El orden de las cosas de César Esteban Alenda et José Esteban Alenda

Il s’agit d’une femme. D’une femme dans une baignoire. Sa baignoire, c’est son refuge, son domicile. Jour après goutte, goutte après jour, elle reste dans l’eau. Elle n’en sort pas. Elle n’y arrive pas. Pas parce qu’elle aime s’y prélasser. Mais parce que c’est une victime.

Julia, femme, épouse et mère a peur. Son corps montre par endroits des marques de coups. Son mari la cogne, avec la ceinture et le sens du respect qu’il a hérité de son père. Son fils prend sa défense et l’exhorte à prendre sa liberté. Pourtant, Julia reste où elle est. Dans l’eau. Parce que c’est l’ordre des choses. Le titre du film des frères Esteban Alenda.

Leur histoire est captivante. Symbolique et forte aussi. « El orden de las cosas » parle de violence domestique, de soumission, d’humiliation, de souffrance, de révolte, mais aussi d’amour et de courage. Le film glisse, comme une couleuvre, entre plusieurs belles idées scénaristiques et visuelles : des plans aquatiques et pudiques, une tension permanente, les grands yeux et la jeunesse éternelle de la protagoniste, et l’intrusion de la famille de l’homme dans l’appartement familial.

Par le passé, plusieurs courts (« Sinna Mann » d’Anita Killi et « Leaving » de Richard Penfold et Sam Hearn) traitant de la violence conjugale ont pu nous toucher, interpeller ou heurter par leur manière de concevoir en images et en mots la relation de la victime à son bourreau. Ce film-ci nous emmène encore ailleurs, dans un endroit éthéré et nouveau, opaque et transparent à la fois. Pour José Esteban Alenda, « la violence domestique était encore un tabou en Espagne il y a quelques années, les journaux n’en parlaient pas, ce qui n’est plus le cas maintenant. Souvent, la thématique est abordée de manière très réaliste dans les films. Devant un sujet aussi important, on a éprouvé beaucoup de respect. On a aussi eu envie de prendre des risques vu qu’il s’agissait d’un court métrage, de se distinguer d’un point de vue formel et de donner de l’espoir. »

Sujet fort, traitement judicieux, humilité nécessaire. La formule prend : « El orden de las cosas », nominé cette année au Goya du meilleur court métrage de fiction, a remporté il y a quelques heures le deuxième prix de la compétition internationale au festival du Golfe de Dubaï.

Katia Bayer

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