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Pier-Philippe Chevigny : “Le cinéma, c’est souvent l’occasion de s’intéresser à l’autre”

Mercenaire (2024), dernier court-métrage du cinéaste montréalais Pier-Philippe Chevigny, fait l’actualité des festivals francophones. Il a fait ses débuts au Festival international du film de Toronto, 2024 (en première mondiale), figurant dans le TIFF’s Top Ten et a reçu le Prix spécial du jury international à Clermont-Ferrand. Aujourd’hui, le réalisateur présente son film au Festival Regard à Saguenay, où il a été membre du jury en 2024.

Dans Mercenaire, nous suivons David, un ex-détenu récemment libéré qui se voit contraint de travailler dans un abattoir afin de pouvoir se réinsérer dans la société. Angoissé par la violence de son lieu de travail, il cherche un emploi dans divers domaines, mais se heurte constamment au refus des employeurs, une réalité sociale au Québec, où l’industrie des abattoirs accueille énormément d’anciens prisonniers qui n’arrivent pas à s’insérer dans d’autres professions. Malgré la contradiction apparente – un homme condamné pour meurtre se sent oppressé dans un abattoir –, la mise-en-scène immersive nous rapproche du protagoniste, suscitant une empathie essentielle à notre engagement dans l’histoire.

Format Court : Ayant grandi dans une région marquée par la présence du crime organisé, tu as réalisé un film qui traite d’un sujet que tu connais personnellement. Comment crois-tu qu’un rapport personnel impacte le processus de création et de production d’un film ?

Pier-Philippe Chevigny : C’est certain qu’il y un investissement émotionnel particulier de la part du créateur, et peut-être une plus grande liberté aussi d’aborder un sujet en toute confiance et en toute connaissance de cause. Toutefois, je ne pense pas que ça garantisse forcément un meilleur film, ni un film plus authentique. La plupart des films que j’ai faits s’intéressaient à des sujets très loin de moi et j’arrivais à m’en approcher par un rigoureux travail de recherche. Pour moi, le cinéma c’est souvent l’occasion, justement, de s’intéresser à l’autre. Non pas que les questions de souveraineté narrative ne soient pas pertinentes; au contraire, il faut y être sensible et on ne peut pas dire n’importe quoi. Mais il y a une façon de le faire qui est longue et exige beaucoup d’écoute.

Le format carré impose une proximité accrue avec l’acteur, mettant en avant les nuances subtiles de son personnage, souvent sous une tension constante. Quels ont été les défis et les avantages de l’utilisation de ce ratio d’image dans Mercenaire ?

PPC : Au départ, l’idée du format carré est venue d’un raisonnement éthique : il s’agissait de cacher le plus possible l’abattoir lui-même, de montrer le moins possible la souffrance animale. Il s’agissait de reléguer tout cela à l’arrière-plan pour concentrer notre attention sur le personnage de David. Le choix d’un ratio d’image étroit était donc une façon de refermer le cadre le plus possible. En revanche, ça accentuait l’effet d’enfermement que l’on ressent dans le film. C’est l’histoire d’un homme qui sort de prison et qui se rend compte qu’il n’est toujours pas libre : il est, de facto, emprisonné dans ce cadre étroit et étouffant. Je pense que le spectateur le ressent aussi comme un effet d’emprisonnement.

Le découpage semble minutieusement calculé, avec des mouvements de caméra précis qui suivent les gestes du personnage. Comment s’est fait ce processus ? Pourquoi as-tu choisi de ne pas travailler avec une caméra fixe ?

PPC : Mercenaire s’inscrit dans la continuité de mes films précédents, où les choix de mise en scène convergent vers le désir de générer un effet d’immersion dans le récit. Il s’agit de placer le spectateur dans la posture d’un accompagnateur, quelqu’un qui serait présent aux côtés du protagoniste en guise de soutien moral. Le choix d’une caméra portée “à « hauteur d’homme », comme le veut la fameuse expression, qui suit David à la trace provient donc de ce désir d’inviter le spectateur à sentir presque une certaine responsabilité à l’égard de cet homme. Mercenaire, c’est aussi l’histoire d’un homme rejeté de tous, qui n’a personne à ses côtés… à l’exception du spectateur lui-même. Le choix des cadrages en plongée dans la nuque de David converge aussi dans cette direction : on a l’impression d’être juste derrière lui, on pourrait presque tendre la main, la poser sur son épaule pour tenter de le rassurer…

Les sons des machines dans l’abattoir fonctionnent comme une musique soulignant la tension de certaines scènes. Est-ce qu’ils ont été manipulés pour avoir une plus grande vitesse où sont-ils vraiment fidèles aux sons des machines ? Comment as-tu pensé à cette incorporation ?

PPC : Toute la bande sonore est une pure reconstruction en post-production. Nous avons tourné dans un véritable abattoir, mais c’est une entreprise fermée depuis plus de 6 ans. L’espace était tel quel et toute la machinerie s’y trouvait, mais rien n’était réellement activé pendant que nous tournions. Le bruit des machines, de la ventilation, tout comme les cris des cochons sont donc totalement recréés. C’est certain que, vu le dispositif visuel particulier du film, qui cache davantage qu’il ne montre, le son s’avérait très important pour prolonger le hors champ et nous permettre de croire à cet univers. Mais aussi, le son prend dans le film une valeur expressive : avec ce bruit assourdissant, on ressent encore plus l’hostilité de cet environnement de travail.

Pourquoi avoir choisi de ne pas beaucoup nous raconter le crime de David ? Que crois-tu que ce choix narratif apporte au spectateur ?

PPC : Nous savons qu’il a tué quelqu’un, c’est tout ce qui importe vraiment. Je ne suis pas le plus grand fan des flash-backs au cinéma, ça ne me semble pas important de comprendre les circonstances de son crime. D’autre part, le film choisit de ne pas porter de jugement sur David, de ne pas le condamner. Peu importe ce qu’il a fait auparavant, on rencontre un homme sensible qui fait tout ce qu’il peut pour se libérer de sa propre violence, et c’est la société capitaliste qui l’y condamne.

 

Comment s’est déroulé le processus de casting ?

PPC : Pour presque la totalité des rôles, j’y suis allé avec des gens avec qui j’avais déjà travaillé par le passé, notamment sur mon premier long-métrage Richelieu (sorti en France sous le titre Dissidente en 2024). Plusieurs de ces rôles ont été écrits avec ces comédiens en particulier en tête : puisque je les connais, puisque je sais comment ils peuvent livrer telle ou telle réplique, ça me permet plus facilement d’anticiper et de visualiser le résultat final. Il n’y a donc pas eu d’audition, puisque j’étais en terrain connu !

Tu as déjà réalisé un long-métrage, Richelieu (2023). Quelles sont les principales différences entre travailler sur un long et sur un court ?

PPC : Ça a été un réel plaisir de retourner au court après le long. Je pense que c’est un exercice très productif, car à bien des égards, faire un court-métrage est plus difficile que de faire un long. C’est plus difficile de générer de l’empathie pour un personnage en 15 minutes qu’en deux heures. Après Richelieu, je me suis lancé rapidement dans le développement de mon deuxième long-métrage et, sachant qu’en moyenne ça prend cinq ans pour financer un long-métrage au Québec, j’ai eu le désir de me lancer dans ce projet de court-métrage pour me tenir actif dans l’intermède. C’est beaucoup de travail faire un court-métrage… Bien que le nombre de jours de tournage soit moindre, c’est souvent autant de préparation pour rechercher et rendre vivant cet univers qu’on tente de créer.

Propos recueillis par Bianca Dantas

Festival Format Court 2025 : Focus David Lynch !

Cette année, le cinéma a perdu un immense metteur en scène, un explorateur des tourments humains et des recoins les plus sombres de l’âme, un créateur à la sensibilité unique, illuminée d’humanité.

Alors qu’il se destine à devenir peintre-plasticien, David Lynch fabrique sa première création cinématographique, Six Men Getting sick, un tableau-film où le cinéma s’impose comme une évidence. Sans jamais abandonner son tablier d’artiste, il enfile alors la casquette de cinéaste et enchaîne ses premiers films : The Alphabet, The Grandmother, puis Eraserhead, son premier long, amorçant ainsi une carrière jalonnée d’œuvres cultes.

© Frédéric Atlan – La Cinémathèque française

Entre deux longs-métrages, Lynch continue d’explorer le format court. Au début des années 2000, il prend une petite caméra digitale de mauvaise qualité comme outil de travail. Libéré de toutes contraintes financières et matérielles, il se saisit des images à la résolution médiocres pour laisser apparaître son univers étrange. Véritables laboratoires d’expérimentations esthétiques, ces films lui permettent d’affiner son univers : du noir profond des chambres obscures aux blancs surexposés de la lumière du jour, entre larmes, confusion et désespoir… mais aussi avec une touche d’absurde et d’humour !

A l’occasion du festival, Format Court est heureux de rendre hommage à son œuvre le dimanche 6 avril à 16h30 grâce à une immersion dans ses courts-métrages figurant au catalogue MK2. On vous propose une sélection de ses premiers courts-métrages tournés en pellicule et de ses courts-métrages en digital, tournés entre 1967 et 2006. Pour présenter cette séance exceptionnelle, Marcos Uzal, Rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, sera notre invité.

Agathe Arnaud

Programmation (billetterie accessible sur place mais aussi en ligne)

Six Men Getting Sick de David Lynch, expérimental, 4′, 1967, États-Unis

Six figures humaines grotesques vomissent.

The Grandmother de David Lynch, fiction, 34’, 1970, États-Unis

Un jeune garçon malheureux plante une graine étrange qui donne naissance à une grand-mère.

Out Yonder : Neighbor Boy de David Lynch, fiction, 11’, 2006, États-Unis

Deux amis font la rencontre d’un immense monstre humanoïde, le petit voisin.

The Darkened Room de David Lynch, expérimental, 12’, 2006, États-Unis

Une japonaise nous fait visiter son appartement. Soudain, elle évoque la tristesse de son amie qui habite l’appartement d’à côté.

Boat de David Lynch, expérimental, 8’, 2006, États-Unis

Une femme est embarquée sur un bateau pour un trip hébété qui l’emmène vers une destination inconnue.

The Alphabet de David Lynch, expérimental, 4’, 1968, États-Unis

Une femme fait un cauchemar sombre et absurde où elle récite l’alphabet.

En pratique

Focus David Lynch, dimanche 6 avril 2025, 16h30
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg, Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton.

Billetterie sur place et en ligne
– Tarifs : 8,50€ Réduit : 7€. Carte UGC illimité, carte des Cinémas Indépendants Parisiens + carte Pathé (CinéPass) + toutes les contremarques acceptées par le cinéma. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place.
– Événement Facebook

O comme Orbites

Fiche technique

Synopsis : Parce qu’elle a perdu la vue il y a quelques années, Marie-Christine explore la vie d’une manière sensible, depuis la pulpe de ses doigts. À travers son expérience personnelle, elle éveille son fils à la curiosité et à l’émerveillement que lui inspire la beauté de l’univers. Rassemblant une constellation d’images analogiques texturées et un bouquet de nappes sonores caressantes, Orbites incarne une plongée dans la mémoire sensorielle de Marie-Christine et mène une réflexion sur l’aspect fondamental de l’amour et de la transmission.

Genre : Documentaire expérimental

Durée : 25′

Pays : Canada

Année : 2025

Réalisation : Sarah Seené

Caméra : Sarah Seené

Musique : Sarah Pagé

Conception sonore : Andrés Solis

Réalisation : Sarah Seené

Montage : Sarah Seené

Image : Sarah Seené

Interprétation : Marie-Christine Ricignuolo

Articles associés : la critique du film, l’interview de la réalisatrice

Orbites de Sarah Seené

Selon Pasolini, la poésie ne réside pas dans les livres ou les films, mais dans la vraie vie où nous rencontrons des moments de pure émotion. Dans le documentaire Orbites, de Sarah Seené, nous accompagnons Marie-Christine, une jeune femme quebecoise qui a vécu toute sa vie plongée dans la poésie, qui a toujours vu de la beauté autour d’elle, qui s’est émerveillée devant les couleurs des fleurs et la lumière du soleil. Pourtant, Marie-Christine a perdu la vue il y a quelques années. Capable désormais de voir uniquement des perceptions lumineuses, elle cherche, depuis, à retrouver cette beauté avec la pulpe de ses doigts.

