Festival de Vendôme, la compétition nationale

Voici un petit récapitulatif de cette 20e édition du Festival du Film de Vendôme, et tout particulièrement de la compétition nationale puisque notre jury Format Court avait pour mission de primer le meilleur film de cette catégorie. Pour les 20 ans du festival, 20 films courts étaient en compétition dans la catégorie nationale, tous genres confondus, allant de 9 à 59 minutes et divisés en 6 projections aussi diversifiées les unes que les autres, mais assurément, toutes d’une grande qualité.

Rappelons que la caractéristique du Festival du Film de Vendôme est de sélectionner uniquement des films qui ont bénéficié d’un soutien des collectivités territoriales, si bien que pour la plupart des films, les voyages se font aux quatre coins de la France. Même si les films de Vendôme sont tous très différents les uns des autres, on notera certains thèmes communs : après une période où le court s’est voulu axé sur le « social », on assiste là à un retour aux questionnements individuels sous des formes cinématographiques originales, dignes de la Nouvelle Vague, mais toujours au plus prêt de l’humain.

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« Les pseudonymes »

Le spectateur se confronte à des personnages imparfaits (timides, réservés, distraits, incertains, souvent silencieux pourtant si égoïstes…) dont la rencontre est le principal moteur de retournement. La rencontre à travers l’art est souvent traitée. Dans « Dancing Odéon » de Kathy Sebbah, la danse de salon est le prétexte à l’échange. Pour d’autres comme dans « Sylvain Rivière » de Guillaume Bureau, l’échange passera par l’apprentissage du chant lyrique ou par la littérature comme dans « Les pseudonymes » de Nicolas Engel. Dans « Les larmes » de Laurent Larivière, la rencontre passe par le cinéma, plus exactement par une référence aux « Parapluie de Cherbourg » de Jacques Demy. Dans le court-métrage commandé par Christophe Taudière (ndr – responsable des programmes courts sur France Télévision) à Hélier Cisterne, « Sous la lame de l’épée », un échange a lieu autour de l’art des Samouraïs.

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« Tempête dans une chambre à coucher »

Autre constat psychologique et thématique : les femmes prennent le dessus. On remarquera d’ailleurs que sur 20 films en sélection, la moitié est réalisée par des femmes. En tout cas, dans les propos de ces courts-métrages, qu’ils soient réalisés par des femme ou pas, les personnages féminins s’assument et mènent même la danse. C’est assurément dans  « Un monde sans femmes » de Guillaume Brac que ce commentaire prend toute sa valeur, mais aussi dans « Petite pute » de Claudine Natkin où le personnage de Léa découvre son plaisir sexuel en étant prostituée d’un soir. Sexuellement parlant, Laurence Arcadias et Juliette Marchand tiennent à nous prouver dans leur film d’animation « Tempête dans une chambre à coucher » que oui, les femmes « prennent leur pied » et qu’elles en redemandent. Idem pour la jolie Caroline Ducey jouant le rôle de Billie dans « Une île » d’Anne Alix qui se présente volontiers comme une « fille facile » et qui aime sans se laisser faire pour autant. Dans « Tania » de Giovanni Sportiello, celle-ci tolère peut-être moins l’amour volage et le sexe facile en ne supportant pas qu’un homme ne la rappelle pas le lendemain, mais elle ne se laissera pas faire pour autant, le rattrapant un marteau à la main.

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« Le Marin masqué »

Il restera – parmi encore d’autres de la compétition – le fameux « Marin masqué » de Sophie Letourneur, film sur-primé dans la France entière qui regroupe à lui tout seul tous les critères évoqués ci-dessus : deux copines trentenaires parties se changer les idées en Bretagne, font preuve à la fois d’une grande fragilité et d’un égoïsme qui en devient comique (ou pas, d’ailleurs). Retour sur leur passé, plan sur la comète pour l’avenir, questionnement sur questionnement sans jamais écouter la réponse de l’autre sur fond de carte postale de Quimper, « Le Marin masqué » mêle le tout, traité à travers une forme cinématographique « cheap » (images crues, sombres et presque floues parfois, voix off en surplus) et pourtant tellement « Nouvelle vague » et servant si bien l’histoire.

Bref, vous l’aurez compris : nous avons été ravis de découvrir le crû 2011 de Vendôme, dont nous vous faisons part ces jours-ci à travers les interviews et les critiques de certains films qui ont particulièrement retenu notre attention.

Camille Monin

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