Laura Wandel : “Il faut que je sente un point de vue”

Laura Wandel est une habituée du Festival de Cannes. Son premier court-métrage, Les Corps étrangers, a été sélectionné au festival en 2014 et son premier long, Un Monde, était à Un Certain Regard en 2021. Aujourd’hui, elle travaille sur son deuxième film, développé au sein de la Résidence du Festival de Cannes. Elle est aussi jurée pour la Cinef et pour les courts-métrages de la sélection officielle.

© Alice Khol

Format Court : Ton court-métrage, un film d’école, a été sélectionné à l’officielle. Comment avais-tu appréhendé cette sélection ?

Laura Wandel : Je n’ai presque pas eu le temps de m’en rendre compte ! Je l’ai appris après tout le monde parce que j’étais en train de faire un film en Haïti. Je me souviens très bien, je vois un numéro français qui m’appelle et je ne décroche pas. Le lendemain, on est en route et je vois une vingtaine de SMS de félicitations sur mon portable et c’est là que j’ai compris. J’avais oublié, j’étais dans autre chose. Je suis partie à Cannes très vite après.

Comment c’était de se retrouver ici, avec un court-métrage, en compétition ?

L. W. : Ce que je retiens surtout, ce sont les belles rencontres que j’ai faites, et particulièrement avec les organisateurs du festival. Je ne pensais pas qu’ils allaient être si bienveillants, tellement gentils. C’était une rencontre incroyable. C’est un plaisir d’être ici, ils font tout pour qu’on se sente bien. Ce festival peut faire peur mais pas du tout. Les gens sont humains, très à l’écoute.

Tu fais partie des sélectionnés de la Résidence du Festival de Cannes, ce qui te permet de travailler sur ton nouveau projet. Comment est-ce l’expérience de résidence, l’accompagnement dans l’écriture ?

L. W. : Je reste très libre. On peut demander à avoir des consultants, à rencontrer des réalisateurs. Ce qui me nourrit surtout, c’est de pouvoir rencontrer des réalisateurs du monde entier et de ne pas être toute seule face à l’écriture. On n’écrit pas ensemble mais on vit tous dans cet appartement, on mange, on regarde des films ensemble et surtout on échange.

Tu as déjà été tentée par la co-réalisation ?

L. W. : C’est autre chose. Là, ce qui est enrichissant c’est qu’on échange sur les films qu’on écrit ou qu’on voit. Être à Paris aussi, c’est très nourrissant ! La vie culturelle, le théâtre, le cinéma, les expositions : tout ça participe à l’écriture.

Dans ton jury, vous évaluez les films d’école et les films de la sélection officielle. C’est encore une expérience différente. Quel regard portes-tu sur les films que tu vois ?

L. W. : Le plus bienveillant possible parce que j’ai été à l’école, je sais ce que c’est de découvrir ce que c’est de faire un film. J’essaye de détecter des pattes, des prises de risques mais toujours avec indulgence.

Pour les films de l’officiel, j’arrive avec un regard neutre. J’aime bien ne rien lire et voir ce que je comprends du film sans rien savoir avant. Je ne peux pas faire l’impasse sur une chose : il faut que je sente un point de vue, voire une prémisse de point de vue.

Quand tu as écrit Un Monde, à quel moment as-tu senti que tu avais trouvé ton point de vue ?  A l’écriture ?

L. W. : Dès le départ, je sentais que ça devait partir du point de vue d’un enfant. Je suis beaucoup allée observer dans les écoles. C’est ma manière de travailler, j’ai besoin de m’immerger dans le réel, d’interviewer des gens, d’aller observer dans les lieux. Tout le travail avec les enfants a beaucoup nourri l’écriture.

Qu’est-ce que tu as appris avec ton court-métrage ?

L. W. : J’ai trouvé une manière de m’exprimer et aussi, j’ai rencontré une partie de ma famille de cinéma, des professionnels avec qui je continue de travailler.

Propos recueillis par Katia Bayer et Anne-Sophie Bertrand. Retranscription : Agathe Arnaud

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