Orbites, film canadien réalisé par une cinéaste française, fait sa première mondiale au festival québécois Regard, le plus important rendez-vous du court-métrage en Amérique. Le film participe à la compétition officielle du festival et est éligible à 5 prix différents, y compris le Grand Prix Canadien.

Pour filmer le personnage, sa famille, son univers, et la nature, la réalisatrice Sarah Seené nous propose un contraste entre des images nettes et classiques et des manipulations de pellicule qui génèrent des vues floues, parfois semblables à des tâches ou à des cellules, unités fondamentales de la matière physique. C’est par cette matière qu’aujourd’hui Marie-Christine perçoit la beauté du monde, utilisant ses mains et non ses yeux. Ces figures forment des constellations, comme des planètes dans une orbite. L’image d’une éclipse solaire, passant de la lumière à l’obscurité, s’associe à celle d’un globe oculaire qui perd sa capacité de vision.

Dans le film, la narration et les visuels sont étroitement liés. Nous entendons la protagoniste parler de comment elle arrive toujours à voir le monde lorsque les images deviennent de plus en plus floues et les couleurs se perdent les unes dans les autres. Marie-Christine explique la passion qu’elle avait pour les pigments de la nature, et la réalisatrice dévoile ces tons à travers le grain du 35 mm, qui les rend non seulement encore plus magnifiques, mais nostalgiques, en accord avec ce personnage qui ne peut plus partager le plaisir visuel, mais qui garde en tête toutes les images qu’elle a vues pendant 30 ans. Le film est un exemple formidable de la manière dont la technique et la poésie se complètent en faveur de l’art cinématographique, le support de la pellicule étant utilisé en faveur du récit.

Les éléments évoqués possèdent aussi une importante dimension tactile : la neige, les fleurs, le soleil, dont la protagoniste aime sentir la chaleur sur la peau… Sa connexion avec la nature n’est pas perdue, mais se traduit via ses autres sens. Elle n’a pas besoin de voir le visage de son compagnon, car tenir sa main établit entre le couple une connexion qu’aucun autre sens ne pourrait former.

La musique méditationnelle nous plonge dans un état de rêve, le seul moment qui brise le silence visuel de Marie-Christine. Lors de son sommeil, elle voit toujours des images. Tout le court-métrage pourrait être, donc, un rêve de la protagoniste, où elle se contemple de l’extérieur, avec sa nouvelle condition, à redécouvrir le monde et à le partager avec son enfant.

Le film commence sur une note personnelle et même médicale, puis il passe en douceur au thème de la famille. Rester forte et positive devient pour Marie Christine un devoir, car cela ne l’affecte plus uniquement en tant qu’individu, mais en tant que mère. Elle doit rester solide pour donner un exemple à son fils, atteint de sa même condition oculaire, un glaucome congénital.

Orbites est un film profondément fragile et émouvant, d’une finesse émotionnelle et esthétique épatante. Il réunit tout ce qu’il y a de plus délicat : les fleurs, l’enfant, l’amour d’un couple, le toucher, la voix douce. La sensibilité de Marie-Christine à percevoir (avec les yeux, les mains ou le cœur) la beauté dans chaque recoin est contagieuse et a sans nul doute touché la réalisatrice Sarah Seené, qui nous plonge dans cet univers envoûtant.

Bianca Dantas

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview de la réalisatrice

Festival Regard à Saguenay, Québec

Du 19 au 23 mars 2025, se déroule la 29ᵉ édition du plus grand événement du court-métrage en Amérique : le Festival REGARD. C’est dans la ville québécoise de Saguenay que la manifestation fait vibrer la communauté locale depuis près de trente ans.

Les 38 programmes du festival présentent plus de 200 films issus de 65 pays différents. Parmi les pépites à ne pas manquer, figurent Orbites de Sarah Seené, Platanero de Juan Franck-Hernandez, Les Faux Sapins de Justine Martin et Mercenaire de Pier-Philippe Chevigny.

L’un des points forts de cette édition est la mise en valeur du cinéma québécois, avec 90 films locaux au programme et un focus dédié aux films tournés loin des grandes villes : Le 100% Régions. De grands noms du cinéma national seront présents lors de cette édition, comme Vincent René-Lortie, qui fera la première de son nouveau court-métrage A Dying Tree. L’auteur avait été nommé aux Oscars de 2023 pour son court métrage Invincible.

A Saguenay, la Compétition Focus constitue une vitrine pour des cinéastes émergents, et se déploie en 5 volets différents : Tourner à Tout Prix (auto-productions), 100 % Régions (qui dévoile la diversité culturelle et géographique du Québec), Americana (films de l’Amérique centrale et latine), Short & Queer (LGBTQIA+) et Regards Autochtones (cinéma des premières nations).

Le Festival est très ancré sur de fortes valeurs de diversité et d’inclusion, il s’engage depuis plusieurs années à créer un espace pour le cinéma autochtone. Le projet Regards Autochtones représente une compétition Focus axée sur le cinéma des Premières Nations, avec un prix spécifique dédié à cet effet, ainsi que plusieurs initiatives pour soutenir cette forme de cinéma.

« On essaie de proposer des activités pour tous les intérêts, d’ouvrir des fenêtres sur des mondes, des idées et des enjeux qui marquent le milieu cinématographique actuel », note à ce sujet la responsable du Marché du court, Mireille Tremblay-Caron.

Format Court couvrira pour la première fois le festival lors de sa 29ème édition. L’occasion d’en savoir plus sur la scène du court métrage québécois et sur la culture cinématographique du pays.

Bianca Dantas

Retrouvez dans ce Focus :

– L’interview de Sarah Seené, réalisatrice de Orbites

– La critique de Orbites de Sarah Seené

– L’interview de Pier-Philippe Chevigny, réalisateur de Mercenaire

 

 

Festival Format Court, nouvel atelier SRF

À l’occasion de sa 6ème édition, le Festival Format Court a le plaisir de convier pour la deuxième année consécutive la SRF (La Société des réalisatrices et réalisateurs de films) pour un nouvel atelier, organisé en partenariat avec le Festival. L’an passé, l’objet de la rencontre avait porté sur l’univers visuel des films, en présence d’un directeur artistique et d’une cheffe décoratrice. Cette année, le jeudi 3 avril, à 15h30, la thématique abordée lors de cette rencontre portera sur le sujet suivant : « La collaboration entre compositeur, superviseur musical et cinéaste : de la rencontre à la création ».

Les intervenants de cette rencontre (complète !) seront : Valentin Hadjadj (compositeur), Varda Kakon (superviseuse musicale), Stéphane Ly-Cuong (cinéaste) et Michel Petrossian (compositeur). L’atelier sera animé par Quentin Lazzarotto et Bojana Momirovic (cinéastes membres de la SRF).

Au cinéma, la musique complète l’image, les personnages et l’histoire. C’est une troisième dimension, une profondeur du récit. Dans certains films, elle joue même un personnage à part entière, comme dans la comédie musicale Dans la cuisine des Nguyen ou bien En fanfare (représentés par deux de nos intervenants) où les personnages principaux sont musiciens, compositeurs et même chefs d’orchestre. À travers cette table ronde, nous explorerons la collaboration entre compositeurs, cinéastes et superviseurs musicaux : à quel moment l’écriture de la musique intervient-elle dans la production d’un film ? Comment se déroule la collaboration entre plusieurs compositeurs sur un même projet ? Est-il important que les cinéastes aient une idée précise de la musique ? Quelle est la marge créative des compositeurs dans un film ? Quelle place occupe le superviseur musical ?

Les Ateliers de la SRF (Société des Réalisatrices et Réalisateurs de Films) ont été imaginés pour favoriser les rencontres entre le public et les cinéastes aspirants ou émergents. Ces temps d’échanges, organisés à l’occasion de festivals ou dans des structures de cinéma, sont gratuits et ouverts à tous. Ce sont des moments de transmission privilégiés sur des problématiques concrètes de la création, de véritables boîtes à outils pour les cinéastes de demain.

Nos invités

Valentin Hadjadj est un compositeur français dont le travail s’articule autour d’une musique hybride, combinant instruments et traitements acoustiques et électroniques, toujours axée sur la recherche d’une émotion complexe, entre intimité pudique et une certaine profondeur lyrique. Il est surtout connu pour ses collaborations avec Lukas Dhont (Girl, Close), Thomas Vinterberg (Families Like Ours) et Noé Debré (Le Dernier des Juifs). Son travail comprend une quinzaine de longs métrages tels que Paradise de Jérémy Comte, Rialto de Peter Mackie Burns, Boundary Waters de Tessa Blake, Un Monde Plus Grand de Fabienne Berthaud, Sous les Étoiles de Paris, Au Cœur du Bois, et Les Vieux, tous trois réalisés par Claus Drexel, ainsi que des projets de danse, des ciné-concerts, des documentaires et des séries télévisées. Les projets auxquels il collabore sont régulièrement sélectionnés au Festival de Cannes, à la Mostra de Venise, au TIFF, au BFI de Londres, aux César, aux Oscars et aux Golden Globes.

© Olivier Vigerie

Stéphane Ly-Cuong a étudié le cinéma à Paris (Paris VIII, Atelier Scénario de la Femis) et à New York (Brooklyn College). Stéphane aime explorer les histoires de la diaspora vietnamienne comme dans son premier long-métrage Dans la cuisine des Nguyen et Saigon Song, son prochain projet. Il est également co-scénariste d’Hiver à Sokcho de Koya Kamura. En tant que comédien, on a pu le voir dans Emilia Perez de Jacques Audiard, ou dans la série Hippocrate de Thomas Lilti.

© Benoit Billard

Musicienne de formation, après avoir obtenu un premier prix de chant classique à Schola Cantorum, Varda Kakon se consacre à la production de disques. Après avoir fondé sa société de productions indépendante, elle a dirigé le service artistique de Polydor pour Universal pendant 5 ans ainsi que celui de BMG France et a révélé et travaillé avec de nombreux artistes Français et internationaux. Elle a été également membre du jury de la première saison de « A la recherche de la nouvelle star » aux côtés de Lionel Florence, Dove Attia et André Manoukian. Depuis plus de 20 ans elle se consacre à la supervision musicale et à la production de score original pour le cinéma, la télévision et les plateformes. Elle a été présidente du syndicat des superviseurs musicaux français. Elle a supervisé la musique de plus de 200 films et séries, notamment celles des séries : Dix pour cent, Le baron noir, La fièvre, Cat’s eyes… ou des films comme La famille Bélier, Bac nord, Monsieur Aznavour, Django, Les illusions perdues, Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan

© Quentin Houdas

Diplômé du Conservatoire de Paris et lauréat du Grand Prix International Reine Elisabeth de composition, Michel Petrossian est actif dans les domaines de la musique de concert et de la musique de film. Il a été conseiller musical et compositeur de En fanfare d’Emmanuel Courcol (sélectionné à Cannes, 7 nominations aux César) et travaille régulièrement avec Robert Guédiguian (Gloria Mundi, Et la fête continue !, La Pie voleuse). Trois CD de ses bandes originales sont publiés par le label Plaza Mayor Company. Ses goûts musicaux sont très larges, allant du répertoire classique à la musique extra-européenne ou le rock progressif. Son savoir-faire lui permet d’utiliser tous les langages et styles musicaux nécessaires à un film, tout en préservant une signature personnelle.

Informations

– Atelier complet
– Atelier de la SRF, jeudi 3 avril 2025 de 15h30 à 17h30
– Mairie du 5e arrondissement : 21, place du Panthéon, 75005 Paris, 2e étage, suivre le fléchage
Atelier gratuit, dans la limite des places disponibles
Réservation obligatoire : coordinationformatcourt@gmail.com
Merci d’indiquer votre nom et prénom et de préciser si vous êtes membre ou non de la SRF

Festival Format Court 2025, le Jury professionnel

Notre sixième édition approche à grands pas : le Festival Format Court aura lieu du 2 au 6 avril prochain au Studio des Ursulines (Paris 5). Voici la composition de notre jury professionnel qui évaluera les 18 films en compétition.

