Body Memory de Ülo Pikkov

Présenté en compétition au dernier festival Court Métrange, ce film estonien vient de recevoir le grand prix au festival de Bucharest, Anim’est, et est en lice pour les prochains Cartoon d’Or.

Le court métrage s’ouvre sur un lent travelling vertical qui nous fait découvrir une campagne morne, monochrome, désolée. On se trouverait presque au début de « Nuit et Brouillard » d’Alain Resnais et pour cause. Des branches d’arbre dessinent sur des toiles blanches des traits qui s’apparentent à ceux d’un cardiogramme. Le rythme est donné. À partir de cette exposition, Ülo Pikkov mélange subtilement la prise de vue réelle et l’animation : ces deux éléments permettent à la fois de nous donner des repères, les marionnettes en bouts de ficelle étant très clairement parquées dans des trains menant vraisemblablement vers les camps de la mort, et de déréaliser également la situation en donnant au film une dimension métaphorique.

Le travail sonore contribue à cette subtilité : intercalant des râles d’animaux, des rires humains, des bruits de ficelles et des coups, il évoque la lente montée vers la déshumanisation qui menace les marionnettes. Les ficelles enchaînent ces êtres sans visages comme des animaux, à la fois objets de torture et béquilles vitales. Le film joue à maintenir cet équilibre précaire entre eux. Il dévoile également « les ficelles » du marionnettiste lui-même qui se trouve être le maître du destin de ces poupées. Le choix de la marionnette n’est donc pas fortuit, il est lui-même allégorique. Les personnages sont d’ores et déjà enchaînés à un même cordon et sont d’ailleurs semblables : ils se ressemblent et se perdent en une masse informe à la fin du film. Seul le sexe est visible, puisqu’une femme s’évertue à cacher un ventre rond symbolisé par un œuf.

A leur manière, ces êtres fragiles endossent les douleurs passées, celles des ancêtres, et celle, difficile, imposée par le devoir de mémoire : c’est bien le propos de « Body Memory  » (littéralement la mémoire corporelle). C’est dans le corps que se marquent les blessures : déjà, les images initiales des branches d’arbre évoquaient la nudité et le corps décharné. Le réalisateur suggère également une douleur morale : celle laissée par la culpabilité avec laquelle doivent souvent composer les enfants ou les petits enfants des personnes traversées par les camps de concentration. Le train qui passe à la fin du film devient une sorte de vers de terre gluant, laissant sur son passage une trace immonde, ultime clin d’œil à l’héritage mémoriel laissée par la terrible guerre.

Dounia Georgeon

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B comme Body Memory

Fiche technique

Synopsis : Notre corps se souvient de plus de choses que ce que nous imaginons, notre corps se souvient également des peines et tristesses de nos ascendances. Notre corps garde en lui la mémoire et les histoires de nos parents, grands-parents et de leurs ancêtres. Mais jusqu’où peut aller la mémoire de nos corps ?

Genre : Animation

Durée : 9’

Pays : Estonie

Année : 2011

Réalisation : Ülo Pikkov

Scénario : Ülo Pikkov

Image : Raivo Möllits

Animation : Märt Kivi

Montage : Ülo Pikkov

Son : Tiina Andreas

Musique : Mirjam Talli

Décors : Ülo Pikkov

Production : OÜ Nukufilm

Article associé : la critique du film

Etrange Court Métrange 2011

Dans les escaliers du Ciné TNB de Rennes, les murs ensanglantés vous indiquent la direction de la salle. Au détour d’un couloir, entre des candélabres ardents, un vampire livide vous accueille en souriant. Un peu plus loin, dans la foule qui s’entasse à l’heure de l’ouverture, vous croiserez sûrement encore quelques créatures inquiétantes, mais ne soyez pas surpris. Prenez quand même garde à votre cou et surveillez les palpitations de votre cœur, car ça y est, vous y êtes, c’est Court Métrange, et face à l’écran, attendez-vous à trembler !

Etrange… Insolite… Fantastique…

Trois concepts qui définissent à merveille le Festival et vous mettent dans le bain du frisson cinématographique. Films gore, d’épouvante, thrillers et contes à l’imaginaire débridé, poésie macabre, climax haletant, esthétique de l’angoisse, Court Métrange prend aux tripes en programmant au total près d’une soixantaine de bizarreries filmiques dont le point commun est de chercher à nous faire peur, rire ou pleurer.

La compétition européenne ne fait pas de quartier. Prenez donc un siège à la table de « Next Floor » de Denis Villeneuve pour goûter aux pesanteurs de l’abondance gastronomique. Onze complices tirés à quatre épingles vous y attendent pour se livrer à un furieux banquet. Pas besoin de mots pour avaler tous ces plats, l’important ici, c’est de manger ! Manger de la plus ignoble des façons, comme une ode à l’insatiable consommation, entre les valets affairés, les viandes saignantes et la musique de salon, car ici, on s’empiffre par passion, sans conscience et sans respiration. Sous les pieds des convives attablés que rien ne peut apaiser, le plancher commence à craquer. Succombant au poids de l’opulence, il s’écroule avec fracas. Le maître d’hôtel impassible et froid annonce à sa brigade que le service continue un étage plus bas. Descente aux enfers ou interminable fuite en avant, « Next floor » pointe du doigt l’absurdité d’un monde voué à s’effondrer.

Si la table de « Next floor » vous a laissé sur votre faim, invitez vous donc à celle de « Ctin » lorsque les douze coups de minuits sonnent. Avec le film horrifique et burlesque de Cyrille Drevon, venez vous offrir un délirant petit souper entre morts vivants dans une Ukraine radioactive. Régalez-vous donc d’un peu de démence post-apocalyptique, et entrez dans la danse macabre d’une pseudo science expérimentale. Entre tortures et rêves de création à la Frankenstein, un savant fou s’abîme dans une inconscience malsaine et morbide. Au milieu des décors désuets d’un monde glacé en un temps incertain, le docteur actionne les abominables machineries qui hantent son esprit. Dans un univers déjanté aux effets visuels très esthétiques assez référencés à Jeunet et Caro, « Ctin » dresse un sanglant tableau de la folie en jouant sur la frontière entre la vie et la mort.

Au registre des films purement terrifiants, le court métrage espagnol de Alberto Evangelio marque tant il réussit à vous faire tortiller d’effroi sur votre fauteuil. Avec « La Madre », pas de monstres effrayants ou d’effets spéciaux soignés, mais la narration d’un fait divers parfaitement amenée où une mère de famille modèle bascule dans une spirale infernale d’accidents domestiques qui la conduit à assassiner malgré elle ses trois enfants. Un déferlement de panique et de terreur qui, tout en vous tenant en haleine, parvient presque à chaque fois à vous faire deviner l’horreur de la scène suivante. Une intensité dramatique presque insoutenable pour un film qui réveille en nous les peurs les plus cauchemardesques.

Heureusement pour les cœurs plus sensibles, le cinéma fantastique n’est pas réservé qu’aux seuls films d’horreur, et Court Métrange s’ouvre à la large diversité du genre, notamment avec une programmation consistante de films d’animation. Parmi eux, « Cul de bouteille » de Jean-Claude Rozec, conte tendre et poétique d’un enfant atteint d’une infirmité banale, la myopie, et qui se trouve contraint de porter des lunettes. Seulement voilà… Plus rien ne ressemble au monde des enfants quand on doit voir avec les yeux des grands. Alors pourquoi abandonner sa vision d’un monde plein d’aventures incroyables, de figures légendaires et de mystères secrets pour mieux regarder une réalité médicale, insipide et froide ? Où sont donc cachés trolls, dragons et licornes derrière les épais carreaux d’un monde gris et uniforme ? Ne vaut-il pas mieux suivre les chemins de l’imaginaire, la liberté de vivre son propre rêve, d’être son propre héros ? Mais comment suivre ses chimères et se perdre dans de fabuleux univers, si pour de vrai, ce petit compagnon magique qui tient dans votre poche n’est finalement rien d’autre qu’une coquille vide ? Avec « Cul de bouteille », coproduction 100% bretonne réalisée en 2D et en noir et blanc, dont le dessin un peu caricatural joue sur la perception de la monstruosité, on est confronté à une certaine métaphysique de l’enfance, le dilemme du regard sur la vie et du refus de grandir. C’est surtout une invitation à réfléchir sur ce que devient l’enfant qui est en nous.

Pour les enfants un peu plus grands, peut-être ceux qui ont grandi dans les années 80 et qui se rappellent encore avoir passé des heures devant les premières consoles informatiques de l’époque Amstrad, le film incontournable de cette édition était peut-être « Pixels » de Patrick Jean. Lorsqu’un téléviseur à l’abandon se met à répandre une nuée de pixels sur la ville, la ville s’appelle New York, et les pixels s’incarnent inévitablement dans les avatars univoques de Space invaders ou de Tetris. Mêlant brillamment la 3D et la prise de vue réelle, les jeux sortent des écrans et envahissent le monde. Dans une attaque globale coordonnée, la ville est mise à sac par des créatures 8 bits : Pacman avale les lignes de stations de métro, Casse-briques envoie le Brooklyn Bridge dans l’Hudson, et Donkey (King) Kong, au sommet de l’Empire State Building, jette des barils de poudre qui pixellisent le monde en explosant. « Pixels », c’est l’histoire de la conquête technologique de toute une génération qui a réussi à transformer la planète en un énorme cube uniforme et sombre.

