Zbigniev’s Cupboard de Magdalena Osinska

Années 70, sous l’œil bienveillant de son père, Zbigniev range toutes sortes d’objets qu’il compte revendre au marché noir. Petite histoire dans la grande, « Zbigniev’s Cupboard », sélectionné à Annecy retrace l’époque des tickets de rationnement dans une Pologne communiste.

Si Zbigniev est tout fier d’obtenir une armoire pour y mettre l’ensemble de ses trésors récoltés après des heures d’attente dans le froid, son père quant à lui attend la mort en espérant qu’une fois l’heure venue, il sera mis dans un cercueil choisi avec soin.

Créatrice multicartes, Magdalena Osinska aime brouiller les pistes et toucher à tous les matériaux pour faire vivre des univers très différents les uns des autres. Utilisant la 2D et la 3D dans des effets spéciaux et visuels, « Zbigniev’s Cupboard » se rapproche du conte même si force est de constater qu’il mêle habilement un réalisme soigné à un surréalisme fantaisiste pour donner naissance à ce que l’on pourrait considérer comme du réalisme merveilleux. Dans des décors en partie hyper réalistes (voir les immeubles de la cité dans laquelle habitent Zbigniev et son père), Osinska se soucie du détail, de ce qui ne se dit pas mais qui se remarque, de ce qui ne se voit pas mais qui se ressent.

On y sent une prédilection pour des personnages solitaires, placés dans un dispositif formel que vient souligner une touche mélancolique d’une confrontation minimaliste entre un père et son fils, deux êtres en proie à la dérive, à l’inconnu. Quand le premier représente un monde qui s’apprête à disparaître, le second tente de survivre sous un régime politique aux mesures draconiennes. Le recours à des figurines en bois renforce le côté nostalgique et passéiste auquel s’ajoute un imaginaire féérique. La scène du cimetière d’une facture assez cynique, paraît tout droit sortir du cerveau prolifique d’un Arcimboldo.

Tout à la fois magique et réaliste, « Zbigniev’s Cupboard » fonctionne comme un instantané du passé, une photo jaunie et croquée, un témoignage original et touchant.

Marie Bergeret

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