En rachâchant de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub

Programmé par le festival Côté court dans le cadre d’un panorama, « En rachâchant » du couple français Huillet-Straub renvoie son spectateur à ses années d’école et fait revivre les fantasmes contestataires de l’enfance, croisant une distanciation digne de Brecht lui-même avec l’absurde de la Rive gauche.

rachachant

Tiré et épuré de la nouvelle « Ah ! Ernesto » de Marguerite Duras (1971), ce court métrage revisite l’esprit de la Nouvelle Vague des années 60. Ernesto, un jeune écolier quelconque, transparent aux yeux de ses instituteurs, décide de ne plus aller à l’école où (bien aussi) des choses qu’il ne sait pas ! Inquiets mais pas trop, ses parents l’emmènent voir le directeur qui tente en vain de lui imposer son autorité de savant, jusqu’à se sentir obligé d’admettre l’échec de son quod erat demonstrandum.

Typiquement engagés malgré une façade plus légère, Huillet et Straub dressent ici une satire sociétale à travers une critique du système éducatif, la fameuse « brick in the wall« . L’absurde de Duras étant loin d’être gratuit, les réflexions rebelles du môme dévoilent une autre réalité, non moins valable que celle de l’institution : le président Mitterrand est assurément un « bonhomme » comme un autre, tout comme un papillon naturalisé représente un crime en quelque sorte…

Avec « En rachâchant », les cinéastes mettent en question la narrativité même du médium cinématographique : un (non-)jeu trop inconvenant même pour le théâtre, un dialogue en Sprechgesang sec et chantant, un décalage marqué entre image et parole et des plans drôlement cadrés, voire amputés, qui semblent parler dans le vide. Un court anti-didactique sur un message qui l’est autant : en 7 minutes, nous avons compris l’importance vitale d’être Ernesto !

Adi Chesson

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