Tous les articles par Katia Bayer

R comme Rome

Fiche technique

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Synopsis : Dans ce palais où je séjourne au coeur de Rome, j’observe le dehors, le dedans, et j’attends.

Genre : Fiction

Durée : 7′

Pays : France

Année : 2009

Réalisation : Thomas Salvador

Scénario : Thomas Salvador

Image : Thomas Salvador

Son : Thomas Salvador

Montage : Thomas Salvador

Interprétation : Thomas Salvador

Production : Thomas Salvador

Distribution : Thomas Salvador

 

 

P comme Petits pas

Fiche technique

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Synopsis : Une dizaine d’enfants jouent dans une clairière. Un jeune homme débarque parmi eux, venant de la forêt. Dans un premier temps, cette intrusion perturbe les enfants.

Genre : Fiction

Durée : 23′

Pays : France

Année : 2003

Réalisation : Thomas Salvador

Scénario : Thomas Salvador

Interprétation : Thomas Salvador, Douze Enfants

Image : Emmanuelle Le Fur

Son : Stéphane Léon, Olivier Dô Hùu

Montage : Agnès Bruckert

Production : Local Film

Article associé : l’interview de Thomas Salvador

R comme Une rue dans sa longueur

Fiche technique

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Synopsis : Un jeune homme rencontre trois hommes, séparément.Trois étapes d’un parcours, trois moments d’apprentissage.

Genre : Fiction

Durée : 8′

Pays : France

Année : 2000

Réalisation : Thomas Salvador

Scénario : Thomas Salvador

Interprétation : Jean-Christophe Bouvet, Jacques Boudet, Thomas Salvador, Émile Salvador

Image : Emmanuelle Le Fur

Son : Benoît Hardonnière

Montage : Renée Hainaut

Production : Local Films

Distribution : Agence du court métrage

Article associé : l’interview de Thomas Salvador

Thomas Salvador. Le corps, l’impro et le degré de satisfaction

Si certains parlent pour ne “rien” dire, d’autres filment pour ne “rien” montrer et refusent tout cinéma de séduction tout en étant résolument charmants. Dans les six films de Thomas Salvador (« Une rue dans sa longueur », « Là ce jour », « Petits pas », « Dans la voie. Portrait d’un guide au travail », « De sortie », « Rome »), “rien” ne se passe, mais quelque chose a lieu. Un focus lui est consacré à Pantin ? Il s’y rend en vélo, avec ses films, ses musiciens et ses inédits. Entretien dans le bureau du patron.

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© Laurent Thurin-Nal

Tu fais des courts, parfois du documentaire, parfois de la fiction. Pourtant, tu n’as pas eu de formation en cinéma.

Non, je n’ai pas suivi de formation. Je sais que je veux faire du cinéma depuis mon enfance. À 12 ans, je voulais être cadreur, à 14 ans, je savais que je voulais réaliser des films. La formation s’est faite notamment avec mon père. Le mercredi, je voyais avec lui des films classiques hollywoodiens, comme « Kiss Me Deadly » et « Philadelphia Story », et le samedi, je retournais au cinéma avec mes copains voir les grosses productions du moment comme « Rambo 2 », « Karate Kid » et « L’As des as ». Et avec ma mère aussi, j’ai vu beaucoup de films. D’ailleurs, à l’âge de trois ans, j’ai vu « Les Fiancées en folie » de Buster Keaton. J’avais 3 ans, c’était mon premier film en salle.

Pourquoi n’as-tu pas fait d’école si le cinéma t’intéressait tellement ? Pour des raisons financières ou parce que la vie a provoqué d’autres choses ?

Je voulais m’inscrire en cinéma à Paris 1, mais il y avait très peu de places et je m’y suis pris très tard. Je me suis retrouvé en Arts Plastiques, j’y suis allé quelques mois, puis j’ai fait des boulots alimentaires pour gagner ma vie. J’ai fait des chantiers, j’ai été pompiste dans une station-service et puis, j’ai fait de la régie. Au final, j’ai fait mon premier court métrage à l’âge de 23 ans. J’étais plutôt jeune.

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« Une rue dans sa longueur » traite d’apprentissage, et en même temps, c’était ton premier film. Tu n’avais pas de craintes à gérer un plateau ?

