Tous les articles par Katia Bayer

Ámár de Isabel Herguera

« Ámár » est la dernière animation de Isabel Herguera, présente au Festival Anima en tant que membre du jury international. Son film est comme un carnet de voyage que l’on retrouve avec émotion, après des années, un petit livre composé de fragments de visages, de noms de personnes et de lieux, d’impressions sur une ville, sur un pays, de sentiments confus pour un amour perdu puis retrouvé.

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Sélectionné l’an dernier au même festival bruxellois, le court métrage de la réalisatrice basque faisait partie cette année des 24 films composant les programmes consacrés à l’Espagne. On l’a dit, “Cortos de España”, de manière générale, dégage une sombre obscurité. « Ámár », en revanche évoque plus une tendresse nostalgique que le surréalisme fantastique.

Le film est un peu comme une déclaration d’amour à l’Inde, un pays que la réalisatrice connaît bien puisqu’elle y enseigne l’animation à l’Université d’Ahmedabad (National Institute of Design) depuis quelques années. Dès les premières images, le dessin est fluide, le trait se fait sensuel et fuyant, noir et délicat comme un pinceau trempé dans l’encre de chine contrastant avec la blancheur du fond. Par-ci, par-là, des touches colorées viennent souligner une atmosphère particulière et puis les sons, ceux de la rue surtout, envahissent l’animation comme une vague qui s’échoue sur une plage de souvenirs doux-amers.

Une voix off, celle de la réalisatrice raconte comment elle a rencontré, aimé et quitté Ámár, devenu fou et ayant été interné dans un asile. Comment ? Pourquoi ? On ne le saura jamais. Herguera laisse le récit ouvert à toutes les interprétations, esquissant les pistes sans les confirmer.

Comme ses premiers films réalisés à l’aide de découpures de photos, de collages et d’assemblages composites (« Spain Loves You » (1988), « Los Muertitos » (1994)), la créatrice aime expérimenter les formes pour rendre compte d’une œuvre mosaïque, plurielle et éclatée où l’histoire naît d’une technique ou peut-être que c’est le contraire. Avec « Ámár », Isabel Herguera confirme à nouveau son talent d’artiste conteuse.

Marie Bergeret

Consultez la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Isabel Herguera

W comme The Werepig

Fiche technique

Synopsis : Deux Américains vont en Espagne et découvrent une nouvelle façon de manger ou de se faire manger.

Genre : Animation

Durée : 17’

Pays : Espagne

Année : 2008

Réalisation : Sam

Scénario : Sam

Image : Sam

Animation : Julia Peguet, David Caballer, Sam

Décors : Jose Atienza

Montage : Sam

Son : Santi Beliver, Pablo Pellicer , Sam

Musique : Ramon Giner

Production : Conflictivos Productions

Article associé : Le reportage La Patamod au bord de la crise de nerfs

E comme Encarna

Fiche technique

Synopsis : Encarna est une femme de ménage au bord de la crise de nerfs.

Genre : Animation

Durée : 9’33’’

Pays : Espagne

Année : 2003

Réalisation : Sam

Scénario : Sam

Image : Sam

Animation : Sam et Pablo Pellicer

Décors : Ati, Fran, Pablo Pellicer, Sam

Montage : Sam

Son : Santi Beliver, Pablo Pellicer , Sam

Musique : Constantino M. Orts

Production : Conflictivos Productions

Article associé : le reportage La Patamod au bord de la crise de nerfs

V comme Vicenta

Fiche technique

Synopsis : Alfredo est mort sans avoir révélé à sa femme la cachette d’une fabuleuse fortune gagnée à la loterie. Vicenta a cherché partout, en vain ; sa dernière chance est de demander à son mari décédé. Ramener les morts à la vie n’a jamais été chose facile, mais avec l’aide de son neveu tout est possible.

Genre : Animation

Durée : 22′

Pays : Espagne

Année : 2010

Réalisation : Sam

Scénario : Sam

Image : Sam

Animation : David Caballer, Sam

Décors : Diego Soriano

Montage : Sam

Son : Sam

Musique : Sam

Production : Conflictivos Productions

Article associé : Le reportage La Patamod au bord de la crise de nerfs

La Patamod au bord de la crise de nerfs

Qu’ont en commun Pedro Almodóvar et Peter Lord ? Pas grand chose a priori et pourtant, c’est bien à eux que l’on pense quand on découvre les films de Samuel Orti Marti (dit Sam), l’un des maîtres de la pâte à modeler. Au premier, il emprunte le côté folklorique et au second, la technique. Le Festival Anima qui met l’Espagne à l’honneur, n’allait pas faire l’impasse sur cet ingénieux hidalgo de l’animation ibérique.

