Tous les articles par Katia Bayer

Festival de Brest 2011

Le festival de Brest, espace important pour le court de qualité, s’est achevé il y a 10 jours. Beaucoup de premiers et de deuxièmes films y étaient présentés, avec une nette majorité européenne (six films français seulement faisaient partie de la compétition officielle). Eclairage, ces jours-ci, sur la deuxième manifestation nationale la plus courue en terme de films courts.

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Film expérimental en ligne : « The death of an insect »

Vendredi soir, étiez-vous endormi devant ARTE ? Si oui, vous avez raté le très envoûtant film finlandais « The Death of an insect » de Hannes Vartiainen & Pekka Veikkolainen, programmé en Labo cette année à Clermont-Ferrand et en compétition européenne à Court Métrange. Cliquez donc. Le film quitte le portail web d’ARTE dans quelques jours…

Death of an insect (titre original : Erään hyonteisen tuho) de Hannes Vartiainen & Pekka Veikkolainen (Finlande, 2010, 7mn)

Synopsis : Dans un paysage urbain à l’abandon, des insectes morts tourbillonnent dans une danse insolite…

Voir également le making-of

Short Screens #13 : QUEER Shorts

A l’occasion du 10 anniversaire de Pink Screens, Short Screens vous propose de prolonger les festivités avec une séance piquante et audacieuse comprenant des fictions, des documentaires et des films extra-terrestres autour de la thématique d’identité(s) sexuelle(s).

Au programme :

GAY?
Jean-Gabirel Périot – France / 2000 / Documentaire / 2’
Un coming out : « Bonsoir, je suis gay, fier, bien dans ma peau, heureux, et j’aime me faire enculer… »

WRESTLING
Grimur Hakonarson – Islande / 2007 / Fiction / 20′
Denni est perceur de tunnel, Einar éleveur de vaches. Tous deux ont la quarantaine et pratiquent la lutte islandaise. C’est une façon de sortir de leur quotidien et surtout d’affirmer leur véritable personnalité.

VIGILANT! HEALTHY! WHOLESOME!
Lauren Anderson – Australie / 2009 / Fiction / 13’35’’
Betty ne peut s’empêcher de toucher les mannequins dans son magasin, la robe de mariée de Sylvie semble vivante et une vague d’homosexualité menace le pays… Êtes-vous prêt(e)s à faire face ?

KUSUM
Shumona Bannerjee – Inde / 2010 / Fiction / 10’30 »
Un jeune prostitué travesti et un professeur de littérature anglaise obsessionnel et suicidaire se retrouvent enfermés dans une pièce, où ils tentent de cohabiter ; la nuit ne fait que commencer…

GUARDIAN ANGEL
Reetta Aalto – Finland / 2010 / Documentaire / 19’26’’
Olli Aalto, ancien pasteur, nous raconte son histoire, celle d’un garçon qui était supposé être une fille.

GERALDINE
Arthur de Pins – France / 2000 / 9’20 »
Un beau jour, un homme se réveille en femme.

Rendez-vous le jeudi 24 novembre à 19h30 à l’Actors Studio, Petite rue des Bouchers, 16, 1000 Bruxelles !

Média 10-10 : le Prix Format Court de l’OVNI dévoilé

Le 19 novembre dernier, s’est clôturée la 33ème édition du Festival du court métrage de Namur, Média 10-10. Lors de la cérémonie du palmarès, le jury Format Court, composé de Marie Bergeret, Adi Chesson et Bibiana Vila, a décerné le Prix du meilleur film OVNI (objet visuel non identifié) à « I Know You Can Hear Me » de Miguel Fonseca.

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Synopsis : Un film sur l’amour à l’intérieur d’un film sur la guerre.

Le réalisateur portugais bénéficiera d’un focus personnalisé sur le site ainsi que d’une projection de son film en salle de cinéma à Bruxelles et/ou à Paris. Rendez-vous sur le site très prochainement pour découvrir l’oeuvre de Miguel Fonseca !

PALMARES FESTIVAL MEDIA 10/10 2011

Membres du Jury Officiel du Festival : Stéphanie Leempoels, Przemek Mlynczyk, Didier Stiers et Thierry Zamparutti.

Membres du Jury Presse du Festival : Christian Collin et Pierre Raemdonck.

Membres du Jury OVNI : Alexandre Galand, Emmanuel Lefrant et Vincent Stroep.