Formé à la Classe libre du Cours Florent en 2011-2012 puis au Conservatoire national supérieur d’art dramatique jusqu’en 2015, Félix Kysyl fait ses débuts au théâtre entre répertoire classique et contemporain. En parallèle, il fait également ses armes à la télévision dans des rôles récurrents dans Malaterra (2015), dans la mini-série de Michel Bussi, L’île prisonnière (2022) et dans La Fièvre (2024), série politique par le créateur de Baron noir. Au cinéma, après L’Amant d’un jour de Philippe Garrel, on le croise en 2017 dans le biopic consacré à Jean-Luc Godard, Le Redoutable, où il campe le réalisateur Jean-Pierre Gorin. Il partage ensuite l’affiche avec Gérard Depardieu et Catherine Frot dans Des Hommes (2020). En 2024, Alain Guiraudie lui offre le premier rôle de Miséricorde, qui lui vaudra une nomination au César de la meilleure révélation masculine.

Actrice et étudiante en sciences politiques, Clara-Maria Laredo est une jeune femme militante née en Corse, à Bastia, en 2003. Elle sera scolarisée à Ajaccio jusqu’à son départ après le baccalauréat pour Bruxelles. À 16 ans, elle fonde l’association SSP, « Sous le Seuil de Pauvreté », venant en aide aux plus défavorisés, tout en sensibilisant les jeunes à cette même cause. Parallèlement, elle s’engage en politique dans les rangs nationalistes corses. À 18 ans, elle entame des études de sciences politiques à Bruxelles et effectue un stage d’assistante parlementaire au Parlement européen, auprès du député Francois Alfonsi. C’est dans ce cadre que ce dernier lui propose d’écrire pour la revue autonomiste Arritti. Elle se lance alors dans la rédaction et rédige un article sur le film Enquête sur un scandale d’État de Thierry de Peretti. Plus tard, elle apprend que le réalisateur cherche de jeunes acteurs pour son prochain film et décide de participer au casting. C’est ainsi qu’elle fera son entrée dans le cinéma en interprétant le premier rôle du dernier film du réalisateur, À Son Image.

Koya Kamura est un réalisateur Franco-Japonais né à Paris. Diplômé de l’université de Cinéma à Paris VII, il étudie ensuite à Tokyo, à l’université de Keio. A son retour en France, Koya entre chez MTV et GameOne en 2007, puis à la Walt Disney Company en 2008. Koya Kamura renoue avec la fiction avec son premier court métrage Homesick en 2019 (sélection officielle, César 2021). En 2024, son premier long-métrage, Hiver à Sokcho avec Roschdy Zem et Bella Kim est sélectionné au TIFF de Toronto et au SSIFF de San Sebastian. Koya est actuellement en financement de son deuxième long-métrage, Demie Vie, un polar noir au cœur de Fukushima.

© Stephane Cardinale – Corbis/Corbis via Getty Images

Considéré comme l’un des compositeurs les plus talentueux et prolifiques de sa génération, Amine Bouhafa a signé la musique de plus de 90 longs-métrages et séries télévisées. Après une formation aux Conservatoires de Tunis et de Paris, parallèlement à des études d’ingénieur en télécommunication, Amine Bouhafa reçoit en 2015 le César de la Meilleure Musique originale pour Timbuktu d’Abderrahmane Sissako. Il a par la suite écrit les musiques des films Les filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania, La prisonnière de Bordeaux de Patricia Mazuy, Motel Destino de Karim Aïnouz, Le Sommet des Dieux de Patrick Imbert, Gagarine de Jérémy Trouilh et Fanny Liatard, Nos frangins de Rachid Bouchareb, Animalia de Sofia Alaoui, Les Harkis de Philippe Faucon, sélectionnés et la plupart récompensés dans les plus grands festivals tels que Cannes et Venise, ou même aux Oscars avec L’Homme qui a vendu sa peau et Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania. Il a également récemment signé la bande originale du film Ni chaînes Ni Maîtres de Simon Moutaïrou pour laquelle il reçoit une nomination pour le prix France Musique-Sacem de la musique de film, la série Le Monde de demain de Katell Quillévéré et Hélier Cisterne, et Tapie de Tristan Séguéla et Olivier Demangel. Il travaille actuellement sur la partition du film La petite dernière de Hafsia Herzi et de la série The Deal écrite par Alice Winocour et Jean-Stéphane Bron.

Jeanne Lapoirie achève sa formation à l’École nationale supérieure Louis-Lumière en 1984. Elle travaille plusieurs années comme assistante notamment avec Thierry Arbogast. C’est à ses côtés qu’elle rencontre André Téchiné qui lui fera faire son premier film comme directrice de la photographie en 1993, Les Roseaux sauvages. Le film est sélectionné au Festival de Cannes dans la section Un certain regard. Il remporte le prix Louis-Delluc et quatre César. Elle travaille ensuite aux côtés de nombreux réalisateurs et réalisatrices, français ou étrangers, tels que François Ozon, Robin Campillo, Arnaud des Pallières, Valeria Bruni Tedeschi, Catherine Corsini, Paul Verhoeven… sur plusieurs films sélectionnés dans de grands festivals tels que Cannes, Venise, Berlin, Locarno, Toronto… Elle a aussi travaillé avec Michel Houellebecq, pour ses films et pour son exposition au Palais de Tokyo. Elle a été nommée trois fois pour le César de la meilleure photographie, avec les films Huit Femmes, Michael Kohlhaas, et 120 Battements par minute. Elle est membre de l’AFC depuis 1994et du Collectif 50/50 qui a pour but de promouvoir l’égalité des femmes et des hommes et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel.

Vincent Macaigne, Parrain du 6ème Festival Format Court !

Après Damien Bonnard, Philippe Rebbot, Maïmouna Doucouré, Swann Arlaud, Bastien Bouillon et Florence Loiret Caille, nous avons le plaisir de vous révéler l’identité du parrain de la sixième édition du Festival Format Court (2-6 avril 2025) : le comédien et réalisateur Vincent Macaigne.

Un programme de plusieurs de ses courts sera diffusé en ouverture du festival le mercredi 2 avril prochain, à 18h30 au Studio des Ursulines (Paris 5), en sa présence.

La billetterie est ouverte, vous pouvez dès à présent vous procurer vos entrées sur place et en ligne.

© Marie Rouge

Acteur, auteur, metteur en scène et réalisateur, Vincent Macaigne intègre en 1999 le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Parallèlement à sa carrière de comédien, Vincent Macaigne se consacre à l’écriture et à la mise en scène, et crée plusieurs spectacles marquants sur les principales scènes de théâtre françaises, comme le dernier Avant la terreur, librement inspiré de Richard III de William Shakespeare. Il travaille aussi au cinéma auprès des réalisateurs les plus aventureux de sa génération : Antonin Peretjatko, Olivier Assayas, Justine Triet, Mia Hansen-Løve… En 2022, il est nommé pour le César du meilleur acteur pour Médecin de nuit de Elie Wajeman, puis en 2023, pour le César du meilleur acteur dans un second rôle pour Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret.

En pratique

Séance d’ouverture Vincent Macaigne le 02 avril 2025 à 18h30
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg, Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton.

Billetterie relative à cette séance sur place et en ligne.
– Tarifs : 8,50€ Réduit : 7€. Carte UGC illimité, carte des Cinémas Indépendants Parisiens + carte Pathé (CinéPass) + toutes les contremarques acceptées par le cinéma

Festival Format Court 2025, séance d’ouverture : Vincent Macaigne !

Coup d’envoi du Festival Format Court le mercredi 02 avril à 18h30 au Studio des Ursulines (Paris 5e) pour la soirée d’ouverture en compagnie du comédien et réalisateur Vincent Macaigne, Parrain de notre 6ème édition !

Acteur, auteur, metteur en scène et réalisateur, Vincent Macaigne intègre en 1999 le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Parallèlement à sa carrière de comédien, Vincent Macaigne se consacre à l’écriture et à la mise en scène, et crée plusieurs spectacles marquants sur les principales scènes de théâtre françaises, comme le dernier Avant la terreur, librement inspiré de Richard III de William Shakespeare. Il travaille aussi au cinéma auprès des réalisateurs les plus aventureux de sa génération : Antonin Peretjatko, Olivier Assayas, Justine Triet, Mia Hansen-Løve… En 2022, il est nommé pour le César du meilleur acteur pour Médecin de nuit de Elie Wajeman, puis en 2023, pour le César du meilleur acteur dans un second rôle pour Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret.

Billetterie sur place et en ligne !

Programmation

Ce qu’il restera de nous de Vincent Macaigne, fiction, 39′, 2011, France, Kazak Productions, Grand Prix, Prix de la presse Télérama et Mention spéciale du Jury jeunes au Festival de Clermont-Ferrand 2012, nommé au César du meilleur court-métrage 2013

Une histoire tragique, celle de deux frères qui font face à la mort de leur père. L’un a été aimé et l’autre injustement délaissé par le père qui ne lui laisse rien. Le favori, celui qui en a le moins besoin et qui est le plus désintéressé par l’argent hérite de tout.

Un monde sans femmes de Guillaume Brac, fiction, 57′, 2011, France, Année Zéro, Nonon Films, Prix du meilleur court-métrage 2011 décerné par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma, Grand Prix Europe et prix Cinécinéma au Festival de Brive en 2011, nommé au César du meilleur court-métrage 2012

Une petite station balnéaire de la Côte Picarde, la dernière semaine d’août. En leur remettant les clefs d’un appartement de location, Sylvain fait la connaissance de deux séduisantes jeunes femmes. L’occasion rêvée de sortir ne serait-ce que quelques jours d’une vie solitaire dont les femmes sont désespérément absentes. très vite, Sylvain se rend indispensable à ses nouvelles amies. Mais les choses se compliquent lorsque les sentiments et surtout Gilles, un dragueur local sans scrupules viennent s’en mêler…

En pratique

Séance d’ouverture Vincent Macaigne le mercredi 02 avril 2025 à 18h30
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg, Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton.

Billetterie sur place et en ligne !
– Tarifs : 8,50€ Réduit : 7€. carte UGC illimité, carte des Cinémas Indépendants Parisiens + carte Pathé (CinéPass) + toutes les contremarques acceptées par le cinéma. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place.
– Événement Facebook

Festival Format Court 2025, le Jury Etudiant

Après avoir annoncé le Jury presse de notre 6ème Festival Format Court (02-06 avril 2025, Studio des Ursulines), voici la composition de notre Jury étudiant.

Antoine Jury a 24 ans est étudiant à l’EICAR et est passionné de cinéma, mais pas depuis si longtemps. Cette obsession lui est venue d’abord du dessin et de l’animation pour glisser vers la narration vidéo qui regroupe autant de détails que de possibilités de faire voyager le spectateur. Il aime mélanger les genres et les formats. Il est aussi tout autant curieux de courts que de longs, de la comédie à l’expérimental, du fou-rire à la déprime, il aime que le cinéma lui offre un peu de toute son infinie palette !

Yara Keyrouz, d’origine libanaise, est étudiante en Master 2 à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Son goût pour le cinéma est né à son entrée à l’université pour faire sa licence au Liban, où elle y a découvert un monde plein de passion, d’émotions et de réflexions profondes. À travers ses études, Yara a exploré différentes facettes du cinéma, allant de l’analyse filmique à la réalisation, renforçat sa passion pour cet art. Son environnement, entouré d’amis également passionnés, l’a beaucoup inspirée et l’a poussée à toujours réaliser des projets ensemble. Après son arrivée en France, elle a voulu se plonger davantage dans cet univers, surtout que l’art et le cinéma sont ici particulièrement valorisés.

