Tous les articles par Katia Bayer

Festival du court métrage de Bruxelles : la compétition internationale

• « 2-45 » de Mads Nygaard Hemmingsen (Danemark)

• « A Bike Ride » de Bernard Attal (Etats-Unis)

• « Al-Gondorji » de Ahd Kamel (Arabie Saoudite, Etats-Unis)

• « Ana Desea No Ser » d’Ignacio Roldos Madrid (Espagne)

• « Anna » de Rúnar Rúnarsson (Danemark)

• « Annie de Francia » de Christophe Le Masne (France)

• « Bad Lyrics » de Marcin Maziarzewski (Pologne)

• « Basket » de Hin Yeung Wong (Honk Kong, China)

• « Beast » de Lars P. Arendt (Danemark)

• « Bob » de Jacob Frey (Allemagne)

• « Ca va (mine de rien) » d’Olivier Choinière (Canada, Québec)

• « C’est gratuit pour les filles » de Marie Amachoukeli & Claire Burger (France)

• « Clichés » de Nadine Naous (France)

• « Climax » de Frédéric Sojcher (France)

• « Der Prinz » de Petra Scroder (Allemagne)

• « Diploma » de Yaelle Kayam (Israël)

• « Donde esta Kim Basinger? » d’Edouard Deluc (France)

• « Edward’s Turmoil » de Kim Albright (Royaume-Uni)

• « Ella » de Hanne Larsen (Norvège)

• « Emozioniere » de Simon Baumann & Andreas Pfiffner (Suisse)

• « Fard » de David Alapont & Luis Briceno (France)

• « Felicita » de Salomé Aleksi (Georgie)

• « Geboren en Getogen  » de Eelko Ferwerda(Pays-Bas)

• « Helvetin hyvää työtä » de Jussi Sandhu & Ville Hakonen (Finlande)

• « L’homme à la Gordini » de Jean Christophe Lie (France)

• « L’homme qui dort  » d’Inès Sedan (France)

• « Ich bin’s. Helmut » de Nicolas Steiner (Allemagne)

• « Jitensha » de Dean Yamada (Japon)

• « King Crab Attack » de Grégoire Sivan(France)

• « La piecita » de Carmen Colino (Argentine)

• « Land of the Heads » de Claude Barras & Cédric Louis (Suisse)

• « Le Petit Dragon  » de Bruno Collet (France)

• « Logorama » de Ludovic Houplain, Hervé De Crécy & François Alaux (France)

• « Madagascar, carnet de voyage » de Bastien Dubois (France)

• « Missen » de Jochem De Vries (Pays-Bas)

• « Modlitba » de Josephine Mackerras (République Tchèque)

• « Muzica in sange » d’ Alexandru Mavrodineanu (Roumanie)

• « No Way Through » d’Alexandra Monro & Sheila Menon (Royaume-Uni)

• « Paradis perdu » de Mihal Brezis & Oded Binnun (Israel & France)

• « Path Lights » de Zachary Sluser (Etats-Unis)

• « Pigeon: Impossible » de Lucas Martell (Etats-Unis)

• « Sinna mann » d’Anita Killi (Norvège)

• « Slitage » de Patrik Eklund (Suède)

• « Socarrat » de David Moreno (Espagne)

• « Stained » de Lewis Arnold (Royaume-Uni)

• « Sunset from a Rooftop  » de Marinus Groothof (Serbie)

• « Sunshower » de Liam Gavin (Irlande)

• « Tiefensucht » de Florian Fessl (Autriche)

• « TULUM » de Dalibor Matanic (Croatie)

• « Uitgeleefd » de Dries Meinema (Pays-Bas)

• « Un juego absurdo » de Gaston Rothschild (Argentine)

• « Viikko Ennen Vappua » de Hamy Ramezan (Finlande)

• « Wanna be » de Christina Ebelt (Allemagne)

Le site du festival : www.courtmetrage.be

Compétition de courts belges au Brussels International Fantastic Film Festival (BIFFF)

La 28ème édition du « Brussels International Fantastic Film Festival » (BIFFF) hantera à nouveau le site de Tour et Taxis du 8 au 20 avril 2010. A cette occasion, le festival organise la « Belgian Film Day », une journée de courts métrages belges, le vendredi 16 avril de 14 à 16h30. Le jury est composé de Alain Galand, Christian Bontinckx, Michel Devillers, Guy Triffin et Odile De Scheemaeker.

Les lauréats se verront remettre le prix Michel Devillers et le prix de la Sabam 3.500€ ainsi qu’une nomination pour le prochain Méliès d’Or qui aura lieu à Sitges-Espagne.

La sélection

Antrophobia
Jonas Swolfs, 4 min06, Rits
En première mondiale, le film raconte l’histoire d’une créature rentrant chez elle. Elle va se trouver confrontée à sa peur face à d’autres créatures au sein d’espaces populeux.

