Tous les articles par Katia Bayer

Brussels Film Festival : palmarès des courts métrages

La soirée de clôture de la 10è édition du Brussels Film Festival s’est tenue hier soir au Flagey. Découvrez les 3 heureux élus parmi les 12 courts métrages programmés :

Prix du meilleur court métrage (2.100 €) : A New Old Story de Antoine Cuypers (Belgique)

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Prix de l’UPCB (1.000 €) : Robyn O (14) de Cecilia Verheyden (Belgique)

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Cliquez pour voir l’extrait

Second meilleur court métrage (1.000 €) : Le Cri du Homard de Nicolas Guiot (Belgique)

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Palmarès & reprise des films primés du festival Côté court

Découvrez le palmarès du festival Côté court qui s’est terminé hier soir. Pour info, les films primés repassent ce soir, dans le cadre de quatre séances prévues. « Fais croquer » de Yassine Qnia, programmé lors de notre première séance Format Court et « La Maladie Blanche » de Christelle Lheureux, Prix Format Court au festival de Vendôme sont primés. Hip hip… !

19h00 – Programme A – Salle 1

– RODRI, Franco Lolli, 23′ – Prix du GNCR
– VILAINE FILLE MAUVAIS GARÇON , Justine Triet, 30′ – Prix de la Presse et Prix d’interprétation féminine pour Laetitia Dosch
CE QU’IL RESTERA DE NOUS, Vincent Macaigne, 41′ – Prix de la Jeunesse et Prix spécial du Jury

19h00 – Programme B – Salle 2

– ABCDEFGHIJKLMNOP(Q)RSTUVWXYZ, Valérie Mrejen et Bertrand Schefer, 5′ – Prix du Pavillon
– VISIBLE SHAPE, Jean Thévenin, 3′ – Mention spéciale du Jury Experimental
– GLUCOSE, Mihai Grecu et Thibault Gleize, 7′, Prix Arte creative
– JEUNESSES FRANÇAISES, Stéphane Castang, 19′ – Prix du GNCR et Mention spéciale du Prix du Public
– FAIS CROQUER, Yassine Qnia, 22′ – Prix du Public
LA MALADIE BLANCHE, Christelle Lheureux, 41′ – Grand Prix Côté court

21h00 – Programme C – Salle 1

– FAIS CROQUER, Yassine Qnia, 22′ – Prix du Public
– CE QU’IL RESTERA DE NOUS, Vincent Macaigne, 41′ – Prix de la Jeunesse et Prix spécial du Jury
– LA MALADIE BLANCHE, Christelle Lheureux, 41′ – Grand Prix Côté court

21h00 – Programme D – Salle 2

– SWEET VIKING, Salma Cheddadi, 30′ – Prix de la meilleure création musicale originale
– IL SE PEUT QUE LA BEAUTÉ AIT RENFORCÉ NOTRE RÉSOLUTION – MASAO ADACHI, Philippe Grandrieux – Grand Prix Expérimental – Essai – Art vidéo

Festival Court Métrange, appel à candidatures

Le Festival Court Métrange, festival international du court métrage insolite et fantastique dont la 9ème édition se déroulera à Rennes du 25 au 28 octobre, met en place pour la première fois un pitch dating les 25 et 26 octobre 2012 au Ciné TNB. Ce pitch dating s’adresse à tous les réalisateurs désireux de défendre leur projet de court métrage fantastique auprès de producteurs francophones. Chaque réalisateur aura 8 minutes pour défendre son projet auprès de dix producteurs francophones en entretien individuel.

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Comment participer ? Envoyez dès maintenant :

– Un synopsis
– Une note d’intention
– Une note de réalisation
– 1 ou 2 séquences storyboardées pour les films d’animation
– Une fiche technique complète, indiquant la durée du projet, le format de tournage, les collaborateurs et comédiens pressentis

Vous avez jusqu’au 30 juin 2012 pour envoyer vos candidatures à l’adresse suivante : courtmetrange@yahoo.ca

Règlement

– Respecter la thématique de l’étrange et du fantastique.
– Sont admis les courts métrages de fiction, d’animation et les documentaires.
– La durée ne doit pas excéder 20 min.
– 15 réalisateurs seront sélectionnés dont 10 résidant en Bretagne.

Le festival prendra en charge les repas et l’hébergement pendant deux jours. Il est à noter que pour les réalisateurs bretons, l’hébergement restera à leur charge. Chaque réalisateur pourra participer (selon les modalités communiquées ultérieurement) à une journée de formation au pitch organisée par Films en Bretagne le 25 octobre à l’espace rencontre du Ciné TNB.

Palmarès du 20ème Court en dit long

Le Centre Wallonie-Bruxelles à Paris a organisé le 20ème Festival Le Court en dit long, du 4 au 9 juin 2012 : 34 courts métrages (co)produits en Wallonie et à Bruxelles étaient en compétition. Le Festival a aussi présenté une large rétrospective consacrée aux 50 ans de l’INSAS (en six programmes) et une séance spéciale pour les 10 ans de la société de production Hélicotronc. Le Jury 2012 était composé de Marie-Pascale Osterrieth (auteur et réalisatrice), Marie-Eve de Grave (auteur et réalisatrice), Sabrina Leurquin (actrice), Mathias Gokalp (auteur et réalisateur) et Jonathan Demurger (acteur).

• Le Grand Prix Le Court en dit long : : Martin de Raphaël Parmentier (collectif Sauvage, sauvage – Liège).

• Le Prix du Scénario : Nicolas Guiot pour Le Cri du homard (Ultime Razzia, Hélicotronc, Offshore).

• Le Prix d’interprétation féminine : Christine Dargenton dans Christine d’Isabelle Schapira (IAD).

