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Brest – Sangria, tortilla mais surtout cinéma !

Pour sa 26e édition, le Festival européen du film court de Brest s’est mis au rythme de l’Espagne et l’ambiance n’en pouvait être que caliente. Il est vrai que depuis maintenant à peu près deux-trois ans, les films hispaniques se sont invités en masse dans plusieurs festivals français et ont été à chaque fois plus visibles sur nos toiles hexagonales.

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Il était donc d’actualité de mettre l’Espagne à l’honneur à Brest cette année et ceci pour notre plus grand plaisir. À l’heure où le pays vit les résultats de ses élections législatives dont les candidats ont joué la carte du nationalisme, nos voisins ont pourtant encore du mal à apprécier leur propre cinéma. Qu’ils se rassurent sur sa qualité ou bien qu’ils continuent à l’exporter alors ! C’est en tout cas ce que nous pouvons affirmer suite à cette nouvelle édition du festival de Brest. Résultat : pas moins de seize courts métrages au programme dont quatre en compétition et le groupe Bikini Machine qui a ouvert les représailles du festival avec un ciné-concert sur le film Desperado ont témoigné de l’énergie et de l’hétéroclisme de la péninsule ibérique.

Dur, dur de mettre dans le même panier les quatre films espagnols en compétition tant ils sont différents, aussi bien sur le fond que sur la forme, mais ils prouvent que la production espagnole est des plus variées, loin des clichés coincés entre la patte kitch et colorée d’Almodovar et des nombreux films d’horreur qui nous arrivent dernièrement. Seul point commun entre tous, et pas des moindres, les Espagnols ont des choses à dire, voire plus, des choses à dénoncer. Le message est clair et universel. Petit tour d’horizon de quatre courts métrages à voir d’urgence.

Hidden Soldier d’Alejandro Suárez Lozano – 11’28’’

Lorsqu’on lit le pitch de « Hidden Soldier »– « Pourchassé et sans munition, le soldat Wilson est soumis à d’étranges phénomènes » – on s’attend presqu’à voir un long-métrage tant ces thèmes de guerre et de phénomènes surnaturels sont rarement abordés en court métrage.

En effet, on a plus souvent l’habitude d’assister à des remises en questions psychologiques ou à des comédies à chute, mais certainement pas des films de guerre qui auraient la réputation d’être trop onéreux à la fabrication. Pourtant, Estirpe Producción aux côtés d’Alejandro Suárez Lozano n’a pas eu froid aux yeux et a mis les moyens. Résultat : un court-métrage entre guerre, action et science-fiction qui fait penser esthétiquement au film «Il faut sauver le soldat Ryan » et au film  «Les autres » quant aux phénomènes surnaturels et au suspense. L’image saturée (des blancs aveuglants et un kaki terriblement militaire) nous plonge dans l’univers froid des tranchées et la musique qui ne cesse jamais, nous entraîne dans un film d’angoisse. Pas de dialogues mais un travail sur le son à tout casser qui nous emporte et nous force à suivre le héros du film, ce soldat caché pour éviter de se faire tuer par les Nazis. On a peur pour lui même si on se demande quelles sont ces visions qui le traverse et qui lui donne mal à la tête : des flash-back ? Des effets surnaturels ? Des cauchemars ?

Après dix minutes d’action et de tension, on découvre qui est réellement ce soldat caché et on a presque honte de s’être attaché à lui, combattant à ses côtés pour assassiner les Nazis. Celui qu’on a suivi tout le film durant n’est autre qu’un adolescent qui a confondu le monde virtuel des jeux vidéos et le monde réel : la violence du jeu s’est répercutée sur lui et le soldat qui sommeillait dans le corps de ce môme l’a poussé à prendre une arme afin de tuer toute sa famille.

Alors, même si le cut qui clôt le film est certainement trop rapide et brutal, on demeure choqué et on ne pourra se sortir de la tête une question : du monde virtuel ou du monde réel, lequel est le plus violent ? Bravo, Monsieur Suárez Lozano, vous faites d’un film de mecs, un film de réflexion. À quand le long dans la même lignée que des «American History X » ou des «Fight Club » ?

Maquillaje d’Alex Montoya – 10’30’’

Avec cette leçon de beauté donnée par Alex Montoya, on tombe dans un registre beaucoup plus intime et psychologique que le film précédent : faut-il avoir honte d’être faible, même devant les gens qu’on aime ? Doit-on par conséquent toujours jouer avec les apparences pour donner la face ? C’est le cas de Marisa, femme d’environ cinquante ans, mourante dans sa chambre d’hôpital. Évidemment, la maladie n’a rien de « glamour » et le physique en paie les conséquences, si bien que Marisa est plutôt pâlotte et pas très belle à voir. Alors pour recevoir la visite quotidienne de son mari, elle préfère faire appel aux services de Concha, infirmière esthéticienne, plutôt que de se montrer tel quel à l’homme qu’elle aime. Pour autant, n’est-ce pas le but du maquillage ? Améliorer le vrai, cacher le naturel.

Comme le montre le film et comme le prouve souvent notre société, nous choisissons de nous voiler la face plutôt que de nous affronter les uns les autres. Parce que le mari de Marisa n’est pas dupe, malgré ce qu’en pensent les infirmières : il sait pertinemment que sa femme n’en a plus pour longtemps et c’est cette courte séquence chez lui, où il s’enferme dans sa chambre en pleurant qu’on s’aperçoit que celui qu’on présente comme un monstre, est finalement excessivement peiné.