Paix sur la Terre
Christophe Gérard, 14 min, La Boîte,… Productions
La nuit tombe sur la Terre. Des ovoïdes s’abattent sur la campagne et sur les villes. Petit à petit, tout devient étrangement calme…

L’abri
Antoine Duquesne, 11min45, Anonymes Films
Un danger imminent menace cette grande ville, au sein de laquelle un homme et une femme se barricadent dans une chambre d’hôtel…

Echo
Dennis Van Den Bergh, 6min, Rits
Deux créatures placées en isolement perdent peu à peu leur humanité alors qu’elles essayent de s’échapper…

Al/Ce
Céline Pourveur, 13min, Céline Pourveur Production
Michaël n’a pas bien pris le fait qu’Alice l’ait quitté pour Eric. Mais Alice disparaît, Eric la cherche et appelle Michaël au cas où il l’aurait vue. Alice finit par revenir chez Michaël, elle semble taire quelque chose. Eric insiste auprès de Michaël jusqu’à sonner à sa porte…

La Terrible Malédiction
Stéphane Papet, 10min40, Revolver Production
Léa tombe en panne dans la forêt. Seule et manifestement perdue, elle se décide donc à marcher le long de la route afin de trouver de l’aide. Mais c’est à une terrible malédiction qu’elle va devoir faire face…

La Chasse est ouverte
Christian Bureau, 6min, Atelier Alfred
Ah, le printemps ! Ah, l’instinct du chasseur !

Awaking Blue
Léopold Joris, 4min50, Ensav – La Cambre
Un être machiavélique remplace le batteur de l’orchestre, qui va envoûter chanteur et public, les embarquant dans une transe diabolique…

Abused
Jonas Govaert, 4min30, Caviar Brussels
Thriller horrifique, ce film présenté en première mondiale est basé sur la nouvelle éponyme écrite par Richard Matheson : une femme est terrorisée chez elle par un appel anonyme qui lui donne à entendre que son mari est torturé…

Une longueur d’avance
Pascale Brischoux, 7 min, Insas
20 ans distancient la jeune fille et l’adulte dans la force de l’âge qui vivent pourtant ensemble ; elle décide de vendre sa jeunesse et se rend donc au bureau prévu à cet effet !

Artificial Paradise Inc.
Jean-Paul Frenay, 3min11, Jean-Paul Frenay Production
Une société a développé un programme basé sur la réalité virtuelle organique, regroupant tous les souvenirs perdu de l’humanité…

Pour plus d’informations, consultez le site du BIFFF

Georges Méliès : la cinémagie des premiers temps

Le 16 mars 2009, soixante-dix ans après la mort de Georges Méliès, lorsque son oeuvre passe dans le domaine public, Lobster Films sort un coffret événement en l’honneur du pionnier du cinéma primitif, au même titre que les frères Lumière et Charles Pathé. Au travers de ses cinq disques, le coffret propose la quasi-totalité des films existants de Méliès. Prolifique, captivante et empreinte du charme de jadis, sa filmographie comportait originellement près de 600 courts métrages, 173 des survivants se retrouvent ici, couvrant une palette large allant du très court au moyen métrage, du pseudo-documentaire au fantastique pur, de l’actualité proche à la rêverie exotique. En guise de bonus : un docudrame nommé « Le Grand Méliès » (1953), signé Georges Franju. Revue sélective d’une sélection quasi exhaustive.

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Tranche de vie : la veine documentaire

Au contraire de Pathé-Gaumont et des frères Lumière, les films de Méliès explorent rarement le mode documentaire authentique. En raison des moyens limités de cet auto-producteur et homme-à-tout-faire, tous ses films dits documentaires sont en vérité des reconstructions mettant en scène des situations réelles. Dès son premier film, « Une partie de cartes » (1895), Méliès manifeste une volonté d’explorer et de montrer tout l’artifice de ce médium naissant. Si ce premier essai filmique met en scène trois amis en plein jeu de cartes, les expressions théâtrales et les regards confus vers la caméra trahissent toute tentative de réalisme.

Une partie de cartes

Méliès explore cette voie tout au long de sa carrière et toujours avec des moyens réduits, ce qui rend des résultats aussi divers que « Entre Calais et Douvres » et « La Prise de Tournavos » d’une part ; et « L’Affaire Dreyfuss » et « Le Sacré d’Édouard VII » de l’autre. Ce dernier exemple confond ses scènes reconstruites avec des images d’archives du couronnement du premier roi britannique du vingtième siècle. Alors que la vraisemblance échappe à ces films, leurs décors peints, leur jeu sémaphorique et leurs prises de vue frontales sont marqués d’emblée par l’esthétique primitive que l’on retrouve jusqu’aux tous débuts du film parlant, plus de trente ans après. « Panorama pris d’un train en marche », expérience sur la technique du travelling, est peut-être le seul véritable documentaire de Méliès, dans la mesure où il y montre sans mise en scène le paysage défilant devant la caméra.

Méliès, prestidigitateur

Vu la fascination de Méliès pour l’art de la magie spectaculaire, il n’est nullement étonnant que grand nombre de ses films traitent directement de ce genre de spectacularisation. Ces films fonctionnent principalement par des innovations dans les procédés de montage et représentent une part importante de la filmographie de Méliès. À titre d’exemples : « Escamotage d’une dame chez Robert-Houdin », « Le Magicien », « Illusions fantasmagoriques » ou encore « Le tonneau des Danaïdes ».

La cinémagie

Développant l’idée de magie, Méliès découvre dès 1899 le « spectacle cinématographique » qu’il explore de manière particulièrement divertissante, à travers de nombreux films qui proposent des exploits inimaginables que seul le montage rend possible. La première de ces expériences, « Le portrait mystérieux » présente déjà une occurrence précoce du film dans le film ou la fameuse technique de mise en abyme. Si « L’homme orchestre », « L’équilibre impossible » et « Le Mélomane » divertissent par leur dimension spectaculaire, les films comme « La vengeance du gâte-sauce », « Le déshabillement impossible » et « Le réveil d’un monsieur pressé » offrent plutôt le gag comique dans la veine de l’arroseur arrosé.