• Le Prix d’interprétation masculine : Pierre Nisse dans La Bête entre les murs de Cédric Bourgeois (Novak Productions et Cédric Bourgeois).

• Mention spéciale Mise en scène : Sac de nœuds d’Eve Duchemin (Stempel film).

• Mention spéciale : Vertige de Christophe Gautry et Mathieu Brisebras (La Boîte Productions, Les films du Nord).

• Mention Spéciale : Duo de volailles, sauce chasseur de Pascale Hecquet (Ambiances).

Autres Prix

• Le Prix du Public : Fable domestique d’Ann Sirot et Raphaël Balboni (FraKas Productions).

• Le Prix Cinécourts, décerné par CINE+ : L’Appel de Cécile Mavet (IAD).

• Le Prix Coup de Cœur Be-TV : Le Syndrome du cornichon de Géraldine Doignon (Hélicotronc).

• Le Prix Coup de Cœur RTBF : Le Cri du homard de Nicolas Guiot (Ultime Razzia, Hélicotronc, Offshore).

• Le Prix Coup de Cœur Critikat.com : Christine d’Isabelle Schapira (IAD).

Interview croisée. Jean-Baptiste Saurel, Franc Bruneau et Vanessa Guide autour de « La Bifle »

« La Bifle » , film décalé où il est question d’un règlement de compte à coups de « bites », réalisé par Jean-Baptiste Saurel et produit par Amaury Ovise, a connu sa première sélection à la 51ème Semaine de la Critique. À cette occasion, nous avions rencontré le réalisateur et ses deux comédiens principaux, Franc Bruneau et Vanessa Guide, sur la terrasse Nespresso du Festival de Cannes pour un entretien croisé, forcément « barré » et plein d’humour second degré.

Format Court : Jean-Baptiste, d’où te vient cette idée de réaliser un film de série Z autour d’un « coup de bite » ?

Jean-Baptiste Saurel : À la base, je ne voulais pas parler d’une bifle (ndlr : action de gifler avec son pénis). C’est venu après. Mais l’idée était plutôt de faire un film sur les vieux complexes masculins et sur les années un peu douloureuses de l’adolescence. Cependant, il a vite été question de faire ce film sur la bifle pour pouvoir rire de ces complexes lointains et aussi de s’amuser sur la vengeance de la « petite bite » contre la « grosse ». À partir de là, le film s’est organisé autour d’un personnage qui en a une « énorme », Ti-Kon et d’un autre, Francis, qui est complexé avec un climax qui voit ces deux personnages s’affronter, s’est imposée toute seule. Par conséquent, la bifle est vraiment venue servir l’histoire d’un personnage qui se replonge dans son passé et qui règle ses comptes avec les démons de son adolescence.

Comment t’est venu le choix de la série Z ? Tu affectionnes particulièrement ce Jean-Claude Van Damme ou bien tu regardais ce type de films étant jeune ?

J-B.S.  : C’est amusant puisque beaucoup de gens me parlent des références aux séries Z et m’évoquent également Jean-Claude Van Damme, même si je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir fait un film de série Z justement. Il est clair que le film est largement influencé par des films de ce genre car ça représente comme une grammaire pour moi, avec un vocabulaire qui me plaît, que je trouve plus ludique, plus frontal. Je trouve intéressant de raconter des histoires par ce biais-là, c’est beaucoup plus jubilatoire et plus efficace à mon goût. Après, j’ai aussi beaucoup pratiqué d’arts martiaux, j’adore les films de Kung Fu, etc… Je ne pense cependant pas forcément à Jean-Claude Van Damme mais certainement plus à Jackie Chan, Jet Li ou encore Stephen Chow. Par ailleurs, dans mon film, j’ai voulu distiller un peu de ces comédies américaines contemporaines avec des personnages de loosers un peu magnifiques qui ont plus ou moins peur de mettre les pieds dans le plat. Donc oui, il y a de la série Z, d’une certaine manière, mais surtout du film de genre pour son vocabulaire tranché et son aspect comique aussi.

Tu as directement pensé à Kazak pour produire ton film ?

J-B.S.  : En réalité, j’avais fait La fémis avec Amaury Ovise. On a suivi 4 ans de cours ensemble. Il s’était déjà occupé de la direction de production de mon travail de fin d’études. Et après, c’est naturellement qu’on s’est suivi après. On a mis pas mal de temps avant de mettre le doigt sur ce qu’on avait vraiment envie de faire, moi surtout et on a fini par faire « La Bifle ».

Quant aux comédiens, tu avais déjà pensé à eux ? Comment s’est effectué ton choix ?

J-B.S.  : Il y a eu un casting. Pour la petite histoire, j’ai fait beaucoup de gringue à Vincent Macaigne qui m’a complètement nié et je n’avais jamais vu Franc Bruneau. C’est un ami qui m’a parlé de lui. Après, le scénario lui a plu et ça m’a paru comme une évidence. En fait, pendant longtemps, j’ai cherché quelqu’un de plus âgé avant de me rendre compte qu’il fallait absolument que je prenne quelqu’un de ma génération. Et aujourd’hui, j’ignore comment j’ai pu penser à autre chose. Quant à Vanessa, c’est ma directrice de casting, tout simplement, qui me l’a conseillé. J’ai vu une photo d’elle, elle avait l’air super, puis il y a eu un casting et c’était vendu.

Par conséquent, tu ne les connaissais pas beaucoup. Mais le tournage s’est bien passé ? Tu aurais envie de travailler à nouveau avec eux ?

