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La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard

Le film arrive par hasard par le biais d’une actu paillette, celle des 12 courts métrages pré-sélectionnés aux César. Certains noms sont parlants, d’autres pas du tout. Celui de Hugo Chesnard appartient à la deuxième catégorie. Quelques instants plus tard, Arte, joue son jeu +7 : « La France qui se lève tôt » est visible en ligne une semaine après sa diffusion sur la chaîne franco-allemande. Forcément, la curiosité s’étire, le partage de l’info est immédiat, et le choc, lui, est salutaire. Le film réapparaît quelques jours plus tard, au détour d’une séance musicale, à Paris Courts Devant. Renouvellement de l’attention.

“Inspiré d’une histoire vraie”. Trop fréquemment, les longs métrages ajustent leurs génériques en fonction de cette formule inspirée, offrant au mieux un label d’authenticité à leur scénario, au pire un soupçon de crédibilité au film. « La France qui se lève tôt » tire aussi sa substance d’un fait divers mais son résultat se passe d’un commentaire cynique. Le film aurait pu être un documentaire, c’est une fiction étonnante au caractère social et critique, à la forme atypique, celle d’une comédie musicale diablement contemporaine.

L’histoire. Celle de Souleymane, un sans-papiers malien travaillant en France depuis dix ans, menacé d’expulsion, souhaitant faire reconnaître ses droits et devant son salut aux passagers solidaires d’un avion en partance pour Bamako. L’histoire, point de départ, c’est celle de Souleymane Bagayogo, arrêté sur son lieu de travail en 2006, renvoyé dans son pays d’origine (le Mali) et régularisé après deux ans de lutte contre son ancien employeur. L’histoire, non isolée, c’est évidemment celle de milliers de travailleurs illégaux ayant refait leur vie, travaillé et payé des impôts dans le pays de la liberté et se trouvant dans la même situation difficile que les deux Souleymane, le fictionnel et l’authentique.

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L’hypocrisie du système judiciaire, l’aveuglement de la police, la solitude et les brimades des sans-papiers, les combats perdus d’avance, le malaise des uns, l’agressivité des autres, … : toutes ces réalités forcément très prenantes imprègnent le film de Chesnard. « La France qui se lève tôt » évite néanmoins d’entrer dans la caricature et le pathos, car son auteur prend de la distance avec les faits réellement survenus (voir interview) et se joue du réalisme grâce à plusieurs astuces scénaristiques. Pour contraster avec un fond déjà très chargé émotionnellement, il imagine une forme en apparence légère : le film apparaît comme une opérette sociale, les dialogues sont construits en vers, le labeur est chorégraphié et le parlé-chanté s’exprime qu’on soit étranger, flic ou touriste.

L’apparente légèreté n’est qu’est évoquée, parce qu’un nouveau frisson et une nouvelle intensité accompagnent ces dialogues tout en rimes (extraits choisis : « On a bossé pour des clopinettes. Et maintenant, ils nous jettent », « C’est la démocratie de suivre l’ordre établi », »Je ne suis qu’un simple policier qui raccompagne les sans-papiers », « Qui a raison, qui a tort ? Celui qui veille, celui qui dort ? »). Au fil du film, d’autres trucs & scènes se laissent dénuder : le chant magnifique de la compagne de Souleymane, la main sur le ventre rebondi / l’amas de banderoles de protestation / la grande loterie de la vie / le distributeur de dossiers classés / le chœur-la conscience en tenue de travail, …. Le résultat est visuel et sonore, maîtrisé et tendu du début jusqu’à la fin.

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Pour personnaliser son Souleymane, Hugo Chesnard fait jouer Ricky Tribord, aussi à l’aise en face de Pauline Etienne et Patrick Catalifo que devant des comédiens non professionnels (les passagers de l’avion, en grande partie des membres du collectif RESF, proche des sans-papiers). Tribord, plutôt lié au registre comique (à en juger sa bande démo), est plus que convaincant avec son air buté, son regard percutant face caméra, et son énergie sans pareille. Il suffit qu’il sorte « Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu fais ça ? » à un policier qui le plaque au sol, pour s’en convaincre, déciller le regard une fois pour toutes et louer ce film pour ses qualités sociales, humaines et musicales. Salutaire, nécessaire et importante que cette France-là. Il faut se lever tôt pour en trouver une autre, aussi critique et prenante que celle-ci.

Katia Bayer

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Article associé : l’interview de Hugo Chesnard

F comme La France qui se lève tôt

Fiche technique

Synopsis : Comme un nègre tu travailles dur, Paies nos impôts notre futur ! Cotises aussi pour nos retraites, Mais des papiers pour un métèques ?

Genre : Fiction

Durée : 20′

Pays : France

Année : 2009

Réalisation : Hugo Chesnard

Scénario : Hugo Chesnard

Image : Denis Gravouil

Son : Benjamin Le Loch, Niels Barletta, Damien Tronchot

Montage : Erika Haglund

Montage son : Damien Tronchot

Décors : Sidney Dubois

Auteurs de la musique : Serge Balu, Damien Tronchot, Antoine Larcher

Costumes : Sarah Monfort

Mixage : Niels Barletta

Interprétation : Ricky Tribord, Pauline Etienne, Patrick Catalifo, François Roy

Production : Butterfly Productions

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Découvrez la sélection nationale du Festival du court métrage Média 10-10 qui aura lieu à Namur du 15 au 19 novembre 2011.


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En 1863, Cyrill entreprend un pèlerinage en Italie. Il voyage avec une mystérieuse boîte à musique sur le dos.
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Une histoire bij de chez nous (Vander Eeckt Franck)

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autour d’un héritage commun : la demeure familiale. Jan est
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débrouillardise peu commune.
La cohabitation se déroule dans une belle harmonie jusqu’à ce
que les naturels des frères ne reprennent le dessus, ne voulant
faire aucune concession l’un pour l’autre. Un jour, excédé par
le comportement de Jean, Jan décida de séparer la maison
en deux et de couper les ponts avec son frère. Il est loin de se
douter que sans son feignant de compagnon, la vie est bien
moins riche, et qu’il est moins capable qu’il ne le croit de faire
face aux évènements que lui réserve le quotidien.

Bailaoras, l’horizon des racines (Víctor Sagristà)

Il y a chanter ou danser le flamenco, et il y a ÊTRE flamenco. Être flamenco, c’est quelque chose en plus, que tout le monde n’a pas en soi. C’est une vibration. C’est un cri d’ amour, de furie, de souffrance et de douleur qui perdure d’une génération à l’autre. Parce qu’on ne peut pas passer à côté d’un art si grand et si beau.