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Si on décide d’aborder le but du maquillage d’un autre point de vue, il est vrai qu’on peut aussi admirer cette femme qui, malgré la maladie, tient à se faire belle pour son époux. Et lui, en réponse à cet effort, joue le jeu et lui parle même de voyage à sa sortie de l’hôpital.

Alex Montoya ne prend certes pas trop de risques avec une réalisation plutôt classique et un toussotement de Marisa qui se veut parfois surjoué, mais au final, on ressort de ce film avec la boule dans le ventre, se disant que ces deux-la sont trop bêtes, qu’ils n’ont pas été capables de se dire une dernière fois qu’ils s’aimaient et qu’ils ont justement préféré maquiller la réalité. Par ailleurs, on ne s’empêchera pas de penser que les salons de beauté (que ce soit en ville ou à l’hôpital) sont les lieux où de manière contradictoire, on laisse tomber les masques, comme dans « Caramel » de Nadine Labaki ou « Vénus Beauté Institut » de Tonie Marshall.

La huida de Victor Carrey – 11’

Cette fuite que nous offre Victor Carrey est assez géniale. D’ailleurs, elle aurait pu également s’intituler « Le bien triste destin d’un braqueur » ou bien « Kill unknown thief » tant on est entre un conte à la Jeunet avec une multitude de personnages secondaires et de petites histoires lambdas mais qui ont leur coïncidence, et un esthétisme à la Tarrantino qui mêle des gueules bien particulières et des mouvements au ralenti, toujours entre film noir et humour kitch des années 70.

Avec ce court métrage, le catalan Victor Carrey décide de bousculer les règles scénaristiques en proposant une scène d’exposition qui dure presque la moitié du film. Et cette exposition a une double utilité : présenter au spectateur les personnages et éléments de l’intrigue, au même titre que brouiller complètement les pistes en mettant en scène tellement de détails qu’on se demande comment Victor va s’en sortir pour tout mettre en relation. C’est d’ailleurs la question de départ prononcée par le narrateur avec sa voix de vieil inspecteur de police : « Les questions simples demandent parfois une réponse complexe ».

Pourtant, il y arrive superbement et on se laisse entraîner par la musique de la deuxième partie pour comprendre le pourquoi du comment de cette fameuse fuite loupée ou plutôt, de résoudre la raison pour laquelle un billet de 50€ vole sur le bitume. Certes, cette histoire est un peu tirée par les cheveux. Oui, c’est du déjà vu, surtout en court métrage, ce procédé de décortiquer par tous les moyens une intrigue afin de perdre le spectateur puis de la reconstruire avec un rapport logique entre les éléments présentés. On citera à ce propos des films comme « Surprise ! » de Fabrice Maruca sous forme de comédie ou encore le génialissime et controversé « Ilha das flores » du brésilien Jorge Furtado sous forme de documentaire, qui pareillement, créent comme un retour en arrière pour expliquer comment nous en sommes arrivés à telle ou telle situation.

Victor Carrey n’est donc pas le plus original et pourtant, ce qu’il nous propose fonctionne d’autant plus que le thème de ce court métrage est de résoudre une enquête policière, par conséquent de retracer le chemin du braqueur et telle est la forme du film. En tant que spectateur, on se laisse porter et au vu de la quantité de sélections du film en festivals, on imagine que les programmateurs et jury sont, eux aussi, transportés. Qui plus est, cela prouve une fois encore que la collaboration ESCAC, une des plus grandes écoles de cinéma d’Espagne et Escándalo Films, société de production très active en Catalogne, est gage de succès.

Artalde d’Asier Altuna – 8’06’’

Qui a dit que le cinéma expérimental n’était pas accessible, voire complètement hermétique ? Voyez « Artalde » et vous changerez d’avis, car il est difficile de qualifier ce film autrement qu’en le rangeant dans la case des OVNI du cinéma et ceci pour notre plus grand plaisir même si on n’a pas tout lu sur l’art contemporain.

Le film joue avec les mélanges : noir et blanc et couleur, sons urbain et bruits de la nature, drame et comédie, sérieux et ridicule, plans séquence et plans sur-découpés. Il ne contient pas de dialogues mais un ululement étrange rythme le film. Oui, nous sommes bien dans de l’expérimental, mais le message est bel et bien clair. Peut-être parce que le réalisateur est basque et que la réputation veut que les habitants de cette province-là aient toujours quelque chose à revendiquer.

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En tout cas, le mot de la fin n’est pas forcément le plus drôle pour nous, petits citadins que nous sommes, puisqu’on nous compare à des moutons. Et celui qui, au départ du film, apparait comme un fou, est finalement le plus censé d’entre nous parce qu’il a justement compris que le bonheur était d’être unique et de ne pas suivre les règles qu’on nous impose en ville. En deux mots, Asier Altuna réussit à travers cette caricature, à pointer du doigt une réalité qui fait parfois mal, celle de nous rappeler que notre « métro – boulot – dodo » nous fait oublier qui nous sommes individuellement.

Camille Monin

Consulter les fiches techniques de « Hidden Soldier »« Maquillaje »« La Huida », « Artalde »

A comme Artalde

Fiche technique

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Synopsis : Un berger perdu dans la ville cherche son troupeau. Sa voix attire l’attention de certaines personnes qui décident de le suivre.

Genre : Expérimental

Durée : 8’06’’

Pays : Espagne

Année : 2010

Réalisation : Asier Altuna

Scénario : Asier Altuna

Image : Gaizka Bourgeaud

Montage : Demetrio Elorz

Son : Sonora Estudio

Musique : Herrikojak

Interprétation : Pako Sagarzazu, Gorka Zubeldia

Production : Kimuak – Filmoteca Vasca

Article associé : Le reportage Brest – Sangria, tortilla mais surtout cinéma !