À l’époque, j’avais déjà pas mal travaillé comme régisseur et un peu comme assistant mis en scène. Je savais très bien comment fonctionnait un plateau. J’avais aussi une connaissance induite de par mes lectures. J’ai lu plein de biographies de cinéastes, de livres sur le cinéma. De cette manière, j’ai appris beaucoup de choses.

Est-ce que ces livres t’ont appris à construire des scénarios ?

Non, je n’ai lu aucun bouquin théorique, essentiellement des biographies et des entretiens, mais les cinéastes parlent de pratique, alors, j’ai appris la théorie en lisant ce que les autres racontaient sur le sujet et j’ai regardé beaucoup de films. On y devine ce qu’est un plateau et le découpage. Les scénarios, je les ai faits comme ça, pas du tout de manière orthodoxe. En plus, je pouvais vraiment écrire le premier film comme je le voulais vu que je le produisais moi-même, donc je n’avais aucune contraintes de forme. J’étais maître de ce film, y compris de « Là, ce jour », le deuxième. Le film dure trois minutes et demie et le scénario fait un quart de page.

Pour le suivant, « Petits pas », tout était écrit, même trop décrit. Chaque geste, chaque regard, était écrit. La première version du film fait 50 pages. On a réduit le nombre de pages pour le financement, mais dès qu’on l’a eu, j’ai remis tous les détails !

C’est important pour toi, les détails ?

Bien sûr. Un film, c’est un travail de fou, donc si tu n’as pas une idée du rythme, des mouvements, des arrière-plans, de la décoration, des accessoires, etc, ton équipe va te proposer le minimum. Si toi, tu es déjà très en avance et que tu as plein de propositions, tes partenaires vont en avoir encore plus.

Ce n’est pas évident de diriger un enfant. Comment as-tu fait pour en briefer douze pour « Petits pas » ? Avaient-ils vu tes films auparavant ?

Ah non ! Mes films font peur. Je les montre très peu facilement. Leur narration semble naturelle dans le milieu du court métrage, mais il y a plein de gens qui, en voyant mes films, disent : « C’est quoi, ce délire ? Mais c’est n’importe quoi ! ».

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Alors, comment ces enfants se sont retrouvés là ? À quoi ressemblait l’annonce de « Petits Pas » ?

Je ne voulais pas de « vrai » casting. J’ai dit à la personne qui s’en occupait qu’il me fallait juste douze garçons. Ainsi, j’étais sûr qu’il y aurait une variété. Je ne voulais pas choisir le petit mignon, le petit gros à lunettes, le noir de service, … Je savais qu’avec un nombre pareil, je pourrais tirer quelque chose de chacun d’entre eux. On mettait en place les plans, j’en choisissais un que je sentais capable de jouer telle émotion, et si ça ne se passait pas bien, j’en prenais un autre ou j’adaptais la séquence en fonction de ses capacités. Dans certains plans, ils n’étaient que six au lieu d’être douze, parce qu’il y en avait deux qui s’étaient tapés dessus, un qui avait piqué le bonbon de l’autre, un autre qui en avait assez de moi et qui me disait : « J’en ai marre de ton film, je veux rentrer chez moi ! », un dernier qui avait trouvé une grenouille dans la clairière et qui ne voulait plus venir tourner ! C’était vivant, ça m’allait très bien. Ils m’ont vraiment donné tout ce que j’attendais, je sentais les énergies possibles, je les dirigeais de l’intérieur des plans quand je jouais avec eux.

Au moment du tournage, respectes-tu beaucoup la linéarité de ton scénario ou te laisses-tu une part d’improvisation ?

Je me laisse toujours une part d’improvisation. Ça ne me dérange pas de tout changer. « Une rue dans sa longueur » faisait 14 minutes, j’ai coupé la moitié du film. Au premier montage de « Petits pas », on avait quinze aller-retour prévus entre la clairière et la forêt, au final, il y en a cinq. On a tourné 14 jours, le premier montage faisait 39 minutes, au final, il en fait 23. Aujourd’hui, ça me semble encore trop long. Quant à « De Sortie », il y a plein de plans que j’ai supprimés et d’autres que j’ai inversés pour des questions de rythme, d’équilibre plastique, … Je ne suis pas du tout rigide à cette étape du film. Je le suis pour plein de trucs mais pas pour ça !

À un moment, tu tournes avec des enfants, à d’autres, tu te mets en scène. Est-ce que depuis que tu tournes, tu as le sentiment que tu t’autorises à être plus libre ?

