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O comme The Origin of Creatures

Fiche technique

Synopsis : La vision futuriste d’un monde après un désastre catastrophique. Dans cette parabole, des membres mutés autonomes sont à la recherche d’une coopération, mais en raison de problèmes de communication, cette mission est vouée à l’échec.

Genre : Animation

Durée : 12′

Pays : Pays-Bas

Année : 2010

Réalisation : Floris Kaayk

Scénario : Floris Kaayk

Image : Reinier van Brummelen

Animation : Floris Kaayk

Effets Visuels : Alex de Heus

Montage : Floris Kaayk

Son : Erik Griekspoor, Bart Jilesen, Elena Martin Hidalgo

Décors : Gijs Kaayk

Musique : Lennert Busch

Production : Koert Davidse, Marc Thelosen, Yan Ting Yuen

Articles associés : l’interview de Floris Kaaykla critique du film

Pologne en courts au festival Kinopolska

Le Festival Kinopolska célèbre, pour sa quatrième édition, le cinéma polonais du 7 au 13 décembre prochains, au Reflet Médicis (Paris, 75005), en mettant en avant le ciné bref à travers trois programmes mêlant des films de fiction et d’animation qui, selon des procédés esthétiques divers, posent un regard neuf sur les questionnements de la Pologne actuelle.

LA POLOGNE EN COURTS – PROGRAMME 1, Mercredi 7 décembre à 15h. En présence de Jarek Sztandera.

CE QUE DISENT LES MÉDECINS (Co mówią lekarze) – Un film de Michał Wnuk – 2009 – 24min. – Béta Num – VOSTF

Docteur Glik, une anesthésiste dont le métier est une passion depuis longtemps révolue, souhaite déclarer le corps d’une jeune fille, à peine décédée, comme potentiel donneur d’organes. Contrainte d’annoncer la mort à sa mère et de la convaincre, elle doit redoubler d’efforts et d’arguments pour lui faire comprendre l’urgence de la situation.

LUXURE (Luksus) de Jarek Sztandera – 2009 – 38min. – Béta Num – VOSTF

Réunis dans la pauvreté et le malheur, un adolescent et un enfant errent dans les rues de Varsovie. Commence alors une plongée dans le monde des laissés-pour-compte où les larcins deviennent la norme et où la prostitution est un moyen de survivre.

HORS D’ATTEINTE (Poza zasięgiem) – Un film de Jakub Stozek – 2010 – 30min. – Béta Num – VOSTF

Délaissées par leur mère, Klaudia et Karolina sont contraintes d’apprendre à devenir davantage indépendantes et responsables que les autres adolescentes. Matures, elles résolvent leurs problèmes toutes seules, se soutiennent en toutes circonstances.

NOISE de Przymyslaw Adamski – 2010 – 7 min. – Béta Num – VOSTF

Conçu comme un travail formel, le film donne néanmoins une rôle prépondérant au son, ce dernier anticipant l’émergence des images. Les bruits qui s’intègrent dans l’appartement du protagoniste sont des objets d’interprétation personnelle de ce dernier.

LA POLOGNE EN COURTS – PROGRAMME 2, Jeudi 8 décembre à 15h. En présence de Tomasz Jurkiewicz

MAMIE S’EN VA (Babcia wyjeżdża) – Un film de Tomasz Jurkiewicz – 2009 – 18min. – Béta Num – VOSTF

Jurek, un garçon de seize ans, a des problèmes d’intégration au lycée. Son problème : il ment tout le temps. Bientôt son habilité à repousser la réalité lui sera utile. Après que sa grand-mère, avec qui il entretient une relation proche, entre à l’hôpital, Jurek doit s’arranger avec son père alcoolique. Les mensonges lui permettront-ils de dépasser cette situation sociale et existentielle compliquée ?

TWIST AND BLOOD – Un film de Jakub Czekaj – 2010 – 32min. – Béta Num – VOSTF

Un jeune garçon est ridiculisé par ses camarades de classe à cause de son obésité. Ses parents désirent qu’il retrouve un poids normal à tous prix. Mais lui a trouvé sa manière de contourner ces pressions et de vivre comme il l’entend.

UN MORCEAU D’ETE (Kawałek lata) – Un film de Marta Minorowicz – 2010 – 24min. – Béta Num – VOSTF

La fin de l’été, la fin des vacances. Un garçon rend visite à son grand-père qui vit et travaille dans les forêts en montagnes. Entourés par une nature sauvage et la sévère réalité, il tente de retisser leurs liens.

UNDERLIFE – Un film de Jarosław Konopka – 2010 – 8min. – Béta Num – VOSTF

S’inspirant de la “Berceuse” (“Kołysanka”) du maître du jazz Krzysztof Komeda, ce court-métrage d’animation s’emploie à métaphoriser, à l’aide de motifs comme celui du berceau, l’influence destructrice des ancêtres sur l’homme et pose une question sur la capacité de se libérer d’eux. Il soulève le problème universel des déterminations de l’inconscient qui conditionnent et définissent nos vies.

LA POLOGNE EN COURTS – PROGRAMME 3, Vendredi 9 décembre à 15h. En présence de Bartek Konopka

LES TROIS GARNEMENTS (Trójka do wzięcia) – Un film de Bartek Konopka – 2006 – 37min. – Béta Num – VOSTF

Le film suit la vie d’Inga, une jeune fille de 16 ans, qui fait face à une situation difficile : à la mort de sa mère, Inga doit prendre en charge son petit frère et sa petite sœur. Inga erre, accompagnée de deux enfants, depuis la maison de son petit ami vers celle de sa tante. Progressivement, elle devient une véritable mère pour les enfants. Pour ces sacrifices, elle reçoit une récompense inhabituelle.

DEUX PAS EN ARRIÈRE… (Dwa kroki za…) – Un film de Paulina Majda – 2010 – 8min. – Béta Num – VOSTF

C’est l’histoire d’une famille de paysans où se succèdent séparations, retrouvailles et adieux. Réalisé à partir de motifs découpés et d’une riche bande-son, ce court-métrage d’animation fait référence au problème de l’émigration des Polonais et tente de répondre à la question : Pourquoi ? Qu’est-ce qui pousse les citoyens à quitter leur maison, leur rue, leur espace, leur pays ?

JOUE AVEC MOI (Zagraj ze mną) – Un film de Rafał Skalski – 2010 – 30min. – Béta Num – VOSTF

Hania et Paweł, un couple récemment marié, traversent leur première crise. Incapable de trouver des moyens d’apaisement, chacun s’enferme dans son propre monde. Hania se captive pour un jeu vidéo où elle crée le personnage de Lucjan, l’homme parfait. Brusquement, un jour, Lucjan devient réel et s’installe dans l’appartement du couple. Une situation qui ouvre le film sur une exploration des rêves les plus personnels.

Infos pratiques

Reflet Médicis : 3, rue Champollion, 75005 Paris

Le site du festival : www.kinopolska.fr

The Order Electrus et Metalosis Maligna de Floris Kaayk

« The Order Electrus » et « Metalosis Maligna », respectivement sortis en 2005 et 2006, sont deux faux documentaires de sept minutes, qui s’intéressent aux dérives liées aux progrès technologiques du monde moderne. Au travers de ces deux œuvres courtes, le réalisateur néerlandais Floris Kaayk propose un univers unique, reposant sur le mélange habile d’effets spéciaux et d’images réelles, au service de récits d’anticipation remplis d’humour noir et d’imaginaire fantastique.

The Order Electrus

« The Order Electrus » se présente comme un documentaire animalier qui suit la naissance et la survie d’insectes dans des friches industrielles abandonnées en Allemagne. Cependant, il s’agit d’insectes bien particuliers, puisqu’ils sont constitués de pièces d’appareils électroniques obsolètes. Nous voyons ainsi évoluer à l’écran d’anciennes puces et diodes qui se sont adaptées à leur habitat naturel et ont muté vers une nouvelle forme de vie alliant mécanique et vie naturelle.

Détournant les scènes clés du documentaire animalier, Floris Kaayk donne un ton amusant et humoristique à son film, notamment lors d’un accouplement aux multiples « étincelles », ou encore lors d’une scène décrivant une colonie d’insectes-robots travaillant d’arrache-pied pour la construction de leur nid, ou enfin lors d’une attaque de prédateur sous la forme d’un raccordement électrique se fondant dans le paysage par mimétisme.