H comme La Huida

Fiche Technique

Synopsis : Un chewing-gum. Une laisse de chien. Une tache en forme d’Australie sur un mur. Un feu de signalisation tordu… Chaque élément a sa propre histoire, leur union peut donner naissance à une nouvelle trame.

Genre : Fiction

Durée : 11’

Pays : Espagne

Année : 2010

Réalisation : Victor Carrey

Scénario : Victor Carrey

Image : Bet Rourich

Montage : Israel L. Escudero, Marti Roca

Son : Marta Cunill, Agost Alustiza

Décors : Anna Pujol Tauler

Musique : Micah P. Hinson, Micka Luna, El Chavo, Aleix Pitarch, Mujeres, The Singletons

Interprétation : Joaquin Diaz (Voix Off), Guim Badia, Dani El Rojo, Hans Richter, Gori De Palma, Joan Pernil

Production : Escandalo Films

Le site du film : www.lahuida.net

Article associé : Le reportage Brest – Sangria, tortilla mais surtout cinéma !

M comme Maquillaje

Fiche technique

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Synopsis : Marisa est mourante, mais ne veut pas que son mari Juan le sache. Elle demande donc à Concha de la maquiller avant sa visite quotidienne.

Genre : Fiction

Durée : 10’30’’

Pays : Espagne

Année : 2011

Réalisation : Álex Montoya

Scénario : Álex Montoya, Aglaia Montoya

Image : Nacho Ramírez

Montage : Álex Montoya

Son : Javi Peral

Musique : Siddhartha Barnhoorn

Interprétation : Isabel García-Lorca, Ramón Barea, Nuria García, Laura Baldrés, Lorena López, Ramón Orozco

Production : Caja de Luz

Article associé : Le reportage Brest – Sangria, tortilla mais surtout cinéma !

H comme Hidden Soldier

Fiche technique

Synopsis : Pourchassé et sans munition, le soldat Wilson est soumis à d’étranges phénomènes.

Genre : Fiction

Durée : 11’08’’

Pays : Espagne

Année : 2010

Réalisation : Alejandro Suárez Lozano

Scénario : Alejandro Suárez Lozano

Image : Pablo Bürmann

Montage : Lucas Nolla

Son : Guillermo Solana

Décors : Miguel Riesco

Musique : Pablo Vega

Interprétation : Víctor Clavijo, Juan Pajares, Ángel Sánchez, Alberto Sánchez Manuel Sanchis, Pascual Gandía

Production : Estirpe P.C.

Article associé : Le reportage Brest – Sangria, tortilla mais surtout cinéma !

Festival de Bruz/ »Le Petit Dragon » en ligne

La 18e edition du Festival national du film d’animation aura lieu à Bruz (prononcez Bru) du 7 au 13 décembre 2011. Rendez-vous important depuis 28 ans, le Festival national du film d’animation invite à découvrir la diversité de la production française. Y sont prévus une compétition nationale de courts métrages professionnels et étudiants, des avant-premières, des cartes blanches, des programmes thématiques, des expositions, des visites des studios d’animation, des ateliers d’initiation, de décoration et de programmation, des leçons de cinéma, et des secrets de fabrication.

Cette année, le festival a choisi Bruno Collet comme invité d’honneur. Artiste clé de l’animation française, Bruno Collet sait faire parler les objets. Sculpteur de formation, ses personnages en volume évoluent dans un univers truffé de références vintage. En témoignent ses trois courts : « Le Dos au mur », l’histoire d’un petit bonhomme au purgatoire des objets, « Le Jour de gloire », sur la vie des poilus dans les tranchées et « Le Petit Dragon », un gag visuel en hommage au maître des arts martiaux Bruce Lee. Avant de partir pour le festival et de rencontrer l’artiste (une carte blanche, des secrets de fabrications autour de son film « Le Petit Dragon » figurent dans le programme), Format Court vous propose de (re)voir « Le Petit Dragon ».

« Le Petit Dragon » de Bruno Collet (France/Suisse) 08.20mn – 2010– animation

Synopsis : Trente cinq ans après la mort de Bruce Lee, son âme se réincarne dans le corps d’une petite poupée à son effigie. Avec assurance, le jouet en caoutchouc part à la découverte du monde hors d’échelle qui l’entoure.

Retrouvez l’analyse du film par Bruno Collet

Accédez à notre critique du film : Best of 7, le Best of d’Anima en 2010

Consultez le site dédié au festival : www.festival-film-animation.fr

Brest. Impressions partagées

Vérifiez dans votre agenda. Entre les Tonnerres de Brest (rassemblement maritime en juillet) et Noël à Brest (marché de Noël en décembre), le Pays de Brest accueille en novembre le Festival européen du film court. Jusqu’ici, Format Court se tenait à distance géographique mais non éditoriale (voir nos précédents Focus 2010 et 2009) du festival. Cette année, un nouveau rapprochement s’est effectué entre les deux structures en F. Journal de bord.

Brest, avec 20€ en poche pendant quatre jours, c’est possible. Surtout quand on a oublié son porte-monnaie rose à Paris, avec la distraite carte bleue à l’intérieur. Résultat : emprunts, sandwiches, fréquentation assidue de l’espace bénévoles (ça y est, on est grillé pour l’année prochaine !), et surtout, surtout, pas de cadeaux souvenirs incrustés de coquillages. Tragique entrée en matière.