En complément de la sélection européenne, le festival proposait cette année trois focus sur des films internationaux avec des séances dédiées aux productions mexicaines, japonaises et américaines. Parmi les films mexicains, le court métrage en rotoscopie de Guadalupe Sanchez Sosa, « Niño de mis ojos », nous fait pénétrer dans l’univers intime d’une jeune femme qui partage son appartement avec un drôle de compagnon, un petit homme à peine plus haut qu’une pomme. Fraîcheur poétique d’une histoire d’amour irréelle et impossible, « Niño de mis ojos » nous invite, sur l’air envoutant de chansons traditionnelles mexicaines, à une tendre réflexion sur la pureté des sentiments amoureux.

Court Métrange est bel et bien un festival étrange. Une programmation riche et hétéroclite, une ambiance originale et décontractée, et un public rennais venu en nombre, Court Métrange sait créer de l’émotion pour nous faire passer un moment fantastique.

Xavier Gourdet

Brest, le palmarès 2011

Hier soir, s’est terminé le festival de Brest, aujourd’hui, avait lieu la reprise des films primés. Voici donc le palmarès.

Les prix décernés par le jury officiel

Grand Prix du Film Court de la Ville de Brest : Apele Tac d’Anca Miruna Lazarescu – Allemagne

Prix Révélation du Festival Européen du Film Court de Brest : Deux inconnus de Lauren Wolkstein & Christopher Radcliff -France

Mention spéciale à Lel Chamel de Youssef Chebbi – France

Prix Européen du Conseil régional de Bretagne : Det kommer aldrig att gå över d’Amanda Kernell – Suède

Mention spéciale à Salvatore de Bruno Urso & Fabrizio Urso – France

Prix du Moyen Métrage du Conseil général du Finistère : Sing me to sleep de Magnus Arnesen- Pologne

Mention spéciale à Baby de Daniel Mulloy – Royaume-Uni

Prix d’interprétation : Oliver Woollford dans Jam Today de Simon Ellis – Royaume-Uni

Mention spéciale à Shelly Levy dans Tro, håb og sex d’Emma Balcázar – Danemark

Les prix décernés par les autres jurys

Prix du Public : Suiker de Jeroen Annokkee – Pays-Bas

Prix Européen France 2 : La Huida de Victor Carrey – Espagne

Prix de la meilleure direction photo : Le Vivier de Sylvia Guillet – France

Mention spéciale : Lel Chamel de Youssef Chebbi – France

Prix Beaumarchais : Un homme debout de Foued Mansour – France

Prix du jury presse : Moški de Mina Bergant – Slovénie

Mention spéciale : Återfödelsen d’Hugo Lilja – Suède

Prix des passeurs de courts : Skallamann de Maria Bock – Norvège

Prix du jury jeune : Sing me to sleep de Magnus Arnesen – Pologne

Mention spéciale : Finale de Balazs Simonyi – Hongrie

Les prix décernés par les autres jurys

Prix Canal + Cocotte Minute : Šarena Laža de Miloš Tomic – République Tchèque

Prix du public Cocotte Minute : Maybe… de Pedro Resende – Portugal

Le Vivier de Sylvia Guillet

Après des films insolites comme « Le Serrurier » ou « O jeunesse », la jeune réalisatrice Sylvia Guillet, toujours entre le réel et l’imaginaire, réussit une fois de plus à nous surprendre. L’histoire, c’est celle de Mathilde, qui se barricade dans sa maison avec son mari André, fusil au bras. Quel est donc ce secret qu’elle cherche à préserver ? De quelle étrange maladie André souffre-t-il ?

Le titre du film constitue un premier indice : si le vivier est destiné à conserver des poissons vivants dans un espace restreint, la maison de Mathilde répond clairement à cette définition. Il ne reste, aux spectateurs que nous sommes, qu’à contempler cette femme nageant dans son bocal, vouée à contempler une photographie de mariage et cette peinture qui orne le mur de la chambre comme seules fenêtres sur le monde extérieur et sur une vie qui n’est plus. Mathilde, tel un poisson, parcourt cet espace clos de long en large, arpente les couloirs et tourbillonne dans les escaliers.

Dans cette maison isolée, la frustration et le désir se font sentir, notamment dans la magnifique scène où Mathilde s’allonge près de son mari. La sensualité des corps et des mouvements ainsi que le son perceptible des peaux qui se touchent, accompagné par cet air de piano doux-amer, et le bruit des vagues, tout deux invoqués à plusieurs reprises dans le film, ne font que souligner l’importance des corps et de leur fluidité.

Vagues, gouttes d’eau et glaçons constituent en effet un deuxième indice et remplissent les verres tout comme la maison en créant un univers visuel et sonore qui se déploie jusqu’au débordement soudain. Dégoût et effroi, c’est ce que provoque la vision du mari de Mathilde lorsqu’elle soulève le drap qui le recouvre. On partage le choc de celle-ci, et frissonne en découvrant cette chose qui cherche le regard du spectateur lorsqu’un gros plan nous met nez à nez avec le mari transformé en… poisson ! La situation tourne rapidement à l’horreur lorsque Mathilde, vêtue de sa robe de mariée déguste paisiblement son époux, assise autour d’une table où se dresse un véritable banquet de fête. Pour accompagner ce plat étonnant, Sylvia Guillet nous ressert ce même air de piano, qui monte en intensité comme pour souligner la cruauté de la scène.

On se délecte de cette histoire à la fois belle et absurde, et on se laisse volontiers emporter par la musique envoûtante de Lori Shonberg et par une ambiance sonore qui aura permis à Sylvia Guillet de remporter le Métrange Sonore au festival Court Métrange. Enfin, on se prend également au jeu d’Agnès Adam, formidable en épouse protectrice et pleine de sensualité.

Agathe Demanneville

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V comme Le Vivier

Fiche technique du film

Synopsis : Mathilde s’est barricadée dans la maison. Non, on ne lui prendra pas celui qu’elle aime. Elle veillera sur André jusqu’au bout. Mais au fait de quoi souffre-t-il ? D’une maladie étrange ça c’est sûr…

Genre : Fiction

Durée : 18’30 »

Pays : France

Année : 2010

Réalisation : Sylvia Guillet

Scénario : Sylvia Guillet

Image : Raul Fernandez

Son : Christophe Moreno, Ivan Broussegoutte, Henri Puizillout

Montage : Emmanuelle Pencalet

Décors : Véronique Barneoud

Musique : Lori Schonberg

Interprétation : Agnès Adam, Baptiste Roussillon, Bernard Mazzinghi

Production : Paris-Brest productions

Article associé : la critique du film

Court Métrange. Etrange, vous avez dit étrange ?

Fin octobre, la ville de Rennes accueillait un festival de courts de genre, Court Métrange, agrémenté de films d’animation et d’épouvante. Pendant quatre jours, les projections de films en compétition se sont succédées, en alternance avec des tables rondes (la femme vampire, le fantastique nippon) et des séances spéciales japonaises, mexicaines et américaines, avant de se clore dans le faux sang et les tenues invraisemblables au bal des Vampires. Focus sombre & fantastique de circonstance.

Retrouvez dans ce Focus :

Hugo Chesnard : « L’art recherche la nuance et peut craindre le pathos »

C’est un régisseur qui parle de rossignols maléfiques, c’est aussi un réalisateur qui cite de mémoire des passages en vers de son film. Militant social, Hugo Chesnard, l’auteur de « La France qui se lève tôt », pré-sélectionné aux César, évoque, après la séance de son film à Paris Courts Devant, la puissance du montage, les libertés à prendre avec le réalisme et la volonté de crier sans y parvenir.

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Tu as fait trois courts en dix ans, après une formation plutôt théorique (la Sorbonne, le Conservatoire Libre du Cinéma français). Comment as-tu été confronté à l’idée de faire un film ?

Très jeune, je me suis intéressé au cinéma. J’ai vu beaucoup de films et commencé des études spécialisées mais mon approche restait très théorique. J’ai fait des petits films qui ne sont pas montrables, plus des films de potes qu’autre chose. Au début, on mettait une semaine pour faire un film, après, les envies se sont approfondies et le temps s’est rallongé : trois semaines, puis trois mois, puis trois ans pour faire un film.

J’ai commencé à faire des stages. Je savais que je serais incapable de rester six mois dans une salle de montage, mais je cherchais à comprendre la puissance du montage dans une optique de réalisation. J’avais 20-21 ans, j’entendais parler de cette force de création mais cela me dépassait complètement. La compréhension est arrivée par déclics. Pendant un an, j’en ai parlé avec des apprentis monteurs et des professeurs, puis, j’ai été amené à monter pratiquement tout seul mon premier film, « Le bal des familles ». La compréhension est arrivée par déclics : deux-trois ans plus tard, on repense à une conversation et on percute. On a grandi.

Plusieurs années peuvent s’écouler entre deux films. Tu fais beaucoup de régie, sur des gros projets comme « Munich » ou « Le Diable s’habille en Prada ». Tu m’expliques ?!

Il faut gagner sa vie. J’ai rencontré un régisseur général qui collaborait à des grosses pubs et des gros films américains. On a travaillé ensemble sur des tournages importants, Scorcese, Eastwood, Nolan, …. Ça figure sur un CV, ça veut dire quelque chose, mais aujourd’hui, je travaille beaucoup plus en pub et en clip. J’adore ce métier de logistique, ce côté chef de troupe même si il n’y a rien d’artistique derrière ça. Il y a plein de choses auxquelles il faut penser, on est en amont du tournage, on est le premier arrivé et le dernier parti. Après, ça reste un métier pour gagner sa vie; si demain, je peux gagner ma vie de la réalisation, j’arrêterai progressivement la régie.