Barracuda (Collectif : 10 adultes)

Surpris par la pluie, un homme pénètre dans un immeuble. Guidé par son parapluie, il s’aventure dans les couloirs et les escaliers peuplés d’individus étranges…

Garde-barrière (La) (Hugo Frassetto)

Garde-barrière d’un passage à niveau sur une route à l’abandon, une vieille dame vit seule avec sa vache. Elle comble
sa solitude par la tendresse qu’elle porte à sa jolie vache et s’évade en jouant du violon. Jusqu’au jour où elle décide de
stopper les trains qui passent…

Dissonance (Anne Leclercq)

Agnès Duval, 27 ans, tente de trouver sa place en préservant son intégrité. Elle se retrouve subitement projetée dans un espace-temps en vitesse accélérée. Les autres personnes sont du coup devenues invisibles.
Seule dans la ville, elle se confronte à celle-ci, vidée de ses habitants et de ses fonctions utiles.Le monde qu’elle croyait connaître se révèle alors étrange, hostile et délétère

Yeux de la tête (Les) (Jérôme Cauwe et Pierre Mousquet)

John, un grand acteur américain, alors qu’il joue amicalement un trou au golf en France, reçoit une balle en pleine figure et perd un oeil. Il peut cependant compter sur l’excellence de la médecine européenne et l’émergence de l’économie
chinoise…

Version du Loup (La) (Ann Sirot et Raphaël Balboni)

Comme dans le conte traditionnel, le loup convoite le petit chaperon rouge et se déguise pour arriver à ses fins. Mais cette version dévoile un petit chaperon plus espiègle que la candide fillette de la légende.

Bisclavret (Émilie Mercier)

Au Moyen-Age, une femme découvre la transformation secrète de son mari en animal sauvage…
D’après « Le lai du Bisclavret » de Marie de France.

Navets blancs empechent de dormir (Les) (Lang Rachel)

LES NAVETS BLANCS EMPÊCHENT DE DORMIR
1. Trouver une explication rassurante à une insomnie : avoir mangé des navets blancs.
2. Observer le mécanisme des passions
3. Sortir des Idées inadéquates

Les navets blancs sont bourrés de vitamine C. Si on en mange le soir, il est difficile de s’endormir. Suite à un test de grossesse défectueux, Ana va tenter, de Strasbourg à Bruxelles, de se libérer d’idées inadéquates, de comprendre que la vitamine C n’est pas vraiment le problème.


Waiting for yesterday (Patrick Junghans)

Un homme déprimé essaie d’aller de l’avant et d’effacer les souvenirs obsédants de sa femme,  décédée lors d’un tragique accident quelques années auparavant.

AdonaissanceTrip (Madeline Feuillat)

Il suffit de s’asseoir entre deux chaise pour comprendre l’adolescence…

About a spoon (Philippe Lamensch)

Au nom d’une famille aimante mais trop occupée, l’Homme des vœux vient souhaiter la bonne année au vieux Rico.
Découvrant que l’arbre de Noël a déjà perdu toutes ses aiguilles, il s’apitoie:
le déracinement, quelle tragédie !
Il dit alors son propre déracinement, sa propre tragédie. Il est question d’une cuillère, « la meilleure amie du réfugié »
Rico s’en tape.
L’homme des vœux est un prestataire de service. Et le service est presté.
Comédie noire de Noir.

Genre qui doute (Le) (Carlier)

H/F : cochez la bonne case. Sans cesse on nous demande de nous définir. Mais que se passe-t-il lorsqu’on ne se reconnaît ni comme l’un ni comme l’autre, qu’on vogue entre les deux ou tout à fait en-dehors ? A travers un portrait personnel, on découvre ce que cela signifie, dans l’intimité comme face à la société, d’être un homme, d’être une femme, ou encore de se positionner dans un ailleurs à inventer.

Staka (Valentine Laloux, Morgan Hardy, Maximilien Chevalier, Jean-Michel Degoedt)

Les « STAKA » sont des ouvriers productifs et dévoués. Ils exécutent pour l’Usine un travail manuel, moyennant une promesse de finir leurs jours à l’Eden.

Cleo’s Boogie (Collectif Camera-etc)

Deux vieux amis, vivant avec leur chatte dans un appartement défraichi, revivent l’atmosphère percussive et endiablée du Boogie-Woogie de leur jeunesse. A l’époque, ils accompagnaient une chanteuse sensuelle dont il ne reste plus qu’une image sur une vieille affiche… A moins que la chatte noire n’en soit la réincarnation ?

Kérosène (Joachim Weissmann)

Clara, 25 ans, jeune et jolie femme, suit une psychothérapie pour vaincre sa phobie : l’avion.
Afin de surmonter sa peur, elle se fait engager comme technicienne de surface pour avions en escale.
Alors qu’elle travaille en classe business, elle tombe sur un roman appartenant à l’un des passagers. Elle décide d’y laisser, par jeu, un message. Et contre toute attente, elle reçoit une réponse. La machine est lancée !

P.S : Une femme de ménage qui rencontre un riche passager, par romans interposés, ça ressemble à du Marc Lévy. Ca tombe mal, Clara déteste Marc Lévy ! Quoi qu’il en soit, il y a de fortes chances que cette histoire soit bien plus qu’une comédie romantique…


Youssouf le souffleur (Lia Bertels)

Depuis sa petite trappe de souffleur, un enfant inspiré souffle à l’oreille du
monde les paroles que celui-ci exprimera la seconde d’après. Il y a beaucoup de vent.

Ciao Bambino (Thibaut Wohlfahrt)

Nadine emmène Baptiste à la mer. Entre confidences et rejets, mère et fils vont tenter de trouver les mots pour se comprendre.

Factory (The) (Simon Hanus)

Une usine à la cadence infernale, des ouvriers répètent inlassablement les même gestes jusqu’au jour où une machine se bloque
et où un des ouvriers va se libérer

Dos au mur (Miklos Keleti)

Natacha travaille dans une station service à la campagne. Durant la journée, un homme et une petite fille rentrent dans son magasin. Ils viennent d’écraser un chevreuil sur la route. Natacha sent que la petite est perturbée par l’accident mais on dirait que ce n’est pas la seule chose qui la préoccupe…

Cases ou je ne suis pas un monstre (Letaïf Hannah)

Dans le cadre d’une expérience faussement scientifique, six sujets sont placé dans des pièces données et se mettent à évoluer en fonction de l’espace dans lequel ils se trouvent.

Maman (Baudour Paul-Emile)

Marc, 42 ans, vit chez sa mère. Celle-ci est atteinte d’alzheimer depuis peu. S’occuper d’elle lui prend tout son emploi du temps. Ne recevant aucune aide de sa soeur, Marc se sent dans l’obligation de réagir. Il donne rendez-vous à sa soeur au pied d’une usine abandonnée et y emmène sa mère. Marc creuse un trou et, déboussolé, explique à sa soeur qu’il veut en finir avec cette situation.

Journal d’un frigo (Joséphine Derobe)

En 1971, un couple achète d’occasion un vieux frigo des années cinquante. Celui-ci prend place tout naturellement dans la cuisine du jeune ménage avant d’occuper une place centrale dans la vie de cette famille, et d’être le témoin privilégié des ses moments et événements tant ordinaires qu’exceptionnels.

Bang Bang (Le Toux Lungo Raphael)

Amédéa a tout pour être heureuse.
Amédéa est riche.
Amédéa a un frère créateur de mode : Giorgio Vivarelli.
Amédéa aime Giorgio. Giorgio aime Jimmy.
Amédéa est jalouse.
Amédéa veut reconquérir Giorgio avec l’aide de Yves.
Amédéa mélange rêve et réalité.
Amédéa croit évoluer dans un labyrinthe
En trouvera t-elle l’issue?

