Höstmannen de Jonas Selberg Augustsén

Voici un film de saison. « Höstmannen » (“Autumn Man”) de Jonas Selberg Augustsén débarque en Bretagne après avoir fait marrer plusieurs festivals. Suédois, beau et fou, ce court est l’une des surprises de la compétition européenne de Brest.

Ils sont comme ça, ils ne changent pas. Heikki et Markku, ploucs et copains en manque de café, parcourent en bagnole pourrie la petite ville de Tornedalen, s’en prennent aux vieilles dames, prônent le retour du râteau pour ramasser les feuilles mortes et ont parfois des sursauts de connaissance, surtout lorsqu’ils sont confrontés à la poésie (« de Dostoïevski ou quelque chose comme ça »).

Repéré dans son pays froid comme l’un des réalisateurs les plus audacieux du moment (comparé même à Roy Andersson et Aki Kaurismäki), Jonas Selberg Augustsén, menuisier au point de départ, cultive un goût immodéré pour la nature, les cycles de la vie et le naturalisme teinté d’onirique. « Höstmannen », son road-movie tant visuel que personnel, tant poétique que incongru, se balade entre palette sépia et folie furieuse. On n’est pas loin du ton et des couleurs de « Mompelaar » et du non-sens des films de Patrik Eklund, autre Suédois prolifique. Car là-bas, à Tornedalen, les illuminés se bousculent au portillon, l’image est brumeuse, froide et automnale, l’existentialisme est aussi présent que les köttbullar (boulettes de viande) et le tragique s’accouple avec le mystique. D’accord, le café est rare, d’accord, les râteaux sont en voie d’extinction, mais on peut aussi se laisser vivre au gré des saisons et des circonstances et parfois envisager de soulever un tout petit coin de changement.

Katia Bayer

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