Palmarès du Cinéma du réel 2011

Le jury international, composé de Marta Andreu (productrice, Espagne), Gueorgui Balabanov (Cinéaste, Bulgarie), Marie-Hélène Dozo (monteuse, Belgique), Jean Gaumy (photographe et réalisateur, France) et Mehran Tamadon (réalisateur, Iran), a décerné les prix suivants :

* GRAND PRIX CINÉMA DU RÉEL :
Palazzo delle Aquile de Stefano Savona, Alessia Porto, Ester Sparatore (France, 2011)
Doté de 8 000 euros par la Bpi avec le soutien de la Procirep

* PRIX INTERNATIONAL DE LA SCAM :
Distinguished Flying Cross de Travis Wilkerson (Etats-Unis, 2011)
Doté de 4 600 euros

Le jury Premiers Films, composé de Raed Antoni (réalisateur, Palestine), Maria Bonsanti (programmatrice festival dei Popoli, Italie) et Dominique Marchais (réalisateur, France), a décerné le prix suivant :

* PRIX JORIS IVENS :
Il Futuro del mondo passa da qui d’Andrea Deaglio (Italie, 2010)
Doté de 7500 euros par Marceline Loridan Ivens, La Fondation Européenne Joris Ivens et l’association Les Amis du Cinéma du réel
* Mention spéciale : Eine ruhige Jacke de Ramón Giger (Suisse, 2010)

Le jury international et le jury Premiers Films ont décerné conjointement le :

* PRIX DU COURT MÉTRAGE
Extraño Rumor de la tierra cuando se atraviesa un surco (secuencia 75, huerto de Juana López, Toma 01) de Juan Manuel Sepulveda (Mexique, 2011)
Doté de 2 500 euros par la Bpi et par Vectracom (deux Betanum avec incrustation du sous-titrage)

Le jury des jeunes, composé de 5 lycéens et de Vanina Vignal (cinéaste) a décerné le prix suivant :

* PRIX DES JEUNES – CINÉMA DU RÉEL :
Exercices de disparition de Claudio Pazienza (Belgique/France, 2011)
Doté de 2 500 euros par le Centre Pompidou, avec le soutien de la Mairie de Paris.
* Mention spéciale : Fragments d’une révolution , Anonyme (Iran/France, 2011)

Le jury des bibliothèques, composé de Christine Puig (médiathèque José Cabanis, Toulouse), Joël Gourgues (médiathèque Pierre et Marie Curie, Nanterre), Emmanuel Valentini (bibliothèque Marguerite Yourcenar, Paris) et du cinéaste Jean-Patrick Lebel, a décerné le prix suivant

* PRIX DES BIBLIOTHÈQUES :
La Mort de Danton d’Alice Diop (France, 2011)
Doté de 6 000 euros, par la Direction générale des médias et des industries culturelles
* Mention spéciale :
The Ballad of Genesis and Lady Jaye de Marie Losier (États-Unis/France, 2011)

Le Jury de l’Institut français, composé de François Caillat (réalisateur), Elsa Cornevin (attachée audiovisuelle à l’Ambassade de France à Lisbonne – Portugal), Anne Coutinot (chargée de mission au département cinéma de l’Institut français), Christine Houard (chargée de mission au département cinéma de l’Institut français), Anne-Catherine Louvet (chargée de mission au département cinéma de l’Institut français) a décerné le prix suivant :

* PRIX LOUIS MARCORELLES :
Fragments d’une révolution , Anonyme (Iran/France, 2011)
d’une valeur de 10 000 euros, comprenant l’achat de droits et l’édition d’un dvd multilingue
* Mention spéciale : The Ballad of Genesis and Lady Jaye de Marie Losier (Etats-Unis/France, 2011)

Le Département du pilotage de la recherche et de la politique scientifique – Direction des patrimoines – ministère de la Culture et de la Communication a décerné le prix suivant :

* PRIX PATRIMOINE DE L’IMMATÉRIEL :
La Place de Marie Dumora (France, 2011)
Doté de 2 500 euros

Elégie de Port-au-Prince d’Aïda Maigre-Touchet

Stupeur et tremblements

Présenté au Cinéma du Réel à Pompidou dans la compétition Contrechamp français, le film d’Aïda Maigre-Touchet rend hommage au poète et troubadour haïtien, Dominique Batraville. En suivant l’écrivain sur les ruines de Port-au-Prince, la réalisatrice offre une lecture lyrique d’une ville et d’un peuple qui traditionnellement « a un pied dans la vie et l’autre dans la mort ».