Le portrait mystérieux

Des vignettes de fiction au film fantastique

Indiscutable inventeur du film fantastique, Méliès se hasarde à la fiction tardivement, prudemment et avec un succès mitigé. Ses premiers essais, comme « Le château hanté », sont dotés d’un fil très maigre, se présentant plutôt comme des petits germes de fiction que de véritables scénarios. Petit à petit, à l’aide de « La lune à un mètre » par exemple (qui, avec ses décors dessinés mouvants, présage déjà l’animation), le réalisateur se dirige vers des fictionnalisations plus complexes, jusqu’à l’ultra célèbre et prophétique « Voyage dans la Lune » (1902). Connu mondialement pour ses plans emblématiques – notamment celui de l’œil lunaire transpercé par une fusée –, ce film représente à la fois une avancée majeure et le point culminant dans la carrière de Méliès sur le plan narratif.

Voyage dans la Lune

Filmer à travers le trou de serrure

Le cinématographe a vite dévoilé sa capacité de représenter le non montrable : le cinéma primitif est parsemé de courts métrages scrutant l’espace intime de ses sujets. Dans le cas de Méliès, cette tendance va des innocents « Nuit terrible » et « Le Cauchemar » jusqu’au voyeurisme sensuel du déshabillement d’« Après le bal ». De nombreux thèmes autour du tabou lié à la religion sont également au rendez-vous : « La Tentation du Saint Antoine », « Le diable au couvent », « Les Trésors de Satan ». Sous forme de mystères médiévaux, ces films opèrent en quelque sorte une satire sur les mœurs fin de siècle dans leur sujet, tout en s’appuyant sur la technique du montage pour représenter leur contenu surnaturel.

Après le bal

L’histoire revisitée : les contes filmés

Tout-puissant, le montage permet également à Méliès de se confronter aux contes féeriques et exotiques et de leur donner une représentation aussi réaliste que ce que l’imagination peut conjurer. Ainsi, l’aventure « pantouflée » de « Cendrillon », la vision de « Jeanne d’Arc » et l’odyssée hilare de Gulliver (« Le Voyage de Gulliver à Lilliput et chez les Géants ») trouvent chacune leur première représentation filmique relativement tôt dans l’histoire du cinéma.

Adi Chesson

Consulter les fiches techniques de « Une partie de cartes », « Le portrait mystérieux », « Le Voyage dans la Lune » et « Après le bal »

DVD disponible sur le site de Lobster Films

Espace Pierre Cardin : appel à courts

Le Département Cinéma de l’Espace Pierre Cardin organise le mardi 8 Juin 2010 à 20h, la soirée « Les meilleurs courts métrages français 2010 », soit une sélection de courts métrages primés et inédits en 2009 / 2010.

Cette soirée présentera deux séances :

➢ une sélection des courts métrages français 35mm vidéo et HD primés dans les principaux festivals français 2009-2010, 20 minutes maximum

➢ une sélection de courts métrages français 35mm vidéo et HD inédits (années de production 2009-2010, 20 minutes maximum)

Cette seconde sélection sera soumise à un jury de professionnels qui décernera un prix au meilleur court-métrage inédit afin d’aider le lauréat à réaliser et à promouvoir son prochain court-métrage. La sélection se fait sur DVD jusqu’au 10 Mai 2010.

Vos DVD sont à faire parvenir à l’attention d’Emilie David ou de Marine Louvet :

Espace Pierre Cardin
« Les meilleurs courts métrages français 2010 »
1-3 avenue Gabriel
75008 Paris

Renseignements au : 01.44.56.06.81 ou par mail : cinema@espacepierrecardin.fr

M comme Mighty like a moose

Fiche technique

Synopsis : Monsieur et Madame Moose souffrent de leurs difformités physiques respectives : elle a un très grand nez et lui des dents en avant… Chacun de leur coté, ils décident en secret de faire appel à la chirurgie esthétique. Une fois opérés, ils se rencontrent par hasard sans se reconnaître et une histoire d’amour naît entre eux.

Genre : Fiction

Durée : 22’45’’

Pays : Etats-Unis

Année : 1926

Réalisation : Leo Mc Carey

Scénario : Leo Mc Carey, Charley Chase

Images : Len Powers

Production : Hal Roach Studios

Interprétation : Charley Chase, Vivien Oakland, Charles Clary, Rolfe Sedan, Charlie Hall..

Article associé : la critique du DVD « Retour de flamme : Charley Chase par Leo Mc Carey »

W comme What price Goofy ?

Fiche technique

Synopsis : Charley est marié à une femme très jalouse qui décide de quitter la maison pour mieux revenir quelques heures plus tard. Charley reçoit justement la visite d’un éminent professeur de Harvard, qui laisse malheureusement traîner une nuisette compromettante. Heureusement son fidèle majordome est là.