Au programme de la carte blanche, des films d’une insolence savoureuse, n’hésitant pas à flirter avec le trash du cinéma de série B. Les héroïnes de prédilection se prénomment Encarna ou Vincenta, des ménagères de moins de 50 ans, condamnées aux tâches domestiques qui peuvent se révéler très dangereuses quand leur coupe commence à déborder. Pittoresques et hautes en couleur, les histoires sont bien ancrées dans la culture espagnole. Sam en parsème les clichés dans tous ses récits. Ce peut être un accent savoureux dans « The Werepig », quelques notes de piano accompagnant le mari en costume de Torero dans « Encarna » ou un comportement bien machiste dans « Vicenta ». Car Sam aime mettre en scène l’Espagne profonde, celle des hommes qui aiment la Corrida et qui se méfient des banquiers et celle des femmes qui regardent des feuilletons à l’eau de rose tout en repassant le linge de la famille et en jetant un œil furtif à la mère alitée dans la pièce à côté. C’est la vieille génération qu’il croque avec un humour coquin et parfois cru mais derrière lequel on sent une infinie tendresse. Bienvenue en Hispanie !

Encarna

Encarna est une femme au foyer tout ce qui a de plus normal. Sa seule véritable envie est de pouvoir regarder le dernier épisode de sa série préférée « Une femme de courage ». Seulement, elle est sans cesse dérangée par sa mère qui la réclame toutes les cinq minutes, par le plombier qui répète que son intervention ne sera pas gratuite et par sa sœur, persuadée qu’elle ne s’occupe pas bien de leur génitrice. Et lorsqu’elle découvre la liaison extraconjugale qu’entretient son mari avec la voisine anglaise, la télévision se coupe pour des raisons de factures impayées. La goutte d’eau fait déborder le vase bien plein d’Encarna. Le facteur vient justement de livrer une caisse remplie d’armes à feu pour son fils. Mitraillettes et grenades font la joie de cette mère désespérée, ce Rambo en jupon tire alors sur tout ce qui bouge. Sa jungle à elle, c’est son appartement et ses ennemis, sa famille. Une crise de nerfs délicieusement mis en scène où la pâte à modeler se déploie, se forme et se déforme sous les tirs exutoires de la ménagère. « Encarna » tout comme le film suivant« El ataque de los kriters asesinos » où notre Desperate Housewife se retrouve à combattre des boules de poussière carnivores, développe un univers jouissif.

The Werepig

On connaissait la légende du loup-garou, les nuits de pleine lune, mais moins celle de l’homme qui se transforme en cochon. C’est chose faite grâce à un Sam toujours aussi déjanté. Les nouvelles du journal annoncent (technique scénaristique récurrente dans ses animations) l’arrivée d’une horde de touristes venue visiter l’Espagne. Du troupeau on ne verra qu’une paire de jeunes Américains, assis à l’arrière d’un bus les menant à Levante, en Galice. Naturellement, les deux garçons, seuls étrangers dans ce transport local, se nourrissent de chips, d’hamburgers, de chocolat et font du bruit pour quatre. N’en pouvant plus, un prêtre décide de les faire descendre avec toute la délicatesse que l’énervement peut conférer à une personne pieuse. Nos Américains se retrouvent perdus au beau milieu d’un désert où il fait mourant. C’est alors qu’au loin, ils aperçoivent un Eden, une petite fermette au charme fou, habitée par un couple de vieilles personnes à qui l’on donnerait le Bon Dieu sans confession. Mais ne l’oublions pas, dans l’univers de l’Espagnol, point de gentillesse sincère et gratuite. En offrant l’asile aux étrangers, les septuagénaires doivent forcément cacher quelque chose: un amour immodéré pour la cochonnaille par exemple, au point de transformer nos touristes inoffensifs en porcelets bien appétissants.

Vicenta

Avec « Vicenta », sélectionné à Clermont-Ferrand l’an dernier, nous retrouvons la fameuse ménagère de moins de 50 ans, mariée à un vieux bougon macho et radin. Tout pour plaire, cet individu rêve d’approfondir une relation intime avec la charmante voisine, ex-braqueuse de banques. C’est que l’homme aurait gagné à la loterie 20 ans auparavant et qu’il garderait l’argent chez lui dans l’ignorance de sa femme. « Ce que tu ignores ne te fera aucun mal », s’avise-t-il de lui répondre quand elle émet le souhait de connaître la cachette du magot. Après tout, n’est-ce pas sa mère à elle qui a acheté le billet gagnant ? Mais quand l’horrible mari meurt sans mot dire, c’est sans compter sur l’ingéniosité de la récente veuve qui fera tout (même l’impossible) pour récupérer ce qui lui appartient. Avec ses incursions réussies dans le film noir et la science-fiction, « Vicenta » est un clin d’œil à l’œuvre de Sam en général, reprenant des décors utilisés dans d’autres films. Ainsi, peut-on apercevoir le bus qui transportait nos deux lascars mal élevés de « The Werepig » ou encore la scène de résurrection forcée est directement reprise de « Frankenstien » et l’assistant du Docteur dans ce dernier film se retrouve être le neveu demeuré de Vicenta. Un monde à découvrir absolument.

