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Nous trois de Annick Ghijzelings

En regardant « Nous trois », on ne peut s’empêcher de penser au cinéma d’avant-garde français des années 1920 ou même au réalisme poétique des années 1930, justement pour ce que ce documentaire a d’expérimental et de poétique. La politique n’est cependant pas l’objet de « Nous trois » mais les sentiments, l’amour, l’attachement, le détachement et, encore, les sentiments.

La voix-off sur laquelle le film se construit n’est, quant à elle, dans sa diction, pas sans rappeler la justesse de jeu dont fait preuve Françoise Lebrun dans une célèbre scène de l’un des derniers films de la Nouvelle Vague, « La Maman et la Putain » (Jean Eustache, 1973), quand Veronika expose à ses deux amours l’idée qu’elle se fait de la vie de couple. De plus, la thématique centrale de « Nous trois » est identique à celle de « La Maman et la Putain », et à bon nombre d’autres films de la Nouvelle Vague d’ailleurs : le triangle amoureux.

Les images pour leur part sont pures métaphores. On y voit trois barques dont l’une, celle du milieu – à la fois la figure centrale du récit et l’objet du désir de la narratrice – bien qu’amarrée, est portée par le courant, tangue, va et vient de l’une des deux barques voisines à l’autre, ou tente parfois de s’échapper vers le large, pour finalement revenir, inlassablement, à l’une, puis à l’autre.

Un avis est purement personnel. A chacun de faire l’expérience du visionnage de « Nous trois » pour trouver quelles émotions ou quels souvenirs le film réveille en lui. Dans tous les cas, cette expérience devrait se révéler positive.

Rémy Weber

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61ème Berlinale : les courts retenus

15 iulie, Cristi Iftime, Romania, 12’ (WP)

Apele Tac, Anca Miruna Lăzărescu, Germany/Romania, 31’ (WP)

Ashley/Amber, Rebecca R. Rojer, USA, 23’ (WP)

Återfödelsen, Hugo Lilja, Sweden, 28’ (IP)

Back by 6, Peter Connelly, Belgium, 28’ (WP)

Cleaning up the Studio, Christian Jankowski, Republic of Korea, 10’ (IP)

Erdö, György Mór Kárpáti, Hungary, 12’ (WP)

Fragen an meinen Vater, Konrad Mühe, Germany, 11’ (WP)

Green Crayons, Kazik Radwanski, Canada, 10’ (IP)

Heavy Heads, Helena Frank, Denmark, 8’ (WP)

La Calma, Fernando Vílchez Rodríguez, Peru, 20’ (WP)

La Ducha, Maria José San Martín, Chile, 10’ (IP)

PARANMANJANG, PARKing CHANce (PARK Chan-wook, PARK Chan-kyong), Republic of Korea, 33’ (IP)

Pera Berbangê, Arin İnan Arslan, Turkey, 15’ (WP)

Planet Z, Momoko Seto, France, 10’ (WP)

Pu-Seo-Jin Bam, Yang Hyo-joo, Republic of Korea, 23’ (IP)

Rao Yi Sheng, Alexej Tchernyi, Wu Zhi, Germany, 7’ (WP)

Scenes From The Suburbs, Spike Jonze, USA/Canada, 28’ (WP)

Sju dagar i skogen, Peter Larsson, Sweden, 6’ (IP)

Stick Climbing, Daniel Zimmermann, Austria/Switzerland, 14’ (IP)

Sudsanan, Pimpaka Towira, Thailand, 30’ (IP)

Susya, Dani Rosenberg, Yoav Gross, Israel/Palestinian Territories, 15’ (WP)

Świteź, Kamil Polak, Poland/Switzerland/France/Canada/Denmark, 21’ (WP)

Tomorrow Everything Will Be Alright, Akram Zaatari, Lebanon/Great Britain, 7’ (IP)

Woman Waiting, Antoine Bourges, Canada, 15’ (IP)

Consultez le site du festival.

A comme Amerikan Psyko

Fiche technique

Synopsis : Tourné avant l’élection de Barack Obama et filmé avec une petite caméra stylo durant un voyage improvisé, ce documentaire donne la parole à des Américains qui ont peur, qui doutent,qui prônent une Amérique forte, en bref, à une Amérique conservatrice.

Genre : Documentaire

Pays : France

Durée : 39′

Année : 2010

Réalisation : Çiva de Gandillac

Scénario : Çiva de Gandillac

Image : Çiva de Gandillac

Son : Çiva de Gandillac

Montage : Çiva de Gandillac

Production / Diffusion : Çiva de Gandillac

Article associé : Pointdoc : Parcours en terres réelles

C comme La Chambre cambodgienne, situations avec Antoine D’Agata

Fiche technique

Synopsis : Antoine D’Agata, photographe de Magnum, est à Phnom Penh (Cambodge) où son parcours artistique semble toucher un point extrême. Après avoir été fasciné par les paysages désolés et les réalités marginales, Antoine D’Agata se focalise dorénavant sur l’intimité des relations, toujours plus complexes, avec ses sujets. Le dernier horizon de ses images se limite au corps et à l’espace étroit d’une chambre. Ce film révèle les dessous de l’artiste et le choix, profond et solitaire, de vivre la limite comme prix à payer. Un parcours apocalyptique et sublime semblable à celui des artistes les plus hérétiques de la culture contemporaine, de Kerouac à Artaud, de Bacon à Pasolini.