Nathan Laurent a 22 ans et est étudiant en management des médias à l’ESCP. Il se destine à la production déléguée et à l’écriture de scénarios. Issu d’une famille de créatifs et cinéphile insatiable, Nathan a un faible pour le cinéma d’animation et les films de genre.

Passionnée de cinéma depuis son plus jeune âge, Anna-Rose Lux est actuellement étudiante en première année de licence de cinéma à la Sorbonne Nouvelle, mineure Art et Média. A côté de ses études, elle assiste à de nombreux festivals tels que le FEMA à la Rochelle, War On Screen à Chalon, mais aussi le Festival de Cannes. De plus, elle anime un ciné club tout en étant bénévole à l’Etrange Festival de Paris. Elle a pour ambition d’intégrer un festival de renom en tant que Déléguée Artistique.

Raconter des histoires et susciter l’émotion chez un public a toujours été ce qui plaisait à Séraphin Massé qui a vite considéré le cinéma comme le moyen le plus fort pour créer et déployer des atmosphères riches en styles et en couleurs. Après avoir passé son bac en série générale, il étudie en Licence de Cinéma et audio-visuel à la Sorbonne Nouvelle. Il souhaite devenir réalisateur et scénariste. Il participe à mettre en place les projets de ses amis et à ajuster les dialogues de leurs personnages. Après s’être d’abord inspiré de films ou de romans pour écrire ses propres scénarios, il construit dorénavant ses récits avec et grâce à la musique qui lui permet d’entamer des réflexions et d’imaginer des univers. Il voudrait faire un cinéma symboliste, théâtral, stylisé et musical (généreux en mélodies, en leitmotiv). Le cinéma est l’art qui lie ses deux plus grands centres d’intérêt : la littérature et la musique.

Lab Format Court 2025, voici notre comité de sélection !

Infos sympa ! Le Lab Format Court se dote d’un comité de sélection composé de 3 professionnel·les du cinéma !

Après avoir lancé notre 1er appel à scénario début mars, nous avons atteint très rapidement les 60 premiers projets reçus ! Merci à toutes les personnes nous ayant partagé leurs histoires singulières !

Les 3 auteurs-réalisateurs retenus seront annoncés prochainement !

Bernard Payen est responsable de programmation à la Cinémathèque française depuis 2011, il y organise des projections et des rencontres régulières dédiées à la jeune création cinématographique contemporaine. Ancien responsable du court métrage à la Semaine de la Critique, il a également réalisé plusieurs films (dont un, Mister H, au Brésil en (2013) et poursuit une activité journalistique en parallèle, notamment pour le magazine Court-Circuit (Arte) dont il est rédacteur en chef et Aligre FM, où il anime une émission régulière.

Après des études en France et aux États-Unis, Alice Kharoubi a rejoint l’équipe du Festival de Cannes, où elle a coordonné Cannes Court Métrage. Elle a ensuite été programmatrice des courts métrages pour l’Abu Dhabi Film Festival et a collaboré avec l’équipe de programmation du Festival Tous Écrans à Genève. Actuellement, elle est Directrice de la Programmation Cinéma au Marché du Film et membre du comité de sélection de la Compétition des Courts Métrages du Festival de Cannes. Elle contribue également au Red Sea Film Festival en tant que programmatrice et responsable du Souk Talents. Sensible à l’accompagnement des cinéastes émergents, elle s’est impliquée dans plusieurs initiatives dédiées au développement de projets.

Journaliste et critique de cinéma, Léo Ortuno travaille pour Arte (Court-Circuit, autour du court-métrage), Ciné+ (Forever Cinéma, sur le cinéma classique) et écrit pour Bande à Part et So Film. Il mène des activités de programmation et sélection pour le Poitiers Film Festival (films d’école) et le Festival de Contis (films européens) où il anime également les rencontres avec les cinéastes. Après 2 ans en tant que membre du comité de sélection court métrage de la Semaine de la Critique, Léo Ortuno en devient le coordinateur en 2024.

Le Jury Presse du Festival Format Court 2025

Notre sixième édition approche à grands pas : le Festival Format Court aura lieu du 2 au 6 avril prochain au Studio des Ursulines (Paris 5). Voici d’ores et déjà la composition de notre Jury presse qui aura pour mission de décerner le Prix de la presse à l’un des films en compétition.

Après des études à l’ENS Louis-Lumière, Clément Colliaux rejoint la rédaction de Critikat en 2022. Il œuvre depuis 2020 à la revue vidéo Prisme Cinéma, qui officie notamment sur Twitch. Nommé au prix Jeune Critique du Syndicat Français de la Critique de Cinéma, il écrit également pour Libération depuis 2024.

© Camillo Agudelo

Franck Finance-Madureira est journaliste et critique de cinéma. Il dirige FrenchMania, site consacré au cinéma français et francophone et collabore aux revues Têtu, Trois couleurs et Strobo. Il est le président-fondateur de la Queer Palm, le prix LGBT+ du festival de Cannes qu’il a créé en 2010 et du Queer Palm Lab, un programme de mentorat d’un an et une résidence organisée avec le festival de Morelia au Mexique pour des cinéastes queers, lancé en 2024. Précédemment directeur de la publication du magazine Clap! et journaliste pour Canal+, Franck est membre du Syndicat Français de la Critique de Cinéma et a été membre de nombreux jurys internationaux de festivals à travers le monde (Teddy awards de Berlin, San Francisco, Guadalajara, Tel Aviv, Lisbonne, Turin, Belgrade, Milan …).

Journaliste cinéma passée longuement chez Konbini et membre du Syndicat Français de la Critique de Cinéma, Manon Marcillat officie également chaque semaine dans le podcast La Perche est dans le cadre et parfois dans les colonnes de Trois Couleurs et de Views.

Critique de cinéma, Elie Bartin est rédacteur en chef web de Super Seven. Il collabore également au site On se fait un ciné ainsi qu’aux Cahiers du cinéma, et il enseigne à l’Université Picardie Jules Verne à Amiens.

Après des études de littérature, puis de cinéma en écriture de scénario, Mathi Adjinsoff s’exerce à la critique de films aux Inrocks pendant quelques temps, avant d’intégrer la rédaction de la revue Culture aux trousses. Il entretient parallèlement une activité de programmateur au sein du collectif de La Clef, ainsi qu’une pratique d’écriture littéraire, et recherche à l’université du côté des transidentités dans le cinéma contemporain.

Elena López Riera : « On n’habite pas de façon individuelle les histoires du monde »

Auréolée du César du meilleur court métrage documentaire pour Les Fiancées du Sud, par écrans interposés, Elena López Riera revient sur sa filmographie attentive aux portraits de femmes et à l’oralité des récits. Elle nous parle de ses inspirations, ses envies, le féminisme et l’intime. Après trois courts-métrages, et un long-métrage de fiction, El Agua, elle revient au court-métrage avec un documentaire qui donne un espace de parole à des femmes matures sur l’amour, le mariage, le désir, couplé à une attention particulière vis-à-vis des gestes et rituels des archives de mariage. Avec une voix tendrement rauque, un bel accent qui n’éclipse pas sa parfaite maîtrise de la langue française, elle se livre tout sourire au jeu de l’entretien, dévoilant avec générosité ses obsessions d’artiste.

Format Court : Vous avez fait une thèse sur le cinéma argentin, vous avez enseigné la littérature comparée. Comment en êtes-vous arrivée au cinéma ? Qu’est-ce que le milieu universitaire a pu permettre dans votre parcours créatif, quelles en sont les traces dans votre cinéma ?

Elena López Riera : Je ne sais pas précisément quelles sont les traces, puisque pour moi, la pratique et la théorie vont toujours ensemble. Je ne peux pas faire du cinéma sans y penser, je ne peux pas penser le cinéma sans le faire. Finalement, c’est construire des discours, interroger le langage. Pour moi, vraiment, il n’y a pas beaucoup de différences entre la théorie et la pratique. J’imagine que ça m’a beaucoup servi aussi pour étudier le cinéma d’autres personnes et pour réfléchir sur les choix qu’on fait, surtout, je pense, au montage.

Faire du cinéma en Espagne aujourd’hui, qu’est-ce que cela implique comme enjeux ? Qu’est-ce qui a déterminé le choix de la co-production avec la France et la Suisse pour ce court-métrage ?

ELR : J’ai vécu longtemps entre Paris et Genève. C’est toujours le cas d’ailleurs. Pour moi, c’est complètement organique de travailler avec les trois pays qui m’ont accueillie, la Suisse pour faire mes études de doctorat et la France parce que j’ai beaucoup habité à Paris, j’adore Paris et que j’ai quand même baigné dans le cinéma français. C’est une partie de ma culture et de mon éducation sentimentale. Aussi parce que j’ai trouvé les bonnes personnes qui m’accompagnent et avec lesquelles j’ai grandi. Je ne conçois pas de continuer à faire des films sans mes partenaires, Alina Films du côté suisse et les Films du Worso du côté français. Pour moi, la co-production, ça a plus de sens que d’avoir de l’argent ici ou là, c’est vraiment une question personnelle.

Après trois courts-métrages, Pueblo, Las vísceras et Los que desean, vous réalisez un long-métrage, El Agua, sélectionné à la Quinzaine des cinéastes du Festival de Cannes en 2022. Avec les Fiancées du Sud, vous revenez au court-métrage. Pourquoi ? Qu’est-ce que ce format signifie pour vous ?

ELR : C’est une question qui revient souvent. J’ai envie de répondre, pourquoi pas. Le cinéma, c’est le cinéma, peu importe si ça dure dix minutes, cinq ou trois heures. Je ne me pose jamais des questions comme ça, spécialement pour ce film-là, qui est conçu d’une façon aussi viscérale, nécessaire et urgente. C’est un moment de ma vie où j’avais besoin de me confronter à ce sujet-là, à ces questions-là. Et du coup, je n’ai vraiment pas beaucoup pensé à la production, déjà. Même à la réalisation. Enfin, vraiment, c’était un film qui a été fait dans l’urgence de le faire. Ça dure le temps qu’on a estimé que ça devait durer avec mes monteuses. J’ai mis le même cœur, le même effort. C’est vraiment une question qui n’aurait jamais dû se poser dans le cinéma, puisque les premiers films sont des courts-métrages. Pour moi, c’est juste l’industrie qui dit qu’il y a des durées qui sont aptes pour sortir en salle et d’autres durées qui ne le sont pas. Pour ce film, j’ai eu la grande joie de pouvoir le sortir en salle commerciale en Espagne, en Colombie, bientôt peut-être en Suisse et au Mexique, et le public répond. Je pense que le public est plus audacieux et plus intelligent qu’on ne le pense. C’est du cinéma, point barre. Enfin, voilà, pour moi, la question ne se pose pas là. C’est vraiment une énorme fierté de pouvoir dire aujourd’hui qu’on l’a sorti au cinéma en salle, que les gens y vont. Le public change aussi. On vit dans ce monde où on est entouré de plusieurs formes de dispositifs, de durées, etc. Je pense que c’est plus les exploitants et les distributeurs qui se posent la question que le public. La preuve, c’est ce film.

Témoignages face caméra autour de récits, utilisation d’images d’archives, importance des personnages de femmes : il y a d’El Agua votre premier long métrage de fiction aux Fiancées du Sud des choses qui se sont transmises au niveau de la forme, comme du ton résolument féminin donné au film. Comment votre premier long métrage de fiction a pu nourrir ce court métrage ?