Le côté chef de troupe, c’est quelque chose qui t’aide à diriger un tournage ?

Pour un réalisateur, je ne suis pas sur mon nuage, genre « il n’y a que la création qui compte ». Je suis très conscient des problèmes techniques, logistiques, budgétaires. Quand un projet se fait, j’envoie beaucoup de mails à beaucoup de gens. Pour les courts où les gens ne sont pas payés, voire très peu payés, ça mâche déjà le travail.

« Le bal des familles » était-il un film très écrit ?

Non, pas du tout. Des amis et voisins à Malakoff avaient un groupe qui générait une ambiance fabuleuse en concert. Toutes les générations, les couleurs, les classes sociales se mélangeaient. J’avais une petite caméra, un banc de montage, ils m’ont proposé de faire un film sur eux. On a commencé à filmer le groupe pendant quelques minutes, mais ce n’étaient pas les musiciens qui étaient vraiment intéressants. C’était le contre-champ, le public. On a choisi différentes personnes et le film s’est axé autour du rapport entre la danse et la séduction. On a suivi plusieurs femmes de générations différentes en leur posant des questions.

C’était le premier film, un documentaire de vingt minutes qui parlait aux autres, auto-produit avec un vrai travail de montage. J’ai appris à raconter une histoire avec des images. Pouvoir recréer un puzzle, placer un personnage, l’enlever parce que l’histoire ne tient pas, a été une vraie école de réalisation.

« La France qui se lève tôt » aurait pu être un autre documentaire. Il s’inspire d’une histoire vraie, mais c’est une fiction. Quelle en est sa genèse ?

Je venais d’avoir l’idée de mon deuxième film, « Un grain de beauté » quand je suis tombé sur un fait divers dans un journal. Dans un encart, on parlait du cas d’un sans-papiers, Souleymane Bagayogo, qui venait de se faire expulser après avoir participé à un mouvement de protestation de grève dans le magasin dans lequel il travaillait. Le premier avion n’avait pas décollé car les passagers s’étaient soulevés, le deuxième avion, par contre, avait emmené Souleymane.

Cette histoire me plaisait parce qu’on était dans la vraie vie et que les thèmes étaient très riches : ça mêlait le droit du travail, les sans-papiers, la lutte, la désobéissance civile. Je me suis beaucoup documenté sur cette affaire-là, j’ai écrit une version réaliste de cette histoire-là en m’en détachant un petit peu mais ça restait quand même celle de Souleymane, version réaliste.

Ce scénario a été reçu aux ateliers d’écriture de Gindou où des scénaristes sont accueillis et encadrés dans le Lot pendant une semaine. On les coache par rapport à leurs scénarios et aux problèmes qu’ils rencontrent. Personnellement, je me rendais compte qu’il y avait une brutalité de la vie dans cette expulsion de sans-papiers où ça criait, pleurait, pissait le sang à chaque page. J’avais le choix : je pouvais amoindrir le propos donc retenir de l’information ou je me risquais du côté de la caricature en montrant des flics qui étaient des brutes et qui gagnaient des points quand ils expulsaient des sans-papiers. Mais c’est vrai que c’était trop pour le cinéma et pour l’art. L’art recherche la nuance et peut craindre le pathos. Est arrivée une troisième possibilité : le recours à la comédie musicale.

On pouvait rester complètement crédible par rapport à une expulsion de sans-papiers, faire quelque chose de dur, de fort, interpellant en choisissant de faire parler les acteurs en vers, de les faire danser et de les faire chanter. Cela a permis des libertés assez énormes. Le policier n’est plus une brute d’1m90 avec un physique de rugbyman, il a un côté bon père de famille, genre rossignol maléfique, il peut se permettre de dire : « Je suis un policer qui raccompagne les sans-papiers. Je suis un simple flic qui raccompagne les gens en Afrique. C’est la démocratie de suivre l’ordre établi ». Le choix de la comédie musicale peut permettre ce genre de choses et même de sortir d’une certaine forme de réalisme pour mieux le retrouver plus tard.

Ne craignais-tu pas que ton message se déforce en passant par la comédie musicale ?

Ça a pu être une crainte à l’écriture et même avant le tournage. Je me suis dit que l’idée d’une comédie musicale sur les sans-papiers était peut-être une mauvaise idée, que ça n’allait peut-être pas marcher. Au fil du tournage, on a quand même vu de belles choses, de supers plans, une intensité dramatique. Comme on a tourné le film en continu, on a terminé le tournage dans l’avion avec des figurants qui étaient des militants sans-papiers. Les gens qui étaient à droite de la caméra avaient des paroles de droite, celles qui étaient à gauche avaient un discours plus humaniste. On n’a pas peur dans l’opérette d’aller vers ces idées-là. Je ne cherchais pas spécialement des personnes investies, mais à la fin du film, quand ils se lèvent tous, on sent l’implication et l’émotion. Je pense que beaucoup de gens se lèvent, sont révoltés pour différentes choses sans être révolutionnaires. On est offusqué, gêné par plein de choses mais le cri ne sort pas parce qu’on n’a pas les mots. C’est aussi pour ça que j’aime beaucoup la chanson de la fin qui pose la question : « Qui a raison, qui a tort ? Celui qui crie, qui dort ? ».

C’est très différent d’écrire un film que d’écrire une chanson. Peux-tu me parler de ta démarche musicale ?

J’ai attaqué le film en deux parties. J’ai transformé les dialogues grâce à la version réaliste du départ, elle m’a aidé à retrouver les mêmes situations et les bons mots qui allaient faire mouche à chaque fois. Puis, j’ai travaillé avec le compositeur, Serge Balu qui joue le rôle du geôlier. Il a écrit pas mal de chansons dont celle de la fin, « Ils arriveront quand même ». Je lui donnais des idées, des sentiments, des émotions et il réfléchissait à une musique. Par exemple, dans une scène, le geôlier vend les mérites du centre de rétention comme s’il vendait son appartement. Cette idée est venue en épluchant un dossier qui parlait d’un centre de rétention, une petite phrase m’avait interpellé : « les usagers ont un distributeur de bonbons à leur disposition ». On enferme des gens qui travaillent, cotisent, payent des impôts, font le choix de vivre en France, ont des enfants scolarisés dans ce pays, on les arrache de leur famille pour les renvoyer dans un pays qu’ils ne connaissent plus parce que ça fait cinq-dix ans qu’ils n’y ont plus mis les pieds, mais ils ont droit à des bonbons…

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Qu’est-ce qui t’a incité à travailler avec Ricky Tribord, le Souleymane de ton film ?

Je ne le connaissais pas. J’ai épluché les sites d’agences, j’ai casté pas mal d’acteurs noirs, je cherchais au début un physique à la Spartacus, même si je ne restais pas bloqué uniquement là-dessus. Un jour, Denis Gravouil, le chef op du film, me parle de Ricky Tribord, avec qui il avait tourné en me disant qu’il était vraiment bon. Je le reçois pour un essai, on joue ensemble la séquence du contremaitre et j’en garde vraiment une bonne impression. C’est un punchy, j’avais l’impression d’être en face d’un boxeur qui me donnait des droites à chaque réplique. Boum, boum, boum.

Est-ce qu’il a donné quelque chose en plus parce qu’il était touché parce que c’était une histoire ou il était juste dans son rôle d’acteur ?

Je pense que le scénario et que cette situation inhumaine l’avaient touché. Après, ce n’est pas un militant qui défend des causes chaque weekend, il a vraiment pris ça comme un rôle d’acteur, comme un vrai travail pour camper ce personnage peu à peu détruit par un rouleau compresseur.

« La France » est un film pro, ambitieux. Ça a été difficile de le produire ?

Je considère qu’« Un grain » est aussi un film pro, il a eu un visa CNC et une aide d’une région, mais c’est sûr que « La France » n’a rien à voir. C’est un court métrage qui coûte cher, on devait être 50 à table. Je remercie les producteurs (Buttlerfly Productions) qui n’ont pas eu peur de ce genre de projet. Je l’avais envoyé à différentes boîtes de production avant de trouver preneur. Les gens me disaient : « C’est super mais ce n’est pas pour nous. Ça va nous prendre trop de temps, trop d’énergie, et on n’est pas sûr qu’on va réussir à le faire ».

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Est-ce que Souleymane Bagayogo a vu ton film ?

Oui, il l’a vu, il l’a beaucoup aimé. Il s’est retrouvé dedans sans s’y reconnaître complètement. On a gardé le prénom en hommage à lui mais des Souleymane, il y en a plein, il y a plusieurs dizaines de milliers d’expulsions de sans-papiers par an. On a raconté une histoire, mais beaucoup de libertés ont été prises par rapport à ce qu’il lui est arrivé. Ce qu’il a connu était encore plus dramatique. Il m’a raconté une anecdote : quand il était dans le centre de rétention, il était dans un tel stress qu’il n’arrivait plus à porter ses bras à sa bouche pour manger, il se nourrissait donc à même l’assiette. Quand je te disais tout à l’heure que je voulais raconter son histoire en version réaliste, qu’est-ce que j’avais dans mon scénario ? Des cris, des pleurs, de la douleur, une famille impuissante, des passages à tabac, un mec paralysé qui bouffe à même l’assiette, une expulsion musclée, … C’est tellement dur à chaque seconde que ça ne se tient pas d’un point de vue cinématographique.

