition européenne

Prix du Public: “Jacco’s Film” (Daan Bakker, Pays-Bas)

Prix du Jury: “The Coach” (Lars Kristian Mikkelsen, Denemarken) 
ex-æquo avec « Pour toi je ferai bataille » (Rachel Lang, Belgique)

Compétition flamande

Prix du Jury: “Paroles” (Gilles Coulier)

Prix pour le meilleur premier film: “St. James Infirmary” (Leni Huyghe) 
ex-æquo avec « Vijftien » (Samuel Fuller)

Prix du Public: “Het Bijzondere Leven van Rocky de Vlaeminck” (Kevin Meul)

Prix du Public pour le meilleur film d’animation: “Memée” (Evelyn Verschoore)

Prix du Jury pour le meilleur clip vidéo: “Wanderland” (Kristof Luyckx & Michèle Vanparys)

Humo Award 2010: “Alles Voor De Show” (Maarten Verhulst)

Henri Langlois, le 33ème palmarès

Grand Prix du Jury : A Lost and Found Box of Human Sensation de Martin Wallner et Stefan Leuchtenberg
University of Applied Sciences Ausburg – Allemagne

Prix Spécial du Jury : Siemiany de Philip James McGoldrick
RITS, Erasmus Hogeschool Brussel – Belgique

Prix de la Mise en Scène : Stuck on Christmas de Iulia Rugina
Universitatea Nationala de Arta Teatrala si Cinematografica – Roumanie

Prix du Scénario : Les Cendres de Daniel de Boris Kunz
Hochschule für Fernsehen und Film München – Allemagne

Prix Wallpaper Post : Chasse au canard de Rok Bicek
Univerza v Ljubljani, Akademija za Gledališèe Radio, Film in Televizijo – Slovénie

Prix Découverte de la Critique Française : Les Lignes de la main de George Chiper
Universitatea Nationala de Arta Teatrala si Cinematografica – Roumanie

Prix du Public : Mobile de Verena Fels
Filmakademie Baden-Württemberg – Allemagne

Prix du Jury étudiant : La Confession de Tanel Toom
National Film and Television School – Royaume-Uni

Prix Amnesty International France: Jours de colère de Charles Redon
La fémis – France

A comme About Socks and Love

Fiche technique

Synopsis : Alors que son mari part travailler, une femme découvre dans son nouveau foyer une armée de chaussettes carnivores cachées dans un sac plastique appartenant à son compagnon…

Genre : Animation

Durée : 7’

Pays : Slovaquie

Année : 2007

Réalisation : Michaela Čopíková

Scénario : Michaela Čopíková, Kataríná Uhrová

Animation : Michaela Čopíková

Montage : Richard Chomo

Son : Tobiáš Potočný

Musique : Martin Hasák

Production : FTF VSMU, Filmová a televízna fakulta Vysokej školy múzických umení Film and Television Faculty – Bratislava

Article associé : la critique du film

About Socks and Love de Michaela Čopíková

Programmé à Poitiers dans le cadre du focus accordé au cinéma d’Europe centrale, l’animation slovaque « About Socks and Love » de Michaela Čopíková est un clin d’œil amusant à ceux qui voient encore le couple comme un modèle d’équilibre indestructible.

Un homme, une femme, un amour, une envie soudaine ou mûrement réfléchie de vivre ensemble, de se sédentariser. Baluchon à l’épaule, ils s’en vont habiter un lieu, un espace qu’ils s’approprient. Et puis, très vite, la passion laisse place à l’habitude. L’homme se lasse, la femme l’enlace pour ne pas qu’il parte. En vain, les chaussettes voraces de monsieur, seule touche colorée à l’exception du grand lit rose, trouvées sous l’alcôve, prennent vie, se rebellent et combattent la motivation féroce de la femme de préserver son amour intact.

Allégorie originale de la vie à deux, le film raconte à la manière d’une fable moderne, les difficultés de continuer à s’aimer au jour le jour, années après années. De l’ébullition fiévreuse du début à la routine mécanique, du baiser fougueux à la tendre caresse. Quand ce que l’on croyait solide et éternel s’effrite et s’émiette petit à petit face à l’érosion inévitable du sentiment amoureux.

