FIFI 2011: la sélection des courts

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La 38ème édition du Festival International du film Indépendant se déroule du 1er au 6 novembre 2011 au Centre Culture Jacques Franck à Saint-Gilles. Trop de film novateurs n’arrive jamais sur nos écrans… Depuis 38 ans, le Festival s’est donné pour priorité de révéler les nouveaux talents du cinéma nationale et international. Avec une sélection dont les premiers critères ont toujours été : la qualité, l’originalité et l’innovation.


La compétition nationale

BADPAKJE 46 (Maillot de bain 46) – Wannes Destoop – Fiction – 15’

BENTO MONOGATARI – Pieter Dirkx – Fiction – 27’15

BISCLAVRET – Emilie Mercier – Animation – 14’15

DERNIER HOMMAGE – Alaa Eddine Aljem – Fiction – 16’

DERNIER RAPPEL – Mireille Verboomen – Fiction – 11’45

DIMANCHES – Valéry Rosier – Fiction – 15’30

EISBÄR – Olivier Burlet et Frédéric Noirhomme – Fiction – 20’30

ENDGAME – Wim Vanacker – Fiction – 11’

FANCY-FAIR – Christophe Hermans – Fiction – 19’45

FILOMENA – Julio C. Lopes – Documentaire-Animation – 14’45

FUGUES – Vincent Bierrewaerts – Animation – 10’30

FUROR ABSURDÜS – Maxime et Michel Pasques – Documentaire – 75′

L’APPEL – Cécile Mavet – Fiction – 19’15

LA FEMME A CORDES – Vladimir Mavounia-Kouka – Animation – 15’

LA VERSION DU LOUP – Ann Sirot et Raphaël Balboni – Fiction – 10’30

LA VIDA DE MARIA DE MAGDALA – Santos Hevia – Fiction – 14’

LA VIOLENCE DE CLOCHETTE – Yannick Bandali-Renard – Fiction – 13’30

LE JOUR DES POUBELLES – Sophie-Clémentine Dubois – Fiction – 8’

LE MAILLOT DE CRISTIANO – Vincent Bruno – Fiction – 16’45

LE PETIT CHEVALIER – Emmanuel Marre – Fiction – 36’45

LES YEUX DE LA TETE – Jérôme Cauwe et Pierre Mousquet – Animation – 6’30

LUCA – Nicolas Graux et Aude Verbiguié – Fiction – 13’30

MA VIE SANS MOI – Charlotte Joulia – Fiction – 19’15

MARIE – Jozefien Scheepers – Fiction – 17’

MAUVAISE LUNE – Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron – Fiction – 29’45

NUIT BLANCHE – Jonas d’Adesky – Fiction – 16’

POINT DE FUITE – Benjamin D’Aoust – Fiction – 15’30

RAFI (LA COUTURE) – Sandra Fassio – Fiction – 14’45

RUMEURS – Frits Standaert – Animation – 7’45

STAKA – Valentine Laloux, Morgan Hardy, Maximilien Chevalier et Jean-Michel Degoedt – Fiction – 10’30

SUMO – Laurène Braibant – Animation – 6’

TERRE NOUVELLE – Bernard Dresse – Fiction – 23’30

THERMES – Banu Akseki – Fiction – 27’

UNE DERNIERE FOIS – Barney Frydman – Fiction – 10’

WAITING FOR YESTERDAY – Patrick Junghans – Animation – 8’15

La compétition internationale

FOCUS NOUVELLE-ZELANDE

BLUE, de Stephen Kang
Fiction / HDCam / 2011 / Nouvelle-Zélande / 14’

MUNTED, de Welby Ings
Fiction / 2011 / Nouvelle-Zélande / 18’30

HAURAKI, de Kirsten Green
Fiction / 2011 / Nouvelle-Zélande / 9’45

PREFERABLY BLUE, de Alan Dickson
Animation / 2010 / Nouvelle-Zélande / 11’

EBONY SOCIETY, de Tammy Davis
Fiction / 35mm / 2011 / Nouvelle-Zélande / 13’

FOCUS BHOUTAN

AN ORIGINAL PHOTOCOPY OF HAPPINESS, de Dechen Roder
Fiction / 2011 / Bhoutan / 23’

THE CONTAINER, de Jamyang Dorji
Fiction / DV / 2011 / Australie-Bhoutan / 13’

RAJU, de Max Zähle
Fiction / 16mm / 2010 / Allemagne-Inde / 23’45

OAKS, de Charles Wittenmeier
Documentaire / 2010 / Etats-Unis / 17’

LA POESIE DE KIYUMI ET BRODERIES DE SAYURU, de Satoru Sugita
Fiction / 2010 / Japon / 30’

MO, de Eché Janga
Fiction / 2010 / Pays-Bas / 26’

Turning de Saul Freed et Karni Arieli

Le parfum de la madeleine

Robert reçoit la visite de trois vieilles dames dans le salon de sa mère. À travers son regard, nous flânons dans le souvenir de l’après-midi de ses six ans. On pense évidemment à la madeleine de Proust et au parfum des souvenirs enfouis. Le jeune garçon, réservé et distant, reste à l’écart et entrevoit le monde au travers d’un verre déformant, transformant les intrus en flamants roses. Puis, il amorce timidement un dialogue avec ces femmes qui reprennent alors forme humaine.

