Chair disparue de Pascal Mieszala

Louise, Paul, Louise et Paul, Louise sans Paul… Dans « Chair disparue », Pascal Mieszala poursuit son exploration chez les voyants. Déjà avec L’enfant borne, il abordait le thème d’un personnage qui voit ce que les autres ignorent ou dissimulent. Dans « Chair disparue », le réalisateur s’intéresse à un moment de bascule dans la vie d’un couple de personnes âgées.

Dans ce quasi huis clos, c’est Louise qui va perdre pied, c’est elle qui va, à l’approche d’un événement tragique, être extra-lucide. Elle sent que la disparition de Paul est proche et cette sensation se transforme en quelque chose d’inexplicable, d’intangible.

Le film n’entre pas dès le départ dans le surnaturel. Le réalisateur nous conduit délicatement vers un décalage où Louise passe du monde réel à un monde de solitude. Dans sa précédente réalisation, Pascal Mieszala avait pris le parti de filmer des personnages pétris d’étrangeté sans pour autant avoir recours aux effets de post production chers au genre fantastique. En opposition, dans « Chair disparue », il exprime l’extra-lucidité de Louise par un rendu en transparence de Paul. Certains trouveront le procédé un peu simpliste ou presque inutile. S’il est vrai que l’on peut regretter la narration plus en suspension de L’enfant borne (où le surnaturel était seulement suggéré) « Chair disparue » révèle un talent habile du réalisateur pour filmer les corps.

Par une mise en scène extrêmement proche des personnages, on assiste à la fuite du charnel entre Paul et Louise. Le couple s’efface au propre comme au figuré. Une seule séquence, sans doute la plus émouvante, redonne à ce couple une existence charnelle. Ils sont proches et se touchent, les peaux se retrouvant une dernière fois.

Dans ce film, le travail de Mieszala est minutieux. Il aborde avec délicatesse le thème de la disparition et réussit à exprimer la peine de ceux qui restent. L’emploi d’artifices cinématographiques utilisés (comme la transparence du corps de Paul) pour rendre visible au spectateur la perte du rapport au réel de Louise cloisonnent cette œuvre dans le genre fantastique, mais il s’agit avant et surtout d’un regard poétique sur le deuil.

Fanny Barrot

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