Formats Longs : Partir un jour d’Amélie Bonnin

Le Festival de Cannes a débuté mardi dernier et pour lancer ces 12 jours d’intenses projections, c’est le film Partir un jour d’Amélie Bonnin, en hors-compétition, qui a fait l’ouverture. Un titre familier puisqu’il s’agit aussi de celui de son court-métrage, Césarisé en 2023.

Ce premier long-métrage développe le récit et la mise en scène qu’Amélie Bonnin avait entrepris dans le format court. On y retrouve le même casting composé de Juliette Armanet et Bastien Bouillon, accompagné de François Rollin et avec la participation de Dominique Blanc de la Comédie française. Partir un jour, c’est l’histoire d’un retour aux sources. Dans le court-métrage, Bastien Bouillon retrouvait ses parents pour les aider à déménager. Les prémices de ce long-métrage nous laissaient entrevoir le désir de mettre en scène et de chorégraphier ses acteurs dans un film chanté. L’humour piquant du court se retrouve mot pour mot dans sa version longue et les ébauches de ce récit familial s’aboutissent avec ce nouveau film. Amélie Bonnin prend ainsi avec ce projet le temps de dérouler la bande originale de sa comédie.

L’ambition cinématographique se traduit par un désir musical et le film lorgne à la frontière des règles conventionnelles de la comédie musicale. Ici, des hits incontournables allant des 2Be3 à K.Maro, ou encore Dalida, sont repris et joués par les comédiens. Il est moins question de prouesses vocales (bien que le timbre de Juliette Armanet est d’une douceur sans faille), mais de performances jouées et de dialogues chantés. Les titres s’intègrent avec justesse dans le récit et rythme d’un côté pop la mise en scène. Le tout chorégraphié avec précision et d’un engouement contagieux.

Cécile, interprétée par Juliette Armanet revient dans sa ville natale suite à l’infarctus de son père. Dans un climat familial tendu, elle renoue avec son amour de jeunesse, joué par Bastien Bouillon. Le film se raconte avec charme mais ne se réduit pas à une comédie romantique classique. Les personnages ne sont pas des héros en mal d’amour, mais des personnalités complexes, happées par une nostalgie commune. Cécile et Raphaël (Bastien Bouillon) sont deux âmes adolescentes qui essaient de rattraper le temps perdu. Les années ont passé mais le désir renaît quand ils se rendent compte de l’histoire qu’ils auraient pu avoir. Avec tendresse, ils parcourent leur mémoire et les souvenirs de leur jeunesse. Cette histoire n’est pas celle du grand amour, c’est celle d’une nostalgie enfantine où les échos de ce qui aurait pu se passer bercent les incertitudes du présent. Mais dans sa ville natale, Cécile doit aussi composer avec son père. Leur relation plus que tendue se nourrit d’une répartie mordante et d’un humour sec. Dans les non-dits des retrouvailles, se cache une fragilité plus douce, et de cette relation amère, naît de beaux moments de complicité et d’apaisement. Avec ce récit musical qui met du baume au cœur, Amélie Bonnin nous fait chanter et ses personnages avancent sans se retourner, sans regretter pour garder les instants qu’ils ont volés.

Garance Alegria

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