Interviews

Nicolas Provost : « Quand on fait quelque chose de beau, cela ouvre le cœur du spectateur. Une fois que le cœur est ouvert, on peut y mettre de la poésie »

Nicolas Provost : « Quand on fait quelque chose de beau, cela ouvre le cœur du spectateur. Une fois que le cœur est ouvert, on peut y mettre de la poésie »

Très présent depuis ses débuts dans la compétition labo du festival de Clermont-Ferrand, Nicolas Provost fait l’objet d’une rétrospective dans l’édition 2011. Ses films qui explorent sans cesse les codes du cinéma, transcendent les images animées en objets artistiques aussi esthétiques que méditatifs. L’artiste parle de son travail comme une recherche permanente de la beauté.

Marc Faye : « O’Galop est passé à la postérité grâce au Bibendum. Tout le monde connaît la créature mais personne ne sait qui se cache derrière »

Marc Faye : « O’Galop est passé à la postérité grâce au Bibendum. Tout le monde connaît la créature mais personne ne sait qui se cache derrière »

Dans le cadre du programme « Collections », le 33ème Festival de Clermont-Ferrand a réservé une séance spéciale à Marius Rossillon dit O’Galop, pionnier du cinéma d’animation français et inventeur du Bibendum Michelin. La sortie d’un DVD, accompagnant cette projection, rend hommage à l’oeuvre de l’artiste. Il comporte un documentaire animé de 52 minutes réalisé par Marc Faye, arrière-petit-fils d’O’Galop, et 8 courts métrages d’animation réalisés entre 1910 et 1927, mettant en scène des fables de Lafontaine, des contes de Perrault, et des productions originales d’O’Galop, dont une dédiée au fameux Bibendum.

Jonathan Caouette/Retour de l’enfant prodige

Jonathan Caouette/Retour de l’enfant prodige

New York, janvier 2011. Les rues d’Astoria dans le Queens sont encore largement enneigées, le vent est glacial mais la maison de Jonathan Caouette, n’est plus très loin. Véritable décor de cinéma (« Tarnation » et « All Flowers in Time » y ont été tournés), le lieu déborde de vinyls, de dvds et d’affiches de cinéma. Un écran de projection est installé dans le salon, non loin d’un bureau où se monte le prochain long métrage de l’auteur prévu pour le printemps. Rencontre exclusive in situ autour du très beau « All Flowers in Time », Mention spéciale du Jury Presse Télérama à Clermont.

Andrea Martignoni : « Blu sait jouer avec le mouvement. C’est la chose la plus importante en animation, plus que la qualité des dessins »

Andrea Martignoni : « Blu sait jouer avec le mouvement. C’est la chose la plus importante en animation, plus que la qualité des dessins »

Depuis « Muto », le graffeur Blu s’est fait une place de choix dans le paysage du court métrage d’animation international. Cette année, son film « Big Bang Big Boom » était en compétition labo à Clermont-Ferrand où il vient de remporter le Prix du Public. Vivant toujours plus dans l’esprit du graff que du cinéma, Blu souhaite conserver un certain anonymat. C’est donc avec son compositeur attitré, Andrea Martignoni, que cette interview a été réalisée.

Félix Dufour-Laperrière. Le langage du non narratif, le cinéma de l’abstrait

Félix Dufour-Laperrière. Le langage du non narratif, le cinéma de l’abstrait

Les films « abstraits » du Québécois Félix Dufour-Laperrière s’inscrivent parfaitement dans ce genre fugace, insaisissable et intriguant pour lequel est conçu la compétition Labo du festival de Clermont-Ferrand. Le réalisateur s’exprime sur son style hybride et multi-facette.

François Vogel : « Tout petit, je regardais le reflet sur la robinetterie. J’ai toujours trouvé fascinant de voir les images qui se déforment »

François Vogel : « Tout petit, je regardais le reflet sur la robinetterie. J’ai toujours trouvé fascinant de voir les images qui se déforment »

François Vogel a réalisé une vingtaine de films expérimentaux. Manipulateur d’images qu’il aime tordre et déformer, François Vogel joue avec la perception visuelle dans des univers poétique toujours surprenants. Son dernier film “Terrains Glissants” est en compétition dans la sélection nationale du 33ème Festival du court métrage de Clermont-Ferrand.