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Dominique Batraville parcourt la capitale haïtienne, scandant son amour inconditionnel à l’âme de celle qui fut autrefois comparable à Genève pour sa propreté et son « bien-vivre », et qui n’est aujourd’hui plus que ruines et désolation.

Grâce à un rythme lent, une empathie marquée par le respect et l’admiration de son sujet, « Elégie de Port-au-Prince » fait apparaître une foule de détails qui, à travers la fenêtre du présent, habitent la ville maudite et la font renaître de ses cendres. Parce que son âme, selon Batraville, même perfide, même damnée, survit dans l’Art qui la libère et la transporte loin de la souffrance matérielle.

L’artiste est ce messager surgi des décombres affirmant que sa ville reste habitée sous le manteau poussiéreux de la misère. Des ruines jaillit un renouveau et de la perte naît l’espoir de la (re)construction.La caméra de la réalisatrice se faufile sur les chemins escarpés de la première République Noire, suivant un guide exalté tout en gardant une jolie distance critique . Quand le cinéma croise les frontières du réel.

Marie Bergeret

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Focus Cinéma du réel 2011

Du 24 mars au 5 avril derniers s’est déroulée, au Centre Pompidou, la 33ème édition du Cinéma du Réel, le festival international de films documentaires. Au programme, des courts et des moyens métrages en compétition nationale et  internationale ainsi que des séances spéciales et des rétrospectives.

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Découvrez dans ce focus :

La critique de « La Bohème » de Werner Herzog (Royaume-Uni)

L’interview de Javier Packer-Comyn, directeur artistique du festival

La critique de « Coming Attractions » de Peter Tcherkassky (Autriche)

La critique de « Elégie de Port-au-Prince » d’Aïda Maigre-Touchet (France)

Le Palmarès 2011

La programmation

Festival Courtisane 2011 – le palmarès

Winners of the 2011 competition: Sarah Vanagt and Miranda Pennell

The 10th edition of the Courtisane Festival for film, video and media art closed on Sunday 3rd April 2011. At the award ceremony, the festival jury − Marina Kozul (HR, organiser/curator), Adam Pugh (UK, curator/writer/organiser) and Vincent Meessen (BE, visual artist/curator) − announced the Belgian and international winners. Directly afterwards the winning works were shown again. The prize for the best Belgian work was awarded to Brussels based filmmaker/visual artist Sarah Vanagt (°1976) for her latest video, The Corridor (2010). It’s the second time Sarah Vanagt is a Courtisane Festival laureate, in 2007 she won the Belgian competition with First Elections.

http://www.balthasar.be
http://www.courtisane.be/en/festival/2011/programme/intimate-portraits

The jury statement on The Corridor:
We appreciated the film’s proposal to re-evaluate the relationship between humans and animals on a political level – and in particular its suggestion that the basis of this relationship may be inverted, so that the animal cares for the human.
In doing so, it questions notions of domesticity and humanity, bestiality and consciousness with understated rigour, revealing a dignity of purpose and of realisation.
The film is courageous, too, for choosing to reveal its own process, and for its subsequent restraint: in speaking quietly, it achieves a clarity and depth which might in other hands have been lost.

