I Love You So Hard de Ross Butter

Présentée cette année dans le programme Labo à Clermont-Ferrand, cette petite histoire d’amour a décrispé les sourires de nombreux spectateurs du festival. S’il n’a ramené aucune récompense officielle de la capitale auvergnate, « I Love You So Hard » aura brillamment contribué au très bon cru 2014 de la sélection Labo.

Aux commandes de cet objet animé, deux hommes qui se connaissent bien : Joël Veitch, scénariste, et Ross Butter, réalisateur. Ces amis et partenaires de travail ont souvent eu l’occasion de travailler ensemble avant la réalisation de « I Love You So Hard », notamment dans le cadre de leurs études à l’Edinburgh College of Art et il semblerait que ce travail bicéphale leur réussisse.

Entre le trait graphique très extrême de Butter et l’écriture sans concession, brutale et imagée de Veitch, les films qui jaillissent de leur travail sont autant de délires hallucinants et vifs. « I Love You So Hard », une animation en 2D, propose un dessin assez simple qui place au premier plan les deux protagonistes : un homme follement éperdu d’une femme plus réservée sur ses propres sentiments. Pour conquérir son cœur, il déploie des prouesses d’imagination toutes plus scabreuses et détonantes les unes que les autres.

Car c’est bien de cela dont il s’agit : une passion folle ! Le film réalisé dans une énergie furieuse dépeint la quête amoureuse d’un homme littéralement prêt à tout pour séduire l’élue de son cœur. En transformant le jeu de séduction en une traque fantasque et effrayante, le décalage proposé dans le film est délicieusement jouissif. Ici, les classiques cadeaux tels des bouquets de fleurs deviennent des dons d’organes, les chocolats de l’urine au miel… Un peu gore, assez trash, l’amour n’a plus rien d’une ode romantique…

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Pour compléter les ressorts narratifs comiques du film, Butter et Veitch ont également imaginé une voix particulièrement stridente – interprétée par le scénariste – pour ce personnage masculin qui en devient encore plus stressant et agressif. L’homme hurle sa passion dans une sorte de transe grotesque et inappropriée, rythmée par la récurrente phrase : « Oh, I love love you, I love you so hard ! »

Largement inspiré de la propre histoire du scénariste, celui-ci explique volontiers que le film s’ancre dans ce qu’il a vécu quand il a rencontré sa femme. L’amour pour lui était tellement évident et pour elle tellement peu présent qu’il a vécu à cause de ce décalage de sentiments des situations plutôt cocasses.

Délicieusement irrévérencieux, ce court métrage n’est rien d’autre qu’une comédie, simple, peut-être presque simpliste. Le film n’ouvre pas spécialement sur une grande réflexion intellectuelle. En revanche, le public ne boude en aucun cas ce plaisir facile qu’est de rire du ridicule et du grotesque présenté ici. « I Love You So Hard » fait partie de ces objets qu’on aime partager comme une bonne blague entre amis !

Fanny Barrot

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