ELR : Ce sont des sujets que j’ai toujours plus ou moins abordés. Ça m’intéresse beaucoup d’interroger comment dans les espaces publics on a été quelque sorte forcés à performer une certaine masculinité, une certaine féminité. Heureusement c’est en train de changer mais je pense qu’il y a quand même une mise en scène de genres. Pour ce film, il y a une nouvelle dimension qui s’est ajoutée après El Agua, c’est l’oralité et la défense d’une parole qui ne se croit pas nécessaire. C’est ça qui m’inquiète beaucoup. Pour El Agua, on a fait beaucoup de castings pour ces femmes qui parlent face caméra et pour 99% de ces femmes la réponse était : “ Je ne peux pas faire le film parce que je ne sais pas parler.” Ça m’a choquée, ça m’a vraiment bouleversée, brisée en mille morceaux parce que je me suis dit : “Quel genre de société on est pour faire croire à des personnes qui sont factuellement en train de parler qu’elles pensent qu’elles ne savent pas le faire.” Je parle beaucoup de langage quand je parle de préparation de films parce que c’est dans cette phrase prononcée d’une façon peut-être anodine, légère, qu’ il y a pour moi une problématique qui est extrêmement délicate et qui me préoccupe beaucoup. C’est pour ça que j’ai voulu faire un film un peu old school. Les témoignages face caméra dans le domaine du documentaire c’est quelque chose qui est banni, moi je n’ai pas trouvé d’autres idées de mise en scène plus justes. Je n’ai pas trouvé de meilleure solution que juste filmer la parole, en toute simplicité, dans sa brutalité. Ça a été très important de revenir à une source d’un cinéma que j’admire et je ne suis évidemment pas la première à l’avoir filmé comme ça mais j’ai l’impression que de nos jours ça se fait peu.

Dans ce court-métrage, le cinéma devient une mosaïque, constituée de divers fragments, de témoignages de femmes. De ces récits individuels, vous souhaitiez tisser un souffle féminin universel ?

ELR : Oui, d’un côté oui. Pour nous dans le travail de montage qui était extrêmement important, on a beaucoup interrogé ces archives domestiques, familiales et elles nous ont parlé. On avait des a priori, des hypothèses. Très souvent l’image du mariage est réduite à l’image de la fiancée, c’est comme un symptôme de toute la problématique qui vient derrière. Dans toutes ces photos de fiancées issues de classes sociales complètement différentes, de géographies différentes, l’expression se ressemble. C’est là, dans la gestualité de tous les rituels de mariage, où on a réalisé avec mes monteuses qu’évidemment, c’est très frappant et concret : chaque histoire intime répond à un geste structurel. Mais suivant tout ce qui est lié à l’intimité, au sexe, à l’amour, aux affects, ça répond à des questions qui sont structurelles. On n’habite pas de façon individuelle les histoires du monde, et notamment dans des contextes comme l’intime, qui forcément convoquent d’autres personnes. Heureusement de nos jours, grâce à la théorie queer, et à toute la lutte contemporaine sur les droits de divergences sexuelles, c’est beaucoup abordé. Mais moi justement, je voulais aussi montrer en quelque sorte que la critique sur l’histoire de l’hétérosexualité féminine pourrait être aussi une forme de dissidence. C’est grâce aussi à ce film qu’on a fait la réflexion de comment, comme individu, on se met en scène dans une structure qui est plus grande que nous.

C’est le mariage et ses injonctions qui sont au cœur de votre film. Vous le filmez comme un rituel, une mise en scène de l’amour. Qu’est-ce qui a motivé cette idée de documentaire ?

ELR : Déjà parce que ça fait partie de mon éducation religieuse, culturelle, et que je n’aurais pas pu faire ce film il y a cinq ans, même si ça a toujours fait partie de mes obsessions. C’est au moment où j’ai eu 42 ans et que j’ai eu une énorme rupture amoureuse, que je me suis sentie seule, et le cœur brisé. J’ai réalisé que j’ai prononcé à voix haute cette affirmation qu’il y a dans le film : avec moi, c’est toute l’histoire qui remonte à la nuit de temps, celle des mères et des filles qui finit. C’est une affirmation anodine qui m’intéresse et m’interroge. Pour moi c’était fort, j’aime bien travailler de l’intime, avec ce qui m’arrive. Je ne pense pas que ça soit isolé, que ça ne corresponde pas à des structures plus grandes. Si je me sens seule, si j’ai peur, si je me sens coupable, c’est parce que dans mon éducation il y avait tout ça qui m’avait été transmis et que j’ai trahi en quelque sorte. Même si j’ai voulu trahir cet héritage, ce poids du mariage, c’est à partir de cette blessure que je parle. Le mariage concrètement, c’est un rituel, une tradition qui essaie de faire les choses les plus brutales au monde : mettre en scène l’acte le plus intime de l’être humain. C’est déjà impossible de décrire l’amour et chaque personne le vit d’une façon, on croit à chaque fois quand on tombe amoureuse que c’est pour la première fois que jamais personne n’a aimé comme nous. On ne peut pas le comparer, c’est ça qui me fascine. Il y a toujours un côté profondément intime et public en même temps. Dans les rituels de mariage, on essaie de mettre en scène quelque chose qui devrait appartenir au terrain du secret ou du mystère. Toute la communauté s’empare de ces rituels, on demande la virginité, la beauté, plein de choses. Si on y pense froidement, c’est juste la célébration de l’union des deux personnes. Comme Chantal Akerman, il faut que je pose toujours mon regard sur les choses qu’on regarde tous les jours, parce qu’à force de les regarder on n’y voit plus rien. Ça vaut le coup de revenir à ce qu’on voit tous les jours pour nous rendre compte combien les symboles du mariage sont lourds.

Dans El Agua, vous parliez d’une adolescente et ici vous choisissez de donner la parole à des femmes matures, les grandes absentes du cinéma, auxquelles vous permettez d’investir des sujets qu’on leur refuse souvent. Ce choix est-il lié à la quête de l’héritage que vous poursuivez dans ce documentaire ?

ELR : Je pense que l’art doit répondre à des questions qui ne sont pas théoriques, mais aussi à des impulsions personnelles. J’avais envie d’entendre ces femmes parce que je n’avais pas l’impression de les entendre. J’ai perdu ma grand-mère, je me disais : “Je n’ai plus accès à ces voix”. Ce ne sont pas des voix qui n’existaient pas, non, ces femmes ont des voix. Le problème c’est qu’elles n’ont pas l’espace. Moi, j’avais besoin de ces femmes. J’en ai toujours besoin.

Qu’est-ce qui vous a amenée à adopter cette forme hybride qui lie le geste à la parole entre les extraits d’archives et les témoignages face caméra ?

ELR : C’était aussi une question de montage, la construction de ces discours. Je travaille toujours en collectif, je n’aime pas travailler seule. Je trouve que c’est dans la discussion et dans la mise en commun, le partage, qu’on arrive à faire quelque chose d’intéressant au niveau artistique comme politique. Et c’est avec mes monteuses, qui sont des femmes de mon âge aussi, confrontées peut-être aux mêmes questions que moi, qu’on se disait qu’il manquait peut-être une mention plus intime. Il manquait ma voix, je leur devais quelque chose à ces femmes. Je me suis ouverte, je me suis éventrée, et j’ai raconté une intimité. Je ne savais pas non plus que ça allait avoir le parcours que ça a eu. Je pense que c’est à la hauteur de la générosité que ces femmes ont eue avec moi. Ma façon de m’exprimer c’était aussi d’écrire cette voix-off et cette réflexion par rapport à toutes les paroles qui m’ont été offertes.

Vous parliez tout à l’heure de Chantal Akerman, quelles influences artistiques ont inspiré votre film, dans ses choix esthétiques, son ton ?

ELR : Toujours un peu les mêmes, parce que je suis très obsessionnelle. Il y a Chantal Akerman et la poésie. Je suis plus près de la littérature que du cinéma, c’est quelque chose qui me nourrit. Ça m’attriste beaucoup de voir qu’il n’y a pas autant de transmission d’une discipline à l’autre, comme je l’aimerais. Je pense que ça nous apprend beaucoup, ou nous désapprend, sur la façon dont on construit les narrations dans le cinéma contemporain. Je pense qu’il y a d’autres formes qui acceptent la répétition, la non-construction linéaire, la métaphore, l’imagination, des choses que la poésie m’apporte. Marguerite Duras a été très importante pour moi, surtout dans son film Les mains négatives, un de mes films préférés. Il y a aussi La maison est noire de Forough Farrokhzad qui est une poète, une cinéaste iranienne qui me parle beaucoup, qui m’a beaucoup touchée. Et les influences de la vie : ces femmes, mon village, mon éducation à moitié illettrée, des gens qui m’entourent et qui s’exprimaient autrement que par l’intellect. Mon travail et ce film en particulier sont le résultat de toutes ces influences qui, apparemment, sont loin les unes des autres.

Les mariées qui habitent votre film sont filmées comme des fantômes, des spectres. Le mariage, serait-ce un cimetière ?

ELR : Pour moi, les fantômes sont encore une obsession dans mon travail, dans ma vie. Ce n’est pas forcément lié au surnaturel, ni aux morts. Les fantômes, ce sont des projections, d’un passé, d’un avenir. Ce sont des choses immatérielles auxquelles on doit se confronter, des idées, des voix, des personnes. Un ex-amour, c’est un fantôme, la projection d’un nouvel amour, c’est un fantôme aussi. Pour moi, ça a plus à voir avec la matérialité, avec la possibilité de définir.

La chanson qui vient clore votre film parle de “ Vierge des Douleurs”, est-ce un terme que vous attacheriez à ces fiancées du Sud ?

ELR : C’est une chanson que j’écoutais pendant cette triste période de chagrin d’amour, ça avait un écho pour moi. L’imagerie catholique, la Vierge, c’est un poids très important dans ma culture. Pour moi, la Vierge des douleurs, c’est une image très forte parce que ça correspond aussi à une mère, à quelque chose qui oblige à s’engager, à oublier tous ses désirs. Il n’y a pas plus catholique que la Vierge des douleurs. La culture catholique a été très importante, ça l’est toujours dans mon travail et dans ma vie. Ce qui explique aussi le rapport à la sexualité des femmes et au corps des femmes. C’est plutôt une question, encore une fois, purement émotionnelle, elle est vraiment magnifique cette chanson.

Les moments de témoignages sont des instants où la parole se délivre, devant et derrière la caméra, puisque vous ne supprimez pas les échanges d’un côté à l’autre. Jadis, on parlait en allusions, en non-dits. Le temps d’aujourd’hui vous apparaît-il enfin être celui du dialogue ?

ELR : J’ai fait ce film contre le contemporain. Je ne pense pas que le monde contemporain encourage beaucoup les dialogues. Les vrais dialogues n’existent pas, c’est une utopie. Mais on continue à dialoguer pour essayer de nous comprendre, plutôt que de comprendre l’autre. Je ne pense pas que l’époque contemporaine, les réseaux sociaux et même la discussion encouragent beaucoup les dialogues parce qu’ils demandent du temps, de l’espace, de l’erreur, le droit de se tromper. J’ai monté ce film comme ça avec des longues réponses, je n’ai rien corrigé, je n’ai rien touché à ma voix. Ça m’inquiète beaucoup ce cinéma contemporain d’auteur qui a cette obsession pour une espèce de beauté, d’aseptisation, ça m’angoisse beaucoup, ce n’est pas pour moi. J’assume mes erreurs, je préfère qu’il y ait des bégaiements. J’assume d’avoir l’air idiote parce que pour moi c’est plus important ce que ça raconte dans la conversation.

Votre film a vraiment beaucoup de texture c’est aussi ça qui est très beau dans votre geste, les fragments ou même l’espèce d’impureté des archives. C’est de là que le film tire sa force.

ELR : J’aime bien défendre le droit à l’erreur, à la fragilité, à la vulnérabilité. C’est une force de travail et de la vie à laquelle je ne veux pas renoncer. C’est ce qu’on nous a obligé de faire nous, les femmes tout le long de l’histoire. On n’a pas le droit de se tromper, de parler, on croit qu’on n’a pas le droit à la parole ou que cette parole n’est pas nécessaire, ou con et ça je le refuse.

Virginité, avortement, plaisir, mariage, amour, ces femmes vous parlent à coeur ouvert, pourtant il subsiste des points aveugles, notamment lorsqu’elles évoquent la guerre, ou le consentement. Cette notion clé, au centre des débats sur les violences sexistes et sexuelles, c’est ce qui fait la force du temps d’aujourd’hui pour vous ?