Membres du jury Format Court : Marie Bergeret, Adi Chesson, Bibiana Vila

Prix du Meilleur Court Métrage de Fiction
D’un montant de 2 500 €
Offert par la Fédération Wallonie-Bruxelles à Joachim WEISSMANN
Pour son film « Kérosène »

Prix du Meilleur Court Métrage d’Animation
D’un montant de 2 500 €
Offert par la Wallonie à Hugo FRASSETTO
Pour son film « La garde-barrière »

Prix du Meilleur Court Métrage Documentaire
D’un montant de 2 500 €
Offert par la Ville de Namur à Victor SAGRISTÀ
Pour son film « Bailaoras, l’horizon des racines »

Prix OVNI
D’un montant de 2 500€
Offert par la province de Namur à Khristine GILLARD et Marc REBUTTINI
Pour son film « Miramen »

Prix Format Court Attribué à un OVNI
Consiste en un Focus personnalisé (interview + critique)
Projection à Paris et à Bruxelles.
Offert par Format Court à Miguel FONSECA
Pour son film « I know you can hear me »

Prix des Auteurs
D’un montant de 2 500 €
Offert conjointement, par la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD)
et la Société Civile des Auteurs Multimédia (SCAM) à Valéry ROSIER
Pour son film « Dimanches »

Prix du Meilleur Premier Court Métrage Professionnel
D’un montant de 2 500 €
Offert par la Promotion Artistique Belge de la SABAM à Maria CASTILLEJO Carmen
Pour son film « I am unhappy »

Prix de la Meilleure Image
D’un montant de 1 000 € consistant en une location de matériel de prise de vue, d’éclairage,
de groupe, de studio ou le tout combiné
Offert par EYE-LITE à Manu DACOSSE
Pour le film « Terre nouvelle » de Bernard DRESSE

Prix de « latrois » pour un film d’étudiant
D’un montant de 1 500 € incluant les droits de diffusion
Offert par la RTBF à Thibaut WOHLFAHRT
Pour son film « Ciao Bambino »

Prix de la Presse
D’un montant de 1 250 €
Offert par la Province de Namur à Anne LECLERCQ
Pour son film « Dissonance »

Prix du Public
D’un montant de 1 000 €
Offert par Smart.be Namur à Joachim WEISSMANN
Pour son film « Kérosène »

S comme Selfportrait

Fiche technique

Synopsis : Autoportrait – l’évolution naturelle de l’auto création. Autoportrait comme un acte re-créatif et re-génératif. Il y a la réalité et il y a moi, le filtre qui rend surréel ce qui est réel. Un processus qui se déroule à travers ressemblances, métaphores visuelles et mutations. La nature se nourrit des mutations qu’elle-même produit. J’imite sa façon d’évoluer. Si naturellement un individu arrive à être ce qu’il est. Si grâce à l’imagination, j’arrive à être moi-même.

Pays : Italie

Durée : 2’54 »

Année : 2009

Genre : Animation, expérimental

Réalisation, image, scénario, composition, montage et jeu : Isobel Blank (Eleonora Giglione)

Musique : Les Fragments De La Nuit

Article asssocié : la critique du film

Selfportrait de Isobel Blank

Coquette dans son audace, narcissique dans sa pudeur, l’artiste toscane Isobel Blank réalise en 2009 son autobiographie, « Selfportrait », programmé hors compétition dans le cadre du partenariat entre l’asbl 68 Septante, le centre culturel de Huy et le FIDEC. Dans ce morceau délectable d’art vidéo, les codes conventionnels du septième art se retournent sens dessus-dessous pour se retrouver aux côtés de l’art contemporain expérimental.

Munie de son pinceau, la caméra fixe, de son canevas, le salon, et de son coup distinctif, le jump cut, Blank dresse en quelques minutes fugaces un portrait d’elle-même, artiste, femme. Se cachant et se dévoilant tour à tour, elle investit l’espace à sa propre manière, insoucieuse des considérations de la narration classique. Alternant gros plan et plan rapproché, cette philosophe de formation fuit le regard du spectateur qui, conformément à la réalité, ne s’en sort qu’avec une très vague idée de qui est cette Mme Blank nommée avec tant d’à-propos, même si le caractère déjanté, provocateur et créatif de l’artiste est clairement transmis. Sa manière particulière de filmer le féminin ‘au féminin’ rappelle la démarche initiale de Chantal Akerman : le spectateur de « La Chambre » et de « Je, tu, il, elle » ne se retrouvait-il pas lui aussi face à un exhibitionnisme trompeur, son regard sollicité par un personnage insaisissable voire imperceptible ?