Le film se termine sur la présentation du fameux nid, sorte de ruche tout en métal, sur lequel les insectes doivent retirer l’eau minutieusement, car c’est une source de rouille. Il est d’ailleurs intéressant de noter l’utilisation de l’eau à l’inverse de la symbolique de vie intrinsèque qui, usuellement, en émane. La voix du narrateur se fait alors plus lyrique, la musique plus enlevée, on nous promet l’arrivée d’un nouveau monde « magique » appelé à se reproduire partout, un nouvel ordre électrique : « The Order Electrus ».

Avec cette première œuvre, Floris Kaayk développe un style particulier, mêlant la rigueur scientifique de la forme documentaire à l’imagerie fantastique des récits d’anticipation, appuyé par une utilisation parcimonieuse d’effets visuels 3D. Ce style va trouver son essor dans son deuxième film, plus abouti : « Metalosis Maligna ».

Metalosis Maligna

Adoptant la forme du documentaire médical, « Metalosis Maligna » part du principe que la population actuelle vivant plus longtemps, le corps a besoin d’être aidé biologiquement par des implants métalliques. Seulement, il arrive que des bactéries infectent ces implants et propagent une maladie grave qui remplace des sections entières du corps humain par des tissus métalliques : la fameuse « Metalosis Maligna ».

Le film montre l’évolution de cette maladie de la première infection non soignée qui cause des dommages intérieurs (l’implant étant touché par la bactérie, il se transforme et grandit), jusqu’à la disparition entière de parties du corps (des rougeurs et irritations apparaissent au niveau de la peau, là où il y a des implants ; ces derniers traversent alors la peau, deviennent extérieurs au corps et se substituent aux organes).

S’appuyant sur diverses figures visuelles et formelles crédibles comme une voix off féminine, informative et didactique, les interviews d’un docteur qui étudie la maladie et cherche à la comprendre, divers schémas, radios et mises en situation avec des patients malades, d’une grande précision scientifique, Floris Kaayk réussit à nous faire douter du côté fictionnel de l’histoire.

Un véritable tour de force dû en partie à la crédibilité des effets spéciaux qui se mettent au service du récit dans des scènes d’anthologie, comme la visite médicale du patient au docteur au cours de laquelle ce dernier lui demande d’émettre un son humain, ce que le visage composé de tubes métalliques devant lui, n’arrive pas à faire ; ou encore, cette expérience menée sur un petit rongeur dont la propre tête a été remplacée par un amalgame de fer.

Raconté avec beaucoup d’humour, « Metalosis Maligna » est un film inventif et habile, qui nous interpelle et dérange par son contenu visuel cru, rendu crédible par des effets spéciaux très soignés. Avec ce deuxième film, l’animateur néerlandais affine sa réalisation et nous procure bien des réflexions une fois le générique terminé.

Voilà deux œuvres hybrides, similaires thématiquement et dans leur approche visuelle, qui sont annonciatrices de l’éclosion d’un univers à part dans le monde de l’animation.

Julien Savès

Article associé : l’interview de Floris Kaayk

Floris Kaayk, Prix Format Court au Festival Paris Courts Devant 2011

Jeune animateur néerlandais fasciné par les problèmes liés aux avancées technologiques, Floris Kaayk a reçu le prix Format Court de la meilleure première oeuvre de fiction pour « The Origin Of Creatures » au Festival Paris Courts Devant 2011. Au détour de ce focus que nous lui consacrons, retrouvez un univers particulier, rempli de récits d’anticipation, de créatures technologiques, fruits de mutations environnementales, et de figures rhéthoriques au service de visions futuristes, pour le moins fascinantes.

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Retrouvez dans ce Focus :

La critique de « The Origin of Creatures »

L’interview de Floris Kaayk

Le reportage sur « The Order Electrus » et « Metalosis Maligna », les deux premiers films de Floris Kaayk

Format Court @ L’Entrepôt

Le mercredi 21 décembre, à l’issue d’une semaine d’exposition de films en ligne sur notre site (« La Semaine la plus courte »), Format Court organise sa première projection à Paris, au cinéma L’Entrepôt (14ème) à l’occasion du Jour le plus court. L’occasion de découvrir des films de qualité français comme étrangers ainsi que les films primés par Format Court en festivals.

Films programmés

La bouche cousue de Catherine Buffat et Jean-Luc Greco, Animation, 3’20 », France, 1998

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Un personnage au regard triste et « perdu » monte dans un bus avec une pizza dans les mains.

Tussilago de Jonas Odell, Animation, 15′, Suède. Prix Format Court à Anima 2011 (Bruxelles)

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Le terroriste ouest-berlinois Norbert Kröcher fut arrêté à Stockholm le 31 mars 1997. Il était à la tête d’un groupe qui avait pour projet de kidnapper la politicienne suédoise Anna-Greta leijon. Un certain nombre de suspects furent arrêtés, dont l’ex-petite amie de Kröcher, « A ». Voici son histoire.

I love you more de Sam Taylor-Wood, Fiction, 15′, Royaume-Uni, 2008

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Londres, été 1978. Giorgia est assise en cours de géographie et couvre son cahier de graffitis. Assis non loin d’elle, Pierre lui lance des regards que Giorgia feint d’ignorer. L’été 78 c’est aussi celui de la sortie du single ‘Love You More’ des Buzzcocks…

Suiker de Jeroen Annokkee, Fiction, 7’35 », Pays-Bas, 2010

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Klaasje, la voisine de Bert, sonne à sa porte, légèrement vêtue, pour lui emprunter un pot de sucre. Elle échappe le pot, ils se penchent en même temps pour le rattraper et se cognent la tête : Klaasje dégringole les escaliers.

Danny Boy de Marek Skrobecki, Animation, 9’58 », Suisse, Pologne, 2010 : Métrange du Format Court à Court Métrange (Rennes)

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Un jeune poète tombe amoureux dans un monde qui semble perdu. Une ville qui attend un drame dominant. Un temps de tristesse, un temps de décisions. Il y a de la lumière, il y a de l’espoir, il y a de la poésie derrière les nuages obscurs.

The Origin of Creatures de Floris Kaayk, Animation, 11’45 », Pays-Bas, 2010 :  Prix du Meilleur Premier Film à Paris Courts Devant (Paris)

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Dans les ténèbres d’un monde post-apocalyptique, des membres mutants font une tentative de reconstruction, mais par manque de communication, leur tâche est vouée à l’échec.

Vivre avec même si c’est dur de Pauline Pinson, Magali Le Huche et Marion Puech, Animation, 07’30 », France, 2004

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Une parodie d’émission de téléréalité nous présente une dizaine de petits reportages qui racontent les difficultés de l’existence d’animaux aux complexes drôles et absurdes.

Music For One Apartment And Six Drummers d’Ola Simonsson et Johannes Starjne Nilsson, 10′, Suède, 2002

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Six musiciens profitent du départ d’un couple de personnes âgées pour investir leur appartement et donner à partir de simples objets, un concert.

La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard, Fiction, 22′, France, 2009

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Comme un nègre tu travailles dur, Paies nos impôts notre futur ! Cotises aussi pour nos retraites, Mais des papiers pour un métèques ?

Viejo Pascuero (Une petite histoire de noël) de Jean-Baptiste Huber, Fiction, 3′, France, 1993

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Au lendemain des fêtes de Noël, un gamin des bidonvilles de Santiago écrit au Père Noël pour se plaindre des cadeaux qu’il a reçus.

I Know You Can Hear Me de Miguel Fonseca, Expérimental, 4′, Expérimental, Portugal, 2011: Prix du meilleur film OVNI à Média 10-10 (Namur)

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Un film sur l’amour à l’intérieur d’un film sur la guerre.

Infos pratiques

Date : Mercredi 21 décembre 2011

Heure : 21h : Scène ouverte – 21h30 : Projection

Lieu : Cinéma L’Entrepôt

Adresse : 7/9 rue Francis de Pressensé, 75014 Paris – M° Pernety

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Infos et réservation : info@formatcourt.com

Evénement Facebook consacré à cet événement : par ici !