Le passage au long, c’est quelque chose que tu envisages déjà ?

J’y pense, oui. Je suis en train de développer sur un long métrage le même concept que « La France », je voudrais garder ce côté social, poétique, chorégraphique et peut-être m’orienter un peu plus vers la comédie, sur la solidarité populaire, vers un film un peu moins grave, un peu plus joyeux.

Tu as besoin à ce stade-ci de faire un film plus joyeux ?

Non, je n’en ai pas besoin Après, il y a une réalité de production : faire un film qui coûte cher et qui est une tragédie, c’est quelque chose de très dur à monter. J’aimerais me diriger vers un film mi-drôle, mi-triste, une sorte de bouillon humain qui croiserait un « West Side Story » et un Brecht.

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : la critique du film

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Média 10-10, la compétition OVNI

Le Festival du court métrage de Namur Média 10/10 s’ouvre bientôt, avec une compétition moins connue que l’officielle, celle des films OVNI (Objets Visuels Non Identifiés).

Compétition 1 OVNI

Miramen (Khristine Gillard / Marc Rebuttini)

Miramen ¬— du provençal, mirage. La Camargue est une île qui demande à l’homme qui l’habite de faire corps avec elle. Ce monde de l’entre deux, entre terres et eaux, est celui de la rencontre du fleuve, de la mer et de la communauté des étangs. C’est un monde de gestes — ceux du gardian-centaure, du pêcheur d’étang, du tellinier, du chasseur des marais — inscrits dans les corps et les paysages. Une relation au sauvage.
Là veille la Bête.

Trinkler (Marie-Catherine Theiler)

Quel est le lien entre, par exemple, des opticiens, des musiciens ou des éleveurs de moutons? Une topographie du travail au cœur des Alpes suisses, avec pour commun dénominateur le son des cloches.

Death of Conversation (the) (Francisco Saco)

A reflection on the sorry state of communication. Two gentlemen comment upon the nature of talking through talking. It becomes a routine, as they tend to observe and reflect upon mundane scenarios and situations, never really reaching a specific destination.

Djoûû (Djamil Beloucif)

C’est l’histoire d’une rencontre entre deux clandestins qui ont « faim » de liberté. « Djoûû » signifiant « faim » en arabe. Métaphore du mythe de la « Tour de Babel », le film met en scène des « maudits » qui, portés par leur rêve, s’échouent quelque part où leurs mots se heurtent
sans s’entrelacer.
Doivent-ils parler la même langue pour se comprendre ?

I KNOW YOU CAN HEAR ME (Miguel Fonseca)

A film about love inside a film about war.

Metalliszt – The Road to Victory (The) (Robert Sawallisch)

The Music Clip « The Metalliszt – Road to Victory » puts Franz Liszt into the 21th Century as a Rockstar. He tours through different european cities that influenced him in his life and comes to a furious final to Weimar. Meanwhile he experiences an autobiographic Time-Travel through a part of his life that was dominated by excess and euphoria. In those days Liszt became a kind of prototype of what we would call a modern european citizen. And therefore this film is a winking hommage to Liszt, as an early visionary, who lived the dream of a united europe.

Compétition 2 OVNI

New Hippie Future (Dalibor Baric)

In a surreal and psychedelic atmosphere this film deals with life, freedom and transcendence of limitations.

Stick Climbing (Daniel Zimmermann)

A contemplative walk leads to a bizarre climbing tour. The camera that has just panned over everyday village life now homes in on a construction of wooden slats to then follow a breakneck route up a vertical rock face. From the perspective of the invisible climber, we experience a seemingly impossible ascent while hearing his breath growing heavier and heavier with every move. Having reached the top, the camera roams one more time over the point of departure – the village now in the distance, only a few exciting minutes of film and a tangible eternity away below the rock face.
(Robert Buchschwenter)

Reconstructing Sudan (Marta Kucza)

En quête de la représentation parfaite de mes mémoires du Sud-Soudan, je rassemble les morceaux de conversations, images et sons quisemblent ne pas faire partie de la réalité soudanaise. C’est une histoire sur la lutte entre la fascination exotique, la frustration des représentations existantes et l’impossibilité de transmettre la mémoire. Comment aborder à la fois la beauté de la vie et sa représentation ? Dans Re-constructing Sudan, l’amitié et l’amour est le canal par lequel une image me semble possible.

Tran (Miguel Aparicio)

Late February 2011 I was invited to spend some days in the city of Vitoria to shoot a short-film. The final result is this logbook from trips in the city’s tram, filmed with a 16mm string camera and developed by hand those same days.

Un film abécédaire (Saintagnan Eléonore)

Hommage à des individus cherchant le bonheur en dehors des sentiers battus, là où n’est pas l’évidence. Ceux qui alimentent leurs mythes et adorent leurs dieux, qu’il s’agisse des Dieux Vikings ou du Rock’n Roll, un Saint Nicolas ou un frère Joseph.

Spiral Hill (Jean De Lacoste)

This film is a part from my psychic diary. It’s why I wanted to translate a psychic travel with different « affect » places : like a road movie. Also, my relation to filming locations inspire my work every time.

La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard

Le film arrive par hasard par le biais d’une actu paillette, celle des 12 courts métrages pré-sélectionnés aux César. Certains noms sont parlants, d’autres pas du tout. Celui de Hugo Chesnard appartient à la deuxième catégorie. Quelques instants plus tard, Arte, joue son jeu +7 : « La France qui se lève tôt » est visible en ligne une semaine après sa diffusion sur la chaîne franco-allemande. Forcément, la curiosité s’étire, le partage de l’info est immédiat, et le choc, lui, est salutaire. Le film réapparaît quelques jours plus tard, au détour d’une séance musicale, à Paris Courts Devant. Renouvellement de l’attention.

“Inspiré d’une histoire vraie”. Trop fréquemment, les longs métrages ajustent leurs génériques en fonction de cette formule inspirée, offrant au mieux un label d’authenticité à leur scénario, au pire un soupçon de crédibilité au film. « La France qui se lève tôt » tire aussi sa substance d’un fait divers mais son résultat se passe d’un commentaire cynique. Le film aurait pu être un documentaire, c’est une fiction étonnante au caractère social et critique, à la forme atypique, celle d’une comédie musicale diablement contemporaine.

L’histoire. Celle de Souleymane, un sans-papiers malien travaillant en France depuis dix ans, menacé d’expulsion, souhaitant faire reconnaître ses droits et devant son salut aux passagers solidaires d’un avion en partance pour Bamako. L’histoire, point de départ, c’est celle de Souleymane Bagayogo, arrêté sur son lieu de travail en 2006, renvoyé dans son pays d’origine (le Mali) et régularisé après deux ans de lutte contre son ancien employeur. L’histoire, non isolée, c’est évidemment celle de milliers de travailleurs illégaux ayant refait leur vie, travaillé et payé des impôts dans le pays de la liberté et se trouvant dans la même situation difficile que les deux Souleymane, le fictionnel et l’authentique.

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L’hypocrisie du système judiciaire, l’aveuglement de la police, la solitude et les brimades des sans-papiers, les combats perdus d’avance, le malaise des uns, l’agressivité des autres, … : toutes ces réalités forcément très prenantes imprègnent le film de Chesnard. « La France qui se lève tôt » évite néanmoins d’entrer dans la caricature et le pathos, car son auteur prend de la distance avec les faits réellement survenus (voir interview) et se joue du réalisme grâce à plusieurs astuces scénaristiques. Pour contraster avec un fond déjà très chargé émotionnellement, il imagine une forme en apparence légère : le film apparaît comme une opérette sociale, les dialogues sont construits en vers, le labeur est chorégraphié et le parlé-chanté s’exprime qu’on soit étranger, flic ou touriste.

L’apparente légèreté n’est qu’est évoquée, parce qu’un nouveau frisson et une nouvelle intensité accompagnent ces dialogues tout en rimes (extraits choisis : « On a bossé pour des clopinettes. Et maintenant, ils nous jettent », « C’est la démocratie de suivre l’ordre établi », »Je ne suis qu’un simple policier qui raccompagne les sans-papiers », « Qui a raison, qui a tort ? Celui qui veille, celui qui dort ? »). Au fil du film, d’autres trucs & scènes se laissent dénuder : le chant magnifique de la compagne de Souleymane, la main sur le ventre rebondi / l’amas de banderoles de protestation / la grande loterie de la vie / le distributeur de dossiers classés / le chœur-la conscience en tenue de travail, …. Le résultat est visuel et sonore, maîtrisé et tendu du début jusqu’à la fin.

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Pour personnaliser son Souleymane, Hugo Chesnard fait jouer Ricky Tribord, aussi à l’aise en face de Pauline Etienne et Patrick Catalifo que devant des comédiens non professionnels (les passagers de l’avion, en grande partie des membres du collectif RESF, proche des sans-papiers). Tribord, plutôt lié au registre comique (à en juger sa bande démo), est plus que convaincant avec son air buté, son regard percutant face caméra, et son énergie sans pareille. Il suffit qu’il sorte « Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu fais ça ? » à un policier qui le plaque au sol, pour s’en convaincre, déciller le regard une fois pour toutes et louer ce film pour ses qualités sociales, humaines et musicales. Salutaire, nécessaire et importante que cette France-là. Il faut se lever tôt pour en trouver une autre, aussi critique et prenante que celle-ci.