J-B.S.  : Oui, avec plaisir car ce sont des gens qui rentrent complètement dans mon univers et qui possèdent la même vision que moi du cinéma, c’est-à-dire hyper généreux et d’une grande confiance. Ils s’inscrivent dans ce que j’aime du cinéma. Vanessa est un personnage de comédie. Franc, aussi : il le porte indéniablement en lui, par sa voix, par son visage, par son regard…et par sa bite ! (rire)

Tout à l’heure, Jean-Baptiste, tu parlais de ton envie de travailler avec Vincent Macaigne. Et justement, Franc, on ne t’a jamais comparé à Vincent ? En effet, on peut penser à lui lorsqu’on voit tes différentes interprétations : ce côté un peu barré, paumé… Mais toi, comment te définis-tu ?

Franc Bruneau : Oui, ça a pu arriver qu’on compare mon travail à celui de Vincent Macaigne. Moi, je ne sais pas trop si je lui ressemble ou pas. Et je ne cherche pas à à ce qu’on me compare à lui. Je suis un peu lent, nonchalant, mais assez vif d’esprit. Par exemple, je comprends assez vite les scénarios qu’on m’envoie et j’ai rapidement une vision d’ensemble du film. Mais en général, il est vrai qu’on me propose souvent des rôles assez décalés parce que les gens ont l’impression que je suis décalé.

J-B.S.  : À côté de ça, il peut jouer une scène de Kung Fu et créer une belle dynamique sur ce film.

Vanessa et Franc, quelle a été votre première impression à la lecture du scénario ?

F.B.  : Moi, ça m’a foutu la « gaule » et j’ai eu envie de le faire direct (rires). Plus sérieusement, je me suis dit que jamais on ne me proposerait à nouveau un film comme ça. Je suis aussi admiratif de la nouvelle génération américaine qui a été lancée par Judd Apatow (ndlr : réalisateur, entre autres, de 40 ans, toujours puceau). Ces gens amènent quelque chose d’hyper frais à la comédie. Et en lisant le scénario de Jean-Baptiste, j’ai senti que c’était dans la même veine, mais avec une patte personnelle, propre à lui.

Vanessa Guide : Moi, j’adore les gens qui vont au bout de leurs idées, quels que soient leurs délires parce que je suis un peu comme ça aussi. Je n’ai pas non plus peur du ridicule et encore moins dans ce métier, dans la limite de la décence bien sûr. Je me suis donc dit que ce mec était génial et que je n’avais jamais lu un truc pareil. Pourtant, j’ai lu plusieurs scénarios de comédie dernièrement, que ce soit en court métrage, en long ou autres, et avec Jean-Baptiste, j’ai eu affaire à quelqu’un qui sort complètement des sentiers battus. En fait, il s’appuie sur des choses qui existent déjà mais en créant un objet vraiment à lui. Il possède un réel univers et au départ, je le voyais comme un ovni. J’avais envie de me lancer sous sa direction et j’ai vraiment voulu ce rôle.

Franc, tu t’es mis au Kung Fu pour pouvoir interpréter ce rôle et rentrer dans la peau du personnage ?

F.B.  : En réalité, on a fait pas mal d’entraînements de Kung Fu. On a répété à plusieurs reprises la chorégraphie.

Peut-on affirmer que c’est toi qui joues toutes les scènes, Kung-Fu et autres, qu’il n’y a aucune doublure ? On ressent tout de même la curiosité de te demander si c’est bien toi qui joue lors de la scène finale, du combat de bifle ?

F.B.  : Là, je pense qu’il ne faut pas répondre à ce genre de question… (rires)

V.G. : … Histoire de ne pas faire tomber le mythe…

F.B.  : …. De la petite bite (rires). De la bite normale finalement.

J-B.S. : Oui, parce que le vrai sujet du film c’est ça : typiquement, sa bite n’est pas petite, mais il la voit comme ça.

Vanessa, tu es à Cannes avec une autre actualité que celle de « La Bifle » puisque tu fais partie, cette année, des Talent Cannes Adami avec le film « La Marque des Champions » de Stéphane Kazandjian. Parle-nous de cette expérience.

V.G. : En réalité, pour intégrer les Talents Cannes Adami, on passe par une sélection : dans un premier temps, il faut avoir moins de 30 ans, puis envoyer un CV, une bande-démo, des photos et une lettre de motivation. Il y a plus de mille comédiens qui se présentent chaque année et entre nous, il faut avoir la chance d’avoir été déjà repéré auparavant pour avoir la chance de passer un casting. Quant aux films courts dans lesquels on joue, les réalisateurs ont déjà écrit un scénario autour d’un thème imposé (cette année, le sport) et ils contactent ensuite telle ou telle personne qui leur convient pour les rôles. J’ai par conséquent passé un casting pour les deux rôles féminins proposés dans le film pour lequel j’ai été appelée. Au final, j’ai été prise pour le rôle de « recruteuse de talent de football » que j’interprète. Enfin, la contrainte est de tourner le film en une seule journée.

J-B.S. : Si je peux me permettre, l’Adami a participé à « La Bifle ».

V.G. : Oui et grâce à ça, on a été hyper bien payé ! (rires)

J-B.S. : J’en ai été ravi et l’Adami s’est montré génial car il y avait beaucoup de travail à faire. Evidemment, Kazak a apporté énormément au film. En recevant l’Aide au programme, elle a su me faire confiance sur ce film. Concrètement, c’est un réel gage de confiance et une prise de risque de Kazak car soyons honnêtes : nous n’aurions jamais eu d’autres aides du CNC pour ce projet. Peut-être que pour mon prochain film, avec la réussite de « La Bifle », ce sera différent, mais en tout cas, l’Aide au programme a été le premier financement et sans ça, j’ignore comment on aurait fait.

En effet, on peut parler d’une réussite pour ce film puisque vous êtes là à Cannes, sélectionné à la Semaine de la Critique et c’est apparemment un des films les plus visionnés au Marché du Film. D’ailleurs, c’est votre première fois à Cannes pour tous les trois. Quelles sont vos impressions ?