Dans « Selfportrait », Isobel Blank utilise peu de moyens pour déployer la vaste palette de ses talents pictural, musical, cinématographique, … Bizarre et excentrique, « Selfportrait » est le reflet de son auteur, et certainement un des plus atypiques des Showreels !

Adi Chesson

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Tant qu’il y aura del poussière de Marie Devuyst

Présenté hors compétition dans le cadre du partenariat entre l’asbl 68 Septante, le centre culturel de Huy et le FIDEC cette année, « Tant qu’il y aura del poussière » est un témoignage pour le moins original sur les forges de Clabecq en région wallonne, à (re)découvrir.

La thématique de la représentation de la classe ouvrière apparaît également en compétition nationale du Festival dans deux titres : « Staka » de Valentine Laloux, Morgan Hardy, Maximilien Chevalier, Jean-Michel Degoedt et « Fermiers atypiques » de Kevin Cleeren. Le premier opte pour le registre de la science-fiction pour livrer son sujet tandis que le deuxième prend le parti d’un reportage. Le film de Marie Devuyst, en revanche, réalisé en 2009 dans le cadre de ses études à Sint Lukas à Bruxelles, mêle documentaire et film expérimental.

Sur fond d’images photographiées aussi statiques que l’endroit désertique qu’elles représentent, la réalisatrice pose habilement l’histoire d’Emile, ancien délégué du syndicat de la société sidérurgique située au sud de Bruxelles qui ferma ses portes suite à une faillite dans les années 90. Ses paroles en wallon interpellent tout d’abord par le sentiment de familière étrangeté que procure cette langue désuète et minoritaire, à la fois très proche mais très éloigné du français. Emile raconte le vécu des travailleurs de l’usine de manière très imagée et descriptive, avec nostalgie et émotion, sa voix superposée à l’image stérile tel le spectre d’un passé industriel glorieux qui définissait jusqu’il y a peu la société et l’économie de la Belgique francophone.

Revendication touchante et nécessaire de toute une classe démunie, « Tant qu’il y aura del poussière » renforce son contenu socialement engagé avec une forme esthétiquement et symboliquement chargée pour créer un fragment cinématographique hautement poétique.

Adi Chesson

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T comme Tant qu’il y aura del poussière

Fiche technique

Synopsis : Les souvenirs d’Emile nous emmènent à la découverte des forges de Clabecq, une usine métallurgique à l’abandon.
Cette exploration visuelle et sonore révèle un espace où la vie s’est arrêtée, où le temps semble suspendu, où les traces du passé éveillent les songes et ouvrent la voie à la flânerie industrielle.

Genre : Documentaire expérimental

Pays : Belgique

Année : 2009

Durée : 6′

Réalisation, son, montage, production : Marie Devuyst

Article associé : la critique du film

Atopic Festival #3, le palmarès (et le reste) en ligne

Ce soir, avait lieu la remise des prix de l’Atopic Festival, autrement présenté comme le Festival International du film machinima -combinaison de machine (pour l’ordinateur), animation et cinéma- à la Gaîté Lyrique. En début de semaine, étaient montrés au Nouveau Latina (Paris) les 26 machinima en compétition. Si comme nous, vous avez appris l’info tardivement, vous pouvez découvrir ces films courts issus des mondes virtuels et des jeux vidéos sur le Net.

1er Prix : Zardoz (Part. 1) de KingRabbit – FR/2011/6’37/Sci-Fi, Fantastic/The movies, Photoshop, Sony Vegas, Adobe After Effects, dxtbmp, Paint, Blender 3d, Goldwave, Hexworkshop

2293, la Terre a été totalement dévastée et la société divisée en castes : Brutes, Exterminateurs et Barbares. Tous vouent un culte sans limite au dieu Zardoz et oeuvrent pour les Éternels. Ce nouvel équilibre social va être bouleversé lorsque Zed, un Exterminateur, décide de pénétrer chez les Éternels défiant ainsi le Zardoz… Ce machinima est un remake du film de Sci-Fi réalisé par John Boorman en 1974.

