Hurlement d’un Poisson de Sébastien Carfora

Ce film était en 2010 au programme de nombreux festivals en France et à l’étranger, au passage, il y a séduit quelques jurys, notamment pour l’interprétation offerte par Florent Cheippe du personnage de Julien. En ce début d’année 2011, ce petit chef d’œuvre est en compétition nationale à Clermont-Ferrand.

« Hurlement d’un Poisson » est le premier film de Sébastien Carfora. C’est l’histoire de Julien, un jeune poète qui débute sa vie active dans un centre de sondage téléphonique. Le film a été projeté en octobre dernier au festival Paris Court Devant et a remporté le Prix du Public. Le film avait de quoi séduire les cinéphiles de la salle parisienne qui accueillait le festival, Le Cinéma des Cinéastes. Les spectateurs, étant eux-mêmes de potentiels poètes, ont retrouvé dans ce film le métro et la froideur de ses usagers, refermés sur eux-mêmes, dans leur bulle, la tête prise entre leurs écouteurs, possédant chacun leur univers propre.

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Julien regarde les visages de ceux qui, comme lui, attendent sur le quai de métro. Il perçoit alors les larmes qui coulent sous les masques durs et froids de ses semblables. Persuadé que tout le monde est capable de sensibilité, il se met à l’œuvre. Pendant ses heures de travail alimentaire, entre deux questions sur la satisfaction ou la non-satisfaction de ses interlocuteurs téléphoniques, il insère un passage de l’un de ses ouvrages littéraires préférés, éveillant ainsi les émotions qui sommeillent, cachées au fond des âmes. Dans un monde de profit, où les interlocuteurs sont des clients, satisfaits ou insatisfaits, Julien parviendra-t-il à faire entendre son cri au travers du bocal de ses voisins ?

Même si l’ensemble reste sobre, le réalisateur fait preuve d’efficacité dans le traitement de son sujet en n’hésitant pas à grossir volontairement le trait. Grâce à la richesse de la mise en scène et à une direction d’acteur en tout point impeccable, les personnages, à l’exception de Julien, ou presque, semblent tous sortis d’un moule, formatés pour ne laisser paraître aucune humanité. Le résultat relève parfois davantage de l’hyperbole que du réalisme – le propos du film n’en est que mieux perçu – pourtant c’est bien notre monde qu’avec justesse et lucidité Sébastien Carfora dépeint.

Rémy Weber

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« Hurlement d’un Poisson » de Sébastien Carfora est programmé au Festival de Clermont-Ferrand dans le cadre du programme F10

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