Katia Bayer

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Hugo Chesnard

F comme La France qui se lève tôt

Fiche technique

Synopsis : Comme un nègre tu travailles dur, Paies nos impôts notre futur ! Cotises aussi pour nos retraites, Mais des papiers pour un métèques ?

Genre : Fiction

Durée : 20′

Pays : France

Année : 2009

Réalisation : Hugo Chesnard

Scénario : Hugo Chesnard

Image : Denis Gravouil

Son : Benjamin Le Loch, Niels Barletta, Damien Tronchot

Montage : Erika Haglund

Montage son : Damien Tronchot

Décors : Sidney Dubois

Auteurs de la musique : Serge Balu, Damien Tronchot, Antoine Larcher

Costumes : Sarah Monfort

Mixage : Niels Barletta

Interprétation : Ricky Tribord, Pauline Etienne, Patrick Catalifo, François Roy

Production : Butterfly Productions

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Media 10-10 2011 : la compétition nationale

Découvrez la sélection nationale du Festival du court métrage Média 10-10 qui aura lieu à Namur du 15 au 19 novembre 2011.


Terre Nouvelle (Bernard Dresse)

Un jeune cuistot, aidé de sa nouvelle compagne, prépare le dîner de mariage de son ex-compagne. Les amours du passé s’immiscent comme un obstacle aux amours en devenir.

On n’est jamais chez soi (Degive Ann Laure)

Déméry vient de Serbie. Il a quitté son pays après avoir perdu sa femme afin d’offrir une meilleure vie à ses enfants. D’origine Rom, sa famille n’a jamais cessé de souffrir de ségrégation, que ce soit dans le travail ou dans la vie sociale. En Belgique, sa demande d’asile a été refusée. Il a récemment introduit une demande de régularisation. La réponse viendra, mais on ne sait pas quand. Déméry doit attendre. Mais attendre, quand l’on a aucun droit, cela n’est pas tous les jours facile. Comment s’occuper des enfants et assurer leur scolarité?
Depuis quelques temps, Déméry et sa famille ont été recueillis par le père Michel,ils logent dans le sous-sol de l’église en attendant une meilleure solution…

Histoire du petit Paolo (L’) (Nicolas Liguori)

En 1863, Cyrill entreprend un pèlerinage en Italie. Il voyage avec une mystérieuse boîte à musique sur le dos.
Il rencontre le petit Paolo, qui rêve d’avoir le même instrument de musique que lui…

Une histoire bij de chez nous (Vander Eeckt Franck)

Jean est wallon, et Jan flamand. Ces deux faux jumeaux
séparés à la naissance sont réunis à la mort de leur mère
autour d’un héritage commun : la demeure familiale. Jan est
un huissier peu scrupuleux, et Jean un chômeur d’une
débrouillardise peu commune.
La cohabitation se déroule dans une belle harmonie jusqu’à ce
que les naturels des frères ne reprennent le dessus, ne voulant
faire aucune concession l’un pour l’autre. Un jour, excédé par
le comportement de Jean, Jan décida de séparer la maison
en deux et de couper les ponts avec son frère. Il est loin de se
douter que sans son feignant de compagnon, la vie est bien
moins riche, et qu’il est moins capable qu’il ne le croit de faire
face aux évènements que lui réserve le quotidien.

Bailaoras, l’horizon des racines (Víctor Sagristà)

Il y a chanter ou danser le flamenco, et il y a ÊTRE flamenco. Être flamenco, c’est quelque chose en plus, que tout le monde n’a pas en soi. C’est une vibration. C’est un cri d’ amour, de furie, de souffrance et de douleur qui perdure d’une génération à l’autre. Parce qu’on ne peut pas passer à côté d’un art si grand et si beau.

Barracuda (Collectif : 10 adultes)

Surpris par la pluie, un homme pénètre dans un immeuble. Guidé par son parapluie, il s’aventure dans les couloirs et les escaliers peuplés d’individus étranges…

Garde-barrière (La) (Hugo Frassetto)

Garde-barrière d’un passage à niveau sur une route à l’abandon, une vieille dame vit seule avec sa vache. Elle comble
sa solitude par la tendresse qu’elle porte à sa jolie vache et s’évade en jouant du violon. Jusqu’au jour où elle décide de
stopper les trains qui passent…

Dissonance (Anne Leclercq)

Agnès Duval, 27 ans, tente de trouver sa place en préservant son intégrité. Elle se retrouve subitement projetée dans un espace-temps en vitesse accélérée. Les autres personnes sont du coup devenues invisibles.
Seule dans la ville, elle se confronte à celle-ci, vidée de ses habitants et de ses fonctions utiles.Le monde qu’elle croyait connaître se révèle alors étrange, hostile et délétère

Yeux de la tête (Les) (Jérôme Cauwe et Pierre Mousquet)

John, un grand acteur américain, alors qu’il joue amicalement un trou au golf en France, reçoit une balle en pleine figure et perd un oeil. Il peut cependant compter sur l’excellence de la médecine européenne et l’émergence de l’économie
chinoise…

Version du Loup (La) (Ann Sirot et Raphaël Balboni)

Comme dans le conte traditionnel, le loup convoite le petit chaperon rouge et se déguise pour arriver à ses fins. Mais cette version dévoile un petit chaperon plus espiègle que la candide fillette de la légende.

Bisclavret (Émilie Mercier)

Au Moyen-Age, une femme découvre la transformation secrète de son mari en animal sauvage…
D’après « Le lai du Bisclavret » de Marie de France.

Navets blancs empechent de dormir (Les) (Lang Rachel)

LES NAVETS BLANCS EMPÊCHENT DE DORMIR
1. Trouver une explication rassurante à une insomnie : avoir mangé des navets blancs.
2. Observer le mécanisme des passions
3. Sortir des Idées inadéquates

Les navets blancs sont bourrés de vitamine C. Si on en mange le soir, il est difficile de s’endormir. Suite à un test de grossesse défectueux, Ana va tenter, de Strasbourg à Bruxelles, de se libérer d’idées inadéquates, de comprendre que la vitamine C n’est pas vraiment le problème.


Waiting for yesterday (Patrick Junghans)

Un homme déprimé essaie d’aller de l’avant et d’effacer les souvenirs obsédants de sa femme,  décédée lors d’un tragique accident quelques années auparavant.

AdonaissanceTrip (Madeline Feuillat)

Il suffit de s’asseoir entre deux chaise pour comprendre l’adolescence…

About a spoon (Philippe Lamensch)

Au nom d’une famille aimante mais trop occupée, l’Homme des vœux vient souhaiter la bonne année au vieux Rico.
Découvrant que l’arbre de Noël a déjà perdu toutes ses aiguilles, il s’apitoie:
le déracinement, quelle tragédie !
Il dit alors son propre déracinement, sa propre tragédie. Il est question d’une cuillère, « la meilleure amie du réfugié »
Rico s’en tape.
L’homme des vœux est un prestataire de service. Et le service est presté.
Comédie noire de Noir.

Genre qui doute (Le) (Carlier)

H/F : cochez la bonne case. Sans cesse on nous demande de nous définir. Mais que se passe-t-il lorsqu’on ne se reconnaît ni comme l’un ni comme l’autre, qu’on vogue entre les deux ou tout à fait en-dehors ? A travers un portrait personnel, on découvre ce que cela signifie, dans l’intimité comme face à la société, d’être un homme, d’être une femme, ou encore de se positionner dans un ailleurs à inventer.

Staka (Valentine Laloux, Morgan Hardy, Maximilien Chevalier, Jean-Michel Degoedt)

Les « STAKA » sont des ouvriers productifs et dévoués. Ils exécutent pour l’Usine un travail manuel, moyennant une promesse de finir leurs jours à l’Eden.

Cleo’s Boogie (Collectif Camera-etc)

Deux vieux amis, vivant avec leur chatte dans un appartement défraichi, revivent l’atmosphère percussive et endiablée du Boogie-Woogie de leur jeunesse. A l’époque, ils accompagnaient une chanteuse sensuelle dont il ne reste plus qu’une image sur une vieille affiche… A moins que la chatte noire n’en soit la réincarnation ?

Kérosène (Joachim Weissmann)

Clara, 25 ans, jeune et jolie femme, suit une psychothérapie pour vaincre sa phobie : l’avion.
Afin de surmonter sa peur, elle se fait engager comme technicienne de surface pour avions en escale.
Alors qu’elle travaille en classe business, elle tombe sur un roman appartenant à l’un des passagers. Elle décide d’y laisser, par jeu, un message. Et contre toute attente, elle reçoit une réponse. La machine est lancée !

P.S : Une femme de ménage qui rencontre un riche passager, par romans interposés, ça ressemble à du Marc Lévy. Ca tombe mal, Clara déteste Marc Lévy ! Quoi qu’il en soit, il y a de fortes chances que cette histoire soit bien plus qu’une comédie romantique…


Youssouf le souffleur (Lia Bertels)

Depuis sa petite trappe de souffleur, un enfant inspiré souffle à l’oreille du
monde les paroles que celui-ci exprimera la seconde d’après. Il y a beaucoup de vent.

Ciao Bambino (Thibaut Wohlfahrt)

Nadine emmène Baptiste à la mer. Entre confidences et rejets, mère et fils vont tenter de trouver les mots pour se comprendre.