Prix Spécial : Fiends de Matthieu Bavagnoli, Hugo Binétruy, Sandro Bordier, Vincent Delsuc, Anthony Straub, Rémi Vallet (Supinfogame) – FR/2011/3’36/Horreur/Left 4 Dead, Hammer Editor, L4D Authoring Tools, Adobe After Effects, Adobe Premiere

Un zombie, seul, erre dans les décombres d’une ville déserte. Sous l’emprise d’un soudain «Spleen contemporain » il découvre dans un cybercafé les délices des réseaux sociaux. Il sort du café et son nombre de « friends » s’élève désormais à 6 775 235 700…

2ème Prix : More cockpits [-ship version] de Yann Weissgerber – FR/2011/4’03/Rétro-, intro-, pro-spectif/jeux sur ZX Spectrum

Syn. : Il s’agit de mettre un peu de distance entre les formes de l’Entertainment et son euphorie. Des écrans de jeux
d’un ordinateur ZX Spectrum des 80’s, ont été vidé par l’artiste : plus de monstres, de paysages, de barres de vie, d’informations sur les jauges des simulateurs de vol. Il ne reste qu’un diaporama d’interfaces désertées.

Clear Skies 3 de Ian Chisholm – UK/2011/8’32/Sci-Fi, Action, Aventure/HalfLife 2, Eve

Troisième opus de la saga Clear Skies. Les choses semblent finalement bien se dérouler pour l’équipage. Cette vie confortable mène le capitaine Rourke à baisser la garde, et les conséquences s’avèrent désastreuses. Des nouvelles aventures viennent alors troubler le «ciel clair».

Voir tous les films en lice, sur la page Dailymotion de l’Atopic Festival

En savoir plus sur le site du festival : www.atopicfestival.com

S comme Szelest

Fiche technique

Synopsis : Un merveilleux endroit retiré dans les montagnes, les vacances annuelles de Basia et Andrzej, un couple qui s’ennuie. Il passe leur temps à parler de rien jusqu’à ce qu’un jeune couple, Maja et Borys, s’égare accidentellement jusqu’à leur maison.

Genre : Fiction

Durée : 20’

Pays : Pologne

Année : 2011

Réalisation : Leszek Korusiewicz

Scénario : Leszek Korusiewicz

Image : Kacper Fertacz

Son : Marian Bogacki

Montage : Przemysław Chruścielewski

Musique : Jakub Jaźwiecki

Interprétation : Agnieszka Warchulska, Andrzej Konopka

Production : Polski Instytut Sztuki Filmowej

Article associé : la critique du film

Szelest de Leszek Korusiewicz

Les (mur)mur(e)s ont des oreilles

Étonnant que ce “murmure” polonais qui s’ouvre sur un jardin d’Eden résolument enfoui dans le doute et les non-dits.

La nature engloutit le quotidien d’un couple, qui se retrouve à échanger des banalités pour éviter les sujets sensibles, ceux qui fâchent et qui blessent car ils ne trouvent pas les mots pour les exprimer. L’arrivée d’un élément déclencheur, un autre couple, beaucoup plus jeune, beaucoup plus libre, beaucoup plus sensuel vient perturber les deux tourtereaux et les ébranler jusqu’à les retrancher aux confins de leurs fondations fragiles, vulnérables et bancales. C’est que chacun se sent attiré par l’un pour sa force ou par l’autre pour sa dangereuse sensualité. Tout est permis quand rien n’est dit. Autour de tout cela, un univers, sauvage, beau irrésistible et primitif qui en plus de leur faire écho, laisse transparaître les fissures et les failles qui s’agrandissent à mesure que les protagonistes se côtoient.

Ce film de fin d’études est remarquable autant dans ce qu’il met en évidence que dans sa manière de le raconter. L’image, le montage, le son sont inévitablement au service de l’intention du réalisateur de montrer les murs fragiles qui parfois s’érigent autour de ceux qui s’aiment.

Marie Bergeret

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S comme Sophie Lavoie

Fiche technique

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Synopsis : Un huis clos contemporain qui devient le théâtre d’une déroute personnelle, celle d’une jeune femme moderne.