Genre : Fiction

Durée : 19’48’’

Pays : Etats-Unis

Année : 1925

Réalisation : Leo Mc Carey

Scénario : Leo Mc Carey, Hal Roach

Son : Muet sonorisé

Production : Hal Roach Studios

Interprétation : Charley Chase, Katherine Grant, Jeffery Williams

Article associé : la critique du DVD « Retour de flamme : Charley Chase par Leo Mc Carey »

Quand Charley rencontre Leo

Amérique, années 20 ou folles. Encore muet, le cinéma burlesque faisait beaucoup parler de lui. Les silhouettes et les gags de Buster Keaton, de Charlie Chaplin, de Harold Lloyd, de Stan Laurel et de son associé Oliver Hardy habillaient facétieusement les écrans. Mais les rires naissaient également du talent d’un autre, tour à tour acteur, réalisateur et producteur entre 1920 et 1940 : le très populaire Charley Chase. Oublié aujourd’hui, il était discernable par ses rôles de dandy séducteur à la tronche impayable (fine moustache, oreilles décollées, yeux facétieux, bouche pitre) assortie à ses cheveux coiffés à la brillantine.

De son vrai nom Charles Parrott, Charley Chase tourna près de 400 films qui lui permirent de travailler – entre autres – avec des individus aussi divers que Chaplin, Fatty Arbuckle, Snub Pollard, Hal Roach, Mack Sennett et Leo Mc Carey. Sous la direction de ce dernier, Charley tourna 45 films dont 10 ont été sélectionnés et édités pour la première fois en DVD par Lobster Films, aussi fan de la magie des vieux films que complice de leur restauration/renaissance. Pour Serge Bromberg, « Chase est préposé aux rôles de séducteur élégant, distingué et charmeur issu des beaux quartiers. Il est le clown blanc – sérieux mais décalé – face aux comiques plus destructeurs des studios Keystone. »

Se positionner derrière une caméra titille aussi Chase qui en 1915 signe son premier film, « Such a cook », aujourd’hui disparu. D’autres sociétés le solliciteront en tant que réalisateur (la Fox, King Bee, L-Ko, ,..), mais c’est aux studios Hal Roach qu’ira sa préférence. Il les rejoind en 1919 pour y revenir cinq ans plus tard en tant que comédien. Entre 1924 et 1926, Chase tourne sous la direction de Leo Mc Carey. Le premier a déjà plus de 10 ans d’expérience de plateau tandis que le second est encore un débutant. Pendant deux ans, les idées du tandem donneront lieu à 45 comédies vaudevillesques à souhait. En voici 10 mises en évidence par l’équipe de Lobster dans lesquelles Chase s’éclate, pendant 4h30, tout autant que ses partenaires féminins, masculins et canins.

What Price Goofy ? : Charley traverse la rue pour venir en aide à un sympathique chien perturbé par la circulation et par une beauté inquiète à l’idée d’assister à un drame. Une mégère, copine de l’épouse du sauveur téméraire, a vu la scène et l’a interprétée : v’la deux amoureux avec une bête à oreilles dans les bras. Ça va se savoir…

Dog Shy : Ennui. Une jeune fille écoute avec désintérêt son prétendant lui conter son amour par téléphone. Fatalité : n’ayant plus de pièces, l’homme réclame quelques secondes pour faire la monnaie. Effet : pourchassé par un cabot, Charley découvre un asile dans cette cabine vide et dans ce cœur indolent au bout du fil.

Mum’s The Word : Une femme a évité de dévoiler l’existence de son fils à son deuxième mari. Le mensonge s’avalerait bien si le chéri ne venait pas à l’improviste coller un bisou à sa maternelle et se retrouver narines contre narines devant son beau-père suspicieux. Vite, une astuce : faire passer le fils pour le valet de chambre (et non pour l’amant).

Innocent Husbands : Comme son mari n’a jamais rien à se reprocher, sa femme se montre de plus en plus méfiante. Pour être sûre de son amour et de sa fidélité, elle organise une séance de spiritisme à domicile. Seulement voilà, des individus drapés et des vieux oncles s’incrustent à la fête. Ça ne se fait pas, ah, ça non !

His Wooden Wedding : Un homme, heureux à l’idée de convoler, reçoit un mot anonyme lui signifiant que sa future a une jambe de bois. Il se met à imaginer sa famille mi-humaine, mi-arbre et à reconsidérer ses sentiments et sa promise.

Mighty like a moose : Ils sont mariés mais souffrent tous deux d’un défaut esthétique : lui, au niveau des dents, elle, au niveau du nez. Qu’à cela ne tienne : chacun de son côté se fait opérer en cachette. Méconnaissables, ils font connaissance en sortant de la clinique. L’amour les a repérés (patapouf). Qu’en pensent les “vrais” conjoints ?

Long Fliv The King : La princesse Helga de Thermosa, en déplacement en Amérique, reçoit un télégramme lui signifiant qu’elle n’héritera du trône que si elle se marie dans les 24 heures. Ah, le vil complot ! Son sang royal ne fait qu’un tour. Comment sauver son trône en si peu de temps ? Pourquoi ne pas jeter son dévolu et sa couronne sur un beau condamné à mort ?

Crazy Like A fox : Victime d’un mariage arrangé, elle vient de rencontrer le fiancé adapté. Comment ça, c’est le même ? Que c’est curieux : il devient soudainement dingue sur commande. Son brushing en prend un coup fou.

Bromo and Juliet : Un jeune homme de bonne famille se découvre un intérêt pour le théâtre. Pour coller à son rôle, il s’offre une extension de cheveux (pour le romantisme) et des collants rembourrés d’éponges (contre les jambes trop maigres). Lever de rideau.