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Thé, petits gâteaux et poésie nostalgique

« Turning » est construit comme un souvenir d’enfance. À l’image d’un rêve ou d’un cauchemar, le film alterne entre des moments suspendus (l’enfant attendant à la fenêtre, la vaisselle s’égouttant), des images persistantes (les flamands roses ou le projecteur de cinéma dissimulé entre les jupons) et de discrètes ellipses (la fin du goûter d’anniversaire). L’utilisation parcimonieuse de l’animation permet de rendre compte de la vivacité de l’univers intérieur de l’enfant tout en conservant son authenticité. L’alternance de plans longs (durée réelle) et de plans plus courts, fragmentés (perception du temps observée par le jeune garçon) permet au spectateur de s’approprier aisément le point de vue enfantin du petit Robert. Les choix de cadrage jouent également une place importante dans la mise en place de cette ambiance, notamment lorsque la caméra devient subjective, portée ou lorsqu’elle est placée en contre-plongée – ce qui amplifie l’identification du spectateur à l’enfant. L’utilisation du jump-cut concoure également à cette esthétique, sans jamais paraître artificiel.

Faire peau neuve

« Turning » est aussi un film sur la transmission. En acceptant d’échanger avec ses invités, le jeune garçon se rend compte qu’il n’est plus le seul à pouvoir projeter les images qu’il imagine. Il aperçoit alors des formes animées provenant de l’un des jupons des femmes assises en face de lui. On peut y voir trois jeunes filles en noir et blanc qui jouent et dansent en cercle. Métaphore du cinéma ? Surgissement impromptu d’une réminiscence mal placée ? De quoi, en tout cas, enthousiasmer les psychanalystes égarés dans une projection de court métrage !

Le contact entre générations est maintenant établi et les imaginaires se répondent. Les vieilles dames transmettent alors, au travers du prisme du conte, la mémoire de leur peau c’est-à-dire l’expérience de leur vie. Les réalisateurs choisissent d’illustrer ce propos par de gros plans de peaux marquées par la vieillesse. Paré de son déguisement de lion tout fraîchement offert, Robert entend l’histoire de l’Empereur Écorché auquel il répond par un autre conte de son invention : il ajoute alors une nouvelle épaisseur à sa peau. Le temps du conte paraît alors suspendre le cours du temps… Jusqu’à la chute de Robert qui sonne brutalement la fin de cette parenthèse enchantée. Le tic tac de l’horloge reprend ses droits et les plans se font plus longs. La musique utilisée (Dyin’ Alone de Micah P. Hinson) évoque à cet instant la nostalgie de cet instant qui appartient déjà au passé.

Avec ce premier court métrage, Karni & Saul nous prennent par la main pour nous emmener voir le monde à travers les yeux d’un enfant de six ans. C’est un film empreint d’une mélancolie douce et amère, qui arrive à contourner les lieux communs sur la nostalgie tout en restant sincère. En dix minutes, ils abordent avec brio une large palette de thèmes de façon souvent surprenante (à l’instar du projecteur entre les jambes) sans pour autant simplifier leur propos.

Julien Beaunay

Consulter la fiche technique du film

T comme Turning

Fiche technique

Synopsis : Le jour de ses six ans, dans le salon de sa mère, Robert reçoit trois magnifiques vieilles pies abîmées. Le souvenir d’un après-midi, entre thé, biscuits, jupons roses en dentelle et l’histoire d’un empereur écorché.

Genre : Animation, Fiction

Durée : 10′

Année : 2010

Pays : Royaume-Uni

Réalisation : Karni Arieli, Saul Freed

Scénario : Karni Arieli, Saul Freed

Image : Ben Moulden

Musique préexistante : Tribal Chants Ensemble , Micah P. Hinson , Radik Tülüsh

Son : Steve Single

Montage : Kate Owen

Interprétation : Patrick Gibbs, Natasha Alderslade, Maureen Wild, Audrey Holt, Carol Kirkland, Agnes Davidson, Emily Duggan, Inma Azorin, Lily Mai Holloway

Décors : Benjamin j Ansell

Production : Lighthouse Arts & Training

Article associé : la critique du film

Paris Courts Devant

Paris, mi-octobre 2011. En l’espace de quelques jours, le festival Paris Courts Devant ouvre et clôt sa septième édition au Cinéma des Cinéastes (Pl. de Clichy). 70 films courts, français et étrangers, y sont projetés en 2K, pendant que des biscuits se laissent grignoter au détour des Thés à thème Fuji. Format Court n’est pas loin, trahi par des miettes sucrées : il attribue le Prix du Meilleur Premier Film à « The origin of creatures ». En attendant le Focus consacré au réalisateur Floris Kaayk, découvrez celui orchestré autour du Festival à l’emblème pimenté.

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