The international award was handed out to Miranda Pennell (°1963), a London based film and video artist with an extensive background in contemporary dance and visual anthropology, for Why Colonel Bunny Was Killed (2010). The work of Miranda Pennell isn’t new to the audience of the Courtisane Festival either. In 2008 her short film Drum Room was screened at the festival, and in 2007 You made Me Love You.

http://www.mirandapennell.com
http://www.courtisane.be/en/festival/2011/programme/other-side

The jury statement on Why Colonel Bunny Was Killed:
The politics of difference and of inequality also hung above this work. Rephrasing the title of a photograph included in the film, ‘Why Colonel Bunny Was Killed’ transforms a caption into a statement, changing the status of the original as a means to interrogate the documentation of history.
Using original documents to highlight the symbolum of power and thereby to exhume the clues left by the would-be victors, the artist re-evaluates part of her own history to speak of a wider thruth; at once to challenge the authority of the archive of supposidly impermeable documents and to reacquaint us, as a western audience, with a degree of doubt about the legitimacy of our worldview.
In doing so, the artist also illuminates an entirely contemporary yet parallel situation, and taken together these elements speak not only of her personal resolve but of the circularity of history itself – and of its continuity bias for power and the powerful. “Facts, after all, are opinions.” (Gandhi)

D comme Dr Nazi

Fiche technique

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Synopsis : Charles Chinaski est un type à problèmes et se considère comme responsable de la plupart de ses problèmes. Il décide un jour de consulter le premier docteur venu.

Réalisation et scénario : Joan Chemla d’après la nouvelle « Dr Nazi » de Charles Bukowski

Genre : Fiction

Durée : 15′

Année : 2010

Pays : France

Image : Yorgos Arvanitis

Son : Damien Tronchot

Montage : Béatrice Herminie

Montage son : Damien Tronchot

Mixage son : Aymeric Dupas

Interprétation : Nicolas Clerc, Bernard Waver, Céline Samie

Production : KG Produtions

Article associé : la critique du film

Dr Nazi de Joan Chemla

Après « Mauvaise route » (2008), Joan Chemla a choisi de sortir des sentiers battus en réalisant « Dr Nazi », un court métrage inspiré de la nouvelle éponyme de Charles Bukowski. Lauréat du Prix Canal + à Clermont-Ferrand cette année et sélectionné à Créteil, au Festival International de films de femmes, le film traduit l’univers du romancier américain avec une aisance audacieuse.

« Dr Nazi » s’ouvre sur un montage élaboré d’images déclinant la signification du mot « fuck« , en anglais puis se substitue subtilement à la narration du film, en français. Si la prose bukowskienne exhale la bière et le gros rouge, le film de Joan Chemla, quant à lui, embaume l’éther et le formole des cliniques aseptisées. Charles Chinaski (alter égo fictif de l’écrivain maudit), ivrogne instable et asocial décide de consulter un médecin pour résoudre ses problèmes. Par facilité, il se rend chez le docteur Kiepenheuer situé à deux pas de chez lui.

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Au fil des consultations une étrange relation s’installe entre Chinaski, hypochondriaque croyant être atteint d’un cancer, et Kiepenheuer, ex-Nazi reconverti en thérapeute énigmatique. Les rapports entre le soigné et le soignant s’inversent vicieusement car le médecin trouve en Chinaski l’écoute idéale, l’autiste inapte et incapable de se révolter (« désolé, moi, je ne lutte pas »), sur laquelle il déverse ses frustrations et humiliations d’un mariage raté qu’il considère plus affligeant que son appartenance au nazisme.

La réalisatrice fait des choix judicieux pour rendre compte des angoisses de son personnage principal, victime d’un père tyrannique. Les pensées de Chinaski parviennent par le biais d’une voix off sensible et fragile qui expose une personnalité trouble. La blancheur immaculée répétée tout au long du film au travers de nombreux fétiches (radio, murs du cabinet de consultation, draps…) trahit une culpabilité refoulée bien au-delà d’une apparence idéale et bien comme il faut. Chemla alterne volontairement plans d’ensemble et plans rapprochés significatifs, sons d’ambiance et musique, qui tantôt participe à l’histoire, tantôt accompagne l’ascension de Chinaski vers l’éternité. Voilà un deuxième court pour Joan Chemla, chirurgicalement mis en scène.

Marie Bergeret

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