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© KB

Arrivés à la gare de Brest, après cinq heures de trajet, les yeux s’écarquillent. C’est la toute première fois qu’on met les pieds, pointure 38, à Brest. Tout ce qu’on sait, c’est qu’on a dépassé Rennes. Malgré tout, on cherche des repères, une affiche de festival, un scampi, Nolwenn Leroy, quelque chose de familier. Rien. On suit alors, avec sa grasse valise, un petit groupe snob (acheteurs télé, producteurs) pour arriver au Quartz, le centre culturel brestois, jouxtant la Cinémathèque de Bretagne. Là, en hauteur, une affiche d’Ubu Cantona donne le hoquet à la troupe. C’est réussi pour le familier.

À l’intérieur, une fourmilière de jeunes gens s’active. On les trouve partout : en salle, aux toilettes, en atelier vidéo, au café. Le reste du public ne se déplace que le soir pour les films européens et les Cocote Minute (films très courts). Au marché, des boxes ont été emménagés pour les pros préférant l’accès aux séances privées. Les échanges sont rares entre eux, certains restent une seule nuit, le temps de présenter un film, de voir le maximum de courts et de repérer les auteurs intéressants de la sélection. Car c’est un fait, la programmation de Brest est connue et reconnue pour son bon niveau, certains festivals n’hésitant pas à loucher sur les films retenus et primés.

 © Moosh Belmont

© Moosh Belmont

Outre les bons films vus et conservés en mémoire (retrouvez à ce sujet notre reportage sur la programmation Cocote Minute et notre prochain article sur la sélection européenne), des couleurs chaudes enveloppent le Quartz, contrastant avec la grisaille et le froid extérieurs : l’espace pro est recouvert d’arrosoirs, de petits lapins, d’amanites tue-mouches et de feuilles de laurier. Même rengaine, même décor au coin photo : on y trouve du papier peint lumineux, des lutins, des cadres vides, des sièges tout doux et des bottes à fleurs. Les enfants posent, les journalistes aussi. À l’étage, un salon de thé, champêtre à souhait, dégage lui aussi une atmosphère particulière, avec son mobilier de récup’, ses théières de grand-mère et ses ustensiles de jardin. Tout en prenant le thé sur un lit surélevé, on se met à écouter les réalisateurs présents interviewés en direct par des étudiants de Brest, entourés de champignons et de gazon factices.

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© KB

Après quelques tasses et quelques films (huit programmes, ça fatigue quoi qu’on en dise), l’envie de délaisser la profession (“Dis donc, comment ça s’appelle encore ton blog ?”) et de sortir explorer la ville se fait ressentir. On nous prévient, pourtant : “Il n’y a rien à voir ici. Cette ville est déprimante, les gens boivent comme des trous, ils sont suicidaires mais ils ne partiraient pour rien au monde”. Voilà pour l’avertissement. Par manque de temps, on sait déjà qu’on ne pourra pas aller au port croquer des crabes et à l’aquarium géant réclamer un pingouin pour les fêtes de fin d’année. Alors, on fixe stupidement le sel de Guérande et les palets bretons au supermarché, on part à la recherche d’un dictionnaire pour comprendre le breton, on découvre une vitrine pleine d’animaux en peluche, on goûte des trucs bizarres à la soirée France Télévisions à défaut de connaître du monde, on se demande pourquoi à cette période, la presse n’est que régionale alors que le festival est le deuxième le plus important en France, on n’est en conséquence pas mécontent d’être là, on comprend que Brest est bien chouette en allant au Vauban, où des concerts et des verres se repèrent jusqu’à une heure avancée, on quitte finalement la ville, à moitié endormi, avec un Paris-Brest, comme cadeau attentionné (“Comme ça, tu sauras ce que c’est”). Les doigts recouverts de crème, on se demande quel film l’emportera au palmarès, on croit beaucoup à Anca Miruna Lazarescu et à son film « Apele Tac » (gagné !), en reprenant la route en sens inverse pour un voyage de plus de cinq heures. Arrivés à Paris, on cherche des repères, un contact humain, des arrosoirs colorés, Eric Cantona, bref quelque chose de familier. Rien. On repart alors, vers le métro avec sa grasse valise, à distance, cette fois, d’un petit groupe snob. Brest est déjà loin.

Katia Bayer

Sujet associé : Brest. Les instantanés

Cocotte minute, nom féminin. Ustensile utile pour un panaché hétéroclite de très courts métrages européens

Rendez-vous incontournable du Festival Européen du Film Court de Brest, la compétition Cocotte minute est fébrilement attendue par le public tous les ans. Retour sur une composition filmique et acrobatique d’œuvres classées dans la catégorie des très courts.

L’entrée des artistes : une sélection européenne

Le programme Cocotte minute est présenté par l’équipe du festival comme un « bouquet de saveurs européennes, une variété de genres cinématographiques et une pincée de musique entraînante ». Cette année, ont été mis à l’honneur dans cette compétition, 16 films de 15 pays européens (la Suisse étant représentée deux fois). La part belle a été réservée aux pays de l’Europe du nord et de l’est. En effet, les cinématographies d’Islande, de Finlande ou encore de République Tchèque sont assez peu connues du public. Cocotte minute propose une brève introduction à la production de ces pays. Grâce à des films comme « Nesiseka Siandien » de Sarutyte Dovile, on peut découvrir un humour lituanien décapant ou encore, grâce à la proposition expérimentale de « Sarena Laza » du Tchèque Tomic Miloš, on peut aisément se sentir déconcerté, démuni face à cet objet non identifié.