Rêves et désillusions européennes

Au moment où se déroule ailleurs les Rencontres Henri Langlois spécialisées dans les films d’étudiants, notre dernier sujet sur Brest sort avec un petit retard et une nette priorité pour les premières et secondes oeuvres. En lien avec les écoles de cinéma, les programmations d’autres festivals et les auteurs déjà repérés précédemment, le festival a eu la qualité de nous dérouter par le passé avec des films tels que “Hostmannen” et « Moja biedna glowa » (Ma pauvre tête). Cette année, il n’y avait guère que “J’aurais voulu être un pute” (moyen), “Vahetus” (passable), “Le Vivier” (intriguant), “Suiker” (drôle) et « Casus Belli » (magistral) qui nous apparaissaient comme familiers et non inédits parmi les 41 films en compétition européenne. Pour clore ce dossier spécial sur Brest, quelques films de qualité manquaient à l’appel. Les voici, tous sous l’emprise du rêve et de la désillusion.

Apele Tac (La rivière silencieuse) d’Anca Miruna Lazarescu (Roumanie, Allemagne)

Ce film réalisé en Allemagne par une jeune femme d’origine roumaine glane pas mal de sélections et de prix depuis sa sortie d’école. Grand Prix à Brest, il suit le destin de Gregor et Vali marqués par l’envie de quitter leur Roumanie dure, vide et sans espoir, un certain jour de 1986. Ce désir d’immigrer n’est pas si simple : les contrôles sont réguliers et les sanctions sont lourdes (franchir illégalement la frontière équivaut à 3 ans d’emprisonnement, être pris dans le Danube en vaut 10). Les deux hommes ont besoin l’un de l’autre pour passer de l’autre coté de la frontière et laisser l’enfer derrière eux malgré les risques encourus. Sauf que le jour où ils prennent la route, les choses se passent bien différemment que ce qu’ils auraient pu imaginer.

“Je t’aide et tu m’aides. Après, c’est chacun pour soi”. Film sur la confrontation, l’espoir et la solidarité, “Apele Tac” est bel et bien un nouveau film déroutant venant s’ajouter à notre liste précitée. Totalement maîtrisé, il filme de nuit comme de jour, sur la route comme dans l’eau, une situation absolument prenante et une réalité totalement angoissante. Face à une cicatrice mal fermée, à une faute de frappe sur un permis de travail, à un passager clandestin, à un mauvais filet de pêche et aux dernières minutes, la tension provoquée par le film est permanente et grandissante. « Apele Tac » nous rend muets, démunis, désemparés. Il va de soi qu’on s’en souviendra et qu’on le défendra.

Lel Chamel (Vers le nord) de Youssef Chebbi (Tunisie, France)

Proche thématiquement d’”Apele Tac”, “Lel Chamel” est un premier film portant sur la traversée de passagers clandestins entre la Tunisie et l’Europe. Loin de se passer dans les années 80, il relate une histoire contemporaine et clandestine tournant mal, filmée elle aussi dans l’obscurité et l’isolement naturel.

Mehdi, le personnage principal, gagne sa vie en faisant passer clandestinement des groupes de pesonnes en mal d’ailleurs et de vie meilleure vers une Europe belle et différente. Ces temps-ci, il travaille avec la mafia albanaise et les cargaisons humaines dont il s’occupe n’arrivent pas à destination, terminant leur périple chez des traficants d’organes. Aujourd’hui, est un jour particulier : Mehdi découvre que son petit frère Mouja a embarqué pour un voyage sans retour. Chacun voit les choses différemment : pour Mouja, la mort, c’est rester. Pour Medhi, la mort, c’est partir.

“T’es amoureux de la misère ou quoi ?”. “Lel Chamel” est un film sur les idéaux déchus, la divergence d’esprit et la peur qui mérite réellement ses deux mentions spéciales (révélation et photo) obtenues à Brest. Forcément, au vu de son synopsis, ce premier court métrage professionnel n’est pas une histoire légère, simple et anecdotique. Le film met mal à l’aise, retient l’attention, fait basculer son titre vers les bons films de l’année, notamment pour son image (signée Amine Messadi) : le film s’ouvre sur des photographies, et vers la fin, lorsque le piège mortel est dévoilé, un nouveau découpage accompagne la fuite des personnages dans la nuit obscure. Une course saccadée, traversée par les ombres, les taches humaines et les coups de revolver offre une palette tout en contrastes à ce film sur l’aveuglement humain.

Salvatore de Fabrizio et Bruno Urso (Italie)

“Salvatore”, c’est le titre du deuxième film des frères Urso. C’est aussi le prénom que Alfio et Maria, les personnages de leur histoire souhaitent donner à leur enfant à venir. Seulement, en Sicile où ils vivent et survivent, les douceurs et les rêves ne sont pas nombreux tant la précarité et le chômage sont omniprésents. Le jour où Maria confie à une collègue de l’usine où elle travaille qu’elle attend un enfant, l’angoisse liée à son avenir professionnel se met à poindre. Alfio décide alors de prendre les choses en main et de s’en sortir pour trois en vendant du poisson en ville.

“Mais pourquoi tu lui as dit que tu étais enceinte ?”. Lauréat lui aussi d’une mention spéciale (il y en a beaucoup à Brest), “Salavatore” parle d’idéaux, d’altérité hypothétique, de faiblesse, de quête du salut et de petits arrangements avec le quotidien. Aucun film de la sélection ne fonctionne aussi bien que celui-ci dans l’interprétation de ses comédiens : Adele Tirante et Ture Magro sont pour le moins bluffants en Alfio et Maria, deux Siciliens désabusés mais amoureux, qui se raccrochent l’un à l’autre pour éviter de sombrer. Leurs silences, leurs regards, leurs cheveux épars, leur fragilité aussi apportent beaucoup à « Salvatore ».

El pibe de oro d’Aymeric Messari (France)

“Le gamin en or”, le surnom donné à Diego Maradona, est lié à ce film, imparfait mais interpellant dans son ton et son message qui relate le retour d’un ex-enfant prodige de la balle dans sa ville natale. Si Wahid a un jour réussi, aujourd’hui, il n’a plus rien, raison pour laquelle il revient parmi les siens. Seulement, son départ a eu lieu il y a longtemps et son retour réveille de vieilles rancoeurs mal éteintes chez sa mère et ses anciens amis du foot, Jeg en particulier. Remballé de tous, Wahid ne fait pas grand chose pour retisser les liens avec ses proches, en choisissant de leur asséner des vérités qu’ils ne veulent pas entendre.

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Malgré certains manques de clarté et quelques redondances dans son scénario, ce film fait partie des titres intéressants vus au festival de Brest. Il ne joue pas la carte d’un émotionnel charmant mais peut-être un peu facile, comme “Einstein était un réfugié” ou d’une vision d’horreur complètement stressante, comme “3 hours”. Il traite d’un sujet simple pour le moins original en parlant d’exclusion, de rêves trop grands, de frustrations, de cécité face au réel, de pelouses foulées et de réussite refoulée. La banlieue, les désirs de gamins, les jours de matches, la mise sauvée pour un Coca, le-Dieu-le-Foot, la retenue de jeu de Jérémie Bénoliel (Jeg), toutes ces choses sont captées de façon précieuse par Aymeric Messari dont « El Pibe de oro » est le tout premier film.

Katia Bayer

Nouveau Prix Format Court au Festival de Vendôme

A l’occasion du 20e Festival du Film de Vendôme qui s’est ouvert hier soir et qui se clôturera le 9 décembre 2011, Format Court décernera le Prix Format Court du Meilleur Film de la Compétition Nationale.

Le jury sera composé de Franck Unimon, Isabelle Mayor et Camille Monin. Ils verront pas moins de 20 courts-métrages produits en France et remettront le Prix Format Court lors de la Cérémonie de clôture le vendredi 9 décembre. Le film gagnant bénéficiera d’un focus spécialisé consacré à son auteur, ainsi que d’une projection en salle de cinéma à Bruxelles et/ou à Paris.