Genre : Documentaire

Durée : 55′

Année : 2009

Pays : France, Italie

Réalisation : Tommaso Lusena De Sarmiento, Giuseppe Schillaci

Image : Tommaso Lusena De Sarmiento, Giuseppe Schillaci

Son : Sear Vissal

Montage : Tommaso Lusena De Sarmiento, Giuseppe Schillaci, Massimiliano Minissale

Production, Diffusion : DOWNTOWN PICTURES, Kolam productions

Article associé : Pointdoc : Parcours en terres réelles

Pointdoc : Parcours en terres réelles

A l’origine de l’idée de promouvoir et diffuser le documentaire sur la toile du virtuel, le Festival pointdoc qui pour sa première édition, offre une sélection des plus originales. Entre intimité et distance, entre reportage et cinéma, entre film sur l’autre et autoportrait filmé, l’approche du genre varie.

Filmer la réalité peut se révéler passionnant pour qui s’intéresse de près ou de loin à cet être étrange et particulier qu’est l’homme. L’homme morcelé en autant de portraits, de vies et de récits racontés au travers de dispositifs cinématographiques effleurant du bout de l’objectif la métaphore, l’allégorie ou encore le poème. Filmer la réalité pour répondre au désir de la transcender tout simplement.

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L’ailleurs

Souvent, l’ailleurs attire le documentariste explorateur un brin anthropologue, alors, il prend sa caméra et s’en va filmer cette autre réalité qui finalement, n’est pas si différente de la sienne. « Basse-cour » d’Adrien Camus a élu domicile au Sénégal, à Missirah où un directeur d’école s’enrichit sur le dos d’œuvres humanitaires françaises. L’intérêt de cette première création réside dans les questions que le protagoniste suscite par son comportement. Elle dévoile les fragilités de la relation humanitaire parfois taxée de néo colonialiste tant l’aide étrangère s’avère problématique tout comme elle met en lumière l’utopie égalitaire du dialogue Nord-Sud en éternelle construction. Muni d’une caméra non interventionniste, le premier film d’Adrien Camus fait sourire par une certaine fraîcheur de mise en scène, ce qui n’enlève en rien l’audace de son propos.

Le film d’Ingrid Vido, « Imperium », quant à lui, traite de l’exode européen, celui qui voit partir des jeunes de l’Est, remplis d’espoir vers un paradis illusoire et souvent artificiel. Une véritable ruée vers l’or qui a conduit Genia et Oksana, deux jeunes ukrainiennes, à dévoiler leurs charmes à Rzeszów, une petite ville de l’Est de la Pologne. Avec une mise en scène proche de la fiction, la réalisatrice signe un film captivant qui touche la sensibilité et l’engagement de chacun. Elle nous fait comprendre les raisons qui poussent la jeunesse à déserter son pays d’origine comme elle en délimite avec justesse les pièges et les contraintes. Parce que derrière les strasses et paillettes, se cache souvent l’énergie du désespoir.

Çiva de Gandillac livre dans son excellent « Amerikan Psyko » un portrait remarquable d’une Amérique conservatrice, celle qui ne croyait pas à l’élection d’Obama. Une Amérique fière de ses valeurs libérales et théistes. Ce sont autant de portraits riches et surprenants que le réalisateur a glané lors d’un voyage improvisé en terre outre-atlantique. Grâce à une caméra stylo, ultra légère et de petite taille, il arrive à l’essence même du cinéma direct qui est celui de montrer la réalité presque sur le vif, sans censure ni consensus. La brutalité du discours n’en demeure que plus révélatrice et authentique. Fidèle à l’école anglaise et au tandem Rouch et Morin, Gandillac donne à voir ce qui pourrait être sa « chronique d’un été américain ».

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Sans toi ni moi

En dehors des frontières physiques, les cinéastes aiment explorer l’intérieur de l’être et se servent de la caméra pour le connaître et l’apprivoiser. Ce qui en fait des œuvres qui mêlent intimement dispositif et discours, forme et contenu. Dans « La Chambre cambodgienne, situations avec Antoine D’Agata », Tommaso Lusena De Sarmiento et Giuseppe Schillac atteignent un degré d’intimité avec leur personnage tel qu’ils ne font plus qu’un avec lui. Plus aucune distance n’existe et le spectateur fait tout à coup partie prenante de ce huis clos étouffant et apocalyptique que sont ces quelques mètres carrés situés quelque part au bout (du bout) du monde. La notion d’enfermement (psychologique et artistique) y est traitée avec beaucoup de vérité, ce qui en fait une œuvre à part dans la sélection. Proches et différents, « Les Episodes » de Thomas Bartel et « La Pieuvre » de Laetitia Carton sont des films qui exposent la relation forte, intime et conflictuelle existante entre le cinéaste et son sujet. Entre dévoilement et thérapie, les films ont un réel point de vue qui nous permettent une prise de conscience et une ouverture sur une micro réalité.

Aussi, nombreuses créations documentaires présentées à Pointdoc nous proposent un voyage à travers le temps et l’espace, une odyssée homérique faite de belles rencontres (« Roule Toujours » de Murielle Lourenço et Anne-Sophie Plaine), de questionnements identitaires et d’envies d’exhumer le passé tout en interrogeant le présent et l’avenir (« Marie-France » de Arno Bitschy et « Vive l’indépendance du Texas » de Damien Faure).

