Anima de Simon Gillard

Gestes et couleurs en Afrique

En titrant son film Anima (emprunt à Jung) et en l’ouvrant par une citation sur le mystère du monde et la folie des actions humaines (formulé par Carlos Castaneda, inspirateur controversé du new-age), on attend du film de Simon Gillard une complexité du développement. Il n’en est rien.

Le film, lauréat du Prix Format Court au festival Filmer à tout prix et du Prix des Ateliers d’Accueil WIP-CAB (Bruxelles), est quasiment muet et d’une grande limpidité visuelle. Il montre dans leur simplicité les gestes qu’on imagine quotidiens des habitants de deux petits villages du Burkina Faso. La belle photographie de Juliette Von Dormael révèle des couleurs ocre rouge, bleu de Prusse ou orangées. Les transparences sont travaillées au travers de toiles d’araignées retenant des objets ou des nuées de poussière. Dans ce film, l’ambiance sonore capture de petits éléments aussi fugaces que certains gestes au départ anodins.

Car derrière chaque geste, se dessinent en fait des fonctions vitales humaines (la transmission du père, de la mère, le rapport à la chasse, au travail). Et si le film commence par l’usage du corps pour le combat, il se termine par son utilisation pour le jeu.

Par un bel étalonnage et un sens aigu du montage, le film parvient à excéder le cadre du portrait. Il propose de suivre le voyage d’une âme (« anima » en latin veut aussi dire « âme ») s’incarnant d’un objet à l’autre. Il est aussi possible d’y voir une forme de révérence face à la beauté du monde. « Amina » qui apparaît en reflet au début du générique est le mot burkinabé pour dire « Merci » tout en faisant une bénédiction pour l’autre. Anima est donc un film recherchant une forme de transcendance au travers de ses images. C’est un objectif courageux pour un simple exercice de l’INSAS belge.

Le prochain film de Simon Gillard, le moyen-métrage Yaar, touchera à nouveau au documentaire et à l’Afrique, puisqu’il s’intéressera à une mine d’or mouvante dans la région de Banfora, à l’ouest du Burkina-Faso. On l’attend avec impatience…

Georges Coste

Article associé : l’interview de Simon Gillard et Juliette Van Dormael

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