Les films sélectionnés en compétition nationale

Les larmes – Laurent Larivière – 2010 / fiction / 26 minutes

Une île – Anne Alix – 2011 / fiction / 59 minutes

Cross – Maryna Vroda – 2011 / fiction / 15 minutes

Sous la lame de l’épée – Hélier Cisterne – 2011 / fiction / 13 minutes

La maladie blanche – Christelle Lheureux – 2011 / documentaire / 42 minutes

Parmi nous – Clément Cogitore – 2011 / fiction / 30 minutes

Tania – Giovanni Sportiello – 2011 / fiction / 20 minutes

Petite pute – Claudine Natkin – 2011 / fiction / 27 minutes

Odéon dancing – Kathy Sebbah – 2011 / documentaire / 24 minutes

Le Marin masqué – Sophie Letourneur – 2011 / fiction / 35 minutes

Et ils gravirent la montagne – Jean-Sébastien Chauvin – 2011 / fiction / 33 minutes

Le commissaire Perdrix ne fait pas le voyage pour rien – Erwan Le Duc – 2011 / fiction / 27 minutes

Un monde sans femmes – Guillaume Brac – 2011 / fiction / 57 minutes

Planet Z – Momoko Seto – 2011 / animation / 9 minutes

La mystérieuse disparition de Robert Ebb – FX Goby, Matthieu Landour et Clément Bolla – 2011 / fiction / 13 minutes

Sylvain Rivière – Guillaume Bureau – 2011 / fiction / 22 minutes

Tempête dans une chambre à coucher – Laurence Arcadias et Juliette Marchand – 2011 / animation / 11 minutes

Courir – Maud Alpi – 2011 / fiction / 35 minutes

Les pseudonymes – Nicolas Engel 2011 / fiction / 33 minutes

Là où meurent les chiens – Svetlana Filippova –  2011 / animation / 12 minutes

Baby de Daniel Mulloy

Après « Sister » (2004), « Dad » (2006), « Son » (2007), voici « Baby », le dernier-né de Daniel Mulloy (elle était facile). Le réalisateur multi-récompensé est revenu cette année glaner des prix un peu partout en festivals dont la mention spéciale du jury à Brest le mois dernier.

« Baby » marque surtout la première collaboration entre Mulloy et l’actrice Arta Dobroshi, la Lorna des frères Dardenne, ici tout simplement méconnaissable. Le cinéaste anglais et l’actrice originaire du Kosovo ont tourné un court métrage supplémentaire ensemble depuis et ont également déjà deux longs métrages en préparation. Mulloy semble bel et bien avoir trouvé sa muse en la personne de cette actrice originaire du Kosovo qui porte le film de bout en bout.

« Baby » est urbain, nocturne et filmé quasiment en temps réel, l’unité de temps étant un élément clé dans chacun des films de Mulloy. On suit ici une jeune femme sur son trajet de retour chez elle. A l’arrêt de bus elle est témoin d’un vol de portable et dénonce l’acte en train de se faire devant les délinquants en question, prise de position courageuse qui pose dès le début du film les contours d’un personnage fort et singulier.

Un des initiateurs du vol monte dans le bus avec elle et tente de façon appuyée de créer le contact et de la séduire, sans succès. La tension qui en découle est quasiment palpable ; Mulloy, caméra à l’épaule, filme ses acteurs au plus près et s’attache à décrire la gêne, la peur mais aussi le désir qui naît de cette confrontation. L’attention qu’il porte aux détails, des gestes et des regards est exemplaire.
Contre toute attente, la jeune femme laisse le garçon la suivre chez elle sans qu’un mot ne soit échangé entre eux. Leur corps à corps, maladroit et laborieux, ne durera pas, la jeune femme décidant soudainement de renvoyer l’intrus qu’elle avait elle-même mené jusqu’à sa chambre.

On pourra regretter que « Baby » finisse sur une révélation – que nous ne dévoilerons pas ici – qui rapproche la fin d’une chute. Mais le talent évident et la maîtrise visuelle de Daniel Mulloy laisse présager d’un bel avenir pour l’auteur qui prépare son passage au long. Dans le paysage du court métrage, rares en effet sont les cinéastes qui construisent une œuvre aussi cohérente et constante en termes de qualité que celle de Mulloy.

Amaury Augé

Consultez la fiche technique du film

B comme Baby

Fiche technique

Synopsis : Une jeune femme intervient pour aider une autre femme qui se fait agresser par un groupe d’hommes. À la suite de quoi, l’un d’entre eux refuse de la laisser tranquille.

Genre : Fiction

Durée : 25 min

Pays : Royaume-Uni

Année : 2011

Réalisation : Daniel Mulloy

Scénario : Daniel Mulloy

Image : Lol Crawley

Montage : Dan Robinson

Interprétation : Arta Dobroshi, Daniel Kaluuya, Etela Pardo, Joseph Atlin, Aymen Hamdouchi

Production : Sisters Films

Article associé : la critique du film

L’envol

Vous l’avez peut-être constaté sur le site depuis la rentrée. Format Court remet des prix en festival. À Paris Courts Devant, à Court Métrange, à Média 10-10 et bientôt (on vous l’annonce déjà) à Vendôme.

Nos prix ne s’évaluent pas en chèques ou en espèces, nous n’en avons pas les moyens. Notre façon de soutenir les réalisateurs et les films est toute autre. Nous consacrons une place éditoriale à un auteur et nous projetons son film en salle. Cette envie s’est révélée l’année passée lors du festival Anima, à Bruxelles, avec « Tussilago » de Jonas Odell. Le film a depuis fait l’objet d’un focus et a été montré à trois occasions différentes, au détour de trois initiatives proches du court métrage et de Format Court : Short Screens (Bruxelles), Les Courts du Grand (Paris) et le Festival International de Films Indépendants (Saint-Germain-de-Salles). Au tour maintenant de Floris Kaayk, Marek Skrobecki, Miguel Fonseca de faire l’objet d’attentions aussi spéciales.

floris

Si vous nous suivez, vous savez que les extraits de films sont monnaie courante sur Format Court. Il y a peut-être de la répétition dans ces éditos mais les films qualitatifs et entiers mis légalement sur le net sont encore rares, raison pour laquelle nous sommes à l’affût des histoires complètes, inspirantes et non fragmentées, qui se posent sans prévenir devant nos cyber fenêtres.
Depuis près de trois ans (et oui, déjà), nous fouillons et déblayons les films et les auteurs qui ont quelque chose à dire et qui le font formidablement bien, ceux qui allient fond et forme de manière pertinente, évocatrice et contemporaine. Cette substance, nous y tenons, nous ne la lâchons pas. C’est pour cela que nous vous la faisons connaître à travers différentes actualités telles que celles de l’Etrange Festival, le festival Off-Courts de Trouville, le Festival Franco-Coréen du Film, l’Atopic Festival, les films mis en ligne sur le site de Court-circuit (ARTE) qui disparaissent de la Toile une semaine après leur passage sur la chaîne.

Nous aurions pu choisir de rester encore longtemps dissimulés derrière nos écrans et ce virtuel facile et imbécile. Heureusement pour nous, des soubresauts ont opéré car le monde extérieur nous a fait des signes. Le premier s’est manifesté lors d’une rencontre en province, à Bourges et à Montargis, organisée par Centre Images autour de la déambulation amoureuse. Parler de films, de parcours personnels, d’envies de réalisateurs, se confronter à un public cinéphile, curieux, peu en contact avec le court, partager un moment à table, délaisser le micro, briser la distance avec la salle, repartir avec un t-shirt à l’effigie d’un renard, tout cela n’existe pas en http://www.

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© Julien Lelièvre

Cette évolution ne peut plus faire marche arrière. Ce lundi 5 décembre, aura lieu la toute première carte blanche Format Court aux Vidéophages de Toulouse, une association proche des cinématographies indépendantes et des élans babas cool à lunettes. Dès le mercredi 14 décembre, nous lançons la Semaine la plus courte à l’occasion du Jour le plus court mis en place par le CNC. Pendant une semaine, des films empruntant à l’animation, à la fiction, au documentaire, au clip et à l’expérimental s’exposeront sur le site. Le mercredi 21 décembre, enfin, le film court basculera sur un écran plus large, celui du cinéma L’Entrepôt (Paris, 14ème) le temps d’une séance de cinéma. Format Court @ L’Entrepôt ? L’occasion de découvrir des films que nous aimons et de nous, de vous rencontrer*. Format Court a franchi un cap et on en est enchanté.