Marie Bergeret

Consultez les fiches techniques de « The Werepig », « Encarna » et « Vicenta »

D comme La Dama y la muerte

Fiche technique

Synopsis : Une vieille femme vit seule dans sa ferme en attendant que la Mort l’amène auprès de son défunt mari. Une nuit pendant le sommeil, la Mort l’invite à la rejoindre. Alors qu’elle est sur le point de revoir son mari, la vieille femme se réveille dans la salle d’urgence d’un hôpital.

Genre : Animation

Durée : 8′

Pays : Espagne

Année : 2009

Réalisation : Javier Recio Gracia

Scénario : Javier Recio Gracia

Animation :

Montage : Claudio Hernández

Son : Miguel Angel Pérez

Musique : Sergio de la Puente

Production : Kandor Graphics

Article associé : le reportage Cortos de España

B comme Birdboy

Fiche technique

Synopsis : Une terrible catastrophe industrielle va bouleverser la vie de la petite Dinki à jamais.

Genre : Animation

Durée : 13 min

Pays : Espagne

Année : 2010

Réalisation : Alberto Vázquez et Pedro Rivero

Scénario : Alberto Vázquez

Image : Alberto Vázquez

Animation : Postoma Studio

Montage : Iván Miñambres

Son : Cinemar Films

Musique : Suso Sáiz

Voix : Ana Lemos, Tacho González, Antón Rubal, Xermana Carballido,

Production : Abrakam Estudio

Article associé : le reportage Cortos de España

B comme Les Bessones del carrer de Ponent

Fiche technique

Synopsis : Pommades, élixirs et potions. Enriqueta et Ramoneta vous serviront avec discrétion, réserve et éducation, rue de Ponent, numéro 17A , Barcelone.

Genre : Animation

Durée : 13′

Pays : Espagne

Année : 2010

Réalisation : Marc Riba et Ana Solanas

Scénario : Marc Riba et Ana Solanas

Image : Anna Molins

Animation : Núria Riba

Montage : Sergi Martí

Musique : Maria Coma

Chanson : Natàlia Miró do Nascimento

Production : I+ G Stop Motion

Article associé : le reportage Cortos de España

C comme La Cosa de la esquina

Fiche technique

Synopsis : Oh mon dieu, il y a une chose noire horrible et dégoûtante dans le coin … mais est-ce bien vrai que tu ne la vois pas ?

Genre : Animation

Durée : 10′

Pays : Espagne

Année : 2011

Réalisation : Zoe Berriatúa

Scénario : Zoe Berriatúa

Animation : Zoe Berriatúa

Montage : Zoe Berriatúa

Son : Ramón Rico

Musique : Fritz Kreysler

Voix : Pablo Turégano, Manuel de Blas, Africa Luca de Tena, 
David Iglesias, Alexandra Piñeiro

Production : La bestia produce

Article associé : le reportage Cortos de España

Cortos de España

À la table des convives privilégiés du Festival Anima cette année, nous retrouvons le plus castillan des pays de la péninsule ibérique. L’Espagne s’offre une jolie mise en valeur avec deux programmes de courts métrages, des avant-premières de longs, un focus sur Sam Orti, l’un des maîtres de la pâte à modeler et une rétrospective consacrée au pionnier de l’animation espagnole, Segundo de Chomón.

On constate que dès les premiers temps, le cinéma espagnol montre un certain penchant pour le morbide, l’obscur et le ténébreux. De « Satan s’amuse » (de Chomón, 1907) à « Los Otros » (Amenábar, 2001), « Le Labyrinthe de Pan » (del Toro, 2006) en passant par « Un Chien andalou » (Buñuel, 1929), une grande partie des cinéastes espagnols se nourrit des peurs et des fantasmes collectifs pour créer des histoires dont l’intrigue évolue aux frontières du réel. L’animation contemporaine semble être marquée du même sceau car à y regarder de plus près, il se dégage de la sélection “Cortos de España”, une odeur de soufre, un parfum d’angoisse funéraire où la mort et ses nombreuses allégories s’abreuvent du surréalisme fantastique que l’on retrouve dans les peintures de Goya et de Dalí notamment.

“This is the end”

Les thèmes de l’angoisse, de la déliquescence, de la désillusion et du désenchantement se conjuguent à tous les temps du passé et du présent pour signaler les dangers qui pèsent sur un futur incertain. Les héros des films sont souvent représentés comme des individus perdus, seuls face à une fin véloce et pernicieuse.