Isn’t Life Terrible ? : Comment partir en vacances quand on a une famille à sa charge et un porte-monnaie troué à sa décharge ? Peut-être en misant sur un petit proverbe accroché sur sa veste : « Tout vient à point à qui sait attendre ». À ce sujet…

Katia Bayer

Consulter les fiches techniques de « What Price Goofy ? » et « Mighty like a moose »

« Retour de flamme : Charley Chase par Leo Mc Carey », éditions Lobster Films. Bonus : biographie illustrée de Charley Chase + deux courts métrages « Shine’em Up » et « April Fool de James Parrott, le frère de Charley, également acteur et réalisateur.

Article paru sur Cinergie.be

Festival Rencontres de l’image au Caire : un court métrage israélien déprogrammé

Le Centre culturel français du Caire a choisi de déprogrammer de son festival Rencontres de l’image, un court métrage israélien : « Presque normal » de Keren Ben Rafael, réalisatrice diplômée de la Fémis. Le CCFC aurait cédé à la pression d’un membre du jury égyptien, Ahmed Atef, reprochant au film la nationalité de sa réalisatrice, en l’occurrence israélienne. Comble de l’histoire, pour compenser, le CCFC argue avoir décidé de rayer le juré du jury. (Source : www.le-court.com)

Presque normal : France – 2009

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Synopsis : Tel Aviv, un été. Shai va avoir douze ans. Un anniversaire normal, c’est tout ce qu’il demande.

E comme Excursion dans la lune

Fiche technique

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Synopsis : Une copie fidèle du célébrissime « Voyage dans la lune » de Méliès, à ceci près qu’elle bénéficia du système de coloriage des images au pochoir.

Genre : Fiction

Durée : 6’45’’

Pays : France

Année : 1908

Réalisation : Segundo de Chomon

Scénario : Segundo de Chomon

Production : Pathé

Musique : Eric Le Guen

Article associé : la critique du DVD « Retour de flamme, l’intégrale »

C comme The Cook

Fiche technique

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Synopsis : Buster Keaton et Fatty Arbuckle en serveurs de restaurant incorrigibles, dans un burlesque enfin présenté en version intégrale.

Genre : Fiction

Durée : 21’

Pays : Etats-Unis

Année : 1918

Réalisation : Roscoe “Fatty” Arbuckle

Musique : Neil Brand

Interprétation : Fatty Arbuckle, Buster Keaton, Al St John

Production : Comique Films, Paramount

Article associé : la critique du DVD « Retour de flamme, l’intégrale »

T comme trois films de prévention du dessinateur O’Galop

Fiche technique

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Voir le film sur le site d’Europa Film Treasures

Synopsis : De l’animation pour la bonne cause. « Pour résister à la tuberculose », « Petites causes, grands effets » et « Le circuit de l’alcool » : des saynètes didactiques tout à fait hilarantes.

Genre : Animation

Durée : 5’39’’

Pays : France

Année : 1918

Réalisation : O’Galop

Animation : O’Galop

Compositeur : Eric Le Guen

Son : muet sonorisé

Article associé : la critique du DVD « Retour de flamme, l’intégrale »

M comme Un Monsieur qui a mangé du taureau

Fiche technique

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Synopsis : A l’issue d’un repas, un monsieur clame que c’est du taureau qu’il a mangé, et se dispose à encorner tout le monde. Il décroche du mur une paire de cornes, se la flanque sur la tête et entame une corrida frénétique. Les convives affolés téléphonent d’urgence en Espagne pour réclamer un matador.

Genre : Fiction

Durée : 7’

Pays : France

Année : 1935

Réalisation : Eugène Deslaw

Scénario : Eugène Deslaw

Production : Victor Films

Commentaire : Bétove

Article associé : la critique du DVD « Retour de flamme, l’intégrale »

T comme Tulips Shall Grow

Fiche technique

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Cliquer sur l'image pour voir le film dans son intégralité

Synopsis : Jan est amoureux de Janette. Les jours s’écoulent paisiblement au rythme des moulins à vent, jusqu’à ce qu’une armée de boulons arrive et massacre tout sur son passage. Mais les tulipes repousseront.

Genre : Animation

Durée : 6’59 »

Pays : Etats-Unis

Année : 1942

Réalisation : George Pal

Scénario : George Pal

Animation : George Pal

Production : Paramount Pictures

Article associé : la critique du DVD « Retour de flamme, l’intégrale »

V comme Le Voyage dans la lune

Fiche technique

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Synopsis : Six savants, membres du Club des Astronomes, entreprennent une expédition qui doit les conduire sur la Lune. Ils partent dans un Obus tiré par un canon géant. Arrivés sains et saufs sur la Lune, ils y rencontrent ses habitants : les Sélénites, échappent à leur Roi et reviennent sur la terre grâce à leur Obus qui, tombé dans la mer, est repêché par un navire. Ovations, décorations, et défilé triomphal pour les six héros de cette aventure spatiale.