Genre : Fiction

Durée : 8’

Année : 2009

Pays : Canada

Réalisation : Anne Emond

Scénario : Anne Emond

Image : Philippe St-Laurent Levesque

Son : Simon Gervais

Montage : Denis Pilon

Interprètes : Catherine de Lean, Emile Proulx-Cloutier

Production : Anne Emond

Article associé : la critique du film

Sophie Lavoie d’Anne Emond

Cette année, le Fidec mettait le Québec à l’honneur. L’occasion pour nous de confirmer que la patrie de Denis Villeneuve et de Denys Arcand recèle de petits bijoux cinématographiques. Aux côtés des excellents « Next Floor », « Les Journaux de Lipsett », « Les Poissons » et « Mokhtar », on a pu apprécier « Sophie Lavoie », un court métrage simple et atypique d’Anne Emond.

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A l’instar de Yvon Marciano dans son « Emilie Muller », Anne Emond privilégie le plan fixe pour filmer l’évolution des sentiments d’une jeune femme bien dans son temps. Un plan immobile qui n’offre jamais de contrechamp visuel pour percevoir le malaise grandissant de Sophie, venue à un dépistage de MST (maladies sexuellement transmissibles). L’entretien qui se veut professionnel et banal pour le médecin prend une tournure bien personnelle et dérangeante à mesure que les questions se font plus indiscrètes. De la nonchalance du début, répondent le tremblement des mains, les hésitations, le trémolo dans la voix et le regard fuyant de la fin.

A l’aide d’un dispositif simple, Emond dresse le portrait de la société moderne qui fait fi du poids de la possibilité d’aimer qui on veut, quand on veut, comme on veut. Sophie Lavoie est une jeune femme moderne qui, malgré tout, plie sous le fardeau des conséquences de cette liberté sexuelle car elle ne l’assume pas complètement. Elle n’est pas malade, du moins elle l’espère, mais elle se rend bien compte que sa façon d’aborder ses relations affectives est symptomatique d’un mal-être.

Subtilement, sans poser de jugement moral, la réalisatrice arrive à présenter une magnifique illustration en demi-teinte de noirs et de blancs d’une femme d’aujourd’hui dans un huis clos des plus révélateurs.

Marie Bergeret

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Dans le cochon tout est bon de Iris Alexandre

Au Fidec cette année, se trouvait une pléthore d’animations en compétition nationale et internationale, montrant que celles-ci occupent une place importante dans l’enseignement cinématographique. Dans ce cadre – et la plupart de films présentés au festival en témoignent – il n’est pas inhabituel que le genre animé serve principalement à démontrer un travail technique, aux dépens du sujet qui, lui, est réduit à un simple prétexte narratif à des fins purement formelles. Il est rafraichissant alors, de voir un film qui renverse ce constat, qui montre un sujet délicat avec respect à l’aide des facultés à la fois représentative et symbolique de l’animation. Tel est le cas de « Dans le Cochon tout est bon » d’Iris Alexandre (La Cambre, Belgique).

Se basant sur l’idée de la transformation au lieu de la création ou la destruction de la matière, Iris Alexandre montre, par le biais de l’animation en volume, la métamorphose d’un cochon, passant d’un être vivant à la source d’un repas infini. Sang, os, morceaux de chair s’intègrent tous dans les rangs du festin avec une discipline digne d’un restaurant 3 étoiles. Un acte plutôt brutal et, indépendamment de son utilité sociale, peu humain, s’enjolive en une chorégraphie de formes et de couleurs gracieuses. Procédant par contraste, Alexandre détermine une structure narrative ingénieuse. Au début de son récit, entre le plan emblème du film montrant la répartition gastronomique de la bête en pâte à modeler et le reste de l’animation, la réalisatrice intercale une image filmée, celle d’un vrai cochon abattu et égorgé. Le cri poussé par l’animal massacré symbolise l’exception à l’adage dont fait référence le titre. Ainsi, Alexandre dose bien ironie et réprobation tout en évitant tout côté moral. La partition originale de Michel Capelier fait écho à cet équilibre en se balançant elle-même entre ironie et charge émotionnelle.

Loin de la lourdeur écœurante et (trop puissante) du « Sang des bêtes » de Georges Franju, de la froideur clinique de « Avaca » de Gustavo Rosa De Moura, ou encore de l’humour ludique et sardonique de « The Cow Who Wanted to Be a Hamburger » de Bill Plympton, le message est ici plus digeste mais reste néanmoins pertinent et, à sa propre manière, efficace.