Qu’ils soient très aboutis techniquement, comme le magnifique « Falling » de Cirulli Adriano, ou qu’ils soient plus bricolés, les courts métrages du programme sont de vraies découvertes de tendances artistiques européennes plus que des films de compétition. Le plus intéressant dans Cocotte minute est sans doute l’ouverture à des cinématographies différentes. On n’y retiendra pas d’auteur ou de réalisateur, plutôt des envies artistiques portées par des cinéastes inventifs.

Au-delà de ces constatations géographiques, la programmation Cocotte minute est visiblement élaborée autour d’un désir d’universalité. Les thèmes abordés sont compréhensibles par tous, les situations ne sont pas codées à outrance par des références vernaculaires et, plus que tout, le programme est totalement composé de films sans dialogue. La langue, les langues, barrières sociales indéniables, n’existent plus. Les images, accompagnées de sons et de musiques, rendent intelligibles les intentions et conquièrent les spectateurs sans relais de paroles. L’entrée des artistes dans la Cocotte minute est bel et bien un regard furtif sur l’Europe de la création sous la forme des très courts!

Un programme sous la contrainte

Annoncé comme un programme européen de films de moins de dix minutes, Cocotte minute induit d’autres contraintes très liées à ce mini-format. En lisant entre les lignes, force est de constater que, si les thèmes abordés dans les films sont aussi hétéroclites que surprenants, toutes les œuvres sont plus ou moins attachées à des critères intrinsèquement liés au format des très courts. Loin d’être un espace de liberté, la forme ultra courte implique un certain nombre de contraintes, de forme autant que de fond, dont il serait difficile de s’éloigner. Cocotte minute n’échappe pas à ce « formatage » un peu attendu mais d’une efficacité redoutable en projection. Le public est en général très friand des très courts : qu’on les aime ou non, on sait qu’ils vont passer vite !

Du point de vue artistique, les films très courts jouent souvent sur les mêmes registres. Qu’il s’agisse de clips (« Miss Daisy Cutter de Laen Sanches, « The city » de Dirk Koy), de films d’animation (« Porozmawiaj z niw » de Agata Pretka, « Pigeon’s milk » de Miloš Tomic, « Album » de Gian Claudio Pallotta, « Hurdy gurdy » de Daniel Pfeiffer et Daniel Seideneder, « The illustrated city » de Jan Andersson), de danse filmée (« Next » de Joshan Esfandiari Martin, « Falling » de Adriano Cirulli), il n’y a, semble-t-il, que deux vraies options de narration : soit le réalisateur fabrique un film autour d’une idée force unique, soit il s’oriente vers un film à chute.

Il est certain que la durée conditionne énormément le fond des films très courts. Loin d’être dommageable, ce constat permet surtout, en tant que spectateur, de demander toujours plus d’inventivité aux réalisateurs qui se frottent à ce format. Beaucoup de choses ont déjà été explorées, la demande est à l’innovation. Il faut créer, si ce n’est la surprise, au moins l’étonnement. Dans les films à chute du programme (« Chess story » de Stefansson Ingvar, « Loft » de Chambers Gareth, « Not lucky today » de Sarutyte Dovile, « Behind the wall » de Stevens Elbe), cet étonnement fonctionne principalement sur le mode de l’absurde. Les images, données pour être la réalité, nous bernent jusqu’à ce que le réalisateur nous donne la clef qui dénoue l’intrigue.

Pour les films qui tiennent sur une idée unique comme « Artlade » de Altuna Asier, ou encore « Ronaldo » de Mack Jan-Eric et Mettler Jan, la construction classique soutient la thématique. L’intérêt de ces films réside dans une narration élaborée autour de l’Idée. Dans « Ronaldo », la lutte footballistique enfantine et imaginaire entre un jeune garçon et une balançoire agit comme une petite madeleine de Proust. Dans « Artlade », le réalisateur joue sur la corde de la fable sociétale. Les mises en scène de ces films placent les acteurs au centre de l’œuvre, et jouent (un peu) sur le pathos pour rallier les spectateurs à la cause du film.

Du côté purement formel, la sélection des films ne fait pas émerger de petite perle d’innovation technique ou de mise en scène. Si on pouvait espérer quelque chose avec « Falling » ou « Hurdy Gurdy », films esthétiquement léchés et aboutis, le déclic du renouveau du cinéma européen n’est pourtant pas vraiment au rendez-vous…

Maybe… : un cas d’école !

Dans ce programme, pas d’unité de thème, pas d’unité de genre, mais un désir d’universalité, de découverte, de nouveauté européenne… Telle est l’orientation voulue par les programmateurs. Et pourtant, quand le festival propose au public de s’exprimer sur ses impressions et de voter pour son film préféré, l’œuvre plébiscitée est la plus en marge de l’axe de la programmation. En effet, « Maybe… » de Resende Pedro, film le plus long du programme et de loin, est tout simplement la proposition la plus classique, tant dans son fond que dans sa forme. Cette jolie bluette est tristement le reflet d’un besoin d’aller vers des choses rassurantes, claires, lisibles et faciles d’accès. Ici, on ne laisse pas beaucoup de place à l’imaginaire, puisque tout est prédit de la rencontre de deux adolescents dans un café à leur flirt romantique et un peu galvaudé. Est-ce que ce film se détache des autres par sa qualité ou seulement par facilité de lecture en opposition aux autres œuvres? Sa place est-elle bien dans le programme alternatif Cocotte minute ?

Le fil d’Ariane… tout un programme

Quelle est alors la ligne conductrice de Cocotte minute? Doit-on vraiment croire qu’il ne s’agit que d’une durée? Nombre de festivals se sont essayés à une programmation alternative aux classiques compétitions nationales, européennes et internationales de courts métrages.