J-B.S. : Faute de paraître cliché, c’est surtout l’énorme plaisir de pouvoir montrer le film. On a tourné en mars dernier et on a terminé il y a tout juste 14 jours. Tout est allé très vite en fait, sauf l’écriture qui a duré plus d’un an et demi. Après, Cannes est une super caisse de résonance et c’est cool de voir une comédie tranchée comme ça ici. Ça m’encourage clairement, ça me conforte dans un genre que j’ai envie de continuer d’explorer. L’alliance entre une comédie un peu série B et une sélection cannoise m’apporte beaucoup de fierté. Quant au festival lui-même, ce n’est que du plaisir.

V.G. : Moi, malheureusement, mon plaisir est un peu entaché par ma condition labiale (rires). Je suis évidemment un peu dégoutée puisque tout était réuni pour que ce soit génial : j’avais deux bonnes raisons d’être là, l’Adami et « La Bifle » , mais quelqu’un haut placé, en a décidé autrement.

F.B. : Tu verras que d’ici un an, en y repensant, tu te diras que c’était justement mieux avec la lèvre éclatée.

V.G. : Après, encore une fois, je n’ai pas peur du ridicule alors oui, j’ai monté les marches avec mon masque de chirurgien. Je pensais au moins passer dans Le petit journal ou au Zapping, mais même pas (rires).

Pour passer au Zapping, il aurait fallu apporter la fameuse « bite géante »…

J-B.S. : Il ne faut pas en parler comme quelque chose à part entière. Elle appartient à Thévada/ Ti-Kong. Il ne l’a juste pas sortie cette fois-ci, mais il y aura des projections à Paris où on le verra en pleine possession de ses moyens et où il pourra en parler.

Pour finir, quelles sont vos actualités respectives ?

V.G. : J’ai plusieurs courts métrages à venir, dont un avec Franc, réalisé par Bernard Tanguy.

J-B.S. : Moi, après le succès de « La Bifle » , je vais très vite avoir envie d’action ! J’ai un long-métrage que j’ai clairement en tête et je vais, par conséquent, m’y mettre dès cet été. Ça va me prendre pas mal de temps, mais j’aimerais bien avoir un court à tourner début 2013, voire fin 2012. J’ai encore plein de trucs assez drôles à raconter dans la continuité de ces personnages. Il est question de partir sur une trilogie « La Bifle »  qui permettrait de continuer d’explorer les méandres et les complexes masculins de façon drôle et vive (rires et cris de joie de Franc et Vanessa).

Propos recueillis par Camille Monin

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Article associé : la critique du film

Appel à projets. La Collection « Ecrire pour… » Présente Le Jeu des 7 familles

Cette année, la Collection Canal+ double la mise en vous proposant d’écrire un film non plus pour une, mais pour deux personnalités, qui se connaissent depuis toujours. Ils ont beau être pères et filles, frères et sœurs…Ils veulent composer à l’écran un duo original, et sans forcément de lien de parenté.

Les 4 premières familles sont :

– Dans la famille De Caunes, Antoine (père) et Emma (fille)

– Dans la famille Astier, Alexandre et Simon (frères)

– Dans la famille Girardot, Hyppolite (père) et Ana (fille)

– Dans la famille De La Baume (Singtank), Joséphine et Alexandre (frère et sœur)

…Et 3 autres familles à découvrir très prochainement…

Cette année, la Collection Canal+ double la mise en vous proposant d’écrire un film non plus pour une, mais pour deux personnalités, qui se connaissent depuis toujours. Ils ont beau être pères et filles, frères et sœurs…Ils veulent composer à l’écran un duo original, et sans forcément de lien de parenté.

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Découvrez leurs interviews sur le Blog des Programmes courts, sur la page Facebook de La Collection ou encore sur le site de Canal+ : ils y expriment leurs envies et les registres qu’ils souhaitent explorer. A vous d’écrire un court métrage (d’une durée maximum de 10 minutes), qui réponde à leurs désirs de comédiens, et corresponde à leurs disponibilités.

Cette nouvelle Collection est placée sous le signe du jeu : jeux de rôles, jeux d’inventions, jeux de pistes… à vous d’inventer la règle du jeu !

Amusez-vous avec tous les genres du cinéma pour la Collection des 7 familles ! Réalisateurs, producteurs, envoyez vos projets avant le 8 août 2012 en respectant les conditions requises. Chaque dossier doit impérativement être présenté par une société de production et inclure les pièces suivantes :

– CV du réalisateur,
– CV de la société de production,
– Une note d’intention de réalisation et de production,
– Un synopsis court, le scénario,
– Un devis prévisionnel,
– Les liens actifs des précédents films réalisés,
– Une lettre à destination du duo choisi.

L’ensemble du dossier doit être sous format PDF en un seul et même document et ne pas excéder 5 Mo à envoyer à l’adresse suivante : lacollection@canal-plus.com

Retrouvez ci-dessous la première interview, celle de la Famille De Caunes.

Rappel (sans piqûre) : la soirée Format Court a lieu ce jeudi. Franck Dion, Nicolas Guiot, Ülo Pikkov, Quentin Dupieux & Gerlando Infuso au programme !

Ce jeudi 14 juin, prenez le RER, décommandez Oncle Roger et défiez la pluie (armez-vous d’une ombrelle), pour assister à la quatrième et dernière soirée Format Court, avant la rentrée. A partir de 20h30, vous découvrirez un tout nouveau programme de cinq courts, en présence des équipes des films. Si vous les avez ratés à Cannes, à Annecy, à Bruxelles ou à Outsiplou, c’est l’occasion ou jamais de les voir sur grand écran.