Adi Chesson

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FIDEC 2011

Le FIDEC (Festival International des écoles de cinéma) qui s’est tenu au Centre culturel de Huy du 19 au 23 octobre proposait une fois de plus une sélection reflétant la diversité et la richesse de la création cinématographique actuelle, réalisée dans un cadre académique.

Avec ses compétitions nationale et internationale, 19 pays et 37 écoles représentés, une séance « culottes courtes » pour le jeune public, une mise à l’honneur du Québec, un atelier d’analyse cinématographique, une collaboration avec l’asbl 68 Septante et une exposition d’Antonin De Bemels, …, le FIDEC a une fois de plus, permis de faire découvrir une nouvelle génération d’artistes qui font le cinéma d’aujourd’hui et de demain.

Découvrez dans ce focus :

le critique de « Selfportrait » de Isobel Blank (Italie, 2009)

la critique de « Tant qu’il y aura del poussière » de Marie Devuyst (Belgique, 2009)

la critique de « Szelest » de Leszek Korusiewicz (Pologne, 2011)

la critique de « Sophie Lavoie » d’Anne Emond (Canada/Québec, 2011)

la critique de « Dans le cochon tout est bon » d’Iris Alexandre (Belgique, 2011)

Et nos anciens sujets en lien avec le festival :

la critique de « Je criais contre la vie. Ou pour elle. » de Vergine Keaton

Court Métrange. Anecdotes aléatoires

Il y a trois semaines, avait lieu le festival Court Métrange spécialisé dans le cinéma fantastique. Curieuse et avide de sensations novatrices, une fine équipe du site se retrouvait au même moment à Rennes, avec quelques paquets de mouchoirs en trop (pour les mômes) et une forte envie de (re)découvrir la Bretagne. Reportage.

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L’affiche

Devant l’affiche du festival, des bonds peuvent s’exécuter devant cette irrésistible blancheur ambiante aux faux airs de pâte à tartiner. Dans un deuxième temps, un corps plutôt pas mal, une tête qui n’est plus et une manucure discrète apparaissent. Du rouge sang aurait pu rebuter sur ce visuel, ce blanc « écrémé » rassure par sa douceur et son onctuosité. On en arriverait presque à oublier le crime qui a pu se jouer là et ne pas voir les gouttes qui se dispersent sur les marches. Impensable vu qu’on commence tout juste à se frotter au domaine de l’horreur et de l’étrange.

Rennes

Pour déjouer les creux de l’après-midi (les projections n’ont lieu que le soir au festival), une visite de la ville s’improvise. Au quartier Saint-Anne, impossible de trouver une soupe brûlante, malgré le froid ambiant. Un marché coloré, des maisons à colombages, une joyeuse fanfare, un café sympa, c’est bien plus facile à identifier. Les pas s’approchent d’une cathédrale sans âge, de rues pavées, de bateaux qui font mouche, avant de s’arrêter dans une crêperie, d’ironiser sur le tennis de table (un sport, ça ?) et d’évoquer les raisons les plus loufoques liées au nombre d’oiseaux dans le ciel rennais.

Les films

Quarante films, pas moins, pas plus, constituaient cette année la programmation européenne de Rennes. Beaucoup de films d’animation faisaient partie de ce programme, certains très bons (comme « Body Memory », « Condamné à vie », « Nuisible(s) » ou « Danny Boy », notre prix Format Court), d’autres réellement moins passionnants (« Love Patate », « Judas and Jesus » alias le Métrange du Jury). Coté fiction, certains films particulièrement originaux se dégageaient de la masse (« Le Vivier », « E pigs », Next Floor », « The death of an insect », « Labyrinth within ») alors que d’autres étaient franchement insoutenables (« Ella », « Hungry Hickory », « Brutal relax ») ou très simplistes dans leur récit (« The astronaut on the roof », « Mandragore », « 36eme sous sol »). Parallèlement, Court Métrange avait prévu des cartes blanches consacrées aux Etats-Unis, au Japon et aux Mexique, en partenariat avec des festivals spécialisés implantés dans ces pays. Peu de ces films, pourtant, sortaient du lot, chose dommageable au final, au vu de la production prolifique et intéressante de ces trois pays.