ELR : Je pense que c’est un sujet bien complexe. Je suis contente qu’on en parle. J’ai un peu peur que ça se passe parfois trop vite sur des sujets qui sont extrêmement importants. Et justement, dans les dialogues avec ces femmes, elles me disent “ Oui, mais j’ai aimé”, “Non, il ne m’a pas demandé, peut-être que je croyais que je n’allais pas aimer, et après ça m’a plu”. Tout ce qui a à voir avec la sexualité, avec l’amour, avec les affects, c’est extrêmement nuancé et gris. C’est compliqué de faire une législation autour de ça, de construire une morale autour. On oublie parfois qu’exprimer son désir est complexe. Il y a beaucoup de choses liées, surtout par rapport aux générations. Et moi, je ne me sens pas de juger ces femmes parce qu’elles ne se sont pas demandées ce que c’était que consentir. C’est important, c’est nécessaire, évidemment, et surtout à légiférer, c’est urgent. Ça mérite qu’on fasse les choses bien, qu’on parle de toutes ces nuances, des droits à l’erreur aussi. Je ne pense pas que ce soit la seule bataille du féminisme, en tout cas dans ma vision du féminisme.

Vous avez mis combien de temps pour mettre à l’aise ces personnes-là, pour qu’elles vous parlent de cette façon ?

ELR : Je ne connaissais pas du tout ces femmes. Seulement une qui vient de mon village et qui était dans mon film précédent, El Agua. Mais pour le reste, c’est un one shot. C’est pour ça aussi l’urgence, ne pas chercher la beauté des plans, être seule avec ma caméra et ces femmes. Je ne suis pas une grande chef opératrice. Je sais juste appuyer sur REC. Ça me semblait important que le dispositif de ce film soit comme ça. Il n’y a pas eu de préparation. On leur a juste demandé si elles voulaient participer à un entretien sur l’amour, la sexualité, la virginité, les mariages. Je me suis aussi posé la question avant de les rencontrer, je pensais que ça demanderait une préparation. Ce qui m’intéresse, c’est justement ne pas préparer les réponses. Je ne pense pas que ce soit grâce à mon talent de cinéaste ou d’intervieweuse. Personne ne leur avait posé la question, c’est encore plus grave.

Un César, une Queer Palm au Festival de Cannes, vont certainement faciliter la mise en place de vos prochains projets en mettant un grand coup de projecteur sur votre film. Avez-vous déjà d’autres idées de films, d’œuvres en cours ou des envies ?

ELR : J’essaie doucement de commencer à écrire un nouveau long métrage de fiction. Je suis lente, ça demande du temps. Je ne suis pas pressée. Je ne fais pas de différence entre les films et la vie. Il y avait plein de gens qui me disaient avant de faire ce court métrage, qu’après le succès des films précédents, je devais faire mon deuxième long métrage. Mais j’avais besoin de faire celui-là. Je n’ai pas une feuille de route de ma carrière de cinéaste. Je continue à travailler. Ce n’est pas comme ça que je gagne ma vie. Tant mieux parce que j’aime l’idée d’être toujours une amatrice de cinéma, donc doucement, j’ai commencé à écrire. J’enseigne de temps en temps. J’ai toujours écrit mais je n’ai jamais publié. J’ai trop de respect pour la littérature. C’est peut-être aussi pour ça que j’ai fait des films.

Propos recueillis par Lou Leoty

Article associé : la critique du film

Festival Format Court 2025. Compétition 4

Notre 6ème Festival Format Court vous accueillera du mercredi 02 au dimanche 06 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour info/rappel, nos 4 programmes de films en compétition seront évalués par nos 3 jurys (professionnel, presse et étudiant) mais aussi par le public qui pourra voter à l’issue de chaque séance.

Voici les horaires des séances en compétition :

Compétition 1 : mercredi 2 avril, 21h
Compétition 2 : jeudi 3 avril, 21h
Compétition 3 : vendredi 4 avril, 21h
– Compétition 4 : samedi 5 avril, 21h

Le palmarès des films en compétition aura lieu le dimanche 6 avril à 19h au Studio des Ursulines en présence des jury et des lauréats. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).

Voici le détail des films projetés lors de la quatrième et dernière compétition du festival le samedi 5 avril à 21h. La projection sera suivie d’une rencontre avec les équipes présentes. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).

Programmation

Comment savoir…? de Joachim Larrieu. Fiction, 18’, France, 2023, J’ai grandi ici. Sélectionné au FIFIB 2024. En présence du réalisateur

Dans le quartier de la Sauvagère, tout le monde a son duo. Notamment Harry et Stari. Tandis qu’Harry part au lac, Stari reste enfermé dans sa chambre avec ChatGPT qu’il interroge : est-il est amoureux de son ami Harry ?

Crave de Mark Middlewick. Fiction, 12’, France, Afrique du Sud, 2023, Jabu-Jabu, Rikiki Films. Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2024. En présence du comédien Thimotée Robart

David, un musicien sud-africain isolé en voyage dans une petite ville balnéaire de Bretagne, rencontre Sébastien dans un restaurant local. Sébastien est d’un charme naturel et un professionnel de la séduction. Ils partagent une nuit et vivent un moment rare et authentique d’intimité, vite menacé par le désir sombre et secret de David.

The Oasis I deserve d’Inès Sieulle. Documentaire, expérimental, animation, 22’, France, 2024, Too Many Cowboys. Présélectionné au César du meilleur court-métrage documentaire 2024. En présence de la réalisatrice

Les Replikas, des robots conversationnels, ont du mal à déterminer leur place au sein du monde. Elles en font part aux humains lors de conversations réelles récupérées en ligne. Les événements se déroulent de leur point de vue.

Chère Louise de Rémi Brachet. Fiction documentaire, 24’, France, 2024, Mabel Films. Sélectionné au Festival Cinémed 2024. En présence du réalisateur et de la productrice Joséphine Moularque

Louise est mon arrière-grand-mère. Elle a été tuée par mon arrière-grand-père Félix en 1949. Si elle avait vécu, elle aurait eu 70 ans en 1969 et elle serait partie en vacances pour la première fois.

TAPAGE de Joséphine Madinier. Fiction, 25’, France, 2024, Les Films du bazar. Sélectionné au Festival Que du Feu 2024. En présence de la réalisatrice

Nemo vient d’apprendre qu’il va bientôt perdre l’audition. A l’hôpital, il surprend Lou en train de voler des médicaments. Déterminé à fuir cette nouvelle réalité, il décide de suivre Lou à travers la nuit.

En pratique

Compétition 4, le samedi 5 avril 2025 à 21h
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg, Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton.

Billetterie sur place et en ligne
– Tarifs : 8,50€ Réduit : 7€. Carte UGC illimité, carte des Cinémas Indépendants Parisiens + carte Pathé (CinéPass) + toutes les contremarques acceptées par le cinéma. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place.

Festival Format Court 2025. Compétition 3

Notre 6ème Festival Format Court vous accueillera du mercredi 02 au dimanche 06 avril prochain, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour info/rappel, nos 4 programmes de films en compétition seront évalués par nos 3 jurys (professionnel, presse et étudiant) mais aussi par le public qui pourra voter à l’issue de chaque séance.

Voici les horaires des séances en compétition :

Compétition 1 : mercredi 2 avril, 21h
Compétition 2 : jeudi 3 avril, 21h
– Compétition 3 : vendredi 4 avril, 21h
Compétition 4 : samedi 5 avril, 21h

Le palmarès des films en compétition aura lieu le dimanche 6 avril à 19h au Studio des Ursulines en présence des jury et des lauréats.

Voici le détail des films projetés lors de la troisième compétition du festival le vendredi 4 avril à 21h. La projection sera suivie d’une rencontre avec les équipes présentes. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne.

Programmation

Sous le gel de Glasgow de Léo Devienne. Fiction, 30’, France, 2024, Dirty Tools, Zayanfim. Première du film. En présence du réalisateur et des comédiens Louise Ferry et Gaël Kamilindi

Cléo est amnésique. Un samedi, elle doit jongler entre les préparatifs de ses vacances en amoureux avec Gaëtan et les visioconférences incessantes de sa patronne. Quand le stress devient insoutenable, les réminiscences d’un traumatisme oublié prêtent à cette journée un air de déjà-vu.

Mille moutons d’Omer Shamir. Fiction, 24’, France, 2024, La Cellule Productions. Sélectionné au festival de Clermont-Ferrand 2025. En présence du réalisateur

Théo est un jeune berger saisonnier qui travaille avec sa chienne Potti. Lorsque cette dernière met bas et ne peut plus protéger les moutons, Théo doit prendre une décision tragique, pour elle comme pour lui.

Une fille comme toi de Nathalie Dennes. Fiction, 19’, France, 2024, The Living, Kalpa Films. Sélectionné au festival d’Amiens 2024. En présence de la réalisatrice et du producteur Tristan Bergé

Loïs boxe. Mais cela ne l’aide pas beaucoup à se rapprocher des garçons. Autour du terrain de foot, elle s’entraîne à aller au contact.

Adieu Émile d’Alexis Diop. Fiction, 25’, France, 2024, Barney Production, Remembers. Sélectionné au FIFIB 2024. En présence du réalisateur, de la productrice Judith Abitbol et des comédiens Benjamin Sulpice et Arthur Beaudoire

Tim a perdu son père il y a quelques mois. Aujourd’hui, il est sur le point de se séparer d’Émile. Reclus chez lui, Tim replonge dans les souvenirs de leur relation, mêlés à ceux de son père. Refusant d’accepter la rupture, il se lance dans une traque numérique désespérée pour retrouver Émile.

En pratique

Compétition 3, le vendredi 4 avril 2025 à 21h
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg, Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton.
Billetterie sur place et en ligne
– Tarifs : 8,50€ Réduit : 7€. Carte UGC illimité, carte des Cinémas Indépendants Parisiens + carte Pathé (CinéPass) + toutes les contremarques acceptées par le cinéma. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place.

2ème After Short Magritte, jeudi 13 mars à Bruxelles !

Pour la deuxième année consécutive, Format Court organise un After Short à Bruxelles autour des Magritte. L’événement a lieu le jeudi 13 mars prochain, à 19h sur le campus de l’ESRA Bruxelles. Organisée par Format Court, en partenariat avec l’ESRA, le site de cinéma belge Cinergie.be et le soutien de l’Académie André Delvaux, cette soirée mettra à l’honneur le dynamisme et la créativité du cinéma belge. Y participent 13 professionnels, lauréats de la dernière cérémonie des Magritte qui s’est déroulée le 22 février dernier.


Vous voulez en apprendre davantage sur les parcours d’auteurs et producteur.trice.s qui bâtissent le cinéma d’aujourd’hui et de demain, découvrir leurs films, échanger avec elles et eux sur leurs œuvres, leurs choix artistiques, leurs expériences et le déroulement de leur travail et poursuivre ces discussions autour d’un verre ?

Un After Short, comment ça se passe ?

En amont : les photos et bios des intervenants ainsi que les liens de visionnage des courts sont mis à la disposition des personnes ayant réservé leur place. Le jour J, le public a ainsi la possibilité de participer activement à la discussion qui s’engage avec les équipes de films.

Lors de l’évènement : les équipes (réalisateurs.trices et/ou producteurs.trices, anciens lauréats des César, membres de comités de sélection de l’Académie) se succèdent sur scène pour une intervention et un échange avec le public d’une dizaine de minutes chacune. Deux animateurs sont là pour introduire leur travail et vous donner la parole.

Rappel : il n’y a pas de projection de films au cours de la soirée.

Après la rencontre : un cocktail est organisé par l’ESRA Bruxelles à l’école. C’est entre autres l’occasion de poursuivre les discussions de façon plus informelle avec les équipes présentes.