Nous profitons de cette actu pour vous annoncer que plusieurs films programmés ont été récompensés ces derniers jours en festivals. Le cri du homard de Nicolas Guiot a remporté le Prix du Scénario et le Prix Coup de coeur RTBF (télévision belge) au Festival « Le court en dit long » à Paris, Edmond était un âne de Franck Dion a reçu le Best Canadian Short au Worldwide Short de Toronto et le Prix spécial du jury au festival d’Annecy tandis que Body Memory de Ülo Pikkov a bénéficié du Dragon d’argent du meilleur film d’animation au festival de Cracovie. Hip hip… !

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La Bifle de Jean-Baptiste Saurel

Tout commence par la définition du mot « bifler » signifiant gifler d’un coup de pénis. Ensuite, le film de Jean-Baptiste Saurel comporte pas moins de 39 fois la prononciation du mot « bite ». À partir de là, on est en droit de se demander effectivement ce que veut dire ce film aux allures un tant soit peu vulgaires voire pornographiques. Ne nous fions pas aux apparences car Jean-Baptiste Saurel nous propose un court-métrage absolument surprenant, un réel ovni que les programmateurs de la Semaine de la Critique ont récemment sélectionné pour sa 51ème édition.

Le pitch : Francis est patron d’un vidéoclub qui doit son succès aux films de Ti-Kong, star de kung-fu. Complexé par sa bite, il n’arrive pas à avouer ses sentiments à Sonia, son employée. Jean-Baptiste Saurel, avec ce film, avait une idée en tête : parler des complexes masculins vécus au moment cruel qu’est l’adolescence, concernant la taille du pénis. Mais réaliser un énième film un peu pathos sur le thème de l’adolescence n’intéressait pas le jeune réalisateur tout droit sorti de La fémis. Au contraire, sa patte à lui était de jouer de tout ça. Et apparemment, il a fait le bon choix puisque le film fait parler de lui et de cette « bite géante tueuse ».

Le réalisateur emprunte des références à plusieurs genres de la tradition cinématographique d’ici et d’ailleurs, de manière à créer finalement un film bien à lui. On notera tout d’abord un clin d’œil aux westerns avec cette image d’ouverture d’un désert digne du Colorado, accompagné de ralentis au moment des actions essentielles de sorte à augmenter la part de suspense et la musique de Manuel Peskine, aux tonalités d’un harmonica de cow-boy.

Là n’est pas la seule référence puisqu’on retrouve bien entendu des accents de série Z et autres films de Kung-Fu, dont la scène finale en est la meilleure démonstration avec des effets assez impressionnants (le combat d’art martial à coups de bites et de pieds entre Francis et Ti-Kong, de cris, de grimaces, etc). C’est sans rappeler à cet égard une légère ressemblance avec Kill Bill de Quentin Tarantino qui déjà, s’amusait en détournant de manière comique, des références aux films de Kung-Fu, et Pulp Fiction par le décor très tarantinesque de « La Bifle » (attention toute particulière pour le trampoline avec les moules imprimées).

Enfin, on n’oubliera certainement pas d’indiquer que Jean-Baptiste Saurel a su prendre exemple sur la nouvelle génération de réalisateurs de comédies américaines, tel Judd Apatow en démontrant que derrière les blockbusters outre-Atlantique, se cache une manière différente de traiter des thèmes plus sérieux, comme les complexes masculins justement. Le jeune homme a compris que le rire était certainement plus communicatif et permettait de pointer du doigt des tabous avec légèreté, surtout lorsqu’il s’agissait de sexualité ou de taille de pénis ! À ce propos, certaines répliques comme « Sa bite est comme un pont entre nos deux cultures » ou encore « Des fois, je bifle ma cuisse, mais je fais pas exprès », ne nous laisserons pas insensibles.

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Difficile de ne pas évoquer non plus la performance des deux comédiens principaux, Franc Bruneau et Vanessa Guide, ainsi que celle des trois comédiens interprétant les rôles secondaires (David Nuñes, Cyril Gueï et Thévada Dek) croyant tous au dicton « le ridicule ne tue pas » le temps du film et allant « jusqu’au bout » de ce délire. Franc Bruneau, dont on avait déjà remarqué la présence dans « Paris – Shanghai » ou encore dans « Cheveu », met tout son corps à l’œuvre pour interpréter le rôle de Francis, ce patron de vidéoclub, complexé par la petite taille de son pénis, avec toujours ce même côté mi-paumé, mi-comique qu’on lui connaît. Face à lui, Vanessa Guide interprète la pulpeuse Sonia qui ne pense qu’à une chose : découvrir de nouvelles sensations en participant au tournage du nouveau film avec Ti-Kong, acteur au sexe démesuré qui pratique la bifle.

Alors, si « La Bifle » ne remportera probablement pas beaucoup de récompenses puisque c’est souvent le triste destin des comédies en compétition, en tout cas dans les festivals français, le film a le pouvoir de faire rire et de faire parler de lui. Il prouve aussi une nouvelle fois que l’équipe derrière ce film, Kazak Productions, a toujours le goût du risque et peu froid aux yeux dans ses choix de productions.

Camille Monin

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Article associé : l’interview de Jean-Baptiste Saurel, Franc Bruneau et Vanessa Guide

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Fiche technique

Synopsis : Francis est patron d’un vidéoclub qui doit son succès aux films de Ti-Kong, star de kung-fu. Complexé par sa bite, il n’arrive pas à avouer ses sentiments à Sonia, son employée. Mais lorsqu’elle se voit offrir un rôle dans Evil Nurse -dernier opus de Ti-Kong- Francis n’a plus le choix… Il doit sauver Sonia d’un terrible danger : La Bifle.

