Pierre Mazingarbe : « Pour moi, le cinéma est un art de la désinhibition »

Pierre Mazingarbe : « Pour moi, le cinéma est un art de la désinhibition »

La sélection du court métrage « Les poissons préfèrent l’eau du bain » au Festival d’Aubagne est, pour son réalisateur Pierre Mazingarbe, une première dans un festival international de cette renommée alors que le film a déjà un an. On osera s’en étonner tant le film est unique en son genre : il parle d’un thème grave et tabou, l’avortement, sur un ton léger voire désinvolte, le tout dans un décor directement sorti des films de Tim Burton. Avec ce film, Pierre Mazingarbe nous plonge dans un univers étouffant, dérangeant et merveilleux à la fois, où la recherche esthétique tient la même place importante que celle de la narration dénonciatrice.

Les poissons préfèrent l’eau du bain de Pierre Mazingarbe

Les poissons préfèrent l’eau du bain de Pierre Mazingarbe

Le film commence et finit dans une baignoire. D’ailleurs, tout le film ou presque se situe dans cet espace, si bien qu’on en ressort avec la peau des doigts toute fripée. L’ambiance y est d’autant plus moite qu’une brume vaporeuse demeure du début à la fin, comme si nous étions dans un hammam (ou le ventre d’une femme), auquel se greffe un degré de sensualité et de chaleur gratifié par la musique folk du duo Lilt.

Festival d’Aubagne 2012. Reportage

Festival d’Aubagne 2012. Reportage

Après la regrettable disparition du Festival d’Auxerre, fort heureusement, celui d’Aubagne survit, et même mieux, resplendit tant il fait du bruit. En effet, le Festival International du Film d’Aubagne (FIFA, à ne pas confondre avec la fédération de football) est l’un des rares festivals à se pencher sur le travail particulier du son et de la musique au cinéma. Les compositeurs y sont par conséquent sur le devant de la scène, les compositeurs y sont même invités au même titre que les réalisateurs et producteurs.

Vincent Macaigne : « Ce que j’écris, ce ne sont pas des rôles, mais plutôt ce que j’ai envie de dire. J’ai une sorte de parole qui m’est personnelle »

Vincent Macaigne : « Ce que j’écris, ce ne sont pas des rôles, mais plutôt ce que j’ai envie de dire. J’ai une sorte de parole qui m’est personnelle »

Récemment, le MK2 Beaubourg semblait très attaché au format du moyen-métrage. Exercice de style extrêmement intéressant et surtout loin des exigences commerciales, le moyen-métrage est souvent trop peu visible sur les écrans, petits ou grands ou dans les festivals malheureusement. Ce cinéma permet par conséquent de (re)découvrir le double travail de Vincent Macaigne dans deux moyens-métrages. On le connaissait certes déjà comme comédien, on aura toujours le même plaisir à le voir ou à le revoir dans « Un monde sans femmes » de Guillaume Brac, récemment nominé aux César.

Kazak x 3

Kazak x 3

Le cru 2012 de la 34e édition du Festival International de Clermont-Ferrand a un goût de Kazak. Lauréat du Prix Procirep 2011 du meilleur producteur, Kazak Productions s’est vu en effet offrir une carte blanche lors du plus grand festival de court métrages. À l’image de leur « ligne éditoriale » qui se veut contemporaine, hétéroclite et osée voire radicale, ils nous proposent ici une sélection diversifiée et tranchée.

Laurie Lévêque : « L’annonce au départ disait : « Cherche jeune fille un peu garçon manqué. Il y aura une scène de nu, donc, assumez votre corps ! ». J’ai répondu en me disant, comme d’habitude que je verrai au dernier moment, si je suis prise, si je l’assume ou pas »

Laurie Lévêque : « L’annonce au départ disait : « Cherche jeune fille un peu garçon manqué. Il y aura une scène de nu, donc, assumez votre corps ! ». J’ai répondu en me disant, comme d’habitude que je verrai au dernier moment, si je suis prise, si je l’assume ou pas »

« Petite pute ». Un titre pareil avec le visage d’une jeune femme brune dont le regard est plombé par des cheveux longs. Cela a son effet. Et l’on peut trouver cet effet facile. Ou bien se dire : après nous avoir allumés de cette façon, la réalisatrice Claudine Natkin et son actrice Laurie Lévêque, ont plutôt intérêt à « assurer ». Lorsque nous rencontrons la comédienne principale au Festival du Film de Vendôme (du 2 au 9 décembre 2011), Laurie, 27 ans – mais qui en paraît dix de moins dans le film – assure la promotion de « Petite pute » réalisé par Claudine Natkin.

Guillaume Bureau : « J’avais envie de réaliser un film ludique. En passant d’un décor à un autre, les personnages sont un peu comme dans un jeu de l’oie, je voulais montrer plusieurs combinaisons possibles »

Guillaume Bureau : « J’avais envie de réaliser un film ludique. En passant d’un décor à un autre, les personnages sont un peu comme dans un jeu de l’oie, je voulais montrer plusieurs combinaisons possibles »

Qu’on se le dise : Guillaume Bureau est un vrai gentil, ou plutôt un vrai discret, loin des paillettes et de l’intellectualisme qu’on reproche trop souvent au cinéma. Fort d’une certaine expérience dans le domaine du court-métrage et avec un univers bien à lui, il n’en reste pas moins une personne modeste, soucieuse que les autres comprennent bien le sens qu’il a voulu donner à ses films. Nous l’avons donc rencontré en exclusivité à Vendôme pour la première sélection en festival de son nouveau court-métrage « Sylvain Rivière ».

Festival de Vendôme, la compétition nationale

Festival de Vendôme, la compétition nationale

Voici un petit récapitulatif de cette 20e édition du Festival du Film de Vendôme, et tout particulièrement de la compétition nationale puisque notre jury Format Court avait pour mission de primer le meilleur film de cette catégorie. Pour les 20 ans du festival, 20 films courts étaient en compétition dans la catégorie nationale, tous genres confondus, allant de 9 à 59 minutes et divisés en 6 projections aussi diversifiées les unes que les autres, mais assurément, toutes d’une grande qualité.

La Maladie blanche, Prix Format Court au Festival de Vendôme 2011

La Maladie blanche, Prix Format Court au Festival de Vendôme 2011

Après avoir assisté aux six programmes de la compétition nationale, le Jury Format Court présent à la 20e édition du Festival du Film de Vendôme (Isabelle Mayor, Franck Unimon et Camille Monin) a décidé de remettre le prix Format Court au court-métrage « La maladie blanche » de Christelle Lheureux. Le film a séduit le Jury, non seulement par sa forme qui vacille entre le documentaire, l’expérimental et la fiction, que par son fond traitant de la mémoire et de la sensible frontière qu’il existe entre l’enfance et l’âge adulte.