Oui, mais j’ai toujours l’impression que c’est la première fois et vu que je ne pense qu’aux erreurs, j’ai l’impression que j’ai tout à réapprendre. Mes films ont tous beaucoup de choses que je regrette, que je trouve inabouties. Ils ont pour moi une certaine valeur, mais comme expérience, comme apprentissage.

Le tournage, c’est toujours hyper tendu parce que tout se joue là. Comme j’ai, je crois, une exigence un peu extrême, je ne suis jamais satisfait. Si on progresse, l’exigence progresse elle aussi, donc je n’ai jamais de seconde de satisfaction.

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Dans ta filmographie, il y a des films conçus de longue date et d’autres nés de hasards comme « Rome » …

« Rome » s’est fait « comme ça ». J’ai acheté une caméra et j’ai tournés des plans, comme des essais, sans aucune intention de film. Ils se sont mués en film grâce à Jacky Evrard à qui j’ai montré les images et qui m’a dit : « Tu sais que ça peut faire un film ? ». J’ai dit : « Ah ben, non ». Il m’a dit : « Ah ben, si ». J’ai dit : « Ah bon » (rires).

Faire un film long maintenant, c’est lié à quoi ? Se sentir prêt, en avoir envie ou avoir une idée qui n’entre pas dans le format du court ?

C’est un peu de tout. J’en ai l’envie, je me sens prêt. C’est vrai qu’il y a encore cinq ans, ça me semblait très lointain, très hypothétique. On me disait : « Alors, tu as un projet de long métrage ? », et je trouvais ça presque vulgaire.

Le mot était vulgaire ?

Non, mais il y avait comme une obligation, comme si c’était évident. Non, ce n’est pas évident pour moi de vouloir faire un long métrage. J’avance prudemment en voulant bien sentir les choses et en prenant le temps de les faire, donc il n’y a aucune précipitation pour faire à tout prix un long métrage. Mais là, j’en ai vraiment l’envie et j’ai aussi un sujet qui est celui d’un long et pas d’un film d’un quart d’heure.

Qu’est-ce que le court a pu t’apporter tout au long de ces années ?

La pratique. J’ai expérimenté le cadre, le rythme, la topographie, l’utilisation de décors, le montage, la direction d’acteurs, etc. C’est ça que ça m’a apporté, en plus de faire des films et d’apprendre un métier.

Propos recueillis par Katia Bayer

Consulter les fiches techniques de « Une rue dans sa longueur », « Petits Pas », « Rome »

Côté court, le palmarès

COMPETITION FICTION

GRAND PRIX Côté court : Des rêves pour l’hiver de Antoine Parouty

Prix spécial du jury : Petit tailleur de Louis Garrel

Prix de la jeunesse : La Dame au chien de Damien Manivel

Prix du public : Annie de Francia de Christophe Le Masne

Prix de la presse : Le Rescapé de Aurélien Vernhes-Lermusiaux

Mention spéciale : La Dame au chien de Damien Manivel

Prix d’interprétation féminine : Fani Kolarova pour son interprétation dans le film La Passagère de Florent Darmon

Prix d’interprétation masculine :  Vivien Galinon pour son interprétation dans le film Des rêves pour l’hiver de Antoine Parouty

Prix du meilleur scénario : Stéphane Raymond et Julien Lacheray pour leur scénario La Fonte des glaces

Prix de la résidence côté court : La Dame au chien de Damien Manivel

Prix emergence : ¿ Dondé esta Kim Basinger ? de Edouard Deluc

COMPETITION EXPÉRIMENTAL – ESSAI – ART VIDÉO

Grand prix côté court : L’arrière-pays de Safia Benhaim

Prix du GNCR (ex-æquo) : Après le feu de Jacques Perconte et Stretching de François Vogel

Prix du Pavillon : Ensemble (Coexistence / Juxtaposition) de Le Zheng

C comme Un Chant d’amour

Fiche technique

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Synopsis : Depuis leurs cellules, deux prisonniers arrivent à communiquer grâce à un trou percé dans le mur qui les sépare. Avec la complicité silencieuse du gardien qui les observe par le judas, ils vont établir un contact amoureux et érotique en utilisant divers objets tels qu’une cigarette, une paille…

Genre : Fiction

Durée : 25’