Genre : Fiction

Durée : 25’30’’

Pays : France

Année : 2012

Réalisation : Jean-Baptiste Saurel

Scénario : Jean-Baptiste Saurel

Image : Julien Roux

Montage : Nicolas Desmaison

Son : Nicolas Waschkowski

Décors : Sidney Dubois

Musique : Manuel Peskine

Interprétation : Franc Bruneau, Vanessa Guide, David Nuñes, Cyril Gueï, Thévada Dek

Production : Kazak Productions

Articles associés : la critique du film, l’interview de Jean-Baptiste Saurel, Franc Bruneau et Vanessa Guide

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Fiche technique

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Synopsis : Au fil de leurs errances, quatre individus se croisent dans des lieux de passages. Peu à peu, aux échanges prudents des uns répondent les corps vibrants des autres, formant l’image de rencontres décisives.

Genre : Fiction

Durée : 22’

Pays : Belgique

Année : 2011

Réalisation : Antoine Cuypers

Scénario : Antoine Cuypers, Antoine Wauter

Interprètes : Arno Hintjens, Sophia Leboutte, Cédric eeckhout, Lucie Debay

Image : Manu Dacosse

Musique : Manuel Roland, Simon Thiérrée

Montage : Marc De Coster

Production : Entre Chien et loup

Article associé : la critique du film

A New Old Story d’Antoine Cuypers

In The Blood for Love

Lauréat du Prix des centres culturels à la 15ème édition du Brussels Short Film Festival, A New Old Story d’Antoine Cuypers est un film formellement audacieux et atypique qui s’affranchit agréablement de l’étiquette « cinéma social » trop rapidement donnée au cinéma belge.

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A New Old Story. L’histoire d’un amour fou qui mène au dépassement de soi, à la destruction des barrières conventionnelles, à la liberté tant convoitée, à la solitude aussi. Le court métrage de Cuypers est de cette trempe-là, du moins on aime à le voir ainsi. Non pour son contenu, somme toute assez banal (un homme retrouve son amour de jeunesse dans le café d’une gare) mais pour la rigueur formelle que le cinéaste s’est imposé dans une réinterprétation moderne et originale du plus commun des récits.

Entre clip et pub, le film s’incruste dans les pores dès les premières secondes où l’on assiste à une chorégraphie dans un bar désert, belle et sauvage. En un montage parallèle rythmé, le film passe rapidement en revue les différents protagonistes de ce court choral. Et on ressent nettement le besoin de chacun de s’exprimer, de crier, d’exploser. Le ton est donné.

Des solitudes qui s’entrecroisent, se reniflent, s’attirent. Quand l’une recherche le plaisir dans l’évanescence, l’autre désire graver ses empreintes violemment. Les mouvements de caméra et la musique  traduisent cette impossibilité de communiquer par la parole, cette nécessité de faire appel au corps et aux sens parce que plus rien n’a de sens. L’amour est un leurre, une jolie illusion à laquelle on s’attache malgré tout.

Face à une Sophia Leboutte convaincante comme à son habitude, on retrouve le charismatique chanteur Arno dans un rôle qui lui va comme un gant. Juste à tous moments, même dans ses maladresses langagières, le crooner flamand crève l’écran. Par sa grâce formelle, son rythme effréné et son montage saccadé, A New Old Story rentre inévitablement dans la cour des « Grands ».

Marie Bergeret

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Le 10ème Brussels Film Festival: soirée courts métrages le lundi 11 juin

Du 8 au 16 juin, le Brussels Film Festival traverse l’Europe pour ses 10 ans : il fera escale en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas, en France, en Espagne, en Italie, en Croatie, en Suisse, en Serbie, en Turquie. En Pologne et en Russie aussi. Au Danemark et en Suède encore.

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A côté des longs métrages, le Festival propose 12 courts métrages en compétition :

– Robyn O. (14)

– La Boîte de Sardines

A New Old Story

– Broeders/ Brothers

Cases ou « Je ne suis pas un monstre »

– Que la suite soit douce

– L’Attrape-Rêves

– Shelter

– Dancing

– Rivers Return

– Lucid

– Le cri du homard

Site du Festival : http://www.brff.be/

Sessiz-be deng (Silencieux) de Rezan Yeşilbaş

The Portrait of a Lady

C’était l’un des deux films que nous avions retenus à Cannes, parmi les courts métrages de la sélection officielle (l’autre étant « Night Shift » de Zia Mandviwalla).  « Sessiz-be deng (Silencieux) », Palme d’or du court métrage, nous vient de Turquie. Tout en pudeur, en silences et en échanges de regards, il évoque une situation politique forte vécue d’un point de vue personnel.

L’année 1984. Zeynep, une jeune mère de famille vit à Diyarbakir, la capitale de la région kurde de Turquie, avec ses trois enfants en bas âge. Elle souhaite rendre visite à son mari emprisonné, mais rencontre une difficulté majeure : elle ne connaît que sa langue maternelle, le kurde, et en prison celle-ci est strictement interdite, au profit de la seule langue officielle, le turc. Sans l’usage du kurde, Zeynep se trouve dans l’impossibilité de prononcer le moindre mot. Sa frustration augmente lorsqu’on lui interdit aussi de porter une nouvelle paire de chaussures pour son mari. Les règles sont strictes : aucun objet ne peut provenir de l’extérieur, lors des visites en prison. Zeynep, désespérée, achète pourtant une paire de chaussures en cuir avant de se rendre au parloir. Une fois sur place, mal à l’aise, elle attend son homme, lui sourit timidement, et lui dit avec des yeux humides ce qu’elle ne peut pas lui exprimer de sa bouche muette.

silence

Huseyin, son mari la regarde, lui sourit, est ému, lui aussi. Lui non plus ne parle pas la langue officielle. Il lâche une seule, une simple phrase : « Les-as tu apportées ? ». Elle n’a pas le temps de lui répondre qu’un surveillant aboie : « Parlez turc, parlez turc ». Sous la table, Zeynep et son mari se mettent alors à échanger discrètement et muettement leurs chaussures, lui récupérant une paire toute neuve et elle, des substituts en piteux état. Nouveau troc de regards. Et secret.