Katia Bayer
Rédactrice en chef

* Toutes les informations sur « La Semaine la plus courte » et « Format Court @ L’Entrepôt » seront publiées très prochainement sur le site.

Gros plan sur l’animation polonaise & rétrospective Marek Skrobecki

Demain, 1/12, s’ouvre la 9e édition du Carrefour de l’animation au Forum des images. Quatre jours durant, des projections, rencontres, démonstrations et tables rondes sont prévues dans le lieu le plus rose de Paris. Un avant-goût du festival national du film d’animation de Bruz, des rendez-vous autour de l’animation tunisienne, le nouveau Eric Khoo et le Best of du Computer Animation Festival Siggraph vous sont recommandés par notre équipe courte, sans omettre le gros plan sur l’animation polonaise qui nous intéresse particulièrement, avec la venue de Marek Skrobecki, réalisateur de « Danny Boy », lauréat de notre Prix Format Court au festival Courtmétrange.

Rétrospective Marek Skrobecki : 1/12, 18h30

Pol. / anim. 1988-2011 coul. 1h20 (35mm et vidéo)

Marek Skrobecki est considéré comme l’un des meilleurs réalisateurs d’animation polonais. Travaillant d’après les techniques traditionnelles de marionnettes, il a réalisé notamment Episode (1988), D.I.M. (1992), Ichthys (2005) et Danny Boy (2010), tous primés en festivals. Très lié au studio Se-ma-for, il a participé à l’animation de Pierre et le loup de Suzie Templeton et coréalisé un film sur Chopin, le très attendu World of Flying Machine.

Au programme : Epizod/Episode (1988), Tort Urodzinow /Birthday Cake (1989), Ostatnia Kanapka/Last Sandwich (1991), D.I.M. (1992), OM (1995), Ichthys (2005), Danny Boy (2010), et des extraits de Marchenbilder/Obrazki Z Bajek/Pictures from Fairy Tales (1998), Pierre et le loup de Suzie Templeton (2009) et The Flying Machine (2011).

En présence de Marek Skrobecki

"Millhaven"

"Millhaven"

Nouveaux talents polonais : 2/12, 17h

Pol. / anim. vosta 2010-2011 n&b et coul. 1h20 (35mm et vidéo)

Les récentes découvertes en festivals le prouvent : l’animation polonaise contemporaine est aussi extraordinaire que par le passé, de par la force des sujets traités ou la maîtrise des techniques employées, qu’elles soient liées aux dernières technologies ou dans la tradition des marionnettes ou de l’animation dessinée à la main.

Au programme : Bits and Species (U. Palusińska, 2010) ; Galeria (R. Proch, 2010) ; Underlife (J. Konopka, 2010) ; Every Girl Has A Boy (M. Kuczyniecka, 2011) ; Sleepincord (M. Pajek, 2011) ; Protozoa (A. Kwiatkowska-Naqvi, 2011) ; Who Would Have Thought? (E. Borysewicz, 2009) ; Gibbon’s Island (M. Pakalska Bosek, 2010) ; Lumberjack (P. Debski, 2011) ; Millhaven (B. Kulasa, 2010).

Les maîtres du studio Se-ma-for : 3/12, 15.30

Ściany/Walls

Ściany/Walls

Pol. / anim. vosta 1947-1987 n&b et coul. 1h20 (vidéo et 35 mm)

Fondé à Lodz en 1947, le studio d’animation Se-ma-for produit des films aux techniques très variées : dessin, stop motion et marionnettes. Dans les années 50, il emploie des artistes pionniers souvent liés au mouvement de “l’école polonaise de l’affiche”, dont Jan Lenica et Walerian Borowczyk. Après leur départ en Europe de l’Ouest, ce courant perdure grâce au travail de Daniel Szczechura et Kazimierz Urbański, ainsi que d’auteurs plus jeunes dont Zbigniew Rybczyński et Piotr Dumała. Le programme proposé par Se-ma-for permet de retrouver la plupart de ces grands maîtres.

Au programme : Attention, le diable/Uwaga, diabeł (Z. Wasilewski, 1958) ; Batifole Igraszki (K. Urbański, 1962) ; Jour de fête/Święto (Z. Rybczynski, 1976) ; L’Ange gardien/Człowiek i anioł (E. Sturlis, 1966) ; Wykres/A Graph (D. Szczechura, 1966) ; Le Petit Déjeuner sur l’herbe/Sniadanie na trawie (S. Lenartowicz, 1975) ; Le Sac/Worek (T. Wilkosz, 1967) ; Zdarzenie/The Occurrence (H. Neumann, 1987) ; Wykrzyknik/Point d’exclamation (S. Schabenbeck & H. Ryszka, 1967) ; Ściany/Walls (P. Dumala, 1987) ; Ondraszek (W. Kondek, 1959).

En présence de Zbigniew Zmudzki, président de Se-ma-for

Retrouvez toutes ces infos, polonaises et animées, sur le site du Forum

Carte blanche Format Court à Toulouse !

Ce lundi 5 décembre 2011, Format Court présente sa toute première carte blanche aux Vidéophages de Toulouse, organisateurs de soirées mensuelles de courts métrages français et étrangers. Trois films (plus un bonus) soutenus par le site seront présentés lors de cette projection : La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard, Conversation Piece de Joe Tunmer, The Origin of Creatures de Kaayk Floris, Prix Format Court au Festival Paris Courts Devant 2011

Programmation

One Day I Woke Up and I Was Angry de Lucinda Clutterbuck. Animation, 10′, 2011, La Ménagerie

Sur le thème de la colère adolescente

La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard, Fiction, 22′, France, 2009, Butterfly Production

Comme un nègre tu travailles dur, Paies nos impôts notre futur ! Cotises aussi pour nos retraites, Mais des papiers pour un métèques ?

Articles associés : la critique du film, l’interview de Hugo Chesnard

Conversation Piece de Joe Tunmer. Expérimental, Fiction, 7′, 2009, Royaume-Uni. New Treatment

Synopsis : Un dimanche matin, Jean remarque que son vase préféré a été ébréché. Elle accuse Maurice, son mari, qui nie en bloc. Mais Jean veut absolument savoir ce qu’il s’est passé. Dans cette extraordinaire comédie musicale, chaque syllabe prononcée correspond à une note précise de « Conversation piece », un morceau improvisé en 1966 par le cornettiste de jazz rex Stewart.

Article associé : le reportage Programme Films de musique

On se partage les miettes de Collectif. Fiction, 7′, 2011, France, Ciné 2000.

Vente aux enchères des dépouilles d’un service public à la culture. L’Association régionale de diffusion technique (ARDT), parc de location de matériel technique à prix réduit pour toutes les associations et collectivités de la région Midi-Pyrénées, se fait liquider arbitrairement par le Conseil Régional après 27 années de service fondamental à l’ensemble du tissu d’acteurs culturels de la région. Le 15 novembre, certaines personnes attachées à ce service ont décidé de se dresser une dernière fois devant le rouleau compresseur. Vente reportée.

Homesick de Ingrid Chikhaoui. Fiction, 19′, 2010, France, ESAV (Prod)

Elise rentre d’un séjour à l’étranger et se dérobe face à tout ce qui a changé : sa maison, sa famille, et sa place.

The Origin Of Creatures de Floris Kaayk, animation, 12′, 2010,  Pays-Bas, prod. : Koert Davidse, Marc Thelosen, Yan Ting Yuen. Prix Format Court au Festival Paris Courts Devant 2011

La vision futuriste d’un monde après un désastre catastrophique. Dans cette parabole, des membres mutés autonomes sont à la recherche d’une coopération, mais en raison de problèmes de communication, cette mission est vouée à l’échec.

Articles associés : l’interview de Floris Kaaykla critique du film

Infos pratiques

Espace JOB : 105 route de Blagnac – Toulouse /// Accès : bus 70 et 16

Clermont-Ferrand, la compétition nationale

La sélection nationale du 34ème Festival de Clermont-Ferrand est de sortie. Découvrez-la en un clic.