Marie Bergeret

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B comme La Brûlure

Fiche technique

Synopsis : Hichem rêve de Harga depuis tout petit, il a tenté le grand voyage illicite pour l’europe sur ces bateaux de fortune. Lui et vingt-sept autres compagnons d’infortune. Seul Hichem est revenu.

Genre : Documentaire

Durée : 27′

Année : 2010

Pays : Tunisie, France

Réalisation : Leila Chaibi

Image : Leila Chaibi

Son : Julien Hecker, Moez Kodia

Montage : Leila Chaibi, Fairouz Feki

Production : Leila Chaibi

Diffusion : Leila Chaibi

Article associé : la critique du film

La Brûlure de Leila Chaïbi

Comment, La Brûlure, ce documentaire de Leila Chaïbi tourné en Tunisie, s’est-il retrouvé dans la programmation de Point Doc pile à l’heure où le pays filmé attire toute l’attention des journalistes, que ce soit ceux de la radio, de la télévision ou de la presse ? Hasard ? Anticipation ? Choix de dernière minute ?

Ce film date de 2009, mais l’essentiel est qu’il soit là, aujourd’hui, sur les pages du Festival. Son sujet n’est pas la « révolution démocratique » qui a éclaté il y a à peine une quinzaine de jours en Tunisie, mais plutôt les raisons qui l’ont provoquée. Cela a certainement bien plus d’intérêt que le martèlement parfois incompréhensible des médias.

Ce documentaire n’a pas la prétention de brasser toute la complexité de la situation sociale actuelle de la Tunisie, il n’ouvre qu’une fenêtre étroite sur celle-ci. Son sujet principal est plutôt celui de la « brûlure » (harga en arabe), cette expression qui, pour les Tunisiens, désigne le fait de brûler ses papiers pour quitter sa terre – dans des conditions qui, le plus souvent, présentent de dangereux risques – et gagner un ailleurs plus prometteur : l’Italie.

Le film s’ouvre sur un enterrement, puis suit l’interview de Hichem. Il nous raconte comment il a embarqué pour faire la harga, avec vingt-sept autres tunisiens, dont certains étaient des amis, et comment il est revenu, seul mais en vie, repêché dans la mer alors que tous ses compagnons de bord y sont restés.

D’autres Tunisiens nous éclairent ensuite sur les raisons qui les poussent à quitter le pays : la misère, le chômage, l’impossibilité de se projeter dans l’avenir, d’accéder à la propriété, de soigner les enfants et, surtout, l’impasse. C’est cette impasse dans laquelle leur pays les enferme qui les rends prêts à tout pour améliorer leur quotidien, pour le faire ressembler à celui des Italiens qui viennent passer leurs vacances au Maghreb, ou à celui de ceux étant parvenus à « brûler » tout en restant en vie.

Si tous sont conscients des risques, peu leur importent : ils affirment n’avoir rien à perdre. Certains gagnent 350 dinars par mois (environ 180 euros) et n’attendent qu’une chose : réunir les 1500 ou 2000 dinars qui leur permettront de s’offrir leur billet pour l’ailleurs, pour l’au-delà. Que cet au-delà puisse être celui de la mort, ils le savent, ils l’assument et ils le payent. C’est quitte ou double.

D’autres interviews nous rendent compte de la culpabilité des parents dont les enfants ont disparu avant d’atteindre l’autre côte. Quant aux enfants les plus jeunes, leurs perspectives lorsqu’ils regardent vers l’avenir sont parfois inquiétantes. Quoiqu’il en soit, ce documentaire propose une multiplicité de points de vue qui n’est, certes, pas exhaustive – aucun élu, ni aucun Italien n’est entendu – mais néanmoins édifiante. La réalisatrice donne en effet la parole à ceux qui ne l’ont que trop rarement, bien qu’ils soient les premiers concernés par les problèmes rencontrés dans le pays.

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Au niveau formel, les interviews nous sont livrées telles de réelles prises de parole. Chacune apporte un point de vue différent, mais chaque propos converge vers une même réalité : celle d’une situation bloquée. Aussi, les différents témoignages étant organisés en séquences distinctes, le film est entrecoupé par de courts passages illustratifs. Brillamment rythmés par un montage cut rapide, ces derniers offrent aux spectateurs de nombreux points de vue sur la vie dans le pays.

Les choses changent aujourd’hui en Tunisie, et en nous apprenant pourquoi certains sont prêts à risquer la « brûlure », à risquer la mort, ce film pose la base d’une réflexion utile à la construction d’un questionnement sensé sur les raisons qui font qu’aujourd’hui, certains vont jusqu’à s’immoler pour sortir le pays de l’impasse.

Rémy Weber

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R comme Recardo Muntean Rostas

Fiche technique

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Synopsis : Recardo, 7 ans, interface malgré lui, tisse des liens entre mondes; celui de ses parents,roms et le nôtre, dans la Bruxelles d’aujourd’hui.

