Festival d’Aubagne 2012. Reportage

Après la regrettable disparition du Festival d’Auxerre, fort heureusement, celui d’Aubagne survit, et même mieux, resplendit tant il fait du bruit. En effet, le Festival International du Film d’Aubagne (FIFA, à ne pas confondre avec la fédération de football) est l’un des rares festivals à se pencher sur le travail particulier du son et de la musique au cinéma. Les compositeurs y sont par conséquent sur le devant de la scène, les compositeurs y sont même invités au même titre que les réalisateurs et producteurs.

Le festival propose donc une sélection de longs-métrages et courts-métrages avec une attention particulière accordée au rapport entre la bande sonore et l’image. Et pour sa 13e édition qui a lieu du 19 au 24 mars dernier, nous avons pu découvrir 63 courts-métrages en provenance de 21 pays différents, tous genres confondus, allant de la fiction au documentaire, en passant par le film expérimental et l’animation.

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« Mon canard »

Détail notable de la sélection court à Aubagne : dans chaque programme de projection, beaucoup de films amènent à sourire et nombreux sont ceux qui empruntent un ton assez léger pour traiter de thèmes graves, prouvant que le court-métrage ne rime pas forcément avec austérité. On citera à titre illustratif des films comme « Mon canard » d’Emmanuelle Michelet et Vincent Fouquet, « Double mixte » de Vincent Mariette, « Groove your life » de Vincent Burgevin et Franck Lebon, « L’attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l’espace » de Guillaume Rieu ou encore parmi tant d’autres, le sur-sélectionné « J’aurais pu être une pute » de Baya Kasmi.

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« It is a Miracul’house »

Parmi les courts à pointer du doigt, on évoquera le premier film de Stéphane Freiss derrière la caméra, « It is a Miracul’house », sorte d’autodérision autour de la ressemblance assez frappante entre l’acteur et Docteur House. On se penchera également sur des films d’ambiance et sur quelques ovnis qui plaisent ou déplaisent, mais qui ont le don de retenir notre attention : « Les poissons préfèrent l’eau du bain » du jeune mais prometteur Pierre Mazingarbe, « Finale » de Simonyi Balazs qui propose 8 minutes en deux plans-séquences absolument sublimes, « Planet Z » de Momoko Seto, « Conversation avec un épouvantail » de Sylvain Dieuaide avec son casting en or (Marc Citti et Agathe Bonitzer). Autre film au casting d’élite, le poétique et bacchique « Grenouille d’hiver » de Slony Sow avec Gérard Depardieu.

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« Grenouille d’hiver »

Cette année à Aubagne, les films avec des enfants comédiens étaient aussi très en vue. Pas toujours très drôles certes, ils ont le pouvoir de nous retourner littéralement et leur interprétation est assez surprenante : on citera à ce titre « Auf Wiedersehen Papa » (« Au revoir Papa ») de Sandra Nedeleff, « Glasgow » de Piotr Subbotko, « Donnie » de Willem Baptist et « Tendai’s Gang » de José Ignacio de Juan Díaz. Aussi, lorsqu’on observe un temps soit peu les dernières sélections des différents festivals parallèles, on remarquera que cette année 2012 est teintée de films d’animation, souvent de très bonne qualité d’ailleurs. A Aubagne, celle-ci était au rendez-vous en force avec pas moins de 15 films en compétition. On a donc pu voir et revoir des films tels que « Dove sei, Amor mio » de Veljko Popovic, « Cleo’s Boogie » du Collectif Camera-etc, « Flamingo Pride » de Tomer Eshed et « Un ogre » de Gérard Ollivier. À ce propos, on notera que le Grand Prix de la Création Sonore a justement été donné à un film d’animation : « L’Histoire du petit Paolo » de Nicolas Liguori.

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« Cleo’s Boogie »

Au Festival d’Aubagne, même si la programmation offre la possibilité de voir plusieurs longs-métrages (essentiellement dans le cadre de conférences et débats, animés par Benoît Basirico du site Cinezik, avec les compositeurs invités), le court est bel et bien à l’honneur : non seulement en compétition comme nous venons d’en faire un bref étalage, mais également à travers des rencontres professionnelles et des projections hors-compétition grand public.

En effet, au niveau des rencontres professionnelles, on évoquera trois grands moments : le concours du SIRAR qui récompense un scénario dont l’accent est mis sur la musique et qui permet de mettre en relation l’auteur avec un compositeur ; l’Atelier 3e personnage qui offre à des jeunes compositeurs, la possibilité de rencontrer des binômes réalisateur/ producteur ayant proposé un projet de court ; et enfin, l’Espace Kiosque, journée sous forme de speed dating professionnel entre plusieurs producteurs et auteurs sélectionnés avec leur projet de court-métrage.

Sur le plan des projections de courts-métrages hors-compétition, on remarquera la Nuit du court-métrage, dont la programmation a été faite par le Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF) et qui a permis aux festivaliers d’Aubagne de déguster une fondue géante sous 20 degrés juste avant la projection ! Les films proposés y étaient radicaux, expérimentaux, musicaux, etc… en tout cas résolus. Autre programme hors-compétition : la carte blanche offerte au producteur des Films d’Avalon, Philippe Braunstein avec sa sélection des « Courts qui rendent heureux » démontrant que les courts-métrages ne sont pas toujours moroses. Pour ce programme spécial existant depuis maintenant six ans à Aubagne, le public se rue devant la salle de cinéma une heure avant et certains spectateurs sont même assis à même le sol. Mais ne serait-ce pour se plier en deux devant « Comme le temps passe » de Cathy Verney ou chanter devant « Le coq est mort » de Zoltan Spirandelli », on est prêt les imiter.

Camille Monin

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