Pays : France

Année : 1950

Réalisation : Jean Genet

Scénario : Jean Genet

Interprétation : André Reybaz, Lucien Sénémaud

Image : Jacques Natteau, Jean Cocteau (Non Crédité)

Montage : Jean Genet

Musique : Maurice Bryars

Production : Nico Papatakis

Article associé : la critique du film

Un Chant d’amour de Jean Genet

Brûlot charnel et sublime, “Un Chant d’amour” demeure l’unique film jamais réalisé par Jean Genet. Encensé par Sartre et Cocteau, le court métrage du révolté de la scène littéraire française a été censuré pendant 25 ans. Montré au Festival Côté court dans le programme Mauvais genre, “Un chant”ouvre les voies d’un onanisme esthétique au sein de l’univers carcéral.

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Depuis leur cellule, deux prisonniers entretiennent une relation amoureuse grâce à un minuscule trou percé dans le mur qui les sépare. Sous la pupille dilatée de leur geôlier sadique, ils se livrent à des jeux sensuels. Érotique, brut et rugueux à la surface lisse, ce poème visuel se pose à mi-chemin entre le songe et la réalité, entre l’introspection autobiographique et l’expression d’un sentiment fictif. L’auteur du “Condamné à mort” aborde le thème du désir et du fantasme homosexuel liés à l’enfermement, à une époque où l’homosexualité était encore considérée comme une maladie mentale.

Enfant abandonné, Genet a toute sa vie durant alimenté les polémiques et joué les provocateurs mettant en valeur dans ses écrits comme dans sa vie son attirance pour le pouvoir de la violence qu’il rapproche de la jouissance sexuelle, tout en se montrant ouvertement contre la colonisation et la domination “blanche”. Paradoxal et complexe, Genet vouait aussi un réel culte au corps masculin : des hommes, jeunes, beaux et bien musclés parcourent son intérieur artistique. Esthétique que l’on retrouve tout naturellement dans “Un Chant d’amour”. Entre le noir et le blanc, le clair et l’obscur, les pulsions animales et la douceur d’un amour naissant, le spectateur se promène dans un monde sans parole (ce n’est que beaucoup plus tard que Simon Fisher-Turner décide de réaliser la musique du film) nourri d’antagonismes, tout à la fois beau et sordide, doux et sauvage.

Sous la caméra de Genet et la photographie de Jean Cocteau notamment (non crédité), le sexe, le confinement, le désespoir, la frustration, puis la violence cathartique dans le film ne sombrent jamais dans la vulgarité mais arrivent au contraire à élever les bassesses de la nature humaine vers les cimes de la pureté et de la beauté.

Marie Bergeret

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Vilnius Film Shorts : Call for Entries

Entries to be submitted via the online submission form on the website.

The deadline of the submissions is 30 June, 2010!

REGULATIONS

* The films should be completed by film school students or independent young filmmakers (only debuts allowed).
* The maximum length allowed for each film school or young film director is 40 minutes.
* Genres may be fiction, documentary, animation or experimental.
* Each film should be sent on the separate DVD subtitled in English.
* DVD’s are accepted as preview and screening copies for the festival screenings.
* DVD copies and other film material must be received by the Festival at the following address:

VILNIUS FILM SHORTS 2010
SKALVIJA film center
A.Goštauto 2/15,
Vilnius LT-01104
Lithuania

DVD’s must be sent by mail or courier service at the expense and at the risk of the sender, and carry the declaration: “FOR TEMPORARY, CULTURAL PURPOSE ONLY. NO COMMERCIAL VALUE.

The copies will be returned on request only. They can be collected by the participants attending the festival.

Pink Screens #9 : appel à films

Le festival Pink Screens revient pour sa 9ème édition qui aura lieu du 21 au 30 octobre 2010 au cinéma Nova, à Bruxelles. Dix jours de fictions inédites, de « classiques » à (re)découvrir, de courts métrages affolants et de docus subversifs avec, entre les projections, exposition, débats, rencontres et festivités. Les sélections sont en cours. Pour soumettre vos films et remplir l’entry form, c’est ici (jusqu’au 15 juillet 2010). Bloquez dès à présent les dates et préparez-vous à rejoindre le festival pour exploser les frontières et faire voler en éclat les genres normés ! PINK SCREENS #9 ALTERNATIVE GENDER FILM FESTIVAL 21/10 au 30/10/2010 Cinéma Nova, Bruxelles

J comme J’ai faim, j’ai froid

Fiche technique

Synopsis : Deux jeunes filles approchant de leurs 18 ans arrivent une nuit à Paris. Elles ont fugué. « Ca ne pouvait plus durer comme ça » dit l’une. « Non, on étouffait à Bruxelles » répond l’autre. « Tu crois que c’est beau Paris ? ». « On verra demain ».