Genre : Documentaire

Pays : Belgique

Année : 2010

Durée : 26′

Réalisateur : Stan Zambeaux

Scénario : Stan Zambeaux

Image : Stan Zambeaux

Son : Stan Zambeaux

Montage : Julien Larcanché

Musique : Gjovalin Nonaj

Production : IAD

Article associé : la critique du film

Recardo Muntean Rostas de Stan Zambeaux

Tu es déjà un homme mon fils

Parmi les films proposés ces jours-ci par le festival virtuel pointdoc, figure le portrait d’un enfant rom formidable, « Recardo Muntean Rostas ». Âgé de 7 ans, Recardo pétille, gribouille, aime le foot et fréquente l’école. C’est aussi un adulte immergé dans les difficultés financières et l’instabilité quotidienne qui fait office de trait d’union entre sa famille et les étrangers.

D’un côté, une famille rom, avec ses rites, sa spontanéité et ses airs d’accordéon, de l’autre, une Bruxelles grise, anonyme et impersonnelle. Entre les deux, un petit gars débrouillard, futé, et hilare. Malgré son jeune âge, Recardo endosse un rôle et une responsabilité importante dans le cercle familial, d’autant plus que son père ne peut plus assurer les revenus du foyer. Pourtant, Recardo reste encore et toujours un enfant avec ses jeux, ses émotions et son besoin cruel de contact avec les êtres de son âge et de sa taille.

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Filmé à hauteur de gosse, ce documentaire, le premier d’une trilogie sur l’enfance, suit avec humour, pudeur et humanité la réalité de ce petit mec, alternativement centre de l’attention et objet de rejet, faisant un incroyable apprentissage de la vie en dépit de ses jeunes années. La fraicheur de Recardo, sa vigueur, son toupet aussi rendent ce film tout à fait particulier et déjouent les stupides et nombreux clichés entourant une communauté plus que fragilisée.

En documentaire, on parle de distance et de respect avec et pour le sujet. Stan Zambeaux, le réalisateur de ce film – d’écoles, précisons-le – applique bel et bien ces deux idées : il se fait discret en étant témoin de l’intimité de cette famille, développe une belle relation de confiance avec eux et filme de loin les discussions mère-fils (qu’il ne traduit d’ailleurs pas toujours, les plans parlant d’eux-mêmes).

Par moments, ce film fait penser à une géniale fiction incrustée de visages hauts en couleur et de situations ultra réalistes. Pourtant, c’est la vie et les vraies gens que Zambeaux filme et c’est un regard plein d’amour et de respect qu’il porte sur le réel qu’il a choisi. Son film fait du bien, donne de l’espoir, et contrecarre une certaine actualité anti-rom. Les enfants sont les meilleurs porte-paroles du monde, ils ont leur mot à dire, leur personnalité à imposer et leur rôle à jouer. Recardo appartient lui aussi à ce groupe, le temps d’un film et peut-être même au-delà.

Katia Bayer

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Festival de Rotterdam 2011, les courts en compétition

Le 40ème festival de Rotterdam a lieu bientôt, du 26 janvier au 6 février, et les courts métrages en lice pour les Tiger Awards est connue. Trois prix seront remis par le jury composé de Tan Fiona, (Pays-Bas), Anocha Suwichakornpong (Thaïlande) et Thom Andersen (USA), le 31 janvier.

Films sélectionnés

* 1989 (Den gang jeg var fem år gammel) / 1989 (When I Was Five Years Old), Thor Ochsner, Danemark, 2010, 11’
* Slow Action, Ben Rivers, Royaume-Uni, 2011, 45’
* Players, Pilvi Takala, Finland, Pays-Bas, 2010, 8’
* Pastourelle, Nathaniel Dorsky, Etats-Unis, 2010, 16’
* I lupi / The Wolves, Alberto De Michele, Italie, 2011, 17’
* A Short Film About War, Jon Thomson, Alison Craighead, Royaume-Uni, 2010, 10’
* End Transmission, James T. Hong, Chen Yin-Ju, Taiwan, Pays-Bas, Allemagne, 2010, 17
* Lesser Apes, Emily Vey Duke & Cooper Battersby, Canada, 19
* Stardust, Nicolas Provost, Belgique, 2010, 20’
* These Hammers Don’t Hurt Us, Michael Robinson, Etats-Unis, 2010, 13’
* Maska, Brothers Quay, Pologne, 2010, 24’
* Khleb dlya pticy / Bread for Bird, Aleksandra Strelyanaya, Russie, 2010, 26’
* Beyond-ism, Sun Xun, Chine, 2010, 8
* Maria Theresia und ihre 16 Kinder / Maria Theresia and her 16 Children, Roland Rauschmeier & Ulu Braun, Autriche, Allemagne, 2010, 30’
* Versions, Oliver Laric, Duitsland, Corée du Nord, 2010, 9’
* Tse / Out, Roee Rosen, Israël, 2010, 34’
* Jan Villa, Natasha Mendonca, USA, Inde, 2010, 20’
* A History of Mutual Respect, Gabriel Abrantes, Daniel Schmidt, Portugal, 2010, 23’
* Home Movie, John Price, Canada, 2010, 27’
* Mercúrio / Mercury, Sandro Aguilar, Portugal, 2010, 18’
* After Empire, Herman Asselberghs, Belgique, 2011, 52’
* Lubaben, Eva Pervolovici, France, Roumanie, 2011, 30’
* Otolith III, The Otolith Group, Royaume-Uni, 2010, 49’
* The Story of Elfranko Wessels, Erik Moskowitz & Amanda Trager, Etats-Unis, Canada, 2011, 16’
* Mirages, Emanuel Licha, Canada, France, 2010, 19’
* It, Heat, Hit, Laure Prouvost, Royaume-Uni,, 2010, 6’
* Immortal Woman, Jakrawal Nilthamrong, Thaïlande, 2010, 9
* La dame au chien / The Lady with the Dog, Damien Manivel, France, 2010, 16’

Retrouvez prochainement notre focus consacré au festival

C comme Chink

Fiche technique

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Synopsis : En janvier 2009 nous rencontrons Hocine dans une friche artistique à la périphérie de Toulouse. A deux, apprentis et curieux de la surdité qu’il vivait nous décidons de faire un film, entre nous et lui, dans un endroit où nous pouvions communément le construire. Cet endroit nous l’avons cherché entre Arnehm, Toulouse, Paris et Strasbourg.