Genre : Fiction

Durée : 12’46’’

Pays : France

Année : 1902

Réalisation : Georges Méliès

Scénario : Georges Méliès

Décors : Georges Méliès

Images : Michaut et Lucien Tainguy

Musique : Robert Israël

Son : Muet sonorisé

Format : Beta

Interprétation : Georges Méliès, Jeanne d’Alcy

Articles associés : l’interview de Serge Bromberg et la critique du DVD « Georges Méliès : le Premier Magicien du Cinéma (1896-1913) »

Serge Bromberg : « C’est la marque du temps qui fait la poésie des images »

« Youpi ! J’attends cette caisse depuis longtemps…Vous allez peut-être assister à une découverte. J’attends un film de 1926, « There ain’t no Santa Claus » (Il n’y a pas de Père Noël), un film de James Parrott avec Charley Chase. C’est l’histoire d’un type qui se déguise en Père Noël pour faire une surprise à ses enfants et il se trompe de cheminée ». En exhumant d’un colis de vieilles bobines enveloppées dans du papier journal, dont une réduite en poussières, Serge Bromberg vient d’introduire avec malice notre rencontre sous le signe d’un certain cinéma et du plaisir partagé.

Animateur télé, musicien, réalisateur de « L’Enfer » récemment césarisé, directeur artistique du Festival d’Annecy, Serge Bromberg est aussi le fondateur et responsable de Lobster Films, une société parisienne spécialisée dans la recherche, la restauration, la conservation et la promotion des films anciens, classiques comme inédits. Enfin, il est l’initiateur et l’acteur clé de Retour de Flamme, une séance de cinéma insolite articulée dès 1992 autour de titres rares, étonnants ou classiques, en noir et blanc ou en couleurs. Il y présente des films courts et les accompagne au piano, renouant ainsi avec la tradition des projections d’antan.

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Peut-on dater votre engouement pour les vieux films ?

Ça fait 20 ans que je travaille autour des vieux films, mais en réalité, j’ai vraiment été fasciné par le cinéma de patrimoine il y a environ 35 ans, à une époque où la vidéo n’existait pas, où il y avait trois chaînes de télévision dont une seule en couleurs. Clairement, l’image était rare et en tout état de cause, il était impossible de l’arrêter et de choisir ce qu’on allait voir. À l’époque, existait le cinéma à domicile basé sur des films en 9,5 mm (Pathé Baby), 8 mm, et Super 8. J’avais 8 ans en 1969. Mon père est rentré avec un film, « Charlot au Music-Hall » et un projecteur. Il l’a passé et ça a vraiment été un flash absolu, pas tant pour le film lui-même que pour deux choses. D’abord, la sensation du temps qui passe : à l’écran, des gens en noir et blanc essayaient de me parler mais ne pouvaient pas le faire puisqu’il n’y avait évidemment pas de son ! Ensuite, quelque chose qui m’a sidéré : la possibilité d’arrêter le film à un moment donné. J’avais envie de faire pipi et mon père a dit : « ne t’inquiète pas, j’arrête ». Il a arrêté le film et je n’ai rien manqué en revenant. Ça a l’air tout à fait anecdotique et banal aujourd’hui, mais en fait, à l’époque, c’était extraordinairement spectaculaire.

Depuis, vous vous êtes entouré, via votre société Lobster, d’œuvres anciennes, classiques ou inédites, noir et blanc ou en couleur qui couvrent plus de 70 ans de cinéma (1895-1965).

Notre collection commence avec l’invention du cinéma. Comme elle est axée sur la rareté des œuvres, elle se termine à peu près à la fin des années 60. Plus on remonte dans le temps, plus ça nous intéresse. En fait, plus on accède à l’ère moderne de l’audiovisuel et de la télévision, plus les producteurs ont eu la connaissance d’un marché secondaire pour leurs œuvres, en l’occurrence la télévision, et plus, ils ont conservé leurs films.

À partir de quel moment incluez-vous un film dans votre collection ? Hormis le fait qu’il fasse office de document historique, qu’il ait une part d’exotisme ou qu’il soit dans un état de décomposition tel qu’il faut absolument le sauver ?

Vous savez, très souvent, le film arrive, on l’identifie, on le met dans l’ordinateur, on sait où il est et puis, ça s’arrête là. Il ne sera jamais montré, il ne sera pas restauré dans l’immédiat et on attendra qu’un jour, quelqu’un nous dise : « restaurons-le ». Derrière vous, par exemple, vous avez un film perdu de Joséphine Baker, un de Buster Keaton, un autre avec Douglas Fairbanks (« His picture in the papers » [John Emerson, 1916]) et en dessous, « La Moglie di Claudio » qui est probablement l’un des films les plus rares tirés d’un roman d’Alexandre Dumas fils, réalisé en 1918 par un italien Gero Zambuto, qui ne comporte aucune vedettes et qui n’intéresse personne.

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« Cyrano de Bergerac »

Le travail de conservation/restauration ne se fait donc pas automatiquement ?

Ah non, c’est impossible ! Vous savez, le coût de restauration d’une bobine noir et blanc muette est d’environ 1.500 euros pour à peu près 10 minutes (le triple en couleurs). Pour une restauration sonore, on est plus près de 3.000 euros que de 1.500 euros. Donc, vous imaginez le coût pour un film en 10 bobines !

On sait que 60% des films muets sont invisibles, perdus ou oubliés. Que faut-il faire pour les retrouver et les sauver à temps ?

