Ville éternelle de Garance Kim

La 31eme édition du Festival pantinois consacré aux courts-métrages Coté Court s’est clôturé samedi 18 juin. La jeune réalisatrice, Garance Kim, cumule le Prix du premier film et le Prix de la jeunesse avec son court-métrage Ville éternelle. Son film traite le sujet d’une retrouvaille entre deux personnages que tout oppose, dans un environnement pastoral à la lisière de la ville.

Lili, de passage chez ses parents, attend un bus pour se rendre à l’aéroport. Elle fait la rencontre de Thibault, cycliste vêtu d’un jogging et d’un bob. Affichant un énorme sourire, il prétend être un ancien camarade de classe, mais Lili n’a aucun souvenir de lui. Il lui apprend que le bus ne passera pas aujourd’hui. Lili, affublée d’un grand sac à dos, se prépare à marcher jusqu’à l’aéroport. Malgré son refus, Thibault insiste pour l’accompagner. Au fil de leur promenade à travers les champs, Lili et Thibault apprennent à se connaître…

Garance Kim parvient à retranscrire parfaitement l’évolution de la relation entre les deux personnages. Issus de deux milieux différents, Lili a voyagé et a continué ses études, tandis que Thibault n’a jamais quitté sa banlieue et travaille en temps partiel à la caisse du Carrefour de sa ville. D’abord méfiante face à son insistance, Lili découvre finalement un garçon sensible et sincèrement attentionné. Le lien que tisse la réalisatrice relie aussi les personnages aux spectateurs, Thibault nous paraît d’abord presque dangereux puis on s’attache à lui, pour sa sympathie, ses répliques comiques et rafraîchissantes. On en apprend notamment sur Lili, ses motivations à parcourir autant de trajet à pied, ses doutes et inquiétudes quant à son départ en avion vers l’inconnu en Italie. Thibault semble, lui, symboliser le rapport conflictuel que porte Lili envers sa ville natale. D’abord méprisante à l’égard du jeune homme, elle gagne peu à peu en confiance et apprécie son réconfort et soutien.

Garance Kim interprète le premier rôle de son propre film comme cela a été le cas pour plusieurs réalisateurs de Côté Court (Maison blanche de Hugues Perrot, L’autre Louis de Arnaud Simon ou Almost a Kiss de Camille Degeye), avec Martin Jauvat dans le rôle de Thibault, co-créateur du scénario. Cette dualité, entre les deux auteurs qui jouent leur propre scénario, forme une harmonie au sein du court-métrage. Cela participe à provoquer et rendre si crédible le lien particulier qui unit les deux personnages à la fin du film.

Garance Kim met en scène cette rencontre inattendue  par l’esthétique de sa photographie. Elle met à l’honneur la campagne de la protagoniste avec des plans larges de la traversée des champs de blé, d’herbe et de seigle. La réalisatrice parvient à capter une lumière naturelle orangée mettant en valeur le paysage. La musique électro vient d’ailleurs donner une dimension onirique au décor et à cette promenade.

Garance Kim offre une  expérience de retrouvailles dans son court-métrage, qui n’est pas des plus émouvantes au départ, mais finit par nous toucher avec  deux jeunes protagonistes aux parcours de vie très différents. À la croisée de leurs chemins, ils dépassent les apparences pour se retrouver dans cet environnement qui les a vu grandir… pour finalement s’épanouir !

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Article associé : l’interview de la réalisatrice

Laure Dion

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