En premier lieu, devant un tel film, on pense à l’amour, au lien entre deux êtres, unis dans la peine (de prison, d’amour), à la souffrance et au courage d’une femme. En grattant un peu, en faisant intervenir Wikipédia, on découvre une histoire bien plus complexe, liée à des faits réels survenus à la même époque que celle à laquelle est censée se rapporter le film. Le réalisateur, dans son dossier de presse, va dans le même sens : « La prison de Diyarbakir est un symbole de la torture en milieu pénitencier de la période suivant le coup militaire de 1980. Mais au lieu de raconter l’intérieur de la prison, c’est-à-dire les détenus politiques, la torture ou les luttes de conviction, j’ai choisi de tourner ma camera vers les petites histoires quotidiennes des femmes au dehors; et vers leurs silence imposés car le kurde, seule langue qu’elles connaissaient, était à l’époque strictement interdite dans les prisons ».

La caméra de de Rezan Yeşilbaş ne lâche jamais, c’est vrai, cette femme du quotidien et du dehors. Que ce soit quand elle récupère, inquiète, son linge sous un ciel envahi d’avions, quand elle noue, avec concentration, son voile, quand elle marche, d’un pas pressé, dans les rues de Diyarbakir ou quand, anxieuse, elle attend son tour devant le parloir. L’espace d’un instant, pourtant, notre regard se détourne d’elle pour s’arrêter sur ces fameuses chaussures dissidentes qui, nettoyées et réparées par le cordonnier, sous l’œil attentif du fils aîné, sont ramenées précieusement à domicile. Traces, reliques, posées dans un coin de la maison, elles symbolisent une présence, celle de la figure du mari et du père absent.

Deuxième film d’une trilogie féminine initiée par le réalisateur, ce fragment de vie, imaginé près de 30 ans en arrière, interpelle par son sujet intime, son traitement pudique, son cadrage des visages (celui de l’actrice Belçim Bilgin attise la pellicule) et sa lumière très douce. A Cannes, le film a reçu la Palme d’Or des mains de Jean-Pierre Dardenne, Président du Jury des courts métrages et de la Cinéfondation, accompagné de Kylie Minogue citant Charlie Chaplin (ça change). Rezan Yeşilbaş, lui, a dédié son prix à « toutes les femmes seules et silencieuses de son pays ».

Katia Bayer

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S comme Sessiz-be deng (Silencieux)

Fiche technique

Synopsis : L’année 1984 à Diyarbakir. Zeynep, mère de trois enfants, veut visiter son mari en prison. Elle ne parle que kurde, sa langue maternelle, mais en prison, celle-ci est strictement interdite. Sans l’usage du turc, elle est dans l’impossibilité de prononcer même un seul mot. Sa frustration augmente lorsqu’on lui interdit aussi d’apporter une nouvelle paire de chaussure pour son mari.

Genre : Fiction

Durée : 14’

Pays : Turquie

Année : 2012

Réalisation : Rezan Yeşilbaş

Scénario : Rezan Yeşilbaş

Images : Türksoy Golebeyi

Décors : Tugba Atac

Son : Furkan Atli

Montage : Bugra Dedeoglu, Rezan Yeşilbaş

Interprétation : Belcim Bilgin, Cem Bender

Production : Rezan Yeşilbaş

Article associé : la critique du film

Annecy, le palmarès courts métrages 2012

Le festival d’animation Annecy s’est terminé hier. Bien belle surprise que de voir « Tram » de Michaela Pavlátová, repéré à Cannes, remporter le Cristal d’Annecy et le Prix FIPRESCI (critique internationale) et « Edmond était un âne » de Franck Dion, programmé dans notre prochaine séance Format Court, obtenir le Prix spécial du jury. Voici le palmarès entier, côté court.

Le Cristal d’Annecy & le Prix Fipresci de la critique internationale : Tram de Michaela Pavlátová, France

Prix spécial du jury : Edmond était un âne de Franck Dion, France, Canada

Prix « Jean-Luc Xiberras » de la première œuvre : The People Who Never Stop de Florian Piento, France, Japon

Mention spéciale : Seven Minutes in the Warsaw Ghetto de Johan Oettinger, Danemark

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Prix Sacem de la musique originale : Modern No. 2 de Mirai Mizue, Japon

Prix du jury junior pour un court métrage : História d’Este de Pascual Pérez, Espagne

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C comme 15 Iulie

Fiche technique

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Synopsis : Un après-midi en famille. Le père fait des réparations dans la salle de bain, la grand-mère regarde la télé, le gendre veut partir et la fille se retrouve au milieu.

Genre : fiction

Durée : 12’

Pays : Roumanie

Année : 2011

Réalisation : Cristi Iftime

Scénario : Anca Buja , Cristi Iftime

Interprètes : Lorena Zabrautanu, Coca Bloos, Adrian Titieni, Lucian Iftime

Image : George Chiper-Lilemark

Son : Ioan Filip, Alexandru Radu

Montage : Dragos Dulea

Production : UNATC « I.L.Caragiale »

Article associé : la critique du film

15 Iulie de Cristi Iftime

« Le temps prend son temps »

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De passage à Brasov, une jeune femme, accompagnée de son petit ami, rend visite à son père le jour de son anniversaire. Ils n’ont que quinze minutes devant eux car la mère les attend pour dîner. Seulement voilà que le père vient de faire des travaux et se trouve sale. Il s’en va prendre une douche laissant sa fille et son copain attendre avec la grand-mère. Assis tous les trois devant la télévision, les deux jeunes font mine de patience. Mais sitôt le père sorti de la salle de bain, il est déjà temps pour le couple de repartir. Au résultat, une scène qui n’a pas lieu, ou plutôt un lieu qui n’a pas de scène.