Mais aujourd’hui, comment trouver une proposition cohérente avec les productions et les attentes d’un public qui voit des films sur des écrans de plus en plus petits et mobiles? Le fil d’Ariane énoncé pour Cocotte minute (films de moins de 10 minutes) ne tient qu’en élevant un peu le débat. Si les «très courts» ont une identité propre, celle-ci ne peut tenir uniquement sur sa forme, elle doit porter en elle d’autres caractères.

Peut-être que l’indice le plus probant sur l’identité profonde des très courts se trouve du côté de l’expérimentation, de l’essai… Peut-être que les très courts sont une porte ouverte sur des productions moins réservées aux spectateurs de courts métrages mais plus orientées vers les publics du Net.

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« Hurdy gurdy »

La pression dans la Cocotte

Toujours très efficace, la programmation Cocotte minute apporte un souffle léger dans le festival de Brest. Accessible à tous les publics, forte en émotions autant visuelles, sonores que mentales, Cocotte minute fait passer un bon moment de cinéma européen. Ce programme ouvre sans doute un peu nos esprits zappeurs à la curiosité de pousser un peu plus loin, sur des formats un peu plus longs, notre connaissance des cinémas d’ailleurs.

Fanny Barrot

Festival de Brest 2011

Le festival de Brest, espace important pour le court de qualité, s’est achevé il y a 10 jours. Beaucoup de premiers et de deuxièmes films y étaient présentés, avec une nette majorité européenne (six films français seulement faisaient partie de la compétition officielle). Eclairage, ces jours-ci, sur la deuxième manifestation nationale la plus courue en terme de films courts.

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Film expérimental en ligne : « The death of an insect »

Vendredi soir, étiez-vous endormi devant ARTE ? Si oui, vous avez raté le très envoûtant film finlandais « The Death of an insect » de Hannes Vartiainen & Pekka Veikkolainen, programmé en Labo cette année à Clermont-Ferrand et en compétition européenne à Court Métrange. Cliquez donc. Le film quitte le portail web d’ARTE dans quelques jours…

Death of an insect (titre original : Erään hyonteisen tuho) de Hannes Vartiainen & Pekka Veikkolainen (Finlande, 2010, 7mn)

Synopsis : Dans un paysage urbain à l’abandon, des insectes morts tourbillonnent dans une danse insolite…

Voir également le making-of

Short Screens #13 : QUEER Shorts

A l’occasion du 10 anniversaire de Pink Screens, Short Screens vous propose de prolonger les festivités avec une séance piquante et audacieuse comprenant des fictions, des documentaires et des films extra-terrestres autour de la thématique d’identité(s) sexuelle(s).

Au programme :

GAY?
Jean-Gabirel Périot – France / 2000 / Documentaire / 2’
Un coming out : « Bonsoir, je suis gay, fier, bien dans ma peau, heureux, et j’aime me faire enculer… »

WRESTLING
Grimur Hakonarson – Islande / 2007 / Fiction / 20′
Denni est perceur de tunnel, Einar éleveur de vaches. Tous deux ont la quarantaine et pratiquent la lutte islandaise. C’est une façon de sortir de leur quotidien et surtout d’affirmer leur véritable personnalité.

VIGILANT! HEALTHY! WHOLESOME!
Lauren Anderson – Australie / 2009 / Fiction / 13’35’’
Betty ne peut s’empêcher de toucher les mannequins dans son magasin, la robe de mariée de Sylvie semble vivante et une vague d’homosexualité menace le pays… Êtes-vous prêt(e)s à faire face ?

KUSUM
Shumona Bannerjee – Inde / 2010 / Fiction / 10’30 »
Un jeune prostitué travesti et un professeur de littérature anglaise obsessionnel et suicidaire se retrouvent enfermés dans une pièce, où ils tentent de cohabiter ; la nuit ne fait que commencer…

GUARDIAN ANGEL
Reetta Aalto – Finland / 2010 / Documentaire / 19’26’’
Olli Aalto, ancien pasteur, nous raconte son histoire, celle d’un garçon qui était supposé être une fille.

GERALDINE
Arthur de Pins – France / 2000 / 9’20 »
Un beau jour, un homme se réveille en femme.

Rendez-vous le jeudi 24 novembre à 19h30 à l’Actors Studio, Petite rue des Bouchers, 16, 1000 Bruxelles !

Média 10-10 : le Prix Format Court de l’OVNI dévoilé

Le 19 novembre dernier, s’est clôturée la 33ème édition du Festival du court métrage de Namur, Média 10-10. Lors de la cérémonie du palmarès, le jury Format Court, composé de Marie Bergeret, Adi Chesson et Bibiana Vila, a décerné le Prix du meilleur film OVNI (objet visuel non identifié) à « I Know You Can Hear Me » de Miguel Fonseca.

i-know-you-can-hear-me

Synopsis : Un film sur l’amour à l’intérieur d’un film sur la guerre.

Le réalisateur portugais bénéficiera d’un focus personnalisé sur le site ainsi que d’une projection de son film en salle de cinéma à Bruxelles et/ou à Paris. Rendez-vous sur le site très prochainement pour découvrir l’oeuvre de Miguel Fonseca !

PALMARES FESTIVAL MEDIA 10/10 2011

Membres du Jury Officiel du Festival : Stéphanie Leempoels, Przemek Mlynczyk, Didier Stiers et Thierry Zamparutti.

Membres du Jury Presse du Festival : Christian Collin et Pierre Raemdonck.

Membres du Jury OVNI : Alexandre Galand, Emmanuel Lefrant et Vincent Stroep.

