Retour sur la 11ème Fête de l’anim’ de Lille

Pour la onzième fois, le cinéma d’animation était à la fête à Lille. La manifestation, qui se déroulait sur trois jours, du 27 au 29 mars, n’est pas un festival et c’est bien là son intérêt majeur. Nous n’y allons pas pour voir la production récente de courts ou longs-métrages, soigneusement sélectionnés par quelques programmateurs, pour les enchaîner sur plusieurs jours avant une remise de prix. La Fête de l’anim’ est placée sous le signe des rencontres, avec une programmation hétéroclite, pensée avant tout pour inciter les spectateurs à entrer dans les salles et découvrir des films qu’ils ne verront pas forcément ailleurs. En somme, une manière différente de découvrir les choses.

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Et quand on voit la foule envahir les salles lilloises (Le Majestic et l’Hybride), tourquennoises (Le Fresnoy, Les Ecrans et l’Imaginarium) et roubaisiennes (Le Duplexe), on constate que cela fonctionne. La technique : inviter des grands noms de l’animation présenter et parler de leur œuvre. Cette année, on a donc eu droit à l’incontournable Michel Ocelot venu dévoiler ses 6 longs, mais aussi à des masterclass d’auteurs peut-être moins connus mais tout aussi, voire encore plus intéressants. Et si le premier rencontrait le succès, les autres n’étaient pas à la traîne. Pour voir ainsi s’exprimer le Belge Raoul Servais, palmé en 1979 pour « Harpya » et qui vient de finir un film à plus de 87 ans, le Canado-hollandais Co Hoedeman, 74 ans, oscarisé pour « Le Château de sable » en 1977 ou la Tchèque Michaela Pavlátová, Ours d’or à Berlin pour « Repete », Grand Prix d’Annecy en 2012 pour « Tram » et nominée aux oscars pour « Řeči, řeči, řeči », les salles étaient toutes aussi combles.

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Les cinéastes viennent également montrer leurs œuvres et on apprécie la variété des publics qu’ils touchent. Autant Hoedeman avec son ourson « Ludovic  » parvient à faire des films pour les moins de 3 ans, autant les courts plus expérimentaux ou osés de Pavlatova s’adressaient clairement à une audience plus adulte et avec des envies cinématographiques plus pointues. Pendant ce temps, Servais, lui, parlait tant aux plus jeunes qu’aux plus âgés avec ses métaphores antimilitaristes et ses œuvres surréalistes inspirées par André Delvaux.

Parallèlement, la programmation entremêlait des longs-métrages variés comme « Shaun le mouton » présenté en avant-première ou « Dragon 2 » pour les films plus commerciaux mais aussi « L’Arte de la felicita  » ou « Le Garçon et le monde » pour les plus novateurs. Le court métrage était loin d’être en reste avec les nouveautés venues des Films du Nord. La société d’Arnaud Demuynck a offert une jolie sélection de 9 films en 55 minutes. Les histoires n’étaient pas toutes intéressantes avec une énième parodie de fable de La Fontaine ou la sempiternelle histoire de la petite fille qui veut jouer à des jeux de “garçon”. Des propositions jolies mais un peu ressassées. Cependant, les techniques graphiques étaient variées et avaient l’avantage de proposer un éventail de recherches plastiques que le grand public voit peu en salles habituellement. Idem pour le panorama Japanimation qui allait bien au-delà des sempiternelles animations pour montrer des films bien plus expérimentaux, issus de réalisateurs déjà professionnels ou sortant tout juste de l’université et qui ont pu en déconcerter quelques uns.

« The Mechanism of spring » d’Atsushi Wada ou « It’s time for supper » de Saki Muramoto par exemple ont pu faire preuve d’une épure tant dans leurs formes et leur mouvements que dans leur récit, basé sur l’absurde et la répétition. L’abstraction et l’expérimental étaient également de rigueur avec le psychédélique et virevoltant Poker de « Mirai Mizu » et les rêveries devant un miroir du « Crazy for it » de Yutaro Kubo.

Le reste de la Fête, outre les soirées musicales et animées, était tourné autour des étudiants et des plus jeunes. Des ateliers étaient offerts afin de découvrir le cinéma d’animation et ses multiples facettes d’une part. De l’autre, on proposait des challenges créatifs avec un marathon de l’anim’ et des graphiks battles. Et surtout, on avait droit à un tour d’Europe des courts métrages de fin d’études avec plusieurs regards sur la France, l’Allemagne et le Benelux, l’Europe de l’Est, la Scandinavie et le Royaume-Uni. Ne manquait que les pays du sud !

Nicolas Thys

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