Factory (The) (Simon Hanus)

Une usine à la cadence infernale, des ouvriers répètent inlassablement les même gestes jusqu’au jour où une machine se bloque
et où un des ouvriers va se libérer

Dos au mur (Miklos Keleti)

Natacha travaille dans une station service à la campagne. Durant la journée, un homme et une petite fille rentrent dans son magasin. Ils viennent d’écraser un chevreuil sur la route. Natacha sent que la petite est perturbée par l’accident mais on dirait que ce n’est pas la seule chose qui la préoccupe…

Cases ou je ne suis pas un monstre (Letaïf Hannah)

Dans le cadre d’une expérience faussement scientifique, six sujets sont placé dans des pièces données et se mettent à évoluer en fonction de l’espace dans lequel ils se trouvent.

Maman (Baudour Paul-Emile)

Marc, 42 ans, vit chez sa mère. Celle-ci est atteinte d’alzheimer depuis peu. S’occuper d’elle lui prend tout son emploi du temps. Ne recevant aucune aide de sa soeur, Marc se sent dans l’obligation de réagir. Il donne rendez-vous à sa soeur au pied d’une usine abandonnée et y emmène sa mère. Marc creuse un trou et, déboussolé, explique à sa soeur qu’il veut en finir avec cette situation.

Journal d’un frigo (Joséphine Derobe)

En 1971, un couple achète d’occasion un vieux frigo des années cinquante. Celui-ci prend place tout naturellement dans la cuisine du jeune ménage avant d’occuper une place centrale dans la vie de cette famille, et d’être le témoin privilégié des ses moments et événements tant ordinaires qu’exceptionnels.

Bang Bang (Le Toux Lungo Raphael)

Amédéa a tout pour être heureuse.
Amédéa est riche.
Amédéa a un frère créateur de mode : Giorgio Vivarelli.
Amédéa aime Giorgio. Giorgio aime Jimmy.
Amédéa est jalouse.
Amédéa veut reconquérir Giorgio avec l’aide de Yves.
Amédéa mélange rêve et réalité.
Amédéa croit évoluer dans un labyrinthe
En trouvera t-elle l’issue?

LNrun (Lionel Daneau / François Ducobu)

Hélène court sans cesse dans tous les sens en trainant les pieds. Il y a deux ans, elle se met à courir vraiment, à en perdre haleine. C’est le début d’une nouvelle vie.

kin (l’Atelier Collectif)

: Kin est une photographie sociale de Kinshasa, qui mèle une série de personnages autour le thème de la débrouille et du recyclage.

Dimanches (Rosier)

Les dimanches et l’homme face au temps qui passe.
Le temps libre qu’on tente de remplir à tout prix.
Que l’on observe passer, avec rire ou avec ennui.

Rumeurs (Frits Standaert)

Profitant d’une belle après midi d’été, trois lièvres font la sieste au beau milieu de la jungle. Soudain, un bruit retentit derrière les feuillages. Pris de panique, les rongeurs prennent la fuite, entraînant dans leur sillage tous les animaux de la jungle. Seul le Lion saura les arrêter, en révélant, bien malgré lui, l’origine du mystérieux bruit source de la folle rumeur.

Mauvaise lune (Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron)

Jean-Paul est différent.
Son père est sa mère.
Il aime les chiens passionnément.
Mais c’est la bière qu’il préfère.
Quand la lune est pleine, Jean-Paul est plein.
Demain, il ne se souviendra plus de rien.

Fugue (Vincent Bierrewaerts)

Un petit bonhomme tout à fait quelconque veut prendre soin d’une jeune pousse en la mettant au soleil. Dans un filet, il capture un nuage pour pouvoir abreuver la plante, mais celui-ci, se transformant en eau, glisse au travers des mailles.
Le petit bonhomme tentera par tous les moyens de rattraper ce filet d’eau indispensable au bien être de sa plante.

Appel (L’) (Cécile MAVET)

Une foi ardente habite Anna.
Ancienne danseuse classique, elle se consacre désormais à Dieu. Mais
alors qu’elle s’apprête à prononcer ses voeux, le trouble s’installe, entre
l’Appel du corps et celui de l’esprit, le désir de mouvement et le besoin
d’engagement…

Pêle-Mêle (Maëlle Grand Bossi)

Pêle-Mêle est une bouquinerie située en plein coeur de Bruxelles. C’est un fouillis organique, un espace débordant de livres autour desquels se côtoient les riches et les pauvres, les jeunes et les vieux… et une clientèle d’habitués « haute en couleurs ». Chacun y touche et y aime les livres à sa manière.

Grand sablier (Le) (Manu Gomez)

« Tu es poussière et tu retourneras en poussière »

I am unhappy (Maria Castillejo Carmen)

Le film s’ouvre sur un enregistrement d’un cosmonaute russe qui va mourir dans les secondes qui suivent. Le ton est donné. On ne parlera plus de cosmonaute dans ce film, mais l’angoisse est celle de la petite fille qui se pose des questions sur sa situation, sur sa famille, et qui essaie de donner du sens à son malheur, par association d’idées… des idées de petite fille.

Vivre ensemble en harmonie (Lucie Thocaven)

Au travers de cette interlude éducative vous apprendrez que faire état de sa colère devant son prochain est nocif et qu’afin de respecter les règles de la bienséance vous vous devrez de taire ce sentiment en suivant les divers conseils dispensés. Ou peut-être que vous apprendrez que toutes les leçons ne sont pas bonnes à retenir.

fancy-fair (Hermans)

Aujourd’hui, Nathalie veut assister au spectacle de sa fille.
Elle veut aussi sentir que son mari l’aime encore, que ses enfants la voient toujours comme leur mère.
Cette journée est celle d’une femme qui cherche à se reconstruire.

Mais pour cela, elle ne dispose que de quelques heures…


Dans le cochon tout est bon (Iris Alexandre)

Du cochon vivant au banquet de cochonnailles, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme

Léo Verrier : « J’imagine que cela doit être le fantasme de plusieurs peintres de se transformer en leur propre œuvre »

Auteur de « Dripped », un premier film d’animation enlevé, sur la naissance du style « Dripping » par Jackson Pollock, présenté à l’édition 2011 de Paris Courts Devant, Léo Verrier nous parle d’animation, de création artistique et d’accident « heureux ».

Peux-tu nous parler de l’origine de ton projet ?

J’ai commencé à travailler sur ce projet juste après mes études, je voulais réaliser un court métrage et mon passage à l’école de graphisme de Penninghen ne m’en avait pas laissé l’occasion. Le point de départ de cette histoire vient d’une anecdote : je visitais un musée, je n’avais pas mangé, j’avais faim, je voyais les tableaux et ils étaient tous très colorés, et je me suis dit : “Si on pouvait les manger, qu’est-ce que cela donnerait ? ». J’ai alors eu l’idée d’un personnage qui aurait le pouvoir de manger les tableaux, et ensuite, je me suis dit : « Et si le personnage mangeait tous les tableaux, qu’est-ce qui pourrait se passer après ? Si il n’y avait plus rien à manger, du coup il pourrait essayer de peindre par lui-même… ». L’histoire de Pollock est vraiment arrivée à la fin. Le film n’avait pas été pensé pour être à la base un « biopic » sur lui, c’est un pur accident.

Pourquoi avoir situé le film à New York et dans les années 30-40 ?

Une fois que j’avais décidé d’orienter mon récit sur Pollock, j’ai étudié sa biographie, je me suis renseigné sur lui. Il vivait dans le New York des années 30-40, cela m’offrait un bon lieu et une bonne époque pour un court métrage. Quelque chose d’assez typé, d’assez rétro, c’était un bon background pour mon histoire.

Peux-tu nous parler du style d’animation et des techniques employées dans le film ?

C’est de la 2D traditionnelle, image par image, animée sur Flash, donc cela permet d’économiser le papier en dessinant directement sur l’ordinateur. Les décors sont peints sur Photoshop, et il y a un petit peu de 3D par endroits pour faciliter l’animation (par exemple, avec les voitures). J’ai travaillé avec deux animateurs qui ont fait 80% de l’animation du personnage principal, j’en ai fait un peu, plusieurs stagiaires nous ont aidés également. Au niveau du graphisme, j’ai fait tous les décors. Pour le personnage principal, j’avais fait une base et un des animateurs qui était aussi character designer sur le film l’a amélioré.

Concernant le style visuel du film, j’ai été inspiré par certains peintres américains comme Edward Hopper, Norman Rockwell et leurs œuvres de l’époque avec des contrastes de lumière très tranchés, mais aussi par l’animation française comme « Les Triplettes de Belleville ».

As-tu essayé de coller au propos en utilisant dès que tu le pouvais un style « dripping » tout au long de ton film ?

A la base, je devais montrer les tableaux de Pollock, mais on n’a pas eu les droits pour les présenter, du coup, j’ai dû faire mes propres taches. Au final, ça marchait bien, parce que j’ai pu les faire comme je le voulais, je n’ai pas été limité par les tableaux d’origine. En plus, je trouve que cela se mélange bien, les décors avec des couleurs marron, ocre, assez sombres et les taches colorées qui viennent trancher par dessus.

Qu’est-ce que l’animation t’a apporté par rapport à ce qu’un film en prises de vues réelles aurait pu te donner ?

Le film aurait pu se faire avec des acteurs, mais je ne maîtrise pas trop la prise de vues réelles, donc c’était logique pour moi de le faire en animation. Et puis, cela me permettait de dire les choses différemment. Par exemple, en prises de vues réelles, il aurait fallu tourner à New York et créer bon nombre d’effets spéciaux. L’avantage de l’animation, c’est de pouvoir faire tout cela sur ordinateur directement, sans être limité par quoi que ce soit. De plus, l’animation est déjà une forme de graphisme en soi, d’illustration, donc, presque un tableau en tant que tel.