Membres du jury Format Court : Marie Bergeret, Adi Chesson, Bibiana Vila

Prix du Meilleur Court Métrage de Fiction
D’un montant de 2 500 €
Offert par la Fédération Wallonie-Bruxelles à Joachim WEISSMANN
Pour son film « Kérosène »

Prix du Meilleur Court Métrage d’Animation
D’un montant de 2 500 €
Offert par la Wallonie à Hugo FRASSETTO
Pour son film « La garde-barrière »

Prix du Meilleur Court Métrage Documentaire
D’un montant de 2 500 €
Offert par la Ville de Namur à Victor SAGRISTÀ
Pour son film « Bailaoras, l’horizon des racines »

Prix OVNI
D’un montant de 2 500€
Offert par la province de Namur à Khristine GILLARD et Marc REBUTTINI
Pour son film « Miramen »

Prix Format Court Attribué à un OVNI
Consiste en un Focus personnalisé (interview + critique)
Projection à Paris et à Bruxelles.
Offert par Format Court à Miguel FONSECA
Pour son film « I know you can hear me »

Prix des Auteurs
D’un montant de 2 500 €
Offert conjointement, par la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD)
et la Société Civile des Auteurs Multimédia (SCAM) à Valéry ROSIER
Pour son film « Dimanches »

Prix du Meilleur Premier Court Métrage Professionnel
D’un montant de 2 500 €
Offert par la Promotion Artistique Belge de la SABAM à Maria CASTILLEJO Carmen
Pour son film « I am unhappy »

Prix de la Meilleure Image
D’un montant de 1 000 € consistant en une location de matériel de prise de vue, d’éclairage,
de groupe, de studio ou le tout combiné
Offert par EYE-LITE à Manu DACOSSE
Pour le film « Terre nouvelle » de Bernard DRESSE

Prix de « latrois » pour un film d’étudiant
D’un montant de 1 500 € incluant les droits de diffusion
Offert par la RTBF à Thibaut WOHLFAHRT
Pour son film « Ciao Bambino »

Prix de la Presse
D’un montant de 1 250 €
Offert par la Province de Namur à Anne LECLERCQ
Pour son film « Dissonance »

Prix du Public
D’un montant de 1 000 €
Offert par Smart.be Namur à Joachim WEISSMANN
Pour son film « Kérosène »

S comme Selfportrait

Fiche technique

Synopsis : Autoportrait – l’évolution naturelle de l’auto création. Autoportrait comme un acte re-créatif et re-génératif. Il y a la réalité et il y a moi, le filtre qui rend surréel ce qui est réel. Un processus qui se déroule à travers ressemblances, métaphores visuelles et mutations. La nature se nourrit des mutations qu’elle-même produit. J’imite sa façon d’évoluer. Si naturellement un individu arrive à être ce qu’il est. Si grâce à l’imagination, j’arrive à être moi-même.

Pays : Italie

Durée : 2’54 »

Année : 2009

Genre : Animation, expérimental

Réalisation, image, scénario, composition, montage et jeu : Isobel Blank (Eleonora Giglione)

Musique : Les Fragments De La Nuit

Article asssocié : la critique du film

Selfportrait de Isobel Blank

Coquette dans son audace, narcissique dans sa pudeur, l’artiste toscane Isobel Blank réalise en 2009 son autobiographie, « Selfportrait », programmé hors compétition dans le cadre du partenariat entre l’asbl 68 Septante, le centre culturel de Huy et le FIDEC. Dans ce morceau délectable d’art vidéo, les codes conventionnels du septième art se retournent sens dessus-dessous pour se retrouver aux côtés de l’art contemporain expérimental.

Munie de son pinceau, la caméra fixe, de son canevas, le salon, et de son coup distinctif, le jump cut, Blank dresse en quelques minutes fugaces un portrait d’elle-même, artiste, femme. Se cachant et se dévoilant tour à tour, elle investit l’espace à sa propre manière, insoucieuse des considérations de la narration classique. Alternant gros plan et plan rapproché, cette philosophe de formation fuit le regard du spectateur qui, conformément à la réalité, ne s’en sort qu’avec une très vague idée de qui est cette Mme Blank nommée avec tant d’à-propos, même si le caractère déjanté, provocateur et créatif de l’artiste est clairement transmis. Sa manière particulière de filmer le féminin ‘au féminin’ rappelle la démarche initiale de Chantal Akerman : le spectateur de « La Chambre » et de « Je, tu, il, elle » ne se retrouvait-il pas lui aussi face à un exhibitionnisme trompeur, son regard sollicité par un personnage insaisissable voire imperceptible ?

Dans « Selfportrait », Isobel Blank utilise peu de moyens pour déployer la vaste palette de ses talents pictural, musical, cinématographique, … Bizarre et excentrique, « Selfportrait » est le reflet de son auteur, et certainement un des plus atypiques des Showreels !

Adi Chesson

Consultez la fiche technique du film

Tant qu’il y aura del poussière de Marie Devuyst

Présenté hors compétition dans le cadre du partenariat entre l’asbl 68 Septante, le centre culturel de Huy et le FIDEC cette année, « Tant qu’il y aura del poussière » est un témoignage pour le moins original sur les forges de Clabecq en région wallonne, à (re)découvrir.

La thématique de la représentation de la classe ouvrière apparaît également en compétition nationale du Festival dans deux titres : « Staka » de Valentine Laloux, Morgan Hardy, Maximilien Chevalier, Jean-Michel Degoedt et « Fermiers atypiques » de Kevin Cleeren. Le premier opte pour le registre de la science-fiction pour livrer son sujet tandis que le deuxième prend le parti d’un reportage. Le film de Marie Devuyst, en revanche, réalisé en 2009 dans le cadre de ses études à Sint Lukas à Bruxelles, mêle documentaire et film expérimental.