Réalisation : Chantal Akerman

Genre : Fiction

Durée : 12′

Année : 1984

Pays : France

Scénario : Chantal Akerman

Production : JL productions, A2

Scénario : Chantal Akerman

Image : Luc Benhamou

Son : François de Morant

Montage : Francine Sandberg

Interprétation : Maria De Medeiros, Pascal Salkin, Esmoris Hanibal

Distribution : Wallonie-Bruxelles International

Article associé : la critique du film

J’ai faim, j’ai froid de Chantal Akerman

Découvert et aimé au détour d’un rendez-vous parolier à Pantin, « J’ai faim, j’ai froid » de Chantal Akerman est issu du film à sketches « Paris vu par…20 ans après ». Extrêmement libre de ton, cette chronique en noir et blanc, réalisée en 1984 par l’auteur de « Jeanne Dilman, 23 Quai du Commerce, 1080 Bruxelles », s’intéresse de près à deux filles paumées cherchant à troquer Bruxelles contre Paris.

En 1965, sortait en salle « Paris vu par… » réunissant six courts de Jean Douchet, Jean Rouch, Jean-Daniel Pollet, Éric Rohmer, Jean-Luc Godard et Claude Chabrol. Six quartiers de Paris y étaient filmés, six réalisateurs de la Nouvelle Vague utilisaient le court comme moyen d’expression. Deux décennies plus tard, Bernard Dubois, Philippe Garrel, Frédéric Mitterand, Vincent Nordon, Philippe Vernault, et Chantal Akerman récupérèrent le concept en imaginant six nouvelles vignettes sur la capitale de la France. Le projet s’intitule « Paris vu par…20 ans après » et « J’ai faim, j’ai froid » en fait partie.

Que dissimule ce très beau titre ? L’histoire de deux fugueuses de 17 ans débarquant à Paris car elles « étouffaient à Bruxelles ». Insouciantes, vives, et sans le sou, elles ont envie de tomber amoureuses (après tout, Paris n’est-elle pas la ville de l’amour ?). En attendant de dégoter deux beaux garçons (un pour chacune, c’est plus pratique), elles ont faim, elles ont froid. Trouvant que le café et les tartines n’ont pas le même goût que chez elles, elles s’interrogent sur le meilleur moyen de gagner leur vie. Comme quoi, à Paris, il y a de la vie (ce n’est pas comme l’étouffement bruxellois).

Pour donner corps à ses héroïnes, la réalisatrice a choisi deux filles géniales, Maria de Medeiros et Pascal Salkin. Formidablement dirigées, elles passent leur temps à bouffer, à se foutre des conventions sociales, à scruter avec leurs grands yeux ce qui les entoure, à arpenter les rues avec la légéreté de la jeunesse, et à échanger avec nonchalance des mièvreries sur un joli mot – l’amour. En 1984, Chantal A. a déjà réalisé quelques films, mais avec celui-ci, elle prouve – s’il fallait encore en douter – qu’elle est une grande cinéaste.

Katia Bayer

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Coté court, côté corps

Du 9 au 19 juin, la 19ème édition du festival Côté court s’expose à Pantin. Deux compétitions (fiction/expérimental, essai, art vidéo) se préoccupent de forme, d’écriture, de cinéma. En complément à cette cinquantaine de films, un Panorama offre un aperçu diversifié de la production courte actuelle à travers une vingtaine de titres empruntant de façon aléatoire à la fiction, au documentaire et à l’animation.

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Autres post-it, autres rendez-vous : une rétrospective dédiée à la représentation du corps au cinéma, un focus Thomas Salvador, une table-ronde sur un vilain mot (la censure), une journée d’étude sur les films hors circuits/hors normes, des films débridés et alternatifs, une soirée sulfureuse consacrée à trois Catherine (Corringer, Millet, Robbe-Grillet), … Cette année, ça rock, performe, lit, expérimente, se désarticule et se désaccorde à Pantin.