Dans “Birdboy” qui est une adaptation de la B.D “Psiconautas” de Alberto Vázquez, Pedro Rivero et Alberto Vázquez dénoncent les abus d’une industrialisation effrénée menant à la destruction de la planète. La petite souris Dinki se rend à l’école avec son papa chéri. Sur le chemin, elle croise son compagnon de classe Birdboy, un hibou qui essaye de voler mais en vain. Quand survient une terrible explosion qui ravage toute l’île, Dinki n’a plus que Birdboy et ses ailes pour la sauver. Ayant recours à un graphisme stylisé: après la catastrophe, les visages des personnages tels ceux parsemant les peintures de Munch sont pareils à des fantômes arborant d’immenses trous à la place des yeux, et jouant sur les contrastes de couleurs chaudes et froides, de la simplicité naïve du début et de la cruelle dureté de la suite, Rivero et Vázquez signent une animation fascinante et glaçante. Un conte apocalyptique (l’envol de Birdboy vers un soleil couchant rappelle l’affiche du film de Coppola) qui ne laisse pas indifférent.

L’angoissant « Les Bessones del Carrer de Ponent » plonge dans les profondeurs du mal. En s’inspirant de la vie de Enriqueta Martí (1868-1913), célèbre tueuse d’enfants du début du siècle dernier, à Barcelone, Marc Riba et Anna Solanas ne s’y sont pas trompés. D’un fait-divers diabolique, ils livrent un film d’animation terrible et fantastique. La jeune femme désaxée se convertit en un couple de vieilles sœurs jumelles castratrices (Enriqueta et Ramoneta) qui enlèvent des enfants pour les manger. Les poupées de bois sont animées grâce à la technique de l’animation en volume. Métaphore cruelle de la fin de l’enfance ou de la fin d’un monde rêvé, le film opère des incursions dans la psychologie freudienne en ajoutant un peu de piment saphique dans la relation qui unit les marâtres.

Kafka dans le coin

Sur un fond bleu Klein et des accords de violon, les mains squelettiques de Janus Harper se confessent sur le clavier de son ordinateur. Depuis un certain temps, la “chose” est apparue en haut, dans le coin de son appartement. Il a beau en parler aux autres et s’en plaindre, il semble être le seul à apercevoir le cyclope octopode qui le suit partout (même chez son psy). « La Cosa de la Esquina » de Zoe Berriatúa revisite avec élégance le thème de l’étrangeté cher aux écrivains du 19ème siècle. À la différence de la “Métamorphose”, le héros ne se transforme pas en “la chose” mais est condamné à vivre avec. Du chef d’œuvre kafkaïen, on retrouve la mise en relief de l’angoisse existentielle. Narré à la première personne dans la langue de Shakespeare, ce court métrage est d’une charmante clairvoyance.

Chronique d’une mort souhaitée

« La Dama y la Muerte » est un phénomène en son genre : premier film d’animation réalisé en 3D stéréoscopique en Espagne et détenteur en 2010 du Goya du meilleur film d’animation ainsi que d’une nomination aux Oscars la même année. Le court métrage de Javier Recio Gracia, produit par Kandor Moon, la société de production andalouse d’Antonio Banderas, a fait beaucoup de bruit à sa sortie. Le film parle de la mort ou plutôt du droit à mourir dignement. Loin d’être en faveur de l’euthanasie, il dénonce davantage l’acharnement thérapeutique pratiqué par certains hôpitaux et certains médecins sous le couvert d’une prétendue éthique. Ainsi, dans un lieu d’Andalousie dont on n’ignore le nom, un moulin à vent accompagne les notes du langoureux “We’ll Meet Again” de Vera Lynn, berçant une vieille dame attendant la mort, espérant rejoindre son défunt mari. Et quand sonne sa dernière heure, c’est avec joie et soulagement qu’elle accueille la grande faucheuse. Au même moment, un fringant praticien et sa horde d’infirmières complaisantes tente de retenir l’ancêtre utilisant tous les moyens possibles et imaginables. La fin ne justifie-t-elle pas les moyens? S’ensuit alors une course-poursuite (digne des classiques du 7ème art) entre la Mort et le personnel hospitalier se disputant le corps inanimé de la patiente. Recio va jusqu’à reprendre la célèbre scène du landau du “Cuirassé Potemkine” d’Eisenstein (elle-même reprise par De Palma dans “Les Incorruptibles”). A la place du landau, la chaise roulante de la “Dame”. Traité avec beaucoup d’humour et de rythme, « La Dama y la Muerte » fait l’effet d’un rayon de soleil dans cette jolie brumaille hispanique.