Sur fond d’images photographiées aussi statiques que l’endroit désertique qu’elles représentent, la réalisatrice pose habilement l’histoire d’Emile, ancien délégué du syndicat de la société sidérurgique située au sud de Bruxelles qui ferma ses portes suite à une faillite dans les années 90. Ses paroles en wallon interpellent tout d’abord par le sentiment de familière étrangeté que procure cette langue désuète et minoritaire, à la fois très proche mais très éloigné du français. Emile raconte le vécu des travailleurs de l’usine de manière très imagée et descriptive, avec nostalgie et émotion, sa voix superposée à l’image stérile tel le spectre d’un passé industriel glorieux qui définissait jusqu’il y a peu la société et l’économie de la Belgique francophone.

Revendication touchante et nécessaire de toute une classe démunie, « Tant qu’il y aura del poussière » renforce son contenu socialement engagé avec une forme esthétiquement et symboliquement chargée pour créer un fragment cinématographique hautement poétique.

Adi Chesson

Consultez la fiche technique du film

T comme Tant qu’il y aura del poussière

Fiche technique

Synopsis : Les souvenirs d’Emile nous emmènent à la découverte des forges de Clabecq, une usine métallurgique à l’abandon.
Cette exploration visuelle et sonore révèle un espace où la vie s’est arrêtée, où le temps semble suspendu, où les traces du passé éveillent les songes et ouvrent la voie à la flânerie industrielle.

Genre : Documentaire expérimental

Pays : Belgique

Année : 2009

Durée : 6′

Réalisation, son, montage, production : Marie Devuyst

Article associé : la critique du film

Atopic Festival #3, le palmarès (et le reste) en ligne

Ce soir, avait lieu la remise des prix de l’Atopic Festival, autrement présenté comme le Festival International du film machinima -combinaison de machine (pour l’ordinateur), animation et cinéma- à la Gaîté Lyrique. En début de semaine, étaient montrés au Nouveau Latina (Paris) les 26 machinima en compétition. Si comme nous, vous avez appris l’info tardivement, vous pouvez découvrir ces films courts issus des mondes virtuels et des jeux vidéos sur le Net.

1er Prix : Zardoz (Part. 1) de KingRabbit – FR/2011/6’37/Sci-Fi, Fantastic/The movies, Photoshop, Sony Vegas, Adobe After Effects, dxtbmp, Paint, Blender 3d, Goldwave, Hexworkshop

2293, la Terre a été totalement dévastée et la société divisée en castes : Brutes, Exterminateurs et Barbares. Tous vouent un culte sans limite au dieu Zardoz et oeuvrent pour les Éternels. Ce nouvel équilibre social va être bouleversé lorsque Zed, un Exterminateur, décide de pénétrer chez les Éternels défiant ainsi le Zardoz… Ce machinima est un remake du film de Sci-Fi réalisé par John Boorman en 1974.

Prix Spécial : Fiends de Matthieu Bavagnoli, Hugo Binétruy, Sandro Bordier, Vincent Delsuc, Anthony Straub, Rémi Vallet (Supinfogame) – FR/2011/3’36/Horreur/Left 4 Dead, Hammer Editor, L4D Authoring Tools, Adobe After Effects, Adobe Premiere

Un zombie, seul, erre dans les décombres d’une ville déserte. Sous l’emprise d’un soudain «Spleen contemporain » il découvre dans un cybercafé les délices des réseaux sociaux. Il sort du café et son nombre de « friends » s’élève désormais à 6 775 235 700…

2ème Prix : More cockpits [-ship version] de Yann Weissgerber – FR/2011/4’03/Rétro-, intro-, pro-spectif/jeux sur ZX Spectrum

Syn. : Il s’agit de mettre un peu de distance entre les formes de l’Entertainment et son euphorie. Des écrans de jeux
d’un ordinateur ZX Spectrum des 80’s, ont été vidé par l’artiste : plus de monstres, de paysages, de barres de vie, d’informations sur les jauges des simulateurs de vol. Il ne reste qu’un diaporama d’interfaces désertées.

Clear Skies 3 de Ian Chisholm – UK/2011/8’32/Sci-Fi, Action, Aventure/HalfLife 2, Eve

Troisième opus de la saga Clear Skies. Les choses semblent finalement bien se dérouler pour l’équipage. Cette vie confortable mène le capitaine Rourke à baisser la garde, et les conséquences s’avèrent désastreuses. Des nouvelles aventures viennent alors troubler le «ciel clair».

Voir tous les films en lice, sur la page Dailymotion de l’Atopic Festival

En savoir plus sur le site du festival : www.atopicfestival.com

S comme Szelest

Fiche technique

Synopsis : Un merveilleux endroit retiré dans les montagnes, les vacances annuelles de Basia et Andrzej, un couple qui s’ennuie. Il passe leur temps à parler de rien jusqu’à ce qu’un jeune couple, Maja et Borys, s’égare accidentellement jusqu’à leur maison.

Genre : Fiction

Durée : 20’

Pays : Pologne

Année : 2011

Réalisation : Leszek Korusiewicz

Scénario : Leszek Korusiewicz

Image : Kacper Fertacz

Son : Marian Bogacki

Montage : Przemysław Chruścielewski

Musique : Jakub Jaźwiecki

Interprétation : Agnieszka Warchulska, Andrzej Konopka

Production : Polski Instytut Sztuki Filmowej

Article associé : la critique du film