Genre : Documentaire

Durée : 22′

Pays : France

Année : 2010

Réalisation : Matthias Berger

Image : Matthias Berger

Son : Gregory Buchert, Jonathan Schall, Hélène Orth, Matthias Berger

Montage : Matthias Berger

Musique : Metacelse

Production : Matthias Berger

Article associé : la critique du film

Chink de Matthias Berger

Ce documentaire sélectionné à pointdoc suit les travaux d’un jeune artiste : Hocine. La particularité de ce dernier, celle qui a éveillé la curiosité du réalisateur Matthias Berger, est que, bien qu’étant danseur, Hocine est sourd-muet.

En s’intéressant à la surdité, Chink, revient sur un sujet qui, du moins en Grande-Bretagne, était cher au mouvement moderniste qui, dans les années 1950, a révolutionné le cinéma documentaire : le cinéma direct. En effet, déjà en 1954, pour Thursday’s Childern, Lindsay Anderson filmait la façon dont les enfants de l’Ecole Royale pour Sourds apprenaient à communiquer par la parole. En 1956, c’est Lorenza Mazzetti qui réalisait Together, l’histoire de deux adultes sourds-muets qui, en raison de leur handicap, se trouvent marginalisé spar leur entourage.

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Avec Chink, Matthias Berger retrouve donc l’enjeu cinématographique qui avait animé, plus tôt, Anderson et Mazzetti : un questionnement sur l’utilisation du son dans le cinéma moderne quand se présente la possibilité de recourir à une bande-son postsynchronisée, à une bande son enregistrée en direct, à des commentaires enregistrés en voix-off ou, bien sûr, au langage visuel pur qui a fait les chefs-d’œuvre du cinéma muet.

Il n’est pas question dans Chink de voix-off, encore moins d’interviews. C’est sur un mode non interventionniste que le réalisateur a choisi de capter la matière visuelle et sonore de son film. Ainsi, ce documentaire communique par les voix des personnes filmées, par leurs signes et, se destine aussi bien à un public malentendant qu’à un public ne connaissant pas le langage des signes, par les sous-titres. Quelques rares intertitres font toutefois office de commentaires.

L’un de ces intertitres nous dit : « Hocine, entouré d’amis sourds, rencontre compositeurs et musiciens dans la recherche d’un contact et d’une manière de rapprocher deux univers. » Ces deux univers sont, d’une part, celui sonore et, d’autre part, celui muet, le seul à être connu des sourds. Dans sa volonté de confondre ces deux univers, Hocine se met en scène. Avec un peu d’imposture, sur un fond sonore de mix électro, il entreprend une chorégraphie hip-hop. Cette chorégraphie est en fait son chant, un chant que seuls les initiés au langage des signes comprendront pleinement. Pourtant, en rappelant les pantomimes du cinéma muet, cette même chorégraphie confère au langage d’Hocine une dimension universelle. Dans la confusion, le handicap se dissout.

C’est aussi de cela que nous parle Chink : de la capacité des sourds-muets à communiquer au-delà des pollutions sonores, au-delà des obstacles qui filtrent les voix, et surtout, au-delà des frontières. Car, si Hocine ne connaît qu’une langue, celle-ci lui permet de se produire aussi bien en France qu’à l’étranger.

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Cliquer sur l'image pour voir le film dans son intégralité

Nous savons que Beethoven était presque sourd lorsqu’il a composé ses dernières symphonies. Hocine n’est pas Beethoven, il a toujours été sourd et n’a jamais appris le solfège. Il nous apprend néanmoins que s’il ne peut entendre la musique, il peut la sentir, par son corps, et la voir, à travers les ambiances qu’elle provoque. Le documentaire nous montre alors comment, sur cette base sensitive, Hocine conçoit son nouveau spectacle et, du même coup, repousse ses limites pour ouvrir les portes de l’expérimentation musicale.

En travaillant avec ses musiciens, Hocine cherche à transcoder des signes, non pas en mots, mais en sons. Il choisit aussi les registres musicaux qui illustrent le mieux l’histoire qu’il cherche à raconter. Il développe ainsi un langage musical, qu’il renforce par ses signes, lesquels le place en chef d’orchestre au milieu de son spectacle.

A travers ce documentaire, Matthias Berger parvient facilement à nous faire comprendre ce qui l’a séduit dans le personnage d’Hocine : la volonté, l’innovation, la différence, et plus certainement, l’aptitude à concevoir comme une force ce qui pourrait être considéré comme une faiblesse.

