Cannes 2011 dans sa globalité

On ne sait pas pourquoi, mais cette année, on a beau penser à autre chose, on est happé par Cannes. Allumez la télé, gardez les yeux ouverts, mettez votre plus beau short. Robert De Niro, Uma Thurman, Sean Penn, Faye Dunaway, Pedro Almodóvar, Woody Allen, Terrence Malick, Gus Van Sant, Bernardo Bertolucci, Emir Kusturica, … Quel tapis, mais quel tapis, mes amis !

Le court, moins visible que son padre le long, n’est pas à plaindre pour autant. Michel Gondry (excusez du peu) succède à Atom Egoyan comme Président du Jury de la Cinéfondation et de la Compétition officielle des courts métrages. Dès le 20 mai, on saura quels films de fin d’études parmi les 16 sélectionnés bénéficieront encore plus de la visibilité et du prestige propres à Cannes, et le 22, peu avant que nos amies les stars repartent se brosser les dents chez elles, on commentera comme des chèvres l’attribution de la Palme d’Or du court métrage à l’un des 9 films en compétition.

Pour l’heure, ça s’active du côté de la Semaine de la Critique. Pour fêter ses 50 ans d’existence, la section parallèle propose depuis quelques jours de retrouver sur son site Internet les cinéastes qu’elle a révélés (et il y en a un paquet, jugez-en plutôt). Jerzy Skolimowski, qui aime bien les anniversaires, se balade à l’Espace Miramar en tant que Président du Prix Découverte Kodak tandis que Spike Jonze présente en séance spéciale un court métrage animé (« Mourir auprès de toi »), et que Nathalie Baye, la comédienne aux “5 X” est très attendue le 17 pour représenter et soutenir les films peu révolutionnaires de la Collection Canal +.

La Quinzaine des Réalisateurs, dont la bande-annonce est toujours aussi émouvante, n’aura pas de stars à son actif au niveau du court (Louis Garrel n’ayant pas fait de films cette année!), mais des films complètement hallucinants, qui ne manqueront pas d’être évoqués dans nos colonnes dans les prochains jours. L’ACID (l’Association du Cinéma Indépendant pour sa diffusion), quant à elle, ne proposera que deux vrais coups de cœur, le très percutant « Pandore » de Virgil Vernier, et le très musical « Dancing Odeon » de Kathy Sebbah.

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Il n’est pas rare de voir sur le tapis de l’Officielle des cinéastes dont les films précédents ont déjà été sélectionnés au festival. Il en va de même pour les sections parallèles. Certains cinéastes passés par la forme brève resurgissent même sur la Croisette de Madame Jacques avec un nouveau court ou avec un premier ou deuxième long. Certains changent naturellement d’emplacement en fonction de leur parcours, à l’instar d’un ancien étudiant passé par la Cinéfondation, la section réservée aux films d’écoles, qui se lancerait dans l’aventure de son premier long métrage. La Semaine de la Critique accueille ainsi Hagar Ben-Asher, avec « The Slut » (traduction : ici), succédant à « Pathways », réalisé à Minshar for Art (Tel Aviv) et remarqué à Cannes en 2007. Le film a déjà été projeté, mais à en juger par le synopsis et les premières images circulant sur le Net, la réalisatrice semble nourrir un lien du court au long en s’interrogeant sur la question de la rédemption et de la sexualité plus qu’affirmée.

La Quinzaine des Réalisateurs va même plus loin en réinvitant des cinéastes déjà familiers de sa fameuse bande-annonce. Après « Smáfuglar » à l’Officielle et « Anna » à la Quinzaine, Rúnar Rúnarsson, cinéaste islandais qui nous a beaucoup frappés par son sens aigu de la mise en scène et par sa capacité à filmer avec justesse l’adolescence, vient de présenter son premier long métrage, « Eldfjall » (« Volcano » pour ceux qui ne maitrisent pas les langues étrangères). Autre habitué, le Suédois Johannes Nyholm, auteur du génial « The Tale of Little Puppetboy » (l’histoire d’un personnage très moche recevant la visite d’une poupée rousse) et de « Songe des bois », une animation très sobre en ombre chinoise, revient pour la troisième fois au Théâtre Croisette (bravo en suédois reste bravo) avec « Las Palmas ». Pour la culture générale, le trailer du film a généré plus de 8 millions de vues sur YouTube tant les vacances d’un bébé d’un an trash et fauché ont éveillé la curiosité de chacun.

Pour le reste, tout est permis. Skolimowski garde ses lunettes, certains cinéastes reviennent au long après un court (Jonathan Caouette, à la Semaine, après « All Flowers in time »), d’autres font un court après un long (« Fourplay : Tampa » réalisé parKyle Henry, à la Quinzaine, après « The Room »), Johannes Nyholm ne filme pas sa fille comme d’autres parents, des films d’étudiants se frayent un chemin en dehors de la Cinéfondation (comme « Badpakje 46 » à l’Officielle), Hagar Ben-Asher est aussi belle que Julia Roberts, et une nouvelle idée apparaît, telle une bonne pâquerette : Cannes Court Métrage, censé rassembler le Short Film Corner et la Compétition des courts. Strass et surprise. Le 64ème festival de Cannes est plus qu’ouvert.

Katia Bayer

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