LNrun (Lionel Daneau / François Ducobu)

Hélène court sans cesse dans tous les sens en trainant les pieds. Il y a deux ans, elle se met à courir vraiment, à en perdre haleine. C’est le début d’une nouvelle vie.

kin (l’Atelier Collectif)

: Kin est une photographie sociale de Kinshasa, qui mèle une série de personnages autour le thème de la débrouille et du recyclage.

Dimanches (Rosier)

Les dimanches et l’homme face au temps qui passe.
Le temps libre qu’on tente de remplir à tout prix.
Que l’on observe passer, avec rire ou avec ennui.

Rumeurs (Frits Standaert)

Profitant d’une belle après midi d’été, trois lièvres font la sieste au beau milieu de la jungle. Soudain, un bruit retentit derrière les feuillages. Pris de panique, les rongeurs prennent la fuite, entraînant dans leur sillage tous les animaux de la jungle. Seul le Lion saura les arrêter, en révélant, bien malgré lui, l’origine du mystérieux bruit source de la folle rumeur.

Mauvaise lune (Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron)

Jean-Paul est différent.
Son père est sa mère.
Il aime les chiens passionnément.
Mais c’est la bière qu’il préfère.
Quand la lune est pleine, Jean-Paul est plein.
Demain, il ne se souviendra plus de rien.

Fugue (Vincent Bierrewaerts)

Un petit bonhomme tout à fait quelconque veut prendre soin d’une jeune pousse en la mettant au soleil. Dans un filet, il capture un nuage pour pouvoir abreuver la plante, mais celui-ci, se transformant en eau, glisse au travers des mailles.
Le petit bonhomme tentera par tous les moyens de rattraper ce filet d’eau indispensable au bien être de sa plante.

Appel (L’) (Cécile MAVET)

Une foi ardente habite Anna.
Ancienne danseuse classique, elle se consacre désormais à Dieu. Mais
alors qu’elle s’apprête à prononcer ses voeux, le trouble s’installe, entre
l’Appel du corps et celui de l’esprit, le désir de mouvement et le besoin
d’engagement…

Pêle-Mêle (Maëlle Grand Bossi)

Pêle-Mêle est une bouquinerie située en plein coeur de Bruxelles. C’est un fouillis organique, un espace débordant de livres autour desquels se côtoient les riches et les pauvres, les jeunes et les vieux… et une clientèle d’habitués « haute en couleurs ». Chacun y touche et y aime les livres à sa manière.

Grand sablier (Le) (Manu Gomez)

« Tu es poussière et tu retourneras en poussière »

I am unhappy (Maria Castillejo Carmen)

Le film s’ouvre sur un enregistrement d’un cosmonaute russe qui va mourir dans les secondes qui suivent. Le ton est donné. On ne parlera plus de cosmonaute dans ce film, mais l’angoisse est celle de la petite fille qui se pose des questions sur sa situation, sur sa famille, et qui essaie de donner du sens à son malheur, par association d’idées… des idées de petite fille.

Vivre ensemble en harmonie (Lucie Thocaven)

Au travers de cette interlude éducative vous apprendrez que faire état de sa colère devant son prochain est nocif et qu’afin de respecter les règles de la bienséance vous vous devrez de taire ce sentiment en suivant les divers conseils dispensés. Ou peut-être que vous apprendrez que toutes les leçons ne sont pas bonnes à retenir.

fancy-fair (Hermans)

Aujourd’hui, Nathalie veut assister au spectacle de sa fille.
Elle veut aussi sentir que son mari l’aime encore, que ses enfants la voient toujours comme leur mère.
Cette journée est celle d’une femme qui cherche à se reconstruire.

Mais pour cela, elle ne dispose que de quelques heures…


Dans le cochon tout est bon (Iris Alexandre)

Du cochon vivant au banquet de cochonnailles, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme

Léo Verrier : « J’imagine que cela doit être le fantasme de plusieurs peintres de se transformer en leur propre œuvre »

Auteur de « Dripped », un premier film d’animation enlevé, sur la naissance du style « Dripping » par Jackson Pollock, présenté à l’édition 2011 de Paris Courts Devant, Léo Verrier nous parle d’animation, de création artistique et d’accident « heureux ».

Peux-tu nous parler de l’origine de ton projet ?

J’ai commencé à travailler sur ce projet juste après mes études, je voulais réaliser un court métrage et mon passage à l’école de graphisme de Penninghen ne m’en avait pas laissé l’occasion. Le point de départ de cette histoire vient d’une anecdote : je visitais un musée, je n’avais pas mangé, j’avais faim, je voyais les tableaux et ils étaient tous très colorés, et je me suis dit : “Si on pouvait les manger, qu’est-ce que cela donnerait ? ». J’ai alors eu l’idée d’un personnage qui aurait le pouvoir de manger les tableaux, et ensuite, je me suis dit : « Et si le personnage mangeait tous les tableaux, qu’est-ce qui pourrait se passer après ? Si il n’y avait plus rien à manger, du coup il pourrait essayer de peindre par lui-même… ». L’histoire de Pollock est vraiment arrivée à la fin. Le film n’avait pas été pensé pour être à la base un « biopic » sur lui, c’est un pur accident.

Pourquoi avoir situé le film à New York et dans les années 30-40 ?

Une fois que j’avais décidé d’orienter mon récit sur Pollock, j’ai étudié sa biographie, je me suis renseigné sur lui. Il vivait dans le New York des années 30-40, cela m’offrait un bon lieu et une bonne époque pour un court métrage. Quelque chose d’assez typé, d’assez rétro, c’était un bon background pour mon histoire.

Peux-tu nous parler du style d’animation et des techniques employées dans le film ?

C’est de la 2D traditionnelle, image par image, animée sur Flash, donc cela permet d’économiser le papier en dessinant directement sur l’ordinateur. Les décors sont peints sur Photoshop, et il y a un petit peu de 3D par endroits pour faciliter l’animation (par exemple, avec les voitures). J’ai travaillé avec deux animateurs qui ont fait 80% de l’animation du personnage principal, j’en ai fait un peu, plusieurs stagiaires nous ont aidés également. Au niveau du graphisme, j’ai fait tous les décors. Pour le personnage principal, j’avais fait une base et un des animateurs qui était aussi character designer sur le film l’a amélioré.

Concernant le style visuel du film, j’ai été inspiré par certains peintres américains comme Edward Hopper, Norman Rockwell et leurs œuvres de l’époque avec des contrastes de lumière très tranchés, mais aussi par l’animation française comme « Les Triplettes de Belleville ».

As-tu essayé de coller au propos en utilisant dès que tu le pouvais un style « dripping » tout au long de ton film ?

A la base, je devais montrer les tableaux de Pollock, mais on n’a pas eu les droits pour les présenter, du coup, j’ai dû faire mes propres taches. Au final, ça marchait bien, parce que j’ai pu les faire comme je le voulais, je n’ai pas été limité par les tableaux d’origine. En plus, je trouve que cela se mélange bien, les décors avec des couleurs marron, ocre, assez sombres et les taches colorées qui viennent trancher par dessus.