Rémy Weber

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Focus pointdoc

Bonne info pour le documentaire. Depuis quelques jours, le Festival pointdoc offre l’accès libre à une compétition de films documentaires d’auteur répartis en deux catégories, «Première création» et «Film jamais diffusé». Premier festival en ligne de films sur le réel, il offre un moyen de diffusion supplémentaire aux réalisateurs, contribue à la visibilité et à l’appréciation du genre et rapproche le public des créateurs par le biais de tchats proposés tous les soirs. Jusqu’au 30 janvier, trouvez donc le temps de visionner les vingt films sélectionnés sur le site www.festivalpointdoc.fr, participez au prix du public, et rencontrez virtuellement les auteurs des films mis à l’honneur.

Retrouvez dans ce focus :

Festival Pointdoc, les coups de cœur

La critique de « Nous trois » de Annick Ghijzelings (Belgique)

Le reportage Pointdoc : Parcours en terres réelles

La critique de « Brûlure » de Leila Chaïbi (France, Tunisie)

La critique de « Recardo Muntean Rostas » de Stan Zambeaux (Belgique)

La critique de « Chink » de Matthias Berger (France)

Prix France Télévisions, désignez votre court-métrage de l’année

Films en compétition

– J’aurai pu être une pute de Baya Kasmi

– Je pourrais être votre grand-mère de Bernard Tanguy

– Monsieur l’abbé de Blandine Lenoir

– Mendelssohn est sur le toît de Jean-Jacques Prunès

– Deyrouth de Chloé Mazlo

– Thermes de Banu Akseki

– Le Piano de Levon Minasian

– On ne mourra pas de Amal Kateb

Pour visionner les films et voter : http://www.lemonde.fr/cinema/visuel/2011/01/13/elisez-votre-court-metrage-favori_1465240_3476.html

Jan Švankmajer, le cinéma fait main

Né en 1934 à Prague, berceau de grand noms du cinéma d’animation comme Jiri Trinka ou Bratislav Pojar, Jan Švankmajer ne se considère pas comme un cinéaste d’animation. Peintre, sculpteur, « plasticien » (ce terme, pourtant d’usage, semble impropre à quelqu’un qui a passé sa vie à travailler la chair), il partage sa vie et son travail avec Eva, sa femme. Peintre talentueuse, elle est à la fois sa partenaire (certaines sculptures on été faites à quatre mains) et sa muse (la méchante reine d’Alice, c’est elle).

Lors de son passage au Forum des images en octobre 2010, Jan Švankmajer est catégorique : le numérique et la 3D, ce n’est pas fait pour lui. À 76 ans, après près d’une quarantaine de films, Švankmajer ne croit qu’en ce qu’il touche. Car Švankmajer est un cinéaste de la matière. Devant sa caméra, la glaise, le verre, le métal, la viande et le papier s’animent, image par image.

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En 1970, il intègre le groupe surréaliste de Prague. Profondément iconoclaste, ce groupe ne pourra travailler que dans la clandestinité pendant la période communiste. Les œuvres de Švankmajer ne sont pas directement politiques, même si, parfois, de par leur violence plastique et leur liberté de forme, elles dérangent la Tchécoslovaquie soviétique de l’époque.

C’est ce régime totalitaire qui lui donnera d’ailleurs sa plus grande obsession d’artiste et de cinéaste : la nourriture. Jugé trop maigre pendant l’adolescence, il est envoyé dans un centre ou l’on gavait littéralement les enfants. Ainsi, chez Švankmajer , les repas sont souvent une torture, que ce soit pour le mangeur ou pour la nourriture elle-même, les rôles pouvant parfois s’inverser.

Švankmajer n’est pas un cinéphile au sens stricte du terme, pour lui, le cinéma s’est arrêté à Murnau (mince… et s’il avait raison ?). Plusieurs cinéastes s’inspirent de son travail et le revendiquent. Du coup, quand il a devant lui Terry Gilliam, David Cronenberg, Peter Greenaway ou les frères Quay, c’est la première fois qu’il entend leur nom.

Jan Švankmajer est l’un des derniers cinémagiciens de sa génération. Un Méliès Tchèque qui utilise des tours, des subterfuges, vieux comme le cinéma. Et n’en déplaise à Tim Burton, cet homo faber tchèque a réalisé à ce jour la meilleure version d’Alice aux pays des merveilles de Lewis Caroll.

Thierry Lebas

Article associé : la critique des DVD de courts de Jan Švankmajer

Jan Švankmajer en DVD

Chalet Pointu propose dans son catalogue trois DVD non exhaustifs des courts-métrages de Jan Švankmajer. Présentés dans un ordre non chronologique, ils abordent un aspect particulier du travail du cinéaste tchèque. De l’animation classique au surréalisme en passant par les différentes recherches formelles, c’est l’occasion idéale d’aborder une œuvre plurielle et singulière.

Courts-métrages Volume 1

Ce premier DVD est une entrée en matière, un apéritif. Il comporte six courts-métrages recouvrant une période large de l’œuvre de Švankmajer, de Et Cetera (1967) à Obscurité-Lumière-Obscurité (1990). On y retrouve un panel de styles d’animation différents qui recouvre une bonne partie des talents du maître. Trois films sont essentiels :

– Obscurité-Lumière-Obscurité (1990)

Au commencement, il y a une main, puis deux… Dans le salon exigu d’une maison de poupée, les membres d’un corps en glaise se rencontrent et s’assemblent pour former un corps, le cerveau ne faisant qu’une entrée tardive dans la construction. On retrouve ici une torture du corps chère à l’auteur et un mélange de matière (glaise et morceaux de viandes tels que la cervelle ou la langue), l’homme ainsi reconstitué ne trouvant pas ainsi le bonheur.

