Nora de Alla Kovgan et David Hinton

Il est des rencontres qui restent ancrées dans l’esprit tant elles sont fortes, belles ou violentes, comme il est des films qui touchent par leur sujet, leur mise en scène ou leur interprétation. Présenté à Clermont-Ferrand dans la catégorie Labo, « Nora », le documentaire expérimental de Alla Kovgan et David Hinton est un voyage envoûtant aux confins d’une Afrique ancestrale et contemporaine.

nora

 

L’histoire de Nora est parsemée de drames mais l’idée n’était pas de  les raconter d’une façon grave et dramatique, mais plutôt de manière poétique. Il fallait quelque chose de rapide, de vif, quelque chose qui combine clarté et narration avec intensité. Alla Kovgan et David Hinton.

Le film dépeint, dans une profusion de sons et d’images poétiques, la vie de la chorégraphe Nora Chipaumire. D’une grande sensibilité, cette biographie physique joue la carte de la distanciation par le biais de la performance et de la théâtralisation de moments précis, de la vie de la danseuse. À l’instar de Jean Genet, l’auteur des Nègres, « Nora » interroge de manière très personnelle, la relation politique, économique et idéologique, entre l’Afrique et l’Occident.

L’artiste, née au Zimbabwé en 1965 et exilée aux États-Unis depuis 1989, interprète elle-même les événements phares de sa vie (divorce de ses parents, décès de son père, aventures amoureuses, engagement politique, exil…). Sur le chemin du souvenir, Nora n’est pas seule; des figurants l’accompagnent.

Entre ombre et lumière, entre silences et bruits, entre images figées et mouvements saccadés, ce documentaire expérimental, entièrement tourné en Afrique du Sud et rythmé chronologiquement par des intertitres, reconsidère de façon originale le film de danse.

La performance de Nora, d’une violence sauvage et primitive, toujours en décalage par rapport aux images à caractère anthropologique, est engagée. Au-delà du corps, la danse est l’expression même du « je », mêlant identité, racines, et culture.

Dès les premières images, on aperçoit Nora au milieu d’une nature mystique et sauvage, déconstruisant le mouvement d’un coureur. Au fur et à mesure, la chorégraphe se redresse, droite, fière et affranchie. En quelques minutes, le décor est planté, les intentions aussi. Ce n’est qu’à la fin que l’on comprend l’enjeu de ces précieux moments. On retrouve Nora, seule avec sa danse, en pleine nature. La caméra recule, le cadre se rétrécit, et un mot vient à l’esprit : liberté.

Marie Bergeret

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