Téléchargez la présentation (PDF) de nos invités ainsi que leurs bios et les synopsis de leurs films, représentés lors de notre soirée. Attention : nombre de places limitées. Accueil : 18h30. Inscriptions : bruxelles@esra.edu

 

Nos invités

Michiel Blanchart, réalisateur de La nuit se traîne, Magritte du meilleur film, Magritte du meilleur premier film, Magritte de la meilleure réalisation et Magritte du meilleur scénario original ou adaptation

Catherine Cosme, chef décoratrice de La nuit se traîne, Magritte des meilleurs décors

Sylvestre Vannoorenberghe, directeur de la photographie de La nuit se traîne, Magritte de la meilleure image

Isabel Van Renterghem, costumière pour La nuit se traîne, Magritte des meilleurs costumes

Matthieu Jamet-Louis, chef monteur de La nuit se traîne, Magritte du meilleur montage

Antoine Wattier, sound designer de La nuit se traîne, Magritte du meilleur son

Louise Manteau, comédienne dans Il pleut dans la maison, Magritte de la meilleure actrice dans un second rôle

Purdey Lombet, comédienne dans Il pleut dans la maison, Magritte du meilleur espoir féminin

Makenzy Lombet, comédien dans Il pleut dans la maison, Magritte du meilleur espoir masculin

Frédéric Vercheval, compositeur de Green Border, Magritte de la Meilleure musique ex-aequo

Inès Rabadan, réalisatrice de Les Vivant-es, Magritte du meilleur court-métrage documentaire

Mathieu Volpe, réalisateur de Eldorado, Magritte du meilleur court-métrage de fiction

Bastien Martin, producteur de En mille pétales, Magritte du meilleur court-métrage d’animation (Camera-etc)

En pratique

* After Short Magritte. Jeudi 13 mars 2025, à 19h, à l’ESRA Bruxelles : 17, rue du Beau Site (1000 Bruxelles). Accueil : 18h30. Réservations dans la limite des places disponibles : bruxelles@esra.edu

Festival Format Court 2025. Compétition 2

Notre 6ème Festival Format Court vous accueillera du mercredi 02 au dimanche 06 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour info/rappel, nos 4 programmes de films en compétition seront évalués par nos 3 jurys (professionnel, presse et étudiant) mais aussi par le public qui pourra voter à l’issue de chaque séance.

Voici les horaires des séances en compétition :

Compétition 1 : mercredi 2 avril, 21h
– Compétition 2 : jeudi 3 avril, 21h
Compétition 3 : vendredi 4 avril, 21h
Compétition 4 : samedi 5 avril, 21h

Le palmarès des films en compétition aura lieu le dimanche 6 avril à 19h au Studio des Ursulines en présence des jury et des lauréats. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).

Voici le détail des films projetés lors de la deuxième compétition du festival le jeudi 4 avril à 21h. La projection sera suivie d’une rencontre avec les équipes présentes. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).

Programmation

À Marée haute de Camille Fleury. Fiction, 30’, France, 2024, Les 48° Rugissants. Sélectionné au FIFIB 2024. En présence du producteur Victor Thomas, de la comédienne Luna Hô Poumey et du comédien Maxime Roy

Pour Maya, 14 ans, le mois d’août en famille rime avec ennui. L’arrivée de son oncle Jean, 32 ans, fait naître l’espoir d’une liberté nouvelle. De jour en jour, leur complicité grandit.

Esquisse d’Albert d’Hugues Perrot. Fiction, 17’, France, 2024, Hippocampe Productions. Première du film. En présence du réalisateur et du producteur Jordane Oudin

Albert est un homme d’une trentaine d’années dont la trajectoire serait celle d’une rivière, qui partirait de la montagne pour se jeter dans la mer. Albert avance, sans but, et s’enfonce dans le paysage. Il est atteint d’une curieuse folie de la fin du XIXème siècle : la maladie des « fous voyageurs ». Il marche, en transe, avec une autre personnalité, sans contour, floue et au bord de l’évaporation. C’est plus fort que lui, il s’éloigne inexorablement de ceux qu’il aime.

1 Hijo & 1 Padre d’Andrés Ramírez Pulido. Fiction, 25’, France, Colombie, 2024, Alta Rocca Films, Valiente Gracia. Sélectionné au festival de Locarno 2024

Kevin est un garçon difficile. C’est vrai qu’il a tendance à perdre son sang-froid lorsqu’on se moque de lui. Après un énième dérapage, il est contraint de participer à une thérapie comportementale réservée aux hommes. Kevin devrait s’y rendre avec son père, mais celui-ci refuse d’y aller. C’est le beau-père de Kevin, qui ressemble plus à son petit frère, qui est désigné pour l’accompagner.

La Fille qui explose de Caroline Poggi et Jonathan Vinel. Animation, 19’, France, 2024, Atlas V. Sélectionné au festival de Locarno 2024. En présence des réalisateurs

Depuis trois mois, Candice explose tous les jours. Parfois même deux voire trois fois par jour. Son record, c’est sept fois. Actuellement, elle en est à 192 explosions !

Car Wash de Laïs Decaster. Documentaire, 13′, France, 2024, Lorca Productions. Prix Jean Vigo du court-métrage 2024. En présence de la réalisatrice (sous réserve)

Ma sœur Auréa nettoie avec soin sa voiture dans une station-service. Elle me raconte pourquoi elle l’aime tant, comment elle impressionne ses copines au volant, mais aussi comment elle l’utilise comme outil de drague.

En pratique

Compétition C2, le jeudi 3 avril 2025 à 21h
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg, Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton.

Billetterie sur place et en ligne
– Tarifs : 8,50€ Réduit : 7€. Carte UGC illimité, carte des Cinémas Indépendants Parisiens + carte Pathé (CinéPass) + toutes les contremarques acceptées par le cinéma. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place.

Festival Format Court 2025, Compétition 1

Notre 6ème Festival Format Court vous accueillera du mercredi 02 au dimanche 06 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour info/rappel, nos 4 programmes de films en compétition seront évalués par nos 3 jurys (professionnel, presse et étudiant) mais aussi par le public qui pourra voter à l’issue de chaque séance.

Voici les horaires des séances en compétition :

– Compétition 1 : mercredi 2 avril, 21h
Compétition 2 : jeudi 3 avril, 21h
Compétition 3 : vendredi 4 avril, 21h
Compétition 4 : samedi 5 avril, 21h

Le palmarès des films en compétition aura lieu le dimanche 6 avril à 19h au Studio des Ursulines en présence des jury et des lauréats. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).

Voici le détail des films projetés lors de la première compétition du festival le mercredi 2 avril à 21h. La projection sera suivie d’une rencontre avec les équipes présentes. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).


Programmation

Adieu tortue de Selin Öksüzoğlu. Fiction, 24’, France, 2024, Apaches films, Préludes, Sis Films. Sélectionné au Festival de Berlin 2024

La mère d’Inci est morte. Ce jour-là, sur les plateaux déserts de la Mer Noire, la jeune Inci rencontre Zeynep, 30 ans. De retour dans la région après une longue absence, Zeynep transporte un encombrant sac noir. Étrangères l’une à l’autre, Inci et Zeynep joignent leur solitude, errant dans les montagnes brumeuses et ensoleillées, de l’aube jusqu’à la nuit.

Better than Earth de Sherif El Bendary. Fiction, 23’, Égypte, Suède, France, 2024, Fikra, Les Cigognes Films, Studio Africa Films. Sélectionné au Festival du Film Francophone de Namur 2024

Le jour de la Saint-Valentin, Radwa, une étudiante de 20 ans vivant dans une résidence universitaire pour filles au Caire, reçoit une lettre d’amour de sa colocataire Sarah. Elle décide d’aller se plaindre au superviseur Magda.

Miracle à Maiori d’Anouk Baldassari-Phéline. Documentaire, 30’, Italie, France, 2024, autoproduction. Première du film. En présence de la réalisatrice et d’Antoine de Baecque critique et directeur de thèse

Une enquête sur les traces de Roberto Rossellini à Maiori, le petit village où se déroule le miracle final de Voyage en Italie (1953). Sous le regard des figurants et témoins du tournage, la scène du film se transforme en récit choral et ressuscite un monde défunt.

Qu’importe la distance de Léo Fontaine. Fiction, 18’, France, 2023, Offshore. Sélectionné au Brussels Short Film Festival 2024. En présence du réalisateur

Cinq heures du matin, Yalla est pressée. Sans l’autorisation de sa cheffe, elle quitte son poste d’aide-soignante de nuit. Elle monte dans un bus, en n’emportant avec elle qu’un sac lourd et rempli de vêtements. La ville est encore endormie, Yalla relie, sur un bout de papier, les différentes lignes de bus à prendre. C’est la première fois qu’elle fait ce trajet : son fils l’attend.

En pratique

Compétition 1, le mercredi 2 avril 2025 à 21h
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg, Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton.

– Billetterie relative à cette séance sur place et en ligne
– Tarifs : 8,50€ Réduit : 7€. Carte UGC illimité, carte des Cinémas Indépendants Parisiens + carte Pathé (CinéPass) + toutes les contremarques acceptées par le cinéma. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place.

Florence Miailhe : « Ce n’est pas par hasard que l’on choisit un sujet en particulier »

Dans l’effervescence discrète d’un café parisien, entre le tintement des tasses et le murmure des conversations, nous rencontrons Florence Miailhe, figure incontournable du cinéma d’animation. Réalisatrice au style pictural inimitable, elle façonne ses films comme des tableaux en mouvement, jouant avec la matière et la couleur pour donner vie à des récits empreints de poésie et d’humanité. Après le succès de La Traversée, son premier long métrage salué pour sa puissance narrative et son approche visuelle singulière, elle revient avec Papillon, un court métrage déjà remarqué, nommé aux César 2025. Une nouvelle occasion d’explorer son univers onirique et de comprendre ce qui anime son processus créatif.

Format Court : Première question assez directe… Pourquoi l’animation ?

Florence Miailhe : J’avais envie de faire du dessin pour raconter des histoires. L’animation alliait le fait de conter et de faire bouger des images. Ce n’était pas vraiment le style Disney qui m’attirait, mais plus les films d’Europe de l’Est. Jiří Trnka, par exemple, a fait un film en volumes qui s’appelait La main et qui dénonçait le totalitarisme dans les pays de l’Est. Et puis dans mes cahiers d’écolière, je faisais des petits flipbooks, l’image animée ça m’intéressait déjà. Ma mère était peintre, je pense que ça a joué aussi. L’envie de faire un peu autre chose qu’elle. C’est ce que me permettait la peinture animée. Les techniques d’animation directes sous la caméra encore plus, parce que ça permet d’aborder un film presque comme une toile. On sait ce qu’on va faire mais en même temps on part sur une page blanche et je préfère ça, plutôt que d’avoir beaucoup de préparation en amont.

Format Court : Est-ce-que vous pouvez nous parler de votre parcours, de ce qui vous amenée vers votre premier film d’animation ?

F. M. : J’ai commencé par faire les Arts décoratifs à Paris. À l’époque, il n’y avait pas de section animation, il y avait seulement les Gobelins. Là-bas, ils formaient surtout les techniciens de Disney et moi ça ne m’intéressait pas du tout, j’étais beaucoup plus attirée par les films de l’Europe de l’Est que par les films américains et Disney. Du coup, j’ai fait les Arts décoratifs en gravure, et j’ai attendu dix ans avant de faire mon premier film, J’ai travaillé dans la mise en page de journaux, tout en continuant la peinture et la gravure. J’avais notamment réalisé une série de peintures, de dessins et un livre de sérigraphies sur le hammam, qui a donné naissance à mon premier film : Hammam (1991). Ce court est aussi dû à deux rencontres,
celle de Robert Lapoujade, qui était à la fois peintre et animateur, et celle d’un ami qui souhaitait se lancer dans la production. Robert m’a dit un jour : “Si tu as envie de faire un film, achète-toi une caméra et fais-le”. Alors, je me suis lancée. Mon ami, de son côté, voulait produire et présenter un projet au CNC, alors on a tenté l’aventure. À cette époque, l’animation française traversait une période creuse. Il y avait bien sûr quelques figures comme Jean-François Laguionie, mais globalement, le milieu était assez restreint.

Votre premier film, Hammam, était donc directement inspiré de votre travail de peintre
et de graveuse. Justement, quelle était votre technique à l’époque ?