– Les possibilités du dialogue (1982)

« L’un des meilleurs films de l’histoire du cinéma » selon Terry Gilliam. On y retrouve trois situations de dialogues entre des têtes ou des langues, du Arcimboldo revisité et torturé, des personnages qui se dévorent les uns les autres. Film somme des obsessions du cinéaste, Les possibilités du dialogue est un film phare, le plus connu et primé en festival dans l’œuvre foisonnante du cinéaste.

– L’appartement (1968)

Film réalisé l’année du printemps de Prague, il est le manifeste surréaliste de Švankmajer. On y voit un personnage (un acteur en chair et en os cette fois) dans un appartement récalcitrant où les murs sont mous, les œufs durs (mais alors vraiment durs !) et la soupe servie avec une cuillère trouée. Le noir et blanc n’est pas sans rappeler celui d’Un chien Andalou. Ce court offre un réel aperçu de la période strictement surréaliste de Švankmajer.

Courts-métrages Volume 2

Ce deuxième opus se focalise essentiellement sur les années 60 et s’attache à montrer que Švankmajer était surréaliste bien avant d’intégrer le mouvement en 1970 et ce, dès son premier film. Les titres de ce DVD sont moins connus, l’animation est parfois balbutiante. Nous pourrions appeler ce DVD « le laboratoire surréaliste de Jan Švankmajer » tant la forme est torturée, en perpétuelle évolution. Ces films sont aussi les plus sombres du cinéaste. Paradoxalement, ce sont aussi les plus humains. L’homme y trouve sa place en tant qu’acteur (une rareté chez Švankmajer), son rapport au monde est mis à mal par les objets, et des forces invisibles et incontrôlables, le parti communiste tchèque y est indirectement visé, ce qui entrainera pour Švankmajer une interdiction de tourner pendant sept ans. Trois exemples :

– Une semaine tranquille à la maison (1969)

Pendant une semaine, un homme s’introduit dans une maison pour observer ce qui s’y passe, et dans ce cas, cela dépasse l’entendement. Film sur le voyeurisme et la place du spectateur, Une semaine tranquille à la maison met en perspective le regard, (le nôtre ou celui de l’auteur) pour nous donner une vue imprenable sur son jardin secret et mettre à mal la position d’observateur et d’observé. Ce film peut être vu comme une métaphore de l’état stalinien qui observe l’art et les artistes, sans rien y comprendre, alors qu’en fait, c’est l’observateur lui même qui est l’objet d’étude, le centre de l’oeuvre.

– La fabrique de petits cercueils (1966)

Deux marionnettes se battent pour la possession d’un cochon d’inde (seul personnage de chair et de sang du film). Nous retrouvons ici les duels chers au réalisateur (même si cette fois, ce n’est pas pour de la nourriture) et le genre classique des marionnettes tchèques est détourné grâce à des gros plans de matière en mouvement propres au surréalisme. Film sur le désir de possession, La fabrique de petits cercueils pousse le duel jusqu’au bout, et seul l’objet de désir s’en sort indemne. Film prophétique, vous avez dit ?

– Le puits, la pendule et l’espoir (1983)

Film postérieur aux autres courts-métrages du DVD, il y a toute sa place de par la forme cinématographique adoptée. Il s’agit du film le plus angoissant de Svankmajer. Allégorie de la torture tournée entièrement en caméra subjective, le film entraîne dans un flot d’images jamais gore, mais souvent oppressantes. On peut voir ce film comme une continuation d’Une semaine tranquille à la maison tant il est question ici de la place du spectateur, cette fois au centre d’une torture visuelle et sonore dont il ne pourra évidemment pas sortir indemne.

Courts-métrages Volume 3

Ce troisième volume est un florilège de films allant de la commande (clip pour MTV et autres) à des film plus connus. Ce sont en général des films plus caractéristiques du style du Švankmajer que nous connaissons, des films peut-être moins formels, mais qui nous donnent à voir les prémices de son fameux Alice. Après les expériences parfois cauchemardesques du second DVD, nous entrons dans un monde à l’apparence plus sereine, mais toujours aussi torturé. La chair est mise à mal, les personnages se décomposent (quand ils ne se mangent pas), les régimes politiques s’anéantissent. A noter qu’en bonus, se trouve un extrait de l’émission « La nuit s’anime » consacré à Eva et Jan Švankmajer à l’occasion de leur exposition au musée-château d’Annecy. Une occasion de découvrir une autre facette de cet artiste.

Flora (1989)

Film consacré à l’une des obsessions de Švankmajer : la décomposition. Nous y voyons une femme faite de légumes, à la Arcimboldo, impuissante face au pouvoir du temps. Très court (moins de deux minutes) mais d’autant plus percutant, le film comporte lui aussi une violence faussement atténuée par le fait qu’au fond, ce ne sont que des légumes que nous voyons pourrir. L’animation de Flora, son anthropisation et la situation de huis clos donnent toute leur force à cette œuvre.

– La nourriture (1992)

Ce film est un triptyque à la manière des Possibilités du dialogue avec petit déjeuner, déjeuner et dîner. L’obsession de Švankmajer est ici poussée à son paroxysme. L’homme se retrouve tour à tour distributeur de nourriture, auto-cannibale et anthropophage. Nous sommes dans une espèce de Grande Bouffe à la violence démesurée dirigée vers la nourriture de l’autre et les objets. Manger est, dans ce film aussi, une façon de dialoguer. A regarder en dehors des repas.