La bande son stylisée de « About Socks and Love » vient fort habilement compléter la ligne graphique de l’artiste, appuyant la thématique de la solitude. L’homme serait-il en définitive cet Ulysse aventurier et nomade incapable de se fixer  qu’attendrait une Pénélope fidèle et amoureuse ? Ou au contraire, serait-il ce martien inadapté à la planète Vénus ? Ou enfin, ne serait-il tout simplement plus apte à rester avec la même personne jusqu’à la fin de ses jours ? Loin de répondre aux questions, Čopíková soulève la problématique avec simplicité et fantaisie.

Marie Bergeret

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Ceci n’est pas un film

Vendredi 10 décembre 2010, entre deux séances de compétition potevines, Stephen Torton, membre du jury et assistant de Jean-Michel Basquiat à l’époque, présentait une séance spéciale dans un français teinté d’accent américain. « One Day on Crosby Street », document rare de 23′, tourné en 1982, projeté actuellement au Musée d’Art Moderne de Paris, montre le pionnier de l’art contemporain au travail, en pleine création, face à sa peinture.

L’histoire de ces images est assez étonnante, et Torton les recontextualise (« Tu ne peux rien dire sur Basquiat sans dire son contraire »). Pendant un mois, il a été l’assistant du jeune prodige à la réputation sulfureuse : il montait ses châssis, préparait ses cadres, le prenait en photo, jouait accessoirement le rôle de grand frère, trainait en discothèque et allait manger chez Warhol avec lui.

basquiat

En septembre 82, il débarque à Crosby Street (quartier de Soho), dans le loft de son boss âgé de 21 ans, avec une caméra de télévision et filme le graffeur en train de peindre plusieurs tableaux, Jawbone of An Ass, One Hundred Yen, One Million Yen et Napoleon. Pour l’occasion, Basquiat, clope au bec, arbore un pull marin à la Picasso tombant sur l’épaule. Une musique contemplative résonne dans l’atelier. (« S’il voulait speeder, c’était Ravel, si on voulait danser, c’était James Brown »). Basquiat semble faire abstraction de la caméra. Il tient son pinceau du bout des doigts, a le trait sûr, prend sa main comme modèle blanc sur fond rouge, peint vite, spontanément, sans passer par le médium de la pensée (« on a l’impression qu’il savait où il allait dans les tableaux »). La caméra le filme de dos en train de peindre, le résultat est d’ailleurs plus axé sur sa peinture et sur son travail que sur lui-même, rappelant « Le Mystère Picasso » de Clouzot.

Les images minimalistes de « One Day » sont brutes, non montées, sans mouvement de caméra, en plan fixe, telles qu’elles étaient en 82. Raison pour laquelle leur auteur considère que ce film est un non-film. Il n’empêche que les seules images qu’on ait aujourd’hui de Basquiat sont des clichés figés ou des interviews télévisées. Celles-ci montrent l’artiste au travail, dans l’action, le mouvement, l’intimité, l’effacement (« Un tableau ne pouvait pas être un compromis. Si quelque chose le gênait, il fallait l’effacer »).

À l’époque, Torton a filmé Basquiat sans but, pour immortaliser, fixer l’instant. Il n’avait jamais revisionné ces rushes jusqu’à ce qu’il les retrouve par hasard chez sa mère, sur une K7 sur laquelle étaient écrits les mots « À effacer ». Sauvé de justesse, ce portrait inédit a, 28 ans plus tard, une tout autre valeur, celle de trace, de mémoire. Une trace qui est curieusement mal mise en valeur au Musée d’Art moderne qui consacre pourtant une rétrospective à Basquiat : les images de « One Day on Crosby Street » sont projetées à l’extérieur de l’exposition, à proximité des… toilettes. « Le film est séparé des tableaux. Dommage, c’est un tableau vivant, il devrait être à côté d’eux, projeté comme une œuvre d’art », regrette son auteur.

Katia Bayer