Disco Boy de Giacomo Abbruzzese

À l’issue de la 73e édition de la Berlinale, la cheffe opératrice Hélène Louvart a remporté prix de la meilleure photographie pour le film Disco Boy, réalisé par Giacomo Abbruzzese. Elle avait également travaillé pour Agnès Varda, Wim Wenders ou encore Leos Carax. Le cinéaste italien s’est d’ailleurs inspiré des courses effrénées de Mauvais sang pour son propre film, son premier long-métrage.

Comme dans ses précédents court-métrages (I Santi, Stella Maris), Giacomo Abbruzzese ose mêler des touches surréalistes voire fantastiques à son récit réaliste et social. L’hybridité des genres et la qualité visuelle des plans donne un effet hypnotique au film duquel il est difficile de détacher ses yeux pendant 1h32.

Le premier long-métrage de Giacomo Abbruzzese, Disco Boy, aborde le thème de la guerre et de la quête d’identité à travers deux points de vue. Le film nous plonge dans l’exil d’un biélorusse, Aleksei (Franz Rogowski), alors qu’il quitte son pays en bus. Il s’engage dans la légion étrangère en espérant ainsi obtenir au bout de cinq années la nationalité française. En parallèle, le dirigeant d’un groupe terroriste nigérien, Jomo (Mutamba Kalonji), mène une lutte révolutionnaire contre les dirigeants de compagnie pétroliers de son pays. Le montage du film alterne les deux parcours qui se croisent lorsque Aleksei est envoyé au Niger. L’un est en quête d’identité par les armes, à l’inverse l’autre défend la sienne par les armes.

Le réalisateur confronte les points de vue deux hommes sans jugement ni manichéisme. Le regard est sublimé par l’image onirique de l’œil doré de Jomo qui continuera de hanter Aleksei tout au long du film. Les nombreux gros plans sur le visage du protagoniste montre son évolution entre premier espoir d’une vie meilleure, et traumatismes suite à son expérience d’exilé et de militaire.

Le réalisateur prend le parti d’une esthétique envoûtante qui tranche avec l’aspect naturaliste du film. Le récit est rythmé par les scènes de danse, d’abord celle de Jomo dans la jungle, le « disco boy » qui rêverait, dans une autre vie, d’être DJ ; puis dans un tout autre style, celles de la boîte de nuit dans laquelle Aleksei est submergé par ses souvenirs douloureux. Giacomo Abbruzzese mêle avec brio onirisme ensorcelant et drame à travers l’esthétique de la photographie.

Le film nous transporte dans un périple à travers l’Europe et le Niger qui mène à une longue désillusion. Le final du film illustre le dépouillement des espoirs et rêves des personnages à travers la mise à nu d’Aleksei par ses collègues. Malgré l’aspect dramatique du film, le réalisateur parvient cependant à nous séduire et captiver avec des images de danse et de combats sur fond de musique électro. Visible en salle dès ce 3 mai 2023, Disco Boy est à voir sur grand écran pour profiter pleinement de sa qualité visuelle.

Laure Dion

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