L’histoire de ces films perdus est souvent très complexe. Pourquoi des films se perdent-ils ? Pourquoi aujourd’hui 50% du patrimoine cinématographique muet a-t-il disparu ? Pourquoi ces bobines se retrouvent-elles dans une cave, dans un grenier, dans une brocante ? On ne le sait pas. La seule chose qu’on sait, c’est que les cinémathèques du monde entier ont déjà fait l’effort d’aller voir tous les ayants-droits et tous les laboratoires cinématographiques pour essayer de retrouver les films là où logiquement il devait y en avoir. Et on sait qu’on n’est pas arrivés au bout du chemin.

Bilan : si on veut retrouver aujourd’hui ces films manquants, la dernière chance, c’est la technique de la bouteille à la mer. C’est-à-dire qu’on lance tous azimuts un message :  » aidez-nous, appelez-nous si vous avez des films parce qu’ils sont périssables et parce que vous possédez peut-être le dernier exemplaire du film de Fritz Lang, de Charlie Chaplin, d’Alfred Hitchcock, des Marx Brothers. Tous ces gens-là ont des films perdus. »

Aujourd’hui, les gens qui ont des bobines de valeur ne savent même pas qu’ils les ont, ce que c’est, pourquoi elles sont là, et qui appeler. Il faut que ces films reviennent là où les ceux qui les auront entre leurs mains sauront ce que c’est et quoi en faire. La durée de vie d’un film ancien est d’environ 80 à 90 ans, donc, quelque part, garder ces films ne sert à rien. Il faut se dépêcher. Quand les gens me demandent ce qu’est la décomposition, je leur sors quelques bobines. C’est à pleurer, c’est pathétique. La bobine toute rouillée qu’on a ouverte tout à l’heure, c’était peut-être le film que je cherchais…

Comment traitez-vous l’image de ces films ?

Pour l’image, il y a la photochimie, la technique de restauration la plus pérenne : on recopie le film sur de la pellicule vierge donc on le rephotographie virtuellement en s’arrangeant pour ne pas rephotographier les rayures, les perforations qui ont sauté et les poussières. Il faut le nettoyer patiemment, le préparer, le dérayer et à l’arrivée, on retombe sur un négatif 35 mm pérenne, en général du polyester. Ce négatif-là sera l’élément de sauvegarde. Mais il peut arriver que sur ce négatif, des images peuvent être partiellement manquantes et des rayures peuvent être suffisamment profondes pour ne pas avoir disparu au traitement du dérayage. À ce moment-là, pour les films qui ont le plus de valeur commerciale, on pourra électroniquement faire une stabilisation, un dérayage, enlever les petits points noirs ou blancs, et refaire l’étalonnage.

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Mais concrètement, quand le magenta « mange » les couleurs, quand les perforations ont sauté, quand des poussières apparaissent à l’image, comment pouvez-vous ne pas vous laisser tenter de dénaturer l’image ou le son durant le processus de restauration ? Comment ne pas trahir l’œuvre abîmée par le temps ?

On ne le peut pas parce que le travail de restaurateur est un travail modeste. Quelque part, le restaurateur ne doit jamais se permettre de rajouter des choses. La réalité, c’est qu’on travaille dans l’ombre des auteurs de l’époque. Imaginons qu’au début du cinéma sonore, un auteur n’a pas de quoi se payer des équipements corrects ou que le son qu’il va tirer de ses enregistrements sonores est terrible. Que faut-il en faire aujourd’hui ? Faut-il restituer le son dans sa pauvreté originelle ou au contraire traiter le son pour qu’il soit au plus près de ce que l’auteur aurait aimé avoir à l’époque ? Et bien, c’est cette deuxième hypothèse que nous adoptons. La première se défend historiquement parlant, et nous conservons d’ailleurs toujours le son tel qu’il nous est parvenu. Mais le numérique permet cette chose formidable de proposer la meilleure option possible tout en conservant les autres. Nous, nous aimons bien restaurer le confort d’écoute, toujours dans le plus grand respect de l’intention originelle des auteurs du film. Quand un film est devenu magenta, on essaye évidemment de recréer l’étalonnage du mieux possible, malheureusement, on ne pourra probablement pas le restaurer à son meilleur avantage.

Aujourd’hui, a contrario, on a la sensation que la tentation est au tout numérique, à l’ultra-réalisme revendiqué.

Oui… Elle me fait peur, cette tentative-là. Quelque part, le style des premières années de cinéma est un peu pataud, mais c’est la marque du temps qui fait la poésie des images, puisque, au fond, tout ça, c’est bien une affaire de poésie. Et bien, si on nettoie trop la pellicule, si on revient à une sorte de pureté absolue, la poésie part avec. Pourquoi ? Comment ? On ne le sait pas mais elle part avec.