L’Attaque du Monstre Géant Suceur de Cerveaux de l’Espace – Guillaume Rieu
Boro in the Box – Bertrand Mandico
Ce qu’il restera de nous – Vincent Macaigne
Le Ciel en bataille – Rachid B.
City of Silence – Robert Ly
Les Conquérants – Sarolta Szabo, Tibor Bànòczki
Conte de faits – Jumi Yoon
Corps solidaires – Pascal Roy
Courir – Maud Alpi
De Riz ou d’Arménie – Hélène Marchal
La Dérive – Matthieu Salmon
La Dernière caravane – Foued Mansour
La Détente Bertrand Bey, Pierre Ducos
Diagonale du Vide – Hubert Charuel
Dis moi non – Axel Victor
Double mixte – Vincent Mariette
Douce – Sébastien Bailly
Egaro – Anaëlle Moreau, Maïwenn Le Borgne, Bruno Salamone, Simon Taroni, Alexia Provoost
L’ Ere bête – Thomas Caudron
Le Facteur humain – Thibault Le Texier
Fireworks – Giacomo Abbruzzese
Folksongs and ballads – Mathieu Vernerie
Fragments d’un voyage immobile – Lionel Mougin
La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard
Fuir – Virginia Bach
Hors saison – Victoria Saez
How Fear Came – Anaïs Caura, Bulle Tronel
I’m your man – Keren Ben Rafaël
In Loving Memory  – Jacky Goldberg
Je ne suis personne – Jonas Schloesing
Jean-Luc persécuté – Emmanuel Laborie
Jeudi 19 – Raphael Holt
Looking at the dead – Jean-Gabriel Périot
Manque de preuves – Hayoun Kwon
Méditerranées – Olivier Py
Les Meutes – Manuel Schapira
Mkhobbi fi kobba – Leyla Bouzid
Mollement, un samedi matin – Sofia Djama
Mon amoureux – Daniel Metge
The Monster of Nix – Rosto
La Mystérieuse disparition de Robert Ebb – Matthieu Landour,  François-Xavier Goby, Clément Bolla
Oh Willy – Emma de Swaef, Marc Roels
Parmi nous – Clément Cogitore
Petite pute – Claudine Natkin
Plume – Barry Purves
Les Poisons – Benjamin Charbit
La Promotion – Manu Joucla
Pyskessa – Kirran Bruce
Rêve de 1er avril 1999 – Maxence Martin, Bastien Létoile, Camille Perrin, Julien Hazebroucq, Hél Papillon
Rosette – Romain Borrel
La Sole, entre l’eau et le sable – Angèle Chiodo
Sous la lame de l’épée – Hélier Cisterne
Sur la route du paradis – Uda Benyamina
Tempête dans une chambre à coucher – Laurence Arcadias, Juliette Marchand
La Tête froide – Nicolas Mesdom
Une Île – Ugo Bienvenu
La Veuve Caillou – Agnes Patron
La Vie parisienne – Vincent Dietschy
Yasmine – Karim Bengana

Bretagne, scénars & courts métrages

Depuis un an, le DVD traînait dans la pile des non vus, non traités, non évalués. Dépoussiéré, “Estran – 21 courts métrages” intègre, une édition plus tard, notre dossier spécial consacré au Festival du Film Court de Brest.

En 1998, apprend-on à la lecture du livret accompagnant ce coffret, le Festival du film court de Brest en est à sa 13ème édition et aucune production régionale ne marque la sélection. Le concours de scénarios Estran naît avec l’envie de faire émerger des auteurs locaux et de faire tourner des films de fictions en Bretagne, genre un peu délaissé en région par rapport au cinéma documentaire et d’animation. Des thèmes sont imposés, des lauréats sont choisis et accompagnés dans la recherche d’un producteur et sur le tournage de leurs films. Des premiers et deuxièmes films apparaissent ainsi. Dix ans après ses balbutiements, Estran compte de cette façon une petite vingtaine de films repris dans ce coffret divisé en chapitres.

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Le projet se veut sympathique. Lié intimement au scénario, il donne à voir du court, se balade entre les années (2000-2010) et promeut le travail de jeunes auteurs, scénaristes comme réalisateurs proches de la Bretagne. C’est un soutien à part à la création comme à la diffusion, les différents programmes ayant été diffusés pendant le Festival de Brest et au Marché du Film de Clermont-Ferrand. Cependant, en s’y penchant de plus près, peu de films de ce coffret marquent véritablement l’esprit. La faute à des erreurs de jeunesse, à des comédies pas drôles (« Le Cadavre qui voulait pas qu’on l’enterre », « Comptes pour enfants ») des faux drames (« Le Secret de Lucie », « Chute libre »), des histoires qui ne tiennent pas la route (« L’Absence de vertige reste un mystère », « Nuit d’hiver ») ? Quelque soit la réponse, seuls quatre films se laissent regarder et apprécier, en toute subjectivité.

Baignade obligatoire d’Olivier Pouteau

Légère comédie de bord de mer, « Baignade obligatoire » évoque l’histoire de Rémy, un fils thésard piégé par son père, maire d’une petite île, le faisant porter volontaire pour être le maitre-nageur de la piscine locale afin d’éviter la démission que lui réclame le conseil municipal. Rémy, lui, n’est pas spécialement enthousiaste face à cette proposition et surtout, il ne sait pas nager. Sa mère dissimule cette information de première importance à son mari et encourage son fils à affronter ses peurs. Rémy se retrouve donc à 25 ans avec une bouée canard et une incitation à utiliser le bien d’autrui, face à l’exigence de son père et la bénédiction de sa mère. Amen.

 

Entre effarement filial et intolérance paternelle, ce film vieux de dix ans, scénarisé autour du thème « Au bord de l’eau… » s’en sort plutôt bien pour donner à son histoire une touche locale et multiplie les dialogues savoureux. Au choix : “Mais vous débloquez à la mairie. Qui est l’ahuri qui a eu une idée pareille ?”, Je ne sais pas trop ce que tu vaux comme maire mais alors comme père… « 
Erémia Erèmia d’Anthony Quéré et Olivier Broudeur

Dans un tout autre registre, se présente « Erémia Erèmia », le premier film d’Anthony Quéré et Olivier Broudeur, les co-réalisateurs de « Dounouia, la vie ». Autour du thème « Demain, j’arrête », se profile une histoire non conventionnelle autour du rapport au corps et de l’effort à l’extrême. Dépouillé de tout dialogue, le film se construit autour du souffle et du corps. L’homme filmé pratique le vélo et la natation, il repousse ses limites, goûte à la liberté, profite de la nature, s’endort nu dans son lit. Le temps d’une pause très physique, les conventions (l’habillement, le travail, l’asservissement, la société) s’éloignent pour esquisser un sourire et un apaisement chez lui.

Film-expérience, « Erémia Erèmia », Prix du Jury à Clermont en 2008, fonctionne autour de plusieurs partis pris redoutables : tout d’abord, la présence d’un comédien, Vincent Deniard, véritable bloc de muscles et de concentration, la particularité apportée au son (éléments naturels, souffle individuel, paroles étouffées), la caméra très peu éloignée de son sujet et le montage alterné (solitude, liberté versus socialisation, étouffement).

Une sauterelle dans le jardin de Marie-Baptiste Roches

Ce titre-ci, de loin le favori de la sélection, s’est lui aussi imaginé autour de la thématique « Demain, j’arrête ». S’occupant plutôt mal de son petit frère Zadig en l’absence de leur mère, Solène, seize ans (voire douze) parfait son bronzage sur la chaise longue du jardin, dans sa commune de ploucs de province. Ici, les attractions se font rares, le passage est inexistant et l’ennui est profond. Lolita esseulée, Solène passe son temps à moitié dénudée, sans que cela attire grand monde, tout juste un anecdotique adolescent du coin. Lorsqu’Antoine, un ami de sa mère, magnifique, viril et bien plus âgé qu’elle fait son apparition devant le pas de la porte, le quotidien de Solène s’éclaircit et son désœuvrement se met par enchantement à disparaître.