Qu’est-ce que l’animation t’a apporté par rapport à ce qu’un film en prises de vues réelles aurait pu te donner ?

Le film aurait pu se faire avec des acteurs, mais je ne maîtrise pas trop la prise de vues réelles, donc c’était logique pour moi de le faire en animation. Et puis, cela me permettait de dire les choses différemment. Par exemple, en prises de vues réelles, il aurait fallu tourner à New York et créer bon nombre d’effets spéciaux. L’avantage de l’animation, c’est de pouvoir faire tout cela sur ordinateur directement, sans être limité par quoi que ce soit. De plus, l’animation est déjà une forme de graphisme en soi, d’illustration, donc, presque un tableau en tant que tel.

Le fait de (littéralement) digérer les œuvres des Maîtres avant de produire les siennes est-il le meilleur moyen de devenir un artiste pour toi ?

Quelque part oui, Pollock ne serait pas devenu Pollock si justement, il n’avait pas regardé puis digéré toutes ces œuvres, il venait de quelque part, il y avait des courants artistiques avant lui et il les a vus, se les ai appropriés pour obtenir quelque chose de différent. Il a été aussi marqué par le chamanisme, et il y a quelque chose d’assez tribal dans ses peintures. Dans le film, il mange les tableaux, cela donne une dimension cannibale avec laquelle je trouve amusant de jouer. A la fin, Pollock devient sa propre peinture…. J’imagine que cela doit être le fantasme de plusieurs peintres de se transformer en leur propre œuvre.

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Qu’est-ce que Pollock t’a procuré comme émotions en tant qu’amateur d’art ? Pourquoi avoir choisi cet angle de sa vie (la naissance du dripping) comme histoire pour ton film ?

Ce qui m’a intéressé, c’est tout le contexte de sa vie. C’était quelqu’un d’assez violent, impulsif – un peu comme le personnage du film – et forcément, cela se ressent dans sa peinture. Il se fichait de savoir si c’était beau, son travail reflétait sa vision du monde, une projection de son esprit sur la toile.

Dans le film, au moment où le personnage principal se met lui-même à la peinture, il rate son premier tableau, puis de rage, crée une deuxième œuvre particulièrement réussie qui lui ouvrira les portes des musées. Que signifie cette scène clé pour toi ?

Le personnage meurt de faim, il doit faire quelque chose, il essaye de peindre sans savoir le faire, de recréer ce qu’il a déjà vu quelque part (corbeille de fruits, nature morte), mais n’y met pas son âme. La toile est ratée. Il a faim, il est plein de rage et quand il arrive à projeter cela sur la toile pour devenir Pollock, il se rend compte que les taches qu’il a faites par accident sont belles car elles expriment ce qu’il ressent à ce moment-là.

Néanmoins, j’aurais aimé pouvoir développer plus ce passage mais j’ai manqué d’un peu de temps et d’argent. Je voulais amener le personnage encore plus loin et le faire tomber dans une sorte de spirale d’échecs liés à sa situation.

Il y a plusieurs niveaux d’interprétation dans le film, qu’en penses-tu ?

Il y a effectivement plusieurs niveaux de lecture. J’avais préparé quelques thématiques au départ mais d’autres se sont ajoutées au fur et à mesure. Par exemple, quand le personnage principal commence à peindre par lui-même, il n’y parvient pas. Au début, je voulais juste en faire une scène un peu comique et je me suis rendu compte qu’il pouvait y avoir une deuxième lecture, et c’est ce qui s’est passé pour la plupart des scènes du film. Ce fut une bonne surprise pour moi. Un peu comme pour Pollock…

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La fin du film est-elle une sorte d’happy end ou un genre d’ironie mordante ? Est-ce que voir ses toiles accrochées dans un musée est un accomplissement en soi pour tout artiste ?

Pour moi, c’est un happy end, mais je ne suis pas vraiment rentré dans ce genre de subtilités. Il y a une part d’ironie toutefois ; ce qui intéressait Pollock, c’étaient ses œuvres, il se fichait de savoir comment celles-ci étaient appréciées. Ce qui comptait pour lui c’était de peindre des tableaux. S’il est devenu célèbre, c’est malgré lui.

En écrivant le scénario, j’ai mis du temps à trouver une fin qui me satisfaisait. Une des premières fins était de montrer Pollock dans Central Park, en train de se faire « une tartine de dripping » qu’il déguste. Il rencontrait alors un agent et faisait tellement de tableaux qu’il ne pouvait pas tous les manger, donc il les distribuait aux musées pour se faire pardonner d’avoir mangé toutes les autres toiles. J’ai finalement renoncé à cette fin et j’ai préféré quelque chose de plus percutant : Pollock se transformant en taches de peinture.

Comment as-tu travaillé avec ton compositeur, Pablo Pico ?

Pablo Pico, mon compositeur, a l’habitude de travailler sur des films d’animation, notamment avec l’Ecole des Gobelins. Nous sommes assez vite tombés d’accord sur le style à adopter. c’est quelqu’un qui s’adapte facilement. Il a bien compris l’univers que je voulais créer et a fait appel aux musiciens qui correspondaient le mieux au style recherché. La musique du film est inspirée de musiques de films américains, comme “Arrête-Moi Si Tu Peux”, plutôt enlevées, rythmées, jazzy et orchestrales.

Comment as-tu réussi à financer ce film ?

J’ai monté un dossier, je l’ai présenté à la Fondation Lagardère qui offre des bourses aux projets artistiques notamment en animation. J’ai eu la chance d’en gagner une et de recevoir un budget pour le film. C’était bien mais insuffisant pour faire le film. J’ai donc contacté Chez Eddy qui a pris le projet sous son aile. Nous l’avons présenté aux chaînes de TV, au CNC, etc., mais nous n’avons pas reçu d’échos favorables. Le bon côté des choses, c’est que nous avons pu faire le film en complète autonomie même si nous aurions pu aller plus loin avec plus de moyens.

Quels sont tes projets en cours ?

J’ai deux projets d’animation en route. Le premier est un film à partir d’une fausse biographie des sept nains de « Blanche Neige ». Enfant, j’étais très intrigué par ce qui pouvait pousser sept mecs à vivre dans la forêt et bosser dans une mine ! Le deuxième projet s’articule autour d’un couple de vieux dieux romains qui vivent dans un petit pavillon de banlieue et qui décident de partir en voyage à Rome pour retrouver la trace de leur glorieux passé. En arrivant en ville, ils ne reconnaissent plus rien mais recroisent un vieux pote, Apollon, devenu un clone de Berlusconi, et qui leur propose de participer à un jeu télévisé. Cela va prendre du temps pour trouver les fonds nécessaires pour ces projets. Je pense en produire un avec Chez Eddy et pour l’autre, on verra bien…

Propos recueillis par Julien Savès et Julien Beaunay

Article associé : la critique du film

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Dripped de Léo Verrier

Quand la peinture inspire l’animation, un film tel que « Dripped » coiffe le stock sans fin et impersonnel des courts métrages actuels. Coloré, mystérieux et musical, le film de Léo Verrier est un hommage à la création picturale et à Jackson Pollock en particulier. Proposé par Chez Eddy, une société de production aux fausses allures de bar du coin, le film de Léo Verrier se balade entre air jazzy, nuits américaines et conte à part sur l’art.