Le fait de (littéralement) digérer les œuvres des Maîtres avant de produire les siennes est-il le meilleur moyen de devenir un artiste pour toi ?

Quelque part oui, Pollock ne serait pas devenu Pollock si justement, il n’avait pas regardé puis digéré toutes ces œuvres, il venait de quelque part, il y avait des courants artistiques avant lui et il les a vus, se les ai appropriés pour obtenir quelque chose de différent. Il a été aussi marqué par le chamanisme, et il y a quelque chose d’assez tribal dans ses peintures. Dans le film, il mange les tableaux, cela donne une dimension cannibale avec laquelle je trouve amusant de jouer. A la fin, Pollock devient sa propre peinture…. J’imagine que cela doit être le fantasme de plusieurs peintres de se transformer en leur propre œuvre.

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Qu’est-ce que Pollock t’a procuré comme émotions en tant qu’amateur d’art ? Pourquoi avoir choisi cet angle de sa vie (la naissance du dripping) comme histoire pour ton film ?

Ce qui m’a intéressé, c’est tout le contexte de sa vie. C’était quelqu’un d’assez violent, impulsif – un peu comme le personnage du film – et forcément, cela se ressent dans sa peinture. Il se fichait de savoir si c’était beau, son travail reflétait sa vision du monde, une projection de son esprit sur la toile.

Dans le film, au moment où le personnage principal se met lui-même à la peinture, il rate son premier tableau, puis de rage, crée une deuxième œuvre particulièrement réussie qui lui ouvrira les portes des musées. Que signifie cette scène clé pour toi ?

Le personnage meurt de faim, il doit faire quelque chose, il essaye de peindre sans savoir le faire, de recréer ce qu’il a déjà vu quelque part (corbeille de fruits, nature morte), mais n’y met pas son âme. La toile est ratée. Il a faim, il est plein de rage et quand il arrive à projeter cela sur la toile pour devenir Pollock, il se rend compte que les taches qu’il a faites par accident sont belles car elles expriment ce qu’il ressent à ce moment-là.

Néanmoins, j’aurais aimé pouvoir développer plus ce passage mais j’ai manqué d’un peu de temps et d’argent. Je voulais amener le personnage encore plus loin et le faire tomber dans une sorte de spirale d’échecs liés à sa situation.

Il y a plusieurs niveaux d’interprétation dans le film, qu’en penses-tu ?

Il y a effectivement plusieurs niveaux de lecture. J’avais préparé quelques thématiques au départ mais d’autres se sont ajoutées au fur et à mesure. Par exemple, quand le personnage principal commence à peindre par lui-même, il n’y parvient pas. Au début, je voulais juste en faire une scène un peu comique et je me suis rendu compte qu’il pouvait y avoir une deuxième lecture, et c’est ce qui s’est passé pour la plupart des scènes du film. Ce fut une bonne surprise pour moi. Un peu comme pour Pollock…

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La fin du film est-elle une sorte d’happy end ou un genre d’ironie mordante ? Est-ce que voir ses toiles accrochées dans un musée est un accomplissement en soi pour tout artiste ?

Pour moi, c’est un happy end, mais je ne suis pas vraiment rentré dans ce genre de subtilités. Il y a une part d’ironie toutefois ; ce qui intéressait Pollock, c’étaient ses œuvres, il se fichait de savoir comment celles-ci étaient appréciées. Ce qui comptait pour lui c’était de peindre des tableaux. S’il est devenu célèbre, c’est malgré lui.

En écrivant le scénario, j’ai mis du temps à trouver une fin qui me satisfaisait. Une des premières fins était de montrer Pollock dans Central Park, en train de se faire « une tartine de dripping » qu’il déguste. Il rencontrait alors un agent et faisait tellement de tableaux qu’il ne pouvait pas tous les manger, donc il les distribuait aux musées pour se faire pardonner d’avoir mangé toutes les autres toiles. J’ai finalement renoncé à cette fin et j’ai préféré quelque chose de plus percutant : Pollock se transformant en taches de peinture.

Comment as-tu travaillé avec ton compositeur, Pablo Pico ?

Pablo Pico, mon compositeur, a l’habitude de travailler sur des films d’animation, notamment avec l’Ecole des Gobelins. Nous sommes assez vite tombés d’accord sur le style à adopter. c’est quelqu’un qui s’adapte facilement. Il a bien compris l’univers que je voulais créer et a fait appel aux musiciens qui correspondaient le mieux au style recherché. La musique du film est inspirée de musiques de films américains, comme “Arrête-Moi Si Tu Peux”, plutôt enlevées, rythmées, jazzy et orchestrales.

Comment as-tu réussi à financer ce film ?

J’ai monté un dossier, je l’ai présenté à la Fondation Lagardère qui offre des bourses aux projets artistiques notamment en animation. J’ai eu la chance d’en gagner une et de recevoir un budget pour le film. C’était bien mais insuffisant pour faire le film. J’ai donc contacté Chez Eddy qui a pris le projet sous son aile. Nous l’avons présenté aux chaînes de TV, au CNC, etc., mais nous n’avons pas reçu d’échos favorables. Le bon côté des choses, c’est que nous avons pu faire le film en complète autonomie même si nous aurions pu aller plus loin avec plus de moyens.

Quels sont tes projets en cours ?

J’ai deux projets d’animation en route. Le premier est un film à partir d’une fausse biographie des sept nains de « Blanche Neige ». Enfant, j’étais très intrigué par ce qui pouvait pousser sept mecs à vivre dans la forêt et bosser dans une mine ! Le deuxième projet s’articule autour d’un couple de vieux dieux romains qui vivent dans un petit pavillon de banlieue et qui décident de partir en voyage à Rome pour retrouver la trace de leur glorieux passé. En arrivant en ville, ils ne reconnaissent plus rien mais recroisent un vieux pote, Apollon, devenu un clone de Berlusconi, et qui leur propose de participer à un jeu télévisé. Cela va prendre du temps pour trouver les fonds nécessaires pour ces projets. Je pense en produire un avec Chez Eddy et pour l’autre, on verra bien…

Propos recueillis par Julien Savès et Julien Beaunay

Article associé : la critique du film

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Dripped de Léo Verrier

Quand la peinture inspire l’animation, un film tel que « Dripped » coiffe le stock sans fin et impersonnel des courts métrages actuels. Coloré, mystérieux et musical, le film de Léo Verrier est un hommage à la création picturale et à Jackson Pollock en particulier. Proposé par Chez Eddy, une société de production aux fausses allures de bar du coin, le film de Léo Verrier se balade entre air jazzy, nuits américaines et conte à part sur l’art.

Milieu du siècle passé, New York. Picasso, Kandinski, Cézanne, Gauguin, Michel-Ange, David, Munch, Arcimboldo, … Tous les tableaux de maîtres des grands musées, Jack les a subtilisés pour ses fins et sa galerie personnelle. Loin de les revendre ou de les conserver pour ses vieux jours de voleur repenti, Jack consomme l’art comme personne : il croque les courbes, les lignes les couleurs pour éprouver au plus près la substance des tableaux (se muer en feu d’artifice coloré, avoir des ailes dans le dos, ne faire plus qu’un avec Dora Maar, …). Lorsqu’à cours de tableaux, Jack se met à peindre et à croquer ses propres toiles, il est très loin des signatures de génies dont il s’est imprégné. Ne supportant pas sa propre médiocrité, il se met alors à jeter des taches de peinture sur sa toile, encore et encore. Celles-ci se superposent et se mélangent, pour ne former plus qu’un mot, le dripping.

Léo Verrier, dans son film, disperse ici et là des pastilles ingénieuses. Il commence avec une atmosphère. Celle d’une ville plongée dans l’obscurité, celle d’un film noir à rebondissements, celle d’une époque révolue, celle du crime artistique le plus romantique. Il poursuit avec un (gros) plan saisissant, celui d’un homme poursuivi par les forces de l’ordre, un Picasso sous le bras, et rejette les temps morts (hallucinante et hallucinatoire passation de tableaux, explosion de couleurs et de formes). Pendant ce temps, Pablo Pico, le compositeur soigne particulièrement ses morceaux de jazz, basculant allègrement du piano aux cordes, en passant par le saxophone. En l’absence de dialogue ou de narrateur, sa musique accompagne à souhait l’intrigue du film. Résultat : « Dripped » se voit autant qu’il s’écoute. Avec délectation.

L’intérêt pour l’histoire de l’art, la volonté de créer coûte que coûte, la représentation de la modernité esthétique, l’hommage à Pollock et à sa technique, le dripping, en lien avec le titre, se ressentent fortement dans ce film. « Dripped » va plus loin, il contourne d’une façon drôle et libre la vérité historique, laissant l’imaginaire de Verrier et la patte de Pico s’étaler et s’éclater à souhait. Le son retrouve sa maîtresse, l’image, les sentiments imprègnent les toiles, la couleur vagabonde entre les fresques, les pots renversés, les ruelles et les galeries de musées. Quand la peinture inspire l’animation, le stock sans fin et impersonnel des courts métrages actuels se personnalise, ne fut-ce que grâce à un bon et curieux film en mouvement.