Benoît Felici : « Un être humain, c’est extrêmement compliqué, mais si on le prend avec sincérité, avec simplicité, ça le rend encore plus beau »

Benoît Felici : « Un être humain, c’est extrêmement compliqué, mais si on le prend avec sincérité, avec simplicité, ça le rend encore plus beau »

Parti d’Angers il y a quelques jours et arrivé à Clermont-Ferrand il y a peu, « Unfinished Italy » transporte un étonnant contenu : ruines, restes, jeunes vestiges, manque, vide, passé récent, peur(s). Le temps d’un film de fin d’études, son auteur, Benoît Felici, traverse la Sicile sauvage, s’arrête dans les cafés comme sur les ponts, dialogue avec le regard, enregistre les lieux sans histoires et les histoires sans lieux. Sa carte postale de l’Italie ne s’envoie pas, elle se voit, et puisque c’est d’authenticité dont il s’agit, notre entretien ne peut prendre ses aises que dans un lieu typique, au nom imprononçable et tendancieux.

Aki Kaurismäki : « Mes personnages ne sont pas perdus, c’est le reste du monde qui est perdu »

Aki Kaurismäki : « Mes personnages ne sont pas perdus, c’est le reste du monde qui est perdu »

À l’instar de Luc Moullet et Marcel Hanoun, Aki Kaurismäki était l’un des invités du Festival “Est-ce ainsi que les gens vivent…”, consacré à la « Comédie du travail ». Ce festival donnait l’occasion de revenir sur sa “trilogie ouvrière”, initiée par « Shadows in Paradise » (1986), poursuivie avec « La Fille aux allumettes » (1989) et conclue avec « Au loin s’en vont les nuages » (1996). Accompagné de Peter von Bagh, il a également rencontré le public dyonisien lors d’une master-class.

Benoît Forgeard : « J’ai toujours une curiosité pour des choses qui viendraient de mon inconscient, que je vais mettre en avant, quelques fois avec inquiétude »

Benoît Forgeard : « J’ai toujours une curiosité pour des choses qui viendraient de mon inconscient, que je vais mettre en avant, quelques fois avec inquiétude »

Chaque nouveau court métrage de Benoît Forgeard donne lieu à de légers voire violents spasmes abdominaux selon les spectateurs. Impossible semble-t-il de rester de marbre face aux propositions de l’animal et à son humour catégorie indéfinissable. Après les brillants « La course nue » (2005) et « Belle île en mer » (2007), le revoilà en forme olympique avec « Respect » et « Coloscopia », le dernier étant en compétition à Clermont.

Jacques Kermabon. Point de vue critique & forme brève

Jacques Kermabon. Point de vue critique & forme brève

En novembre, Jacques Kermabon, le souriant rédacteur en chef de Bref (plus de 20 ans au compteur. Respect) faisait partie du Jury officiel de Média 10-10 à Namur. En décembre, on décidait de le rencontrer pour revenir sur l’éditorial de Bref et sur les liens historiques de la revue avec l’Agence du court métrage. En janvier, on se remettait des fastes du Nouvel An, et en février, on profitait d’un focus rouge et dessiné pour sortir l’interview de cet habitué de Clermont-Ferrand.

Luc Moullet : « C’est en tant que cinéaste que s’élabore mon travail critique, et non pas en tant que critique de cinéma »

Luc Moullet : « C’est en tant que cinéaste que s’élabore mon travail critique, et non pas en tant que critique de cinéma »

Outre son travail de critique de cinéma, Luc Moullet est un cinéaste à part entière. Sa forte personnalité, son jeu sur les répétitions et ses formules truculentes trouvent un écho dans les sujets de société, comme le consumérisme, les conditions de travail et sa déshumanisation, que seule la comédie peut à la fois pointer et détourner. Clown amer, oscillant du burlesque au politique, Luc Moullet nous raconte, dans la seconde partie de notre entretien, comment il est devenu le « poil-à-gratter du cinéma français ».