Milieu du siècle passé, New York. Picasso, Kandinski, Cézanne, Gauguin, Michel-Ange, David, Munch, Arcimboldo, … Tous les tableaux de maîtres des grands musées, Jack les a subtilisés pour ses fins et sa galerie personnelle. Loin de les revendre ou de les conserver pour ses vieux jours de voleur repenti, Jack consomme l’art comme personne : il croque les courbes, les lignes les couleurs pour éprouver au plus près la substance des tableaux (se muer en feu d’artifice coloré, avoir des ailes dans le dos, ne faire plus qu’un avec Dora Maar, …). Lorsqu’à cours de tableaux, Jack se met à peindre et à croquer ses propres toiles, il est très loin des signatures de génies dont il s’est imprégné. Ne supportant pas sa propre médiocrité, il se met alors à jeter des taches de peinture sur sa toile, encore et encore. Celles-ci se superposent et se mélangent, pour ne former plus qu’un mot, le dripping.

Léo Verrier, dans son film, disperse ici et là des pastilles ingénieuses. Il commence avec une atmosphère. Celle d’une ville plongée dans l’obscurité, celle d’un film noir à rebondissements, celle d’une époque révolue, celle du crime artistique le plus romantique. Il poursuit avec un (gros) plan saisissant, celui d’un homme poursuivi par les forces de l’ordre, un Picasso sous le bras, et rejette les temps morts (hallucinante et hallucinatoire passation de tableaux, explosion de couleurs et de formes). Pendant ce temps, Pablo Pico, le compositeur soigne particulièrement ses morceaux de jazz, basculant allègrement du piano aux cordes, en passant par le saxophone. En l’absence de dialogue ou de narrateur, sa musique accompagne à souhait l’intrigue du film. Résultat : « Dripped » se voit autant qu’il s’écoute. Avec délectation.

L’intérêt pour l’histoire de l’art, la volonté de créer coûte que coûte, la représentation de la modernité esthétique, l’hommage à Pollock et à sa technique, le dripping, en lien avec le titre, se ressentent fortement dans ce film. « Dripped » va plus loin, il contourne d’une façon drôle et libre la vérité historique, laissant l’imaginaire de Verrier et la patte de Pico s’étaler et s’éclater à souhait. Le son retrouve sa maîtresse, l’image, les sentiments imprègnent les toiles, la couleur vagabonde entre les fresques, les pots renversés, les ruelles et les galeries de musées. Quand la peinture inspire l’animation, le stock sans fin et impersonnel des courts métrages actuels se personnalise, ne fut-ce que grâce à un bon et curieux film en mouvement.

Katia Bayer

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Article associé : l’interview du réalisateur

D comme Dripped

Fiche technique

Synopsis : New York, 1950. Passionné de peinture, Jack écume les musées à longueur de journée. Il y vole des tableaux qu’il cache ensuite chez lui pour…

Réalisation : Léo Verrier

Genre : Animation

Durée : 8’10 »

Pays : France

Année : 2010

Techniques : 2D/3D

Scénario : Léo Verrier

Son : Attention O Chien

Montage : Léo Verrier

Production : Chez Eddy

Articles associés : la critique du film, l’interview de Léo Verrier

Jean-Michel Bernard. Musique de films & concert en extraits

La musique, élément d’expression central au cinéma. Depuis longtemps, le Festival Paris Courts Devant souhaitait créer un rendez-vous musical dans sa programmation, « Musique des Toiles » a surgi. Pour inaugurer cette session, Jean-Michel Bernard, ayant notamment collaboré à certains films de Michel Gondry (et joué certains morceaux à l’envers, à sa demande), est longuement interviewé par Benoît Basirico (Cinezik.org). Comment lire le scénario d’un film musicalement ? Comment devient-on compositeur ? D’une improvisation sur un morceau de Bruno Coulais (« notre maître à tous, ce qui m’intéresse quand on écoute une musique, c’est la note qu’on n’entend pas. Avec Bruno, on en entend une à chaque fois »), à « Be Kind Rewind », en passant par « The Science of Sleep » et même « The Muppet Show », JMB se met à jouer au piano, accompagné de son épouse et de son fils. En écoute sur Format Court.

Programme Films de musique. De la musique à l’écran

Les destinées sensibles des amants éternels Image et Son

Comment parler de ces enfants terribles qui ne peuvent se passer l’un de l’autre depuis l’origine du cinéma ? Comment transmettre cette passionnante relation qui les unit ? Comment parler de ce lien fusionnel qui les transcende l’un et l’autre quand l’alchimie opère ? Dernièrement, le Festival Paris Courts Devant a permis à son public de mettre le doigt sur une partie des réponses à ces questions en proposant un programme en compétition de Films de musique.

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Flatbed

Une pluralité de formes sonores

Le fait le plus marquant de ce programme est sans doute la grande diversité de formes et de contenus des films présentés. La musique prend différentes formes dans les films, de la plus attendue à la plus décalée : elle y est tour à tour pratique instrumentale (« L’accordeur » d’Olivier Treiner), personnage (« Conversation piece » de Joe Tunmer), illustration sonore (« Flatbed » de Tom Merilion), thématique principale (« Leçon de ténèbres »  de Sarah Arnold), bande originale (« Le dernier passager » de Mounes Khammar), …

Cette variété s’exerce également dans les genres musicaux représentés qui vont du classique (« Leçon de ténèbres » avec une musique de Virgile Van Ginneken) à la chanson (« L’attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l’espace » de Guillaume Rieu sur une musique de Mathieu Alvado) en passant par le jazz (« Conversation piece » basé sur le morceau du même nom interprété par Rex Stewart). C’est bien connu, la musique classique adoucit les mœurs là où le hard rock conduit plutôt à l’énervement. Prêts à jouer (plus ou moins) de ces poncifs, certains des films présentés détournent les codes attachés aux différents styles musicaux pour mieux servir la narration.

Dans « L’accordeur », qui est sûrement l’exemple le plus frappant, un joueur de piano virtuose se retrouve bien malgré lui contraint de jouer un morceau classique pour contenir les ardeurs meurtrières d’une cliente ! Du point de vue auditif, le réalisateur a utilisé, outre la musique de Raphaël Treiner, des thèmes classiques très connus de Schuman et Rachmaninov.

Un programme qui flirte avec les genres

Le programme se compose ainsi de films où la musique est présente sous de multiples formes. Il met également à l’honneur les films dits de genre et notamment la comédie musicale. On trouve ici tout le plaisir désuet de ce genre, mais également le sérieux de l’exercice et la complexité dans l’écriture de celui-ci. Les comédies musicales présentées fonctionnent, qu’elles soient sur le ton de l’humour ou qu’elles soient plus âpres (« Groove your life », réalisé et mis en musique par Franck Lebon, « La France qui se lève tôt » d’Hugo Chesnard sur une musique de Serge Balu, Damien Tronchot et Antoine Larcher). S’il faut s’attarder quelques instants sur l’une d’entre elles, parlons de l’incroyable et déjantée « Attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l’espace ». Guillaume Rieu propose une comédie musicale acidulée avec des monstres dans laquelle les morceaux musicaux chantés et dansés ajoutent une note décalée et désuète. Ceux-ci portent le récit et s’intègrent sans fausse note dans cet hommage aux séries Z.

