Metronomic & co : courts métrages d’animation #1

Metronomic est une société de production parisienne qui adore insérer de l’animation dans ses clips, pubs et courts métrages délirants (live, 2D, 3D, stop motion, …). Plusieurs titres de son catalogue se sont attirés la bienveillance des sélections et des palmarès de festivals (Annecy, Bruxelles, Lille, Clermont-Ferrand, Cannes, Ottawa …) et des grilles télé (Canal + Arte, Be TV, …). Parmi eux, les facétieux « La Révolution des crabes » (Arthur de Pins) et « Les Oiseaux en cage ne peuvent pas voler » (Luis Briceño) ont été édités par Lowave il y a 10 ans en compagnie farfelue de 9 autres courts et de bonus surprise.

Cette compilation de courts, mettant en avant l’artisanat de l’animation française, souscrit à la variété des idées, des images, des techniques et des sons inhérents au genre lorsqu’elle met en scène les visions du monde les plus invraisemblables. Si l’humour décalé est fort présent, les styles, eux, honorent autant les techniques traditionnelles que numériques. Généreusement, le volume accueille prises de vues réelles, questions existentielles, dessin ordinaire, bestioles allumées, papier découpé, légumes perturbés, super 8, violence pathétique, pâte à modeler, perplexité des relations et animation flash. Voici le meilleur du collectif Metronomic.

La Révolution des crabes d’Arthur de Pins

La vie est plutôt paisible en Gironde. Après y avoir honoré le patrimoine culturel (vins, châteaux, huîtres, bastides, crépinettes,…), le touriste se repose sur la plage, inconscient du drame que connaît l’un de ses résidents légitimes : le pachygrabsus marmoratus. Appelé communément chancre mou ou, plus souvent, crabe dépressif, celui-ci est raillé depuis 120 millions d’années à Arcachon comme à Tizac-de-lapouyade (canton de Guîtres) par les tourteaux et autres habitants maritimes.


Comment voulez-vous donc crâner lorsque pendant toute votre vie de crustacé, vous avez dû respecter la ligne droite qui vous a été attribuée ? Carrés, pas beaux, puants, même pas bouffables, ces bestioles-là n’ont pas le droit de pouvoir tourner, contraintes de toutes leurs pattes de se déplacer toute leur vie selon la même trajectoire. L’une d’entre elles, devenue philosophe (une première dans la mer), reconsidère pourtant les choses et redonne un semblant de dignité à ses potus pachygrabsus marmoratus.

Anim’ en noir et blanc réalisée en flash, perle d’humour noir au sujet plus que décalé et à la voix-off impayable, « La Révolution des crabes » a rallié en son temps (2004) de nombreux festivals à sa cause : Anima, Annecy, Ottawa, … . Déjà évoqué dans nos colonnes, le film refait surface tant la cause de ces crabes cons et rebelles nous tient toujours autant à cœur, 10 ans après réalisation.

Space on earth de Patrick Volve

Ce que la Terre peut être surprenante quand on vient de l’espace… Mister Pod et Ginger Fo Low, deux extraterrestres gays peuvent en témoigner mais de manière opposée. Leur histoire est intense mais légèrement monotone ces derniers temps. Pour la pimenter légèrement, ils décident d’aller pondre des œufs sur une planète mystérieuse, un certain 3 mars 2007… De façon déjantée, ce court revisite la science-fiction américaine en conviant pâte à modeler, bonhommes affreux et prises de vues réelles. Avec un final de circonstance !

Les Oiseaux en cage ne peuvent pas voler de Luis Briceño

Différentes saynètes sont en mesure de vous prouver que décidément, les oiseaux peuvent éprouver quelques difficultés à battre des ailes lorsqu’ils sont privés de leur liberté. L’affaire peut être banale mais ces volatiles-là ont vraiment une vie difficile, qu’ils soient solitaires ou en groupe. Heureusement, il y a toujours moyen de se divertir lorsque Homer, Kermit, de belles dents et le tic tac de l’horloge s’infiltrent entre les barreaux. En trois minutes, Luis Briceno s’est éclaté en son temps (2000) avec de la pâte à modeler et un thème fantasque. Ce ne sont certainement pas les villes et le public d’Annecy, de Santiago, de Cannes, de Kiev et d’Aubagne – entre autres – qui le lui ont reproché à l’époque.

Qui veut du pâté de foie ? d’Anne-Laure Bizot et Amélie Graux

Un enfant chétif éprouve quelques angoisses lorsqu’il est rejoint, après l’école, par ce qui s’apparente à sa mère : une immonde barrique sur pattes qui mange continuellement de tout, y compris les sandwiches au pâté de foie réservés à son fils, mal à l’aise. La gêne de celui-ci s’amplifie lors des dîners de famille composés de toutes les victuailles possibles et des plus grands gloutons de la terre. Peut-on seulement échapper à sa famille ?

« Qui veut du pâté de foie ? », réalisé en pâte à modeler, a reçu la Mention Spéciale du Jury d’Annecy en 2002, le grand prix du Festival international des écoles de cinéma (FIDEC) et du festival Projection d’argile à Montpellier.

Par son ton (grotesque, violent) et son sujet (la nourriture, la destruction, l’absence de limites), « Qui veut du pâté de foie ? » rappelle évidemment les scènes de table d’une certaine « Grande Bouffe » mais aussi indirectement celles de  « Next Floor » du Canadien Denis Villeneuve. Les deux films ont marqué les esprits en leurs temps, ce film de monstres en volume les rejoint en toute complémentarité.

Katia Bayer

Article (extrait) paru sur Cinergie.be

Metronomic & co : Éditions Lowave

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