The boy who wanted to be a lion d’Alois Di Leo

L’habit ne fait pas le moine

Alois Di Leo, sorti tout récemment de l’école anglaise The National Film and Television School (NFTS), signe un film d’animation prometteur « The boy who wanted to be a lion ». Sélectionné à Cannes à la Semaine de la Critique, ce court métrage de huit minutes nous entraîne, dès les premières images, dans la mélancolie d’un conte philosophique pour le moins cruel.

Agenouillé dans sa chambre, Max, à la lumière d’une bougie, transforme ses mains en animaux d’ombres sur la tapisserie de sa chambre. Le jeu n’a qu’un temps, et il est l’heure déjà d’aller à l’école. Avant de sortir, l’enfant enfile son appareil auditif, appareil qu’il a tôt fait d’ôter dès qu’il entre dans le bus. Autour de lui, des enfants de son âge braillent bruyamment, créant en lui un chaos qui l’empêche de rêver, de se bercer doucement des sons qu’il entend intérieurement.

Ces sons, ce sont ceux d’une Afrique qu’il n’a sans doute jamais vue, mais qu’il peut imaginer peut-être mieux qu’un autre en parcourant des yeux le plan du zoo que l’école a prévu de visiter aujourd’hui. Seul dans le bus, seul dans le zoo, l’enfant, enfermé dans sa bulle, évolue dans un univers où les autres ne sont que de pâles silhouettes sans reliefs. Se frayant un chemin parmi elles, il découvre, émerveillé, un lion qui vient directement plonger dans ses yeux et bouleverser son existence. L’enfant, qui ne se sent pas de ce monde, croit enfin avoir trouvé le sien, croit enfin avoir trouvé un frère dans l’animal sauvage qui le fascine et dans lequel il se reconnaît.

Alois De Leo (son nom a t-il inspiré cette histoire ?) pose la question de l’identité et de la difficulté d’appartenir à un monde qui rejette la différence (ici, la surdité). Dans une esthétique de la fin des années 60, « The boy who wanted to be a lion » déroule son récit dans les couleurs chaudes de la savane dans lesquelles viennent se détacher le personnage de Max et celui du lion, créant ainsi une connivence du point de vue graphique. Pourtant, la connivence ne sera qu’un leurre. Max n’est pas un lion, et le monde sauvage auquel il aspire ne sera pas plus accueillant que celui dans lequel il évolue depuis son enfance.

Loin de vouloir offrir un conte de fée, le jeune réalisateur, avec une douceur et une mélancolie qui rendent la cruauté peut-être plus terrible encore, détruit toutes possibilités de rêve pour montrer l’hostilité d’un monde dans lequel la différence ne trouve pas de place.

Sarah Pialeprat

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