Marie Bergeret

Consultez les fiches techniques de « Birdboy », « Les Bessones del carrer de Ponent », « La Dama y la muerte« , « La Cosa de la esquina« 

Anima 2012

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Cette année encore, Anima donne beaucoup à voir et à découvrir. Pendant plus d’une semaine, les projecteurs des trois salles du Flagey tournent à plein régime pour offrir, une fois de plus, la crème de la crème. Anima 2012, ce sont, entre autres, huit programmes de courts métrages en compétition internationale, quinze nouveaux longs métrages internationaux, trois programmes de courts métrages belges inédits, mais bien plus encore. Anima met deux pays européens à l’honneur: la Suisse et l’Espagne. De nombreux films et rencontres soulignent la richesse de ces deux pays en matière d’animation.

Retrouvez dans ce focus :

Anima 2012 : le palmarès

L’interview de Isabel Herguera, réalisatrice de « Ámár »

La critique de « Wild Life » de Amanda Forbis et Wendy Tilby

– Le reportage Envol estudiantin à Anima

– La critique de « Ámár » de Isabel Herguera

Le reportage « La Patamod au bord de la crise de nerfs »

Le reportage sur « Cortos de España »

La programmation des courts métrages

Séance Format Court, le 8 mars au Studio des Ursulines

8 mars prochain. Jour de la femme, deuxième jeudi du mois, Saint-Machin, … Mais aussi, première projection de courts métrages, organisée par Format Court au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Si l’envie vous prend de fuir la civilisation, de chercher l’inspiration dans un paquet de bonbons, d’occuper votre ancien lieu de travail, de vous mettre au nudisme et de mettre votre plus belle cape de magicien, cette séance est bel et bien pour vous.

La dérive de Matthieu Salmon, fiction, 21’, France, 2011

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Synopsis : Virginie travaille dans une imprimerie en banlieue de Paris. Un jour, conjoncture économique oblige, elle est licenciée. Mais Virginie n’arrive pas à partir. Vraiment pas.

#1 de Noamir , animation, 3’40’’, Belgique, 2008

Synopsis : Un personnage grimpe une montagne, lorsque l’Art se met sur son chemin…

Fais croquer de Yassine Qnia, fiction, 24′, France, 2011

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Synopsis : Yassine, jeune cinéphile passionné, veut tourner un film dans sa cité. Il souhaite associer ses amis d’enfance à son projet. Mais l’amitié a parfois ses travers…

Oh Willy de Emma de Swaef et Marc Roels, animation, 16′52″, Belgique, France, Pays-Bas, 2011

Synopsis : À la mort de sa mère, Willy retourne dans la communauté de naturistes au sein de laquelle il a grandi. Rendu mélancolique par ses souvenirs, il décide de fuir dans la nature où il trouve la protection d’une grosse bête velue.

Instead of Abracadabra de Patrik Eklund, fiction, 22’52’’, Suède, 2008. En VOSTF

Synopsis : Tomas est un peu âgé pour continuer de vivre chez ses parents, mais son rêve de devenir magicien ne lui laisse pas le choix. Son père voudrait simplement qu’il grandisse et qu’il trouve un vrai travail.

Infos pratiques

Projection en présence des équipes de films
Jeudi 8 mars, 20h30

Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines 75005 Paris
PAF : 6 €

Pour accéder au cinéma : BUS : 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon)
RER : Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Epée)
Métro le plus proche : Ligne 7 (Censier Daubenton), mais apprêtez-vous à marcher un peu…

Infos & réservations vivement souhaitées : info@formatcourt.com

Le lien de la page Facebook, c’est où ? C’est ici !

T comme A Trip to the Orphanage (Voyage à l’orphelinat)

Fiche technique

Synopsis : Lorsqu’une chanteuse d’opéra chante dans la rue enneigée et et froide, nous assistons à la rencontre entre un homme et une femme à travers des rideaux en dentelle. La musique est marquée par une tristesse, tout comme les émotions des personnages. Ceux-ci s’approchent tandis que le chanteur sombre dans une mélancolie.

Genre : Expérimental

Durée : 4’

Pays : Canada

Année : 2004

Réalisation : Guy Maddin

Scénario : Guy Maddin

Image : Guy Maddin

Montage : Guy Maddin

Interprétation : Maria de Medeiros, Sarah Constible

Direction de production : Anastasia Geras

Article associé : la critique du film

S comme Sissy Boy Slap Party

Fiche technique

Synopsis : Avec Louis Negin et ses Chochottes de Chippewa, 6 minutes qui montrent ce qui arrive lorsqu’on laisse les chochottes toutes seules. Un mélange de Three Stooges et de Kenneth Anger…