Prix de la meilleure première œuvre de fiction au Festival de Clermont-Ferrand 2009 (on comprend aisément pourquoi), le film de Marie-Baptiste Roches percute tout d’abord pour sa sauterelle personnifiée, alias Cindy Colpaert, gamine hyper provocante (la scène où elle indique à Antoine où pourrait se trouver son briquet en se retournant pour montrer ses fesses – “Antoine, poche arrière !”- est juste délectable), ainsi que pour la façon très progressive dont le jeu entretenu par Solène se retourne contre elle, se transforme en piège et la fait accéder au monde dangereux des adultes.

Sortir de Nicolas Leborgne

Le tout dernier film de la sélection, « Sortir », lié au programme « Offre spéciale », le plus récent concours Estran, convoque le temps d’un road-movie la relation tendre et difficile entre un fils malade, ayant décidé de mourir et son père, refusant de le laisser partir, puis l’accompagnant dans son voyage. Rassemblant deux comédiens toujours justes, Bruno Todeschini et Philippe Nahon, « Sortir » parle de l’adieu du fils au père, et non du père au fils, comme l’ont tenté et le tenteront encore d’autres scénarios. Il parle d’euthanasie, sujet toujours compliqué mais finalement plutôt rare dans le court.

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Rester, se quitter, se réconcilier, disparaître pour toujours ou le temps d’aller acheter un paquet de cigarettes, parler des femmes, évoquer le souvenir le plus beau rossignol du Finistère, faire la route, passer le volant, vieillir, disparaître, c’est de tout cela dont parle « Sortir ». Même si la scène de fin aurait pu gagner en clarté, on est touché par ce film qui doit beaucoup au couple formé par Todeschini et Nahon, rares mais précieux au cinéma français.

Katia Bayer

Consulter les fiches techniques de « Baignade obligatoire », « Erémia Erèmia »« Une sauterelle dans le jardin »« Sortir »

Coffret DVD édité par la Cinémathèque de Bretagne et l’Association Côté Ouest

Le Concours Estran sur la Toile

 

S comme Sortir

Fiche technique

sortir-nicolas-leborgne

Synopsis : Sortir est l’histoire d’un adieu. L’adieu d’un fils à son père. L’action se passe quelque part sur la route entre Brest et Genève, dernière étape dans la vie de Fred avant de procéder à son euthanasie.

Genre : Fiction

Durée : 22’

Pays : France

Année : 2010

Réalisation : Nicolas Le Borgne

Scénario : Nicolas Le Borgne

Image : Pierre Souchar

Montage : Julien Cadhilac

Son : Martin Descombels

Musique : Lionel Mauguen

Interprétation : Bruno Todeshini, Philippe Nahon, Muriel Riou

Production : Takami Production

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S comme Une Sauterelle dans le jardin

Fiche technique

Synopsis : Solène, 16 ans, s’ennuie copieusement au mois d’août, dans sa zone pavillonnaire. Sa mère n’est jamais là et elle doit garder son jeune frère Zadig. Mais quand Antoine débarque, avec son cuir, sa moto et ses 40 ans, ça change tout !

Genre : Fiction

Durée : 24’

Pays : France

Année : 2008

Réalisation: Marie-Baptiste Roches

Synopsis : Marie-Baptiste Roches

Image: Nathanaël Louvet

Musique: Pierre Chevrier

Son: Arnaud Julien

Montage: Damien Maestraggi

Décors : Françoise Philippe

Interprétation : Baptiste Bertin, Bruno Boulzaguet, Cindy Colpaert, Guénolé Loterie, Valérie Crouzet

Maquillage: Aurore Chauchat

Production: Ysé Productions

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B comme Baignade obligatoire

Fiche technique

baignadeobligatoire2

Synopsis : Rémi est venu chercher le calme chez ses parents qui habitent une petite île bretonne pour écrire sa thèse. Mais son père, qui est aussi maire de l’île, l’a porté volontaire au poste de maître nageur bénévole.

Genre : Fiction

Durée : 20’

Pays : France

Année : 2000

Réalisation : Olivier Pouteau

Scénario : Olivier Pouteau

Image : Philippe Elusse

Montage : Estelle Fouque

Son : Vincent Pessogneaux

Musique : Grégory Libessart

Interprétation : Vincent De Bouard, Marie Pillet, Jacques Mathou, Céline Thiou

Production : Les Films En Hiver, Aber Images

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Rencontres cette semaine avec Claire Simon et Alain Cavalier

Demain et jeudi, Documentaire sur grand écran et la librairie Ciné Reflet vous invitent à rencontrer Claire Simon et Alain Cavalier autour de leurs coffrets de courts métrages récemment édités en DVD. Info intéressante en attendant notre focus consacré à ces deux cinéastes.

29 novembre, 19h : Claire Simon autour de son coffret Du Super 8 à la vidéo, les premiers films édité au sein des « collections particulières” de Documentaire sur grand écran

Discussion avec la réalisatrice, échanges autour d’un verre.

1er décembre, 19h : Alain Cavalier autour de son coffret les Braves (trois portraits inédits de Alain Cavalier) édité au sein des « collections particulières” de Documentaire sur grand écran

Discussion avec le réalisateur, échanges autour d’un verre.

Librairie Ciné Reflet

14, rue Monsieur le Prince 75006 Paris – Métro Odéon – tél. : 01 40 46 02 72
cine.reflet@wanadoo.

Evénement Facebook : ici !

Brest – Sangria, tortilla mais surtout cinéma !

Pour sa 26e édition, le Festival européen du film court de Brest s’est mis au rythme de l’Espagne et l’ambiance n’en pouvait être que caliente. Il est vrai que depuis maintenant à peu près deux-trois ans, les films hispaniques se sont invités en masse dans plusieurs festivals français et ont été à chaque fois plus visibles sur nos toiles hexagonales.

brest

Il était donc d’actualité de mettre l’Espagne à l’honneur à Brest cette année et ceci pour notre plus grand plaisir. À l’heure où le pays vit les résultats de ses élections législatives dont les candidats ont joué la carte du nationalisme, nos voisins ont pourtant encore du mal à apprécier leur propre cinéma. Qu’ils se rassurent sur sa qualité ou bien qu’ils continuent à l’exporter alors ! C’est en tout cas ce que nous pouvons affirmer suite à cette nouvelle édition du festival de Brest. Résultat : pas moins de seize courts métrages au programme dont quatre en compétition et le groupe Bikini Machine qui a ouvert les représailles du festival avec un ciné-concert sur le film Desperado ont témoigné de l’énergie et de l’hétéroclisme de la péninsule ibérique.

Dur, dur de mettre dans le même panier les quatre films espagnols en compétition tant ils sont différents, aussi bien sur le fond que sur la forme, mais ils prouvent que la production espagnole est des plus variées, loin des clichés coincés entre la patte kitch et colorée d’Almodovar et des nombreux films d’horreur qui nous arrivent dernièrement. Seul point commun entre tous, et pas des moindres, les Espagnols ont des choses à dire, voire plus, des choses à dénoncer. Le message est clair et universel. Petit tour d’horizon de quatre courts métrages à voir d’urgence.

Hidden Soldier d’Alejandro Suárez Lozano – 11’28’’

Lorsqu’on lit le pitch de « Hidden Soldier »– « Pourchassé et sans munition, le soldat Wilson est soumis à d’étranges phénomènes » – on s’attend presqu’à voir un long-métrage tant ces thèmes de guerre et de phénomènes surnaturels sont rarement abordés en court métrage.

En effet, on a plus souvent l’habitude d’assister à des remises en questions psychologiques ou à des comédies à chute, mais certainement pas des films de guerre qui auraient la réputation d’être trop onéreux à la fabrication. Pourtant, Estirpe Producción aux côtés d’Alejandro Suárez Lozano n’a pas eu froid aux yeux et a mis les moyens. Résultat : un court-métrage entre guerre, action et science-fiction qui fait penser esthétiquement au film «Il faut sauver le soldat Ryan » et au film  «Les autres » quant aux phénomènes surnaturels et au suspense. L’image saturée (des blancs aveuglants et un kaki terriblement militaire) nous plonge dans l’univers froid des tranchées et la musique qui ne cesse jamais, nous entraîne dans un film d’angoisse. Pas de dialogues mais un travail sur le son à tout casser qui nous emporte et nous force à suivre le héros du film, ce soldat caché pour éviter de se faire tuer par les Nazis. On a peur pour lui même si on se demande quelles sont ces visions qui le traverse et qui lui donne mal à la tête : des flash-back ? Des effets surnaturels ? Des cauchemars ?