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Les trois lettres magiques

Rien de très formel aux soirées d’ouverture et de clôture à Rennes : les organisateurs et le jury se réunissent à l’espace pro qui accueille également un mannequin de cire au regard vicieux, des bras et des jambes suspendus dans les airs et des murs ensanglantés. Pour la circonstance, quelques jeunes gens ont préféré troquer leurs tenues contre celles de maîtresses corsetées et d’elfes maléfiques tandis que des hommes préhistoriques abattent leurs massues devant des journalistes hilares et que les sandwiches disparaissent à vue d’œil. A la clôture, la formule ne varie pas. Point de discours à rallonge et de remerciements très publics, ici, le rassemblement a lieu en petit comité, les prix sont délivrés rapidement avant la photo souvenir. La reprise des films primés n’a lieu que le lendemain, certains courts étant projetés au même moment que la remise des prix.

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Le bal des Vampires

Après la prise de connaissance du palmarès, direction la loge pour ressembler le plus possible à un gentil vampire ou à une méchante fée (ou les deux à la fois). Au fait, qu’amène-t-on pour un tout premier bal des vampires ? Quelque chose qui peur, affirme l’entourage. Du côte du festival, Aurélien est plus éloquent dans ses mails : « Pour le déguisement, sois tu décides de faire simple (cape/grosse canine) soit tu innoves un peu le genre. En cas de panne créative, prends un personnage célèbre (De Gaulle, Gandhi, Christophe Maé, Nicolas Sarkozy…) et vampirise-le (succès assuré). Sinon, tu peux choisir l’option  »old school » avec une longue robe et une moumoute sur la tête ou choisir un vampire contemporain, cuir/latex, moderne quoi ! ». Les meilleurs costumes étant, paraît-il, ceux que l’on crée soi-même, on embarque un reste d’Halloween dans sa valise, mais une fois à Rennes, on ressort d’un magasin de farces et attrapes avec des faux cils qui préfèrent, malgré toutes les prières connues et inconnues, rester sur les doigts plutôt que sur les paupières. Par dépit, on pique le nez rouge du collègue plus chanceux qui récupère, lui, un serre-tête « couteau » (la manche d’un côté, la lame de l’autre) en lieu et place d’un hachoir tant souhaité. Pour aller ensuite s’encanailler avec des nonnes, des morts-vivants et d’autres créatures bizarres de la nuit, avant de rentrer pour une after au sel marin et aux croûtons au chèvre et de quitter Rennes le lendemain épuisés et enrhumés (chic, il reste des petits mouchoirs). Elle n’est jamais très fine, l’équipe, en rentrant de festival.

Katia Bayer

Sujet associé : Court Métrange. Dépôt photo

Court Métrange. Dépôt photo

A Court Métrange, ça aime les elfes et les créatures étranges, ça se déguise tous les soirs pour hanter l’espace VIP, ça propose des massages gratuits mais publics, ça avale le plat unique à l’Huluberlu (le resto du festival), ça lèche le sang sur les murs, ça fait des folies à la Boîte à rires (magasin de farces et attrapes), ça fait la file pour voir les films en compét’, ça hésite entre une crêpe et une conférence sur les femmes vampires, ça apprend la mort de Kadhafi au petit-déjeuner (avec photos à l’appui, la cuillère en suspens devant le bol de Miel Pops), ça parle de dessin animé et de jeu vidéo en buvant du Pastis ou du Ricard, ça fonce au Mont Saint-Michel en 3h chrono quand on est japonais, ça grimpe les trois étages du TNB (Théatre National de Bretagne) sans prendre l’ascenceur, ça lorgne vers le buffet pendant les discours officiels, ça remet des prix en lorgnant toujours autant le buffet, ça parle d’iphone déguisé en soubrette, ça prend des bénévoles en  A (Arnaud, Aurélien, Agathe, …), ça dit autour d’un verre : “Je te trouve de plus en plus sanglant”, ça s’entend répondre : “C’est vrai, c’est parce que j’ai mangé”.

Texte : KB

Crédits photos : KB, GC

Article associé : notre reportage sur le festival

Média 10-10 : le Prix Format Court de l’OVNI

A l’occasion de la 33ème édition du Festival du court métrage Média 10-10 (Namur), du 15 au 19 novembre, Format Court décernera le Prix du Meilleur Film dans la catégorie OVNI (Objet Visuel Non Identifié). Le jury sera composé de Marie Bergeret, Adi Chesson et Bibiana Vila (Artatouille asbl et Short Screens). Le film gagnant sera annoncé le 19 novembre et bénéficiera d’un focus spécialisé consacré à son auteur, ainsi que d’une projection en salle de cinéma à Bruxelles et/ou à Paris.