La mort du Stalinisme en Bohème (1990)

Švankmajer règle ses comptes avec le stalinisme dans ce film aux références politiques variées (peu lisibles des néophytes) mais ceux qui rêvent de voir Staline se faire fendre la tête en deux seront ravis. Dans le film, les couleurs du drapeau tchèque envahissent peu à peu les objets du quotidien et les icônes du régime, les figures du parti sont mises à mal. Il s’agit du film ou Švankmajer traite de la politique de manière frontale et non métaphorique comme dans ses autres œuvres. On ressent réellement la joie libérée (et parfois sadique) du cinéaste.

Thierry Lebas

Article associé : Jan Švankmajer, le cinéma fait main

 

 

 

Focus Jan Švankmajer

Fin 2010, le Forum des images montre une rétrospective des films de Jan Švankmajer en sa présence et les éditions Chalet Pointu proposent trois DVD de ses courts-métrages. Il n’en fallait pas plus à Format Court pour revenir sur l’un des plus grands cinéastes d’animation qui soit. À moins que ce ne soit un des plus grands cinéastes, tout court.

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Retrouvez dans ce focus :

le portrait de Jan Švankmajer

la critique des 3 DVD de ses courts métrages

Festival Hors Pistes : l’édition 2011

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Du 21 janvier au 6 février 2011, se déroulera la 6ème édition du festival Hors Pistes, qui pose, au travers d’une programmation de moyens métrages, un regard sur la variété des formes que l’image prend aujourd’hui : projections, performances, installations, images en réseau ou images éphémères, projection mentale ou images en devenir.

La particularité de cette sélection est qu’elle ne se limite pas aux images artistiques mais y mêle des images scientifiques, télévisuelles ou encore des images d’amateurs. Cette ouverture des frontières décèle chaque année des influences, des orientations, des fractures et des tendances.

A travers une sélection de 40 films de 20 pays, Hors Pistes célèbre les récits déconstruits, les films hybrides et les narrations détournées aux démarches novatrices.

Au stade de l’art au Forum -1, Hors Pistes s’intéresse à un domaine étroitement lié à l’image contemporaine : le sport. Par le moyen de sculptures interactives, d’objets sonores, de programmes vidéos et de performances, il cristallise les gestes, les attitudes et les émotions du sport.

Retrouvez la programmation complète sur le site du festival.

Noces de cuir

Deux ans… Qui l’aurait cru ? Pas moi, pas vous, pas nous.

Format Court a deux ans. Ca se fête. Débouchez les bouteilles, faites péter les corsages, dénichez les bougies (“elles sont dans le tiroir”, dit un mec en slip. Merci, mec en slip).

Faire le bilan de ces deux années écoulées ne m’intéresse pas. Bien sûr, cela pourrait être tentant d’aller fouiller dans les souvenirs, de retrouver nos vielles têtes d’époque, de se remémorer ce fameux jour où un projet sur le court a osé voir le jour. Personnellement, je n’ai pas envie de cela. Si vous désirez savoir ce qui est arrivé, faites dérouler les éditos, faites jouer votre souris, faites défiler nos sujets. Après tout, ce site conserve ses archives. 1000 sujets publiés en deux ans, dont plus de 300 fiches techniques et près de 160 critiques, cela peut orienter les yeux.

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Je ne suis pas la meilleure amie des éditos, cela se sent dans leur rythme de parution. Un jour, lors d’un tel exercice, j’ai tenté d’être Ben, cet artiste aux petites phrases choc du genre “J’aime pas l’école”. Imiter les autres n’est pas chose facile. Combien de feuilles de papier ai-je usées ce jour-là pour illustrer plus que moyennement mon texte ? Mais après tout, c’est ça, Format Court : de la débrouille, de l’humour et beaucoup d’impro.

C’est sûr, nous ne savions pas que ce projet serait plus ambitieux que prévu et que le nombre de films et de festivals à chroniquer allait être plus qu’étourdissant. Tout ce que nous savions, c’était que le cinéma court avait peu de relais médiatiques sérieux et qu’un nouvel objet pouvait le servir, le promouvoir et lui prêter allégeance.

Alors, que dire en vérité à part merci ? Merci à ceux qui nous ont encouragés, qui nous ont soutenus dans notre démarche, qui nous ont dit de ne pas lâcher, qui nous ont invités en festival, qui nous ont remerciés pour nos articles, qui ont déposé des commentaires comme d’autres laissent des pétales sur leur passage.

À Marie, Adi, Sarah, Anne, Gwendoline et Désiré, les acharnés du début qui ont cru à la pertinence d’un site sur le court métrage et qui m’ont suivie dans cette belle mais difficile aventure, à Thierry, Amandine, Amaury, Mathieu, Nadia, ceux et celles qui ont embarqué en cours de route, à Charlotte, Rémy, Manuel, Julien, Cyrille qui viennent juste de se poser sur nos ailes fragiles : merci aussi.

Format Court réunit vos sensibilités, vos styles et vos personnalités. Il n’aurait pas été le même sans vous : il vous, il nous ressemble. Allez, court, Format, court.

Katia Bayer
Rédactrice en chef