Junior de Julia Ducornau

L’adolescence, c’est l’âge des premières cigarettes, de l’affirmation de sa relative indépendance auprès des parents, des premiers émois,… C’est un chantier de réaménagement intérieur, mais aussi de l’apparence. Une étape majeure dans la vie qui ouvre un nouveau champ de possibles. Un sujet développé dans nombres de réalisations et qui ne laisse a priori que peu de surprises. Et pourtant…

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« Junior », projeté cette année à la Semaine de la Critique et lauréat du Prix du petit rail d’or, offre une vision parfaitement inédite, tel un conte initiatique, où l’héroïne disgracieuse sort peu à peu de l’état de l’adolescence. La mutation est ici prise au mot et c’est dans l’absolu qu’elle s’y révèle. Déployé au travers d’une métaphore forte, ce passage naturel et inhérent à tout à chacun prend alors la forme d’un événement étrange, inquiétant, presque surnaturel. De ce cycle humain, la réalisatrice propose en effet une figure peu lisse, dans une mise en scène inattendue aux frontières du fantastique. Un choix résolument audacieux pour mieux rendre visibles, bien en surface, les doutes et les craintes jusqu’au rejet de grandir.

Laisser naître la féminité en soi n’est pas chose évidente, ça l’est d’autant plus lorsqu’on est davantage disposé à renier toute coquetterie, à agir et à parler comme un garçon manqué. Lunettes énormes, vêtements informes, cheveux gras, et gouaille : Justine, dite Junior, n’a décidément rien d’une fille modèle. Comme sa « métamorphose » se double également du changement du rapport à l’autre, cela crée inexorablement un malaise dans ces relations. Jeune fille devenant femme, Junior  doit désormais définir sa nouvelle identité face à l’autre sexe.

En cela, la construction du court métrage de Julia Ducornau est habile, mettant peu à peu en place l’évolution du personnage et les troubles qui en sont la résultante. L’usage de scènes crues, tout en oscillant avec le suggestif, permet à son auteur de s’affranchir de toute étiquette du genre, tel un ovni cinématographique. La réalisatrice joue intelligemment avec la dimension symbolique de ce rite de passage, et réussit à en souligner ainsi son caractère mystérieux et marquant. Car finalement quitter l’âge ingrat, c’est bel et bien sortir de sa carapace et en définitive faire peau neuve.

Amandine Fournier

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2 thoughts on “Junior de Julia Ducornau”

  1. Bonjour Mariama,

    Là, on sèche. Sur Internet, nous n’avons trouvé qu’un trailer. Traquez l’actu de ce film, c’est tout ce que nous pouvons vous souhaiter de mieux !
    Bonne chance !
    K.

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