Miramen (Khristine Gillard / Marc Rebuttini)

Miramen — du provençal, mirage. La Camargue est une île qui demande à l’homme qui l’habite de faire corps avec elle. Ce monde de l’entre deux, entre terres et eaux, est celui de la rencontre du fleuve, de la mer et de la communauté des étangs. C’est un monde de gestes — ceux du gardian-centaure, du pêcheur d’étang, du tellinier, du chasseur des marais — inscrits dans les corps et les paysages. Une relation au sauvage.
Là veille la Bête.

Trinkler (Marie-Catherine Theiler)

Quel est le lien entre, par exemple, des opticiens, des musiciens ou des éleveurs de moutons? Une topographie du travail au cœur des Alpes suisses, avec pour commun dénominateur le son des cloches.

Death of Conversation (the) (Francisco Saco)

A reflection on the sorry state of communication. Two gentlemen comment upon the nature of talking through talking. It becomes a routine, as they tend to observe and reflect upon mundane scenarios
and situations, never really reaching a specific destination.

Djoûû (Djamil Beloucif)

C’est l’histoire d’une rencontre entre deux clandestins qui ont « faim » de liberté. « Djoûû » signifiant « faim » en arabe.
Métaphore du mythe de la « Tour de Babel », le film met en scène des « maudits » qui, portés par leur rêve, s’échouent quelque part où leurs mots se heurtent sans s’entrelacer.Doivent-ils parler la même langue pour se comprendre ?

I KNOW YOU CAN HEAR ME (Miguel Fonseca)

A film about love inside a film about war.

Metalliszt – The Road to Victory (The) (Robert Sawallisch)

The Music Clip « The Metalliszt – Road to Victory » puts Franz Liszt into the 21th Century as a Rockstar. He tours through different european cities that influenced him in his life and comes to a furious final to Weimar. Meanwhile he experiences an autobiographic Time-Travel through a part of his life that was dominated by excess and euphoria. In those days Liszt became a kind of prototype of what we would call a modern european citizen. And therefore this film is a winking hommage to Liszt, as an early visionary, who lived the dream of a united europe.

New Hippie Future (Dalibor Baric)

In a surreal and psychedelic atmosphere this film deals with life, freedom and transcendence of limitations.

Stick Climbing (Daniel Zimmermann)

A contemplative walk leads to a bizarre climbing tour. The camera that has just panned over everyday village life now homes in on a construction of wooden slats to then follow a breakneck route up a vertical rock face. From the perspective of the invisible climber, we experience a seemingly impossible ascent while hearing his breath growing heavier and heavier with every move. Having reached the top, the camera roams one more time over the point of departure – the village now in the distance, only a few exciting minutes of film and a tangible eternity away below the rock face. (Robert Buchschwenter)

Reconstructing Sudan (Marta Kucza)

En quête de la représentation parfaite de mes mémoires du Sud-Soudan, je rassemble les morceaux de conversations, images et sons quisemblent ne pas faire partie de la réalité soudanaise. C’est une histoire sur la lutte entre la fascination exotique, la frustration des représentations existantes et l’impossibilité de transmettre la mémoire. Comment aborder à la fois la beauté de la vie et sa représentation ? Dans Re-constructing Sudan, l’amitié et l’amour est le canal par lequel une image me semble possible.

Tran (Miguel Aparicio)

Late February 2011 I was invited to spend some days in the city of Vitoria to shoot a short-film. The final result is this logbook from trips in the city’s tram, filmed with a 16mm string camera and developed by hand those same days.

Un film abécédaire (Saintagnan Eléonore)

Hommage à des individus cherchant le bonheur en dehors des sentiers battus, là où n’est pas l’évidence. Ceux qui alimentent leurs mythes et adorent leurs dieux, qu’il s’agisse des Dieux Vikings ou du Rock’n Roll, un Saint Nicolas ou un frère Joseph.

Spiral Hill (Jean De Lacoste)

This film is a part from my psychic diary. It’s why I wanted to translate a psychic travel with different « affect » places : like a road movie. Also, my relation to filming locations inspire my work every time.