Retrouvez dans ce Focus :

Les films sélectionnés dans la catégorie Expérimental-Essai-Art vidéo

Les films sélectionnés dans la catégorie Fiction

Le Palmarès 2010

La critique de « Chienne d’histoire » de Serge Avédikian

L’interview de Serge Avédikian

La critique de « J’ai faim, j’ai froid » de Chantal Akerman

La critique de « Un chant d’amour » de Jean Genet

– La critique de « En rachâchant » de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub

L’interview de Thomas Salvador

Les quelques photos de Paul Evrard

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La forme courte évolue. Lutinesque à Paris, restaurée à Retour de Flamme, animée à Lille, moyenne à Brive, israélienne à l’école, tabou en salle, bruxelloise à Bruxelles, cannoise en mai, elle se laisse à loisir interviewer, critiquer, photographier, éditer en DVD et même actualiser.

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Ce trimestre, l’Accueil Pro a accueilli des personnalités aussi contrastées que celles de Sarah Cox, Hagar Ben-Asher, Mihal Brezis, Stéphane Saint-Martin, Serge Bromberg, Peter Peake, Sébastien Bailly, Vincent Cardona, Frédric Boyer et Atom Egoyan.

Non loin de là, le Bureau des films a enregistré des titres aussi distincts que « Voyage autour de ma chambre », « Acide Animé », « Alice et moi », « La Flamme », « Cyrano de Bergerac », « Le Voyage dans la lune », « Tulips Shall Grow », « The Cook », « Une partie de cartes », « Operator », « Creature Comforts », « Tolya », « Sliding Flora », « Versailles, rive gauche », « Le Vice et la Vertu », « Tabu », « Annie de Francia », « Wagah », « Petit tailleur », « Mary Last Seen », « Chienne d’histoire », etc.

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Le prochain rendez-vous s’inscrit dans un Focus consacré au festival Côté court de Pantin et à sa rétrospective vouée au corps. Court, image, corps, métrage. Exploration, projection, figuration, émotion.

Katia Bayer
Rédactrice en chef

Festival Biarritz Amérique Latine, appel à films

Le Festival Biarritz Amérique Latine est devenu la référence pour le cinéma latino-américain. Il propose des compétitions de films inédits en longs-métrages, courts-métrages, et documentaires (en partenariat avec l’Union Latine). Outre les films en compétition, le festival propose chaque année des hommages et des rétrospectives autour de différentes thématiques ; il présente aussi une importante sélection de courts métrages provenant du Festival de Bruxelles, d’Aquitaine Image Cinéma et de l’association KIMUAK (Pays Basque espagnol).

Pour participer à la compétition, inscrivez vos courts métrages ici !

La 4ème compétition internationale du court indépendant – appel à films

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La ISFC (Indie Short Film Competition) organise un concours annuel pour sa quatrième édition. Toute candidature rentrée avant le 15 novembre 2010 est éligible.

La ISFC est plus qu’un festival, c’est une compétition en ligne unique et innovante pour des courts métrages et des scénarios. Le but principal du concours est de découvrir la prochaine génération de cinéastes et de scénaristes talentueux. Les gagnants seront récompensés par des prix, des soutiens financiers, de l’équipement et des services pour promouvoir leur carrière, ainsi qu’une visibilité internationale.

Pour plus d’information, consultez le site du concours : http://www.indieshortfilms.net/

M comme Miramare

Fiche technique

Synopsis : Aux frontières de l’Europe méditerranéenne, les touristes se relaxent tandis que les immigrés cherchent une vie meilleure. En outrepassant la zone touristique, deux enfants d’une famille suisse découvrent que la réalité a peu à voir avec la belle vie au camping. Un orage surprend la côte et chamboule les repères…

Réalisation : Michaela Müller

Genre : Animation

Durée : 8′

Année : 2009

Pays : Croatie, Suisse

Musique : Fa Ventilato

Son : Michaela Müller, Fa Ventilato

Animation : Michaela Müller

Production : Academy of Fine Arts in Zagreb

Articles associés : la critique du film, l’interview d’Atom Egoyan

Atom Egoyan : “Si vous êtes capable d’utiliser votre position pour aider une nouvelle génération, c’est tout à votre honneur”

Sympa, ôtant docilement ses lunettes de soleil pour la photo, Atom Egoyan, le réalisateur d’ « Exotica » et plus récemment de « Chloé » était cette année à Cannes à double titre, celui de Président du Jury de la Cinéfondation et de la Sélection officielle. Rendez-vous express, entre deux journalistes étrangers et deux coupes à bulles.