Le film ancien est malheureusement perçu par le grand public comme intellectuel, difficile d’accès et déficient visuellement et auditivement. Vous, vous proposez un contre-pied en pariant sur le partage et la part de rêve…

Exactement. Faire revenir à la vie des images et des êtres du temps passé totalement oubliés m’a toujours fasciné. Ce que je fais, je ne le fais pas dans une démarche muséale mais bien dans une véritable démarche de partage, de bonheur et d’expérience collective. Ces films ne sont pas vieux, ils ont été créées pour susciter de l’émerveillement chez les gens. (…) La deuxième dimension, c’est leur qualité. Ces films n’ont pas été faits pour être des vieux trucs en noir et blanc rayés qui sautent avec des images à l’envers. Ils ont été tournés avec des caméras tout à fait normales, la pellicule d’origine était très bonne et a priori, il n’y a pas de raison que correctement restaurés, ils ne soient pas formidables. (…) Même si de temps en temps, il y a des petits défauts que nous ne pouvons pas surmonter, ce sont toujours des petits défauts de confort qui nous rappellent combien tout objet est périssable. Enfin, la troisième règle, c’est de sortir les films de leur ghetto. Quand on parle de films anciens, les gens les cataloguent aux cinémathèques, aux images du passé, à l’érudition, … Cette dimension existe et elle est importante. À toutes les époques, il y a eu des cinémas artistiques, des trucs un peu expérimentaux qui n’ont pas été faits spécifiquement pour aller à la rencontre du grand public. Moi, je suis dans un autre registre, celui de la vie. Pour moi, un spectacle n’est réussi que si les parents peuvent emmener leurs enfants pour leur faire découvrir le concept de Retour de Flamme.

Justement, pourriez-vous me parler de Retour de Flamme ?

Comment faire pour que le public retrouve ces films ou que ces films retrouvent un public ? Nous, nous avons commencé par la salle : à l’époque, j’accompagnais les films au piano. Retour de Flamme est ainsi né en 1992, et la magie a opéré immédiatement. C’est un peu fragile, la magie, l’alchimie, l’osmose. J’ai eu peur à un moment qu’en la transmettant à la télévision, elle se refroidisse un petit peu, mais elle s’est maintenue. On a commencé par faire une émission sur CinéCinéma Classic, une chaîne du groupe Canal+, où je présentais chaque film. Et puis, à l’occasion du dixième anniversaire de Retour de Flamme, je me suis laissé convaincre par l’idée de fabriquer un DVD. Quelque part, je crois vraiment à ce concept de magie collective, raison pour laquelle à travers les DVD, j’essaye de continuer, de donner une extension à la vie de ces images. La collection Retour de Flamme (RDF) compte essentiellement des courts métrages. Après tout, à ses débuts, le cinéma était fait de morceaux, d’essais, d’expériences, de petites blagues, de documentaires. Une séance RDF est une compilation de ces différents films, et intéresse tout le monde : les historiens, les musiciens, les amateurs d’animation, de documentaire, … À l’arrivée, cela fait 3h-3h30 par DVD, bonus compris. Un vrai voyage dans le temps.

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« Le Voyage dans la lune »

En plus de 20 ans, quelle a été votre plus grande surprise ?

Difficile à dire. Dans la surprise, il y a sûrement une petite chose qui était là, dans ces boîtes vides : le « Cyrano de Bergerac » inclus dans le cinquième volume de Retour de flamme. Il s’agit du premier film sonore en couleur de l’histoire du cinéma. On y voit en 1900 Coquelin aîné, le créateur du rôle de Cyrano en 1897, faire la tirade du duel pour une expérience de cinéma sonore, le Phono-Cinéma-Théâtre, qui ne durera que quelques semaines pendant l’Exposition Universelle de Paris. Ce film-là, on en connaissait une version visuellement très médiocre récupérée en noir et blanc dans un documentaire des années 40. Nous avons retrouvé l’une des copies originales coloriée au pinceau avec une perforation centrale pas possible : le truc démentiel ! On a trois enregistrements du son qui n’existait que sous la forme d’un rouleau : celui-ci a été enregistré à trois étapes de sa dégradation, à chaque fois partiellement. Aujourd’hui, on réussit à remontrer la tirade du duel, ce qui est exceptionnel. Voilà, il y a 110 ans : le cinéma sonore en couleur ! Une autre grande découverte, c’est « Le Voyage dans la lune » de Georges Méliès. Tout le monde connaît cette image de la lune qui reçoit un obus dans l’œil, mais personne ne sait que « Le Voyage dans la lune » a été réalisé et distribué en couleur en 1902. On a retrouvé une copie couleur totalement décomposée du « Voyage ». La restauration a commencé en l’an 2000 et aujourd’hui, elle n’est pas finie parce qu’on n’a pas la solution technique qui nous permettra de la finir.

Repensez-vous parfois à l’enfant que vous étiez quand vous regardiez ce film de Chaplin ?

Oui. C’est drôle parce que je jouais réellement à l’époque avec les images de « Charlot au Music-Hall ». Je m’amusais à passer des séquences en marche arrière et en marche avant. D’ailleurs, ma copie était complètement explosée à certains endroits. Chose amusante, depuis, nous avons acheté les droits des négatifs de ce film.

Mon parcours est aussi traversé par l’animation, et l’animation pour moi, c’est cette créature improbable nommée « King Kong ». Avec mon petit projecteur Super 8, Charlot a été ma marionnette : j’en faisais ce que je voulais. Par contre, j’ai été la marionnette de King Kong : il me faisait peur quand j’étais jeune. Maintenant, je programme « King Kong ». Ça y est : j’ai terrassé la bête, King Kong est mon ami ! Quelque part, que ce soit lors d’une projection RDF ou sur les DVD dans une moindre mesure, on est toujours la marionnette de l’autre. Est-ce le pianiste qui est la marionnette du public ou est-ce le public qui est la marionnette du programmateur ? Ou finalement sommes-nous tous les marionnettes de ces images miraculeuses ?

Propos recueillis par Katia Bayer

Article paru sur Cinergie.be

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