Ce qu’on retrouve souvent dans la vague des nouveaux films roumains, c’est leur attention au temps. Ils ne sont ni dans le passé, ni dans la projection mais dans une recherche de ce qu’est le présent. Ils mettent l’accent, de manière très particulière, sur le fait de filmer des temps différents qui se frôlent les uns aux autres, comme des courbes d’une figure fractale. « 15 iulie » est un film qui se passe pendant le temps que se passe l’histoire, c’est-à-dire : le temps d’une douche. Car, bien qu’il y ait des ellipses, on est bien là à attendre que cette douche se termine. Cristi Iftime, le réalisateur, s’intéresse à cette attente en ce qu’elle permet de voir se révéler le temps même de l’attente. Cette durée qui apparaît, ce sont les rapports familiaux non pas en termes de psychologie, mais plutôt en termes de physique : la fille qui aime son père ne peut pas le rejoindre dans son temps, et lui ne sait plus de quel temps vient sa fille (il est aussi question d’Est et d’Ouest dans cette histoire). Car cette fille, encore sans contrat d’embauche et habitant la capitale est trop prise par le temps des autres : celui du copain, celui de la mère, celui du père et ses projections. Entre elle et son père, il y a un amour si proche mais des temps si éloignés.

Un très beau plan montre la jeune femme en train d’attendre son père devant la porte de la salle de bain tandis que la grand-mère, hors champ, cause avec le père, lui aussi hors du cadre, laissant la fille muette, au centre. Ce qui est encore plus beau dans « 15 iulie », c’est la place de la caméra qui permet de voir ce qu’il y a entre les personnages, ce décalage des temps qui divergent. Et tandis qu’ils subissent la lourdeur du temps, nous, grâce à la mise en scène sobre et discrète du cinéaste, nous pouvons voir non seulement le sentiment, mais l’idée historique qui découle de ce temps.

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Croq’Anime, appel à film

Croq’Anime, le Rendez-vous du Film d’Animation de Paris prépare la 5ème édition de son Festival qui aura lieu les 7, 8 et 9 septembre 2012 à Paris. Vous pouvez d’ores et déjà envoyer vos films soit par internet en HD soit par courrier postal (pas en recommandé) à l’adresse suivante : 2 rue Boyer – 75020 Paris. Pour participer au Festival, vous devez remplir une fiche d’inscription et une déclaration sur l’honneur que vous renverrez par courrier, datées et signées à Croq’Anime.

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Conditions

– Toutes techniques.

– Pas d’années ni de thème imposés.

– Court-métrage d’une durée de 1 à 12 minutes maximum

Limite d’envois : 30 juin 2012

Plus de renseignements sur www.croqanime.org ou au +33 1 43 15 02 24.

T comme Tania

Fiche technique

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Synopsis : Dans une petite cité, Tania, 16 ans, se tient cachée, un marteau à la main. Elle observe un groupe de jeunes.

Genre : Fiction

Durée : 20’20’’

Pays : France

Année : 2011

Réalisation : Giovanni Sportiello

Scénario : Giovanni Sportiello

Interprétation : Claire De la rue du Can, Sylvaine Trebosc, Bruno Clairefond

Image : Denis Louis

Son : Christophe Vingtrinier

Montage : Aurélien Guégan

Production : 1.85 films

Article associé : la critique du film

Tania de Giovanni Sportiello

Un marteau nommé Tania

« Tania » est un film sur un coup de tête : il devait se passer quelque chose, il se passe autre chose. Le film qui en découle jouit de liberté et d’une certaine malice à enchaîner les détails. Tania, une jeune fille de 16 ans, attendait certainement que ce garçon avec qui elle a couché une fois revienne pour l’assommer d’un coup de marteau, juste parce qu’il ne répond pas au téléphone. Mais voilà qu’en l’attendant, c’est une vieille dame qui se prend un coup dans la figure en tombant. Comme par hasard.

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Tania s’empresse d’aider la vieille dame à se relever et l’accompagne jusqu’à chez elle. Mais elle ne sait pas comment l’aider à soigner ses blessures. Alors elle s’en va et retrouve enfin le garçon qui lui dit « qu’ils allaient quand même pas se marier ». Tania, qui n’a plus la tête à cogner sur lui, retourne à grands pas chez la vieille dame qui émet son dernier souffle. C’est terrible de voir quelqu’un mourir. Mais chez Giovanni Sportiello, c’est plutôt étrange. Car tout est étrange chez Tania et dans « Tania ». Le béton est étrange, les enfants sont étranges, la cité est étrange ; au final, il vaut mieux casser une porte à coups de marteau plutôt que de cogner sur la tête d’un garçon qui n’en vaut pas la peine. Est-ce la morale ? Bien sûr que oui. Et bien sûr que non.

« Tania » est un film qui fait du bien à voir parce qu’on ne peut pas le définir. Comme si Antonioni revenait, un marteau à la main, filmer dans la cité sans scénario. Car le scénario de ce film est tout aussi oisif que la caméra : l’un et l’autre se laissent guider par ce qui arrive, par le sens du vent, par l’ennui, même. Si la caméra oscille sans cesse entre le très proche et le très loin, ce n’est pas une manière de vouloir nous faire entrer ou sortir de la tête du personnage ; au contraire, le film semble plutôt à une place d’observation qui guette chaque regard, chaque souffle de la jeune fille. On ne peut pas parler de caméra subjective et dire que celle-ci voit ce que Tania regarde;  la caméra de Sportiello a sa curiosité propre – une curiosité bien égoïste, comme son héroïne -, elle regarde souvent à côté, là où il ne se passe pas encore quelque chose. En somme, on peut dire que dans « Tania », la caméra est aussi adolescente que son actrice. Une beauté.

Ian Menoyot

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