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Cette année, vous êtes à Cannes pour voir et juger les courts métrages dans deux sections. Faites-vous une distinction quand vous évaluez les films en sélection officielle et ceux faits à l’école ?

C’est une bonne question. Je pense que la forme courte est quelque chose de spécifique. C’est comme la nouvelle. Il y a des écrivains qui travaillent dans le format de la nouvelle et il y a des réalisateurs qui travaillent dans le format du court métrage. C’est vrai que les gens sélectionnés à la Cinéfondation sont très souvent ceux qui aspirent à faire des longs alors que je suis sûr que dans la compétition, ce sont des gens qui utilisent la forme du court pour elle-même. C’est une grande différence effectivement.

Vous savez, au Canada, il y a le National Film Board (NFB), on nous enseigne le format du film court dans les écoles, on a d’excellents réalisateurs qui ont toujours et seulement travaillé dans le court métrage, alors, c’est quelque chose que je respecte. Mais vous avez raison, je pense que la plupart des gens ne voient probablement pas que les deux jurys évaluent les films de manière très différente.

Qu’avez-vous envie de trouver dans les films d’écoles aujourd’hui ? Avez-vous le regard tourné vers les jeunes générations ou cherchez-vous de nouvelles propositions de cinéma?

Avec le jury de la Cinéfondation, on s’est vraiment intéressé à l’intégration de la forme dramatique avec de nouvelles formes d’expression cinématographique. Le travail que les réalisateurs ont mené avec les acteurs a aussi été très important dans nos décisions. On a eu des films dramatiquement construits, mais ça a été très difficile de juger parce qu’il y avait aussi dans ce jury d’excellentes animations comme « Miramare » de Michaela Muller qui est un pur chef d’oeuvre.

Dans votre pays, suivez-vous aussi le travail de jeunes réalisateurs ou le faites-vous juste ici par votre fonction ?

Oh non. Je suis obsédé par ça. Je produis des premiers longs, les plus connus étant ceux de Sarah Polley. Je possède aussi un petit cinéma de cinquante salles à Toronto où on montre de nouveaux films, des travaux digitaux, etc. J’essaye de soutenir de nouveaux talents, c’est très important, je crois…

… D’aider ?

Oui ! Si vous êtes capable d’utiliser votre position pour aider une nouvelle génération, c’est tout à votre honneur. En plus, au Canada, il y a une tradition des réalisateurs indépendants vraiment étonnante. Aujourd’hui, elle est mise en danger car on vit à côté des Etats-Unis, d’une culture monolithique. Malgré tout, on essaye de créer notre propre voie.

Quand vous avez commencé à faire du cinéma, étiez-vous aussi libre que ces jeunes gens semblent l’être aujourd’hui ?

J’ai eu un parcours très étrange. J’ai été à l’université, je n’étudiais pas le cinéma mais je faisais des films à travers un ciné-club. C’était très cher de faire des films car on n’avait pas d’autre choix que de filmer en 16 mm. Je me souviens qu’il y avait beaucoup de restrictions. Ce qui est incroyable maintenant, c’est qu’il y a énormément de liberté quand on tourne.

Ce qui est important, c’est de se demander si on considère encore les images aussi attentivement maintenant que l’on peut filmer n’importe quoi. Ce qui a été encourageant dans les films qu’on a vus à la Cinéfondation, c’est que même si ils ont été tournés en vidéo ou avec des montants confortables, tous ces réalisateurs ont été incroyablement concentrés par les images qu’ils ont tournés et par les performances sur lesquelles ils ont travaillé. Ils ont eu énormément de liberté. Je pense que la barrière la plus grande pour moi au début était juste l’argent. C’était difficile de monter des budgets, mais ce qui est étrange, c’est que ces minuscules montants s’avèrent aujourd’hui suffisants grâce à la révolution numérique. Je crois que la question à laquelle les jeunes cinéastes ont encore vraiment besoin de s’astreindre est la suivante : que faut-il essayer d’exprimer ? C’est ce qui communique au spectateur, ce sens d’une vision claire. Le problème avec beaucoup d’images qui nous entourent, c’est que ces considérations ne sont pas posées et qu’on n’a pas affaire à du cinéma.