Luc Moullet : « À l’époque, il était difficile pour un critique des Cahiers du cinéma de ne pas réaliser de film. Les producteurs se jetaient à vos genoux. »

Luc Moullet : « À l’époque, il était difficile pour un critique des Cahiers du cinéma de ne pas réaliser de film. Les producteurs se jetaient à vos genoux. »

Avant de passer derrière et devant la caméra, Luc Moullet a usé de sa plume aux Cahiers du cinéma. Dès 1956, il officiait aux côtés de Jacques Rivette, Éric Rohmer, François Truffaut et Jean-Luc Godard, avec lesquels il entretenait des rapports étroits et partageait une conception commune du cinéma. Devenu réalisateur, Luc Moullet s’est distingué rapidement du groupe par sa présence et son flegme caractéristiques. D’Un steak trop cuit (1960) à Toujours moins (2010), son œuvre compte aujourd’hui plus de quarante films, en majorité des courts-métrages. La première partie de notre entretien aborde les débuts d’une personnalité sous-estimée de la Nouvelle Vague, les relations avec ses pairs et l’essence comique de son inimitable travail de cinéaste.

Amal Kateb : “Je reste nourrie et habitée par un besoin de continuer à dire les choses qui me bouleversent et qui me sont proches »

Amal Kateb : “Je reste nourrie et habitée par un besoin de continuer à dire les choses qui me bouleversent et qui me sont proches »

Parfois, il se passe quelque chose d’important lors des interviews, ces moments peu naturels où deux inconnus se font face pour la première fois, où l’un est censé se livrer plus que l’autre. Ce genre de situation se produit rarement mais survient quand on rencontre quelqu’un comme Amal Kateb, comédienne et réalisatrice de « On ne mourra pas », Prix des bibliothécaires à Angers et film en lice pour le Prix France Télévisions. Habitée par l’Algérie, marquée par l’engagement et à l’origine de trous dans les murs, elle se raconte sur le fil, autour d’un film et d’une certaine histoire.

Rudi Rosenberg : “Je suis davantage admiratif devant un ado qui est juste et vrai devant une caméra que devant le plus grand des comédiens”

Rudi Rosenberg : “Je suis davantage admiratif devant un ado qui est juste et vrai devant une caméra que devant le plus grand des comédiens”

Stimulé par le jeu et le naturel des ados, Rudi Rosenberg fait des films avec eux après être passé par la case comédien. Son dernier film « Aglaée » a remporté le Prix CCAS et le Prix d’interprétation féminine à Angers et part bientôt pour Clermont-Ferrand. Rencontre entre deux villes, dans un café apaisant, à peine chamboulée par les rongeurs d’opéra.

Florence Loiret Caille : « Quand je fais un film, il y a des portes qui s’ouvrent, des passerelles entre moi et ce que va traverser le personnage »

Florence Loiret Caille : « Quand je fais un film, il y a des portes qui s’ouvrent, des passerelles entre moi et ce que va traverser le personnage »

Florence Loiret Caille fait partie de ces rares actrices qui n’ont pas de plan de carrière, pas de goût pour la compétition. En quinze ans, elle a déjà pourtant tourné avec Eric Zonca, Claire Denis, Michael Haneke, Benoit Jacquot, Xavier Giannoli et Jérôme Bonnel. Sa voix particulière, son physique gracile, sa justesse font d’elle une des plus belles présences du cinéma français.

Thomas Vinterberg : « J’ai appris la limite à l’école et j’ai construit tout ce que j’ai fait depuis autour de cette manière de penser »

Thomas Vinterberg : « J’ai appris la limite à l’école et j’ai construit tout ce que j’ai fait depuis autour de cette manière de penser »

Connu pour le mouvement Dogme 95, un film devenu culte, “Festen”, et son amitié avec Lars von Trier, Thomas Vinterberg était récemment président du jury du deuxième festival européen des Arcs. Fort sollicité et contraint par un planning chargé, le plus jeune étudiant de la Danske Film School en son temps était bel et bien la star des montagnes. Moment volé avec le petit génie danois.