Genre : Expérimental

Durée : 4′

Pays : Canada

Année : 1995

Réalisation Guy Maddin

Scénario : Guy Maddin

Image : Guy Maddin

Montage : Guy Maddin

Interprétation : Noam Gonick Caelum Vatnsdal Simon Hughes Michael Powell John K. Samson Leith Clark David Lewis Don Hewak

Production : IFC Productions, Manitoba Film & Sound Development Corporation, Bravo!Fact

Articles associés : la critique du film, l’interview de Guy Maddin

Sissy Boy Slap Party de Guy Maddin

Fais-moi mal Johnny Johnny Johnny…

Par une étouffante après-midi d’été, de jeunes marins lascifs et désœuvrés paressent dans la torpeur d’une improbable jungle tropicale. Le vieil homme qui semble veiller sur cette joyeuse troupe s’absente pour faire quelques emplettes. Il n’en faut pas plus pour réveiller les instincts de ces vilains garçons… Malgré les recommandations du plus vieux d’entre eux ; à peine sortis de leur sommeil, ils sont soudain pris d’une furieuse envie de se gifler mutuellement ! S’en suit d’irrésistibles distributions de claques : une véritable Sissy Boy Slap Party.

Fidèle au Noir et Blanc et plus généralement à l’esthétique du cinéma des années 20 (cadrage, mise en scène, décors, montage…), Guy Maddin réalise ici un pur fantasme qui rappelle le très sulfureux Pink Narcissus de James Bidgood. Le réalisateur de « The Saddest Music in the World » parvient une nouvelle fois à régénérer le style des films qu’il convoque et provoque ainsi grâce à ce film une imaginaire rencontre entre les années folles et les films érotiques gays des années 70 : un vrai bon moment de cinéma.

Julien Beaunay

Consultez la fiche technique du film

A Trip to the Orphanage (Voyage à l’orphelinat) de Guy Maddin

« A Trip to the Orphanage » (Voyage à l’orphelinat) fait partie de ces court métrages fascinants et énigmatiques dont la beauté poétique vous saisit à la gorge et vous coupe le souffle. En seulement quatre minutes, Guy Maddin parvient à nous propulser dans la puissance de son univers cinématographique. Entre vision onirique et force émotionnelle, le film nous mystifie par sa symbolique visuelle et la profondeur de sa dimension musicale.

Avec les films « Sissi-Boy Slap-party » et « Sombra dolorosa », « A Trip to the Orphanage » participe à une série de courts métrages de 2004 qui prépare la sortie de son long sorti en 2006, « The Saddest Music in the World ». Plus exactement, le film est l’extension d’une des scènes du long métrage. Il en reprend, cette fois-ci en musique, le court passage où un inconnu errant dans les rues embrasse le personnage incarné par Maria de Medeiros, lui assénant une réplique sorti du néant : « Goodbye Mother ! ».

Auteur prolifique d’expériences cinématographiques, Guy Maddin ne cherche pas de narration explicite mais préfère plutôt nous amener à ressentir intensément le trouble d’un homme qui n’a pas connu de mère. L’émotion est là, planant au centre du film. La structure est symétrique avec un voyage entre trois personnages : un homme arpentant lentement les rues hivernales comme happé par son monde intérieur, une femme aux yeux immenses débordant de gravité, et une chanteuse fantomatique au timbre dramatique et déchirant. Au milieu, un plan central montre un jeune enfant en pleurs. La voix vibrante de la chanteuse nous transporte dans une atmosphère nostalgique et bouleversante alors que, derrière elle, on devine la grille de fer de l’orphelinat. La neige et le vent s’abattent sur la scène comme le poids d’un souvenir glacé, contribuant au frisson général. Des voiles diaphanes planent en surimpression dans l’image, estompant les silhouettes des personnages pour mieux en appuyer le mystère. Les contrastes du noir et blanc sont puissants et renforcent un abîme entre la pureté d’un enfant dans la mémoire de sa mère et l’obscurité froide et solitaire de la nuit. Avec ce court métrage, Guy Maddin reprend et amplifie le thème de l’amour maternel perdu dans une œuvre surréaliste d’accès difficile mais à la charge émotionnelle intense et universelle.

Xavier Gourdet

Consultez la fiche technique du film

Guy Maddin : regard expérimental sur le cinéma primitif

Cinéaste culte originaire de Winnipeg (Canada), Guy Maddin revient en France avec une double actualité : la sortie événement en salles de son nouveau long métrage « Ulysse, souviens-toi !» (Keyhole en VO) et « Spiritismes », une proposition très alléchante qui consiste en une réalisation de 17 courts métrages en public, inspirés de scénarios de films « perdus » (Hitchcock, Von Stroheim, Lubitsch, etc) et tournés avec des comédiens confirmés (Mathieu Amalric, Maria de Medeiros, Udo Kier, Géraldine Chaplin, Charlotte Rampling, André Wilms, etc), du 22 Février au 12 Mars au Centre Pompidou.