Qu’est-ce qui est très particulier au court, selon vous ? Un jour, reviendrez-vous au genre court ?

Oui. Un long est plein de conventions au niveau structurel et financier. Un court est libéré de beaucoup d’éléments propres à l’industrie du long, donc le cinéaste est libre d’explorer ce qu’il veut. Il y a deux ans, j’ai fait un court pour les 60 ans du festival de Cannes [« Artaud Double Bill »], et c’est un exercice que je réitérerais volontiers.

Propos recueillis par Katia Bayer

Consulter la critique de « Miramare »

C comme Chienne d’histoire

Fiche technique

Synopsis : Constantinople 1910. Les rues de la ville sont envahies de chiens errants. Le gouvernement en place depuis peu, influencé par un modèle de société occidentale, fait appel à des experts européens pour choisir une méthode d’éradication, avant de décider brutalement et seul, de déporter massivement les chiens sur une île déserte, au large de la ville.

Genre : Animation

Durée : 15′

Année : 2010

Pays : France

Réalisation : Serge Avédikian

Scénario : Serge Avédikian, Karine Mazloumian

Images : Frédéric Tribole

Animation : Jimmy Audoin

Décors : Thomas Azuélos

Musique : Michel Karsky

Montage : Chantal Quaglio

Son : Christophe Heral

Interprétation : Brady Corbet, Alexia Rasmussen, Stefanie Estes

Production : Sacrebleu Productions

Articles associés : la critique du film, l’interview de Serge Avédikian

Chienne d’histoire de Serge Avédikian

« Voyez les chiens : (…) Leur décision de nous admettre les force d’habiter, pour ainsi dire, aux confins de la nature qu’ils dépassent constamment de leur regard humanisé et de leur museau nostalgique. » – R. M. Rilke

Récompensé de la Palme d’or à Cannes cette année et présenté au festival Côté court cette semaine, « Chienne d’histoire » du réalisateur français Serge Avédikian explore la mise à mal du rapport bienveillant établi entre l’homme et le chien. L’animation se met au service de l’Histoire pour exprimer l’indicible, un véritable canicide.

Interpellé par « la nature perverse des rapports entretenus par les Européens et les Turcs » à l’époque, Serge Avédikian dresse un portrait animé de Constantinople en 1910, à la veille de la chute de l’empire ottoman. Contrariés par la trop grande présence canine dans les rues de la capitale, les officiers du régime « jeune-turc » font appel à des experts européens pour trouver une solution. Peu séduits par la proposition élaborée par l’Institut Pasteur de construire des abattoirs hors de la ville, ils optent pour une déportation en masse des canidés sur une île où l’espèce la plus dépendante de l’homme sera livrée à elle-même.

Récit minimaliste, sans dialogue et sans personnages vraiment définis, « Chienne d’histoire » s’inspire entre autres de L’île aux chiens de Georges Goursat (dit Sem) et des Chiens d’Istanbul de Catherine Pinguet (avec qui Avédikian a réalisé un documentaire live-action sur ce même sujet). Rappelant le fameux conte du dératiseur médiéval, le Joueur de flûte de Hamelin, cette animation courte se présente telle une succession de tableaux. Les aquarelles du dessinateur Thomas Azuelos montrent les chiens et les humains comme des silhouettes. La palette visuelle est enrichie par une polychromie qui oppose l’impressionnisme doux et onirique des cartes postales d’Istanbul de l’époque et l’expressionnisme sanglant et dantesque des images de l’enlèvement des chiens. Ce travail de l’image est renforcé par une partition sublime, signée Michel Karsky, cauchemardesque et hautement expressionniste, elle aussi.

Subtil et mesuré, Avédikian construit habilement son récit sur la base d’un jeu scopique délibéré : l’échange de regards parlants entre un gardien et une chienne, les photographies et les croquis de la meute désespérée faits par des touristes horrifiés, jusqu’au plan de la « colline de chiens » entourée d’une flopée de rapaces. Ces images interpellent le spectateur et le placent malgré lui comme témoin de l’atrocité, témoin d’une scène qui lui apparaît inévitablement comme métaphore d’une autre extermination, humaine cette fois-ci, qui surviendra dans l’empire à peine cinq ans plus tard.

Adi Chesson

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