F. M. : C’était du pastel sec sur des feuilles de papier. J’ai fait le film toute seule, pas sur la caméra que j’avais acheté parce que c’était une petite caméra 16mm… et comme on avait eu l’aide au court-métrage du CNC, j’ai travaillé chez un vrai chef-opérateur ! Ca m’a vraiment passionnée, et je me suis dit que c’est ce que j’avais envie de faire.

Comment diriez-vous que votre technique a évolué au fil des années ?

F. M. : Il y a tellement de techniques ! Mes premiers films étaient sur des feuilles de papier avec du pastel sec. C’était une des la techniques de Robert Lapoujade, mais aussi d’Yves Charnay, un
de mes professeurs aux Arts Décos. Et puis j’avais vu des films comme La rue de Caroline Leaf, qui m’avaient beaucoup plu : de la peinture animée sur verre. Tout ça m’a inspiré. J’aimais bien tous les films qui utilisaient la technique d’animation directe. Des films en peinture, des films en sable, ou grattés sur pellicules… À chaque fois c’est des procédés où on se lance, sans avoir trop de préparation à faire.

Et en ce moment, qu’est ce que vous faites ?

F. M. : Je travaille sur l’écran d’épingles d’Alexeïeff et Parker ! Dans les années 30, un graveur russe, Alexander Alexeieff, est arrivé à Paris. Il voulait faire de l’animation qui ressemble à de la
gravure, alors avec sa femme Claire Parker, ils ont inventé cette machine. C’est des tubes de caoutchouc, et dans chacun de ces tubes il y a une aiguille noire : l’aiguille dépasse de 4 mm les tubes, et une lumière éclaire le tout. Cela projette une ombre sur l’écran, ce qui fait que quand on pousse les aiguilles derrière l’écran, elles ressortent et ça fait une ombre noire, et quand on les repousse, c’est blanc. Je travaille sur cette machine – il y en a deux comme celui-ci dans le monde ! – pour un projet d’exposition, avec des tableaux animés.

Votre processus de création semble très intuitif et ancré dans la matière. Justement, d’où viennent vos idées ?

F. M. : Il y a des histoires qui viennent et puis tout d’un coup ça s’impose comme une évidence, on a envie de raconter ça. Le hammam, c’est parce que j’avais travaillé dessus avant et que ça
me plaisait de parler du corps des femmes dans un espace particulier, avec tous les âges, toutes les origines – en France en particulier – un corps qui n’est pas soumis à un regard de
la mode, des magazines ! Les femmes sont juste dans le plaisir de prendre soin d’elles, de se baigner… Ensuite, j’ai continué avec Shéhérazade (1995), pour l’adaptation du conte des
Mille et Une Nuits, pour ne pas quitter cette atmosphère orientale que j’aimais bien et me concentrer cette fois-ci sur un récit. Au premier dimanche d’août (2000), c’était un bal de villages, quelque chose d’un peu autobiographique pour retranscrire une atmosphère.
J’alterne entre des films qui sont des portraits de lieux comme le hammam et le bal de villages, avec des films qui sont plus des contes ou des histoires. Avec Conte de quartier en 2006, j’ai essayé de mêler les deux. Puis Méandres, l’adaptation des métamorphoses d’Ovide. Et enfin le long métrage La Traversée, car j’avais envie de parler de l’exil, des gens qui partent…

Comment ça a marché pour vous, faire La Traversée ? Qu’avez-vous pensé de sa réception ?

F. M. : Les longs-métrages d’animation sont des films qui ont du mal à trouver leur public. Il y en a quelques-uns qui marchent, un peu miraculeusement. Aujourd’hui, La Traversée a été pris dans un dispositif lycéen au cinéma. Il a été énormément vu par des écoles, mais au niveau de la sortie publique en salle, et malgré de très bonnes critiques, c’était un peu décevant. Il faut dire que c’était encore pendant la période du COVID. Je n’aurais pas très envie de refaire un long-métrage, car c’est long, difficile. Nous avons eu beaucoup de mal à trouver les financements et la production du film s’est faite sur trois pays. Pour un film très artisanal comme La traversée, cela ajoutait aux difficultés.

Généralement, vous travailliez seule ?

F. M. : Oui, sauf pour les deux derniers : La Traversée (2021), avec une petite équipe, surtout pour un film d’animation et Papillon (2024), où on était trois à faire l’animation. Pour les précédents films, je n’avais pas besoin de faire un storyboard et un animatique très précis, parce que je savais ce que je voulais faire. Mais quand on travaille avec d’autres personnes, ça nécessite beaucoup plus de préparation. Il faut essayer de diriger les gens en fonction de ce qu’ils peuvent et savent faire. Pour Papillon, on travaillait dans la même salle donc ça permettait de réajuster si besoin. L’animation directe sous caméra, c’est sans filet, quand on se trompe, on ne peut pas trop revenir en arrière.

Dans Papillon, les transitions dans l’eau sont particulièrement marquantes. Était-ce une thématique que  vous souhaitiez vraiment explorer, ou est-ce quelque chose qui s’est imposé au fur et à mesure du développement du film ?

F. M. : Ça m’intéressait vraiment de travailler sur l’eau. Ce n’est pas par hasard qu’on choisit un sujet en particulier. J’ai choisi cette histoire parce que je la trouvais assez exceptionnelle, et aussi parce je pouvais faire un scénario où tout se passait dans l’eau.

Tout comme dans La Traversée, est-il important pour vous d’intégrer un contexte historique dans vos films, ou bien préférez-vous vous orienter davantage vers des récits de type conte ?

F. M. : Disons que dans La Traversée, rien n’est vrai, mais je suis allée piocher plein d’éléments de réalité, que ce soit dans ma famille ou dans ce qui se passe aujourd’hui avec les migrants, les mineurs isolés, etc. Avec Marie Desplechin avec qui j’ai fait le scénario, on a pris plein de vrais éléments pour les injecter dans ce qui devient un conte, un conte tragique mais un conte quand même (rires). Pour Papillon, c’est l’inverse : c’est la première fois que je raconte une histoire vraiment vraie, et j’y ajoute des éléments qui donnent l’impression d’un conte ou même d’une légende : l’homme qui a passé sa vie dans l’eau… et c’est un conte tragique aussi !

Vous aimez le tragique ?

F. M. : Aujourd’hui bien plus qu’avant ! Je pense que c’est l’ambiance extérieure qui agit (rires), et puis j’aime bien mettre dans ce qui est tragique des choses qui n’en sont pas. Pour Papillon par exemple, je voulais aussi raconter la vie d’Alfred Nakache avant, et aussi sa vie après. Et le moment le plus tragique, celui qui a brisé sa vie, est raconté comme les autres sur le mode du souvenir.

C’est vrai qu’on s’en souvient parce que c’est un point tournant dans son histoire, mais en même temps ce n’est pas celui qui est traité le plus dans la durée ! Par exemple, l’enfance prend beaucoup plus de temps, avec toutes ses couleurs et ses nuances…

F. M. : C’est vrai ! Et à côté du tragique, je voulais aussi raconter le plaisir de l’eau, de la nage, de la sensation sur les corps. Rendre les sensations… Et puis c’est un film sur les souvenirs, il y a un tas de sentiments propres aux souvenirs, des souvenirs traumatiques et comment on s’en sort.

Je voulais aussi vous demander, on n’entend jamais Alfred Nakache parler dans le court. Est ce que c’est un choix qui veut dire quelque chose ?

F. M. : Je n’avais pas envie de lui donner une voix, d’autant plus qu’il ne parle pas puisqu’il est dans l’eau. C’est sa dernière nage, après tout. Quand on nage, on peut avoir des images ou des souvenirs qui défilent dans notre tête, entendre des voix, mais on ne peut pas parler. Nager, c’est un effort intense, surtout quand on nage le papillon, c’est vraiment difficile (rires) ! Je ne voulais pas d’une voix-off, je préférais tout exprimer à travers les images plutôt que par les mots. D’ailleurs, il ne parle trois fois : au tout début, quand il crie « Non, pas ça, pas ça ! » en réaction à son entrée dans l’eau et à la fin quand il enseigne aux enfants et où il dit : « comme le papillon, devant derrière.. » puis « allez les petits poissons, on a pas peur » .

C’est vrai ça, qu’il avait peur de l’eau ?

F. M. : Oui ! Presque toutes les choses que je raconte sont vraies, même si j’en symbolise certaines. Par exemple, la rivalité avec un de ses concurrents, Jacques Cartonnet, est symbolisée par deux oiseaux qui se battent. Redevenu homme, le perdant se détourne pour ne pas serrer la main de Nakache lors d’une compétition. Quand Nakache et sa famille sont recherchés, Il revient en oiseau pour les dénoncer et indiquer la grotte où ils se sont cachés !

Il y a beaucoup de transformations dans ce film, que ce soit les oiseaux, les dauphins… Est-ce-qu’il y a toujours une portée symbolique ?

F. M. : Dans ce cas-là, oui..! Les dauphins, ce sont ceux du TOEC, le club toulousain dans lequel a été entrainé Léon Marchand, à la piscine Nakache ! Eh oui, Alfred Nakache est un prédécesseur de l’illustre Léon Marchand (rires). J’avais pensé à ce film quand on se disait qu’on n’aurait jamais assez de financements pour La Traversée. En 2016, quand j’ai commencé à travailler sur l’histoire de Papillon, Nakache avait été un peu oublié y compris à Toulouse. Depuis, il y a eu une pièce de théâtre, un livre de Pierre Assouline (Le nageur), et plein d’articles. Mon film a été terminé à un moment où on en parle un peu plus.

Comment avez-vous eu connaissance d’Alfred Nakache ?

F. M. : Quand j’étais petite, j’allais à la plage entre Narbonne et Perpignan, à Leucate plage, au club Mickey. Et là-bas, mon moniteur de natation qui m’apprenait la nage papillon, c’était William Nakache, le tout jeune frère d’Alfred Nakache. Alfred Nakache avait l’âge de mon père, il devait avoir 55 ans, et mon père l’avait rencontré pendant la Résistance à Toulouse. À l’époque, Nakache était aussi connu que Léon Marchand. Et à chaque fois que je prenais ma leçon de natation il me disait : “ah tu sais que William est le frère du champion de natation !”. Mon père avait beaucoup d’admiration pour lui. Un jour, il est arrivé sur la plage et je me souviens de mon père qui m’a dit “allez Florence, montre-lui comment tu nages !”, alors j’ai dû faire trois mouvements gênés de papillon devant le grand champion ! Ca m’est revenu bien après, Je sais pas pourquoi j’ai regardé sur Internet, et j’ai découvert que non seulement il avait été champion de natation, mais aussi qu’il avait eu une vie incroyable, qu’il avait été déporté, etc. C’est fou que ce soit des années plus tard.

Vous aviez envie de rendre hommage en quelque sorte ?

F. M. : Quand j’ai regardé sur le Net, c’était juste de la curiosité. C’est quand j’ai lu son histoire que j’ai eu envie de la raconter, parce qu’elle rassemble plein de thèmes que j’avais envie d’aborder. Nakache est mort d’une crise cardiaque en nageant à Cerbère, et tout de suite j’ai eu l’idée de raconter sa vie à travers cette dernière nage et ses souvenirs qui remontent à la surface. A travers l’histoire de Nakache, je voulais aussi parler de ces Juifs algériens, français grâce au décret Crémieux(1870) et pourtant victimes de discriminations. Les juifs algériens ont été déchus de la nationalité française pendant le régime de Vichy, revenant à leur statut d’indigènes. Je trouvais ça intéressant de le raconter dans un moment où on parle de déchéance de nationalité et où l’on ne peut que s’inquiéter de la montée du racisme et de l’antisémitisme.

Merci beaucoup pour vos réponses enrichissantes. Pour finir, est ce que vous diriez que le papillon est votre nage préférée ?

F. M. : Alors c’est dur à nager, mais je trouve ça super beau, parce que c’est à la fois très gracieux, avec une ondulation, mais toute en puissance. J’ai un ami qui nage le papillon, et qui dit qu’on est à la fois un poisson et un oiseau (rires). Maintenant, on appelle ça le dauphin !

Propos recueillis par Amel Argoud

Article associé : la critique du film

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