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A l’occasion de cette actualité foisonnante, nous consacrons un focus spécial à l’univers poétique et surréaliste de ce « monstre » du septième art, à l’imagination débordante, capable d’exhumer toute une esthétique héritée du cinéma muet primitif et la confronter à ses peurs et ses désirs les plus intimes.

Retrouvez dans ce focus :

L’interview de Guy Maddin

La critique de « My Dad is 100 Years Old »

la critique « Night Mayor »

la critique de « Sombra dolorosa »

la critique de « The Dead Father »

la critique de « A Trip to the Orphanage »

la critique de « Sissy-Boy Slap Party »

la critique de « Send Me to the ‘Lectric Chair »

Petit Sagittaire

Cette année, nous avons oublié de fêter notre anniversaire. Le 13 janvier est passé comme une boule dans le fil et nous n’avons rien vu. Peut-être parce que notre quotidien a changé, que l’agenda 2012 a eu du mal à nous trouver ou que nous récupérons encore du festival de Clermont-Ferrand. Pourtant, c’est bel et bien à la veille de cette grosse fête du court, que le site a fait son apparition comme nouvel espace médiatique consacré au cinéma bref. A cette époque, nous nous emballions pour des films aussi différents que « Andong », « Nora » et « Luksus » et partagions notre temps entre les soutiens critiques aux films et les entretiens avec leurs créateurs. Trois ans plus tard, rien n’a vraiment changé. Nous continuons à nous rendre à Clermont-Ferrand, emmagasinons de nouveaux coups de coeur (« Choros », « Boro in The box », « The Pub », …) et poursivons nos conversations avec les auteurs. Avec comme seule différence, majeure, celle d’avoir complètement oublié notre date d’anniversaire (l’âge sûrement…). Mais il n’est pas trop tard : “A la une, à la deux, … Bon anniversaire, Mister Site”.

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« Choros »

Car c’est un fait, depuis un bon millier de jours, Format Court a trois ans. Ce petit Sagittaire se porte plutôt bien. Il mange de tout (animation, expérimental, fiction, documentaire) et refuse, comme tous les formats de son âge, d’aller à l’école du long. Sa curiosité est toujours aussi vive pour le court français et international et il ramène à chaque fois de nouveaux copains à la maison (rédacteurs, lecteurs, followers, facebookers, …). Ses géniteurs (Marie Bergeret, Adi Chesson et moi-même) peuvent, autorisons-nous cette familiarité, avoir la banane.

Histoire de ne pas se reposer sur un fruit ou de quelconques lauriers, nous vous invitons à découvrir la suite de notre histoire, post-Clermont. Ces jours-ci, nos focus s’ouvrent sur un journal de tournage parisien, l’auteur indépendant canadien Guy Maddin, et une manifestation belge qui nous est familière, le festival Anima. Et si cette bonne vieille cinéphilie vous rattrape, nous vous redonnons rendez-vous le jeudi 8 mars au charmant Studio des Ursulines (Paris, 5ème) pour une nouvelle séance de courts en salle. Avec comme toujours, des films chroniqués sur le site, des découvertes de festival, des hasards de programmation, et des réelles envies de partage.

Katia Bayer

Rédactrice en chef

Quelques heures sur le tournage de Love Collection

Le héros (l’acteur Vincent La Torre) du court métrage « Love Collection », réalisé par Antoine Lhonoré-Piquet, vit de son métier de comédien et tente de survivre à sa cassure sentimentale : « Si, à moins de 40 ans, on n’a pas les moyens de s’offrir une puissante relation sentimentale, c’est qu’on a raté sa vie… » semble-t-il se dire. Préférant s’en sortir par lui-même plutôt que de s’en remettre aux services certifiés de l’émission de téléréalité « On n’est pas poussé », le héros choisit d’avoir trois maîtresses. Conquérir les corps et le temps de plusieurs autres est, croit-t-il, un bon moyen de prévenir une nouvelle rupture sentimentale. Mais l’histoire de « Love Collection » se déroule aujourd’hui en France où, souvent, fête de la Saint-Valentin ou non, les femmes rechignent à l’aventure de la polygamie et se gargarisent d’ambitions affectives aussi subversives qu’exclusives.

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Ce 18 octobre 2011, sur le tournage de « Love Collection ». A la Bellevilloise, dans une maison construite aux abords des années 30, au dessus d’une école de danse africaine, une chambre à coucher a été reconstituée dans l’appartement d’un photographe qui sert également d’atelier. Le tournage devait débuter le 14 octobre mais finalement il a démarré trois jours plus tard. Antoine, le réalisateur, m’explique dans le vestiaire où les comédiens se changent « qu’il y a eu un petit souci avec le décor et le voisinage, ce qui fait qu’on se retrouve avec quatre jours pour un film qu’on devait tourner en six jours, d’où un tournage marathon… ». Pendant que nous discutons, l’équipe technique fait quelques réajustements sur le plateau. Alors que nous conversons, la comédienne Leilani Lemmet (une des maîtresses de Vincent) est surprise de nous trouver là.