Katia Bayer

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D comme Dripped

Fiche technique

Synopsis : New York, 1950. Passionné de peinture, Jack écume les musées à longueur de journée. Il y vole des tableaux qu’il cache ensuite chez lui pour…

Réalisation : Léo Verrier

Genre : Animation

Durée : 8’10 »

Pays : France

Année : 2010

Techniques : 2D/3D

Scénario : Léo Verrier

Son : Attention O Chien

Montage : Léo Verrier

Production : Chez Eddy

Articles associés : la critique du film, l’interview de Léo Verrier

Jean-Michel Bernard. Musique de films & concert en extraits

La musique, élément d’expression central au cinéma. Depuis longtemps, le Festival Paris Courts Devant souhaitait créer un rendez-vous musical dans sa programmation, « Musique des Toiles » a surgi. Pour inaugurer cette session, Jean-Michel Bernard, ayant notamment collaboré à certains films de Michel Gondry (et joué certains morceaux à l’envers, à sa demande), est longuement interviewé par Benoît Basirico (Cinezik.org). Comment lire le scénario d’un film musicalement ? Comment devient-on compositeur ? D’une improvisation sur un morceau de Bruno Coulais (« notre maître à tous, ce qui m’intéresse quand on écoute une musique, c’est la note qu’on n’entend pas. Avec Bruno, on en entend une à chaque fois »), à « Be Kind Rewind », en passant par « The Science of Sleep » et même « The Muppet Show », JMB se met à jouer au piano, accompagné de son épouse et de son fils. En écoute sur Format Court.

Programme Films de musique. De la musique à l’écran

Les destinées sensibles des amants éternels Image et Son

Comment parler de ces enfants terribles qui ne peuvent se passer l’un de l’autre depuis l’origine du cinéma ? Comment transmettre cette passionnante relation qui les unit ? Comment parler de ce lien fusionnel qui les transcende l’un et l’autre quand l’alchimie opère ? Dernièrement, le Festival Paris Courts Devant a permis à son public de mettre le doigt sur une partie des réponses à ces questions en proposant un programme en compétition de Films de musique.

flatbed

Flatbed

Une pluralité de formes sonores

Le fait le plus marquant de ce programme est sans doute la grande diversité de formes et de contenus des films présentés. La musique prend différentes formes dans les films, de la plus attendue à la plus décalée : elle y est tour à tour pratique instrumentale (« L’accordeur » d’Olivier Treiner), personnage (« Conversation piece » de Joe Tunmer), illustration sonore (« Flatbed » de Tom Merilion), thématique principale (« Leçon de ténèbres »  de Sarah Arnold), bande originale (« Le dernier passager » de Mounes Khammar), …

Cette variété s’exerce également dans les genres musicaux représentés qui vont du classique (« Leçon de ténèbres » avec une musique de Virgile Van Ginneken) à la chanson (« L’attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l’espace » de Guillaume Rieu sur une musique de Mathieu Alvado) en passant par le jazz (« Conversation piece » basé sur le morceau du même nom interprété par Rex Stewart). C’est bien connu, la musique classique adoucit les mœurs là où le hard rock conduit plutôt à l’énervement. Prêts à jouer (plus ou moins) de ces poncifs, certains des films présentés détournent les codes attachés aux différents styles musicaux pour mieux servir la narration.

Dans « L’accordeur », qui est sûrement l’exemple le plus frappant, un joueur de piano virtuose se retrouve bien malgré lui contraint de jouer un morceau classique pour contenir les ardeurs meurtrières d’une cliente ! Du point de vue auditif, le réalisateur a utilisé, outre la musique de Raphaël Treiner, des thèmes classiques très connus de Schuman et Rachmaninov.

Un programme qui flirte avec les genres

Le programme se compose ainsi de films où la musique est présente sous de multiples formes. Il met également à l’honneur les films dits de genre et notamment la comédie musicale. On trouve ici tout le plaisir désuet de ce genre, mais également le sérieux de l’exercice et la complexité dans l’écriture de celui-ci. Les comédies musicales présentées fonctionnent, qu’elles soient sur le ton de l’humour ou qu’elles soient plus âpres (« Groove your life », réalisé et mis en musique par Franck Lebon, « La France qui se lève tôt » d’Hugo Chesnard sur une musique de Serge Balu, Damien Tronchot et Antoine Larcher). S’il faut s’attarder quelques instants sur l’une d’entre elles, parlons de l’incroyable et déjantée « Attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l’espace ». Guillaume Rieu propose une comédie musicale acidulée avec des monstres dans laquelle les morceaux musicaux chantés et dansés ajoutent une note décalée et désuète. Ceux-ci portent le récit et s’intègrent sans fausse note dans cet hommage aux séries Z.

Les autre genres mis à l’honneur dans la programmation sont : le film à suspense avec « L’accordeur » qui joue sur la corde sensible du spectateur et sur le retournement de situation, le drame dans « Leçons de ténèbres » où la musique est mise en abyme (elle y est d’une part une musique jouée à l’image par des instrumentistes et d’autre part bande sonore qui souligne le drame du récit) ou encore le film dansé avec « Flatbed » où le son, composé par Howard Skempton et Robert Shaw, parfait une ambiance étrange mais supporte surtout la mise en scène dansée des protagonistes. Sans être un prétexte, elle n’est dans ce dernier film qu’un relais sensoriel à la narration.

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Le dernier passager

Un langage universel, la fabrique des sensations

Quand un célèbre magazine parle du « poids des mots, (et du) choc des photos », en cinéma, on peut aisément se réapproprier cette expression, la musique appuyant, détournant, accrochant les sensations provoquées par les images animées. Dans « Le dernier passager », Mounes Khammar suit les derniers instants d’un jeune homme jusqu’à sa mort. La narration est transcendée par une création musicale de Zyad Rahbani qui est rythmée sur les actions du personnage. La musique insiste sur les sentiments provoqués par les images. Il n’y a aucun doute, le ton est clairement tragique, image et son se répondent sur le thème de la mort qui plane. Le film est bref comme ce qu’il montre et ce qu’il laisse entendre. On est presque dans une construction clippesque sans avant ni après, l’action est saisie et vive, la musique est au final plus qu’une bande originale. Elle supporte l’idée force du film. Dans cette relation musique/image, le langage ne passe pas par les mots, chacun peut percevoir les intentions du cinéaste, les codes sont universalisés. On retrouve cette fonction dans « Conversation piece » où Joe Tunmer a été au bout de l’idée de « fabrique de sentiments » par le son et la musique. Ici, cette dernière va jusqu’à prendre la place du personnage principal. En substituant la parole des acteurs à un morceau de jazz, le réalisateur transpose une scène de ménage en un mouvement musical. Les voix sont remplacées par les notes d’un instrument. Le phénomène est assez troublant : sans parole et uniquement avec la grammaire des sons, on comprend la scène, on irait presque jusqu’à interpréter les mots prononcés par… les acteurs ou les instruments ?

Un programme riche à reconduire ?

Les propositions de ce programme sont denses et variées. La thématique Films de musique semble assez inépuisable tant images animées et sons sont liés. Les films présentés dans le programme ont le mérite d’être des œuvres très accessibles. En même temps, on ne peut s’empêcher de regretter qu’il n’y ait eu aucune proposition expérimentale ou d’animation, deux domaines pourtant très portés sur et par la musique en général. Notons également l’intérêt que pourrait avoir la présentation de films de musique asiatiques ou africains par exemple où les codes de l’art musical sont très différents des codes occidentaux. Les futurs programmes de films de musique seront sans doute l’occasion d’aller explorer ces territoires sonores et visuels.

Fanny Barrot

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D comme Le Dernier passager

Fiche technique

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Synopsis : Un jeune homme saute dans le vide et disparaît à tout jamais. Son âme rend une dernière visite à ses deux amours impossibles : une femme, et la scène d’une salle de concert.

Genre : Fiction

Durée : 7′

Pays : Algérie

Année : 2010

Réalisation : Mounes Khammar

Scénario : Mounes Khammar

Image : Mathieu Pansard

Musique : Zyad Rahabani

Montage : Mounes Khammar, Redhouan Zaaboubi

Interprétation : Mohamed Bouchaib

Décors : Ramdhan Kacer

Article associé : Le reportage Programme Films de musique

A comme L’Attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l’espace

Fiche technique

Synopsis : Dans une comédie musicale en couleur, un monstre venu d’un vieux film hollywoodien attaque une petite ville en transformant ses habitants en zombies. Pour sauver le monde, un couple et un scientifique vont devoir changer le genre du film.

Genre : Fiction

Année : 2010

Durée : 18′

Pays : France

Réalisation : Guillaume Rieu

Scénario : Guillaume Rieu

Montage : Guillaume Rieu

Image : Frédéric Mainçon

Son : Stéphanie Benoît-Lizon

Monteur son : Olivier Manganelli

Musique : Mathieu Alvado

Décors : Sidney Dubois

Interprétation : François Jerosme , Aliocha Itovitch , Julie Durand

Production : Metronomic

Article associé : Le reportage Programme Films de musique

F comme Flatbed

Fiche technique

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Synopsis : La fin d’une relation et un semi-remorque de 30 tonnes fonçant dans la nuit sur une autoroute déserte.

Genre : Fiction

Durée : 5′

Pays : Irlande

Année : 2010

Réalisation : Tom Merilion

Scénario : Tom Merilion

Chorégraphie : David Bolger

Danceurs : Alexina Davidson et Lee Clayden

Image : Simon Walsh

Montage : Lee Hickey

Musique : Howard Skempton et Robert Shaw

Producteur : Jonny Speers

Le site du film : www.flatbedfilm.com

Article associé : Le reportage Programme Films de musique