Les autre genres mis à l’honneur dans la programmation sont : le film à suspense avec « L’accordeur » qui joue sur la corde sensible du spectateur et sur le retournement de situation, le drame dans « Leçons de ténèbres » où la musique est mise en abyme (elle y est d’une part une musique jouée à l’image par des instrumentistes et d’autre part bande sonore qui souligne le drame du récit) ou encore le film dansé avec « Flatbed » où le son, composé par Howard Skempton et Robert Shaw, parfait une ambiance étrange mais supporte surtout la mise en scène dansée des protagonistes. Sans être un prétexte, elle n’est dans ce dernier film qu’un relais sensoriel à la narration.

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Le dernier passager

Un langage universel, la fabrique des sensations

Quand un célèbre magazine parle du « poids des mots, (et du) choc des photos », en cinéma, on peut aisément se réapproprier cette expression, la musique appuyant, détournant, accrochant les sensations provoquées par les images animées. Dans « Le dernier passager », Mounes Khammar suit les derniers instants d’un jeune homme jusqu’à sa mort. La narration est transcendée par une création musicale de Zyad Rahbani qui est rythmée sur les actions du personnage. La musique insiste sur les sentiments provoqués par les images. Il n’y a aucun doute, le ton est clairement tragique, image et son se répondent sur le thème de la mort qui plane. Le film est bref comme ce qu’il montre et ce qu’il laisse entendre. On est presque dans une construction clippesque sans avant ni après, l’action est saisie et vive, la musique est au final plus qu’une bande originale. Elle supporte l’idée force du film. Dans cette relation musique/image, le langage ne passe pas par les mots, chacun peut percevoir les intentions du cinéaste, les codes sont universalisés. On retrouve cette fonction dans « Conversation piece » où Joe Tunmer a été au bout de l’idée de « fabrique de sentiments » par le son et la musique. Ici, cette dernière va jusqu’à prendre la place du personnage principal. En substituant la parole des acteurs à un morceau de jazz, le réalisateur transpose une scène de ménage en un mouvement musical. Les voix sont remplacées par les notes d’un instrument. Le phénomène est assez troublant : sans parole et uniquement avec la grammaire des sons, on comprend la scène, on irait presque jusqu’à interpréter les mots prononcés par… les acteurs ou les instruments ?

Un programme riche à reconduire ?

Les propositions de ce programme sont denses et variées. La thématique Films de musique semble assez inépuisable tant images animées et sons sont liés. Les films présentés dans le programme ont le mérite d’être des œuvres très accessibles. En même temps, on ne peut s’empêcher de regretter qu’il n’y ait eu aucune proposition expérimentale ou d’animation, deux domaines pourtant très portés sur et par la musique en général. Notons également l’intérêt que pourrait avoir la présentation de films de musique asiatiques ou africains par exemple où les codes de l’art musical sont très différents des codes occidentaux. Les futurs programmes de films de musique seront sans doute l’occasion d’aller explorer ces territoires sonores et visuels.

Fanny Barrot

Consulter les fiches techniques de « Flatbed », « L’Attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l’espace », « Le dernier passager », « Conversation piece »

D comme Le Dernier passager

Fiche technique

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Synopsis : Un jeune homme saute dans le vide et disparaît à tout jamais. Son âme rend une dernière visite à ses deux amours impossibles : une femme, et la scène d’une salle de concert.

Genre : Fiction

Durée : 7′

Pays : Algérie

Année : 2010

Réalisation : Mounes Khammar

Scénario : Mounes Khammar

Image : Mathieu Pansard

Musique : Zyad Rahabani

Montage : Mounes Khammar, Redhouan Zaaboubi

Interprétation : Mohamed Bouchaib

Décors : Ramdhan Kacer

Article associé : Le reportage Programme Films de musique

A comme L’Attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l’espace

Fiche technique

Synopsis : Dans une comédie musicale en couleur, un monstre venu d’un vieux film hollywoodien attaque une petite ville en transformant ses habitants en zombies. Pour sauver le monde, un couple et un scientifique vont devoir changer le genre du film.

Genre : Fiction

Année : 2010

Durée : 18′

Pays : France

Réalisation : Guillaume Rieu

Scénario : Guillaume Rieu

Montage : Guillaume Rieu

Image : Frédéric Mainçon

Son : Stéphanie Benoît-Lizon

Monteur son : Olivier Manganelli

Musique : Mathieu Alvado

Décors : Sidney Dubois

Interprétation : François Jerosme , Aliocha Itovitch , Julie Durand

Production : Metronomic

Article associé : Le reportage Programme Films de musique

F comme Flatbed

Fiche technique

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Synopsis : La fin d’une relation et un semi-remorque de 30 tonnes fonçant dans la nuit sur une autoroute déserte.

Genre : Fiction

Durée : 5′

Pays : Irlande

Année : 2010

Réalisation : Tom Merilion

Scénario : Tom Merilion

Chorégraphie : David Bolger

Danceurs : Alexina Davidson et Lee Clayden

Image : Simon Walsh

Montage : Lee Hickey

Musique : Howard Skempton et Robert Shaw

Producteur : Jonny Speers

Le site du film : www.flatbedfilm.com

Article associé : Le reportage Programme Films de musique

FIFI 2011: la sélection des courts

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La 38ème édition du Festival International du film Indépendant se déroule du 1er au 6 novembre 2011 au Centre Culture Jacques Franck à Saint-Gilles. Trop de film novateurs n’arrive jamais sur nos écrans… Depuis 38 ans, le Festival s’est donné pour priorité de révéler les nouveaux talents du cinéma nationale et international. Avec une sélection dont les premiers critères ont toujours été : la qualité, l’originalité et l’innovation.


La compétition nationale

BADPAKJE 46 (Maillot de bain 46) – Wannes Destoop – Fiction – 15’

BENTO MONOGATARI – Pieter Dirkx – Fiction – 27’15

BISCLAVRET – Emilie Mercier – Animation – 14’15

DERNIER HOMMAGE – Alaa Eddine Aljem – Fiction – 16’

DERNIER RAPPEL – Mireille Verboomen – Fiction – 11’45

DIMANCHES – Valéry Rosier – Fiction – 15’30

EISBÄR – Olivier Burlet et Frédéric Noirhomme – Fiction – 20’30

ENDGAME – Wim Vanacker – Fiction – 11’

FANCY-FAIR – Christophe Hermans – Fiction – 19’45

FILOMENA – Julio C. Lopes – Documentaire-Animation – 14’45

FUGUES – Vincent Bierrewaerts – Animation – 10’30

FUROR ABSURDÜS – Maxime et Michel Pasques – Documentaire – 75′

L’APPEL – Cécile Mavet – Fiction – 19’15

LA FEMME A CORDES – Vladimir Mavounia-Kouka – Animation – 15’

LA VERSION DU LOUP – Ann Sirot et Raphaël Balboni – Fiction – 10’30

LA VIDA DE MARIA DE MAGDALA – Santos Hevia – Fiction – 14’