Le tournage a commencé très tôt ce matin, un peu avant 6h. « Love Collection » bénéficie d’un budget d’environ 150.000 euros. Le scénario est né en novembre 2010. Antoine a écrit l’histoire à partir d’un ensemble d’expériences personnelles vécues par Vincent et lui.

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15h. Douze personnes sont sur le plateau dont Antoine, le réalisateur, Stéphane, l’ingénieur son, et Lucie, la scripte. Vincent La Torre et Loan Chabanol tournent une scène explicite : « L’intérêt, c’était de parler du sexe et de le montrer mais sans que ce soit…pervers ou pas joli… D’ailleurs Sofiia Manousha (comédienne qui joue aussi dans le film) m’a appris qu’elle avait rarement vu un tel respect pour les femmes ». J’aperçois Loan, mannequin chez Elite, sur le ventre, nue, et Vincent, sur elle. Fin de coït. Un discours sur la monogamie s’instaure entre eux. Elle : « Je n’arrive pas à t’imaginer avec une autre femme… ». Il se montre odieux, elle le gifle. Rupture des corps. Cut. Consignes aux comédiens. Remaquillage.

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Plus tard, dans l’après-midi, Loan me parle de ce qui lui paru le plus difficile, aujourd’hui : « La nudité m’a affecté. Je pensais être à l’aise mais là, j’étais vraiment nue. Je pensais que ça ne m’atteindrait pas par rapport au métier de mannequin. Mais en fait, montrer ses fesses, ce n’est pas facile ! ».

Pause. Leilani Lemmet attend en peignoir pour un seul plan, une scène de nuit. Elle est là depuis plusieurs heures, essaye de rester calme et concentrée. Elle trouve « très beau » le personnage qu’elle joue. Elle le dit en chuchotant parce que le tournage a repris avec Vincent et Loan et que, sur le plateau, on demande le silence : « Mon personnage passe par des étapes très différentes. Ses émotions sont très variées, très riches, très opposées. Je joue une scène de jalousie. Jouer cela, je trouve ça très beau ». En quoi est-ce beau ? Elle me répond, après avoir ri en sourdine : « Ca peut être beau, ça peut être une preuve d’amour. Mais au delà d’un certain degré, ce n’en est plus une ».

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Plus tard, Loan exulte. Sa journée de travail est terminée : « Enfin, des vêtements ! » dit-elle en souriant. J’ai une discussion avec Vincent face au miroir du vestiaire, alors qu’il se fait remaquiller : « Mon personnage est complètement perdu. Il pense avoir un équilibre en ayant plusieurs maîtresses mais c’est une situation qui ne lui convient absolument pas. Il se refuse à tomber amoureux parce qu’il a déjà souffert mais il tient à chacune de ses maîtresses. Le scénario d’Antoine est juste, calibré au millimètre. C’est parfaitement logique que mon personnage ait son alliance à la main droite et pas à la main gauche, tu vois… ». Les scènes de nu auraient-il pu le faire hésiter à tourner avec quelqu’un d’autre qu’Antoine qu’il connaît bien ? « Antoine a une façon de réaliser, d’envisager l’ambiance qui me convient. Je sais précisément comment il visualise son projet et je sais que ça va être un beau film. Avant de tourner « Love Collection », j’ai regardé un film allemand sur Arte dans lequel il y avait des scènes de nu. Les acteurs étaient blancs de peau, ils faisaient l’amour et c’était tout sauf sensuel. »

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Il est bientôt 19h. Vincent et Leilani sont tous les deux nus. Deux scènes de nuit en contre-plongée sont filmées, tout va très vite. « C’est le plan que je voulais », annonce Antoine. Fin de journée également.

Franck Unimon

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La 4ème édition de ce concours est lancée. Réalisateurs confirmés ou amateurs, envoyez vos courts-métrages de moins de 5 minutes (fiction, animation, expérimental ou documentaire) avant le 31 mai 2012. Après sélection, une vingtaine de films sera soumise tout l’été aux internautes, sur la plateforme ma-tvideo de France 3 à partir du mois de juin. Les 12 films les mieux notés passeront devant un jury de professionnels qui élira les 3 gagnants. Une diffusion sur France 3 dans l’émission Libre Court est à gagner.

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STROMBOLI FILMS

Opération Lignes de Court

40 rue de Cléry

75002 Paris

Pour plus d’informations :

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