Après dix minutes d’action et de tension, on découvre qui est réellement ce soldat caché et on a presque honte de s’être attaché à lui, combattant à ses côtés pour assassiner les Nazis. Celui qu’on a suivi tout le film durant n’est autre qu’un adolescent qui a confondu le monde virtuel des jeux vidéos et le monde réel : la violence du jeu s’est répercutée sur lui et le soldat qui sommeillait dans le corps de ce môme l’a poussé à prendre une arme afin de tuer toute sa famille.

Alors, même si le cut qui clôt le film est certainement trop rapide et brutal, on demeure choqué et on ne pourra se sortir de la tête une question : du monde virtuel ou du monde réel, lequel est le plus violent ? Bravo, Monsieur Suárez Lozano, vous faites d’un film de mecs, un film de réflexion. À quand le long dans la même lignée que des «American History X » ou des «Fight Club » ?

Maquillaje d’Alex Montoya – 10’30’’

Avec cette leçon de beauté donnée par Alex Montoya, on tombe dans un registre beaucoup plus intime et psychologique que le film précédent : faut-il avoir honte d’être faible, même devant les gens qu’on aime ? Doit-on par conséquent toujours jouer avec les apparences pour donner la face ? C’est le cas de Marisa, femme d’environ cinquante ans, mourante dans sa chambre d’hôpital. Évidemment, la maladie n’a rien de « glamour » et le physique en paie les conséquences, si bien que Marisa est plutôt pâlotte et pas très belle à voir. Alors pour recevoir la visite quotidienne de son mari, elle préfère faire appel aux services de Concha, infirmière esthéticienne, plutôt que de se montrer tel quel à l’homme qu’elle aime. Pour autant, n’est-ce pas le but du maquillage ? Améliorer le vrai, cacher le naturel.

Comme le montre le film et comme le prouve souvent notre société, nous choisissons de nous voiler la face plutôt que de nous affronter les uns les autres. Parce que le mari de Marisa n’est pas dupe, malgré ce qu’en pensent les infirmières : il sait pertinemment que sa femme n’en a plus pour longtemps et c’est cette courte séquence chez lui, où il s’enferme dans sa chambre en pleurant qu’on s’aperçoit que celui qu’on présente comme un monstre, est finalement excessivement peiné.

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Si on décide d’aborder le but du maquillage d’un autre point de vue, il est vrai qu’on peut aussi admirer cette femme qui, malgré la maladie, tient à se faire belle pour son époux. Et lui, en réponse à cet effort, joue le jeu et lui parle même de voyage à sa sortie de l’hôpital.

Alex Montoya ne prend certes pas trop de risques avec une réalisation plutôt classique et un toussotement de Marisa qui se veut parfois surjoué, mais au final, on ressort de ce film avec la boule dans le ventre, se disant que ces deux-la sont trop bêtes, qu’ils n’ont pas été capables de se dire une dernière fois qu’ils s’aimaient et qu’ils ont justement préféré maquiller la réalité. Par ailleurs, on ne s’empêchera pas de penser que les salons de beauté (que ce soit en ville ou à l’hôpital) sont les lieux où de manière contradictoire, on laisse tomber les masques, comme dans « Caramel » de Nadine Labaki ou « Vénus Beauté Institut » de Tonie Marshall.

La huida de Victor Carrey – 11’

Cette fuite que nous offre Victor Carrey est assez géniale. D’ailleurs, elle aurait pu également s’intituler « Le bien triste destin d’un braqueur » ou bien « Kill unknown thief » tant on est entre un conte à la Jeunet avec une multitude de personnages secondaires et de petites histoires lambdas mais qui ont leur coïncidence, et un esthétisme à la Tarrantino qui mêle des gueules bien particulières et des mouvements au ralenti, toujours entre film noir et humour kitch des années 70.

Avec ce court métrage, le catalan Victor Carrey décide de bousculer les règles scénaristiques en proposant une scène d’exposition qui dure presque la moitié du film. Et cette exposition a une double utilité : présenter au spectateur les personnages et éléments de l’intrigue, au même titre que brouiller complètement les pistes en mettant en scène tellement de détails qu’on se demande comment Victor va s’en sortir pour tout mettre en relation. C’est d’ailleurs la question de départ prononcée par le narrateur avec sa voix de vieil inspecteur de police : « Les questions simples demandent parfois une réponse complexe ».

Pourtant, il y arrive superbement et on se laisse entraîner par la musique de la deuxième partie pour comprendre le pourquoi du comment de cette fameuse fuite loupée ou plutôt, de résoudre la raison pour laquelle un billet de 50€ vole sur le bitume. Certes, cette histoire est un peu tirée par les cheveux. Oui, c’est du déjà vu, surtout en court métrage, ce procédé de décortiquer par tous les moyens une intrigue afin de perdre le spectateur puis de la reconstruire avec un rapport logique entre les éléments présentés. On citera à ce propos des films comme « Surprise ! » de Fabrice Maruca sous forme de comédie ou encore le génialissime et controversé « Ilha das flores » du brésilien Jorge Furtado sous forme de documentaire, qui pareillement, créent comme un retour en arrière pour expliquer comment nous en sommes arrivés à telle ou telle situation.

Victor Carrey n’est donc pas le plus original et pourtant, ce qu’il nous propose fonctionne d’autant plus que le thème de ce court métrage est de résoudre une enquête policière, par conséquent de retracer le chemin du braqueur et telle est la forme du film. En tant que spectateur, on se laisse porter et au vu de la quantité de sélections du film en festivals, on imagine que les programmateurs et jury sont, eux aussi, transportés. Qui plus est, cela prouve une fois encore que la collaboration ESCAC, une des plus grandes écoles de cinéma d’Espagne et Escándalo Films, société de production très active en Catalogne, est gage de succès.

Artalde d’Asier Altuna – 8’06’’

Qui a dit que le cinéma expérimental n’était pas accessible, voire complètement hermétique ? Voyez « Artalde » et vous changerez d’avis, car il est difficile de qualifier ce film autrement qu’en le rangeant dans la case des OVNI du cinéma et ceci pour notre plus grand plaisir même si on n’a pas tout lu sur l’art contemporain.

Le film joue avec les mélanges : noir et blanc et couleur, sons urbain et bruits de la nature, drame et comédie, sérieux et ridicule, plans séquence et plans sur-découpés. Il ne contient pas de dialogues mais un ululement étrange rythme le film. Oui, nous sommes bien dans de l’expérimental, mais le message est bel et bien clair. Peut-être parce que le réalisateur est basque et que la réputation veut que les habitants de cette province-là aient toujours quelque chose à revendiquer.

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En tout cas, le mot de la fin n’est pas forcément le plus drôle pour nous, petits citadins que nous sommes, puisqu’on nous compare à des moutons. Et celui qui, au départ du film, apparait comme un fou, est finalement le plus censé d’entre nous parce qu’il a justement compris que le bonheur était d’être unique et de ne pas suivre les règles qu’on nous impose en ville. En deux mots, Asier Altuna réussit à travers cette caricature, à pointer du doigt une réalité qui fait parfois mal, celle de nous rappeler que notre « métro – boulot – dodo » nous fait oublier qui nous sommes individuellement.

Camille Monin

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A comme Artalde

Fiche technique

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Synopsis : Un berger perdu dans la ville cherche son troupeau. Sa voix attire l’attention de certaines personnes qui décident de le suivre.

Genre : Expérimental

Durée : 8’06’’

Pays : Espagne

Année : 2010

Réalisation : Asier Altuna

Scénario : Asier Altuna

Image : Gaizka Bourgeaud

Montage : Demetrio Elorz

Son : Sonora Estudio

Musique : Herrikojak

Interprétation : Pako Sagarzazu, Gorka Zubeldia

Production : Kimuak – Filmoteca Vasca

Article associé : Le reportage Brest – Sangria, tortilla mais surtout cinéma !