LA VIOLENCE DE CLOCHETTE – Yannick Bandali-Renard – Fiction – 13’30

LE JOUR DES POUBELLES – Sophie-Clémentine Dubois – Fiction – 8’

LE MAILLOT DE CRISTIANO – Vincent Bruno – Fiction – 16’45

LE PETIT CHEVALIER – Emmanuel Marre – Fiction – 36’45

LES YEUX DE LA TETE – Jérôme Cauwe et Pierre Mousquet – Animation – 6’30

LUCA – Nicolas Graux et Aude Verbiguié – Fiction – 13’30

MA VIE SANS MOI – Charlotte Joulia – Fiction – 19’15

MARIE – Jozefien Scheepers – Fiction – 17’

MAUVAISE LUNE – Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron – Fiction – 29’45

NUIT BLANCHE – Jonas d’Adesky – Fiction – 16’

POINT DE FUITE – Benjamin D’Aoust – Fiction – 15’30

RAFI (LA COUTURE) – Sandra Fassio – Fiction – 14’45

RUMEURS – Frits Standaert – Animation – 7’45

STAKA – Valentine Laloux, Morgan Hardy, Maximilien Chevalier et Jean-Michel Degoedt – Fiction – 10’30

SUMO – Laurène Braibant – Animation – 6’

TERRE NOUVELLE – Bernard Dresse – Fiction – 23’30

THERMES – Banu Akseki – Fiction – 27’

UNE DERNIERE FOIS – Barney Frydman – Fiction – 10’

WAITING FOR YESTERDAY – Patrick Junghans – Animation – 8’15

La compétition internationale

FOCUS NOUVELLE-ZELANDE

BLUE, de Stephen Kang
Fiction / HDCam / 2011 / Nouvelle-Zélande / 14’

MUNTED, de Welby Ings
Fiction / 2011 / Nouvelle-Zélande / 18’30

HAURAKI, de Kirsten Green
Fiction / 2011 / Nouvelle-Zélande / 9’45

PREFERABLY BLUE, de Alan Dickson
Animation / 2010 / Nouvelle-Zélande / 11’

EBONY SOCIETY, de Tammy Davis
Fiction / 35mm / 2011 / Nouvelle-Zélande / 13’

FOCUS BHOUTAN

AN ORIGINAL PHOTOCOPY OF HAPPINESS, de Dechen Roder
Fiction / 2011 / Bhoutan / 23’

THE CONTAINER, de Jamyang Dorji
Fiction / DV / 2011 / Australie-Bhoutan / 13’

RAJU, de Max Zähle
Fiction / 16mm / 2010 / Allemagne-Inde / 23’45

OAKS, de Charles Wittenmeier
Documentaire / 2010 / Etats-Unis / 17’

LA POESIE DE KIYUMI ET BRODERIES DE SAYURU, de Satoru Sugita
Fiction / 2010 / Japon / 30’

MO, de Eché Janga
Fiction / 2010 / Pays-Bas / 26’

Turning de Saul Freed et Karni Arieli

Le parfum de la madeleine

Robert reçoit la visite de trois vieilles dames dans le salon de sa mère. À travers son regard, nous flânons dans le souvenir de l’après-midi de ses six ans. On pense évidemment à la madeleine de Proust et au parfum des souvenirs enfouis. Le jeune garçon, réservé et distant, reste à l’écart et entrevoit le monde au travers d’un verre déformant, transformant les intrus en flamants roses. Puis, il amorce timidement un dialogue avec ces femmes qui reprennent alors forme humaine.

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Thé, petits gâteaux et poésie nostalgique

« Turning » est construit comme un souvenir d’enfance. À l’image d’un rêve ou d’un cauchemar, le film alterne entre des moments suspendus (l’enfant attendant à la fenêtre, la vaisselle s’égouttant), des images persistantes (les flamands roses ou le projecteur de cinéma dissimulé entre les jupons) et de discrètes ellipses (la fin du goûter d’anniversaire). L’utilisation parcimonieuse de l’animation permet de rendre compte de la vivacité de l’univers intérieur de l’enfant tout en conservant son authenticité. L’alternance de plans longs (durée réelle) et de plans plus courts, fragmentés (perception du temps observée par le jeune garçon) permet au spectateur de s’approprier aisément le point de vue enfantin du petit Robert. Les choix de cadrage jouent également une place importante dans la mise en place de cette ambiance, notamment lorsque la caméra devient subjective, portée ou lorsqu’elle est placée en contre-plongée – ce qui amplifie l’identification du spectateur à l’enfant. L’utilisation du jump-cut concoure également à cette esthétique, sans jamais paraître artificiel.

Faire peau neuve

« Turning » est aussi un film sur la transmission. En acceptant d’échanger avec ses invités, le jeune garçon se rend compte qu’il n’est plus le seul à pouvoir projeter les images qu’il imagine. Il aperçoit alors des formes animées provenant de l’un des jupons des femmes assises en face de lui. On peut y voir trois jeunes filles en noir et blanc qui jouent et dansent en cercle. Métaphore du cinéma ? Surgissement impromptu d’une réminiscence mal placée ? De quoi, en tout cas, enthousiasmer les psychanalystes égarés dans une projection de court métrage !

Le contact entre générations est maintenant établi et les imaginaires se répondent. Les vieilles dames transmettent alors, au travers du prisme du conte, la mémoire de leur peau c’est-à-dire l’expérience de leur vie. Les réalisateurs choisissent d’illustrer ce propos par de gros plans de peaux marquées par la vieillesse. Paré de son déguisement de lion tout fraîchement offert, Robert entend l’histoire de l’Empereur Écorché auquel il répond par un autre conte de son invention : il ajoute alors une nouvelle épaisseur à sa peau. Le temps du conte paraît alors suspendre le cours du temps… Jusqu’à la chute de Robert qui sonne brutalement la fin de cette parenthèse enchantée. Le tic tac de l’horloge reprend ses droits et les plans se font plus longs. La musique utilisée (Dyin’ Alone de Micah P. Hinson) évoque à cet instant la nostalgie de cet instant qui appartient déjà au passé.

Avec ce premier court métrage, Karni & Saul nous prennent par la main pour nous emmener voir le monde à travers les yeux d’un enfant de six ans. C’est un film empreint d’une mélancolie douce et amère, qui arrive à contourner les lieux communs sur la nostalgie tout en restant sincère. En dix minutes, ils abordent avec brio une large palette de thèmes de façon souvent surprenante (à l’instar du projecteur entre les jambes) sans pour autant simplifier leur propos.

Julien Beaunay

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T comme Turning

Fiche technique

Synopsis : Le jour de ses six ans, dans le salon de sa mère, Robert reçoit trois magnifiques vieilles pies abîmées. Le souvenir d’un après-midi, entre thé, biscuits, jupons roses en dentelle et l’histoire d’un empereur écorché.

