L’homme au chien de Kamal Lazraq

C’est au cœur de Casablanca que prend place ce film poignant présenté cette semaine au FIFF de Namur. Youssef, le personnage principal, connu par les enfants du village seulement par son attribut le plus fidèle, son chien, évolue dans une ville qui lui est peu amicale. Dès la première scène, il nous apparaît comme un homme solitaire, vivant de grasses matinées et de bains de mer, un peu perdu dans sa propre vie. Replié dans son cocon confortable, il ne le quitte que lorsque son chien disparaît et qu’il doit partir à sa recherche. Ce personnage marginal renvoie au Lewin Davis des frères Coen, musicien paumé, parcourant la ville de New-York aussi à la recherche d’un animal, le chat de ses amis.

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Ici, notre homme est prêt à tout pour récupérer son chien. Motivé par dessus tout, il perd toute conscience et ne voit plus qu’il s’en met en danger dans des quartiers hostiles et des situations délicates. Sa raison est mise à mal par sa volonté et son insouciance. D’ordinaire asocial, il fait soudainement confiance en des inconnus qui l’entraînent dans des endroits sombres et peu accueillants, le faisant rencontrer de nouvelles personnes toujours plus malveillantes les unes que les autres.

Ce court-métrage est un très joli film sur la confiance en l’autre que l’on peut accorder dans certaines situations. Face à l’incapacité d’atteindre seul son but, la méfiance de Youssef envers autrui disparaît, laissant place à l’inconscience. Il se laisse alors emporter dans une course folle qu’il n’abandonnera pas tant qu’il n’aura pas retrouvé son chien, quelque soit les obstacles auxquels il devra faire face. Animé par son acharnement, il ne ressent ni angoisse ni peur. Les personnages évoluent devant une caméra très proche, qui propose un cadre serré anxiogène formant comme des œillères autour de Youssef, ne permettant pas, ni au spectateur ni à lui-même de pouvoir anticiper la menace et renforce alors la tension palpable de ce film.

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L’homme au chien nous entraîne, le temps d’une nuit, dans les bas-fonds casablancais, parmi les trafics et les violences, sans nous laisser un moment de répit et dresse un portrait plutôt noir de la solidarité entre les hommes, ici, toujours motivée par un intérêt égoïste et vénal.

Zoé Libault

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