Genre : Animation, Fiction

Durée : 10′

Année : 2010

Pays : Royaume-Uni

Réalisation : Karni Arieli, Saul Freed

Scénario : Karni Arieli, Saul Freed

Image : Ben Moulden

Musique préexistante : Tribal Chants Ensemble , Micah P. Hinson , Radik Tülüsh

Son : Steve Single

Montage : Kate Owen

Interprétation : Patrick Gibbs, Natasha Alderslade, Maureen Wild, Audrey Holt, Carol Kirkland, Agnes Davidson, Emily Duggan, Inma Azorin, Lily Mai Holloway

Décors : Benjamin j Ansell

Production : Lighthouse Arts & Training

Article associé : la critique du film

Paris Courts Devant

Paris, mi-octobre 2011. En l’espace de quelques jours, le festival Paris Courts Devant ouvre et clôt sa septième édition au Cinéma des Cinéastes (Pl. de Clichy). 70 films courts, français et étrangers, y sont projetés en 2K, pendant que des biscuits se laissent grignoter au détour des Thés à thème Fuji. Format Court n’est pas loin, trahi par des miettes sucrées : il attribue le Prix du Meilleur Premier Film à « The origin of creatures ». En attendant le Focus consacré au réalisateur Floris Kaayk, découvrez celui orchestré autour du Festival à l’emblème pimenté.

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Ecrans d’art, écrans d’elles

La belle surprise du Festival « Elles tournent – Dames draaien » fut sans aucun doute le programme « Ecran d’art, écrans d’elles » présenté par Muriel Andrin (Docteur en cinéma à l’Université Libre de Bruxelles). Un programme qui mettait en exergue le travail de cinq réalisatrices à travers des films où la question du genre réside dans l’approche alternative des œuvres. Entre cinéma et art contemporain, les jeunes femmes réinventent l’image en mouvement.

Ayant choisi la Belgique comme berceau de leur moyen d’expression la Néerlandaise Manon de Boer, les Belges Sarah Vanagt, Isabelle Martin, Sophie Whettnall et la Française d’origine coréenne Sung-A Yoon nous offrent un regard différent, perturbant et souvent pertinent sur la société d’aujourd’hui. Une vision du monde un brin hermétique et très personnelle qui remet joliment en question la réception traditionnelle, passive voire consumériste des images.

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Le travail de Manon de Boer traite de la relation étroite qui existe entre l’image et le son. Dans une dimension syncrétique, elle aime faire appel à d’autres expressions artistiques telles que la musique dans « Two Times 4’33’» ou encore la danse dans « Dissonant ». Dans ce-dernier, de Boer filme une chorégraphie silencieuse de Cynthia Loemji. Le décalage entre l’audio et le visuel permet de regarder chacune des parties du film de façon autonome. Ainsi, la cinéaste interroge le temps et la durée dans un rapport au corps (féminin) qui bénéficie grandement de l’absence de paroles pour laisser la place aux sonates pour violon seul d’Eugène Ysaÿe que Loemji interprète sauvagement. Sarah Vanagt quant à elle, filme avec brio un dialogue tactile entre l’homme et l’animal dans « The Corridor ». Le film est un essai documentaire qui pose un regard profond et sincère sur la déliquescence humaine. L’angle d’attaque de l’artiste réside dans le caractère fortement synesthésique (ouïe, vue, toucher) transmis par le médium cinématographique.

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Isabelle Martin au contraire use de la parole pour exprimer un étrange sentiment de tristesse. « Tu as loué une voiture pour pleurer », titre évocateur, résumant à lui seul le récit d’une femme fragile qui ne sait où pleurer. Les mots font ici office de logorrhée indispensable exprimant le mal être intérieur de cet être qui traverse les pièces vides de divers appartements en cherchant désespérément où verser les larmes du chagrin qu’il porte. Au discours intime et abondant, narré par la réalisatrice elle-même, répond le visage immobile et silencieux de la comédienne Justine Junius.

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« Excess of Yang » et « Shadow boxing » sont deux très courts métrages de Sophie Whettnall qui abordent avec beaucoup d’humour les rapports entre les sexes. Dans le premier, la réalisatrice est au volant d’une voiture de course. Elle se sert de fétiches associés à la virilité masculine (la voiture de sport, la vitesse) qu’elle mêle à ceux de la féminité (cheveux longs, visage maquillé). Grâce à un travail de montage intéressant, fait de plans rapprochés et de plans plus éloignés, ce court de Whettnall brille par sa chute. Le second, participe de la même démarche. Toujours avec un humour certain, l’artiste se met à nouveau en scène face à un boxeur en pleine action, elle reste immobile sans ciller des yeux exprimant ainsi la passivité devant la domination d’un genre par rapport à l’autre, référence intelligente à la violence conjugale.

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Avec « La Pianiste », Sung-A Yoon signe une expérience fascinante où elle pose clairement la question de la légitimité de l’artiste et de son art. Documentaire expérimental, ce court métrage fait partie d’un projet de long intitulé « Les lieux du son ». Parce que dans chaque ville du monde il y a un lieu qui possède une musique que des gens écoutent et que d’autres n’écoutent pas, l’artiste s’est posée un moment en Corée du Sud, dans le hall d’un hôtel. Un lieu de passage où personne ne semble s’arrêter pour écouter la musique jouée par la pianiste. Si cette même scène avait été jouée à l’opéra, on l’aurait vue tout autrement et on se serait senti l’envie et le besoin d’applaudir, façon de reconnaître le talent de la pianiste. Mais dans ce hall d’hôtel coréen, personne n’applaudit, personne n’écoute, personne ne regarde. Yoon s’amuse à filmer la musicienne dans un plan-séquence significatif, la noyant dans une réalité sonore et visuelle qui dépasse la musique qu’elle joue (clients pressés, ouvriers qui s’affairent à leurs occupations). En définitive, la pianiste exerce son métier, livrée à l’indifférence générale (ou presque) sans aucune autre forme de procès.

Marie Bergeret

Consulter les fiches techniques de « Dissonant », « Tu as loué une voiture pour pleurer », « Excess of Yang », « Shadow boxing », « La Pianiste »

E comme Excess of Yang

Fiche technique

Synopsis : L’artiste belge Sophie Whettnall présente un autoportrait qui se base sur la philosophie orientale de l’équilibre entre le Ying et le yang. Le deuxième autoportrait met en relief l’action, la lumière et le masculin. Sophie, ayant un excès de yang en elle, explore, en tant que femme, les symboles du pouvoir associés au genre masculin.

Réalisation : Sophie Whettnall

Genre : Expérimental

Durée : 2′

Année : 2010

Pays : Belgique

Montage : Sophie Whettnall

Interprète : Sophie Whettnall

Production : Sophie Whettnall

Article associé : le reportage Ecrans d’art, écrans d’elles

T comme Tu as loué une voiture pour pleurer

Fiche technique

tu-as-loue-une-voiture-pour-pleurer

Synopsis : Micro-récit cristallin – une question anodine et essentielle : où pleurer ?

Réalisation : Isabelle Martin

Scénario : Olivier Moulin, Isabelle Martin

Genre : Expérimental

Durée : 15′

Année : 2010

Pays : Belgique

Image : Marie Celette, Isabelle Martin, Mathieu De Castelet

Son : Brice Cannavo

Montage : Olivier Moulin, Isabelle Martin

Interprète : Justine Junius

Voix : Isabelle Martin

Production : Isabelle Martin

Article associé : le reportage Ecrans d’art, écrans d’elles